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526. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

L’anatomie, la physiologie, voilà la source où on va puiser aujourd’hui l’inspiration ; voilà la muse de l’école nouvelle. […] Tâchons de savoir d’elle le symbole de la foi nouvelle. […] Loin de combattre la passion nouvelle, elle doit suivre docilement son impulsion. […] S’unir quand on se convient ; se quitter quand on ne s’aime plus, pour nouer une liaison nouvelle, voilà toute la loi. […] Comment faire descendre jusque dans le peuple la foi nouvelle ?

527. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Duchange, Jacques »

Allez, mon ami ; ouvrez vos ailes, et sans vous laisser arrêter ni retarder par nos inquiétudes, filez d’un vol rapide vers les régions mystérieuses où se lève le soleil de la poésie nouvelle.

528. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Comme il était arrivé qu’aux approches et aux environs de Lélia le mot de roman intime avait été prononcé par je ne sais qui, et sans qu’on eût, je le crois bien, la pensée de faire à Lélia l’application de ce mot, les plus subtils et les plus clairvoyants critiques ont à l’instant dénoncé l’œuvre nouvelle comme un formidable signal d’invasion, comme le monstre du genre. […] Comme la donnée première de Lélia est tout à fait réelle et a ses analogues dans la société où nous vivons, j’ai eu peine à ne pas regretter, malgré l’éclat prestigieux de cette forme nouvelle, que l’auteur ne se fût pas renfermé dans les limites du roman vraisemblable.

529. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Cette confusion et ce tourbillon sont le signe même de la nouvelle période littéraire. […] Depuis dix ans, la main-d’œuvre poétique s’est divulguée ; les procédés que la nouvelle école avait cru rendre plus rares et plus difficiles ont été saisis du second coup par une foule de survenants qui, à chaque saison, pullulent.

530. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

L’idée du droit s’est dissociée en deux idées secondaires : l’une, l’idée ancienne, celle du droit social, consigné dans les codes, garanti par la contrainte légale ; et l’autre, l’idée nouvelle, celle du droit individuel, du droit considéré comme un fait de conscience, une idée, une force intérieure qui pousse l’individu à soutenir certaines prétentions, à revendiquer certains avantages comme lui étant dus soit par ses semblables pris isolément, soit par l’ensemble de la société. […] À propos d’un récent procès où le parquet avait fait un triage parmi les délinquants, poursuivant les uns comme meneurs, abandonnant les autres comme « menu fretin » un critique émet les réflexions suivantes : « Avec la nouvelle théorie, le parquet sortant de son rôle de poursuivant, se fait juge.

531. (1890) L’avenir de la science « IX »

Cousin sera d’avoir proclamé la critique comme une méthode nouvelle en philosophie, méthode qui peut mener à des résultats tout aussi dogmatiques que la spéculation abstraite. […] La nouvelle génération philosophique comprendra la nécessité de se transporter dans le centre vivant des choses, de ne plus faire de la philosophie un recueil de spéculations sans unité, de lui rendre enfin son antique et large acception, son éternelle mission de donner à l’homme les vérités vitales.

532. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

De même, on démêlera sans peine dans la Nouvelle Héloïse, de Rousseau, où la trame est faite par les amours de Julie et de Saint-Preux, de véritables hors-d’œuvre, par exemple, les aventures de Milord Edouard, tenant si peu au corps du récit que l’auteur lui-même a fini par les rejeter en appendice. […] Voltaire fut des premiers à écrire par ai les imparfaits comme on les prononçait depuis longtemps déjà à Paris ; et, quand, en 1835, l’Académie se décida à adopter cette réforme, certaines maisons religieuses se refusèrent à suivre l’orthographe nouvelle, qui devait avoir quelque chose de satanique, puisqu’elle avait été préconisée par Voltaire.

533. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

C’est ce qui le détermine aujourd’hui à fortifier cette publication nouvelle d’une déclaration simple et loyale, laquelle le mette à l’abri de tout soupçon d’hérésie dans la querelle qui divise aujourd’hui le public lettré. […] La littérature nouvelle est vraie.

534. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

M. de Bonald n’est donc pas venu pour faire entrer dans la société une vérité nouvelle ; mais il est venu pour empêcher une vérité ancienne de sortir de la société. […] La nouvelle puissance de l’opinion, qui sort en effet d’un tel état de choses, et dont nous avons déjà parlé, cette puissance de l’opinion peut, au reste, fort bien être considérée comme une sorte de parole vivante, qui se renouvelle continuellement sans passer par les longs canaux des traditions.

535. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Lui, Français et même un peu Gaulois, il a essayé de s’établir dans le fond d’une nature anglaise pour, de là, jeter son regard d’observateur sur la France, nous juger, et même nous raconter à nous-mêmes, d’une façon un peu plus nouvelle que s’il partait uniquement de ses impressions, que nous partageons, de Français. […] Francis  Wey l’adore, mais il la veut nouvelle, et il a, pardieu !

536. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Oui, chose nouvelle et bien nouvelle !

537. (1881) Le naturalisme au théatre

Aucun écrivain illustre n’a encore formulé l’idée nouvelle avec netteté. […] Puis, la formule craque et le Romantisme triomphe, une nouvelle formule s’affirme. […] Il y a là toute une nouvelle formule. […] Demain peut se produire une nouvelle formule qui bouleversera la formule actuelle. […] Henri de Lapommeraye a fait une nouvelle conférence sur le naturalisme au théâtre.

538. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Appleton, Jean (1868-1942) »

[La Terre nouvelle (mars 1900).]

539. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Marc, Gabriel (1840-1901) »

Dans les Poèmes d’Auvergne, le poète oublie momentanément Paris et chante, dans une langue simple et robuste, les paysages, les mœurs, les traditions de son cher pays natal, apportant ainsi, comme il le dit lui-même, « une pierre nouvelle à l’édifice inachevé, mais en pleine construction, de nos poèmes de province ».

540. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Reynaud, Charles (1821-1853) »

Des recueils comme celui-là et comme deux ou trois autres qui ont paru récemment sont en poésie, entre la glorieuse époque de la Restauration et le poète inconnu qui entraînera sur ses pas la génération nouvelle, ce que sont en musique les doux accents de Lucia, les mélancoliques soupirs de Bellini, les délicieux refrains d’Auber, entre Guillaume Tell et le musicien à venir qui nous consolera du silence de Rossini.

541. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 118

On en a donné depuis peu une nouvelle édition, à laquelle l’Auteur a ajouté une Epître dédicatoire à Mademoiselle D.

542. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 471

Son Histoire de Bresse & de Bugey, dont on a donné une nouvelle Edition en 1770, son Histoire généalogique de la Maison de Savoie, fourniront toujours un Recueil de titres, de chartres, d’observations, d’éclaircissemens propres à débrouiller le chaos de l’Histoire, dont on ne sauroit trop constater les monumens.

543. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Étude nouvelle par Dorante. […] Alors, par une application nouvelle du principe de contradiction, les choses que nous nous représentons avec netteté nous servent à reconstruire a priori quelques-unes de celles dont l’image est devenue confuse. […] Car on nie que toutes les œuvres en vers soient poétiques, on conteste que tous les genres mêmes de versification le soient, et pour savoir où prendre les éléments de notre définition, pour décider si le poème didactique, la satire et la comédie nouvelle doivent être ou non éliminés d’emblée, comme quelques-uns le veulent, il faut avoir une idée préalable de la poésie ; ce qui fait un cercle vicieux. […] Mais la science nouvelle de M.  […] Étude nouvelle par Dorante (suite et fin).

544. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Le parti du grand inconnu s’irrite de cette contradiction ; il s’acharne à l’admiration, il adopte jusqu’aux excentricités de son auteur favori, il prend à la lettre jusqu’à ses plaisanteries et à ses sarcasmes pour en faire des articles de foi, il divinise sa nouvelle école, il en fait un saint. […] Pour cela je commence par dresser un Mémoire écrit avec cette espèce de coquetterie qui est nécessaire toutes les fois qu’on aborde l’autorité, surtout l’autorité nouvelle et ombrageuse, sans bassesse cependant, et même, si je ne me trompe, avec quelque dignité. […] Nouvelle cause de médiocrité, nous étions trop grands pour être protégés et trop faibles pour agir seuls. » (Correspondance, page 73.) […] Quand une prétention nouvelle et envahissante de l’Autriche viendra fournir à la France ce casus belli légitime, seule excuse qui puisse justifier une guerre européenne, ce n’est pas avec la maison de Savoie qu’il faudra s’allier offensivement et défensivement, c’est avec la Péninsule tout entière. Alors vous aurez délivré la première race d’hommes de la terre pour attester à l’avenir la reconnaissance du monde envers l’Italie, alma parens , et votre œuvre subsistera, parce que l’Italie entière aura sa place dans cette nouvelle ligue des Achéens.

545. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Or, une nouvelle ère allait commencer, tout imposante et toute sévère : dans la grande convulsion démocratique où la terre de France enfanta des armées, après les premiers temps d’aguerrissement et d’apprentissage, on eut des héros, des chevaliers aussi ; mais ceux-là, les Lannes, les Murat, les Ney étaient des Achille et des Roland primitifs qui n’entendaient rien à ces grâces polies et à ces raffinements des vieux règnes. […] Il est forcé de reconnaître que le talent bientôt a remplacé la guillotine : « D’Athènes la France a été à Sparte, en passant par le pays des Huns. » Dans un mémoire sur la nouvelle armée française, il lui rend une justice incomplète encore, du moins un commencement de justice. […] En y faisant appel, le prince de Ligne a touché juste, et il ne s’y est point trompé : la France nouvelle a vengé Marie-Antoinette de l’ancienne.

546. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

À celle nouvelle, il éprouva une impression soudaine et qu’il a rendue bien énergiquement ; tout son sang se glaça, en écoutant le gentilhomme qui lui faisait ce récit : « S’il m’eût donné, dit-il, deux coups de dague, je crois que je n’eusse point saigné ; car le cœur me serra et fit mal d’ouïr ces nouvelles ; et demeurai plus de trois nuits en cette peur, m’éveillant sur le songe de la perte. » Il se représentait la scène du conseil, sa promesse solennelle de la victoire, la conséquence incalculable dont une défaite eût été pour la France, et dans ce prompt tableau que son imagination frappée lui développa tout d’un coup, cet homme intrépide retrouva la peur à laquelle il était fermé par tout autre côté. […] Voyant Montluc près de lui, il se baissa pour l’embrasser et le fit chevalier sur l’heure : « dont je me sentirai toute ma vie honoré, nous dit celui-ci, pour l’avoir été en ce jour de bataille, et de la main d’un tel prince. » Un mécompte amer suivit de près cette joie ; Montluc demanda pour grâce au prince d’être chargé de porter la nouvelle de la victoire au roi : cela lui était bien dû. […] Montluc, au désespoir et dans son irritation, eut d’abord l’idée de désobéir, de se dérober le soir même du lendemain, de crever les chevaux et de se rompre le cou plutôt que de ne pas apporter lui-même le premier la nouvelle.

547. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Il n’avait pas tort, ce me semble, de tenter quelque nouvelle route pour enrichir notre langue, pour enhardir notre poésie, et pour dénouer notre versification naissante. […] Il l’assouplit en effet, et dans les nouvelles Amours qu’il ajouta aux premières, dans les odes ou chansons qu’il y entremêla aux sonnets, il eut des notes où le feu, la verve et la facilité se font encore aujourd’hui sentir : « Quand j’étois libre, ains qu’une amour nouvelle, etc. » ; « Or que l’hiver roidit la glace épaisse, etc. » ; « Quand ce beau printemps je voy, etc. » Il y a plaisir ici et profit à le parcourir ; on est vraiment avec un poète. […] le temps non, mais nous nous en allons, Et tôt serons étendus sous la lame : Et des amours desquelles nous parlons, Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle : Pour ce aimez-moi cependant qu’êtes belle.

548. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

La nouvelle du débarquement de Napoléon à Cannes la terrifia, et elle en comprit à l’instant la portée, elle en prévit les suites. Elle occupait alors un appartement dans l’hôtel où M. de Lavalette habitait aussi ; le rencontrant dans le premier moment où la nouvelle éclatait, elle lui exprima énergiquement ses craintes. […] Quelle fut, dans le premier moment, l’impression de Mme de Staël à la nouvelle de ce changement de système et de cette complète adhésion qu’y donnaient plusieurs de ses amis ?

549. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

À la nouvelle de l’approche des Français, la Junte de Navarre, assemblée à Pampelune, s’empresse d’envoyer offrir les clefs de la ville ; mais le maréchal de Bellefonds qui, sur la fin de sa carrière militaire, n’en faisait jamais plus qu’il ne fallait, n’avait pas ordre d’ailleurs de pousser sa visite jusque-là ; on se contenta d’occuper l’abbaye de Roncevaux et d’y souper. […] Aussi le chancelier d’Aguesseau s’est-il contenté, dans sa manière mesurée et polie, d’imputer à Foucault, sans aucun détail, le triste honneur d’avoir appliqué le premier en grand la méthode militaire des conversions : « Je ne nommerai point, nous dit cet honnête homme timide, l’intendant qui, par une distinction peu honorable pour lui, fut chargé de faire le premier essai d’une méthode si nouvelle pour la conversion des hérétiques. […] Foucault à Caen en honnête homme Ce serait par trop sortir de mon cadre étroit que de suivre Foucault dans la nouvelle intendance où il arrive tout prêt à déployer le même zèle, mais où il est contrecarré par Louvois de qui dépendait directement cette province du Poitou.

550. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Il connut Rousseau avant ses éclats d’humeur et quand le grand écrivain, dans l’enfantement de la Nouvelle Héloïse, n’était encore que l’hôte un peu farouche, l’ours de Mme d’Epinay, et habitant l’Ermitage. […] C’est ainsi qu’au temps où se composait la Nouvelle Héloïse, lui parlant du prochain mariage d’une jeune fille, il la montrait dans sa pudeur, se désolant à l’approche d’un époux : « C’est, disait-il, une eau pure qui commence à se troubler au premier souffle du vent. » Et il ajoutait, comme pour le piquer au jeu : « Dites de belles choses là-dessus. » Rousseau, en effet, répondant à l’appel, s’emparait de cette pensée et de cette image virginale, et l’employait dans la Nouvelle Héloïse à l’occasion du mariage de Claire (deuxième partie, lettre XV) : « Et, en vérité, elle est si belle, disait-il, que j’aurais cru la gâter en y changeant autre chose que quelques termes. » Il aurait même mieux fait de n’y pas changer un seul mot.

551. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Loin de vouloir affliger et décourager la piété, il a eu l’ambition de la semer là où elle n’est pas, de la nourrir, de la relever, de lui donner satisfaction sous une autre forme, nouvelle et inattendue. […] Rousseau disait dans la préface de la Nouvelle Héloïse : « J’ai vu les mœurs de mon temps, et j’ai publié ces lettres. » M.  […] Quand on ouvre les Évangiles pour les lire sans parti pris, et en ayant passé l’éponge en soi sur toute doctrine préconçue, il en sort, au milieu de mainte obscurité, de mainte contradiction qu’on y rencontre, un souffle, une émanation de vérité morale toute nouvelle ; c’est le langage naïf et sublime de la pitié, de la miséricorde, de la mansuétude, de la justice vivifiée par l’esprit ; l’esprit en tout au-dessus de la lettre ; le cœur et la foi donnant à tout le sens et la vie ; la source du cœur jaillissante et renouvelée ; les prémices, les promesses d’une joie sans fin ; une immense consolation assurée par-delà les misères du présent, et, dès ici-bas, de la douceur jusque dans les larmes.

552. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Celui-ci ne se vengea qu’en faisant une nouvelle ode, et très-belle, deux ans après, sur la mort du Pindare bourru. — Notre Lebrun reçut donc en plein le coup de soleil de l’Empire, et du premier jour il se consacra d’un cœur tout français et reconnaissant à en célébrer les gloires : Aigle, je m’attache à ton aile : Emporte-moi dans l’avenir ! […] Il est bien, en effet, un poète de transition et de l’époque intermédiaire, en ce sens qu’il unit en lui plus d’un ton de l’ancienne école et déjà de la nouvelle : tantôt, dans ses épîtres familières, il rappelle le bon Ducis, également touchant et familier ; tantôt, dans ses petites odes gracieuses, il semble se rattacher et donner la main à Fontanes finissant ; tantôt, dans ses stances méditatives ou ses effusions patriotiques, on dirait qu’il ne fait que côtoyer et doubler Lamartine qui prélude, ou Casimir Delavigne qui commence : tous ces accents divers, ces notes de plus d’un genre se rencontrent tour à tour et naturellement, sans disparate, dans les vers de M.  […] D’intervalle en intervalle, d’espace en espace, à je ne sais quel signal qui éclate dans l’air, de grands talents nouveaux prennent l’essor et se posent du premier coup sur des collines plus avancées d’où l’on découvre d’autres horizons : un nouvel ordre de perspectives s’est révélé, une nouvelle ère commence.

553. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Marty-Laveaux, il n’en a encore donné que le Discours préliminaire46, se réservant de produire son Lexique augmenté et perfectionné, comme annexe et appendice à la nouvelle édition dont il est chargé dans la Collection des Classiques français publiés chez M.  […] Chez cette race nouvelle Où j’aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit. […] Par ses seules forces Corneille a enfanté un idéal ; il s’est élevé d’un coup, non-seulement à une hauteur extraordinaire, mais à une conception nouvelle de l’art.

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