Est-ce durant le règne de la Régence qu’il crut nécessaire de chercher en des temps reculés le tableau des mauvaises mœurs ? […] L’esprit a mille moyens ingénieux de répandre ainsi la diversité sur les détails nécessaires. […] Voyons néanmoins avec quel art ils sont liés au tout, de façon à paraître nécessaires à l’ensemble. […] Le vraisemblable et le nécessaire. […] Ces mêmes ressorts, mus nécessairement les uns par les autres, produisent des actions et des discours qui ne sont que les suites nécessaires de leur impulsion continuelle.
C’est ce que Voltaire appelait un préjugé nécessaire. […] Et donc, entre deux ordres, pendant un quart d’heure où le temps nécessaire pour la transmission de l’ordre et le commencement de l’exécution le laissait forcément inactif, il profitait vite de ce loisir nécessaire et qu’il ne pouvait utiliser à rien, pour sommeiller un instant. […] Pas plus qu’aucun individu aucun peuple n’est nécessaire. […] Mais il faut savoir aussi qu’ils sont nécessaires. […] Or le complément nécessaire de la personnalité, de l’individualité, c’est la propriété.
Cela est, nécessairement, irrévocablement ; et pourquoi ce qui est nécessaire et irrévocable ne serait-il pas un bien ? […] Sitôt qu’il ne l’exerçait plus, il cessait de la croire nécessaire. L’inventeur du mot célèbre sur les « libertés nécessaires » n’y comprenait pas la liberté de n’être pas de son avis. […] Dans notre admirable langue, c’est trop peu que les mots soient commodes ; il faut qu’ils soient nécessaires. […] L’idée que je n’y avais pas été nécessaire ne me consola pas de n’avoir pas mérité une part dans la joie de ses amis.
Dois-je m’aventurer imprudemment à la poursuite d’un motif fragmentaire des Chansons éternelles, alors qu’il me suffît d’ouvrir mes oreilles de bonne volonté pour saisir la symphonie entière, avec tout ce qu’elle a de grand et de puissant et tout ce qu’elle peut avoir d’incohérences et de heurts, nécessaires sans doute à l’élan qui entraîne l’homme et l’œuvre ?
Si donc mes vers doivent servir ici à quelque chose, je souhaite qu’ils fassent rentrer en eux les poètes inutiles, n’ayant pas le génie nécessaire pour se dégager de la formule romantique, et qu’ils les décident à être de braves prosateurs, tout bêtement.
Sa Comédie de l’Egoïste, en cinq actes & en vers, prouve qu’il a les talens nécessaires pour réussir dans les Pieces de caractere.
Je désire ajouter que ces études, car sans être de la philologie elles s’appuient constamment sur la philologie romane et sur la linguistique générale, ont été aperçues de ceux dont l’approbation m’était nécessaire, alors que sans préparation apparente, je me hasardais à des questions auxquelles il est d’usage, entre littérateurs, de ne pas répondre.
Ce droit imparfait fut nécessaire au repos des nations.
Cette langue fut nécessaire aux premiers âges, où les hommes ne pouvaient encore articuler.
Revenant habiter à Paris l’année suivante, vers octobre 1793 : J’ai la douce consolation, dit-il, d’y éprouver que l’on peut trouver Dieu partout, que partout où on trouve son Dieu on ne manque de rien, on ne craint rien, on est au-dessus de tout, enfin que l’on peut obtenir toutes les connaissances qui nous sont nécessaires sur notre propre conduite si on les demande avec confiance. […] Les crimes du dedans frappaient pourtant Saint-Martin, mais ils ne l’épouvantaient et ne le révoltaient pas autant, ce semble, qu’ils auraient dû le faire pour une âme aussi délicate et aussi sensible ; il nous en donne naïvement la raison, lorsqu’il avoue que le sort de tant d’émigrés traqués de toutes parts et sans asile ne laisse pas de lui paraître véritablement lamentable : Moi-même, dit-il, j’ai été embarrassé un moment de résoudre cette question ; mais, comme j’ai cru à la main de la Providence dans notre Révolution, je puis bien croire également qu’il est peut-être nécessaire qu’il y ait des victimes d’expiation pour consolider l’édifice ; et sûrement alors je ne suis pas inquiet sur leur sort, quelque horrible que soit dans ce bas monde celui que nous leur voyons éprouver. […] Le rétablissement du culte en particulier, loin de l’irriter, l’attendrit, ce qui est un bon signe moral ; citons deux passages qui sont un correctif nécessaire à ce qu’on a dit, et qui font foi d’une impression salutaire : Vers la fin de 1802, j’assistai au mariage du jeune d’Arquelai.
Au milieu de la rigueur nécessaire, il s’y montre assez humain, bon politique, observateur éclairé et curieux des cerveaux en délire, nullement présomptueux : « Quand on a, dit-il, à ramener un peuple qui a la tête renversée, on ne peut répondre de rien que tout ne soit consommé. » Témoin des phénomènes physiologiques les plus bizarres, des tremblements convulsifs des prophètes et prophétesses, il est un de ceux dont la science invoquera un jour le témoignage : J’ai vu dans ce genre des choses que je n’aurais jamais crues si elles ne s’étaient passées sous mes yeux : une ville entière, dont toutes les femmes et les filles, sans exception, paraissaient possédées du diable. […] Je savais qu’à tout événement j’en aurais le temps, que cela même ne m’était pas absolument nécessaire quand les ennemis n’auraient que douze à quinze mille hommes plus que moi. […] M. le maréchal de Marcin, outre ses grands talents pour la guerre, a tous ceux qui sont nécessaires pour bien ménager l’esprit d’un prince et celui de sa Cour.
Plus d’un auprès de lui, tel que le vieux Biron, ne voulait pas trop vaincre, de peur de devenir moins nécessaire et d’en être réduit ensuite à retourner planter des choux en son manoir. […] » Henri IV a plus que le bon sens qui plante ses jalons sur la route ; il a l’éclair et l’illumination dans les périls, le rayon qui semble venir d’en haut : Les ignorants, conclut Du Fay, appelaient cela bonheur et félicité ; mais nous qui savons la vérité le devons nommer grâce et faveur de Dieu le grand monarque, le Dieu des batailles, et en tirer de là une conclusion nécessaire, que ce grand ouvrier ne fait rien à demi, et que, puisqu’il a si heureusement commencé son ouvrage en ce petit berger, il l’achèvera entièrement à sa gloire. […] Ils avaient leurs meubles et leurs provisions nécessaires, et couchaient dans leurs lits.
Et de là, la complète, et nécessaire, et irrevocable exécution des Satires. […] Ainsi s’explique la confiance de Boileau en ses « règles » ; elles définissent la perfection absolue, universelle, nécessaire, celle où doivent tendre toutes les œuvres qu’on fera, et d’après laquelle on doit juger toutes les œuvres qu’on a faites. […] C’est une chose curieuse que cet art du xviie siècle qu’on accuse de n’avoir connu que la froide raison, est celui qui fait le plus une loi d’adapter la nature à l’esprit, et qui pose nettement le plaisir comme sa fin suprême, comme la condition nécessaire et presque suffisante de la perfection.
Le Roy, l’intelligence déforme tout ce qu’elle touche, et cela est plus vrai encore de son instrument nécessaire « le discours ». […] Et ce n’est pas tout : le premier échelon aussi doit être subdivisé, et ce n’est pas entre ces deux subdivisions que la distance sera la moins grande ; entre l’impression d’obscurité que ressent le témoin d’une éclipse, et l’affirmation ; il fait noir, que cette impression lui arrache, il est nécessaire de distinguer. […] Mais en tout cas un minimum d’humanité est nécessaire.
Cela équivaudrait, en principe, à l’extension du privilège de l’immanence, qui est du nécessaire, au contingent. […] Bourget devant le cauchemar de l’effort nécessaire. […] Mais les choses restant ce qu’elles sont, et bien qu’il n’apparaisse pas que l’on puisse, avec des restrictions, parvenir à démêler scientifiquement, — dans l’être éminemment paradoxal qu’est un homme de pensée considéré comme entité arbitraire à la fois et mécanique, — l’antinomie, constante en lui, de virtualités réductibles dans leurs seules efficiences immédiates, — il serait cependant puéril de nier que l’étude des hommes et des faits n’ait encore des révélations à produire et des progrès à marquer, dont la psychologie expérimentale, en particulier, qu’elle soit ou non destinée à rester une science d’approximations, ne doive recevoir le plus précieux secours et une autorité aussi efficace que nécessaire.
Je choisis ici cette dernière méthode et je dis par exemple : Si à une époque quelconque le réalisme domine en littérature, les théories dominant à la même époque dans le domaine juridique ont dû, en vertu de la concordance que nous posons comme régulière et nécessaire, être également réalistes. […] Est-il nécessaire de rappeler que certains auteurs, Alexandre Dumas fils, par exemple, se sont donné pour mission de corriger, non seulement les mœurs, mais les lois ; que la condition des femmes, celle des enfants naturels, voire les principes régissant l’héritage et la propriété ont été maintes fois débattus par le roman et le théâtre ; que des cas de conscience84, comme en présente par dizaines la profession du juge ou celle de l’avocat, se sont déroulés en savantes et émouvantes, péripéties ; que l’art, aux époques où il est militant, travaille à la préparation d’un code de l’avenir ? […] Mais outre ces lois de police, il est nécessaire de considérer également celles qui régissent la propriété littéraire.
Ainsi, selon lui, la Révolution étant une fois déchaînée, la Terreur elle-même et le triomphe du jacobinisme en France n’étaient qu’une des phases nécessaires pour sauver la société et la monarchie future. […] Le soir, il se fait traîner chez quelque dame ou chez quelque ami, cherchant un peu de cette conversation substantielle ou piquante qui lui est comme la tasse de café nécessaire à l’esprit : Ici donc ou là, je tâche, avant de terminer ma journée, de retrouver un peu de cette gaieté native qui m’a conservé jusqu’à présent : je souffle sur ce feu comme une vieille femme souffle, pour rallumer sa lampe, sur le tison de la veille. […] C’est toujours le même homme d’esprit, le même gentilhomme chrétien que nous connaissons, avec son timbre vibrant, sa parole aiguë qui part, qui éclate, qui du premier jet va plus loin qu’il ne semblerait nécessaire à la froide raison, mais qu’on serait fâché de trouver plus retenue et plus circonspecte ; car elle porte avec elle bien des vérités, et s’il semble qu’il y ait souvent colère en elle, lors même qu’il s’agit des amis, écoutez et sachez bien distinguer : c’est la colère de l’amour.
Sans doute, quand nous essayons de nous représenter le vouloir, nous n’y parvenons qu’en l’incorporant dans un objet, — désir de telle chose, vouloir de tel mouvement, — car nous ne pouvons vouloir à vide ; mais cette présence nécessaire d’un objet, qui seul donne à la volonté une détermination représentable, n’empêche pas la volonté même d’être avant tout nécessaire. […] Tout le long du trajet nerveux, à mesure que le courant de l’innervation descend, il y a bien aussi des sensations afférentes qui nous avertissent de son passage ; mais ces sensations sont relativement faibles, uniformes, de très courte durée ; elles n’ont pas le relief nécessaire pour se détacher dans la conscience.
Selon Guyau, le moyen de renouveler et de rajeunir l’art, c’est d’introduire sous les sentiments mêmes les idées, car l’idée est nécessaire à l’émotion et à la sensation pour les empêcher d’être banales et usées. « L’émotion est toujours neuve, prétend V. […] Le vrai roman réunit donc en lui tout l’essentiel de la poésie et du drame, de la psychologie et de la science sociale ; c’est « de l’histoire condensée et systématisée, dans laquelle on a restreint au strict nécessaire la part des événements de hasard, aboutissant à stériliser la volonté humaine ; c’est de l’histoire humanisée en quelque sorte, où l’individu est transplanté dans un milieu plus favorable à l’essor de ses tendances intérieures. […] Plus les religions dogmatiques deviennent insuffisantes à contenter notre besoin d’idéal, plus il est nécessaire que l’art les remplace en s’unissant à la philosophie, non pour lui emprunter des théorèmes, mais pour en recevoir des inspirations de sentiment. « La moralité humaine est à ce prix, et la félicité. » Aussi, selon Guyau, les grands poètes, les artistes redeviendront un jour les initiateurs des masses, les prêtres d’une religion sociale sans dogme. « C’est le propre du vrai poète que de se croire un peu prophète, et après tout, a-t-il tort ?
« Ainsi le poème est nécessaire et supérieur à la nature, puisqu’il s’affranchit des visions contingentes et triomphe de la mort. […] nous voulons simplement dire ce qu’il nous paraît beau et nécessaire de dire. […] Une foi confessionnelle, morale, politique ou esthétique est nécessaire.
Mais, quelle que soit sa croyance intime ou la convenance de son attitude extérieure vis-à-vis d’une chose qui, humainement parlant, serait encore le plus merveilleux des établissements de la terre, nous disons que le génie du christianisme, ici nécessaire, lui a manqué. […] Il a cette nette supériorité de la forme qui rompt, d’un coup, toutes les égalités et passe par-dessus bien des qualités très réelles, même des qualités nécessaires. […] C’est par cette expression, nécessaire à tout ce qui va d’un esprit à un autre et qui doit y pénétrer et s’y asseoir !
A l’âge normal de la virginité, cet isolement du monde, nécessaire à la croissance de l’individualité physique, est une source de force et de profit, loin d’être néfaste. […] Non seulement la fonction normale de la chair et du sexe ne détruit pas la vie de la pensée, mais elle lui communique la force nécessaire pour créer, elle alimente et renouvelle sa fécondité, comme l’eau du fleuve fertilise la terre desséchée, incapable de produire d’elle-même. Il n’est même pas exagéré de prétendre que l’acte sexuel, qui crée suivant les lois de la chair, apporte également au cerveau la fécondation nécessaire pour en faire éclore les germes.
Il me semble oiseux de répéter que la pratique de l’amour physique est non moins essentiellement nécessaire à la santé et à l’équilibre humain, qu’à la connaissance de la vie et du monde. […] Il ne peut avoir de valeur personnelle, puisqu’il n’a ni libre arbitre, ni faculté pensante, et cependant il se présente comme le dépositaire de la vérité, l’éducateur par excellence, le guide nécessaire. […] C’est à tous qu’il importe d’ouvrir les yeux à la réalité ; mais c’est aux jeunes êtres voués au Minotaure-Église qu’il serait nécessaire d’adresser les plus pressantes paroles, les plus chauds et les plus directs avis.
Son calme regard passe en revue, non sans quelque hautaine goguenardise, courses et salons, audiences et séances, obsèques et premières, retenant tous détails nécessaires sans négliger d’aucune sorte l’ensemble à brosser largement.
L’Assemblée constituante, dès son début, avait proclamé le droit inaliénable des peuples et la légitimité des insurrections nécessaires. […] IX On accusa le général de perfidie envers le gouvernement, qu’il voulait, disait-on, remplacer en se rendant nécessaire, pendant que ce général, coupable seulement d’imprévoyance et de lenteur dans le rassemblement des troupes qu’on lui avait prodiguées, voyait avec désespoir tomber ses braves lieutenants, et se prolonger l’inexplicable conflit de toute une nation contre une émotion de faubourg, mal réprimée le matin, formidable le soir. […] XIX « Enfin le meurtre du roi, comme mesure de salut public, était-il nécessaire ? Nous demanderions d’abord si ce meurtre était juste, car rien d’injuste en soi ne peut être nécessaire à la cause des nations.
Il y a, je le sais, des choses très connues, très ordinaires, qu’on est obligé de répéter tout au long devant un auditoire mondain et qui lui sont toujours assez nouvelles ; mais est-il bien nécessaire de les imprimer ? […] En vérité, il n’est point si nécessaire de souffrir ! […] Mais il n’a jamais été nécessaire, pour aimer un drame, de partager les croyances de ses personnages. […] C’est ici une convention nécessaire, que les acteurs, tout en agissant souvent comme des fous furieux, continuent de parler comme Euripide et Sophocle, quand Sophocle et Euripide s’appliquent à bien parler.
Je sais qu’il faut faire la part du tâtonnement nécessaire, de l’apprentissage en tout régime qui recommence ; et pour ce qui est des Chambres particulièrement, pour l’éloquence et la discussion parlementaire, j’admets toute l’inexpérience première sans qu’il y ait lieu de s’en étonner. […] Il était devenu nécessaire, inévitable.
Plus le langage courtisan devenait le type de l’usage littéraire, plus il était nécessaire de le soustraire à la corruption de ce jargon d’outre-monts qu’apportaient les reines et les aventuriers d’Italie, et que la servilité de nos raffinés s’empressait d’imposer à la mode. Henri Estienne, dénonçant par la bouche de son Celtophile tous ces vocables étrangers qui supplantaient les bons et natifs français, procéda à une épuration nécessaire : il fut de ceux qui amenèrent l’opinion à cet état où le succès de Malherbe était assuré.