Entre le jeune voyageur de 1831 et celui d’aujourd’hui, je fais la part de la physionomie individuelle, de la différence des caractères et des formes de talent ; mais aussi il me semble qu’on peut, en lisant les deux récits, se faire une idée des éléments tout nouveaux qui sont entrés dans l’éducation depuis trente ans, des excitants qui flottent dans l’air et qu’on y respire ; de la réalité en fusion qui circule, qu’on absorbe, et qui ressort ensuite par tous les pores ; en un mot, du changement introduit dans la nourriture générale des esprits, même de ceux qui sembleraient appartenir à un même courant d’opinions et de traditions. […] Il n’avait d’ailleurs, disait-il, que des notes sans ordre et sans suite, des idées détachées dont seul il avait la clef : « Ce que je rapporte de plus curieux, ce sont deux petits cahiers où j’ai écrit mot pour mot les conversations que j’ai eues avec les hommes les plus remarquables de ce pays-ci. […] Je l’arrête sur un seul mot. […] Réjouir n’est pas le mot, puisque votre résolution diminue les occasions que j’avais de vous voir : le mot dont il faudrait se servir est celui qui peindrait cette sorte de satisfaction grave qui accompagne un acte pénible, mais utile et honorable. […] — Le mot qui était, échappé un jour à M.
Sa lettre à ce sujet, écrite à la date du 7 juillet 1814 et qui commence par ces mots : « Je viens de lire le projet de loi napoléonienne… », est mémorable. […] « Nous sommes dans un siècle qui lasse le mépris. » Après avoir dit et redit ce mot sur tous les tons pendant près de vingt ans à ses adversaires de gauche, il le répéta sur tous les tons pendant vingt autres années à ses anciens auditeurs de droite, devenus à leur tour ses adversaires. […] Je regarde que tous mes malheurs, de conséquence en conséquence, viennent de ce que mes parents, bien contre mon gré, m’ont forcé d’apprendre à écrire, et il n’y a pas de jour où je ne redise avec un sentiment profond ce mot d’un ancien : Utinam nescirem litteras ! […] Il le tint enseveli durant vingt ans (1816-1836) ; mais, dès 1816, il avait déjà proféré entre ses dents le mot qui éclatera un jour et qui sera le mot de la fin. […] Il se charge de 100 messes à 20 sols, et je prie d’en faire compter le montant à sa nièce, Mlle de Roquencourt… » — Et dans une autre lettre de reddition de comptes, du 17 décembre 1817, ce mot jeté en post-scriptum : « Je n’ai plus que 20 messes.
Mais comme il dit en cinq mots la vérité que le roman dilue en un volume, notre amour-propre trouve le breuvage amer. […] Pascal même n’a pas signalé par un mot plus saisissant le danger de poser certaines questions sur l’origine du pouvoir, sur l’accord du droit des rois et du droit des peuples. […] En deux mots, il définit un homme, par sa propriété essentielle ; ou bien il développe tous les replis, fait valoir toutes les nuances, explique tous les rouages avec une clairvoyance qui devient à l’égard de ses ennemis la plus exquise perfidie. […] En un mot, elle est artiste, et comme telle, sa personne n’est pas la mesure de son œuvre ; par cette riche faculté de représentation qu’elle possède, elle se donne des émotions que la simple affection ne ferait pas naître, et elle émeut plus qu’elle n’a elle-même d’émotion. […] Elle écrit cette langue riche, pittoresque et savoureuse, que parleront tous ceux qui auront formé leur esprit dans la première moitié du siècle, et sans quitter jamais le simple ton de la causerie, elle y mêlera les mots puissants, qui évoquent les grandes idées ou les visions saisissantes.
» Et tout ce crescendo aboutissait à un mot superbe : « Ils viennent là pour voir et se faire voir, c’est bon ; mais la pièce, est-ce que cela les regarde ? […] Edmond de Goncourt et de ses disciples, la subtilité, l’inquiétude, la trépidation et, puisque le mot est à la mode, la « nervosité » de leur « écriture artiste ». […] J’ai dit un mot du journaliste : je ne dirai rien du romancier, encore qu’il y ait bien de l’émotion et de la vérité dans Étienne Moret et bien de l’esprit, vraiment, dans les Tribulations d’un fonctionnaire en Chine. […] Le gros public veut être « intéressé », au sens le plus vulgaire du mot. […] Ce n’est pas leur faute s’ils ne sont pas curieux de « savoir ce qui arrivera », s’ils sont insensibles au plaisir d’être « mis dedans » et s’ils goûtent médiocrement les « mots de théâtre ».
J’insiste sur le mot du passé — il aide à se dégager, avec soupir, d’une leçon, majestueuse comme un chœur ; qui ne se taira — ni l’intonation d’un Fellow disert toujours, avec aptitude, sur des sujets français, fins, littéraires pour peu qu’il en reste — indéniablement, à cette date du printemps en cent ans, et plus ! […] Citations, page 11 à page 13 ; et — * * * Passer de cette rêverie tout à coup au fait, exige quelques mots, décisifs, comme les présente un journal : car cela importe, en vue du succès, que la motion vienne de la Presse pour saisir le Parlement. […] Surprendre habituellement cela, le marquer, me frappe comme une obligation de qui déchaîna l’Infini ; dont le rythme, parmi les touches du clavier verbal, se rend, comme sous l’interrogation d’un doigté, à l’emploi des mots, aptes, quotidiens. […] Tandis que le regard intuitif se plaît à discerner la justice, dans une contradiction enjoignant parmi l’ébat, à maîtriser, des gloires en leur recul — que l’interprète, par gageure, ni même en virtuose, mais charitablement, aille comme matériaux pour rendre l’illusion, choisir les mots, les aptes mots, de l’école, du logis et du marché. […] Tout à coup se clôt par la liberté, en dedans, de l’alexandrin, césure à volonté y compris l’hémistiche, la visée, où resta le Parnasse, si décrié : il instaura le vers énoncé seul sans participation d’un souffle préalable chez le lecteur ou mû par la vertu de la place et de la dimension des mots.
René Gillouin Qu’il y ait depuis un certain nombre d’années un renouveau de la critique française, dans le sens large et plein du mot critique cela me paraît évident : les noms d’un Péguy, d’un Maurras, d’un Sorel suffiraient à indiquer les principales directions dans lesquelles s’est produit ce renouveau. […] René Gillouin qu’il est « évident », à prendre le mot critique « dans le sens large et plein », et M. […] Edmond Pilon n’ose plus prononcer le mot de renouveau ; il note simplement un « effort très sincère d’amélioration » de la critique « dans quelques journaux et dans les périodiques ». […] « Un courrier des lettres quotidien, dans chaque journal, et un feuilleton hebdomadaire ; pour les revues, des chroniques bimensuelles ; en outre, des articles de fond pour les grands livres, dans les journaux comme dans les revues. » Il semblerait que nos amis se soient donné le mot. […] Il déclare tout uniment, reprenant un mot de son frère Remy, qu’il faut être créateur pour avoir le droit d’être un critique.
Ajoutez à ce premier attrait une langue dont les nouveautés viennent des choses, non des mots, et qui nous donne le plaisir du changement sans qu’il en coûte rien au goût. […] Son mot : « Mon livre sera plus apprécié que lu84 », est d’un auteur qui craint de demander trop au public. […] Il est l’homme aux considérations ; il faut le prendre au mot ; et considérer n’est pas nécessairement raisonner, déduire ou conclure. […] De là certains mots de mauvaise humeur contre Montesquieu, où l’on aime mieux voir le désappointement du chef des désapprobateurs que la jalousie de l’émule. […] Peut-être le mot de respect n’en dit-il pas assez.
Obligés de haïr tout ce qui a aidé l’esprit moderne à sortir du catholicisme, ces frénétiques s’engagent à haïr toute chose : Louis XIV, qui, en constituant l’unité centrale de la France, travaillait si efficacement au triomphe de l’esprit moderne, comme Luther, la science comme l’esprit industriel, l’humanité en un mot. […] Chercher, discuter, regarder, spéculer, en un mot, aura toujours été la plus douce chose, quoi qu’il en soit de la réalité 198. […] Les quatre mots que Voltaire savait de Locke ont fait plus pour la direction de l’esprit humain que le livre de Locke. […] Telle est la manière française ; on reprend trois ou quatre mots d’un système, suffisants pour indiquer un esprit ; on devine le reste, et cela va son chemin. L’humanité, il faut le reconnaître, n’a pas marché jusqu’ici d’une manière assez savante, et bien des choses ont été (passez-moi le mot) bâclées dans la marche de l’esprit humain.
L’Homme de guerre méconnoît les rapports qui lient aux autres hommes ; il plongera, si l’on veut, l’épée dans le sein du Citoyen, de son frere, de son ami ; en un mot, l’Homme de guerre, de même que le Dévot fanatique, ne se croit pas fait pour penser. […] En un mot, elle est fortement persuadée, & elle le dit à qui veut l’écouter, que les Prêtres sont les plus sourbes des hommes, & que les meilleurs d’entre eux sont méchans de bonne foi Syst. de la Nat. […] Je conviens que je me suis élevé contre les Philosophes, & que je n’ai négligé aucune occasion de relever leurs injustices, de fronder leurs fausses prétentions, de combattre leurs dogmes dangereux, de montrer, en un mot, toutes leurs erreurs littéraires & morales. […] Dire, en un mot, à tous les Lecteurs, avec autant d’honnêteté que de zele : Ne lisez point des Ouvrages où l’on ne gagne que des vertiges ; ne vous laissez pas duper par des raisonnemens captieux ; ne croyez point à des réputations usurpées ; ne vous fiez point à des Charlatans ; examinez, pesez, jugez : encore une fois, est-ce être partial contre les Auteurs charlatans ? […] Qu’il ait osé imprimer, avec la véracité qu’on lui reconnoît, que j’ai composé un Livre d’athéïsme ; que, mis en prison à Strasbourg, je m’occupai, pendant ma captivité, à faire des Vers infames ; je n’ai qu’un mot à répondre : Je n’ai jamais écrit sur l’athéïsme, que pour m’élever contre les Athées ; de ma vie je n’ai été mis dans aucune prison ; de ma vie je n’ai vu Strasbourg que sur la carte.
Diseur de bons mots, mauvais caractère , a dit Pascal : Bussy vint à point pour expliquer cette pensée. […] Il n’était pas ignorant des belles-lettres ; il savait quelque chose des poètes latins, et mille beaux endroits des poètes français : il aimait assez les bons mots et s’y connaissait fort bien. […] Elle est propre au dernier point, et l’air qu’elle souffle est plus pur que celui qu’elle respire… On remarquera ce mot de propre qui revient assez souvent chez Bussy, qu’on n’emploierait plus à présent, mais qui se disait alors avec convenance et dans le sens antique (simplex munditiis). […] On a, vers ce même temps, appliqué le mot et l’éloge d’urbanité à trois écrivains qu’on rapprochait volontiers, Bussy, Pellisson et Bouhours. […] Elle lui avait pardonné son injure, mais à condition de s’en ressouvenir et de la lui rappeler toujours : « Levez-vous, comte, je ne veux point vous tuer à terre, lui écrivait-elle quand il faisait semblant de se mettre à genoux : ou reprenez votre épée pour recommencer notre combat… » En pleine paix, en pleine amitié, un mot, une saillie soudaine de cette innocente railleuse, laissait deviner son ancienne rancune, et montrait bien qu’elle se sentait désormais sur lui tous les avantages.
Les mots que portent les dos ont quelque chose de solennel : Naissances, Décès, Mariages, Abjurations. […] * * * — Un bien joli mot de débiteur parisien. […] Le poète, qui, le jour où il est arrivé avait écrit le mot fin sur les Misérables, lui a dit : « Dante a fait un Enfer avec de la poésie, moi j’ai essayé d’en faire un avec de la réalité ! […] Ce n’était pas à un roi à savoir cela ; mais Mme de Genlis lui avait arrangé et ordonné tout cela dans la mémoire. « Quant au mot caboche, je ne l’ai pas inventé, comme l’insinue M. […] Lamartine a dit qu’il avait de grosses mains, ce n’est pas vrai, il avait des mains de femme. » Et la conversation va à l’esprit, aux bons mots, et Sainte-Beuve cite ce mot de Mme d’Osmont abîmant la duchesse de Berry, lors de son arrestation en Vendée, et à laquelle on demandait pourquoi elle était si dure pour la princesse et qui répondait : « Elle nous a fait toutes cocues !
De l’éducation de son esprit, j’ai déjà dit un mot quand il s’est agi de vous parler de ses premières études. […] Il n’était pas seulement un livresque, il était un actualiste, si vous me permettez d’unir un instant ces deux mots, dont l’un est un archaïsme et l’autre un néologisme. […] Il n’est pas facile de faire une dissertation philosophique plus nette, plus précise, avec des mots d’une propriété plus exacte, et en même temps avec cette grâce, cette facilité, cette souplesse de style… Donc, voilà la philosophie de La Fontaine dans ses traits généraux. […] Vous savez la fable que je vous ai déjà citée et qui commence par ces très beaux mots : Il se faut entr’aider ; c’est la loi de nature. […] C’est un mot de Sainte-Beuve, et il n’y a rien de tel comme les hommes comme Sainte-Beuve, pour savoir ce que c’est que la générosité, parce que nous comprenons très bien ce que nous sommes et aussi le contraire de ce que nous sommes.
Sans doute la routine, ici comme pour l’ancien missel, fera insensiblement son triste office ; à force de répéter les mêmes mots, l’homme ne répétera souvent que des mots ; ses lèvres remueront et son cœur restera inerte. […] Nul grand mot, nul étalage de style, nul déroulement de dialectique. […] Mot de saint Augustin. […] Le mot est de Stendhal ; c’est son impression d’ensemble. […] Un mot revient sans cesse : Tenderness of conscience.
Danchet l’arrêta au début, & lui dit, Maison est un mot trop foible ; il faudroit mettre Palais, Beau lieu, &c. […] En ce cas-là, répliqua Danchet, le mot est assez bon.
Vous m’entraîneriez trop loin, et sans discuter ni même citer, je répondrai d’un mot : les chefs-d’œuvre classiques. […] Rappelons-nous ce mot de Stendhal : « le beau idéal de la Raison ». […] Nul homme ne me paraît assez bête pour avoir prononcé ce mot de façon réfléchie et désintéressée. […] Français, ils n’ont à peu près que ce mot à la bouche ! […] Cette définition mérite qu’on s’y arrête, encore que je n’en goûte guère le dernier mot.
Et peu de semaines après (décembre 1851), il termine sa Communication à mes amis en disant : « Je n’écris plus d’opéras ; ne voulant point inventer un nouveau mot, je nommerai mes œuvres des drames, car c’est le mot qui indique le plus clairement quel est le point de vue auquel il faut se placer pour juger ce que j’ai voulu faire ». […] Ces mots, on s’en souvient, sont dans la première scène du second acte. […] Mais il y a pour la France une considération spéciale qui devrait la sauvegarder contre bien des dangers : c’est que la nature même du drame wagnérien, l’importance que chaque mot y acquiert et l’immobilité qui est assignée au mot par sa liaison avec la musique, rendent toute traduction de ces drames en langue française impossible. […] Et cependant, la conception de cette Revue était wagnérienne dans le meilleur sens du mot. […] C’est la seule fois que j’ai rencontré ce mot de Tétralogie, qu’on n’emploie qu’en France.
Selon le temps et le lieu, selon le heurt varié des circonstances, d’un mot, d’un fait, selon de plus obscures influences internes encore, d’équilibre instable, de silencieuses poussées de sang et de pensées, les personnages de Tolstoï varient, évoluent, passent et s’écoulent, comme les vagues que déforment et le choc du vent, et leur rencontre même, et la montée de la rive où elles déferlent. […] Napoléon à son entrée à Moscou et s’ensanglantant l’esprit de ce dessein, qui perd toute cette barbarie assumée après quelques mots d’un insignifiant entretien avec un Français par qui il ne peut s’empêcher de se sentir ressaisi de tous les liens sociaux. […] Si la traduction de ses œuvres ne permet pas de reconnaître exactement la contexture de leur style, l’absence d’une coupe de phrase propre, d’une qualité de vocabulaire, d’un ton clairement déterminé, la pauvreté des tournures et des mots sont cependant visibles et à certains détails, comme les comparaisons mal déduites de La Guerre et la Paix (III, pp. 263 et 266), on reconnaît le peu de soin mis à l’écriture. Et si l’on passe de cet arrangement purement formel des mots au détaillement même de la description, au développement des situations ou des idées, au narré des événements, on est en présence d’une série de longueurs et d’écourtements, d’omissions et d’insistances sans cause visible, semblable à l’application d’une main faiblissante, puis fiévreuse, puis fléchissant de nouveau sous l’immense tâche et l’abandonnant. […] Dans ce monde récrié, incolore et mugissant des pages de jeunesse mais arrêté en ses lignes menues, vivent des hommes et des femmes à l’âme exquise, ardente ou grosse, mais montrés face à face et connus soudain en un geste, un mot, un accent, comme on connaît son propre cœur.
Première amie aux beaux yeux simples, un mot du livre, le nom peut-être du cœur du livre. […] Comme un grand nombre de hauts penseurs, de visionnaires géniaux, l’auteur anonyme de Lumière d’Egypte s’est créé une langue spéciale, où les mots n’ont plus la signification habituelle que nous leur attribuons ; et ce serait s’égarer que de prendre les mots Force, Polarité, Plan, dans le sens où les emploie la science : c’est tout autre chose ; on a laissé à dessein au lecteur le travail de chercher et le plaisir de trouver la clef de ce langage mystérieux. […] Il a reproché à Ubu Roi d’être une grossière imitation de Shakespeare et de Rabelais, parce que « les décors y sont économiquement remplacés par un écriteau » et qu’un certain mot y est répété. […] … quel triste imbécile » — qu’Ubu ne devait pas dire « des mots d’esprit » comme divers ubucules en réclamaient, mais des phrases stupides, avec toute l’autorité du Mufle. D’ailleurs, la foule, qui s’exclame avec un dédain simulé : « Dans tout cela, pas un mot d’esprit », comprend bien moins encore une phrase profonde.
Ce n’est pas que frere René D’aucun mérite soit orné, Qu’il soit docte, qu’il sache écrire, Ni qu’il dise le mot pour rire ; Mais seulement c’est qu’il est né Coiffé. Ce mot né coiffé expliqueroit assez bien la petite fortune littéraire & civile de quelques merveilleux Auteurs de nos jours.
Les épigrammes, dont le merite consiste en jeux de mots, ou dans une allusion ingenieuse, ne nous plaisent que lorsqu’elles sont nouvelles pour nous. […] Pour ne point mettre en jeu les poëtes modernes, les épigrammes de Martial, qu’on sçait communement, ne sont point celles où il a joüé sur le mot, mais bien les épigrammes où il a dépeint un objet capable de nous interesser beaucoup.
Agnosticisme, positivisme, empirisme, tous ces mots ont été employés pour désigner la doctrine de cette école : et à tous ces mots je demanderai la permission de substituer celui de naturalisme. […] Les mots, les idées, la vie, gardent pour eux une signification spéciale. […] Il y a dans cette pièce un vieux paysan, qui, par une façon de tic, mêle à toutes ses phrases le mot taïé ; « mot parasite », comme l’appelle M. […] Pareillement, le mot des Revenants était hérédité ; le mot de Maison de Poupée était hypocrisie sociale, le mot du Canard sauvage… mais ici il y avait déjà plusieurs solutions possibles. […] Des mots, rien que des mots !
Il se tire d’affaire en n’en soufflant mot. […] Ce sont surtout des béquilles, selon le mot de Michelet. […] Descartes emploie le mot de création. […] Voilà le mot qu’il fallait trouver ! […] Je n’en ai pas encore entendu prononcer un mot.
Les professeurs citaient de temps en temps le mot de M. […] Quelle étrange peur des mots ! […] En deux mots. […] et, partout, que de jolis mots ! […] Je n’y trouve pas le plus petit mot pour rire.
Ces mots du Cardinal, dans une lettre à madame de Maintenon, achevent son éloge. […] Il ne voit que larcins, que dictionnaires mis à contribution, que pages entières, prises de tous côtés, tronquées, imitées, ou même copiées mot pour mot. […] Le mot de consubstantialité manque à la déclaration, & ce mot est essentiel. […] C’est le mot sacrementel des lettres de docteur. […] Ce mot peut avoir une autre étimologie.
Petit-Radel, a écrit fort savamment (je dirais peut-être un autre mot si ce n’était, lui aussi, un ancêtre) l’historique de l’établissement qu’il administrait. […] Combien ce mot est-il plus vrai de Naudé encore, lequel n’a ni point de vue apparent ni relief saisissable, et qui étouffe son idée comme à dessein sous une masse de citations et de digressions ! […] Naudé faisait nargue à la rhétorique dès le premier mot. […] En matière religieuse, il ne procède pas autrement, et c’est ici que le mot de sournoiserie s’applique à merveille. […] Cette méthode inusitée déjouait un peu le libraire, qui hésitait, qui lâchait un mot : on marchandait.
. — Conserver à l’œuvre son caractère national, historique et idiomatique ; lui laisser ses qualités étranges ou répulsives : négliger le souci de tout éclaircissement, — toute amélioration ; traduire simplement le mot par le mot ; rester allemand avec des mots français, garder en les phrases françaises l’œuvre allemande : cela à quelques uns servira pour pénétrer en l’œuvre. […] Wilder donne la perfection de la traduction vulgarisatrice : sa traduction est exacte de sens ; elle est écrite littérairement ; elle est claire, tellement que les Allemands qui ne comprendront point des vers de la Walkure en chercheront l’intelligence en la Valkyrie ; au lieu des mots inusités, inventés ou renouvelés, du texte allemand, les mots sont ordinaires ; la grammaire, traditionnellement correcte, n’a rien des insolites complications de la grammaire Wagnérienne ; la métrique Wagnérienne est abandonnée pour l’usuelle versification des poèmes dramatiques français, — le vers rimé (nécessaire à une œuvre populaire), non allitéré, coupé selon le goût français non correspondamment au vers allemand ; c’est une francisation de ces œuvres formidablement différentes, une simplification d’elles qui les popularisera et, éminemment, une vulgarisation. […] Mais non un compromis d’élégante prose plus exacte : l’entière concordance du mot sous le mot, de l’archaïsme sous l’archaïsme, du néologisme sous le néologisme, de l’expression contournée, obscure, bizarre, sous l’expression contournée et obscure et bizarre, d’une phraséologie françaisement allemande sous la phraséologie du langage allemand ; chaque mot allemand scruté dans ses primitives racines et rendu par l’équivalent français également scruté, — oui, la traduction des mots suivant leur originelle et étymologique signification, rigoureuse ; et, nettement délimité, amené en son ordre, chaque vers, portant son accent propre, une vie et une puissance spéciales, spéciales à lui ; et, encore, — si cela est possible, — l’allitération et le rhythme des syllabes reproduits, l’aspect sonore du vers51 ; le décalque, en mots français, des mots Wagnériens… C’est l’œuvre qu’il faut essayer, l’œuvre modeste après les grandes, populaires et célèbres traductions vulgarisatrices ; l’œuvre intéressante à quelques rares curieux de l’œuvre Wagnérienne ; l’œuvre de petite renommée ; parmi les multiples éditions promises aux poèmes de M. […] Les mots en italique sont en français dans le texte.
Tout ce qui était auguste et vénérable autrefois, il l’a tyranniquement aboli » — Elles ont des mots touchants pour consoler le Titan. […] Debout derrière l’orateur de l’Agora, il lui souffle le dilemme irréfutable, le mot décisif. […] Voilà un mot que Zeus ne connaît pas ! […] Prométhée brave ces menaces, et il les répète presque mot par mot, comme pour les essayer sur son âme. — Que le glaive du feu le déchire, que la terre soulevée l’étouffe, que la mer montante le submerge : — « Zeus avec tout cela ne me tuera pas ! » — Mot profond qui, rapproché de la nature cosmique du Titan, semble opposer aux dieux qui passent la pérennité de la nature qui demeure.
À ma demande, s’il travaille, il hésite d’abord, puis me dit que oui, qu’il travaille au lit, les longues heures qu’il ne dort pas, ajoutant bientôt que malheureusement, le matin, les mots à couleur, les sonorités qu’il a trouvées, — ce sont ses expressions, — c’est délavé, éteint. […] Un premier acte, où l’on n’entend pas un mot, dans l’ouverture des portes, le remuement des petits bancs, le passage des abonnés, — tous des cabotins, — venant à la façon des dîneurs qui veulent être remarqués, venant en retard. […] Et Heredia qui est là, parlant des poètes de la dernière heure, établit que leurs poésies ne sont que des modulations, sans un sens bien déterminé, et qu’eux-mêmes baptisent du mot de monstres, leurs vers à l’état d’ébauche et de premier jet, et où les trous sont bouchés avant la reprise et le parfait achèvement du travail, par des mots sans signification. […] Un curieux mot de Léon enfant, le lendemain de la prise de possession de Champrosay par les Prussiens : « Papa, puis-je me réveiller ? » Jeudi 31 juillet Geffroy me disait à propos de quelques mots, dits par moi à dîner : « Je me suis tordu… ce qu’il y a d’amusant chez vous, un pessimiste… c’est que vous avez des mots d’une gaieté féroce !