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1770. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Ce qu’on peut dire de mieux en faveur « d’une nation policée394 », c’est que ses lois, coutumes et pratiques se composent « pour moitié d’abus, et pour « moitié d’usages tolérables »  Mais sous ces législations positives qui toutes se contredisent entre elles et dont chacune se contredit elle-même, il est une loi naturelle sous-entendue dans les codes, appliquée dans les mœurs, écrite dans les cœurs. « Montrez-moi un pays où il soit honnête de me ravir le fruit de mon travail, de violer sa promesse, de mentir pour nuire, de calomnier, d’assassiner, d’empoisonner, d’être ingrat envers son bienfaiteur, de battre son père et sa mère quand ils vous présentent à manger. » — « Ce qui est juste ou injuste paraît tel à l’univers entier », et, dans la pire société, toujours la force se met à quelques égards au service du droit, de même que, dans la pire religion, toujours le dogme extravagant proclame en quelque façon un architecte suprême  Ainsi les religions et les sociétés, dissoutes par l’examen, laissent apercevoir au fond du creuset, les unes un résidu de vérité, les autres un résidu de justice, reliquat petit, mais précieux, sorte de lingot d’or que la tradition conserve, que la raison épure, et qui, peu à peu, dégagé de ses alliages, élaboré, employé à tous les usages, doit fournir seul toute la substance de la religion et tous les fils de la société. […] » Toutes les souillures qu’il a contractées lui viennent du dehors ; c’est aux circonstances qu’il faut attribuer ses bassesses et ses vices : « Si j’étais tombé dans les mains d’un meilleur maître…, j’aurais été bon chrétien, bon père de famille, bon ami, bon ouvrier, bon homme en toutes choses. » Ainsi la société seule a tous les torts  Pareillement, dans l’homme en général, la nature est bonne. « Ses premiers mouvements sont toujours droits… Le principe fondamental de toute morale, sur lequel j’ai raisonné dans mes écrits, est que l’homme est un être naturellement bon, aimant la justice et l’ordre… L’Émile en particulier n’est qu’un traité de la bonté originelle de l’homme, destiné à montrer comment le vice et l’erreur, étrangers à sa constitution, s’y introduisent du dehors et l’altèrent insensiblement… La nature a fait l’homme heureux et bon, la société le déprave et le fait misérable412. » Dépouillez-le, par la pensée, de ses habitudes factices, de ses besoins surajoutés, de ses préjugés faux ; écartez les systèmes, rentrez dans votre propre cœur, écoutez le sentiment intime, laissez-vous guider par la lumière de l’instinct et de la conscience ; et vous retrouverez cet Adam primitif, semblable à une statue de marbre incorruptible qui, tombée dans un marais, a disparu depuis longtemps sous une croûte de moisissures et de vase, mais qui, délivrée de sa gaine fangeuse, peut remonter sur son piédestal avec toute la perfection de sa forme et toute la pureté de sa blancheur. […] Partie II, livre IX, 368. « Je ne comprends pas comment on ose parler dans un cercle… Je me hâte de balbutier promptement des paroles sans idées, trop heureux quand elles ne signifient rien du tout… J’aimerais la société tout comme un autre, si je n’étais sûr de m’y montrer, non seulement à mon désavantage, mais tout autre que je ne suis. » — Cf. 

1771. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Mais, quand il a vu naître des fils de ses fils, et que sa famille, en s’étendant à l’infini, lui a montré au-delà de lui la multitude indéfinie de sa génération future, son instinct de propriété s’est multiplié dans la même proportion, c’est-à-dire à l’infini en lui, et cela non plus pour le temps, c’est-à-dire pour une jouissance viagère, mais pour autant de temps que sa famille subsistera sur la terre, c’est-à-dire à perpétuité. […] Il ne paraît pas qu’en cela Platon ait montré plus de bon sens pratique qu’il n’en a montré dans sa législation.

1772. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Il se borna à montrer le ciel. […] Sa lumière luit d’elle-même ; se montrer, c’est se prouver ; ôtons-lui son voile et cachons-nous ! […] Il faut convenir que ce pauvre évêque avait peu de présence d’esprit contre les paradoxes du terrorisme, et l’on ne doit pas s’étonner qu’il tombe, comme saint Paul sur le chemin de Damas, atterré et sans paroles, aux genoux de celui qui daigne l’instruire des droits de la colère et de la sublimité des vengeances du peuple, pour adorer le révélateur du mystère de l’échafaud et pour montrer, le lendemain, le ciel comme le seul séjour digne de ce prophète du comité de salut public !

1773. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Jay Le drame de Cromwell n’a excité en moi d’autre sentiment que celui de la commisération pour un jeune homme né avec d’heureuses dispositions, d’un caractère très estimable, et qui, dans quelques productions lyriques, a montré un vrai talent. […] Gustave Planche Victor Hugo dont le nom avait si rapidement grandi sous la Restauration, mais dont les Orientales avaient montré l’alliance malheureuse d’une habileté consommée et d’une pensée presque insaisissable, tant elle tenait peu de place dans les vers du poète, a répondu victorieusement à ce reproche, hélas ! […] Le théâtre, le roman, la poésie, l’histoire, il n’est pas un genre qu’il n’ait abordé ; il les a tous traités d’une façon supérieure… Dans l’ode, dans la méditation, dans l’épopée héroïque, Hugo a montré une force sans égale.

1774. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

J’ai jadis montré plus d’ardeur qu’aujourd’hui à soutenir les œuvres de Wagner. […] Selon moi, depuis les grands classiques allemands, nul n’a montré, dans l’art de manier les masses orchestrales, une organisation plus vigoureuse et plus ingénieusement habile. […] Invectives contre les wagnériens qui, « lorsqu’on joue quelque part du Wagner vont se montrer dans les théâtres de Bruxelles ou d’Allemagne avec des pantalons à pont gris-perle, des coiffures spéciales, des cheveux étonnants et des pardessus aveuglants… » Même jour, Gil-Blas : article de Nestor (M. 

1775. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Des vases antiques, figurant ces images agrestes, le montrent engagé dans une gaine d’écorce, étendant, en guise de bras, deux branches verdoyantes. […] » — Souvent aussi il se montrait en bête fauve : une pierre gravée le représente sous la figure d’un lion à face humaine, comme une idole ninivite. […] On montrait son tombeau à Delphes, sous l’Omphalos, près du trépied prophétique.

1776. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il a beau montrer ses cornes, on lui soutient que ce sont des oreilles, on les lui tire pour le lui prouver. […] D’une autre part, les auteurs ont fait le père Poirier trop riche pour nous le montrer d’abord si humble, si mesquin et si faux bonhomme. […] Mais, en ce moment, il oublie tout, l’heure de son duel qui avance, l’heure de son rendez-vous avec madame de Montgey qui retarde ; il aime sa femme, il n’aimera plus qu’elle ; il lui pose sur le front, avec un baiser, ce nom et cette couronne de marquise dont elle a si noblement gagné les trèfles de perles, et il ne pense plus qu’à aller de ce pas la promener en triomphe au bois de Boulogne pour montrer son bonheur à tout Paris.

1777. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On peut s’y montrer sur un ton épique & le soutenir. […] Il a montré combien nous sommes inconséquens à leur égard. […] On dirigera l’amour vers une fin honnête, lorsqu’on montrera « dans des exemples illustres, ses fureurs & ses foiblesses, pour nous en défendre ou nous en guérir ».

1778. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

C’est pendant de longues fiançailles que ces vers ont jailli de deux âmes qui se sont penchées l’une vers l’autre pour se pénétrer », dit la préface, « et, comme des enfants qui ont trouvé un beau papillon le montrent à tout venant, au bout de l’épingle avec laquelle ils l’ont transpercé, elles ont fixé dans l’ombre, avec le rythme, le beau papillon de leur amour et fervemment, le portent à la clarté ». […] La nature lui a montré, dans ses fleurs qui se fanent les champs que l’hiver flétrira, le ciel changeant et ses beautés instables, elle lui a montré l’ombre prochaine et lui a murmuré l’éternel « carpe diem ! 

1779. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Et il a montré, malgré toutes les séductions de ces Sirènes de l’Histoire, qu’ici la Cause fut plus grande que ses serviteurs et l’idée plus haute que les hommes. […] Ils ont emporté avec eux une quatrième race, et les tristes descendants qu’ils ont laissés derrière eux ont montré ce que cette quatrième race aurait été. […] C’est un esprit d’après la Révolution française, sans hostilité (du moins montrée) contre le Catholicisme, mais parfaitement indifférent à sa destinée et trouvant même bon, dans les intérêts de la civilisation comme il la comprend, qu’il ait perdu la partie au temps de Philippe II ; — car il faut bien le dire, nous, les vaincus !

1780. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Nous citons textuellement ; mais à ce que nous allons montrer, vous allez voir que l’insensé n’est pas si bête ! […] Et pour montrer qu’il est de la maison (quelle maison ? […] Toute notre prétention, dans le jugement que nous avions porté sur les poésies d’un homme que l’on a trop nommé un grand poète, avait été de montrer cela et de le prouver.

1781. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Renouvier, n’a été qu’une conjuration contre la liberté et contre l’existence même. » Montrer d’abord, par une esquisse sommaire des principales conceptions métaphysiques, qu’entre toute spéculation de ce genre et les enseignements de la psychologie, il y a contradiction ; puis essayer d’établir que cette contradiction ne saurait, si l’on ne peut la résoudre, infirmer le témoignage de la conscience ; faire voir enfin le parti que toute spéculation philosophique peut tirer des lumières de cette conscience pour l’ordre de problèmes qu’elle poursuit : tel est le triple objet de notre recherche dans cette troisième et dernière étude. […] Des trois écoles philosophiques qui se partagent les esprits voués à la spéculation, c’est de beaucoup la moins nombreuse et la moins populaire : car c’est celle qui choque le plus le sens intime, celle surtout à laquelle l’imagination s’est toujours montrée le plus rebelle. […] Il serait facile de montrer comment la politique, réduite à ses données propres, n’est plus que l’art de Machiavel plus ou moins accommodé aux nécessités des temps et des lieux.

1782. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Je prendrai leur défense contre eux-mêmes ; je leur veux rendre le service de leur montrer qu’ils ont plus de foi qu’ils ne croient. […] Ce que je viens de vous montrer sur le théâtre limité de la conscience individuelle, transportez-le sur celui de la conscience universelle, c’est-à-dire dans l’histoire. […] Je pourrais prendre ainsi les institutions militaires de chaque grand peuple, et je vous montrerais l’esprit de ce peuple dans celui de ces institutions. […] Les arts, sans doute, font le charme de la vie ; mais évidemment ils n’en sont pas la substance ; évidemment dans l’histoire ils se montrent toujours à la suite de l’État ou de la religion. […] quelle guerre utile, quels combats glorieux a-t-elle à montrer ?

1783. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

S’il est incontestable que la principale curiosité des visiteurs d’une prison est pour les grands criminels, et s’ils disent fièvreusement au directeur : « Montrez-moi les assassins », ils ne diraient pas avec autant d’empressement : « Montrez-moi les voleurs ou les faussaires », eussent-ils ravi les diamants de la couronne ou approvisionné tout un état-major. […] Voici un choix de faits historiques servant à montrer, en des temps divers, la prépondérance d’un esprit public, antérieur et supérieur à toutes les velléités du libre arbitre individuel. […] Le vrai critique évite, par-dessus tout, de se montrer un cuistre attardé dans l’ornière et encroûté dans la routine. […] Parrhasius se montrait vêtu d’une robe de pourpre et couronné d’or ; il ajoutait à sa signature certains vers faits à sa louange. […] Jacquet, rapporte de bien curieux jugements des lettrés dijonnais de ce temps-là, qui nous montrent à quel point leur critique littéraire était en retard.

1784. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il ne l’a pas réalisée, sans doute ; mais il ne s’en est pas montré indigne. […] En même temps que tout ce qui se rattache à Jeanne, même de très loin, nous est montré, Jeanne ne quitte jamais le champ de votre vue et en occupe toujours le centre. […] — Vous m’avez montré les peupliers ; et puis vous avez mis le doigt sur vos lèvres. […] Ils ont voulu dire que la première forme de l’amour (1º), sa forme générale, l’attrait pour le sexe, c’était là ce que le mari devait avoir pour sa femme et devait lui montrer. […] Il était expédient, et Mlle Bourgain l’a fait un peu, de la montrer sans décoration et sans armature.

1785. (1894) Critique de combat

Il s’est montré là, en dépit de lui-même, plus orateur que philosophe. […] L’autre côté du bourgeois ne tarde pas à se montrer. […] On a l’imprudence de lui montrer comment on abuse de la force. […] Il n’en a montré qu’une seule face, et ce n’est point la plus belle. […] Faut-il vous montrer d’abord le parti pris dans toute sa beauté ?

1786. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Hier soir vous m’avez montré une lettre qui vous est adressée par un de vos amis classiques. […] Cela n’empêchera pas les Romantiques d’aller leur train ; mais je voudrais qu’un écrivain aussi positif et aussi clairvoyant que vous voulût bien nous montrer ce qu’est, ou plutôt ce que peut être le Romantique dans la littérature française, et relativement au goût qu’elle s’est fait. […] Auger, je n’ai parlé que du théâtre 28) sont de quatre espèces : 1º Les vieux rhéteurs classiques, autrefois collègues et rivaux des La Harpe, des Geoffroy, des Aubert ; 2º Les membres de l’Académie Française, qui, par la splendeur de leur titre, se croient obligés à se montrer les dignes successeurs des impuissants en colère qui jadis critiquèrent le Cid ; 3º Les auteurs qui au moyen de tragédies en vers font de l’argent, et ceux qui par leurs tragédies, et malgré les sifflets, obtiennent des pensions. […] Vous me dites, monsieur, que je ne trouve de raisons que pour détruire, que jamais je ne m’élève au-dessus du facile talent de montrer des inconvénients. […] Le second acte doit se passer près de Grenoble, à Lafrey, sur le bord du lac, et montrer la séduction du ier  bataillon du 7e léger que le général Marchant avait envoyé pour barrer la route étroite pratiquée entre la montagne et le lac.

1787. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

C’est depuis lors qu’on se montra si friand de tout ce qui est particulier, étrange et pathologique. […] Mais un égotiste, avec une éducation moins civique et plus sentimentale ne comprendrait pas cette beauté fruste et naturiste, car à la moindre parole que prononcerait notre homme, il se montrerait aussitôt extrêmement froissé par ses erreurs de langage. […] Il s’était montré dans cette célèbre querelle d’une activité fiévreuse et batailleuse. […] Dans cette intention, on accumulait les traits minutieux et particuliers, on nous le montrait dans des aventures caractéristiques. […] Dans un explicite et merveilleux chapitre de la « Vie Héroïque », Le Carnaval des Destins, Saint-Georges de Bouhélier s’est efforcé à montrer l’opposition de l’existence actuelle et de vie véridique : « L’existence quotidienne parodie la Vie Éternelle, nous dit-il. » La doctrine naturiste est la doctrine des rapports.

1788. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Quant à Coppée, il s’est montré tout à fait extraordinaire, comme verve voyoute : ç’a été un feu d’artifice pendant toute la soirée de drôleries, à la fois canailles, à la fois distinguées. […] Et la voilà avec son doux parlage gazouillant — elle a une voix harmonieuse, peut-être un peu factice — la voilà, avec ces renversements de figure en arrière, d’une petite fille qui vous parle de bas en haut, et qui montrent, dans son plaisant minois, la limpidité du bleu de ses yeux, l’émail de ses dents, la voilà, qui me dit que cela ne lui est pas possible ; qu’à l’heure présente, elle publie six articles par semaine. […] En poussant cette porte-fenêtre, je suis sur le balcon, où Marie-Antoinette s’est montrée aux cannibales, qui demandaient les boyaux de la Reine, — et de la vie tragique ressuscite dans ce bâtiment mort, dans cette nécropole de la monarchie. […] Lavoix me le montre avec son parler, tout farci de mots latins et grecs, et quelques instants après, qu’il avait manqué d’être écrasé, lui disant : « Oui, par une voiture à deux chevaux, un bige, mon cher collègue. » C’était lui, qui se défendant de toujours travailler, faisait l’aveu, que le dimanche, il lui arrivait parfois de lire un livre futile, et le livre qu’il montrait, était le dix-septième volume de l’Histoire de l’Empire, de Thiers. […] À propos d’une médaille, sur la date de laquelle on n’était pas fixé, et que lui montrait Lavoix, il s’écriait : « C’est une médaille du iiie  siècle, il y a un mot que je n’ai jamais trouvé dans les siècles précédents. » Lavoix a assisté à sa mort, tous deux demeurant dans la petite annexe de la Bibliothèque, rue de Louvois.

1789. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Je n’en citerai qu’un, non qu’il soit des plus remarquables, mais parce qu’il servira de plus à montrer comment peut s’effectuer par degrés la séparation des sexes dans les plantes dont nous allons avoir à parler. […] Je pourrais montrer par de nombreux exemples combien les Abeilles sont économes de leur temps ; je rappellerai seulement les incisions qu’elles ont coutume de faire à la base de certaines fleurs pour en atteindre le nectar, lorsque avec un peu plus de peine elles pourraient y entrer par le sommet de la corolle. […] Les visites des Abeilles sont si nécessaires à beaucoup de fleurs Papilionacées, que de nombreuses expériences ont montré que leur fécondité diminue considérablement quand ces visites sont empêchées. […] Au point de vue de la création indépendante des espèces, je ne saurais trouver aucune explication raisonnable de ce grand fait de la classification naturelle des êtres organisés ; tandis que, selon ma manière de voir, ce groupement des formes vivantes autour de centres dont elles s’éloignent en divergeant s’explique par l’hérédité et par l’action complexe de la sélection naturelle, impliquant la divergence des caractères, ainsi que nous l’avons montré dans le chapitre précédent. […] Seulement chacune de ces divisions et subdivisions devait être moins tranchée en vertu de la loi de divergence des caractères ; et c’est en effet ce qu’attestent les documents géologiques qui montrent une aussi grande richesse d’espèces avec une pauvreté relative de types extrême.

1790. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Enfin il y a dans cette théorie, et surtout dans l’insistance amère que met Stendhal à l’étaler à tout propos, l’exemple le plus fort de ce que j’ai appelé l’imperméabilité de Stendhal, et surtout du soin constant qu’il mettait à se montrer imperméable. […] Ce n’est pas dans une salle quelconque qu’il faut nous montrer Andromaque et Pyrrhus. […] On s’étonne et l’on sourit un peu de trouver dans un livre destiné à montrer ce que la démocratie fait d’un peuple, des chapitres sur « les idées générales et pourquoi les Américains y montrent plus d’aptitude que les Anglais » ; — « la susceptibilité des Américains petite dans leur pays et grande dans le nôtre » ; — « la démocratie modifiant les rapports du serviteur et du maître » ; — « les institutions démocratiques tendant à raccourcir la durée des baux », etc. […] Dans une Europe en guerre, il ne peut y avoir que des despotismes purs et simples ou des démocraties centralisées, et autoritaires, et si ceci ressemble à cela, les considérations précédentes montrent que rien n’est plus naturel. […] De temps en temps je montrerai que, nonobstant, ils se ressemblent. » C’est une méthode encore, si l’on veut, mais qui élimine toute méthode systématique, j’ai presque dit toute méthode méthodique.

1791. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Ils viennent de temps en temps se montrer, plutôt pour faire voir qu’ils ne sont pas morts que pour rendre aucun service. » La duchesse d’Ossonne a trois cents femmes ; un peu auparavant elle en avait cinq cents. […] Boutmy a pris pour type le Parthénon dans l’architecture grecque, et, parcourant tour à tour la géographie, l’histoire et la psychologie de la race, il a montré comment ces causes générales, jointes à des circonstances temporaires, avaient déterminé, assemblé, distribué tous les traits du chef-d’œuvre dont nous pouvons encore contempler les restes. […] Sauf cet oubli « personne ne s’est montré plus fidèle sectateur des anciens Grecs, plus imbu de leur esprit, plus naturellement et invinciblement enclin à suivre leurs méthodes. […] On essayera tout à l’heure de montrer ce qu’il en est en attendant voyons les faits sur lesquels les Allemands s’appuient pour refuser toute paix équitable et durable, sous ce prétexte que notre amour-propre national ne peut endurer des égaux. […] Il cache son savoir, au lieu de le montrer ; il semble, à l’écouter, que chacun aurait pu faire son livre.

1792. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Guizot, où le libéral s’était montré dans le défenseur du principe d’autorité, je l’avais été, vingt ans auparavant, de la façon dont M.  […] Mais quelque vertu qu’on y ait montrée de part et d’autre, elle est plus à regretter qu’à admirer. […] De Vigny l’a vue noire ; moi, je crois l’avoir vue brune, comme la portent les gens qui ne tiennent pas plus à montrer qu’à dissimuler leur calvitie. […] En me quittant, il m’avait laissé entre les mains, sans le montrer ni le cacher, son seul titre imprimé. […] On les lui montra, et elle en fut pour sa courte honte.

1793. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Pareillement ici les personnages se démènent et hurlent, frappent la terre du pied, grincent les dents, montrent le poing au ciel. […] Avec quelle énergie, avec quel dédain des ménagements, avec quelle violence de vérité elle ose frapper et marteler la médaille humaine, avec quelle liberté elle peut reproduire l’âpreté entière des caractères frustes et les extrêmes saillies de la nature vierge, c’est ce que ses œuvres vont montrer. […] Il y en a autant autour de Shakspeare que chez Shakspeare ; laissez-moi en montrer un seul, cette fois encore, chez ce Webster. […] Elle lui tend les bras ; il a eu beau faire, elle n’a pas changé. « Je suis ton amour — encore et pour toujours ton amour. —  Frappe encore une fois sur ma poitrine nue, et je me montrerai — encore aussi constante. […] La crudité, l’énergie extraordinaire et repoussante montreront la différence des deux siècles.

1794. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

En 1595, le ministre et le secrétaire de Philippe II, Antonio Perez, entrait au service d’Henri IV, et il en recevait une pension, que Sully ne se montrait pas toujours très empressé à payer. […] Il ne restait qu’à les regarder et à les peindre du dehors, tels qu’ils se montraient en public, et c’est à quoi se bornaient les poètes qui vivaient de leurs dons, et qui les avaient à la fois pour protecteurs et pour lecteurs. […] On disait : « Je suis de tous les samedis de Mlle de Scudéry », comme plus tard on devait dire des Marly de Louis XIV : « Je suis de tous les Marly. » Chapelain s’y montrait fort assidu ; il était l’âme de la cabale. […] On a si peu suspecté ses critiques de vanité, que, pour y trouver à reprendre, il a fallu l’accuser d’en avoir montré trop peu en triomphant si haut d’adversaires si au-dessous de lui. […] Il se bornait à leur montrer ces mots magiques ; prenant à témoin son siècle, qui peu à peu s’y reconnaissait lui-même, et se retournait contre ce qu’il avait aimé.

1795. (1925) Dissociations

À vrai dire, elle ne s’est pas révélée d’une profondeur insondable, mais elle aurait montré qu’elle était capable de quelque spontanéité. […] L’indocile C’est ce bandit Lacombe, qui se montra rebelle aux discours persuasifs de son avocat, aux obligations du directeur de la prison. […] Pour bien montrer que cet exode estival n’est qu’une mode, c’est le moment que choisissent pour y venir beaucoup d’étrangers et d’habitants de la province. […] Et pour montrer qu’il ne plaisantait pas, il a commencé par faire condamner à l’amende un maître d’hôtel, un seul, qui offrait contre rétribution des cigares achetés au bureau de tabac voisin. […] Pourvu qu’elle rapporte de beaux honoraires, on y montrera toujours assez de génie.

1796. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

 » Mais dans ses Mémoires secrets, dans cette histoire de son temps, qu’il a retracée en qualité d’historiographe, et qui n’a été publiée que longtemps après sa mort (1790), c’est là que Duclos, dit-on, s’est montré lui-même : « On y trouve, dit Grimm, ce qu’il sut pour ainsi dire toute sa vie, ce qu’il sut mieux que personne ; très répandu dans la société, M.  […] Parlant des insultes de nos côtes, de la descente des Anglais en Bretagne et du combat de Saint-Cast, où ils furent vaillamment rejetés à la mer (septembre 1758), Duclos, après avoir cité quelques actions glorieuses de cette journée toute bretonne et toute française, ajoute avec une vigueur d’ironie patriotique : « On vit dans cette occasion ce que peut la persuasion la plus légère d’avoir une patrie. » Dans cet examen rapide de Duclos historien, mon intention n’a pas été de diminuer l’idée qu’on doit avoir de son esprit, mais seulement de bien montrer à quoi s’est réduit son travail.

1797. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Je l’ai fait néanmoins avec plaisir, parce que le mobile secret et le terme de cette Révolution se lient avec mes idées et me comblent d’avance d’une satisfaction inconnue à ceux mêmes qui se montrent les plus ardents. […] Après la Terreur, il se retira quelque temps à sa maison de campagne de Chaudon et ne songea qu’à y vivre caché, selon sa maxime « qu’un sage (au sens complet qu’il donnait à ce mot) était un homme qui prenait autant de soin à cacher ce qu’il avait, que les autres en prennent pour montrer ce qu’ils n’ont pas ».

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