Chaque maison munie d’une porte cochère devant fournir un cavalier, la troupe ainsi recrutée devient « la cavalerie des portes cochères ». […] Le poète refuse, il sera dès lors persécuté ; sa maison sera démolie ; il n’a plus qu’à se taire et à Napoléon, qui lui demande pourquoi il ne fait plus rien, il répond par ce mot hardi : « Sire, j’attends. » Il y a mieux encore. […] D’ailleurs, c’est un parent de l’Impératrice, un prince de la maison d’Autriche, avec qui nous sommes en amitié et dont l’ambassadeur était présent ce soir à la représentation. » Ce dernier motif est une véritable trouvaille.
Au fond de la rue des Granges, une maison haute, étroite, vieille et triste, présente une façade étriquée sur laquelle le soleil ne se hasarde que d’un air méfiant. […] Cette maison appartenait au docteur Butini, le Tronchin de la moderne Genève ; cet escalier avait été usé par les pas de dix générations de patients ; car depuis la grande émigration des familles Lucquoises, le chef des Butini était toujours un médecin, et un médecin de renom.
Dès son début à Bournois, il y a quarante ans (1825), la maison d’école des petites filles ayant été incendiée, il en fit bâtir, presque uniquement à ses frais, une autre qui coûta plus de 3,000 francs, sur lesquels la commune ne put fournir que la minime somme de 400 francs. […] L’Académie demande à l’Église la permission d’aller choisir et distinguer jusque dans ses rangs l’un des plus méritants et des plus humbles, l’un de ceux dont on peut dire véritablement qu’ils sont dévorés du zèle de la maison du Seigneur : elle décerne une médaille de première classe à M. l’abbé Brandelet.
Dans toutes les sociétés où nous allons, la maîtresse de la maison ou sa fille, à côté de laquelle on a bien soin de placer l’un de nous, croirait manquer au savoir-vivre si elle ne commençait par nous parler de pendus et de verrous. […] Il apprend, pendant ce voyage d’Amérique, la mort de son ancien précepteur, âgé de quatre-vingts ans, l’abbé Lesueur, l’un de ces abbés d’autrefois, attachés pour toute la vie à la maison qu’ils avaient d’abord adoptée, devenus membres de la famille et considérant les fils comme les leurs : « un être dont toutes les pensées, toutes les affections se rapportaient à nous seuls et qui ne semblait vivre que pour nous. » C’est à son frère, également élève de l’abbé Lesueur, que Tocqueville adresse cette lettre, où il s’épanche en pleurs amers et en regrets pénétrants : « Oh !
Ce qu’il n’a pas pu dire, je le sais bien ; comment il aurait pu parler, qui le saura, à moins d’avoir eu l’honneur d’être familier autrefois en cette maison même des Malesherbes ? […] La petite maison isolée où Cavalier trouve moyen à un moment de loger Toinon et Taboureau, ce jardin gracieux avec ses orangers, ses magnolias, ses troënes du Japon et ses acacias de Constantinople, ressemble déjà à l’habitation enchantée d’Arthur, l’homme à la mode de 1839.
Les femmes de ce pays l’avaient ébloui d’abord, et, peu de jours après son arrivée, il écrivait à La Fontaine ces phrases qui donnent à penser : « Toutes les femmes y sont éclatantes, et s’y ajustent d’une façon qui est la plus naturelle du monde ; et pour ce qui est de leur personne, Color verus, corpus solidum et succi plenum ; mais comme c’est la première chose dont on m’a dit de me donner garde, je ne veux pas en parler davantage ; aussi bien ce seroit profaner la maison d’un bénéficier comme celle où je suis, que d’y faire de longs discours sur cette matière : Domus mea, domus orationis. […] Sénèque a prêté son ministère à cette honteuse intrigue ; Agrippine s’est révoltée d’abord, puis a fini par embrasser son fils et par lui offrir sa maison pour les rendez-vous.
On ne voit que villages ruinés ou abattus, et nulles maisons qui se relèvent… Par ce que m’ont dit mes voisins, la diminution des habitants va à plus du tiers… Les journaliers prennent tous le parti d’aller se réfugier dans les petites villes. […] Sa maison est en pisé, couverte de chaume, sans fenêtres, et la terre battue en est le plancher.
Cette éducation terminée, La Bruyère resta dans la maison comme gentilhomme de M. le Duc. […] Allaire, La Bruyère dans la maison de Condé, Paris, 1886, 2 vol. in-8.
Charles Lamb était le modèle des employés, et Samuel Rogers dirigeait une maison de banque. […] Ensuite voici le but suprême de son ambition : un petit champ avec une source vive, un peu de bois, une modeste maison, et surtout la liberté d’y vivre à ses heures, à sa guise, la permission de ne pas vous voir, quand il lui prend fantaisie d’être seul.
Vous savez qu’il y a, au Mogol, des Follets qui font office de valets, qui tiennent la maison propre, qui ont soin du ménage et quelquefois du jardinage. Un de ces Follets était chez des Indiens, dans un ménage, chez un bon couple d’Indiens, et s’occupait, comme je viens de vous l’indiquer, de la maison et du jardin.
II Pour qui croit à la forte influence de la race sur le caractère, le génie et la beauté des hommes (et je suis de ceux qui ont cette faiblesse, il ne sera pas indifférent de savoir quelle fut cette famille de Guérin qui a fini par deux poëtes, le frère et la sœur. « Les chroniques de notre maison nous disent de race vénitienne », a écrit Mlle Eugénie, avec cette plume de cygne croisé d’aigle que ses doigts délicats tiennent parfois si droite et si ferme, et qui aurait écrit l’histoire aussi bien qu’autre chose. […] Sa vie, qui n’a franchi que de quelques pas le seuil de cette chambre où, trois fois par jour, elle revenait prier, rappelle, en immobilité et en calme, les derniers jours du vieux Milton, éternellement assis sur une pierre à sa porte, et n’allant de cette pierre qu’à ce petit orgue placé dans le fond de la maison et dont les sons éclairaient sa cécité.
Cette théorie du philosophe est, disait-on, empruntée littéralement aux expressions allégoriques du prophète Ézéchiel : « Il m’a été fait, dans la maison d’Israël, des fils de l’homme mélangés tous de cuivre, d’étain, de fer ou de plomb. » Cependant, ici même, la ressemblance prouve-t-elle l’imitation ? […] Elles offraient un spectacle célébré dans l’enceinte d’un temple, le péristyle d’un palais, ou parfois sous le portique décoré de la maison d’un vainqueur couronné dans les jeux.
A un certain âge de la vie, si votre maison ne se peuple point d’enfants, elle se remplit de manies ou de vices.
Ce prince estimable et tout ce qui l’entourait, sa mère, son épouse, ses royales sœurs, toute sa maison, faisaient le contraste le plus absolu et le plus silencieux aux scandales et aux intrigues du reste de la Cour.
C’est lui qui, dans une vive discussion sur l’entreprise d’Égypte, répond à Bonaparte, qui prononce le mot de démission : « Je suis loin de vouloir qu’on vous la donne ; mais si vous l’offrez, je suis d’avis qu’on l’accepte. » Enfin, s’il succombe lui-même au 30 prairial, si les Conseils, prenant la revanche du 18 fructidor, l’expulsent par violence d’un poste où il défend intrépidement une Constitution dont on ne veut plus, ce n’est pas à la peur ni aux prières qu’il cède, c’est à la conviction de son impuissance, au vœu trop manifeste de ses concitoyens, et, en se retirant, pauvre, à pied, dans sa petite maison d’Andilly, il emporte avec lui la dignité et la force du Directoire.
La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué.
Comme les libraires veulent avant tout aujourd’hui de bons titres aux livres qu’ils achètent, des titres sonores, énigmatiques et alléchants ; comme en notre république des lettres un livre bien titré fait son chemin aussi sûrement que le faisait jadis à l’armée un gentilhomme de bonne maison, M.
Girod (de l’Ain) : « C’est un homme ramassé, qui a l’air d’un Brunswickois vendant des têtes de pipes dans les foires, ou bien encore d’un ami de la maison qui apporte des croquignoles aux enfants et caresse les chiens. » Le côté pittoresque et d’émotion est celui que préfère M.
Pour toutes ces raisons, il serait chimérique de chercher dans les divisions de l’histoire une symétrie parfaite qui risquerait de produire la même impression que de fausses fenêtres sur la façade d’une maison.
Pourtant la maison est inscrite parmi les quarante plus considérables de la place de Paris et le patron siège comme un autre au tribunal de commerce littéraire que nous appelons Académie française.
Héloïse vivait dans le cloître Notre-Dame ; on y voit encore la maison de son oncle, le chanoine Fulbert.
Celle qui servoit à la tragedie devoit representer des palais et d’autres édifices superbes, au lieu que celle qui servoit à la comedie devoit representer des maisons de particuliers et d’autres bâtimens simples.
La maison Jannet s’est surtout distinguée dans ce progrès de la librairie que nous venons de signaler ; elle a eu la première l’heureuse idée de renouveler la forme si connue et si estimée des Elzévirs.
Suleau, qui, au 10 Août, sortait de sa maison et des bras d’une jeune femme épousée par amour pour aller simplement se faire tuer aux Tuileries, et qui fut assassiné en chemin, est l’auteur d’un fier écrit adressé à Louis XVI sur « les crimes de ses vertus ».
Mais Swift, lui, est un ironique de certitude, car si son livre aux domestiques, incroyable même quand on l’a expliqué, n’était pas la plus grosse, la plus colossale et la plus sanglante ironie, il ferait vomir de dégoût… Règle générale, du reste : si vous supprimez l’ironie dans le doyen Swift, ce bon prêtre anglican, ce digne homme, comme dit peut-être ironiquement à son tour le bon Walter Scott, il n’y aurait plus là qu’un cynique bon à jeter à la porte de toutes les maisons honnêtes pour sa peine d’en corrompre si abominablement les serviteurs.
Il y a mandé les doctrines les plus opposées, et en vertu de sa modération, vertu moderne, et de ce style modéré qui est le style de la maison dans laquelle il juge, il a tout arrangé à l’amiable entre la Scolastique et la Philosophie, entre les ténèbres du Moyen Âge et les lumières de cet Âge-ci, entre la foi et la raison… Les esprits absolus n’accepteront probablement pas les décisions onctueuses, gracieuses et officieuses de M.
Imagination qu’aurait préservée l’ignorance et qui n’était pas assez forte pour résister à la culture, M. de Gères ne sait pas ou peut-être a-t-il oublié que la fraternité tue les poètes autant que les peuples, et qu’ils doivent ressembler, pour être aussi impressifs qu’elle, à cette Tour seule qu’il a si bien peinte et chantée dans une de ses poésies le plus genuines par la rêverie et par le rythme : Au faîte où le sentier se plie Et plonge vers l’autre vallon, Droite sur son dur mamelon, Qu’au paysage rien ne lie, Sans arbre, sans maison autour, Sans voisinage qu’une meule, S’élève, muette, la tour Seule !
Seulement, ils arrivent après la bataille de Leipsig, et, grâce à des défections et à des morts parmi les frères bleus, ils échouent, — et, comme Rochereuil a un frère à Poitiers dont il ne veut pas exposer la tête pour la sienne, il revient et se fait prendre et intrépidement fusiller sur la place du Pilori, devant la maison de sa mère.