Chaulieu dit quelque part qu’il eut toute sa vie la manie de ne respecter que le mérite personnel ; c’était une manie, en effet, dans le monde et le siècle où il vivait. […] Ces lettres, pleines de sentiment, de grâce, de vive estime pour un mérite personnel si rare qu’outrageait la fortune, font honneur au cœur autant qu’à l’imagination de Chaulieu.
Quand, redescendant des sphères et des astres, et de la région orageuse des météores, il en vient à décrire la terre, il se livre à un lieu commun véritable, exaltant, amplifiant les qualités et les mérites de cette surface du globe, subtilisant pour lui prêter plus de vertus qu’il n’est besoin. […] Cuvier insiste moins que Buffon sur les mérites littéraires et philosophiques de Pline ; il les reconnaît pourtant, et fait la part de tout avec une stricte mais incontestable justesse.
Sous l’Empire il avait trouvé, comme tant d’hommes de talent et de mérite, un asile et un abri tutélaire dans les bureaux de M. […] on te les fait payer aussi. » C’est assez indiquer les mérites du principal ouvrage de M.
Si l’un ou l’autre des trois professeurs s’était décidé ensuite à reprendre son cours isolément et dans des circonstances si différentes, il lui aurait certes fallu, avant tout, faire un sacrifice d’amour-propre ; le mérite n’en eût été que plus grand, et bientôt le succès sérieux l’aurait payé. […] C’est lui qui est l’ambitieux, c’est lui qui est l’intrigant ; c’est lui qui erre de parti en parti à tort et à travers… » À lui donc tout le mal et tous les torts, à elle tout le bien et surtout le mérite du retour chrétien et du repentir ; car le philosophe éclectique, tant accusé, se montre simplement chrétien et sans aucune malignité d’analyse dans ces études toutes littéraires.
Ces caractères, qui étaient bien dans la coupe du jour et qui sont soutenus jusqu’au bout ; le ressort de la crainte de l’opinion opposé à celui de l’avarice pure ; d’heureuses descriptions, jetées en passant, des dîners du grand ton : Ceux qui dînent chez moi ne sont pas mes amis ; une peinture légère des faillites à la mode, qui ne ruinent que les créanciers, et après lesquelles le banquier, s’élançant dans un brillant équipage, dit nonchalamment : Je vais m’ensevelir au château de ma femme ; l’intervention bien ménagée de deux femmes, l’une, fille du vieillard, et l’autre, sa petite-fille ; l’habile arrangement et le balancement des scènes ; d’excellents vers comiques, semés sur un fond de dialogue clair, facile et toujours coulant, voilà des mérites qui justifient pleinement le succès et qui mettent hors de doute le talent propre de l’auteur. […] Je n’entrerai pas dans l’examen détaillé de son mérite comme publiciste et écrivain politique : ses lettres écrites dans La Minerve nous le montrent à son avantage, élégant, d’une élégance assez commune et monotone, fin, facile, adroit à trouver les prétextes d’opposition et les thèmes chers au public français ; il n’oubliait de caresser aucun lieu commun national, toutes les fois que cela servait à ses fins ; il savait le joint de chaque préjugé pour y entrer à la rencontre.
Quant aux inconvénients et aux vices de ces institutions, Tocqueville en signale un grand nombre, tels que l’instabilité des lois, l’infériorité de mérite dans les gouvernants, l’abus de l’uniformité, l’excès de la passion du bien-être ; mais le mal décisif et générateur, celui qui produit ou envenime tous les autres, et contre lequel les États démocratiques doivent sans cesse lutter, c’est la tendance à la tyrannie. […] Je suis disposé, pour ma part, à lui faire un mérite de cette discrétion même.
Ce sera l’un des mérites de cet ouvrage d’avoir rejeté cette tradition et d’avoir fait avec précision le partage du vrai et du faux classique. […] C’est là, à ce qu’il nous semble, une très grande chose, et non pas un mérite de détail que l’on relève en passant.
Il n’a pas dit que la timidité fût un obstacle à lire un livre, il a dit qu’elle en est un à l’approuver : « Bien des gens vont jusqu’à sentir le mérite d’un manuscrit qu’on leur lit, qui ne peuvent se déclarer en sa faveur jusqu’à ce qu’ils aient vu le cours qu’il aura dans le monde par l’impression, ou quel sera son sort parmi les habiles ; ils ne hasardent point leurs suffrages, et ils veulent être portés par la foule et entraînés par la multitude. Ils disent alors qu’ils ont les premiers approuvé cet ouvrage et que le public est de leur avis. » Un certain manque de courage à donner son avis est donc une cause que le bon ouvrage n’ait pas tout de suite le succès qu’il mérite, il est très vrai ; mais je dis que la timidité du lecteur est cause aussi qu’un ouvrage n’est pas autant lu qu’il en serait digne.
Joseph Bédier et Henri Morf ont bien voulu m’encourager aussi ; sans eux ce petit livre ne verrait pas le jour ; mais je me hâte d’ajouter que leur responsabilité n’y est pas autrement engagée ; ils estiment que mon idée mérite d’être discutée, tout en se réservant d’en apprécier la justesse. […] Qu’on y prenne garde : chaque fois qu’une œuvre satirique mérite une place dans l’histoire littéraire, c’est que l’esprit critique s’y est enrichi d’éléments positifs ; il s’élève ainsi, par des transitions innombrables, du ricanement, qui se complaît aux vilenies humaines, et du dénigrement qui bafoue les grandes choses, jusqu’à l’indignation sacrée, qui lutte avec le mal.
Mais elles ne sont que des commencements nécessaires ; elles ont une suite, et leur plus grand mérite est de la préparer. […] Dépourvus de notations exactes, privés de l’analyse française, emportés tout d’abord au sommet de la prodigieuse pyramide dont ils n’avaient pas voulu gravir les degrés, ils sont tombés d’une grande chute ; mais dans cette ruine, et au fond de ce précipice, les restes écroulés de leur œuvre surpassent encore toutes les constructions humaines par leur magnificence et par leur masse, et le plan demi-brisé qu’on-y distingue indique aux philosophes futurs, par ses imperfections et par ses mérites, le but qu’il faut enfin atteindre et la voie qu’il ne faut point d’abord tenter.
N’est-ce pas là le mérite de M. de Chateaubriand ? […] Jean de Mitty conserve le mérite d’avoir été le premier à le sentir. […] J’ai bien peur, dit-il à sa femme, que ce ne soit qu’un plat homme de mérite. […] Il le reconnaît pour France, et il y a bien quelque mérite. […] Ils y réussirent souvent, sinon toujours, mais en tout cas leur propre mérite les faisait lire avec plaisir et profit.
Elle mérite à elle seule une description détaillée. […] Il possède encore un autre mérite. […] De l’employé modeste et exact, il sortit un savant de premier mérite. […] Jules Lemaître comprend tout, devine tout, aime tout ce qui mérite d’être aimé. […] Et son récit, quoique très ardent et très coloré, a le mérite de rester impartial.
. — J’ai donné à cette petite œuvre plus d’attention qu’elle n’en mérite par elle-même.
On leur prête libéralement des initiatives dont ils n’eurent pas le mérite ; on finit même par se les figurer comme planant dans le vide.
Et tandis que les mauvaises mœurs et le langage grossier constataient leur impuissance contre la société polie, celle-ci prenait sur elles un invincible ascendant ; elle le prenait sans discussion, sans dispute, uniquement par la force de son exemple, par la séduction propre à son langage spirituel, élégant et gracieux ; peut-être aussi par un effet naturel du progrès des lumières, et de l’affinage des esprits dans l’exercice continu de la conversation, dont la société de Rambouillet avait eu le mérite de fournir le premier modèle.
Au mérite de la fidélité, le Traducteur réunit la correction & la noblesse du style.
Les compatriotes de cet homme illustre sentoient aussi ce qu’il valoit, & un assez grand nombre de gens de mérite se rassembloient autour de lui.
Cette racine inusitée n’en a pas moins fructifié : elle a donné stéréotomie, stéréoscope, stéréotypie, mots élégants et qui ont le mérite de prouver qu’il ne peut y avoir aucun rapport rationnel entre la signification et l’étymologie.
L’une a prospéré, l’autre a été frappée d’une lettre de cachet ; l’idée qui fait le fond de la première restera longtemps encore peut-être voilée par mille préventions à bien des regards ; l’idée qui a engendré la seconde semble être chaque soir, si aucune illusion ne nous aveugle, comprise et acceptée par une foule intelligente et sympathique ; habent sua fata ; mais quoi qu’il en soit de ces deux pièces, qui n’ont d’autre mérite d’ailleurs que l’attention dont le public a bien voulu les entourer, elles sont sœurs jumelles, elles se sont touchées en germe, la couronnée et la proscrite, comme Louis XIV et le masque de fer.
Une dispute réglée dans laquelle on feroit assaut d’esprit & d’érudition, & les spectateurs décideroient du mérite des combattans, étoit l’objet de l’ambition d’Aristote.
Il est des sçavans dont tout le mérite & l’unique occupation consistent à réformer des dattes, à commenter, à rétablir, ou plutôt à défigurer des passages, à se charger la mémoire d’un grand nombre de mots, & sur-tout à se dire doctement beaucoup d’injures.
Pas sans mérite.
Entre tant de mérites qu’à cette date chacun, selon son tour d’esprit, va lui attribuer, je crois mettre le doigt sur l’essentiel : M.
Veuillez croire que rien ne m’échappe de ce qu’il y a dans cette attention d’exquis en soi-même et de précieux pour moi ; et permettez-moi d’être encore plus sensible au premier qu’au second de ces mérites. […] La seule syllabe Ter ou Tri mérite d’enfanter des volumes. […] Sainte-Beuve, et elle fait le premier mérite de son livre, qui, avec tout l’esprit de l’auteur, ne vaudrait rien si l’auteur s’était placé, pour l’écrire, en dehors des données chrétiennes. […] C’est un grand allégement pour l’âme que d’être débarrassée de l’opinion de son mérite. […] et, dans le point de vue social ou humanitaire où sans doute il est permis de se placer, il mérite toute notre attention.
Il n’y en pas un qui n’ait son opinion toute faite sur le mérite littéraire de Molière, de Racine, de Boileau, opinion formée en partie par leurs propres lectures, en partie par leurs discussions lorsqu’ils étaient au collège, et leurs réflexions lorsqu’ils en sont sortis, opinion que les Allemands n’ébranleront pas, que le Chevalier n’affermira pas, que je ne me soucie pas de discuter ni de connaître. […] « Les auteurs nationaux, a-t-il dit, produisent des fresques qu’il est impossible de transporter dans d’autres pays, si ce n’est avec le mur lui-même374. » Hegel mérite une mention à part. […] Achille parle comme Homère l’aurait fait parler, s’il avait été français382. »« L’Iphigénie de Racine, a répondu Schlegel, n’est qu’une tragédie grecque habillée à la moderne, où les mœurs ne sont plus en harmonie avec les traditions mythologiques, où Achille, quelque bouillant qu’on ait voulu le faire, par cela seul qu’on le peint amoureux et galant, ne peut pas se supporter383. » Que M. de Schlegel ait raison, ou que ce soit Voltaire, que cet anachronisme de langage et de mœurs, que l’un blâme et que l’autre paraît louer, soit un défaut ou un mérite, qu’importe ? […] Si tu as loué Eschyle et Sophocle, ce n’était pas que tu sentisses leur mérite extraordinaire, mais parce qu’il est de tradition chez les philologues de les placer très haut. […] Mais Goethe fut indulgent, comme toujours, « Il est vrai, avoua-t-il, qu’à beaucoup d’égards, ce n’est certainement pas là un homme ; mais à cause de son érudition variée et de ses grands mérites, il faut lui pardonner quelque chose.
Que de mérites étouffés ou méconnus, perdus pour le public, à charge pour leurs possesseurs ! […] La partie comique, très importante et très considérable dans cette seconde partie de Henri IV, n’est cependant pas égale en mérite à ce qu’offre, dans le même genre, la première partie. […] La seconde partie de Henri IV a paru, à ce qu’on croit, en 1598 ; avant cette époque, on représentait sur la scène anglaise une pièce intitulée les Fameuses Victoires de Henri V, sorte de farce tragi-comique dépourvue de tout mérite. […] Le cinquième acte, il est vrai, est vide et froid, et les conversations qui le remplissent ont aussi peu de mérite poétique que d’intérêt dramatique. […] Nous ne devons donc point, pour juger le mérite de ces grands hommes, perdre de vue les règles qui étaient prescrites aux poëtes de leur siècle.
Aussi, à la différence de l’être moral, l’artiste n’a-t-il aucun mérite personnel dans ses créations. […] Mais dans l’ordre poétique, la seule intention est non avenue ; le mérite n’est pas dans l’agent, il est dans l’œuvre. […] Toute peinture qui n’a d’autre mérite que la ressemblance triviale et la vérité vulgaire n’est pas une œuvre d’art. […] Il l’a obtenue sans mérite de sa part ; mais il peut mériter de la perdre. […] Il faut que l’homme ait eu au moins le mérite de l’intention, du désir, pour qu’il puisse avoir la récompense.
Que le premier mérite du Menteur est d’être une comédie gaie. — Est-il quelque chose aussi de plus caractérisé : comédie de caractère ? […] — Que le second mérite du Menteur est d’être une comédie littéraire. — Le style du Menteur, et, à ce propos, de la qualité du style de Corneille. — III. […] Mais, enfin, à sa date, ce défaut même était un mérite, en son genre. […] Mais ce mérite, est de ceux qu’il est plus facile de sentir que de définir et, puisque vous allez en avoir l’occasion tout à l’heure, je vous en laisse juges. […] D’ailleurs, je le répète, je ne méconnais point ses mérites.