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1033. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Sa mère, Herzeleide (souffrance du cœur), le berçait en pleurant : « Ihm weckt’am Morgen — der heisse Thau der Mutter Thraenen (la chaude rosée des larmes de sa mère le réveillait au matin). » Il l’a quittée et elle est morte de douleur : « Ihm brach das Leid das Herz, und — Herzeleide starb. » Sur le territoire du Gral, par caprice d’enfant, il tue un cygne et trouble ainsi la tranquillité sacrée de la nature, qui est comme un asile salutaire pour l’homme souffrant. « (Il volait (le cygne), dit Gurnemauz, au-dessus du lac, qu’il consacrait pour le bain salutaire.) » C’est à ce moment que la nouvelle de la mort de sa mère, lui est annoncée brusquement, et avec elle, apparaît pour la première fois chez lui la douleur, et, comme la première fois qu’elle atteint l’homme, elle lui semble une blessure physique.

1034. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Son génie, s’il lui en vient un autre que celui de la vieille Europe, sa mère, est à l’état de croissance. […] Celui-ci soupire après sa mère, qu’il n’a pas revue depuis trop longtemps ; triste, il regrette sa pauvre cabane et ses chameaux familiers. […] Quinzième enfant d’un père greffier du parlement, privé de bonne heure des soins et de l’affection de sa mère, opéré de la pierre à douze ans, nourri dans les collèges, ce dur et froid noviciat des enfants sevrés de leurs familles, jeté ensuite contre son gré dans des études de théologie et de jurisprudence dont les arguties lui répugnèrent, possesseur d’une petite fortune suffisant à la modestie de ses désirs après la mort d’un père laborieux ; sans ambition, sans intrigue, sans chaleur dans l’âme, mais non sans amitié ; amateur de tout ce qu’on appelle vertu par probité naturelle d’esprit et par ce penchant honnête qui est le bon goût de l’âme, il prit contre son siècle la plume de Caton le Censeur, et il écrivit des satires pour réformer le mauvais goût, comme, dans une autre fortune, il aurait pris la hache des licteurs pour réformer les mauvaises mœurs de sa patrie.

1035. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Grèce, ô mère des arts, terre d’idolâtrie, De mes vœux insensés éternelle patrie, J’étais né pour ces temps où les fleurs de ton front Couronnaient dans les mers l’azur de l’Hellespont. […] J’ai trouvé sur un banc une femme endormie, Une pauvre laitière, une enfant de quinze ans, Que je connais, Gunther. — Sa mère est mon amie. […] Il achète d’une mère infâme une pauvre victime innocente de la misère et du libertinage ; il s’en fait aimer ; puis quand il a dépensé sa dernière obole, il savoure un infâme suicide dans les bras de la courtisane involontaire dont il a tué l’âme avant de se tuer lui-même.

1036. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Lorsque sa mère faisait sur lui ce signe de croix que la Philosophie n’a jamais pu effacer, Lyon, la cité des martyrs, la ville de saint Pothin, de saint Attale et de sainte Blandine, se mourait sous le fer et le feu. […] Né dans ces massacres et grandi dans ces ruines, Audin eut pour premiers spectacles les malheurs de sa ville natale ; et les premières impressions, qui pétrissent et moulent si bien l’âme d’un homme, qu’elles en arrêtent la forme à jamais, affermirent dans l’enfant lyonnais le christianisme de sa mère, et apprirent à cet être doux, fin et candide qu’il était né et qu’il resta toujours, que la religion avait besoin, dans ce temps-là, pour se défendre, de ces doux auxquels elle a promis l’empire de la terre ! […] Ses parents, et notamment son parrain, un vieil abbé, chenu de foi et de vertus, le destinaient au sacerdoce, et, dans leurs espérances, lui marquaient sa place parmi les recrues de cette Église, veuve de ses prêtres, qui les pleurait comme la mère des Machabées pleurait ses enfants, en regrettant de n’en plus avoir à donner, pour augmenter la grandeur de son holocauste.

1037. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Mettons à part, si vous voulez, un livre entièrement beau et sain : Les Mères ennemies. […] Ils dînèrent chez Lavenue ; ils firent leur promenade de noces sous les étoiles, serrés l’un contre l’autre ; puis il la reconduisit chez elle, et, « ce soir-là, Armand ne rentra chez sa mère que bien après minuit ». […] La littérature est une mère avare. […] Fragments d’un livre inédit et Le Livre d’une mère. […] Élie Berthet (Un mariage secret, Mère et fille, Le Château de Montbrun, etc.), Charles Valois (Le Docteur André), Eugène Moret (La Petite Kate), etc., etc.

1038. (1902) Le critique mort jeune

C’est dans une prose renouvelée de Bossuet qu’il répandra les idées mères de la Révolution : et c’est une des raisons de leur prestige. […] Elle voit de ses yeux candides sa mère aux prises avec le jeune et gros Château-bedeau et son père étreindre de ses rudes mains de chasseur Mlle de Quinsonas, respectable gouvernante. […] Almaïde d’Etremont devient mère, la naïve, sans presque s’en douter, par le fait d’un pâtre pyrénéen qui respire la poésie de la montagne. […] Vie résignée, et que cette fille elle-même, affranchie des scrupules auxquels s’est dévouée sa mère et repassant par la même voie douloureuse que celle-ci, ne veut pas prendre pour modèle. […] Mme Le Hagre, en dépit de l’exemple de résignation que lui propose sa mère, veut donc divorcer.

1039. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

« Que dira ma mère ?  […] On me dit une mère, et je suis une tombe. […] Vers l’âge d’onze ans, il vint s’établir avec sa mère, séparée, à cette époque, du général, à Paris, dans le quartier, presque désert alors, du Val-de Grâce. […] Mais parce que Veuillot l’a trouvé ridicule à la tribune, il l’insulte grossièrement dans sa mère ; parce que M.  […] , même dans A la mère de l’enfant mort !

1040. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

» La plus honnête femme, née de la mère la plus vertueuse, peut mal vérifier le livre de la cuisinière et introduire dans sa toilette ou dans le mobilier de fâcheuses disparates. […] De tout temps, en tout pays, les mères ou mères grands et les bienfaisantes « mies » les ont racontés aux marmots, en faisant appel aux souvenirs de leur propre enfance. […] Espérons du moins qu’ayant d’abord confié à sa mère cette trop jeune conquête, il aura un peu attendu. […] Il est certain que l’auteur des Fleurs du mal est venu en 1865 à Honfleur chez sa mère qui s’y était retirée après la mort du général Aupick. […] Observez, du reste, que si l’on ne se risque guère à parler après Sainte-Beuve de la mère Angélique ou même de Saint-Cyran, le seul grand sujet inclus dans cette étroite enceinte, à savoir Pascal, n’a pas cessé d’inspirer de nombreuses études, parfois même aussi importantes et vraiment capitales, comme celle de Valéry.

1041. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

C’est un bien, dira-t-on, l’émigration faisant la colonie, et la colonie s’ajoutant à la mère patrie. […] Il n’est question que de tuer, d’exterminer, d’éventrer les mères et d’écraser les cervelles des enfants contre les pierres. […] Tout vrai républicain suce avec le lait de sa mère l’amour de sa patrie, c’est-à-dire des lois et de la liberté. […] — Ce que j’ai de raison, je le dois à l’éducation que m’a donnée ma mère. […] Ma mère m’a crue digne de penser de moi-même et de choisir un jour un époux moi-même.

1042. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

La Grèce est la mère des ergoteurs, des rhéteurs et des sophistes. […] Pour y arriver, ils s’y prenaient dès avant la naissance, et, tout au contraire des autres Grecs, ils préparaient non-seulement l’homme, mais la femme, afin que l’enfant héritier des deux sangs reçût de sa mère aussi bien que de son père le courage et la vigueur50. […] Et de même celle de la mère. […] mère universelle ; orbe du Soleil qui vois tout, je vous invoque ! […] Démèter signifie la terre mère ; et les épithètes des rituels l’appellent la noire, la profonde et la souterraine, la nourrice des jeunes êtres, la porteuse de fruits, la verdoyante.

1043. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

En grâce, mon cher Delaroche, écoutez-moi ; écoutez les conseils d’un grand-père qui vous parle de ses petits-enfants par-dessus la tombe de leur mère ! […] Puisque vous avez renoncé à lui faire prendre les eaux dont la cure lui avait fait tant de bien l’année dernière, du moins courez au plus vite vers le soleil, et ne sacrifiez pas à quelques convenances de société l’existence qui vous doit le jour et dont vous devez compte à la mémoire de sa malheureuse mère.

1044. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Ses meilleurs avocats n’avaient pas pour elle des entrailles de mère. […] Patrie des chansons, mère du vaudeville, de la Ménippée, patrie de Paul-Louis Courier, de Beaumarchais, de Camille Desmoulins, patrie des Provinciales, où en es-tu venue de pat nos législateurs ?

1045. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

« — Ô ma mère ! […] La mère a quelques scrupules.

1046. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Le troupeau, bondissant de joie, le précède et l’agneau suit les traces de sa mère, et si quelqu’un d’eux vient de naître à l’instant sur le sentier, le berger l’emporte dans ses bras, pendant que le chien fidèle veille sur tous et leur fait escorte. » De telles images sont d’un vrai poëte. […] XV La femme de Laurent, Clarisse Orsini, mère vertueuse de ses fils, charme de sa vie, mourut alors, en 1488.

1047. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Ne lui cherchez ni père ni mère, il est le fils du désert, l’enfant trouvé dans les forêts. […] Ses bassesses, ses œuvres, ses vulgarités, ses colères, ses férocités, ses supplices même, dont il avait été témoin et victime par sa famille, et par son père, et par sa mère, morte innocente en prison, en punition d’être née noble, lui avaient donné un dégoût haineux contre les mœurs de cette race, qui ne sentait alors sa grandeur qu’en faisant sentir sa terreur.

1048. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

La mort de sa mère (1798), celle d’une sœur, le refont chrétien : il n’a pas besoin de raisons pour croire ; il lui suffit que la religion soit un beau, un doux rêve ; elle participera au privilège que tous les rêves de M. de Chateaubriand possèdent, d’être à ses yeux des réalités. […] Un père, une mère s’attendrissent au bégaiement du nouveau-né.

1049. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Quand on considère l’état de la France alors, les guerres entre la royauté et la noblesse, entre le roi et sa mère, les meurtres et les intrigues, un gouvernement sans cesse contesté et flottant, quel genre d’écrit pouvait être plus goûté que des lettres, dont les plus longues l’étaient moins que le plus court traité ? […] Balzac vivait encore, que déjà, sous la plume d’une mère, d’une femme de génie, des lettres de famille, qui ne voulaient être rien de plus, allaient faire oublier les exercices épistolaires de Balzac et de Voiture.

1050. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Erda est la déesse de la terre, mère des Nornes, équivalent germanique des Parques. […] Elle est aussi la mère des Walkyries.

1051. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il ne connut que sa mère et fut bon fils. Nous savons de lui que sa mère était aussi vive, aussi impatiente à quatre-vingt-cinq ans qu’il le pouvait être lui-même ; il la perdit seulement dans l’été de 1784.

1052. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Elle la jouait d’abord comme une enfant, avec les meubles de sa mère. […] Et moi, cependant, témoin des pressentiments égrillards de la petite Agnès, vous ne voulez pas que je m’attriste quand je viens à reconnaître, dans cette enfant qui débite en rougissant tout l’esprit de Molière, la même petite fille que j’ai rencontrée si souvent, suspendue au bras de sa mère et se promenant sous les orangers des Tuileries ?

1053. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Ce meurtrier de sa mère paraît même avoir tout à fait oublié le forfait qu’il a commis. […] Un fils couvert du sang de sa mère, et ne songeant qu’à sa maîtresse, aurait produit un effet révoltant ; Racine l’a senti, et, pour éviter plus sûrement cet écueil, il a supposé qu’Oreste n’était allé en Tauride qu’afin de se délivrer par la mort de sa passion malheureuse.

1054. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Pour les arracher à cet empâtement, qui est une faiblesse de la mère et qui les empêche de grandement aboutir, il faudrait… quoi ? […] un diable du tout, puisqu’il fait des romans où la vertu et la passion sont dosées en globules homéopathiques à l’usage des jeunes personnes, comme disent d’un air si renchéri mesdames leurs mères, a diminué les enluminures d’un style qui brossait le paysage avec l’aisance pittoresque d’un homme de ce temps, — si fort en paysages ! 

1055. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

J’accompagnais, seul laïque, un évêque américain dans la visite qu’il faisait à la maison mère d’un ordre de religieuses cloîtrées. […] Et, le lendemain, j’ai eu deux idées. » Une autre, qui avait sa mère à sa charge, me disait avec un peu d’orgueil et beaucoup de tristesse : « Il faudrait attendre au moins un an pour avoir un bureau de tabac.

1056. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Il parlera des allées d’un parc, en hiver, « imbibées d’air humide et pénétrées de silence » ; d’un ciel d’été « décoloré par l’éclat de midi » ; des enfants de Dominique, « dont la toilette de nuit se faisait, par indulgence, au salon, et que leur mère emportait, tout enveloppés de blanc, les bras morts de sommeil et les yeux clos » ; il aura de ces trouvailles : « dans l’air tranquille du soir, le son se déployait », et les larges tableaux de nature seront traités de la même manière, en vingt endroits du volume, avec des mots qui portent tous et dont aucun n’a l’air apprêté. […] Nos mères ont déclaré que le livre était ennuyeux.

1057. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Et Thétis, la malheureuse mère, ne pleure plus Achille sitôt qu’elle a entendu le péan : ô triomphe ! […] ayant besoin de sommeil, en effet, il te fallait dormir et laisser la jeune fille, avec ses compagnes, jouer auprès de sa mère chérie jusqu’au point du jour, puisque, et le matin, et à l’aurore, et d’années en années, ô Ménélas, elle est ton épouse.

1058. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Élevé par une mère distinguée, d’un esprit philosophique et d’une grande tendresse, il la perd à l’âge de douze ans, et dès lors son éducation qui commençait sous de doux et heureux auspices est brisée.

1059. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

La visite de Bénédict au château trois jours après, cette voix mélodieuse et virile par laquelle il s’annonce encore, son apparition brusque et légère au tournant du ravin, les scènes du piano, et de si gracieux subterfuges opposés à la hauteur sèche de la comtesse et à la familiarité cynique de la vieille marquise, composent une suite de préludes amoureux, un enchaînement romanesque, que les visites de Valentine à la ferme, durant le voyage de sa mère, achèvent de dérouler et de resserrer.

1060. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Ce sont d’autres souvenirs du pays et de la famille, des noces singulières, des retours de vacances, des adieux et de tendres envois d’un fils à sa mère, de calmes et riants intérieurs de félicité domestique ; ce sont par endroits des confidences obscures et enflammées d’un autre amour que celui de Marie, d’un amour moins innocent, moins indéterminé et qui peut se montrer sans rivalité dans les intervalles du premier rêve, car il n’était pas du tout de même nature ; ce sont enfin les goûts de l’artiste, les choses et les hommes de sa prédilection, le statuaire grec et M.

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