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955. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Elle n’est guère connue que de l’Académie, qui lui a mis sa palme jaunâtre… L’Académie, cette Compagnie de vieillards qui aiment les femmes et qui les couronnent, ne pouvant faire mieux… ou pis, a décerné déjà deux prix à Mlle Clarisse Bader ; mais, en les lui donnant, l’Académie, qui est pour tant de lauréats et surtout tant de lauréates, une succursale du bureau de bienfaisance, n’a nullement fait une aumône à Mme Bader, courageuse fille, qui a bien et dûment gagné ses prix à la sueur de son front… et du nôtre ; car elle n’est pas très facile et très voluptueuse à lire, Mlle Clarisse Bader. […] Est-ce bien la peine de la lire ? […] Que n’a-t-elle pas lu ?

956. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Nous venons de lire son livre avec le respect qu’inspirent les choses que le temps parfume et couronne de cette auréole de réflexion qui est la gloire de la sagesse, et, malgré notre profonde sympathie pour les œuvres lentement écrites et opiniâtrement élaborées, nous n’y avons pas trouvé ce que nous cherchions. […] Dans de telles circonstances, pour faire un livre qu’on puisse lire sur l’ancien Régime et la Révolution française, il est nécessaire de sortir des crépuscules par lesquels on s’est glissé dans la renommée, et de ne pas s’effacer, comme une ombre d’homme, devant la rigueur d’une conclusion. […] Granier de Cassagnac l’avait attaquée dans un livre que tout le monde a lu et où elle était abordée avec l’audace d’aperçus et le grand style qu’on lui connaît.

957. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

En écrivant cette histoire de la littérature anglaise, bourrée dans un volume à l’usage de ceux qui n’ont pas le temps de lire et qui sont endiablés de savoir, il a cru faire mieux balle démocratique contre nous. […]Lisez attentivement Odysse Barot, car il n’a pas, comme d’aucuns, l’impudence de ses doctrines et de ses espérances. […]Lisez-le avec attention, et vous verrez que les hommes de génie, ou de talent, dont il parle dans son histoire, sont bien moins pour lui par la personnalité de leur génie ou de leur talent que par la tendance qu’ils expriment, Michelet a un jour, dans son Histoire de la Révolution française, décapité les chefs de cette révolution, ces cerveaux troublés, mais puissants, au profit de la masse acéphale.

958. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Nous avons parcouru rapidement, mais assez pour donner envie de les lire aux esprits sérieux, les deux ouvrages de ce temps qui ouvrent une vue parallèle sur deux sociétés : la société romaine et la société grecque. […] Maintenant, un seul mot de conseil : Que ceux-là qui, depuis un siècle, troublent la France, la nouvelle Europe romaine, d’utopies demandées à l’antiquité grecque, lisent l’œuvre de Lerminier. Et que les conservateurs actuels, qui, malheureusement, ne savent pas toujours ce qu’ils ont à conserver, après avoir lu le livre de Champagny et appris ce que furent pour Rome la nationalité et la famille, osent enfin demander la force de notre pays à cette centralisation qui est le souvenir de l’ancienne unité romaine, et qui pourrait nous rapporter la même gloire !

959. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Quand on vient de lire l’incroyable volume d’Auguste Vacquerie, on se demande à quelle classe d’esprits appartient l’auteur de ces pages… amusantes, car elles le sont ; mais à quel prix ? […] nous venons de le lire et nous pouvons affirmer que, quoique la position de Vacquerie fût, dans son genre, considérable, quoique la renommée donnât pour lui un assez joyeux coup de trompette, la position s’est augmentée encore et la trompette doit être remplacée par un instrument moins héroïque et plus folâtre. […] L’impétuosité dans le cynisme domine tellement cet esprit qui doit regarder le délicat comme une faiblesse, qu’il faut lire avec un flacon de vinaigre des quatre voleurs sous le nez une immonde et bouffonne histoire de ce volume, où le grotesque s’unit délicieusement au fétide.

960. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Or, si, avec quelques mots, toujours cités quand on parlait d’elle, elle exerçait je ne sais quel irrésistible empire sur les imaginations les plus ennemies, que sera-ce quand on pourra lire et goûter tant d’écrits, marqués à l’empreinte d’une âme infinie, de cette âme qui, sans en excepter personne dans l’histoire de l’esprit humain, — quand elle fut obligée d’écrire, soit pour se soulager d’elle-même, soit pour remplir un grand devoir, — fit tenir, dans les limites étouffantes d’une langue finie, le plus de son infinité ? […] Légère comme la robe qu’elle portait, et dont elle aimait l’éclat ou la grâce, vaine comme les romans qu’elle lisait, heureuse de plaire, inclinant, comme la fleur au vent, aux conversations frivoles, elle avait les défauts de son sexe, ces défauts presque impersonnels, mais dont elle s’accuse dans sa Vie comme s’ils n’appartenaient qu’à elle seule ! […] Ce n’était pas uniquement, comme ceux qui ne l’ont pas lue ont la bonté de le concéder, une femme supérieure par l’imagination, par la disposition poétique » exaltée par la prière et trouvant dans réchauffante macération de la Règle et du Cloître l’expression embrasée qui ressemble chez elle à un encensoir inextinguible, le cri qui épouvante presque les cœurs et qui fait croire que le Génie a des rugissements comme l’Amour !

961. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Et c’est ainsi que, pour la place de Schopenhauer dans la mémoire des hommes, il lui aura certainement plus servi d’avoir lu Chamfort que d’avoir médité sur Kant. Car il avait lu Chamfort, ce quart de Français. […] Mais nous, qui ne sommes point des métaphysiciens par état, à quoi sommes-nous tenus en face de pareilles vésanies échappées à un homme d’esprit qui avait lu Chamfort, qui l’avait quelquefois imité, et que la Métaphysique, — un peu plus abêtissante que l’eau bénite de Pascal, — en lui faisant écrire de pareilles choses, avait, à ce point, abêti ?

962. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Ses livres sont lus, et l’Histoire littéraire a magnifiquement enguirlandé la niche d’homme célèbre où il perche sur un piédestal. […] Il faut savoir à fond l’histoire, très-peu connue, de la littérature française au dix-neuvième siècle, pour apprécier les facultés de ce Diderot obscur qui a fait des livres qu’on lira un jour, en s’étonnant de ne pas les avoir lus plus tôt, et qui a fait des hommes, lesquels ont la discrétion de leur naissance et qui ne se vantent guère d’avoir été allumés par lui, comme des flambeaux.

963. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Bien évidemment, pour qui comme nous vient de les lire avec attention, M.  […] Dans une société toujours en chemin de fer, même quand elle n’y est pas, et beaucoup trop pressée pour lire attentivement et avec suite, il faut écrire à son usage, de manière à ce qu’elle comprenne et même s’intéresse, si cela se peut, à ce qu’elle lit, en pensant au sort de ses colis et de ses affaires ; il faut enfin une littérature de transport, de défaite et de pacotille, et M.  […] on a son affaire faite, comme on dit en américain, et puisqu’on a travaillé pour les chemins de fer, qu’importe que les livres qu’on n’a pas sués, d’ailleurs, au lieu d’être lus dans le wagon, finissent par aller doubler l’intérieur des malles !

964. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

pour l’avoir éprouvé, mais je ne hais pas une bonne et franche morsure), Frédéric Morin, a parlé de lui, une seule fois je crois, et sans morsure, et certainement il l’avait lu et il en a parlé parce qu’il l’avait lu ; mais si l’auteur obscur de J’aime les Morts, de l’Histoire du feu par une bûche, et des Dévotes 37, n’avait pas été lyonnais et petit-fils de Camille Jordan (une réputation établie), Morin, qui est un lyonnais, un lettré, et, si je ne me trompe, un philosophe, l’aurait-il seulement lu ?

965. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ils étaient beaucoup lus : un livre était toute la bibliothèque d’une famille, d’un château. […] Je ne les ai pas lus tous : mais M. de Paulmy les avait lus. […] M. de La Harpe lut leurs lettres devant son auditoire, résuma, prit des conclusions, que vous pouvez lire dans le Cours de littérature. […] On peut lire dans l’histoire comment il répare en quelques années le mal que la croisade avait fait à ses États. […] C’est le premier écrivain qu’on cite partout, et dont les vers puissent s’entendre et se lire.

966. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Mais ce livre, dont chaque page est un enseignement, doit être lu par celui qui l’a écrit. […] Est-ce que pour parler de Platon il est absolument nécessaire de l’avoir lu ? […] Personne, je crois, ne pourra dire oui après avoir lu Geneviève. […] Si Manzoni a lu ces lignes, il a dû se demander avec étonnement où M. de Lamartine a pu lire ses romans. […] J’ai grand peur que l’auteur des Harmonies n’ait pas même lu le roman de Manzoni.

967. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Lisez la Comédie de l’amour. […] Aussi faut-il lire Ibsen attentivement avant de le voir jouer, puis le relire, puis le revoir. […] Ceux qui liront ces nouvelles ne me démentiront pas. […] Lisez surtout les Cloches de l’Empire. […] Je défie qu’on lise ce chapitre d’un œil sec.

968. (1925) Dissociations

Tu et toi Je lisais l’autre jour dans un journal une nouvelle signée d’un nom qui n’est pas inconnu, mais dont je n’avais jamais rien lu encore. […] Il n’y a pas de règle de régime applicable à tous les hommes, et ce qui n’a pas été néfaste à Ala centenaire de Marseille le pourrait bien être pour vous qui me lisez. […] Faut-il dire que je n’ai pas lu sans un certain effroi le compte rendu de ces travaux précipités ? […] Le mari a le droit de lire et même d’intercepter les lettres que reçoit ou qu’écrit sa femme, mais la femme n’a aucun droit de ce genre. […] S’il s’appuie sur les bases historiques, j’ose dire que ces bases me sont inconnues, mais il y a tant de manières de lire l’histoire !

969. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Ce n’est pas davantage un calcul pour me faire lire ni une réclame pour ton célèbre cabaret, tu le sais bien. […] capables de lire quoi que ce soit, voire des étiquettes de pots à moutarde !  […] Mais cela est beau jusqu’au sublime et je n’ai pu le lire sans crier d’admiration. […] Je viens de lire son dernier roman comme j’avais lu tous les autres, c’est-à-dire en sauvage, avec des sentiments et une éducation de sauvage. […] Il a fait, entre autres livres, la Vie humoristique que je viens de lire et le Livre des Convalescents que j’avais lu, il y a trois ans.

970. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Lisez-la et relisez-la. […] Je me souviens d’avoir lu dans le Journal, voici quelques semaines, un très éloquent article de M.  […] Vous lisez quelques pages de ce livre, et vous êtes pris aussitôt par cet accent de la réalité sentie qui ne s’imite pas. […] Les plus sévères détracteurs de la monarchie de Juillet n’ont pu lire le récit que M.  […] Il apparaît partout, pour qui sait vous lire.

971. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Béranger, qui avait lu ces articles de la Revue républicaine, en avait été vivement frappé et avait dû à l’auteur un agrandissement d’horizon60. […] Littré : intelligence approfondie du grec, lecture des manuscrits, collation des textes et détermination du dialecte ; intelligence et reconstitution des doctrines au point de vue médical ancien, examen critique en tous sens, interprétation et traduction à notre usage, tellement que les traités hippocratiques, en définitive, « pussent être lus et compris désormais comme un livre contemporain. […] Cependant un fait grave dans sa vie intellectuelle s’était passé en 1840, un fait auquel il accorde la valeur d’une initiation : il avait lu Auguste Comte, il l’avait connu en personne, et la parole, la doctrine du philosophe l’avait, selon son expression, subjugué. […] Ce n’est guère que vers le milieu du xviiie  siècle qu’un érudit de médiocre valeur, un homme de plus de zèle que de génie, La Curne de Sainte-Palaye, se mit résolument à lire ces vieux textes français manuscrits, à les dépouiller et à en dresser un Glossaire qui se consulte encore. […] Qu’on lise, pour s’édifier, les deux Préfaces mises en tête des deux Dictionnaires !

972. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Le petit duc d’Angoulême reçoit Suffren un livre à la main, et lui dit : « Je lisais Plutarque et ses hommes illustres, vous ne pouviez arriver plus à propos257 ». […] Quant au « grand-papa », M. de Choiseul, « comme un petit rhume le tient au lit, il se fait lire des contes de fées toute la journée : c’est une lecture à laquelle nous nous sommes tous mis ; nous la trouvons aussi vraisemblable que l’histoire moderne. […] Lisez plutôt ce haut fait de Mme de Lauzun à Chanteloup : « Savez-vous, écrit l’abbé, que personne ne possède à un plus haut degré une qualité que vous ne lui connaissez pas, celle de faire les œufs brouillés ? […] On ne peut lire une biographie, un document de province, un inventaire du temps, sans entendre tinter les grelots de l’universel carnaval. […] Chez ma grand’mère, « j’ai trouvé des cartons pleins de couplets, de madrigaux, de satires sanglantes… J’en ai brûlé de tellement obscènes que je n’aurais osé les lire jusqu’au bout, et celles-là écrites de la main d’abbés que j’avais connus dans mon enfance, et sortant du cerveau de marquis de bonne race. » Entre autres spécimens adoucis, on peut lire dans la Correspondance, par Metra, les chansons sur l’Oiseau et sur la Bergère.

973. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Je n’en montrerai qu’une, Elaine, « le lis d’Astolat », qui, ayant vu Lancelot une seule fois, l’aime à présent qu’il est parti, et pour toute sa vie. […] Les jeunes filles pleurent en l’écoutant ; certainement quand, tout à l’heure, on lisait la légende d’Elaine ou d’Enide, on a vu des têtes blondes se courber sous les fleurs qui les parent, et des épaules blanches palpiter d’une émotion furtive. […] Il a choisi ses idées, il a ciselé ses paroles, il a égalé, par l’artifice, les réussites et la diversité de son style, les agréments et la perfection de l’élégance mondaine au milieu de laquelle nous le lisons. […] Voilà le monde pour lequel Alfred de Musset écrivait ; c’est dans ce Paris qu’il faut le lire. Le lire ?

974. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Il faut le lire pour bien comprendre la nature de son sentiment. […] Lisez ce second de ses sonnets, commémoration de la première rencontre de Laure dans l’église. […] Je sens que la proximité m’en fera sortir. » XIV Quant à ses occupations et ses rêveries dans cette solitude, voici ce que je lis dans une de ses lettres à un autre de ses amis. […] En la quittant, je cherchai dans mon âme une force contre les catastrophes que j’aurais à éprouver ; ses regards avaient une expression indéfinissable que je ne leur avais jamais vue avant, j’eus de la peine à ne pas pleurer ; quand l’heure fut venue où il fallait absolument qu’elle se retirât du cercle, elle jeta sur moi un coup d’œil si doux, si honnête et si tendre, que je me sentis rempli d’émotion, d’espoir et de terreur. » Qui peut dire, après avoir lu ces lignes, que Pétrarque n’était à l’égard de Laure qu’un poète ? […] » XXX Encore un et je finis, mais je ne finis que pour finir ; car je voudrais lire, et relire sans fin avec vous de telles tristesses ; et si vous pouviez les lire dans ces vers trempés de larmes, et dans cette langue divine inventée au déclin des langues par des amoureux et par des saints pour prier, aimer, désirer, attendre, vous ne vous arrêteriez qu’après les avoir incorporés en vous par votre mémoire.

975. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

On ne sait rien d’un homme tant qu’on n’a pas lu sa correspondance. […] Plus tard nous nous voyions tous les jours ; elle m’apprit à lire avec réflexion ; elle voulait aussi m’enseigner l’histoire, mais elle s’aperçut bientôt que j’étais beaucoup trop occupée du présent pour que le passé eût le pouvoir de m’enchaîner pendant longtemps. […] « Elle me lisait ses poésies, et se réjouissait de mon approbation comme si j’avais été un grand public ; c’est qu’aussi je témoignais un vif désir de les entendre : non pas que je comprisse ce que j’entendais ; c’était plutôt pour moi un élément inconnu, et ses doux vers agissaient sur moi comme l’harmonie d’une langue étrangère qui vous flatte sans qu’on puisse la traduire. Nous lisions Werther, et nous discutions beaucoup sur le suicide. […] L’histoire est le grand révélateur du monde pensant ; les révélations d’idées vont sortir en foule des langues primitives que nous allons lire et écouter dans ces régions de la première civilisation humaine.

976. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Lisez : l’accent est vrai. […] Lisez encore : « Rome, jeudi 15 janvier 1829. […] Lisez ceci : « J’ai assisté à la première cérémonie funèbre pour le pape dans l’église de Saint-Pierre. […] « Lisez bien cette date. […] Lisez ce mot à madame Récamier, dont il a trouvé la porte fermée.

977. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

« J’achève, mon cher ami, de lire l’idylle antique que vous avez intitulée Homère ; et je me hâte de vous remercier de tout le plaisir que j’ai eu à reporter avec vous mes pensées vers ce bel Orient, où l’image et les œuvres prétendues du chantre primitif ne m’ont jamais quitté. […] Je versai des larmes : j’en versai de plus amères un mois après, quand je lus dans le feuilleton du Journal des Débats cette héroïque et pathétique élégie de Jules Janin, intitulée : La Mort d’Adolphe Dumas. […] prenez ce papier sur cette table et donnez-le-moi, que je vous lise les derniers vers que j’ai écrits, ces jours-ci, en réponse à ces hommes de pierre qui vous insultent pour votre misère, et qui rient de vous, les misérables, parce que vous n’avez pas voulu être le tyran de leurs bassesses ! […] — Oui, souffrons avec patience et avec résignation l’un et l’autre, reprit-il, comme un Job quand il se repent d’avoir mal parlé ; puis, ouvrant le papier que je lui avais tendu sur son lit, il se prit à me lire la dernière ode que je lui avais inspirée ! […] lisez-nous les vers que vous avez faits sur ce pauvre oiseau, lui dirent ma femme et ma nièce, émues d’avance de son émotion.

978. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il faut lire le Joueur après l’Étourdi ou le Menteur, non après le Misanthrope. […] Lisons-le donc un peu pour lui, un peu pour revenir, plus charmés par la comparaison, au divin poète chez qui la rime n’est qu’une grâce de plus qui nous invite à apprendre par cœur les vers que nous venons de lire. […] On se le demande après avoir lu la pièce. […] C’est bien de l’école de Regnard et des Mémoires de Grammont que lisait alors Andrieux, pour s’y tenir en verve, nous dit-il, et y chercher les mots piquants et les vers comiques. […] Il est vrai qu’il écrit à Mme du Deffand, au sujet du même ouvrage : « Vous êtes-vous fait lire le Père de famille?

979. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Aujourd’hui quelle a été ma surprise, un mois s’étant à peine écoulé, depuis l’aimable lettre que Maupassant m’avait adressée après la première de Renée Mauperin, de lire dans Le Gil-Blas, une lettre de Maupassant, où il appuie, de l’autorité de son nom, l’article de Santillane. […] C’est raide tout de même, le fait de cet article qu’il a appuyé, « sans, me dit-il, l’avoir lu » ! […] Le feuilletage hier d’un cours de littérature, où nous avons lu l’article Bossuet, nous amenait à confesser, qu’un cerveau bien équilibré, ayant très peu de lectures, et par là, gardé des infiltrations inconscientes et des embûches du plagiat, devait être bien plus facilement original que nos cerveaux, à l’heure présente, remplis de livres et de noir d’imprimés. […] Je fais quelques changements à mon testament, et je le lis à Daudet, mon exécuteur testamentaire, qui n’en avait pas encore connaissance. […] Un moment il parle, sans que nous puissions le comprendre, d’un alphabet, que lui avait recommandé de lire, sa bonne Augustine, alphabet dont il avait perdu l’u et l’y, et ne pouvait les retrouver.

980. (1894) Textes critiques

Lisons ce livre avec un plaisir doux en attendant de parler de la pluie d’étoiles miroitantes de Monnaie de Fer.‌ […] Courbé sous le nombre, au vol des oiseaux perchés sur les pontuseaux, on pénétrera les rouges obscurités des voûtes des temples et les boudoirs semblables à des chapelles sans Dieu où il seyait de lire les précédents livres. […] Comme plus tard il tirera à un Fourmies quelconque, parce qu’il a associé tel monosyllabique commandement à une crispation de la deuxième phalange de l’index dextre, ce à quoi il ne doit se refuser, puisqu’il a cru lire Darwin et Spencer. — Sensation ennuyeuse : trop de faits-divers superposés en tiroirs, explosions célèbres, etc. […] Dans une œuvre écrite, qui sait lire y voit le sens caché exprès pour lui, reconnaît le fleuve éternel et invisible et l’appelle Anna Peranna. […] Augier, Dumas fils, Labiche, etc., que nous avons eu le malheur de lire, avec un ennui profond, et dont il est vraisemblable que la génération jeune, après les avoir peut-être lus, n’a gardé aucun souvenir.

981. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

On lui permet quelques apologies, inutiles à ceux qui les lisent, car ceux qui les lisent sont convaincus d’avance des vérités qu’il y proclame. […] Colnet tirait la rie de son talent des passions contemporaines ; qui pourrait le lire aujourd’hui ? […] En 1822, il fut tenté par la grande question du Romantisme posée alors pour être discutée pendant dix ans, et il la traita dans un livre qu’on peut lire encore12. […] L’Henri VIII d’Audin, écrit pour tout ce qui sait lire, l’a surtout été pour l’Angleterre. […] Alors Audin, le Mabillon laïc de notre époque, aussi peu lu que l’énorme Bénédictin, aura les honneurs rétrospectifs des journaux et des revues, ces chacals intellectuels qui aiment à déterrer les morts célèbres, qu’ils n’auraient pas touchés vivants !

982. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Il y a quelques années que, passant à Dijon, je fis visite à l’un de ces hommes savants et modestes comme la province en renfermait beaucoup autrefois et comme il y en a quelques-uns encore : cet homme de mérite, qui s’était de tout temps occupé d’histoire, et qui avait publié lui-même des Annales estimées24, avait les in-folio de Mézeray ouverts sur sa table, et, me voyant y jeter les yeux, il me dit : « En province nous avons encore le temps de lire. […] S’enfermant au collège de Sainte-Barbe vers l’âge de vingt-sept à vingt-huit ans, il se mit à lire les anciens historiens et à méditer de composer une Histoire de France dans un goût tout nouveau. […] Il se vantait un jour, en présence même de Du Cange, de ne lire aucun de nos historiens latins. […] Indépendamment de la narration qui devient pleine, variée et nourrie, et qui est d’un mouvement facile et continu, Mézeray est un grand peintre de portraits dans les résumés qu’il donne à la fin de chaque règne et où il retrace en abrégé le caractère, les mérites ou les défauts du roi dont on a lu l’histoire Un sentiment non seulement équitable, mais humain et, autant qu’il se peut, loyal et fidèle, domine dans ces jugements et en tempère la rigueur ; s’il y a quelque circonstance atténuante ou touchante pour les monarques même les plus désastreux et les plus funestes, Mézeray ne l’omet pas.

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