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361. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Et il suit une ligne de peupliers : un arbre après l’autre lui servira d’abri ; et il se glissera d’un arbre à l’autre. […] Sa confiance, aux dernières lignes de son œuvre mâle et valeureuse, n’a point faibli. […] D’abord, il s’agit de savoir lire et non de ne pas lire entre les lignes : qui pourrait s’y résoudre ? […] L’auteur, en quelques lignes, nous résume les faits ; et, les faits, ce n’est rien. […] Le peintre n’a épargné ni les vives couleurs, ni les lignes hardies.

362. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVI » pp. 215-217

La Revue suisse a toujours été fidèle à cette ligne de conduite.

363. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

Nous la pensons dédicatoire de beauté, et les lignes sont flexueuses et tendres, entre lesquelles il la limite.

364. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Il est permis peut-être aujourd’hui à l’auteur d’ajouter à ce peu de lignes quelques autres observations sur le but qu’il s’est proposé en composant ces Odes.

365. (1856) Cours familier de littérature. I « Épisode » pp. 475-479

Les poètes, les écrivains, les amis particuliers de madame Victor Hugo, ont eu l’idée de faire magnifiquement relier, pour elle, le volume de poésies de son mari, d’insérer dans ce volume quelques pages blanches, de couvrir ces pages blanches de leurs noms, et de quelques lignes de prose ou de vers attestant leur souvenir et leur affection pour cette illustre et vertueuse femme.

366. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Millet Francisque » p. 168

On regrette le coup d’œil qu’on a jetté sur leurs ouvrages et la ligne qu’on écrit d’eux.

367. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Le Moine » p. 321

Connaissez-vous un livre d’Hogarth, intitulé la ligne de beauté ?

368. (1860) Ceci n’est pas un livre « À M. Henri Tolra » pp. 1-4

Et encore ne veut-il pas toujours, l’enfant : c’est si long, un feuilleton, de quatre cents lignes !

369. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Et de plus, en ce qui est de la poésie du xvie  siècle en particulier, on voit assez par tout cela qu’on est sorti des lignes de l’histoire littéraire proprement dite, qui, à moins d’être une nécropole, doit se borner à donner la succession et le jeu des écoles et des groupes, les noms et la-physionomie des vrais chefs, à marquer les caractères et les degrés des principaux talents, le mérite des œuvres vraiment saillantes et dignes de mémoire : on est tombé dans le menu, dans la recherche à l’infini, dans la curiosité locale et arbitraire. […] Mais, jusqu’ici, je dois dire qu’elles n’ont dérangé en rien, en ce qui est de ce siècle-là, les lignes principales et les cadres de classifications naturelles premièrement indiquées. […] Que diriez-vous si, voulant écrire l’histoire de la poésie au xixe  siècle, on allait mettre en ligne un à un, à côté des cinq ou six noms de maîtres qui ont donné le coup d’archet et mené la marche, les auteurs des innombrables recueils de vers, publiés depuis trente ou quarante ans, sous prétexte que dans presque chacun de ces volumes il y a quelque chose ?

370. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Les Arabes n’ont pas changé. » Et remarquez-le, non seulement Horace Vernet soutenait cette immobilité, cette invariabilité de l’Orient au point de vue pittoresque du spectacle, en ce qui était du paysage et du costume ; il l’entendait aussi au point de vue moral, et il observait très ingénieusement que cette idée de fatalité qui domine les populations orientales agissait autrefois tout comme aujourd’hui, au temps de Moïse ou des prophètes comme au temps de Bonaparte, de Méhémet-Ali ou d’Jbrahim ; que la cause extérieure de l’étonnement et de la soumission machinale pouvait être diverse, mais que l’explication n’étant pas autre ni plus avancée aujourd’hui qu’il y a quarante siècles, la physionomie qui exprime l’état intérieur habituel restait la même, que le faciès, en un mot, n’avait pas changé ; et il exprimait cela très spirituellement ; « Ce matin (toujours à Damas), on nous a fait manœuvrer deux batteries d’artillerie, l’une de la garde, l’autre de la ligne. La seule différence qui existe entre ces deux corps est que les pièces de la garde sont attelées avec des chevaux, et la ligne avec des mulets… Le matériel est à la Gribeauval… En voyant ces évolutions si lestes qui semblaient raser la terre, il me semblait lire Habacuc et ses prophéties. […] Faut-il donc couper court ici et brusquer ma fin en deux lignes ?

371. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

La première Grèce était simple dans son principe architectural ; ce principe, c’était la ligne horizontale, la plate-bande (comme on dit en termes techniques) posant horizontalement sur deux points d’appui verticaux ; la stabilité résultait des simples lois de la pesanteur, sans qu’il fût besoin de l’adhérence des matériaux. […] S’il est vrai, comme on le redit souvent et comme il nous est doux de le penser, que la France suive la grande ligne de la civilisation, pourquoi faut-il que ce ne soit trop souvent qu’à travers un zigzag d’injustices et, pour tout dire, d’ingratitudes envers soi et les siens ? […] L’ornementation, à laquelle aujourd’hui on sacrifie tout, ne vient qu’en seconde ligne, et elle doit, comme la disposition générale, tirer son caractère de sa destination.

372. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Apprenez à vos milices à combattre en ligne s’il le faut, ou à se disperser en partisans après une bataille perdue pour reparaître sur des points donnés et y renouveler la lutte. […] On sait seulement qu’au siège de Varna, après l’assaut donné, les Russes se trouvèrent en présence d’une seconde ligne de fortifications dont ils ignoraient l’existence ; mais une poignée de soldats de marine, ayant escaladé l’obstacle, traversèrent toute la ville et se firent massacrer jusqu’au dernier. […] Étudier sans doute en elle-même une physionomie militaire distinguée et singulière en son genre, un personnage plus cité que connu ; traverser avec lui la grande époque, la traverser au cœur par une ligne directe, rapide et brisée, par un tracé imprévu et fécond en perspectives ; recueillir chemin faisant des traits de lumière sur quelques-uns des grands faits d’armes et des événements historiques auxquels il avait pris part ou assisté.

373. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Le Clerc compare ingénieusement aux Annales des pontifes, si l’on essayait de leur rendre crédit moyennant quelque ligne en l’air, quelque à-peu-près échappé à Voltaire ou à Anquetil. […] L’essentiel d’abord serait de former un bon corps d’histoire, d’établir les grandes lignes de la chaussée ; les perfectionnements viendraient ensuite. […] Les poésies anglaises nous arrivaient en droite ligne ; les premiers poëmes de Crabbe étaient à l’instant analysés, traduits.

374. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Essayez de tracer une ligne de conduite entre ces deux mots-là. […] André Chénier avait publié, en août 1790, un Avis aux Français sur leurs véritables ennemis, dans lequel il essayait, avec la modération et la fermeté qui distinguent sa noble plume, de tracer la ligne de séparation entre le vrai patriotisme et la fausse exaltation qui poussait aux abîmes. […] Il en sortit avec lui et suivit la même ligne à la Convention.

375. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Mme de Girardin, avant tout, a le sentiment du monde extérieur, de la beauté qui y est conforme, de la régularité de lignes et de contours, de l’élégance : c’est ce qu’on trouve dans ses élégies. […] Certes, je ne voudrais pas exclure de la poésie l’élégance, mais quand je vois celle-ci mise en première ligne, j’ai toujours peur que la façon, le fashion, ne prime la nature, et que l’enveloppe n’emporte le fond. […] Dans une lettre finale en prose qui est censée le testament ou la confession de Napoline, mais où chaque ligne atteste le prosateur et l’observateur le plus exercé, l’auteur est le premier à dénoncer cette lèpre d’égoïsme et de vanité qui envahit si vite dans le monde un talent et une âme : Les ennuyeux, dit Mme de Girardin (elle qui a si peur des ennuyeux), endorment le génie et ne le dénaturent point mais le monde !

376. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Il y a donc, au point de vue de la ligne du temps, discontinuité entre ma conscience de tout à l’heure et ma conscience actuelle. […] De ce que l’effort mental et cérébral, à lui seul, ne suffit pas pour déterminer tel mouvement de telle partie du corps, pas plus qu’un seul point ne détermine une ligne, en résulte-t-il que la représentation d’une impression purement périphérique y suffise, sans un élément central et cérébral qui a pour corrélatif l’intensité du vouloir, du désir et de l’effort ? […] Un centre n’est sensoriel que parce qu’il est moteur : la sensation implique un mouvement transmis à un centre qui oppose à l’action une réaction en sens contraire ; le centre mû meut à son tour : s’il n’y avait pas d’autres centres en question, le coup donné par le mouvement centripète produirait en réponse un mouvement centrifuge sur la même ligne.

377. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Les auteurs veulent, au bout de ces quelques lignes, assurer de leur gratitude profonde M.  […] Où l’homme enfin avouera-t-il davantage l’homme, qu’en ces lignes échappées de sa main ? […] J’avais espéré découvrir dans les Papiers de Bélanger, acquis par le Musée de la Ville de Paris, à la vente Dubrunfaut, quelques nouvelles copies de lettres d’Adanson, de Noverre, de Beaumarchais, etc., donnant des détails circonstanciés sur la chanteuse ; mais, sauf quatre lignes d’une lettre de « l’ami Moyreau », je n’ai rien trouvé que les éléments d’une curieuse biographie de Bélanger, et des réflexions, des projets, des mémoires de l’amant de Sophie sur le goût, sur l’établissement d’échaudoirs, sur le prix du cuivre, sur les enterrements des condamnés révolutionnaires.

378. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

On a écrit des tomes compacts où pas une ligne ne se lit pour la première fois. […] On a dit qu’il y a des écrivains dont le style, entièrement purgé d’images, n’est qu’une suite de propositions grammaticales demeurées à l’état d’armatures ou de lignes ; c’est une illusion. […] Je relève dans les quinze premières lignes du feuilleton d’un homme qui, toutes les semaines, se fait le juge de la littérature, ces expressions : « Un gouvernement sans gloire et une paix sans dignité. — Se consolaient de leur misère présente en songeant aux splendeurs du passé — Effort surhumain — Univers émerveillé — la magnificence de ces souvenirs — vulgarité régnante — chambre servile. etc », C’est l’union parfaite du cliché et du lieu commun, — d’où l’impression inattendue de convenance et de correction.

379. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Édition Gifford) : « Je me rappelle que les comédiens mentionnaient à l’honneur de Shakespeare que, dans ses écrits, il ne raturait jamais une ligne ; je répondis : Plût à Dieu qu’il en eût raturé mille !  […] Ils retranchèrent, rien que dans Hamlet, deux cents lignes ; ils coupèrent deux cent vingt lignes dans le Roi Lear.

380. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Deux bohémiennes l’accostent, lui prennent la main, lui prédisent des enfans et charmans, comme vous pensez bien, un jeune mari qui l’aimera à la folie, et qui n’aimera qu’elle, comme il arrive toujours ; de la fortune, il y avait une certaine ligne qui le disait et ne mentait jamais ; une vie longue et heureuse, comme l’indiquait une autre ligne aussi véridique que la première. […] Pour moi qui ne retiens d’une composition musicale qu’un beau passage, qu’un trait de chant ou d’harmonie qui m’a fait frissoner ; d’un ouvrage de littérature qu’une belle idée, grande, noble, profonde, tendre, fine, délicate ou forte et sublime, selon le genre et le sujet ; d’un orateur qu’un beau mouvement ; d’un historien qu’un fait que je ne réciterai pas sans que mes yeux s’humectent et que ma voix s’entrecoupe ; et qui oublie tout le reste, parce que je cherche moins des exemples à éviter que des modèles à suivre, parce que je jouis plus d’une belle ligne que je ne suis dégoûté par deux mauvaises pages ; que je ne lis que pour m’amuser ou m’instruire ; que je rapporte tout à la perfection de mon cœur et de mon esprit, et que soit que je parle, réfléchisse, lise, écrive ou agisse, mon but unique est de devenir meilleur ; je pardonne à Le Prince tout son barbouillage jaune dont je n’ai plus d’idée, en faveur de la belle tête de ce musicien champêtre.

381. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Vingt ans il a fouillé les bibliothèques publiques ; vingt ans il a épelé — ligne par ligne — Monstrelet, Lachesnaye des Boys, d’Hozier — nulle part le nom des Maillet n’était inscrit dans le livre d’or de la noblesse. […] j’ai failli prendre la queue, à la suite de ces honorables littérateurs qui ne peuvent faire une mise en scène ou une description de deux lignes sans se rappeler et rappeler immédiatement un tableau de Rembrandt ou de Miéris, — Qu’ils n’ont, la plupart du temps, jamais vu.

382. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Je ne sais si le public a su découvrir entre les lignes de ce poème délicieusement ensorceleur les traces de l’anormal et dangereux penchant qui conduisit à leur ruine tant de nobles esprits. […] Et si le don d’expression manque à la plupart, il n’en est pas moins vrai que celui qui vit dans le monde sans faire dépendre sa joie ou ses larmes exclusivement de son cerveau, qui connaît chaque parcelle d’existence pour l’avoir personnellement sentie vivre en lui, dont la solitude n’a pas ravagé le désir et la sensualité, est mille fois plus poète, sans avoir écrit une seule ligne, que le plus raffiné jouisseur de lui-même. […] Tout en étant persuadé, comme je le suis, qu’une sorte de conciliation des deux thèses dans une synthèse supérieure pourrait être opérée, malgré leur apparence d’opposition nette, en poursuivant la discussion d’une façon plus serrée, — malgré ce sentiment, je crois toutefois, en m’expliquant plus complètement et avec quelques réserves de détail, pouvoir maintenir les grandes lignes de la mienne.

383. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

On se réveille, et du journal dont les lignes s’estompent il reste une tache blanche avec de vagues raies noires : voilà la réalité. […] Voici des lignes noires sur un fond blanc. […] Le mécanisme de l’opération est le même dans ses grandes lignes.

384. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Ce monde, c’est dans son imagination qu’il l’a vu et observé, bien plutôt que dans la vie, et c’est pourquoi il a bien plus de vérité que votre monde copié ligne à ligne et traduit mot à mot. […] Bourget a décrit, dans la littérature, une ligne courbe. […] Taine et, malgré la menace des dernières lignes ci-dessus citées, son admiration et sa préférence ne sont pas douteuses. […] — à réduire en quelques lignes. […] Paul Verlaine fut écrit à toutes les lignes par des bien intentionnés : depuis, M. 

385. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Ainsi s’explique, en dehors de votre talent d’écrivain, la grande influence que quelques lignes de vous ont sur le succès des livres nouveaux. […] Quelques lignes empruntées au livre vont l’expliquer ; dans les caresses de l’amour elle a surtout et toujours recherché l’espoir de la maternité : « C’était, pour elle, la conséquence naturelle et indispensable de l’acte. […] On pourra sans doute la taxer d’exagération, mais qui peut se vanter de savoir ou doivent s’arrêter les phénomènes cérébraux et ou se trouve exactement la ligne de démarcation qui sépare la raison de la déraison ? […] Il n’aurait pas signé une ligne de la Déclaration des droits de l’homme, à cause de l’excessive et inique séparation qui y est établie entre l’homme et le gorille. […] Quoi de plus charmant que ces quatre lignes qui nous montrent à la fois la bonté du père et de la mère de notre héros ?

386. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Faramond, Maurice de (1862-1923) »

Il assumait ainsi un art de groupement et d’harmonie — non de ligne et de déduction.

387. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XV. Du Purgatoire. »

La ligne droite prolongée sans fin serait peut-être plus belle, parce qu’elle jetterait la pensée dans un vague effrayant, et ferait marcher de front trois choses qui paraissent s’exclure, l’espérance, la mobilité et l’éternité.

388. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Avant-propos » pp. 1-5

Chacun a chez soi la regle ou le compas applicable à mes raisonnemens, et chacun en sentira l’erreur dès qu’ils s’écarteront d’une ligne de la verité.

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