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255. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

« La Poésie veut bien se charger de donner des préceptes, mais sur des sujets qui soient dignes de son langage, & dans lesquels elle se puisse faire entendre à tout le monde, sans descendre à des expressions techniques, qui lui sont étrangeres, & qui sont à peine intelligibles pour le demi-quart des Lecteurs ». […] Tibere s’étant servi de quelques expressions peu conformes à la pureté du langage, voulut s’en excuser, en disant que si les mots dont il s’étoit servi n’étoient pas latins, ils pouvoient le devenir, par la raison même qu’il en avoit fait usage : Vous pouvez bien, César, lui répondit Pomponius-Marcellus, donner le droit de Bourgeoisie aux hommes, mais vous ne pouvez pas le donner aux mots.

256. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Ils s’obstinent à ne vouloir point parler la même langue ; ils n’ont d’autre langage que le mot d’ordre à l’intérieur et le cri de guerre à l’extérieur : ce n’est pas le moyen de s’entendre. […] On a rassemblé ci-dessus quelques exemples pareils entre eux de ce faux goût, empruntés à la fois aux écrivains les plus opposés, à ceux que les scholastiques appellent classiques et à ceux qu’ils qualifient de romantiques ; on espère par là faire voir que si Calderon a pu pécher par excès d’ignorance, Boileau a pu faillir aussi par excès de science ; et que si, lorsqu’on étudie les écrits de ce dernier, on doit suivre religieusement les règles imposées au langage par le critique, il faut en même temps se garder scrupuleusement d’adopter les fausses couleurs employées quelquefois par le poëte.

257. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Et, quant au mauvais françois, au stile même barbare qu’un jeune homme se fait dans les collèges, ce langage s’épure ensuite par l’usage du monde & par la bonne compagnie. […] Le systême de M. de Montcrif est opposé à celui de Despréaux, qui n’avoit rien tant à cœur que de voir ériger en auteurs classiques nos meilleurs écrivains, & qui vouloit que l’académie Françoise travaillât en conséquence, & s’occupât à les épurer de toutes les fautes de langage, à leur donner force de loi, à les empêcher de vieillir & de tomber journellement.

258. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Je suis étonné qu’un écrivain si supérieur ait affecté dans quelques endroits un langage scientifique dont il aurait pu se passer, et qui n’a qu’un air d’étalage ; comme quand il dit que l’homme de la nature est une unité absolue, et que celui de la société est une unité fractionnaire qui tient au dénominateur ; et tout cela pour dire que l’homme isolé est un tout, et que celui de la société n’est que la partie d’un tout. […] Ce trait, pour parler le langage de Montaigne, me semble bas de poil, pour une âme de votre trempe.

259. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

En somme, dans ce premier volume, qui doit être suivi d’un second, on voit que l’auteur sera pour Boileau plus tard On sent l’homme de grand sens, l’homme de bon sens, l’homme du pouvoir, le monarchique en littérature, très peu gâté par le langage de son temps quoique, ici ou là, il en ait encore de temps en temps les logomachies. […] À part les taches légères qu’on ne remarquerait pas dans un homme d’un langage moins net, c’est un esprit très sain que celui-là, très positif, très unitaire, parlant une langue nerveuse, qui a parfois de la saillie et qui a toujours, dans l’accent, de l’autocratie.

260. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Fleur intarissable de fraîcheur et de parfum, dont La Fontaine fut l’abeille, Boccace est une imagination d’une telle légèreté, dans le sens de l’air et de la lumière, que La Fontaine, son imitateur, le buveur en cette coupe diaphane, que notre incomparable La Fontaine, malgré ses dons souverains de grâce et de langage, semble grossier dans sa gaieté charmante, quand on entend son rire gaulois et qu’on le compare au sourire éthéré de la fantaisie de Boccace ! […] Charles Didier est un conteur à événements qui a l’habitude de la plume, mais il n’a jamais eu, ce prosateur, d’étoffe ferme et étoffée, dans l’imagination ou dans le style, ni les enchantements passionnés ou rêveurs, ni les belles indolences d’attitudes ou les vivacités éprises, ni les grâces armées et désarmées de la causerie ou du récit, ni les gaietés d’alouette dans un ciel heureux, ni les mélancoliques lenteurs des cygnes sur les bassins tranquilles, que doivent avoir, pour réussir dans la pensée et le langage, les peintres ou les poètes des Décamérons !

261. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

Servius Tullius fut Grec dans le langage des Romains, parce qu’ils ne savaient pas dire habile et rusé. […] Il est plus naturel de croire qu’il exista sur le rivage du Latium une cité grecque qui, vaincue par les Romains, fut détruite en vertu du droit héroïque des nations barbares, que les vaincus furent reçus à Rome dans la classe des plébéiens, et que, dans le langage poétique, on appela dans la suite Arcadiens ceux d’entre les vaincus qui avaient d’abord erré dans les forêts, Phrygiens ceux qui avaient erré sur mer.

262. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Quoi qu’il en soit, Sparte, loin de châtier la licence de quelques-uns de ces vers avec la sévérité dont elle punit l’insolente lâcheté d’Archiloque, honora le poëte lydien qui adaptait sa lyre aux mâles accents du langage laconien. […] Des hommes perfides du haut de la nef m’avaient jeté dans les flots soulevés du courant61. » À part les désinences doriques affectées par l’original, ne sent-on pas ici, jusque dans la simplicité des tons, le calcul d’un art plus moderne, comme nous le sentons, pour le moyen âge, dans quelques ballades récentes en vieux langage de France, d’Espagne ou d’Angleterre ?

263. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pater, René = Peter, René (1872-1947) »

René Peter au public, se demande « si la prose, le plus beau de tous les langages, le style polymorphe par excellence, n’eût point été entre ses mains une matière plus précieuse encore » que le vers libre.

264. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 248

Rousseau, ce que le langage d’un Suisse est à celui d’un homme de Cour.

265. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 385

Si on n’a pas le talent de la plaisanterie, il faut du moins avoir le langage de l’honnêteté & de la raison.

266. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Je m’étonne qu’on ait eu le courage de remarquer dans les sermons de Bossuet le manque d’une certaine correction extérieure, comme celle de Fléchier par exemple, chez qui la propriété du langage est sacrifiée à l’euphonie, et le génie de la langue à la grammaire. […] Une imagination vive, une mémoire vaste et prompte qui sert comme d’une seconde intelligence, le talent d’écrire, la science du langage ; on n’est pas rhéteur à moins. […] On y donne plus de soin aux mots qu’aux choses, à l’éclat du discours qu’à l’efficacité, et, dans le langage même, à l’harmonie plutôt qu’à la propriété, à ce qui brille qu’à ce qui se grave. […] Outre cette violence innocente, la composition, le langage, tout dans les sermons de Massillon trahit le rhéteur. […] Est-ce l’éloquence qu’il y goûtait, et non pas plutôt l’habileté du langage et le tissu souvent plus précieux que l’étoffe ?

267. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Soit, par exemple, l’origine du langage. […] Quand les plus grands philosophes, dit-on, sont impuissants à analyser le langage, comment les premiers hommes auraient-ils pu le créer ? […] Il est également faux de dire que l’homme a créé avec réflexion et délibération le langage, la religion, la morale, et de dire que ces attributs divins de sa nature lui ont été révélés. […] Quel résultat philosophique que la reconnaissance des lois qui ont présidé au développement du langage, à la transformation de ses mécanismes, aux décompositions et recompositions perpétuelles qui forment son histoire ! […] Il suit de là que toutes les racines des familles diverses ont eu leur raison dans la façon de sentir des peuples primitifs et que tous les procédés grammaticaux proviennent directement de la manière dont chaque race traita la pensée ; que le langage, en un mot, par toute sa construction, remonte aux premiers jours de l’homme et nous fait toucher les origines.

268. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Il n’a aucun mépris pour le métal, et il ne s’en cache pas : « Car c’est le métal, dit-il, par quoi on acquiert l’amour des gentilshommes et des pauvres bacheliers. » À peine à l’école, quand il était avec les petites filles de son âge, il se piquait d’être empressé, attentif auprès d’elles ; il se demandait quand il pourrait tout de bon faire le métier d’homme galant, courtois, amoureux, ce qui, dans le langage du temps, était synonyme d’homme comme il faut. […] Il l’accueille donc à merveille, le salue de prime abord en bon langage français, et le loge en son hôtel. […] À toutes ses questions le comte de Foix répond volontiers, et il promet à l’historien pour son ouvrage un crédit dans l’avenir et une fortune que nulle autre histoire ne lui disputera : « Et la raison en est, disait-il, beau Maître, que depuis cinquante ans en çà sont advenus plus de faits d’armes et de merveilles au monde qu’il n’en étoit de trois cents ans auparavant. » Encouragé par un tel suffrage, Froissart s’applique de plus en plus à mettre son langage au niveau des actions qu’il a à raconter ; car il n’a rien tant à cœur que d’étendre et rehausser sa matière, dit-il, et d’exemplier (enseigner par des exemples) les bons qui se désirent avancer par armes.

269. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

À y voir un système, le livre de La Rochefoucauld ne saurait être vrai que moyennant bien des explications et des traductions de langage qui en modifieraient les termes. […] [NdA] Saint Paul, parlant le langage de la grâce, a dit, pour marquer cette diversité des conditions et des vocations : « Chacun tient de Dieu son don propre, l’un d’une façon, l’autre d’une autre. » (Première épître aux Corinthiens, chap. vii, verset 7.) — Et dans son langage tout naturel, Homère, introduisant Ulysse déguisé sous le toit d’Eumée, lui fait dire : « J’aimais de tout temps les vaisseaux garnis de rames ; j’aimais les combats, les javelots acérés et les flèches, tout ce qui paraît triste et terrible à beaucoup d’autres.

270. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Il a fait mille raisonnements, mille remarques, bien des critiques, et quelques-unes sans doute à tort et à travers ; mais, tantôt approuvant, tantôt critiquant, il ne s’est en rien scandalisé, il n’a pas lancé l’anathème, cette arme n’étant plus dans nos mœurs ni à notre usage ; il a reconnu un esprit supérieur qui venait à lui et qui lui parlait (sauf à quelques rares endroits) un langage à sa portée, un langage toujours noble d’ailleurs, éloquent, élégant même : il n’a pensé qu’à s’informer auprès de lui et à s’instruire. […] Quand on ouvre les Évangiles pour les lire sans parti pris, et en ayant passé l’éponge en soi sur toute doctrine préconçue, il en sort, au milieu de mainte obscurité, de mainte contradiction qu’on y rencontre, un souffle, une émanation de vérité morale toute nouvelle ; c’est le langage naïf et sublime de la pitié, de la miséricorde, de la mansuétude, de la justice vivifiée par l’esprit ; l’esprit en tout au-dessus de la lettre ; le cœur et la foi donnant à tout le sens et la vie ; la source du cœur jaillissante et renouvelée ; les prémices, les promesses d’une joie sans fin ; une immense consolation assurée par-delà les misères du présent, et, dès ici-bas, de la douceur jusque dans les larmes.

271. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

« L’identité de langage est un premier rapport dont on ne saurait trop méditer l’influence. Cette identité place entre les hommes de ces deux pays un caractère commun qui les fera toujours se prendre l’un à l’autre et se reconnaître ; ils se croiront mutuellement chez eux quand ils voyageront l’un chez l’autre ; ils échangeront avec un plaisir réciproque la plénitude de leurs pensées et toute la discussion de leurs intérêts, tandis qu’une barrière insurmontable est élevée entre les peuples de différent langage qui ne peuvent prononcer un mot sans s’avertir qu’ils n’appartiennent pas à la même patrie ; entre qui toute transmission de pensée est un travail pénible, et non une jouissance ; qui ne parviennent jamais à s’entendre parfaitement, et pour qui le résultat de la conversation, après s’être fatigués de leurs efforts impuissants, est de se trouver mutuellement ridicules. […] Répondant dans cet écrit à ses ennemis et ses détracteurs, il disait : « Ils osent affirmer que c’est moi qui ai aliéné de nous les États-Unis, lorsqu’ils savent bien qu’au moment précis où ils impriment cet étrange reproche, des négociateurs américains arrivent en France, et qu’ils ne peuvent ignorer la part qu’il m’est permis de prendre dans cet événement, à raison du langage plein de déférence, de modération et j’ose dire aussi de dignité, que je leur ai adressé au nom du Gouvernement français… » Il sut les attirer en effet par d’adroites paroles ; mais comment les actes et les procédés y répondirent-ils, et que devint cette dignité de ton en présence des faits ?

272. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

L’homme primitif ne fut point un être supérieur, éclairé d’en haut, mais un sauvage grossier, nu, misérable, lent dans sa croissance, tardif dans son progrès, le plus dépourvu et le plus nécessiteux de tous les animaux, à cause de cela sociable, né comme l’abeille et le castor avec l’instinct de vivre en troupe, outre cela imitateur comme le singe, mais plus intelligent, capable de passer par degrés du langage des gestes au langage articulé, ayant commencé par un idiome de monosyllabes, qui peu à peu s’est enrichi, précisé et nuancé340. Que de siècles pour atteindre à ce premier langage !

273. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Au point de vue objectif, il s’en réfère au langage naturel des émotions et aux phénomènes sociaux qui en résultent. […] Si le langage de la philosophie allemande ne devait paraître déplacé ici, nous dirions en un seul mot, que la morale de M.  […] C’est faire violence au langage que de maintenir l’existence d’une vérité abstraite, et il en est de même pour les idées morales.

274. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

on sait bien, par exemple, que les conditions de la lecture littéraire sont incompatibles avec une précision excessive du langage. le langage est précis, ou il devient verbiage. Le langage poétique aussi bien que l’autre. […] Elle est comme une possibilité qui n’a pas eu de suites ; l’humanité s’est engagée en d’autres voies, celle du langage parlé et écrit. […] Je l’aurais aimé et redouté à la fois, nos artistes ne pouvant incliner à ces confidences sans le secours d’un langage qui n’est pas le leur.

275. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 343

La Préface en est bien écrite ; l’esprit & la raison y parlent le langage qui leur convient.

276. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 17

in-8°, pour y reconnoître en effet une piété lumineuse, attendrissante, & un langage au dessus de son siecle.

277. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 284

La singularité de ce titre n’a nul rapport avec ce qu’on trouve dans le Livre ; on ne peut tout au plus parvenir, en le lisant, qu’à se gâter l’esprit par des images dégoûtantes, & à se familiariser avec le langage du vice le plus effronté.

278. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On déploroit l’avilissement de l’art de Sophocle & d’Euripide : on gémissoit de voir la majesté de la scène Françoise en proie à de fades discours d’amans : on auroit voulu la ramener à son institution, faire le procès à tout auteur qui donnoit à Melpomène d’autre langage que celui qu’elle parloit aux Grecs, une autre passion, d’autres ressorts à développer que ceux dont elle faisoit usage chez ce peuple si poli, si spirituel, si tourné à la galanterie & à la délicatesse des sentimens. […] La seconde, c’est que, leurs femmes menant une vie beaucoup plus retirée que les nôtres, & le langage de l’amour n’étant pas, comme aujourd’hui, la matière de tous les entretiens, les poëtes en étoient moins invités à traiter cette passion, la plus commune & pourtant la plus difficile à rendre par la délicatesse qu’elle exige. […] Ainsi le genre comique au lieu de faire des progrés, rentrera dans un état pire que celui de son enfance* : Melpomène & Thalie ont un divers langage. […] Dans le travestissement, on substitue le langage bas & burlesque au stile noble & élevé des auteurs qu’on défigure ; mais la parodie n’exige point qu’on avilisse sa façon d’écrire. […] Mais sa déclamation contre les spectacles a moins paru le langage du remords, que celui de l’amour-propre.

279. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Elle prêta à la critique un langage bien nouveau. […] Vengeons-nous sur la grammaire ; brouillons à plaisir les analogies naturelles du langage : guindons l’antithèse sur ses hautes échasses ; démuselons la métaphore farouche. […] Rien n’apprend mieux à connaître une idée que de la voir exprimée en différents langages : le critique doit être un artiste32 ; Que l’esthétique daignât s’humaniser et descendre de plus en plus de ses hautes formules dans l’enseignement pratique de la littérature. […] Il est temps que l’esthétique appliquée détrône enfin les poétiques puériles qui nous ennuient sans nous instruire ; Enfin que la haute critique fût claire et simple dans son langage. […] Rien de plus funeste aux arts que ces juges moroses, ternes d’idées, secs de langage, ennemis jurés de tout enthousiasme, vraies haches de nos discours, tristes Phocions, quoique souvent sans Démosthènes.

280. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Et il y a du moine, ou du cordelier, pour mieux dire, dans l’indélicatesse de sa plaisanterie, dans la grossièreté de son langage, dans la liberté de ses manières. […] Toujours est-il qu’à partir de 1560 ou environ, et en dépit de quelques efforts, — tels que ceux d’Henri Estienne, dans sa Conformité du langage françois avec le grec, — on voit la langue d’Homère et de Platon se retirer pour ainsi dire de la circulation de l’usage et se réfugier dans l’ombre des collèges. […] « Rien, a-t-on dit, n’égale la dignité de la langue latine… Elle fut parlée par le peuple-roi, qui lui imprima ce caractère de grandeur unique dans l’histoire du langage humain C’est la langue de la civilisation. […] Les trois grands traités d’Estienne : — La Conformité du langage français avec le grec, 1565 ; Deux dialogues du langage français italianisé, 1578 ; La Précellence du langage français, 1579 ; — et leurs rapports entre eux. — La résistance à l’italianisme. — De l’opinion d’Henri Estienne sur les rapports du grec et du français [Cf.  […] Ristelhuber, Paris, 1879 ; — et des Deux Dialogues du langage français italianisé, Paris, 1883.

281. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Conclusions »

Le vocabulaire des naturalistes possède les qualités de précision, de clarté, exigibles d’un langage scientifique.

282. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « À mes élèves de l’université de Lausanne »

Il garde des traces du langage plus vivant, mais moins châtié, qui convient à un cours.

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