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591. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Chaque forme de dune a son appellation propre : celle qui est en pente douce, en dos d’âne, s’appelle autrement que la dune, véritable montagne, et qui atteint parfois les dimensions des montagnes ordinaires ; celle qu’on a comparée à la lame d’un sabre, et dont l’une des parois est verticale, à pic, ne se désigne pas comme celle qui a deux pentes normales. […] Deux confréries représentent cette double influence : l’une, celle des Senoûsi, ainsi appelée du nom de leur fondateur Es-Senoûsi (mort en 1859), est notre ennemie mortelle ; elle est fondée sur une pensée de protestation religieuse contre toutes les concessions faites à la civilisation de l’Occident, contre toutes les innovations introduites dans divers États de l’Orient par les derniers souverains, et contré tout essai nouveau d’agrandissement ou d’action de la part des infidèles.

592. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Un de ses ministres d’alors, un de vos illustres confrères d’aujourd’hui55, eut l’une des premières copies et la porta au Château. […] (Il m’était arrivé rarement, trop rarement, avant ce Discours, d’écrire sur Casimir Delavigne ; je l’avais pourtant fait en deux circonstances, l’une déjà bien ancienne, dans le Globe, à l’occasion des Sept Messéniennes de 1827, et une autre fois assez récemment dans la Revue des Deux Mondes, à l’occasion de la Popularité (1838) ; je ne crains pas de donner ci-après, en appendice, ces deux morceaux dans lesquels, avec la différence du ton, on retrouvera exprimées plusieurs idées qui chez moi ne sont pas si nouvelles ; de tout temps, par exemple, j’ai pensé que la vocation de Casimir Delavigne était d’être classique.

593. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

C’est un trouvère d’Arras qui fit jouer au xiie  siècle ces deux pièces remarquables, et l’une à Arras même, au puy : or Arras est précisément la ville qui, la première à notre connaissance, s’empara du drame religieux, et lui donna, avec Bodel surtout, le caractère d’un divertissement dévot, mais laïque. […] ne serait-ce pas que dans l’une la longue tradition de la pastourelle fournissait au poète de quoi étoffer ses personnages, et dans l’autre il avait tout à créer, tout à marquer de traits tirés de son invention propre ?

594. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Ces deux îles jetées aux deux extrémités de la terre, L’une aux mers d’Annibal, l’autre aux mers de Vasco, ces deux îles que le poète décrit si sombres et si terribles, où Napoléon a pu naître et mourir, où son ombre revient régner dans les tempêtes, et où viendront, à l’appel de son ombre, tous les peuples de l’avenir, ces deux îles sont le symbole de la fortune de Napoléon. Il s’est élancé de l’une, et est allé expirer sur l’autre, en passant par-dessus tout un monde et en touchant le ciel : voilà l’idée plastique de cette belle ode ; et ceux qui ne verraient dans la comparaison de la bombe, qui la termine, qu’une simple comparaison et presque un hors-d’œuvre, n’auraient rien compris à une composition si artistique.

595. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

« S’il est un homme tourmenté, dit-il, par la maudite ambition de mettre tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase, et cette phrase dans un mot, c’est moi. » Sa méthode est de toujours rendre une pensée dans une image ; la pensée et l’image pour lui ne font qu’un, et il ne croit tenir l’une que quand il a trouvé l’autre. […] L’une a une unité variée, l’autre a une riche variété.

596. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Nous touchons ici à l’une des raisons essentielles qui font que l’historien, même le grand historien, n’est pas nécessairement un grand politique ni un homme d’État. […] Cette faculté merveilleuse d’autorité et de sérénité (pour prendre un mot qu’il affectionne), cet art souverain de conférer aux choses une apparente simplicité, une évidence décevante, et qui n’était que dans l’idée, a été l’une des principales causes de l’illusion qui a perdu le dernier régime.

597. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Leur idéal d’avenir à toutes deux est différent et marque bien leur opposition de nature, bien que l’ambition peut-être ne soit pas moindre chez l’une que chez l’autre : La plus humble des deux n’est pas celle qu’on pense. […] De ces deux ambitions, l’une fait la modeste et est en réalité plus sage ; l’autre paraît plus sincère : après tout, ce ne sont que deux manières différentes de jouer à la reine quand on ne l’est pas.

598. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Elle eut, vers le milieu de sa carrière, un bonheur dont toutes les mères qui écrivent ne se seraient pas accommodées : elle eut des filles qui l’égalèrent par l’esprit, et dont l’une la surpassa par le talent. […] À l’une des cérémonies qui accompagnèrent sa première communion, comme elle était en toilette avec une robe longue et traînante qui l’embarrassait, et qu’elle se retournait souvent pour la rejeter en arrière, une de ses compagnes lui dit : « Cette Sophie est ennuyeuse avec sa tête et sa queue. » — « Toi, ça ne te gênera pas, répondit-elle, car tu n’as ni queue ni tête. » Toute la personne même de Mlle de Lavalette était celle d’une jolie brune piquante, avec des regards pleins de feu, plus faits encore pour exprimer l’ardeur ou la malice que la tendresse ; d’une charmante taille, qu’elle garda jusqu’à la fin, d’une taille et d’une tournure bien françaises.

599. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Pourtant cette recommandation était bien vague ; l’une des études n’empêchait pas l’autre : on examine la plante sur sa tige, et l’on en conserve ce qu’on peut dans les herbiers. […] Il faudrait lire en détail, et l’une à côté de l’autre, quelques pages de ces trois grands écrivains pour mettre la comparaison en pleine lumière.

600. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Il conseille à chacun de s’attacher à quelque vertu en particulier, à celle dont il a le plus besoin, sans pour cela abandonner les autres, pensant qu’il y a un lien entre elles toutes, et qu’elles se polissent et s’affilent en quelque sorte l’une l’autre. […] Sur la douceur envers le prochain, il dira : « Ne nous courrouçons point en chemin les uns avec les autres : marchons avec la troupe de nos frères et compagnons doucement, paisiblement et amiablement. » Sur la manière de s’occuper de ses affaires et de s’aider soi-même, sans excès de trouble et sans tumulte ni empressement : En toutes vos affaires, appuyez-vous totalement sur la providence de Dieu, par laquelle seule tous vos desseins doivent réussir ; travaillez néanmoins de votre côté tout doucement pour coopérer avec icelle… Faites comme les petits enfants qui, de l’une des mains, se tiennent à leur père, et, de l’autre, cueillent des fraises ou des mûres le long des haies.

601. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Il faut pour cela qu’elles ne demeurent pas isolées, l’une dans le centre visuel, l’autre dans le centre auditif, mais qu’elles aient assez de force, de durée et de netteté pour retentir et se rencontrer dans une commune région du cerveau, et pour y être ainsi centralisées ou combinées. Ainsi vont à la rencontre l’une de l’autre les deux ondulations produites dans une masse d’eau par deux pierres tombées à une faible distance.

602. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Or, le désaccord n’a cessé de s’aggraver entre l’écriture et la parole ; l’une est restée à peu près fixe, l’autre s’est modifiée assez profondément par le fatal affaiblissement des voyelles et l’assourdissement prévu des consonnes. […] Quelques autres exceptions sont admissibles, par exemple pour les monosyllabes, de, ne, je, etc., — mais seulement s’ils précèdent ou suivent une voyelle atone ; si deux de ces monosyllabes se suivent l’une des muettes disparaît : je le veux.

603. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Rien n’éveille et ne prolonge le saisissement du songeur comme ces exfoliations mystérieuses de l’abstraction en réalités dans la double région, l’une exacte, l’autre infinie, de la pensée humaine. […] Elle procède par épreuves superposées l’une à l’autre et dont l’obscur épaississement monte lentement au niveau du vrai.

604. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Son Jacques II, que je n’ai pas à juger ici, et son Guillaume III, qui en est le corollaire, ne sont, au fond, qu’une thèse whig très passionnée… Du reste, dès sa jeunesse, le whig tenait si fort Macaulay, que, dans son article sur Milton, — certainement une des plus belles choses qu’il ait écrites et l’une des plus belles qu’on ait écrites sur ce grand poète, — il se laisse emporter par son whigisme de la manière la plus… juvénile dans un hors-d’œuvre brillant, audacieux et colère. […] Le William Pitt accuse les prétentions les plus exorbitantes, et l’une d’elles, c’est d’en faire un whig !

605. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Je n’aperçois pas la supériorité de l’une sur l’autre. […] Dans l’une, qui est immense, l’influence des journaux de Paris est exclusive ou prépondérante, parce que ceux-ci peuvent parvenir avec un retard de huit ou dix heures au plus.

606. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Il faut distinguer entre deux espèces de groupements : il peut se faire que la centralisation étouffe l’une dans le même temps qu’elle développe l’autre. […] Que l’unification soit due au militarisme, et la complication à l’industrialisme, ce qu’il y a de sûr c’est que l’une et l’autre se développent parallèlement dans les sociétés occidentales, et c’est ce qui suffit à notre thèse.

607. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Relégué dans la théorie, il y porta les instincts du moraliste et les préoccupations de l’homme d’État ; tel on devait le revoir à la tribune, tel on le vit dans sa chaire ; dans l’une comme dans l’autre sa pensée dominante fut celle de la règle, et son ton ordinaire fut celui du commandement. […] Supposition contradictoire : car de deux choses l’une : si les idées sont des images matérielles, on ne peut pas admettre des portraits de la solidité, du chaud, de l’odeur et du son ; si elles sont spirituelles, elles ne peuvent ressembler à la matière, ni par conséquent la représenter.

608. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Il semblait dans les mœurs comme dans la destinée de la nation : elle ne tendait plus au grand ; elle n’aimait plus ni la religion, ni la gloire, sans doute pour avoir abusé de l’une et de l’autre. […] Peut-être cette première inspiration lui convenait mieux, était plus vraie pour lui que celle qui suivit ; mais l’une et l’autre en ont fait un poëte qu’on ne peut oublier.

609. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

La raison ou la foi vont au delà, l’une à la philosophie du siècle, l’autre à l’ultramontanisme.

610. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

La longue agonie sans espérance qui, depuis plusieurs mois, assiégeait l’une des plus glorieuses et des plus brillantes existences du siècle, vient enfin de se terminer ; Walter Scott est mort, vendredi dernier, à sa terre d’Abbotsford.

611. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Cette préface de M. de Balzac a le malheur de ressembler, au style près, à l'une des nombreuses préfaces de Paul et Virginie.

612. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Ces bornes sont l’une des principales causes de la médiocrité des historiens.

613. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

» — Je sais que nul romancier, pas même George Sand, n’a su mêler aussi étroitement la vie des hommes et la vie de la terre sans absorber l’une dans l’autre ; ni mieux entrelacer l’histoire fugitive des passions humaines et l’éternelle histoire des saisons et des travaux rustiques  Je sais aussi que rien n’est plus charmant que ses jeunes filles ; car, tandis que la campagne les fait simples et saines, la solitude les fait un peu rêveuses et capables de sentiments profonds  La solitude, soit aux champs, soit dans les petites villes silencieuses, nul n’a mieux vu que M. 

614. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

En somme, tradition ou progrès, l’une ne s’établit et l’autre ne se détermine que par la docilité et la crédulité des esprits subalternes, et par la suggestion qu’exercent sur eux quelques esprits supérieurs autour desquels se rangent, en deux camps, les snobs de la nouveauté et les snobs de l’habitude, diversement, mais également dociles, et satisfaits de l’être.

615. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre II : Termes abstraits »

Quand nous disons étendu, signifiant quelque chose détendu, nous voulons dire l’une ou l’autre de ces trois choses : une ligne, une surface, un volume.

616. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Cette fable ancienne, l’une de celles qui renferment le plus grand sens, était une leçon bien instructive pour les républiques grecques.

617. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

On affaiblit l’une en portant l’autre à l’excès.

618. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Il en pouvoit bien douter, dit un prince qui a commandé des armées sur les bords du Danube, et qui, comme Mithridate, a conservé sa réputation de grand capitaine dans l’une et dans l’autre fortune, puisque la chose est réellement impossible.

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