Belin, qui a pour Fernel un culte bien légitime, et à qui l’on a appris les qualités occultes dans sa jeunesse ; mécontent, il renvoie au jeune homme ce mot du xvie siècle : « Ne sus Minervam ». […] [NdA] Cette circonstance de la jeunesse de Gui Patin, dont son dernier biographe paraît vouloir douter, je ne sais pourquoi, est attestée non seulement par Bayle, mais par des contemporains plus directs.
L’abbé Le Grand, oratorien dans sa jeunesse, homme des plus laborieux, mort en 1733, avait passé trente ans de sa vie à former un recueil de toutes les pièces qui se rapportent à ce règne, et il avait composé sur ces matériaux des annales plutôt encore qu’une histoire. […] On devina mieux pour le reste : on dit qu’il aimerait la chasse passionnément ; que les princes, ses parents et ses voisins, auraient beaucoup d’envie et de jalousie contre lui, qu’ils lui susciteraient de fâcheuses affaires, qu’ils lui feraient la guerre ; qu’il serait plus heureux dans sa vieillesse que dans sa jeunesse, etc.
» Il avait raison en un sens, il choisissait bien ses exemples ; mais il avait tort en ce qu’il confondait tous les âges et qu’il ne se figurait pas qu’il avait pu y avoir une belle jeunesse première, une saison d’efflorescence vigoureuse dans la mieux douée des races, se servant de la plus variée et de la plus euphonique des langues, et que sous des conditions uniques il en était sorti toute une poésie et un art primitif, plus voisin de la nature, et qui ne s’est vu qu’une fois : Homère, disait-il avec une sorte de naïveté contente de soi et de son temps et très commune alors, Homère aurait peut-être atteint à la perfection, s’il fût né dans le siècle d’Auguste ou dans le nôtre ; mais né dans des temps où l’art ne s’était point encore montré, n’étant guidé par aucunes règles, éclairé par aucun exemple, on lui doit tenir grand compte de son poème, tout monstrueux qu’il est. […] Je n’ai que le temps de noter de l’abbé de Pons son Nouveau Système d’éducation, sa nouvelle méthode pour former la jeunesse française.
Après avoir jeté un coup d’œil rapide, sur ce corps couvert de haillons, mais riche de jeunesse, ayant le courage des privations et l’expérience acquise par trois campagnes, soit dans les Alpes et les Pyrénées, soit dans la Vendée, il réunit les officiers, se plaça dans le cercle et nous dit : « J’ai suivi avec un grand intérêt les opérations de la dernière campagne, soit en Espagne, soit en Italie ; j’ai applaudi au courage et au dévouement des deux armées. […] Et nous tous qui aimons, qui aimions avant tout en notre jeunesse à être papillons ou abeilles, demandons-nous quelquefois combien il faut de ces hommes-là dans une société pour que d’autres puissent sans inconvénient se livrer à toutes leurs fantaisies, à leurs rêveries aimables (je ne parle que de celles-là) et à leurs poétiques caprices.
Quoiqu’ayant été préfet de police sous l’Empire, il avait, par ses tout premiers antécédents de conseiller dans l’ancien Parlement de Paris sous Louis XVI, par la mort de son père immolé sur l’échafaud et par tous ses liens de famille ou de jeunesse, une teinte royaliste très-suffisante pour figurer sur un très-bon pied dans la Chambre nouvelle. […] Celui-ci le prit alors de très-haut, et me montrant un fauteuil près de la fenêtre dans son cabinet, il me dit un jour : « Il était assis là, Monsieur, et je l’ai fait pleurer. » A ces termes de « mépris » qu’il employait contre Jouffroy, je me permis, malgré mon peu de familiarité avec le haut personnage, de lui dire qu’il me semblait plus que sévère pour une faute de jeunesse, déjà si ancienne.
Nous avons besoin, pour ne pas sourire de pitié à la vue de ces conceptions grandioses, envolées en fumée et pour jamais évanouie, de nous souvenir de cette parole même du marquis de Posa : « Dites-lui, quand il sera homme, de garder du respect pour les rêves de sa jeunesse. » C’étaient en effet de purs rêves, c’étaient des jeux d’enfant sublime que ces scènes de Schiller ; ce sont des monstruosités de grandeur comme se les figure volontiers l’enfance dans ses contes d’ogres et de géants : et la première jeunesse, après l’enfance, est sujette à avoir aussi ses contes d’ogres et de géants au moral.
Il continue : « J’ai été élevé à la Cour d’Auguste, et j’ai passé ma première jeunesse à Varsovie. […] Le comte de Saxe, qui avait de l’imagination, a bien voulu en effet, quoi qu’on dise, essayer d’un traité sur l’Art de la Guerre par manière d’amusement, et ce sont ses jeunesses à lui, juvenilia, c’est un pêle-mêle d’ébauches, de boutades et de réflexions, tantôt hasardées, tantôt judicieuses, qu’il nous a livré dans ces feuilles volantes.
Un homme qui n’en disait pas, André Chénier, adressa, par la presse, une lettre à Thomas Raynal, datée du lendemain 1er juin, dans laquelle il le prenait à partie et lui rendait la leçon que toute jeunesse généreuse qui se respecte a droit de renvoyer à la vieillesse inconsidérée qui s’oublie. […] Malouet, c’est un homme qu’il faut avoir connu. » Je me contenterai de dire la même chose, et je répéterai à la jeunesse sérieuse : « Allez voir M.
Qu’avait-il désiré en effet dans le premier orgueil de la jeunesse ? […] Mais j’ai songé, en parlant si à fond de lui, à autre chose encore ; j’ai tenu surtout, en découvrant sincèrement sa vie et ses pensées, en y introduisant si avant le lecteur, à détruire un préjugé à son égard, à faire tomber une prévention (s’il en existait) dans l’esprit de notre jeunesse militaire française.
La cherté s’est mise sur les Ronsard et les Baïf, qui étaient à vil prix dans notre jeunesse ; et, pour se faire une juste idée des destinées et des vicissitudes bibliographiques de Ronsard, par exemple, il suffit de la remarque suivante, qui est de M. de Sacy. […] On le sait maintenant, grâce aux travaux qui se poursuivent avec ardeur et qui ne remontent guère au-delà de ces trente dernières années : dans le haut moyen âge, époque complète, époque franche, qui, sortie d’un long état de travail et de transformation sociale, avait rempli toutes ses conditions et s’était suffi à elle-même, la langue, la littérature française qui était née dans l’intervalle, qui était sortie de l’enfance, qui était arrivée à la jeunesse (de même que l’architecture, que la théologie, que la science en général et que les arts divers), avait eu son cours de progrès et de croissance, une sorte de premier accomplissement ; elle avait eu sa floraison, son développement, sa maturité relative : poétiquement, une belle et grande végétation s’était produite sur une très-vaste étendue, à savoir l’épopée historique, héroïque.
Ce que c’était qu’être classique au sens où l’avait conçu Du Bellay, et comme on l’a été en France jusqu’au temps de notre jeunesse, nous le savons tous, nous qui y avons passé et qui en avons été témoins ; mais nos neveux, je le crains, ne le sauront plus bien et auront peine à se le figurer dans la juste mesure. […] S’il regrette le temps que l’on perd dans les années de l’enfance et de la jeunesse à apprendre des mots, il est loin (tant s’en faut !)
La pièce intitulée les Étoiles, qui n’a d’ailleurs rien de commun que l’objet éthéré avec la méditation de Lamartine, est un chef-d’œuvre d’élégie idéale, sauf une faute de grammaire au milieu qu’il serait bien aisé de corriger : notre tendre poëte sait mieux en effet la guitare que la grammaire, et il s’est mépris à la règle des quelque 125 Aisément lié par sa promptitude de cœur, sa dévotion pour la poésie et sa jeunesse d’imagination, avec les générations survenantes, M. […] Elles rappellent assez bien celles qui devaient s’échanger à toutes les époques dans les folles parties de jeunesse, du temps de Théophile comme du temps de Bussy, dans les après-midi sous la tonnelle, à la butte Saint-Roch, entre Chaulieu, La Fare et le chevalier de Bouillon.
A un certain moment, la jeunesse s’éloignant déjà et les premiers bonheurs expirés, il s’est dit : Est-ce donc tout ? […] chaque jour enlève à ma jeunesse Ce qu’elle a d’avenir.
Mais ce qui, chez son père, n’avait été qu’une distraction de jeunesse et un goût délassant, devint chez le fils une passion principale, entraînante, une verve durable et continuelle. […] N’y eut-il pas d’autres projets plus spécieux, plus vagues, les rêves grandioses de première jeunesse, ce que les aurores boréales ou la fée Morgane nous peignent dans des mirages trop tôt évanouis167 ?
Puis il eut, comme Jean Servien, comme beaucoup d’écrivains et d’artistes dans notre société démocratique où si souvent le talent monte d’en bas, une jeunesse pauvre, dure, avec des amours absurdes, des désirs démesurés, des aspirations furieuses vers une vie brillante et noble, des déceptions, des amertumes. […] Jeanne est serrée dans son châle noir et Henri porte un crêpe à son chapeau de paille ; mais ils sont tous deux brillants de jeunesse et ils se sourient doucement l’un à l’autre, ils sourient à la terre qui les porte, à l’air qui les baigne, à la lumière que chacun d’eux voit briller dans les yeux de l’autre.
La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale 57 Ce doit être une chose agréable que d’être prince, non pas roi ou empereur (ceux-là ont de trop lourdes servitudes, s’ils ont peut-être des joies d’orgueil plus intenses), mais grand seigneur porteur d’un grand nom historique, prince en retraite dans une démocratie et, si vous voulez, vaguement prétendant. […] Au reste, en dépit des panégyristes officiels, et si nous en croyons Gui Patin, le bruit courut, à Paris, dans les salons, que le duc d’Anguien avait montré trop de jeunesse et que, si le combat s’était terminé à notre avantage, l’honneur en revenait uniquement à M. de Gassion.
Il nous donne tout le spectacle de la vie de Scipion, quand il dit de sa jeunesse : « c’est le Scipion qui croît pour la destruction de l’Afrique » ; hic erit Scipio, qui in exitium Asricae crescit. […] Parce qu’ils ne sont ni du sexe que nous aimons, ni de celui que nous estimons ; d’un autre côté ils peuvent nous plaire, parce qu’ils conservent très long-tems un air de jeunesse, & de plus parce qu’ils ont une voix flexible & qui leur est particuliere ; ainsi chaque chose nous donne un sentiment, qui est composé de beaucoup d’autres, lesquels s’affoiblissent & se choquent quelquefois.
Rien de si délicat, de si nuancé n’avait été écrit sur la fragilité de notre vertu, sur les illusions de nos passions, sur l’ardeur inconsidérée de la jeunesse, sur l’imprudence des parents, sur les effets des bons et des mauvais sentiments. […] La jeunesse même et la naïveté de la langue ajoutent au sel du genre.
Tandis que la jeunesse d’André Chénier était doucement occupée de ces trois amours, la lecture des bucoliques grecs l’avertit de son génie pour l’idylle. […] Dans la jeunesse d’André Chénier, Bertin et Parny en étaient les maîtres.
On s’accorde à dire qu’il était d’une physionomie agréable, d’une taille avantageuse, et qu’il avait été fort bel homme dans sa jeunesse. […] Il s’y sentait comme une fraîcheur de jeunesse et une liberté d’allure qui convenait au début d’une époque émancipée.
Et lorsque, des hauteurs où cette pensée nous transporte, on abaisse ses regards sur l’état actuel de l’Europe, lorsque l’on songe que ce sont ces mêmes cabinets que nous avons vus pendant trente ans si complaisants envers tous les gouvernements nés de notre Révolution, qui ont successivement traité avec la Convention, recherché l’amitié du Directoire, brigué l’alliance du dévastateur du monde ; lorsque l’on songe que ce sont ces mêmes ministres que nous avons vus si empressés aux conférences d’Erfurt qui viennent maintenant, gravement, de leur souveraine science et pleine autorité, flétrir de noms injurieux la cause pour laquelle Hampden est mort au champ d’honneur et lord Russell sur l’échafaud, en vérité le sang monte au visage ; on est tenté de se demander : Qui sont-ils enfin, ceux qui prétendent détruire ainsi, d’un trait de plume, nos vieilles admirations, les enseignements donnés à notre jeunesse, et jusqu’aux notions du beau et du juste ? […] Le concert de l’opinion publique était rassurant alors : l’élite de la jeunesse semblait apporter chaque jour à ce qu’on appelait la bonne cause une force qui n’était pas dépourvue de prudence.
Il est donc démontré que la très grande partie des hommes (et surtout des femmes, dont l’imagination est double) ne saurait être incrédule, et pour ceux qui peuvent l’être, ils n’en sauraient soutenir l’effort que dans la plus grande force et jeunesse de l’âme. […] Homme du roi, conseiller-secrétaire du Commerce, il y juge ou fait juger des cas difficiles : il s’applique, dans les intervalles de sa charge, aux lettres et à l’étude ; il reprend ses anciens écrits de jeunesse pour les revoir, les corriger, en donner des éditions nouvelles : « Ils sont tous en italien ; il y a des dissertations, des vers, de la prose, des recherches d’antiquités, des pensées détachées : cela est bien jeune en vérité, cependant c’est de moi. » Il laisse voir naïvement dans ces choses de l’esprit sa tendresse de père.
Elle s’est regardée et peinte elle-même bien des fois dans cette première attitude et ce premier éclat de jeunesse florissante : Mon front était si fier de sa couronne blonde, Anneaux d’or et d’argent tant de fois caressés ! […] Jouée pour la première fois au Théâtre-Français, le 13 novembre 1847, cette tragédie eut quelques soirs de succès, j’étais à cette première représentation, et j’en jouis encore, ainsi que de toute cette salle brillante, de cette foule d’élite, de cette jeunesse élégante et empressée à un triomphe que personne n’avait le mauvais goût de contester.
Mme de La Vallière est un de ces sujets et de ces noms qui ont toujours jeunesse et fraîcheur en France : elle représente l’idéal de l’amante avec toutes les qualités de désintéressement, de fidélité, de tendresse unique et délicate, qu’on se plaît à y rassembler ; elle ne représente pas moins en perfection la pénitence touchante et sincère. […] Cette cour de Madame n’était que jeunesse, esprit, beauté, divertissement et intrigue.
Les libellistes qui s’attaquèrent à Maury, devenu célèbre, ont ignoblement fouillé dans les années de sa jeunesse et dans les premières circonstances de son séjour à Paris. […] L’auteur, en se remettant à cet estimable travail, s’est évidemment ressouvenu des heures appliquées de sa jeunesse, et il les a recommencées avec charme et avec fruit.
Il y avait l’honneur des armes, la défense patriotique du sol, le vœu fervent d’en repousser les étrangers, l’exaltation subsistante dans une partie de la jeunesse, dans les populations ouvrières des grandes villes et dans celles des campagnes en quelques provinces. […] Il n’y a que quand il a dit : Moi sans la France, que je me suis détaché de lui. » Je rappellerai plus tard des paroles de lui sur Napoléon plus émues et plus semblables aux impressions de sa jeunesse.
Attaché dès sa première jeunesse et sur la fin de la Fronde au prince de Conti, qui se destinait alors à l’Église, il avait été des plus influents dans cette petite cour, s’était rendu l’un des plus utiles agents de la paix de Bordeaux, et avait par là mérité la reconnaissance ou du moins l’estime du cardinal Mazarin, laquelle n’avait pas dû diminuer quand il eut procuré le mariage d’une nièce du cardinal avec le prince. […] Au milieu de ces pièges et de ces écueils qui se rencontrent à chaque pas dans la chambre du prince, Cosnac se ménage, et quelquefois se dérobe et s’abstient avec plus de prudence et de sens qu’on ne pourrait l’attendre d’une si grande et si ambitieuse jeunesse.
. — Il faut que jeunesse se passe. » Voilà le genre. […] Voici la fameuse grotte tapissée de vigne, de cette vigne devenue vierge au cours des années ; voici les mille fleurs naissantes qui émaillent toujours les vertes prairies ; voici le doux nectar, la vie lâche et efféminée, la jeunesse présomptueuse ; voici « le serpent sous les fleurs ».