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1173. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

Si une piece tombe, on peut dire qu’elle seroit tombée de même quand le public entier auroit eu l’intelligence de ces beautez voilées.

1174. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Jusqu’à trente ans passés, elle eut à ses trousses trois professeurs allemands qui la bourraient de philosophie ; qui lui apprenaient, je ne sais en combien de temps, l’exercice… de l’intelligence.

1175. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

qui navrent le cœur de ceux-là qui ne voudraient pas mépriser Louis XVI, que dire et que penser de ce roi de Sardaigne qui a le bonheur d’avoir pour serviteur un Joseph de Maistre, un Mirabeau sans scories, qui n’a, lui, ni dans l’intelligence, ni dans la conscience, ni dans la conduite, l’ombre d’une seule de ces taches dont Mirabeau était constellé, et qui n’écoutait pas cet homme fidèle, au génie toujours prêt pour son service, ou qui le méconnaissait après l’avoir invoqué !

1176. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Otez les fragments des dépêches de Lionne, qui ont leur intérêt, mais qu’on aimerait mieux intégrales que coupées, quelle que soit l’intelligence des ciseaux, et vous n’avez plus rien que les quelques petits verres d’eau de réflexions dont Valfrey les arrose !

1177. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Mais le continuateur, qui vient après lui et reprend en sous-œuvre la création inachevée, doit faire taire en soi sa personnalité, cette personnalité toujours si vive dans les natures d’artistes, et entrer dans la pensée d’autrui avec assez de loyauté, d’intelligence et de profondeur pour y perdre entièrement la sienne.

1178. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

. — L’histoire, pour lui, — dit-il encore, — c’est le travail de l’intelligence examinant le monde des faits et s’y découvrant elle-même ».

1179. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Elle ressemble à ces escaliers de l’Enfer, qu’on ne monte ni ne remonte jamais… Un écrivain de forte intelligence, qui se moque de tout, excepté des faits, Taine, que j’ai loué et que je suis prêt à louer encore, a écrit l’histoire de la Révolution, mais en la prenant par en bas, — dans la boue sanglante où elle s’est vautrée et où elle doit rester dans la mémoire des hommes, et cela fît, si l’on s’en souvient, un assez glorieux scandale… Les scélératesses et les canailleries révolutionnaires sont entassées dans le livre de Taine, à l’état compact, pour entrer, d’un seul coup, dans l’horreur des cœurs bien placés et des esprits bien faits.

1180. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Dominé par le cadre de son sujet, Lavallée n’avait à parler que de la fondatrice de Saint-Cyr et de cette illustre éducatrice qui, pendant de si longues années, y déploya tant d’activité et d’intelligence.

1181. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

Eh bien, ce concours de notre intelligence et de notre volonté, ce consentement éclairé de la liberté à la loi, de l’individu à l’ordre, c’est l’éducation !

1182. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Oui, puisque cette histoire, trop anglaise peut-être pour un Français, — car elle nous fait saigner le cœur de tant de gloire contre nous, — tentait une intelligence assez ferme, assez enveloppée du triple airain pour la raconter, il y avait à la faire très grande, cette histoire, qui vous laisse petit, si vous n’êtes pas aussi grand qu’elle.

1183. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

il faut que l’esprit de corporation soit bien fort pour exiger de pareilles choses d’une intelligence si ferme et si lucide, et qui se paie si peu de préjugés.

1184. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

puisque cette histoire, trop anglaise peut-être pour un Français, — car elle nous fait saigner le cœur de tant de gloire contre nous, — tentait une intelligence assez ferme, assez enveloppée du triple airain pour la raconter, il y avait à la faire très grande, cette histoire, qui vous laisse petit si vous n’êtes pas aussi grand qu’elle.

1185. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

— signifie sagesse, n’a plus de sagesse à l’extrémité d’une vie folle que de vivre en bonne intelligence avec les femmes que ses anciens amants ont épousées ; n’ayant plus même l’énergie ou la délicatesse d’une jalousie qui reste quelquefois aux femmes les plus perdues ; pourrie de cœur dans un corps pourri, — ce qui n’étonne guères dans une courtisane, — mais pourrie jusque dans son esprit même, cet esprit par lequel elle avait bien plus régné que par son corps et que MM. de Goncourt voudraient nous faire croire immortel !

1186. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Esprits d’une civilisation si complètement différente avec des habitudes et des mœurs qui pénètrent jusque dans ce que l’intelligence a de plus impersonnel et de plus intime, nous ne pouvons chercher dans les livres comme celui-ci que ce qui est universel par le sentiment humain et par la beauté.

1187. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Il lisait d’ailleurs, comme on lit quand on n’a que très peu de livres, avec une mémoire qui retient tout et une intelligence avivée par le besoin et devenue intuitive, qui devine ce qui manque et dégage l’inconnue de l’équation.

1188. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Quoi qu’il en soit, elles frappent sa préface d’une lueur funeste, car elles en font soupçonner la moralité ou l’intelligence.

1189. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

L’auteur de l’Énigme d’Alceste, qui est plus janséniste à sa façon que l’Alceste janséniste qu’il invente, a de l’intelligence historique.

1190. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Comparez cette variété d’intelligences qui représentent, sous les noms de Daniel Darthès, de Michel Chrétien, de Canalis, de Bianchon, de Nathan, de Bixiou, de Blondet, etc., chacun un degré de l’esprit humain et de la civilisation parisienne, et mettez-les à côté des cinq gringalets pervers de MM. de Goncourt, Mollandeux, Nachette, Couturat, Malgras et Bourniche, ces gamins grandis et pourris sur leur tige de voyou (un mot de messieurs de Goncourt !).

1191. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Il a l’abaissement, qui le met au niveau de l’intelligence vulgaire.

1192. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Ni en force, ni en intelligence, ni en courage nous ne sommes tous égaux ; à peine même peut-on dire que nous le soyons en besoins. […] J’ajouterai seulement que si, comme Vinet en fait la remarque à bon droit, « l’intelligence et le développement de l’esprit ne sont pas des gages tout à fait assurés de l’individualité », réciproquement, d’être soi, seul de sa race et seul de son espèce, ce n’est pas non plus une garantie du développement de l’esprit ou de l’intelligence. […] Et ils voudraient qu’on écrivît, comme ils disent, le roman de « l’intelligence », le roman du « savant » ou celui de « l’artiste », le roman de « l’inventeur » ou celui du « financier » ! […] ont introduit entre eux d’inévitables diversités ; et, d’un homme à un autre homme, n’est-il pas vrai de dire que, tandis que l’intelligence ou la volonté diffèrent surtout en degré, c’est vraiment en nature que les sensibilités se distinguent ou s’opposent ? […] et, d’y faire consister leur originalité, n’est-ce pas changer les vrais noms des choses, confondre la fièvre avec l’inspiration, « la surexcitation cérébrale » morbide avec le fonctionnement normal de l’intelligence ?

1193. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Le mysticisme entre comme une fumée dans les parois surchauffées de l’intelligence qui craque. […] Michelet chez nous est le meilleur exemple de cette forme d’intelligence, et Carlyle est un Michelet anglais. […] Il se rattache, comme eux, toutes les grandes œuvres de l’intelligence contemporaine. […] Il y vit et il y doit vivre en communion quotidienne… Il vient du cœur du monde, de la réalité primordiale des choses ; l’inspiration du Tout-Puissant lui donne l’intelligence, et véritablement ce qu’il prononce est une sorte de révélation1454. » En vain l’ignorance de son siècle et ses propres imperfections altèrent la pureté de sa vision originale ; il atteint toujours quelque vérité immuable et vivifiante ; c’est pour cette vérité qu’il est écouté, et c’est par cette vérité qu’il est puissant. […] La primauté du génie, du goût et de l’intelligence a réduit l’Italie, au bout d’un siècle, à l’inertie voluptueuse et à la servitude politique. « Qui fait l’ange fait la bête », et le parfait héroïsme, comme tous les excès, aboutit à la stupeur.

1194. (1925) Dissociations

C’est tout le corps qui parle et il parle un langage délicat sensible seulement à l’intelligence. […] L’intelligence ne préserve pas d’une certaine crédulité. […] Cela prouve qu’on est doué d’une intelligence pareille à celle des enfants ou à celle des sauvages. […] Regarder demande un effort et une intelligence qu’ils n’ont pas. […] Nationalisme Il est naturel qu’une nation soit nationaliste, qu’elle se préfère aux autres nations, qu’elle se fasse l’illusion de leur être supérieure en vertus sociales, en intelligence, en manières.

1195. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — Emploi des composés mentaux pour l’intelligence des composés réels. — Conséquences. — L’application des lois mathématiques et mécaniques est universelle et forcée. — Réfutation de Stuart Mill. — Tous les nombres, formes, mouvements, forces de la nature physique sont soumis à des lois nécessaires. — Très probablement tous les changements physiques dans notre monde, et probablement tous les changements au-delà de notre monde se réduisent à des mouvements qui ont pour condition des mouvements. — . […] Récapitulation des preuves inductives qui nous font croire au principe de raison explicative. — Inclination naturelle que nous avons à l’admettre. — Emploi qu’en font les savants pour induire. — Opinion de Claude Bernard. — Opinion d’Helmholtz. — Explication de cette croyance par la structure innée de notre esprit. — Autre explication. — Analogie de ce principe et des axiomes précédemment démontrés. — Il est probable qu’il peut être comme eux démontré par analyse. — Démonstration. — Identité latente des termes qui renoncent. — Limites de l’axiome ainsi démontré et entendu. — Le principe de l’induction et l’axiome de cause en dérivent. — Conséquences de l’axiome de raison explicative. — Pour qu’il soit appliqué, il faut l’intervention de l’expérience. — Cas où l’on peut se passer de cette intervention. — Comment on peut poser le problème de l’existence. — Possibilité de la métaphysique. — Résumé sur la structure de l’intelligence. […] Nos yeux ne peuvent percevoir l’étendue que comme colorée ; de même, notre intelligence ne peut concevoir les faits que comme explicables. […] Il y en a une pour chacun des axiomes mathématiques ; tous exercent sur notre esprit le même ascendant que l’axiome de raison explicative ; et cependant nous les avons démontrés ; nous avons fait voir qu’ils ont un fondement dans les choses ; qu’ils sont valables non seulement pour nous, mais en soi ; que leur empire est absolu non seulement sur notre intelligence, mais encore sur la nature ; que, si les deux idées par lesquelles nous les pensons sont forcément liées, c’est que les deux données qui les constituent sont aussi forcément liées, et que, si la contrainte éprouvée par notre esprit en leur présence a pour cause première notre structure mentale, elle a pour cause dernière l’ajustement de notre structure mentale à la structure des choses.

1196. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Dimanche 18 janvier On vivrait mille ans, qu’un homme doué d’une intelligence travailleuse, le jour de sa mort, s’apercevrait qu’il n’a pas fait la moitié de tout ce qu’il voulait faire. […] Une jeunesse hostile à l’Empire avait cru à deux choses chez les hommes nouveaux : à un relèvement de l’intelligence, à un relèvement de la morale, — et malheureusement, il faut bien reconnaître, que chez les gouvernants de l’heure présente, l’intelligence et la morale sont peut-être encore inférieures à l’intelligence et à la morale des gens de l’Empire.

1197. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

. — Non… et cependant, tenez… sous un régime monarchique c’était logique, mais sous un gouvernement républicain, l’ironie de la chose est vraiment amusante pour un sceptique… Mais examinons de haut la question… Nous avons comme président, un président qui peut être un parfait honnête homme, mais qui est la personnification du néant, et qui n’a dû sa nomination qu’à la constatation par tous de ce néant, et par là-dessus c’est un président très pudibard… Maintenant nous avons une Chambre qui est la représentation de la médiocratie intellectuelle de la province… car à l’heure qu’il est, Paris est sous le joug de l’obscurantisme des prétendus grands hommes de chefs-lieux… Autrefois, du temps où il y avait plus de Parisiens à la Chambre, il y en avait certes de médiocres dans le nombre, mais le Parisien médiocre ressemble un peu à nos jeunes gens sans grande intelligence de la diplomatie, qui au bout d’un certain nombre d’années, par la fréquentation de l’humanité supérieure des grandes capitales ou ils passent, ont dépouillé quelque chose de leur médiocrité. […] Et à propos de la révolution opérée dans les esprits, Daudet cite ce fait curieux, c’est qu’autrefois la classe chic des humanités françaises était la classe de rhétorique, la classe des professeurs en vue et des élèves destinés à un grand avenir, tandis que depuis la guerre avec l’Allemagne, c’est la classe de philosophie qui possède les intelligences du moment, et les professeurs faisant du bruit, comme Burdeau. […] Le jeune homme, sans aucun amour pour elle, sans occupation dans sa vie, a l’idée, avec l’assentiment du mari, d’en faire quelque chose, de lui apprendre à lire, de lui donner quelque instruction, et là dans l’éclaircie de son intelligence, il songe à placer la phrase qu’il a entendu dire à la mère de Mistral, après une lecture de son fils : « Je n’ai pas tout compris, mais j’y ai vu une étoile. » Là-dessus arrive passer une semaine chez lui, une ancienne maîtresse, une actrice de boui-boui qui fait éclater la jalousie de la femme du garde de marais, qui aime inconsciemment, et un jour se refuse à préparer les plats du Nord que veut manger l’autre. […] Daudet, là-dedans, voudrait montrer l’intelligence apportant le malheur dans un intérieur tout aimant, tout heureux.

1198. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Quelque mépris qu’on ait pour l’ordre social présent et ses soutiens, on ne saurait accepter l’oubli où persiste de demeurer ce chercheur d’inconnu, que comme une injure personnelle à l’Intelligence. […] Il était facile de deviner, en effet, sous la pâte douce et tranquille cette confidence, un levain de liberté donnant lieu à des intuitions de l’intelligence, à des étincellements de l’esprit, à des boutades de l’imagination auxquels les nouveaux romanciers, orientés vers une sorte d’élégie sociale, étaient étrangers. […] Nous assistons, au contraire, à une manifestation particulièrement complexe de « l’esprit », au sens où ce mot ne représente pas seulement la spiritualité pure ni seulement l’intelligence comique des choses, mais une étrange inspiration énigmatique et ardente dans laquelle les deux se confondent, provoquant parfois des accès de mysticisme en un langage dépouillé, et parfois un bombardement de notes, notules, pointes, points de vue, mis en valeur et aiguisés au moyen des parures, torsions, danses et inventions de mots, les plus adroites et les plus artificieuses. […] Songez qu’il vient de nous donner la Défense de Tartufe, où proses et vers sont entremêlés, rivalisent à confronter et affronter, à l’intérieur de ce cœur d’enfant à qui l’intelligence ne laisse point de trêve, les plus roués et séduisants témoins et le dieu le plus beau.

1199. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

De nos jours, les esprits aristocratiques n’ont pas manqué, qui ont cherché à exclure de leur sphère d’intelligence ceux qui n’étaient pas censés capables d’y atteindre : de Maistre, par nature et de race, était ainsi ; les doctrinaires, les esprits distingués qu’on a qualifiés de ce nom, ont pris également sur ce ton les choses, et par nature aussi, ou par système et mot d’ordre d’école, ils n’ont pas moins voulu marquer la limite distincte entre eux et le commun des entendements.

1200. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Ne rencontrant sur la scène politique, après la chute du parti dominateur, que d’anciens partis déjà vaincus et presque épuisés, il courait risque de se blaser, pour ainsi dire, et de ne plus voir son sujet avec la même netteté d’intelligence, la même franchise de patriotisme.

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