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1342. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On le vit s’ouvrir une nouvelle carrière, créer un genre dont on n’avoit point d’idée. […] Le sentiment & l’émotion continuelle, qui font le grand mérite de cette pièce, lui paroissoient choquer les premières idées du comique. […] L’idée de faire des spectateurs tout à la fois des Héraclites & des Démocrites, divertissoit les censeurs : mais les enthousiastes de cette idée la jugeoient lumineuse, & l’ouvrage du génie : ils la défendoient avec zèle. […] L’idée de ces deux essais philosophiques mérite d’être applaudie, mais elle est mal exécutée. […] Peut-être même les avons-nous effacés dans le genre dont ils nous ont donné l’idée.

1343. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

L’idée s’incrustant de devenir le premier c’est une folie de surenchère qui se manifeste. […] Une certaine suite dans les idées et dans leur exécution qui les caractérise est encore insuffisante. […] Les Dadas ne coordonnent donc plus selon une syntaxe directrice le sens des mots pour organiser les idées. […] Les idées de J. […] Poésie, roman, idées, 2e édition revue et augmentée, Paris, Armand Colin, 1928, p. 27).

1344. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

La France est un pays tellement généreux que l’idée d’exil l’empêche de juger un homme littéraire, que cela l’attendrit, que cela l’arrête, même quand il ne s’agit, comme aujourd’hui, que de se prononcer sur un suicide en littérature ! […] Hugo, et pour nous c’est d’une simplicité terrible et d’une logique prévue que le poète soit traîné, par les idées dont il est l’esclave, au panthéisme, à la métempsychose, à la prostitution de Dieu à ses créatures, à toutes ces folies, enfin, qui sont les folies communes. […] Ce que dit la Bouche d’Ombre, les Mages, Ce que c’est que la mort, et vingt autres pièces du même genre, doivent être lues dans leur entier, pour qu’on puisse se faire une idée exacte de cette écrasante incompréhensibilité à laquelle M.  […] Dans ce volume, l’artiste périt défiguré, enflé, énorme (le mot qu’il aime le plus et qui le peint le mieux), il meurt d’une hémorragie de mots sans idées ! […] Victor Hugo reprend-il son génie parce qu’il abandonne les idées auxquelles il l’avait donné à dévorer, comme Oreste son cœur aux serpents des Furies ?

1345. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

C’est que l’art naît, ne peut naître que dans l’esprit : l’idée, la conception avant tout. […] Sans doute la part du spectacle y dut être considérable, dont nous ne pouvons pas nous faire la moindre idée aujourd’hui. […] Il s’est fait une idée de l’art qui compose avec la matière. […] Ainsi le veut la vie… Non, la thèse d’un partisan aux idées courtes et sommaires. […] Je ne dis pas que mes pièces sont bonnes ; je dis que mon idée est bonne ; d’autres la reprendront et feront mieux.

1346. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Ce père énergique était en plein, on le voit assez, dans les principes et les idées philosophiques du xviiie  siècle. […] Il fit une année de mathématiques ; s’il eut un moment l’idée d’entrer à l’École polytechnique, il n’y donna pas suite. […] On avait de lui la plus haute idée. […] Notez qu’en traduisant ainsi tout un chant, là où cinquante vers eussent suffi pour donner une juste idée aux lecteurs, M.  […] Littré a consacré à l’Histoire de la vie et des idées d’Auguste Comte n’a pas tardé à paraître.

1347. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Il se dédommagea de cette inaction forcée par quelques-uns de ses premiers et de ses plus beaux poèmes, et cette vue des Pyrénées hâta peut-être aussi l’idée du roman de Cinq-Mars. […] L’idée de rivalité (je n’ose dire d’envie) se glissa dès lors dans son esprit et n’en sortit plus. […] L’idée lui faisait nuage et lui cachait tout. […] Et pourtant je n’ai jamais pu entrer dans cette idée, dans ce mode de prédication et d’apostolat où donna M. de Vigny à partir d’un certain jour. […] L’idée y est supérieure à l’exécution ; la pièce paraît longue, et un peu d’ennui s’y glisse.

1348. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Tout cela dépend de l’idée qu’on s’est faite de la poésie française. […] Il n’y a que les idées générales qui enfantent les arts et qui fassent marcher les nations. Le progrès était donc d’intéresser les esprits à des idées générales. […] Jean de Meung explique certaines choses de son temps par la sagesse des anciens ; il nourrit ses propres idées des leurs. […] Novateur dans les idées, Villon ne l’est pas moins dans la forme ; l’un emporte l’autre.

1349. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Je ne suis pas surpris que l’empereur Napoléon, lisant Charles XII dans sa campagne de 1812, n’ait été ni satisfait de la science militaire de l’historien, ni ramené aux idées de paix par ses conseils pacifiques. […] Habitué à ne voir la pensée que noblement vêtue, peut-être lui arriva-t-il quelquefois de prendre le plaisir que faisait son style pour la mesure de ce que valaient ses idées. […] Si la pompe consiste à n’avoir pas l’air dégagé qu’affectait alors le style, ni cette courte phrase appropriée à la propagation rapide des idées comme à l’attention distraite des esprits, soit ; Buffon est pompeux. […] Quand nous pensons au travail de l’abeille, nous avons d’abord l’idée d’un choix fait, parmi toutes les fleurs, de celles qui donnent le miel ; puis l’idée d’un travail dont le profit est pour les autres. […] Choix sans méprise, travail désintéressé, ces deux idées sont inséparables de l’idée d’abeille.

1350. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

L’Impératrice tient absolument à son idée. […] Tout jeune, il s’est senti le vouloir d’être peintre, mais les idées provinciales de son père ne lui ont permis que de prendre une carrière, avoisinant cet art : l’architecture. […] C’était une espèce d’afflux d’idées et de formules, s’engorgeant à tel point, qu’il était quelquefois, au milieu de son travail, obligé de lâcher la plume. […] pour cela, dit-il, mes idées sont complètement changées. […] J’y ai vécu une heure, enlevé aux choses et aux idées de la terre, dans une griserie de grandiose, d’altitude, de sublime, d’oxygène.

1351. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

C’était cependant une idée heureuse que de mettre un quart de siècle entre soi et un homme pour le louer, quoiqu’il faille souvent davantage pour donner à la pensée le sang-froid nécessaire à la justice. […] C’est à cause de cela, sans doute, que les hommes qui l’ont lu autrefois et qui ne sont pas revenus à sa lecture, s’imaginent qu’il a dû passer comme le temps et comme eux ; l’idée de la jeunesse étant éternellement liée dans l’esprit des hommes à l’idée contraire. […] La première édition de Luther donna mieux que les autres ouvrages l’idée de la notion intrépide qu’Audin — cet esprit si délicat pourtant  — avait de l’histoire. […] Après avoir écrit le mot Civilisation avec la béate confiance d’un moderne, il en place l’idée dans le développement des lettres et des arts, et la diffusion des connaissances. […] Tracer le tour du xvie  siècle de personnalité en personnalité, — de biographie en biographie, était une idée qu’Audin eût complétée s’il avait vécu.

1352. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

que savons-nous du travail intérieur qui accompagne la naissance et le développement d’une idée ? […] C’est l’idée moderne, l’idée anglaise, de l’aristocratie qui ne voit dans l’orgueil des ancêtres qu’un engagement d’honneur à l’excellence en toutes choses. […] Quelle idée poétique ! […] Comme par enchantement, l’idée du progrès s’empare de tous les esprits. […] L’idée de la métamorphose ?

1353. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

Tant qu'on aura parmi nous l'idée de la belle Poésie, & le goût des véritables beautés, Rousseau sera regardé comme le Génie le plus étonnant que notre Nation ait produit. […] Les Italiens, à la vérité, s'étoient exercés avant lui dans la Cantate ; mais en les imitant, il les a si fort surpassés par la justesse du plan, les graces du récit, le coloris des images, la richesse des descriptions, la vivacité d'une poésie toujours harmonieuse, qu'on peut l'en regarder comme le créateur, en oubliant ceux à qui il en doit la premiere idée. […] Nous pourrions nous dispenser d'ajouter au mérite de Rousseau, l'idée des talens qu'il montra pour le Théatre.

1354. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre X »

Elle serait chargée de baptiser les idées nouvelles ; elle trouverait les mots nécessaires dans le vieux français, dans les termes inusités, quoique purs, dans le système de la composition et dans celui de la dérivation. […] Deschanel observe que mièvre, émérite, truculent, ne disent plus les mêmes idées que voilà un ou deux siècles  ; mais c’est l’histoire même du dictionnaire. […] Il vaut mieux, à tout prendre, renoncer à l’expression d’une idée que de la formuler en patois.

1355. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

D’un autre côté, que madame de la Fayette fût de l’hôtel de Rambouillet et portât des jupons musqués de peau d’Espagne, la quintessence du goût dans une si délicate créature ne pouvait aller jusqu’au faux et au violent, et l’aurait, à ce qu’il nous semble, empêchée d’écrire l’épisode de la chemise, au madrigal sanglant, qui touche à l’impudeur, et qui est bien plus une idée du temps d’Henri IV qu’une idée du temps de Louis XIV. […] Si, comme nous le croyons, c’est un bon bâton de longueur pour mesurer la grandeur de l’homme que son aptitude à la métaphysique, Soulié, qui était investi de dons d’organisation formidables, aurait pu, en s’y appliquant, traiter les idées comme il traita les passions et les caractères.

1356. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Au fond, le drame, comme toute œuvre d’art, ne fait que rendre sensible une idée profonde de l’homme et de la vie ; il y a une philosophie cachée sous ses enroulements et sous ses violences, et le public doit être capable de la comprendre comme le poëte de la trouver. […] Un nouvel esprit naissait et renouvelait l’art avec le reste ; désormais et pour un siècle, les idées s’engendrent et s’ordonnent par une loi différente de celle qui jusqu’alors les a formées. […] Il oppose les idées aux idées, et les phrases aux phrases, pour que le lecteur, guidé par le contraste, ne puisse dévier de la route tracée. […] Les idées plus serrées, les oppositions plus marquées, les images plus hardies, ne font qu’ajouter de l’autorité au raisonnement. […] L’accent vrai, les idées neuves ont paru ; Dryden, écrivant à son cousin, gentilhomme de campagne787, a rencontré une matière anglaise et originale.

1357. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Jugez ce qu’il put accumuler en lui d’impressions, de sentiments et d’idées. […] Le débauché lui-même, qu’aime-t-il, au bout du compte, sinon une « idée » de plaisir dont il cherche la réalisation ? […] Vous verrez que, d’un bout à l’autre, l’idée et l’image s’y entrelacent mollement, mais inextricablement. […] Deschanel écrit : « Les idées de Lamartine sont inconsistantes ; elles flottent à tous les vents du siècle. […] Le cantique de Lamartine exprime, avec une splendeur devant quoi tout pâlit, une idée analogue.

1358. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Mais l’expression n’est pas un objet sensible qui existe hors de notre esprit comme la forme : elle n’a rien de concret : c’est une idée pure, et non pas même l’idée d’un objet et d’un être réel, mais l’idée d’une simple relation entre le sentiment ou la pensée et ce qui les traduit. […] Mais cette idée est traduite par une image qui est des plus sensibles. […] Je tâche de me faire une idée nette du Dieu Hom, ce qui n’est pas facile. […] Idée si vive, qu’elle résiste aux pires aberrations. […] Que cela soit dit aussi : car je n’ai jamais eu l’idée de faire un plaidoyer quelconque.

1359. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Vous avez des idées nouvelles, j’y consens. […] Je n’ai pu supporter l’idée de votre déshonneur. […] Çà, c’est une idée du vieux Dupalet. […] J’ai cru l’entrevoir, l’idée de MM.  […] Mais je dois dire que les idées de M. 

1360. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Cette idée d’un théâtre national et populaire domine encore les œuvres suivantes du Maître. […] Mais déjà son idée de l’œuvre d’art s’est complétée par la considération du public idéal. […] La description wagnérienne est aussi un moyen à d’autres objets ; le Maître a vu que l’émotion n’était jamais en nous homogène, ni constante ; sans cesse, en nos douleurs les plus vives, des idées surviennent, tel souci étranger ; et, par des thèmes presque matériels, descriptifs, Wagner a coupé la musique lyrique, pour faire comprendre que l’idée reparaît, coupe l’émotion. […] Wilder définit, exactement et clairement, l’idée artistique wagnérienne ; c’est une explication juste, aisée et utile. […] Fétis est connu comme adversaire de l’idée wagnérienne ; néanmoins, son jugement, avec beaucoup de réserves, est favorable.

1361. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Féval, qui a pris la succession d’Alexandre Dumas et qui aurait été, s’il l’eût voulu, assez riche de sa fortune personnelle, Féval pourrait se garder des dangers de la production trop facile en portant et en creusant longtemps ses idées, et surtout ! […] Au fond, ce n’est qu’un roman d’aventures, enté sur une idée superstitieuse que la haute raison des temps modernes a pu fouler de son pied superbe, mais n’a pas arrachée encore de l’esprit humain, qui impertinemment lui résiste. […] L’idée, il l’avait. […] L’idée d’écrire l’histoire de la Compagnie de Jésus enflammait son esprit hardi, amoureux du danger, et, qu’on me permette l’expression ! […] Les chapitres du livre, qui ressemblent à des fermoirs d’or s’ouvrant et se refermant sur le récit, donnent une idée de ce qu’il y a ici d’intéressant et de grandiose.

1362. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Il ne faut pas qu’on s’y trompe, le titre ne donne pas une idée précise du livre ; bien qu’il soit d’un grand et vif intérêt, il n’a que très peu d’analogie avec ce que nous appelons ordinairement Mémoires. […] On doit bien croire qu’un règne qui avait duré près de vingt-cinq années détournait efficacement de l’idée de nommer un successeur qui pouvait vivre aussi longtemps. […] Cette circonstance nous fournit la plus opportune occasion de nous servir de lui pour faire naître dans l’esprit du cardinal chef de ce parti les idées que nous venons d’expliquer tout à l’heure. […] Et pour parler d’abord de ce qui regarde le prélat secrétaire, il alla sans retard, comme on l’y avait autorisé, communiquer ses idées au cardinal Braschi. […] Il lui communiqua ensuite l’idée qu’il avait conçue d’agir auprès des deux premiers compétiteurs et des cardinaux de son parti pour l’exaltation du cardinal Chiaramonti, dès qu’il compterait avec certitude sur l’actif appui de ceux du parti Bellisomi.

1363. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Est-ce dans les idées ? […] … Il n’y a rien là, quoi qu’on en dise, de contradictoire à l’idée du Dieu parfait. L’idée est ténébreuse, mais nullement absurde. […] Nous allons vous en donner une idée sommaire dans l’examen des livres sacrés et des poèmes primitifs de ce premier des peuples littéraires. […] De l’utopie avec les idées, passe encore ; mais de l’utopie avec la nature !

1364. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Enfin, — et par rapport à la rapidité de succession des idées ou des formes d’art dans nos littératures modernes, dans nos littératures contemporaines surtout, — l’immobilité de la littérature du Moyen Âge en fait un dernier caractère. […] C’est ainsi que dans cette Europe naguère encore étroitement unie, les nationalités se forment, par agglomération du semblable au semblable, par une espèce de groupement autour de quelques idées ou de quelques sentiments que l’hérédité transformera plus tard en caractères de race. […] Mais, à coup sûr, nous ne pouvons pas ne pas lui être reconnaissants de nous avoir appris à « composer » ; et là, comme on le sait, dans cet équilibre de la composition, dans cette subordination du détail à l’idée de l’ensemble, dans cette juste proportion des parties, là sera l’un des traits éminents et caractéristiques de la littérature française. […] Il est d’abord comme entendu que l’on n’écrira pas en français pour écrire, mais pour agir ; et que cette action aura pour objet la propagation des idées générales. […] et qui jamais a eu l’idée d’y voir de la « littérature » ?

1365. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

J’aurai soin d’indiquer successivement le petit nombre d’idées analogues déjà formées et d’en faire apprécier l’importance, à mesure que le développement naturel de ce cours les présentera. […] Par le second, on présente le système des idées tel qu’il pourrait être conçu aujourd’hui par un seul esprit, qui, placé au point de vue convenable, et pourvu des connaissances suffisantes, s’occuperait à refaire la science dans son ensemble. […] Sans doute, les idées ne sont pas encore suffisamment fixées sur la manière générale de concevoir les phénomènes des corps vivants. […] N’oublions pas que, dans presque toutes les intelligences, même les plus élevées, les idées restent ordinairement enchaînées suivant l’ordre de leur acquisition première ; et que, par conséquent, c’est un mal le plus souvent irrémédiable que de n’avoir pas commencé par le commencement. Chaque siècle ne compte qu’un bien petit nombre de penseurs capables, à l’époque de leur virilité., comme Bacon, Descartes et Leibnitz, de faire véritablement table rase pour reconstruire de fond en comble le système entier de leurs idées acquises.

1366. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Il serait bon d’examiner, à cet égard, les idées de M.  […] Cet exemple suffit pour nous donner une idée a-la-fois et de l’union intime de la langue écrite avec la langue parlée et de la séparation de ces deux langues. […] Il ne peut parvenir à voir dessous ce voile, quoiqu’il l’eût percé de toutes parts avec les lumières d’un sens si parfaitement droit et religieux ; tant est puissante la préoccupation d’une première idée ! […] Je ne discuterai point les idées de M.  […] Je suis loin d’avoir ce qu’il faudrait de science pour me livrer à un tel travail ; mais la simple exposition du système auquel ces idées ramènent suffira, je crois : nous ne tarderons pas d’y arriver.

1367. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Quand le livre a paru, quelques optimistes, à la lecture des premières pages, qui sont réellement belles et qui paraissent justes, avaient vu là une si étonnante modification dans les idées présumables de M.  […] Ils voulaient des faits, avant tout, le fait décrit scrupuleusement, le fait sans idée, — parce qu’ils n’ont pas une idée, ces pauvres diables de cerveaux ! […] … C’est bien de la politique aveugle et idiote qui déchaîne les hommes de cette heure, mais ce n’est pas l’idée politique qui les fait agir ! […] Le Journalisme qui parla de lui était trop superficiel pour discuter ses idées, et on le laissa dans ses systèmes comme si on eût craint d’y toucher. […] Seulement, il est très difficile à la Critique de donner une idée complète d’un genre d’histoire qui n’a pas d’analogue dans la littérature historique… Le livre de M. 

1368. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Par la force de l’idée divine déposée en lui par son fondateur, il s’est reconstitué peu à peu, comme les tronçons d’un corps saignant et dispersé qui se rejoindraient par miracle. […] Les idées d’Antonelli sont restées comme l’opinion du Saint-Siège. […] Idée juste d’une haine qui savait calculer, et qui explique ces préliminaires de l’expulsion que l’abolition devait suivre. […] Les idées de désordre qui rongeaient l’Europe avaient gagné jusqu’au conclave. […] Son âme trop sèche n’avait pas le sentiment des idées religieuses, mais, même en dehors de ces idées, si l’on peut s’y mettre par hypothèse en parlant de l’Institut de Loyola, cet Institut n’est-il pas avec la République romaine et le gouvernement anglais depuis Cromwell, les trois plus belles choses qu’on ait jamais vues sur la terre ?

1369. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

C’est pourtant du point de vue ecclésiastique exclusivement que La Mennais juge les affaires, et il est douteux que, si ses idées eussent été suivies, le régime politique d’alors s’en fût mieux trouvé : il n’eût excité qu’un peu plus d’animadversion et de colères. […] C’est peut-être la plus raisonnable bête de tout le pays. » Puis, sautant d’une idée à l’autre : « La tranquillité dont on jouit ici est l’image la plus ressemblante du bonheur : on voit qu’elle est de la famille. […] Toutes les vertus que possède l’abbé Carron ravissent son cœur, et les qualités même qu’il n’a pas, ses limites du côté des idées du siècle et dans l’ordre de l’intelligence philosophique, lui semblent une vertu de plus, un signe de perfection et d’avancement dans la ligne évangélique. […] Après cela il est à croire qu’il se trompait, même en se ravisant et en se créant en idée après coup une autre vie plus heureuse. […] Je fais tout ce que je puis pour lui rendre un peu de force et d’espérance, mais j’ai des idées et une façon de voir si différentes des siennes, que je m’y prends sans doute fort mal ; et puis on ne calme pas l’eau agitée en y trempant la main.

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