Le goût des arts était tellement universel à cette époque en Italie, qu’un tombeau de marbre, sculpté par la main d’un Phidias moderne, paraissait un monument suffisant à tout un règne et que les papes, à l’exemple des Pharaons, croyaient construire eux-mêmes leur mémoire en construisant, dès leur couronnement, leur sépulcre.
que m’importe à moi, si je n’en sens pas le goût ?
Le goût moderne juge monotones ces plaintes redoublées, ces longs chants de deuil.
Elle avait le don rare d’entrer, de s’asseoir, de se parer dans le goût suprême.
Même il fallait que la division du travail eût déjà commencé d’exister pour que l’utilité en fût aperçue et que le besoin s’en fit sentir ; et le seul développement des divergences individuelles, en impliquant une plus grande diversité de goûts et d’aptitudes, devait nécessairement produire ce premier résultat.
En tout cas, dans cette espèce de cour que Fouquet tenait à Saint-Mandé, qu’un peu plus tard il tint à Vaux, La Fontaine trouva une société tout à fait faite pour lui, tout à fait de son goût.
Il y a une fameuse phrase de Diderot, que de plus secs que moi — et de ce meilleur goût littéraire qui m’a toujours paru une pauvreté — trouvent amphigourique et prétentieuse, et qui est très intelligible et très simple quand il s’agit de Daudet.
. — Non, reprit l’autre, je te prendrai ce que je voudrai, à mon heure et à mon goût ; mais sache que tu n’en seras pas quitte. » Depuis ce temps, le sous-diacre semble un échaudé ; il erre comme une ombre. « Le cœur me fond dans la poitrine, me disait-il l’autre soir ; ce brigand-là m’a jeté quelques mots bien cruels. » — Votre sous-diacre doit être bien bête. […] Le retour d’Ivan Pétrovitch ne fut nullement de son goût ; tant qu’il fut chez la princesse Koubensky, elle pouvait s’attendre à hériter de la moitié des biens paternels : son avarice était un trait de plus qu’elle tenait de sa grand-mère.
Au milieu de ceps, tout chargés de raisins noirs, j’aperçois la cravate blanche du vieux Blaisot, du doyen des marchands d’estampes, du descendant du libraire ayant son étalage, pendant le xviiie siècle, au bas du grand escalier de Versailles, du dénicheur de goût, auquel mon frère et moi, avons acheté de si beaux dessins de l’école française. […] Pour moi, quant à mon goût personnel, je suis comme vous, j’aime mieux nos vieilles rues… » Quelqu’un ayant prononcé le mot de « grandes artères ». « C’est vrai, jette-t-il au divan, ce gouvernement n’avait rien fait pour la défense contre les étrangers, tout avait été fait pour la défense contre la population ! […] Cela m’intriguait de trouver une si grande pièce dans sa petite maison, et encore de découvrir au critique un goût que je ne lui connaissais pas.
On voit dans les fragments (à la suite de l’Histoire de Port-Royal, par Racine) que Nicole était plus au goût de Mme de Longueville qu’Arnauld, comme plus poli en effet, plus attentif.
Milton, dans son Paradis perdu, nous représente les anges déchus, dont Satan est le chef, les Esprits rebelles et précipités dans l’abîme, qui se livrent encore dans leurs tristes loisirs à leurs anciens goûts favoris ; et quelques-uns d’entre eux et des plus distingués, dit le poète, « assis à l’écart sur une colline solitaire, s’entretiennent en discours infinis de pensées élevées et subtiles, ils raisonnent à perte de vue de providence, prescience, volonté et destin : destin fixé, volonté libre, prescience absolue, et ils ne trouvent point d’issue, ajoute le poëte, perdus qu’ils sont dans ces tortueux dédales. » N’imitons pas ces anges sublimes et déchus.
Alphonse avait dû éprouver en abandonnant ce petit asile où son âme était née avec son goût en lisant pour la première fois Fénelon.
On ne la reprendra point par goût mais par force.
Au contraire, j’ai un goût vif pour le peuple, pour le pauvre.
le comité wagnérien de la ville sacrée musicale — ou de la sacrée ville musicale, comme vous voudrez l’appeler — se charge, moyennant une honnête rétribution, de vous procurer un logement sans punaises si tel est votre goût, pour la durée de fêtes.
Mais les compositeurs véritablement grands de ces deux nations ont souvent et heureusement subi l’influence du goût, du charme, de la clarté et de la justesse dans les proportions ; qualités précieuses de notre France.
… Tes parfums sont agréables à respirer, ton nom est comme l’huile répandue ; c’est pourquoi les jeunes femmes t’aiment… Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe suspendu entre mes seins… L’odeur de ses vêtements est comme l’odeur du Liban… Fortifiez-moi avec des raisins, soutenez-moi avec des oranges, car je ne meurs d’amour », Les Adonies répétèrent les fêtes de Byblos, adoucies et enrichies par le goût attique : Cypris vint, à son tour, comme sa sœur de Syrie, prendre entre ses bras le corps de « l’Époux » : mais, au lieu de l’étreinte furieuse d’Astarté, c’était un enlacement plein de grâce.
C’est un émail champlevé d’un goût barbare et futur.
Elle n’a pas le goût d’un terroir social, mais de la cigarette… que fument MM. de Goncourt et qu’ils lui font fumer.
C’est un morceau de haut goût, violemment plaisant par le contraste que font la dignité du langage, la majesté des arguments et l’élévation des pensées avec l’objet de la plainte et la condition de l’orateur. […] Certes, les poètes de cette époque-là sont inégaux et incomplets ; beaucoup débordent au hasard, et leur écoulement est bourbeux ; ils manquent totalement de goût ; ils sont difficiles à lire. […] Ce sont inventions du même goût que la clef de Barbe-Bleue, par exemple, ou la pantoufle de vair de Cendrillon. […] Du coup, Sylvette sent renaître dans son âme le goût du pot-au-feu.
Ce que ma mère me dit de choses blessantes, pendant la leçon de maintien, ce que je la fais souffrir dans ses goûts d’élégance, cette femme, à quel point je suis commun et j’ai l’air d’un paysan, non, ce n’est pas possible de le dire ! […] Bientôt elle se fera faire un collier à plusieurs rangs de louis d’or disposés dans le goût musulman ; et puis, en emportant sa richesse à son cou, elle s’en retournera dans le Sud, dans le cercle de Biskra, où elle est née, pour y trouver un mari qui n’en saura rien, et devenir une grande dame de l’endroit. […] Si tu gardes ces goûts-là, tu n’auras guère d’agrément dans la vie, et les camarades diront que tu es un fameux jobard. […] C’est à ce jeu qu’ils aiment à exceller, et quand ils peuvent ajouter du précieux, de l’emphatique et un air grave plein d’affectation, l’auteur alors nage dans la joie : mais que le ciel donne patience au lecteur. — En outre, ils s’étudient tout spécialement à trouver toujours les expressions les plus indécises et les plus impropres, de sorte que tout apparaît comme dans le brouillard : leur but semble être de se ménager à chaque phrase une porte de derrière, puis de se donner le genre de paraître en dire plus qu’ils n’ont pensé ; enfin ils sont stupides et ennuyeux comme des bonnets de nuit ; et c’est justement ce qui rend haïssable la manière d’écrire des Allemands à tous les étrangers, qui n’aiment pas à tâtonner dans l’obscurité ; c’est au contraire chez nous le goût national. […] C’est non seulement aux savants lettrés, c’est à tous ceux qui ont dans le cœur le sentiment du beau et que l’art peut émouvoir que s’adresse ce livre de grand goût et de profonde érudition.
Un boulanger a le devoir de faire un pain agréable au goût et sain pour l’estomac, il a, en revanche, le droit de recevoir de ses clients de la monnaie qui ne soit point fausse, et, d’une façon ou de l’autre, d’être mis en état de vivre et de continuer son travail tant qu’il pourra bien servir ainsi la société.
On peut en discuter d’une façon tout individuelle, selon le goût, établir les relations entre les tendances de l’artiste et celles du critique, apprécier, approuver, dénigrer, sans que rien de supérieur intervienne dans ce débat aux opinions particulières de celui qui le suscite.
Affaire de goût et de tempérament.
Les progrès des sciences physiques et naturelles, de la linguistique et de l’histoire ont révélé des faits inattendus, suggéré des aperçus tout nouveaux, à ceux du moins qui n’ont point de goût pour une psychologie immobile et scolastique : études sur le mécanisme des sensations, sur les conditions de la mémoire, sur les effets de l’imagination et de l’association des idées, sur les rêves, le somnambulisme, l’extase, l’hallucination, la folie et l’idiotie, recherches jusqu’ici inconnues sur les rapports du physique et du moral, conception nouvelle de la nature morale (psychologique), de l’humanité résultant de l’étude approfondie de l’histoire et des races, les langues nous offrant comme une psychologie pétrifiée.
L’esprit de notre temps est plus enclin à regarder toutes choses du dehors que du dedans ; il a plus de goût pour la contemplation des réalités extérieures que pour l’intuition des réalités intimes.
Chacun de nous, se tournant vers lui-même, se sent évidemment libre de suivre son goût, son désir ou son caprice, et de ne pas penser aux autres hommes. […] Il y a quelque chose du même genre dans la création artistique, avec cette différence que le succès, s’il finit par venir à l’œuvre qui avait d’abord choqué, tient à une transformation du goût publie opérée par l’œuvre même ; celle-ci était donc force en même temps que matière ; elle a imprimé un élan que l’artiste lui avait communique ou plutôt qui est celui même de l’artiste, invisible et présent en elle.
De durée éphémère, André Fontainas est probablement le seul à en posséder encore les quelques numéros, je n’en garde pas souvenir révolutionnaire et pourtant, un matin triomphant, il exista : un quotidien notoire reproduisait et éreintait un sonnet truculent de Stuart Merrill, au nom du vieux goût et de la non moins vieille clarté ! […] Il m’agrée de répéter plutôt l’intéressante explication de évolution vers le Vers-libre, que me donnait récemment Viélé-Griffin ; au collège Stanislas, il pratiqua avec goût le vers latin, allant de Virgile aux Proses de l’Eglise et, me dit-il, il n’en agit pas autrement en partant de notre Vers classique. […] J’y avais pris goût et je me dorlotais, et je me maniaquais si gentiment. […] Ernest Raynaud, poète « roman » avant la lettre, exalte d’autre part Maurice du Plessys de qui l’on connaît trois ou quatre sonnets, mais qui publiera plus tard un Premier Livre pastoral dans le goût de la Pléiade et ainsi dédicacé: « A Homère, à Pindare, à Méléagre, à Virgile, à Stace, à Naugérius, à Ronsard, à La Fontaine, à Vigny en la personne de Jean Moréas, poète Français ! […] Il égrènera pontificalement des paroles-perles, dans le goût asiatique.