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962. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

De nos jours, trois hommes qui ont écrit dans des genres et avec des mérites divers, mais toujours avec une grande richesse d’imagination, ont dû à de tels voyages la poésie neuve et brillante dont leur prose étincelle. […] On dirait que l’auteur a prévu cette objection, et dans deux épisodes très-remarquables, il a comme essayé de se rapprocher du genre de ces deux grands écrivains.

963. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Je considérerai d’abord dans l’amitié, (non ces liaisons fondées sur divers genres de convenance qu’il faut attribuer à l’ambition et à la vanité,) mais ces attachements purs et vrais, nés du simple choix du cœur dont l’unique cause est le besoin de communiquer ses sentiments et ses pensées, l’espoir d’intéresser, la douce assurance que ses plaisirs et ses peines répondent à un autre cœur. […] Les passions causent tant de malheurs par elles-mêmes, qu’il n’est pas nécessaire, pour en détourner, de peindre leurs effets dans les âmes naturellement vicieuses ; nul homme, à l’avance, ne se croyant capable de commettre une mauvaise action, ce genre de danger n’effraye personne, et lorsqu’on le suppose, on se donne seulement pour adversaire l’orgueil de son lecteur.

964. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Un de ces auteurs, Desmarets de Saint-Sorlin, ayant donné son Clovis en 1657, crut nécessaire, lorsqu’il vit s’élever une école dont les maximes essentielles allaient, dans tous les genres, à suivre les anciens et à reprendre les sujets déjà traités par eux, de justifier le choix qu’il avait fait dans son poème d’un héros moderne et chrétien. […] Il évitait de mettre les modernes au-dessus des anciens dans tous les genres ; mais il montrait qu’il y avait des compensations, et que, plus faibles ici, les modernes, là, étaient supérieurs.

965. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Si vous persévérez dans un tel genre de vie, vous ferez retourner le temps en arrière et vous reviendrez bientôt à l’âge de dix ans. […] L’utilité est aussi quelque chose du même genre.

966. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

On doit le compter sans doute parmi le petit nombre des écrivains originaux, quoique son genre soit bien insupportable à tout homme de goût & de bon sens. […] Le stile épistolaire est l’opposé de ce goût, & néanmoins ce fut dans ce genre qu’il s’acquit tant de réputation ; ce furent ses lettres qui le firent appeller le seul homme éloquent de son siècle.

967. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Lorsque les romains se déterminerent pour le genre de la déclamation, où le geste et la prononciation s’executoient souvent par des acteurs differens, ils connoissoient depuis plus de six vingt ans la maniere de réciter naturelle, qui est la nôtre. […] On peut voir dans le troisiéme chapitre de l’onziéme livre de Quintilien, que par rapport à tout genre d’éloquence, les anciens avoient fait de profondes refléxions sur la nature de la voix humaine, et sur toutes les pratiques propres à la fortifier en l’exerçant.

968. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

I Henri Rochefort est un des plus beaux fils de cette Chronique que j’accusais récemment d’être un genre mortel à la littérature et au talent, et qui, comme la Révolution française, comparée par Vergniaud à Saturne, doit dévorer tous ses enfants… La Chronique ne coupera point la tête aux siens, comme la Révolution française, mais elle leur videra le cerveau. […] Ce genre de raillerie qui touche au froid par son énormité même, ces hoax à la Swift, débités avec l’impassibilité et le sérieux d’un Anglais convaincu, et qu’écrit Rochefort dans une phrase qui ressemble à un visage où pas un muscle ne bouge, donnent toute la manière habituelle au spirituel écrivain ; mais, anglaise.

969. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Pierre Dupont, le poète, qu’un artiste, sympathique à son genre de génie, avait représenté dans l’exercice de ses fonctions de chansonnier. […] C’est plutôt, dans ‘la grâce d’une jeunesse qui fait tout pardonner, un de ces terribles mauvais garçons dont les guenilles ont soif de splendeur et qui serait un magnifique Sardanapale de la canaille dans le pillage du genre humain !

970. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Il y aurait cependant lieu de se demander si les faits, examinés sans parti pris, suggèrent réellement une hypothèse de ce genre. […] La conception de l’aphasie qui était alors classique, universellement admise et tenue pour intangible, est fort battue en brèche depuis quelques années, surtout pour des raisons d’ordre anatomique, mais en partie aussi pour des raisons psychologiques du même genre que celles que nous exposions dès cette époque 2.

971. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Il ne nous reste aucun des discours d’Auguste ; nous savons seulement que ce meurtrier avait un genre d’éloquence plein de simplicité et de grâce : il faisait des vers aisément16, et il avait composé les mémoires de sa vie : tout cela s’est perdu ; on se doute bien qu’il fut hué après sa mort ; on célébra son humanité et sa clémence sur la tribune où la tête sanglante de Cicéron avait été attachée. […] Il est agréable, mais plein de contrastes et d’antithèses : il paraît d’un genre d’éloquence où il y a plus d’esprit que de goût.

972. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Dans ces temps de crise, où les gouvernements changent, et où les peuples agités passent de la liberté républicaine à une autre constitution, l’homme d’état a besoin de l’homme d’esprit ; Horace, par le genre du sien, était un instrument utile à Octave ; ses chansons voluptueuses adoucissaient des esprits rendus féroces par les guerres de liberté ; ses satires détournaient sur les ridicules, des regards qui auparavant se portaient sur le gouvernement et sur l’État ; sa philosophie, tenant à un esprit moins ardent que sage, prenant le milieu de tout, évitant l’excès de tout, calmait l’impétuosité des caractères et plaçait la sagesse à côté du repos ; enfin ses éloges éternels d’Octave accoutumaient au respect et faisaient illusion sur les crimes ; la génération, qui ne les avait pas vus, était trompée ; celle qui s’en souvenait, doutait presque si elle les avait vus. […] » Et ensuite une prière à la fortune, pour qu’elle veuille bien permettre « qu’un si grand empereur remédie aux maux du genre humain désolé… Si elle regarde Rome en pitié, si elle n’a pas encore résolu d’anéantir le monde, ce prince, envoyé pour consoler l’univers, sera aussi sacré pour elle, qu’il l’est déjà pour tous les mortels26 ».

973. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Une âme profondément corrompue par le pouvoir, n’a plus de mesure juste, ni pour elle-même, ni pour les autres, et le genre humain tout entier se recule à une distance immense d’elle. […] Le genre humain semble en avoir perdu la trace, et il faut des révolutions et des siècles pour l’y ramener.

974. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Rappelez-vous cette fameuse tabatière — car la gloire est quelquefois grotesque, pour dégriser d’elle ceux qui l’aiment trop, — sur laquelle trois philosophes étaient représentés, comme trois rois sur une médaille, avec cette inscription prudhommesque : « au flambeau du genre humain ! […] On a dit de Voltaire qu’il fut le second dans tous les genres et ne fut le premier dans aucun. […] Diderot ne créa pas de genre nouveau. […] Les expositions de peinture venaient de créer ce genre de critique qui a gardé son nom, — les Salons, — et Diderot écrivit les premiers pour le compte de la correspondance de Grimm, envoyée aux princes d’Allemagne. […] — parce qu’il est son Géronte et son Bartholo à lui-même, et que c’est son genre de génie qui est Géronte et Bartholo.

975. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Ce fut, en définitive, le récitatif qui perdit le genre créé par eux. […] Widmann n’ignorait pas l’horreur de celui-ci pour ce genre de démarches. […] Il est spécialement le musicien d’un genre de femmes désabusées. […] Ce genre de musique énerve, amollit, féminise ; son éternel féminin nous abaisse (zieht uns hinab) !  […] D’autre part, à un point de vue plus particulier, dans chaque genre on constate d’importantes modifications de détail.

976. (1881) Le naturalisme au théatre

C’est tout un genre, dont je ne pense pas que M.  […] Pourquoi va-t-il s’essouffler et fatalement se rapetisser dans un genre mort ? […] On ne ressuscite pas un genre mort. […] C’est le genre qui demande le plus d’étude et de talent. […] Il est un exemple de la pauvreté et de la caducité du genre.

977. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Persécuteur de soi-même, persécuteur du genre humain, persécuteur de Dieu. […] Quel genre de profit le catholicisme en a-t-il retiré ? […] C’est le genre suave de cet apôtre. […] Le genre humain se trompait. […] C’est le secret de tous les diables et l’on découvre que ces ennemis du genre humain l’ont très mal gardé.

978. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Chacun porte d’ailleurs dans le genre commun de cette école sa différence spécifique. […] Ceux de Fromentin sont peut-être les récits de ce genre qui datent le moins. […] L’histoire de l’art constitue au contraire, en France comme à l’étranger, un genre abondant, vigoureux, où travail et résultat ont été considérables. […] Et la traduction qu’est la critique d’art, ou du moins sur laquelle repose la critique d’art, subit les lois du genre. […] Avoir un corps c’est exclure de son univers tout ce qui n’est pas apte ou favorable à un certain genre d’action.

979. (1900) Molière pp. -283

On y voit, non seulement l’entêtement dans la médecine, mais encore l’entêtement dans tous les genres et dans tout le domaine de l’esprit humain. […] Je sors du genre humain pour que ma pensée (ou du moins la pensée de Goethe) soit plus claire, plus facile à accepter. […] Eh bien, ce genre de conception du monde et de la société, Molière l’a eu et l’a rendu, parce qu’il l’avait sous les yeux. […] Je voudrais aujourd’hui étudier le genre d’influence et d’action sociale qu’il a exercé sur le développement de nos mœurs et de notre vie sociale. […] C’est par là qu’ils durent plus longtemps que les genres où ils ont excellé, et qu’ils méritent encore de nous intéresser, quand bien même nous ne comprenons plus les mœurs qu’ils nous peignent.

980. (1883) Le roman naturaliste

Malot s’est fait du genre honnêtement ennuyeux comme un domaine privé. […] Ce n’est pas un genre faux : c’est plutôt un genre neutre. […] Mais on peut affirmer en tout cas que de cette épreuve il ne sortira jamais, — je n’ai garde de dire une œuvre de premier ordre, — je dis seulement, dans tel genre secondaire que l’on voudra choisir, une œuvre complète et parfaite en ce genre. […] Alphonse Daudet a mis en œuvre des éléments ou des matériaux du même genre que ceux dont MM.  […] En fait, et mise à part toute considération de ce genre, Emma Bovary ne pouvait pas, ne devait pas finir autrement.

981. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Il résulte de là des scènes plaisantes d’un genre tout à fait particulier, et qui ne peuvent avoir lieu que dans des drames politiques de cette espèce ; et M.  […] Élisabeth avait demandé à Shakspeare, dit-on, un Falstaff amoureux ; mais Shakspeare, qui connaissait mieux qu’Élisabeth les personnages dont il avait conçu l’idée, sentit qu’un pareil genre de ridicule ne convenait pas à un pareil caractère, et qu’il fallait punir Falstaff par des endroits plus sensibles. […] La seule idée de ce genre qu’on puisse apercevoir dans le Roi Jean, c’est la haine de la domination étrangère l’emportant sur la haine d’une usurpation tyrannique. […] Les jeux de mots, bien que fréquents dans cette pièce, y sont beaucoup moins nombreux que dans quelques autres drames d’un genre plus sérieux, et ils y sont infiniment mieux placés. […] La partie comique, très importante et très considérable dans cette seconde partie de Henri IV, n’est cependant pas égale en mérite à ce qu’offre, dans le même genre, la première partie.

982. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Stillman, a eu un destin unique en son genre. […] Une exposition de ce genre, comme le remarque M.  […] Les tentatives de ce genre ne sont point chose rare dans l’histoire de l’art. […] Oui, patriotisme dans le genre Hibernois. […] On prend pour accordé qu’elles possèdent toutes les vertus cardinales, et que la propriété de tout genre est seule coupable.

983. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

S’il traite des cosmétiques118, il en étale toute une boutique ; on ferait avec ses pièces un dictionnaire des jurons et des habits des courtisans ; il semble spécial en tout genre. […] Tantôt il détache un ridicule, une affectation, un genre de sottise, parmi les mœurs des élégants et des gens de cour ; c’est une manière de jurer, un style extravagant, l’habitude de gesticuler, ou toute autre bizarrerie contractée par vanité ou par mode. […] Il n’a point connu tout l’homme, et il a ignoré le fond de l’homme ; il a mis en scène et rendu sensibles des traités de morale, des fragments d’histoire et des morceaux de satire ; il n’a point imprimé de nouveaux êtres dans l’imagination du genre humain. […] C’est un genre nouveau qu’il apporte ; là-dessus il a une doctrine ; ses maîtres sont les anciens, Térence et Plaute. […] Ainsi font les autres artistes de cet âge ; ils ont le même genre d’esprit et la même idée de la vie ; vous ne trouverez dans Shakspeare que les mêmes facultés avec une pousse plus forte, et la même idée avec un relief plus haut.

984. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

D’abord uniquement musicien, il s’aperçoit que la musique, sous la forme de l’opéra, est un genre illogique. […] Puis, critique de l’opéra et de la musique modernes : tous ces genres reposent uniquement sur l’Air, qui est, à l’origine, la chanson populaire et devient la mélodie, puis le duo ou l’ensemble. […] Oui, wagnéristes, nous sommes ennemis au genre pittoresque, dans la musique ; et nous remercions à M.  […] Comme je le disais à propos de Tristan avec tous les partisans de Richard Wagner, il faut subir ce nouveau genre et y goûter un plaisir extrême ou bien le repousser entièrement. […] Ce n’est pas la première fois que nous enregistrons des faits du même genre.

985. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

En tout genre, il n’attaque jamais que quand il se sent de beaucoup le plus fort. […] Mon père aimait la gloire, et, quelque sage que fût son caractère, l’aventureux en tout genre ne lui déplaisait pas, quand il fallait s’y exposer pour mériter l’estime publique. […] « Ce qui est vraiment divin dans le cœur de l’homme ne peut être défini ; s’il y a des mots pour quelques traits, il n’y en a point pour exprimer l’ensemble, et surtout le mystère de la véritable beauté dans tous les genres. […] Les Allemands ont beaucoup d’audace dans les idées et dans le style, et peu d’invention dans le fond du sujet ; leurs essais épiques se rapprochent presque toujours du genre lyrique. Ceux des Français rentrent plutôt dans le genre dramatique, et l’on y trouve plus d’intérêt que de grandeur.

986. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Peut-être est-ce la cause la plus puissante qui a maintenu dans notre littérature, durant un si long espace de temps, l’imitation de l’antiquité, l’emploi de la mythologie, le respect des règles formulées par Aristote et par Horace, la survivance des genres cultivés à Rome et en Grèce. […] L’histoire, surtout celle des temps modernes, leur inspira des craintes du même genre ; elle risquait de réveiller des souvenirs fâcheux, de remettre en lumière des faits qu’on eût été réduit à voiler ou à dénaturer et qu’il valait mieux laisser dans une ombre discrète. […] L’Académie à son origine est formée des écrivains qui figuraient avec honneur à l’hôtel de Rambouillet et dans les cercles du même genre. […] Il a aussi poussé les esprits vers un certain genre de qualités et de défauts littéraires. […] Pour un qui, « très en puissance de s’abnégatiser et capable de sortir victorieux de l’ascèse magique, a préféré œuvrer d’art », nous en citerions dix autres qui, tout au rebours, s’abstraient en des travaux mystérieux… » Si les prétentions ontrecuidantes des cénacles, si leur « intrépidité de bonne opinion » ont provoqué et souvent mérité des moqueries de ce genre, est-ce à dire qu’ils n’aient pas leur fonction utile dans l’évolution littéraire ?

987. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Le mot littérature, dans sa signification la plus universelle, comprend donc la religion, la morale, la philosophie, la législation, la politique, l’histoire, la science, l’éloquence, la poésie, c’est-à-dire tout ce qui sanctifie, tout ce qui civilise, tout ce qui enseigne, tout ce qui gouverne, tout ce qui perpétue, tout ce qui charme le genre humain. […] Nous croyons que les reflets de cet Éden et de cette lumière ont resplendi longtemps sur son âme, avec plus de lueurs d’une révélation primitive que dans des âges plus distants de son berceau ; nous croyons que cette révélation primitive date de la création, que Dieu est contemporain de l’âme qu’il créa pour l’entrevoir et pour l’adorer, et que s’il y a une plus éclatante effusion de la lumière, c’est à l’aurore du genre humain, et non dans le crépuscule de sa caducité, qu’il faut la chercher. […] « Les deux plus fortes impressions littéraires de ce genre furent produites en moi par la lecture de ces pages mystérieuses de l’Inde, vraisemblablement déchirées de quelques livres surhumains, et emportées par le vent des siècles du sommet de l’Himalaya jusqu’à nous. […] Voilà la littérature du genre humain ! […] Ce genre d’utopie me rappelle les fossoyeurs d’Hamlet, qui jouent aux osselets dans leur cimetière avec les crânes vides et déterrés des morts.

988. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Ils appellent ce genre de littérature, le genre semi-sérieux, genre éminemment propre aussi au génie français qui aime à faire badiner même la raison, et qui ne flotte ni trop haut ni trop bas entre le ciel et la terre. Voici ce que nous écrivions l’année dernière sur ce genre si fin et si indéfinissable de littérature, à propos de l’aimable vieillard Xavier de Maistre, l’auteur du Voyage autour de ma chambre. […] C’est le plaisir en tout genre (et puisque nous ne parlons ici que de littérature), c’est le plaisir littéraire qui est chargé de rendre à l’esprit cette élasticité, cette gaieté de notre ressort moral, nécessaire à l’homme de toute condition pour faire, comme disait Mirabeau, son métier gaiement. […] XXII Alfred de Musset ne devait pas persister toujours dans ce faux genre.

989. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Excepté à ce point de vue, en y joignant la grande fécondité des variétés croisées, sujet que nous discuterons plus tard, les races domestiques de la même espèce diffèrent les unes des autres de la même manière, mais dans la plupart des cas à un moindre degré que les espèces voisines ou proches alliées du même genre à l’état de nature. […] De plus, d’après la théorie de l’origine des genres que j’expose plus loin, on verra que nous ne pouvons espérer de rencontrer très souvent des différences génériques dans nos productions domestiques. […] Aucun ornithologiste ne voudrait placer le Messager Anglais, le Culbutant à courte face, le Romain, le Barbe, le Grosse-Gorge et le Pigeon-Paon dans le même genre, d’autant plus qu’on pourrait lui montrer dans chacune de ces races plusieurs sous-variétés de descendance pure, c’est-à-dire d’espèces, comme il les appellerait sans aucun doute. […] Darwin cite comme un exemple de variations analogues chez les espèces d’un même genre (voir plus loin, Chap. […] Il en serait en ce cas, non pas comme de la couleur bleue et des diverses marques propres à la C. livia, qui réapparaissent dans la postérité de celle-ci, reproduisant ainsi les caractères de la souche spécifique, mais plutôt comme des zébrures que l’on voit réapparaître chez les diverses espèces du genre Cheval, et qui tendent à reproduire chez elles quelques caractères de la souche générique (voy.

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