Cette idée d’une reine française, simple fille de qualité, cette brusque fortune avait mis les imaginations en éveil.
En effet, M. de Lamartine, avec son talent idéal, avec son optimisme à la fois naturel et calculé, quand il serait propre à être historien, l’était-il à être l’historien de la Révolution française en particulier ?
Comment concilier ce vœu si français de Carrel, cet élan d’une démocratie qui n’est jamais mieux qu’en uniforme et sous le drapeau, avec la pensée de ces républicains d’Amérique, calculateurs et économes, qui croient que, tout gouvernement étant un mal, il faut rendre ce mal le moindre possible ?
Cette affaire de famille terminée, et sorti des périls qu’elle lui a suscités, Beaumarchais resta encore toute une année en Espagne, à essayer de faire des affaires et des entreprises importantes au nom d’une compagnie française.
La révolution française a tout à l’heure soixante-quinze ans ; à cet âge, on radote.
L’auteur a supprimé ici un paragraphe qui se trouve dans les trois premières éditions anglaises et dans notre première édition française.
Mais Michelet, qui veut remplacer le prêtre dans la civilisation présente, et qui est un casuiste de matrimonio à ciel ouvert, ne pouvait pas prendre cette honnête précaution du latin dans un livre de conseil pratique donné à tout le monde, et par là il nous force de parler de son livre — comme il l’a écrit — en français.
Dépourvus de notations exactes, privés de l’analyse française, emportés tout d’abord au sommet de la prodigieuse pyramide dont ils n’avaient pas voulu gravir les degrés, ils sont tombés d’une grande chute ; mais dans cette ruine, et au fond de ce précipice, les restes écroulés de leur œuvre surpassent encore toutes les constructions humaines par leur magnificence et par leur masse, et le plan demi-brisé qu’on-y distingue indique aux philosophes futurs, par ses imperfections et par ses mérites, le but qu’il faut enfin atteindre et la voie qu’il ne faut point d’abord tenter.
Les Allemands transcrivent ou transposent le vieux matérialisme français ; les Français, par habitude et dans une demi-somnolence, écoutent avec un air un peu ennuyé et distrait les morceaux de bravoure, les belles phrases éloquentes que l’enseignement public leur répète depuis trente ans. […] III — Vous êtes bien Français, me dit-il ; vous enjambez les faits, et vous voilà de prime saut installé dans une théorie.
Comparaison de la psychologie de Shakspeare et de celle des tragiques français. […] Je vais décrire une nature d’esprit extraordinaire, choquante pour toutes nos habitudes françaises d’analyse et de logique, toute-puissante, excessive, également souveraine dans le sublime et dans l’ignoble, la plus créatrice qui fut jamais dans la copie exacte du réel minutieux, dans les caprices éblouissants du fantastique, dans les complications profondes des passions surhumaines, poétique, immorale, inspirée, supérieure à la raison par les révélations improvisées de sa folie clairvoyante, si extrême dans la douleur et dans la joie, d’une allure si brusque, d’une verve si tourmentée et si impétueuse que ce grand siècle seul a pu produire un tel enfant. […] Shakspeare n’avait eu qu’une demi-éducation, savait « peu de latin, point de grec », à peu près le français et l’italien, rien d’autre ; il n’avait point voyagé, il n’avait lu que les livres de la littérature courante, il avait ramassé quelques mots de droit dans les greffes de sa petite ville ; comptez, si vous pouvez, tout ce qu’il savait de l’homme et de l’histoire. […] L’un, tout français, qui n’est que la raison même, ennemi du paradoxe, railleur contre la sottise, sorte de bon sens incisif, n’ayant d’autre emploi que de rendre la vérité amusante et visible, la plus perçante des armes chez un peuple intelligent et vaniteux : c’est celui de Voltaire et des salons.
Quand les Français allèrent coloniser l’île Bourbon ou la Martinique, quand les Anglais vinrent peupler l’Amérique du Nord et l’Australie, ils apportaient avec eux des armes, des instruments, des arts, des industries, des institutions, des idées, bref une civilisation ancienne et complète, par laquelle ils pouvaient maintenir leur type acquis et résister à l’ascendant de leur nouveau milieu. […] Nos langues modernes, italien, espagnol, français, anglais, sont des patois, restes déformés d’un bel idiome qu’une longue décadence avait gâté et que des importations et des mélanges sont encore venus altérer et brouiller. […] L’accent du français est uniforme ; il n’a pas de chant ; les longues et les brèves y sont peu marquées, faiblement distinguées. […] Cette race a toujours vingt ans : pour elle, indulgere genio n’est pas la pesante ivresse de l’Anglais, le grossier ébattement du Français ; c’est tout simplement penser que la nature est bonne, qu’on peut et qu’on doit y céder.
Et Goethe que l’on peut citer à côté de Boileau, Goethe le grand et judicieux critique, a observé excellemment que « lorsqu’une famille s’est fait remarquer durant quelques générations par des mérites et des succès divers, elle finit souvent par produire dans le nombre de ses rejetons un individu qui réunit en lui les qualités et les défauts de tous ses ancêtres : il en est de même, ajoute-t-il, des peuples célèbres qui, la plupart, ont vu naître dans leur sein des hommes profondément empreints de la physionomie nationale, comme si la Nature les avait destinés à en offrir le modèle. » Et il cite en exemple Voltaire, le plus Français des hommes, celui que la Nature semble avoir chargé de représenter la France à l’univers.
Zevort, dans l’introduction qu’il a mise en tête d’un choix, d’ailleurs fort soigné, de romans grecs traduits en français (Édition Charpentier).
Bûchez et Roux, dans leur Histoire parlementaire de la Révolution française, était de nouveau apaisée, vaincue et mise à la raison.
Une fois pourtant, dans une lettre du 6 décembre 1791, il lui échappe de dire nous, en parlant des Français, mais c’est pour y joindre la plus sanglante et la plus imméritée des injures : « Nous sommes trop lâches pour cela (pour déclarer la guerre). » On voudrait effacer cette lettre, qu’on lit à la page 273 du volume de M. d’Hunolstein.
L’abbé d’Estrades, ambassadeur du roi à Turin, trouve moyen d’attirer Mattioli hors de cette ville, où il était imprudemment venu ; faisant semblant de croire à ses excuses et à ses mensonges, lui promettant le payement d’une somme que Catinat, disait-il, avait entre les mains, il l’emmène dans son carrosse vers une hôtellerie, à la frontière, sur le territoire français.
Sa position d’écrivain français, habitant et écrivant volontiers hors de France, a servi Mme de Gasparin plus qu’elle ne lui a nui.
Vous parlez de Tacite, qui a admirablement condensé, travaillé, pétri, cuit et recuit à la lampe, doré d’un ton sombre ses peintures chaudes et amères : ne vous repentez pas, Français, d’avoir eu chez vous, en pleine Cour de Versailles et à même de la curée humaine, ce petit duc à l’œil perçant, cruel, inassouvi, toujours courant, furetant, présent à tout, faisant partout son butin et son ravage, un Tacite au naturel et à bride abattue.
« Quant à l’affaire de l’Académie française, je ne saurais le moins du monde admettre avec vous que La Bruyère, dans sa lettre à Bussy, ait manqué de tact : il a été modeste, trois fois modeste comme tous les candidats.
Les douleurs de sa patrie française tenaient une grande place dans la jeune âme, et couvraient pour elle le vague des autres sentiments.
Qu’un homme dans son cabinet, parfois un vieillard débile, dispose des biens et des vies de vingt ou trente millions d’hommes dont la plupart ne l’ont jamais vu ; qu’il leur dise de verser le dixième ou le cinquième de leur revenu et qu’ils le versent ; qu’il leur ordonne d’aller tuer ou se faire tuer et qu’ils y aillent ; qu’ils continuent ainsi pendant dix ans, vingt ans, à travers toutes les épreuves, défaites, misères, invasions, comme les Français sous Louis XIV, les Anglais sous M.
Un étranger, homme d’esprit, a coutume de partager la nature humaine en deux, la nature humaine en général et la nature française, voulant dire que celle-ci résume et combine tellement en elle les inconstances, les contradictions et les mobilités de l’autre, qu’elle fait une variété et comme une espèce distincte.
L’Académie française ayant proposé son éloge, M.
En terminant ses Fables à une époque où déjà l’ancienne société française était bouleversée et en train de périr, Florian exprimait un vœu sincère, le désir vrai d’être oublié ; il souhaitait la paix secrète, la paix du cœur, un abri studieux, Le travail qui sait éloigner Tous les fléaux de notre vie ; Assez de bien pour en donner, Et pas assez pour faire envie.
Dumouriez fut quelque temps agent du ministère français auprès de ces Polonais, les confédérés de Barr.
À l’une des cérémonies qui accompagnèrent sa première communion, comme elle était en toilette avec une robe longue et traînante qui l’embarrassait, et qu’elle se retournait souvent pour la rejeter en arrière, une de ses compagnes lui dit : « Cette Sophie est ennuyeuse avec sa tête et sa queue. » — « Toi, ça ne te gênera pas, répondit-elle, car tu n’as ni queue ni tête. » Toute la personne même de Mlle de Lavalette était celle d’une jolie brune piquante, avec des regards pleins de feu, plus faits encore pour exprimer l’ardeur ou la malice que la tendresse ; d’une charmante taille, qu’elle garda jusqu’à la fin, d’une taille et d’une tournure bien françaises.
Mais pour ceux qui voudraient tirer parti contre notre nation de ses paroles, ajoutons que, selon lui, cette légèreté française porte souvent son remède en elle-même ; car, si elle nous jette souvent dans des précipices effroyables, elle ne nous y laisse pas, « et nous en tire si promptement, que nos ennemis, ne pouvant prendre de justes mesures sur des variétés si fréquentes, n’ont pas le loisir de profiter de nos fautes ».
Les noirs emploient souvent le mot français « diables » pour désigner les guinné mais c’est faute de connaître celui de « génies » qui serait un peu plus conforme au caractère qu’ils prêtent à ces êtres surnaturels sans toutefois leur convenir absolument.