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1889. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

À sa voix, tout s’anime, tout prend corps ; les monstres surgissent de partout, apocalyptiques, hurlant chacun son symbole ; la nature inanimée se gonfle, se tord et, prise d’enfantement, accouche d’une création horrifique ; on s’effare ; on roule de cauchemar en cauchemar ; on se croit dans une autre planète ; et, tout à coup, au brusque déclic d’une métaphore, à un détour de phrase, à un mot, on s’aperçoit qu’il s’agit au fond de choses très simples dans le décor de l’éternelle poésie.

1890. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

D’autres comiques suivirent l’exemple, et bientôt le masque de Polecenella se répandit dans tous les théâtres d’Italie et d’Europe2. » Au fond, c’est là probablement la vraie histoire du seigneur Polichinelle et de plus d’un type de la commedia dell’arte ; seulement les uns prétendent qu’il faudrait peut-être la transporter dans l’antiquité, les autres qu’elle ne doit pas être reculée au-delà de l’âge moderne.

1891. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

Ils changèrent peu le fond des races ; mais ils imposèrent des dynasties et une aristocratie militaire à des parties plus ou moins considérables de l’ancien Empire d’Occident, lesquelles prirent le nom de leurs envahisseurs.

1892. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

S’il s’appropria des vers de Virgile, sa ruse étoit au fond un hommage qu’il rendoit au poëte.

1893. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Il détestoit Pope dans le fond du cœur ; mais il prenoit sur lui de le ménager au dehors.

1894. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Porte au fond.

1895. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Albalat pourrait avantageusement prendre place dans la collection des Manuels Roret‌ Malheureusement, de même que le fond ne saurait être distrait de la forme, (démonstration qui constitue l’un des meilleurs chapitres de l’ouvrage), de même on ne saurait faire agir le cerveau en vue d’écrire, s’il n’est d’avance sollicité par l’éveil de quelque passion, au sens pur du mot. »‌ Voilà bien des railleries inutiles !

1896. (1818) Essai sur les institutions sociales « Préface » pp. 5-12

Il est évident qu’il manque ici une idée intermédiaire, une idée qui fait le fond de l’ouvrage suivant, à savoir l’égalité par le christianisme, c’est-à-dire le christianisme achevant son évolution dans la sphère civile.

1897. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

Cette faculté de toucher et de pénétrer, qu’on appellerai le don d’intime séduction, si l’idée du mal ne rampait pas au fond de ce mot trop charmant de séduction, créa sur-le-champ, dans l’opinion des connaisseurs en cœur humain, une grande importance à Nicolas.

1898. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « Introduction »

  Qu’est-ce au fond que l’esprit nouveau ?

1899. (1915) La philosophie française « II »

Si maintenant on passe de la forme au fond, voici ce qu’on remarquera d’abord.

1900. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXII. Des éloges des hommes illustres du dix-septième siècle, par Charles Perrault. »

Le style a trop peu de saillie ; le mérite est le fond, c’est-à-dire la multitude et la justesse des connaissances.

1901. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Quel fond peut-on faire sur sa raison, quand un si grand philosophe déraisonne à ce point sur les choses même de son métier ? […] Depuis ce poète si sage, si judicieux, nous n’avons presque vu que des ouvrages d’écolier, où quelques lieux communs, quelques tirades de collège brillaient sur un fond misérable. […] Qu’est-ce que le fond de ses déserts, qu’on a l’air d’opposer au rang de ses dieux ? […] Mais si cette monotonie de sujets est un grand défaut, l’inépuisable fécondité avec laquelle il a su varier ce fond uniforme, l’intérêt qu’il a su y répandre, est un très grand mérite. […] On voit combien un pareil fond doit être riche en situations intéressantes.

1902. (1899) Arabesques pp. 1-223

La bêtise humaine étant un océan dont nulle sonde n’a encore pu trouver le fond, ils réussiront peut-être — au moins pour un temps. […] Mais le fond de cruauté — inhérent à toute conception religieuse — l’emporta bientôt. […] Mallarmé, ses habitudes ne changent point : il va toujours, avec une sûreté de flair prodigieuse, jusqu’au fond de l’ordure ou jusqu’aux extrêmes limites de l’aberration. […] Le sentier descendait en pente douce, jusqu’au fond d’une combe où je savais un chêne qui m’avait donné, naguère, les meilleurs conseils. — Je le découvris bientôt. […] Quelles convulsions, quelles tortures arrachèrent du fond du globe ce prodigieux soupir ?

1903. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

L’action médicamenteuse n’est au fond qu’un empoisonnement incomplet. […] Lorsqu’on applique des excitations faibles sur les nerfs du cœur, les résultats sont toujours les mêmes au fond, seulement la différence d’intensité leur donne une apparence tout autre. […] Cette conception est le fond de l’atomisme de Démocrite et d’Épicure. […] La vie est au fond l’image d’une combustion, et la combustion n’est elle-même qu’une série de phénomènes chimiques, auxquels sont reliées d’une manière directe des manifestations calorifiques lumineuses et vitales. […] Ici l’apparence nous trompe, comme presque toujours ; ce que nous appelons phénomène de vie est au fond un phénomène de mort organique.

1904. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Chacun n’est pas très sûr d’avoir raison au fond de sa colère. […] Au fond, c’était bien toujours la même direction, mais les assertions devaient varier beaucoup dans leur forme. […] Ainsi il n’a rien changé dans le fond des choses, il n’a élevé qu’une querelle de mots. […] Souvent il a une telle vérité, que le lecteur se sent ému jusqu’au fond du cœur, comme si l’auteur avait voulu peindre les effets des passions. […] Comme les orateurs anciens, c’est aussi sa vraie pensée, celle du fond de son cœur, qu’il veut persuader aux hommes.

1905. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Au fond, nous ne reprochons jamais aux gens que de ne pas sentir et de ne pas penser comme nous. […] Du fond de sa retraite, il évoque l’âme des foules. […] Vanière, par je ne sais quel fond poncif qui leur est commun. […] La sainteté des larmes est au fond de toutes les religions. […] Quant au fond même, qu’y trouve-t-on ?

1906. (1885) L’Art romantique

Au fond, le paysage est barré par une ligne de collines verdoyantes. […] Au fond, le bois verdoie ou roussit, poudroie ou s’assombrit, suivant l’heure et la saison. […] , elle s’est également bien moulée dans le fond de mon esprit. […] La plupart des chants de Dupont, qu’ils soient une situation de l’esprit ou un récit, sont des drames lyriques, dont les descriptions font les décors et le fond. […] Elle est retirée au fond d’une caverne, magnifique, il est vrai, mais illuminée par des feux qui ne sont pas ceux du bienveillant Phoebus.

1907. (1911) Nos directions

Il saurait ce qui persiste encore d’instinct au fond de l’homme, ce que des siècles de culture y ajoutèrent. […] La vermiculure vieil or d’une toile de fond fantastique semble inventée selon les mêmes procédés que le tissu nuancé de l’orchestre. […] Quoi, en êtes-vous encore à séparer la forme du fond ? […] Nous admettrions donc son luxe dans la forme, si ce luxe ne l’entraînait à ne plus même choisir dans le fond. […] Que peut valoir le fond, quand vaut si rarement la forme ?

1908. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Ces procédés-là (qui sont déjà les procédés américains) n’entrent pas dans l’idée du chevalier : au fond d’un désert comme au milieu de la cour, à l’écart, à l’improviste, à chaque heure, son honnête homme est le même, car il a son inspiration dans le cœur. […] Il n’y était pas encore, quand il parlait de Pétrone et de César, et quoiqu’il y ait dans le ton dont il disserte de ces fameux Romains un faux air de Clélie, il s’y trouve une connaissance incontestable du fond des choses et du caractère des personnages. […] Cela est encore vrai, même des modernes ; les vrais épicuriens, ceux qui sont allés une fois au fond, m’ont bien l’air de vivre tels jusqu’au bout et de mourir tels, sauf les convenances. […] M. de la Rochefoucauld était mort depuis le mois de mars 1680, quand le chevalier fit imprimer la lettre à la fin de 1681, et il ne paraît pas que cette profession, au fond si épicurienne, ait choqué personne, ni même qu’on l’ait seulement remarquée.

1909. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Il contait à Drummond qu’il était demeuré une nuit entière, « s’imaginant qu’il voyait les Carthaginois et les Romains combattre sur son orteil110. » Non que de fond il soit mélancolique ; au contraire, il aime à sortir de lui-même par la large et bruyante gaieté débridée, par la conversation abondante et variée, avec l’aide du bon vin des Canaries, dont il s’abreuve, et qui a fini par devenir pour lui une nécessité ; ces gros corps de bouchers flegmatiques ont besoin de la généreuse liqueur qui leur rend du ton, et leur tient lieu du soleil qui leur manque. […] Il n’a point connu tout l’homme, et il a ignoré le fond de l’homme ; il a mis en scène et rendu sensibles des traités de morale, des fragments d’histoire et des morceaux de satire ; il n’a point imprimé de nouveaux êtres dans l’imagination du genre humain. […] De même que les révolutions compliquées des corps célestes ne deviennent intelligibles qu’au contact du calcul supérieur, de même que les délicates métamorphoses de la végétation et de la vie exigent pour être expliquées l’intervention des plus difficiles formules chimiques, ainsi les grandes œuvres de l’art ne se laissent interpréter que par les plus hautes doctrines de la psychologie, et c’est la plus profonde de ces théories qu’il faut connaître pour pénétrer jusqu’au fond de Shakspeare, de son siècle et de son œuvre, de son génie et de son art. […] Figurez-vous, au lieu de cette pauvre idée sèche, étayée par cette misérable logique d’arpenteur, une image complète, c’est-à-dire une représentation intérieure, si abondante et si pleine qu’elle épuise toutes les propriétés et toutes les attaches de l’objet, tous ses dedans et tous ses dehors ; qu’elle les épuise en un instant ; qu’elle figure l’animal entier, sa couleur, le jeu de la lumière sur son poil, sa forme, le tressaillement de ses membres tendus, l’éclair de ses yeux, et en même temps sa passion présente, son agitation, son élan, puis par-dessous tout cela ses instincts, leur structure, leurs causes, leur passé, en telle sorte que les cent mille caractères qui composent son état et sa nature trouvent leurs correspondants dans l’imagination qui les concentre et les réfléchit : voilà la conception de l’artiste, du poëte, de Shakspeare, si supérieure à celle du logicien, du simple savant ou de l’homme du monde, seule capable de pénétrer jusqu’au fond des êtres, de démêler l’homme intérieur sous l’homme extérieur, de sentir par sympathie et d’imiter sans effort le va-et-vient désordonné des imaginations et des impressions humaines, de reproduire la vie avec ses ondoiements infinis, avec ses contradictions apparentes, avec sa logique cachée, bref de créer comme la nature.

1910. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

J’ai touché avec lui au fond de l’abîme humain. […] Si l’on réunit ensemble tous ces motifs, on me comprendra quand je dirai que, malgré l’enjouement de Goethe à table, il y avait au fond de son âme une gêne visible. — Je donne tous ces détails parce qu’ils se rattachent à une parole de Goethe qui me parut très curieuse, et qui peint sa situation et sa nature dans son originalité caractéristique. […] Je lui demandai à dîner s’il en était ainsi, et il me répondit : Au fond, tout est de Schiller ; cependant, comme nous vivions dans de telles relations que Schiller non seulement causait avec moi de son plan, mais me communiquait les scènes à mesure qu’elles avançaient, écoutait mes remarques et en profitait, il peut se faire que j’aie quelque part à cette pièce. […] De douces images traversaient de temps en temps son imagination. — Dans un de ses rêves il dit : « Voyez… voyez cette belle tête de femme… avec ses boucles noires… un coloris splendide… sur un fond noir… » À un autre moment, voyant sur le sol une feuille de papier, il demanda : « Pourquoi laisse-t-on par terre une lettre de Schiller ?

1911. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Sauf ces quelques nuances, le fond est resté ce qu’il était ; les péripéties, les combinaisons, les types d’un usage éprouvé s’y retrouvent pour nous à l’état de vieilles connaissances ; et le but unique, le but suprême ; battre monnaie avec l’encrier, n’a fait que se préciser davantage. […] On avait, avant lui, passé à la caisse sans laisser au fond la moindre pistole. […] Combien de fois eux-mêmes ne se sentiraient-ils pas écœurés, s’ils devaient lire dans le calme les vieilles histoires abêtissantes et stupéfiantes, qui sont la base et le fond de leur littérature ! […] Quel doit être le but de l’écrivain, s’il a des idées, ou s’il veut répandre celles des autres ; et, au fond, a-t-on jamais une idée bien à soi, et est-on autre chose qu’une petite résultante de tous les cerveaux qui ont pensé avant nous ?

1912. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Le soleil surgit, s’évase en gerbe, crève l’horizon dont la barre s’élargit et monte ainsi que du fond d’un lac dont la moire fulmine sous les rayons qu’elle répercute. […] Mais sous le chant du poète, l’orchestre dira le fond, intraduisible en paroles, des émotions, au moyen des motifs définis, constituant un langage spécial, et cet orchestre ne devra pas être entendu, pour ainsi dire, mais disposer seulement le spectateur à vivre le drame. […] Elle doit traduire, par la mélodie symphonique, nos sentiments et nos émotions, parce que ni le roman, ni la poésie, mais la musique seule peut exprimer cet arrière fond émotionnel situé, parfois, sous nos idées. […] Puis, après la révolution, jusqu’en 1880, des écrits de fond répondent à trois questions : la nature de l’œuvre d’art idéale, les conditions idéales de sa représentation, son public.

1913. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

En résumé, l’originalité de Bossuet, comme théologien, est précisément de repousser toute originalité, toute innovation, même tout développement neuf ; de se fortifier au centre de la doctrine officielle, de n’admettre que les choses consacrées et ne rejeter aucune de celles qui sont consacrées… »‌ Cette métaphysique, ayant été définitivement située par d’autres, dans le puits sans fond des erreurs humaines, je ne crois pas nécessaire de commenter ces quelques lignes qui contiennent leur propre jugement. […] Tout est adouci, nuancé dans la forme, et le fond est souvent pire. […] Ils espérèrent longtemps que justice leur serait rendue ne voulant pas croire encore que de tels crimes pussent être commis avec l’agrément du pouvoir. « Du milieu des supplices et du fond des galères, écrit Michelet, les ministres firent encore un appel à la discussion, et Bossuet répondit par un altier mépris à ces hommes livrés au bourreau. » Et lorsque rendus à l’évidence ceux qui étaient encore libres, furent résolus à s’enfuir, la nécessité seule les y força. « La fuite du protestant est chose volontaire, écrit encore Michelet. […] Avouez-le donc, s’il reste au fond de vos consciences amères, quelque parcelle de bonne foi : votre attitude est insoutenable.

1914. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Trouver les sources d’un auteur, c’est un travail relativement facile ; il y faut beaucoup de lectures, de la mémoire, un certain flair et de la chance aussi ; ce travail est nécessaire, mais il n’est qu’une première étape ; reste à comparer l’œuvre d’art avec ses sources, comparaison qui porte sur toutes les nuances du fond et de la forme ; et reste enfin à juger la « combinaison » nouvelle dans son ensemble, et à en trouver la genèse intime dans le tempérament même du poète ; grosse difficulté, devant laquelle on recule le plus souvent. […] C’est le contraire qui a eu lieu : D’Annunzio s’est enrichi, dans l’apparence des formes ; au fond, il s’est appauvri. […] Le pire c’est que, à force de fabriquer des romans et des drames, D’Annunzio a compromis l’intégrité de son lyrisme, dans le fond et dans la forme. […] Mais au fond les fantômes de Shakespeare, les hallucinations du drame moderne (par exemple chez Ibsen), ne sont qu’une autre forme des songes et présages, forme plus appropriée à notre goût, et qui souvent déjà n’est plus qu’un « truc ».

1915. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Les Mémoires de Sully existaient, d’un volume considérable, mais d’une lecture lente et pénible : l’abbé de L’Écluse, en 1745, se chargea de les alléger, de les rendre faciles et agréables ; il en dénatura la forme, le langage, et parfois le fond ; il donna à son auteur un certain air plus dégagé, et qui fait contresens. […] Cela dit, allons au fond, et de cet amas de narrations trop souvent déduites en style de greffier ou de notaire, tirons ce qu’il y a de solide et d’excellent. — Sully, qui, dans toute la première partie de sa carrière, s’appelle Rosny, né en 1559 au château de ce nom, était le second de quatre fils, mais de fait il fut considéré comme l’aîné par son père, qui de bonne heure plaça sur lui l’espoir de relever sa maison.

1916. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

On a de lui un petit écrit fait à dix-sept ans sur les Verreries de Saint-Quirin, dont il fut plus tard l’un des actionnaires principaux, et dont il célèbre en style animé, un peu romantique, l’industrie créatrice et le site au fond des vallées des Vosges. […] Pourtant, comme il avait au fond l’esprit pratique, il ne fut pas sans reconnaître que ces soins d’intérêt, de fortune et d’avancement, qui étaient tout aux yeux de la plupart, avaient aussi quelque fondement, et qu’il ne s’agissait que de les mettre à leur place, de les réduire à leur valeur.

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