Bègue, de son côté, n’est pas une idéale figure, loyal, ayant la justice dans le cœur, prêt à vivre en paix, dès que lui-même ou un des siens est attaqué, le voilà fou de combats, forcené, téméraire, féroce, et je ne sais si, dans cette sanglante geste ni dans aucune autre, acte plus cruel se rencontre que celui de ce bon et brave baron : quand il a vaincu en duel Isoré, irrité qu’il est de je ne sais quelle outrageante raillerie d’un Bordelais, il arrache le cœur du vaincu et en fouette le visage de l’insulteur. […] Une figure légendaire aura plus de consistance, plus d’être, si en elle nous apparaît le fils ou le père d’un héros, qui nous est connu. […] Ou verrait la légendaire figure de ce comte Guillaume qui en 793 arrêta les Sarrasins sur les bords de l’Orbieu et mourut moine au monastère de Gellone qu’il avait fondé, on la verrait attirer à elle tous les vainqueurs régionaux des guerres musulmanes, et se constituer ainsi six frères avec un père ; on la verrait absorber tous les Guillaume du Nord, l’un comte de Montreuil-sur-Mer, un autre possesseur de ce surnom de Court-Nez qui nécessitera le coup d’épée du géant Corsolt, un troisième qui n’était pas un Guillaume, défenseur hautain du faible Louis ; pour s’assimiler ce dernier, elle est obligée d’émigrer, avec tout son cortège d’hommes et de faits, du règne de Charlemagne au règne de son successeur. […] L’élaboration de l’épopée s’était, faite en condensant dans la fixité d’un type héroïque diverses physionomies de personnages héroïques : dans la décomposition du genre, au contraire, chaque type se résout en plusieurs figures de fantaisie, graves ou ridicules, outrées de sublimité ou de bassesse, selon l’utilité particulière de chaque sujet.
Une fois seulement, un petit homme noir, de figure sèche et mauvaise, a jeté quelques cris brutaux. […] Jamais on ne fit un tel usage de toutes les « figures de grammaires » abréviatives : anacoluthe, ellipse, ablatif absolu. […] Au nouvel Hôtel de Ville, pieusement reconstruit selon la figure de l’ancien, quarante générations de prévôts des marchands firent leur compliment au monarque absolu par la bouche d’un socialiste. […] Émile Pouvillon, cet amoureux de la terre, qui nous apporte quinze jours à peine, chaque année, ses yeux bleus de faune et d’enfant dans une bonne figure cuite d’officier et qui, le reste du temps, rêve là-bas dans son Quercy, était tout disposé à comprendre la petite pastoure visionnaire.
Cousin d’avoir remis en honneur, même au prix de quelque exagération, certaines figures trop oubliées du xviie siècle, d’avoir produit quantité de pièces inédites, et d’avoir prêché hautement pour la révision et la collation des textes déjà altérés de nos grands auteurs. […] Elle disait toujours bien, parfaitement, en termes élégants et justes ; il n’y avait pas d’à peu près avec elle : je me figure que la maréchale de Luxembourg, tant vantée, devait s’exprimer ainsi.
Tel était cet aimable et savant homme dont la figure, peu connue dans le monde, est et restera présente et chère à tous ? ses amis, — une figure qui ne ressemblait à nulle autre.
Ils écrivent sans images ni figures, aisément, tranquillement, avec la suite d’une eau claire et coulante. […] L’allégorie y enveloppe les idées pour leur ôter leur trop grand jour ; des figures idéales à demi transparentes flottent autour de l’amant, lumineuses quoique dans un nuage, et le mènent parmi toutes les douceurs des sentiment nuancés jusqu’à la rose dont « la suavité replenist toute la plaine.
Ce sera ce goût antique qui ira se développant sous la Révolution, favorisé par les événements politiques et par le mouvement des idées : dégagé de plus en plus des éléments mondains, élégants, spirituels, auxquels il s’est allié d’abord, il créera des formes pures et froides ; il réalisera l’harmonie sans la vie, et la beauté par l’effacement du caractère ; il suscitera la correcte poésie des Fontanes, des Luce de Lancival et des Chênedollé ; il imposera même à l’imagination brûlante de Chateaubriand les idéales figures de Cymodocée et d’Atala, qui ressemblent à l’antique tout juste comme des marbres de Canova. […] On peut reconnaître à chaque moment dans son style, dans le choix d’une épithète, dans certaines métaphores et figures, un emploi systématique des procédés d’élocution qui sont familiers aux poètes grecs et latins.
598 Son spiritualisme absolu et son opinion arrêtée que la figure du vieux monde allait passer ne lui laissaient de goût que pour les choses du cœur. […] Il signifie seulement qu’en Jésus toutes les figures de l’Ancien Testament sont accomplies.
Par la conscience, je ne puis saisir en moi ni forme, ni figure, ni mouvement, et par les sens, au contraire, qui me donnent la figure et le mouvement, je ne puis saisir la pensée.
Homère a mille façons sublimes de peindre une mort violente ; mais l’Écriture les a toutes surpassées par ce seul mot : « Le premier-né de la mort dévorera sa beauté. » Le premier-né de la mort, pour dire la mort la plus affreuse, est une de ces figures qu’on ne trouve que dans la Bible. […] Ses racines se multiplient dans un tas de pierres, et s’y affermissent ; si on l’arrache de sa place, le lieu même où il était le renoncera, et lui dira : “Je ne t’ai point connu112.” » Combien cette comparaison, ou plutôt cette figure prolongée est admirable !
Comme sonorités, le mot rocher, sec et dur, où l’on voit l’aigle comme cramponné ; le mot perçant rappelé par le mot yeux qui dessine si fortement, surtout pour les contemporains de Condé, le trait essentiel de la figure du prince ; le mot attaque, brusque et éclatant ; le mot inévitables qui donne l’impression d’un grand filet où le général enveloppe l’ennemi. […] Il en faut user avec lui comme avec un peintre, dont tantôt on étudie la composition, tantôt le dessin, tantôt la couleur, tantôt les figures et physionomies humaines, tantôt les eaux et tantôt le ciel.
Elle a cru sérieusement qu’avec ses deux volumes d’échos, elle allait dissiper les dernières brumes qui sont peut-être un charme de plus pour nos rêves idolâtres sur l’adorable figure de lord Byron. […] — n’est le La Rochejacquelin de la, réalité ; — que la Charlotte Corday d’Adam Salomon, traduite en marbre de l’Ange de l’assassinat de Lamartine, n’est physiquement la vraie Charlotte Corday, qui fut, comme le savent ceux qui ont vu ses portraits originaux, une figure piquante de trumeau, le minois chiffonné d’une soubrette du xviiie siècle !
Elle importe à la figure humaine. […] Quant à Pierre Ier les Mémoires du sieur de Villebois ne montreront pas une fibre ou un muscle inconnus dans cette figure allumée de chef de hordes qui a voyagé et de badaud qui rapporte chez lui les coutumes étrangères.
Ce ne sont pas des femmes apocryphes, eu ce sens que c’est bien Goethe qui a tracé les premiers linéaments de ces figures, auxquelles Saint-Victor a donné le relief coloré de son talent. […] Mais Saint-Victor s’assied devant ces figures à peine indiquées, et remplit les blancs, prononce les lignes, dessine et ombre, et colorie, et fait tourner avec l’ongle, et arrive enfin par tous les moyens à ces saillies que Goethe, s’il revenait au monde, admirerait.
Ses yeux seuls vivaient dans sa figure blanche. […] Emmanuel de Broglie d’avoir restitué à l’histoire une figure bien touchante quoique fort ignorée aujourd’hui, celle du prince qui fut le père de Louis XVI. […] Il avait dix-neuf ans ; sa figure et sa taille étaient vraiment de lignée raphaëlesque, et offraient l’idéal du poète adolescent. […] Je me figure ces vastes génies au sein de la composition. […] Les Ménades, dépouillées de leur beauté païenne, découvrent de hideuses figures de sorcières.
Mounet-Sully a rendu, avec une poésie qui ne peut guère être dépassée, la figure du héros adolescent, d’essence supérieure et quasi divine. […] La figure maigre et triste de M. […] On s’attache avec un intérêt d’autant plus passionné à cette figure énigmatique, on s’évertue sur elle, on s’y acharne, on veut à toute force la comprendre, l’expliquer, la définir. […] L’idée, une fois conçue, travaille toute seule, si je puis dire, et façonne impérieusement la haute figure de Baudry. […] Baudry paraît d’une bonté plus qu’humaine, prend les proportions d’une figure symbolique conçue a priori.
Le rôle de Brutus très-grand (tellement, que c’est Brutus autant que Lucrèce qu’il faudrait intituler la pièce), conçu un peu en comique et même en bouffon, comme on se figure que l’aurait pris Shakspeare : d’ailleurs l’ensemble assez classique.
Le Précis de Chirurgie-pratique, contenant l’histoire des maladies chirurgicales, & la maniere le plus en usage de les traiter, in-8°. deux vol. avec figures.
Dans l’antiquité, l’art poetique étoit un des arts subordonnés à la musique ; et par consequent c’étoit la musique qui enseignoit la construction des vers de toute figure.
La figure de madame Carvalho, trop pure pour le rôle du page, chante dans les yeux comme sa voix chante dans l’oreille. […] “Va voir ce que c’est”, dit don Juan sans s’émouvoir davantage ; et Leporello, revenant tout effaré, raconte qu’il a vu la figure du commandeur, dont il imite la marche pesante et cadencée. […] Nous montâmes les degrés, ma jeune femme et moi ; comme elle portait un voile qui lui couvrait entièrement la figure, mon frère, qui se souvenait du voile noir de Trieste que j’avais soulevé par badinage la première fois que je la vis, fit le même geste que moi ; il avait aimé tout enfant, à Trieste, celle qui était devenue ma femme, d’une tendresse passionnée. […] Que penseriez-vous de la sculpture qui emprunterait les couleurs de la peinture pour rendre les divines formes de Phidias plus semblables aux figures de cire coloriées devant lesquelles s’extasie l’ignorante multitude de nos places publiques ? […] La joyeuse fanfare, placée à la septième mesure de l’allégro, résonna comme les cris de plaisir d’un criminel ; je crus voir des démons menaçants sortir de la nuit profonde ; puis des figures animées par la gaieté danser avec ivresse sur la mince surface d’un abîme sans fond.
Prenons la figure de Goethe à cette époque fugitive où la fleur de la jeunesse éclate encore sur les traits, mais où le fruit de la pensée ou du sentiment commence à se former et à s’entrevoir sous cette jeunesse qui s’effeuille. […] La terre est déjà un ciel pour ces figures de prédestinés de l’amour, du bonheur et du génie sans obstacles. […] Cette jeune fille se nommait Gretchen, abréviation familière du nom de Marguerite ; elle fut évidemment pour Goethe le type de ces deux figures de Marguerite et de Mignon, figures de femmes dégradées par la condition, divinisées par la nature, qui devinrent les plus touchantes créations de son génie. […] Méphistophélès revêt la robe et la figure du docteur ; il reçoit l’étudiant ; il répond à ses questions sur la logique, la métaphysique, la jurisprudence, la médecine, en embrouillant tellement la tête du jeune homme de définitions scolastiques et absurdes que Pascal lui-même ne démontrerait pas mieux le néant emphatique de l’esprit humain et la vanité sonore de ce que nous appelons savoir.
Je vous ferai son portrait physique comme s’il était là sous ma plume, mais laissez-moi vous transcrire avant le cadre de ce portrait, aussi original et aussi pittoresque que la figure. […] Sa personne répondait à son caractère : il était d’un âge déjà mûr, de taille moyenne, d’épaisse corpulence, à figure fine d’expression, quoique un peu lourde de joues. […] IX Voilà le charmant cadre de famille dans lequel éclatait alors la figure du comte Joseph de Maistre. […] De grands beaux yeux bleus pleins de lumière, encadrés dans des sourcils encore noirs, un nez carré, des joues fermes, une bouche large et façonnée à plaisir par la nature pour l’éloquence, un menton solide, relevé, presque provoquant, une expression hardie, un demi-sourire moitié de bienveillance, moitié de sarcasme, complétaient cette figure. […] Je vois ma mère qui se promène dans ma chambre avec sa figure sainte, et en t’écrivant ceci je pleure comme un enfant. » Délicieux !
Cette parlante figure, dont on ne pouvait détacher ses regards, vous charmait et vous fascinait tout entier. […] Un enfantillage réjoui, c’était le caractère de cette figure ; une âme en vacances, quand il laissait la plume pour s’oublier avec ses amis ; il était impossible de n’être pas gai avec lui. […] Chaque ride de la figure était un abîme creusé par la pensée. […] Heureusement il ne l’avait pas encore inventé quand il ébaucha, en 1821, ma figure. […] » Sa figure s’illuminait alors d’un éclat divin.
» Mais lorsqu’il les voyait prendre le chemin de la rue, en donnant des poignées de main à droite et à gauche aux gens qui les reconnaissaient, sa figure changeait ; il s’essuyait les yeux avec son gros mouchoir à carreaux en murmurant : « C’est la pauvre vieille Annette qui va avoir du plaisir ! […] » Il poussait ma porte, et je le voyais tout gris, tout chauve, en manches de chemise, le cou nu, qui se lavait la figure dans la cuvette. […] Tout était prêt ; mes bas et mes souliers bien cirés se trouvaient au pied du lit ; je n’avais qu’à m’habiller, et, malgré cela, le froid que je sentais à la figure, la vue de ces vitres et le grand silence du dehors me donnaient le frisson d’avance. […] Comme j’entrais grelottant et que la tante Grédel, assise devant l’âtre, tournait sa tête grise, tout étonnée à cause de mon grand collet de renard, Catherine, habillée en dimanche, avec une belle jupe de rayage, le mouchoir à longues franges en croix autour du sein, le cordon du tablier rouge serré à sa taille très-mince, un joli bonnet de soie bleue à bandes de velours noir renfermant sa figure rose et blonde, les yeux doux et le nez un peu relevé, Catherine s’écria : « C’est Joseph ! […] Catherine, assise, la figure dans son tablier, sanglotait.
Qu’avec cette abondance sans superflu, cet éclat sans faux brillants, tant de traits hardis, de figures vives et naturelles, tant d’art pour attirer l’imagination aux subtilités de la théologie ; qu’avec d’éminentes qualités extérieures, une physionomie noble, un regard doux et perçant, un accent passionné, un geste imposant, Bossuet, à l’apparition de Bourdaloue, ait cessé de passer pour le premier prédicateur, comment l’expliquer, sinon parce que le génie de Bourdaloue le tenait plus près de l’auditoire et que Bossuet lui parlait de trop haut ? […] Bossuet raisonne comme le peuple fait des figures. […] Ces excès de la morale de Massillon parurent à beaucoup de gens des éclats de zèle indiscret, ou, ce qui est plus fâcheux, des figures d’éloquence. […] Le style de Massillon a tous les défauts de l’amplification ; les figures de mots y abondent, et en particulier celles qui simulent la véhémence. […] On rencontre souvent dans Massillon « les noirs soucis, les noirs chagrins », et beaucoup d’autres figures de ce genre, prises à Fénelon, qui les avait prises lui-même à l’antiquité.
Puis sa figure se repenche sur son livre de messe. […] La femme, sortie de la chambre, il a couru dans la cour, chercher de l’air, et mettre sur sa figure le souffle frais du vent. […] En sortant, nous tombons sur Aubryet, qui nous apprend que Saint-Victor est de l’inauguration. « Eh bien, je n’irai pas à Vendôme, me dit Flaubert, non vraiment, la sensibilité est arrivée chez moi à un état maladif tel… je suis entamé au point que l’idée d’avoir la figure d’un monsieur désagréable, en chemin de fer, devant moi… ça m’est odieux, insupportable. […] À rencontrer, dans les chemins verts, ces mineuses, ces débardeurs marmiteux, à la figure charbonnée, au chapeau paré de plumes de coq, on a l’impression d’être tombé, en plein mardi gras, dans un carnaval loqueteux, dans une descente de la Courtille, barbouillée de boue et de suie. […] Des ressouvenirs des figures de pierre de la cathédrale de Chartres, mêlés à des réminiscences des récits des temps mérovingiens, me revenaient, je ne sais pourquoi.
Telle est, dans ses lignes les plus saillantes, la figure de René. […] Il a tout changé pour elle, patrie, condition, figure, esprit. […] Non, derrière les figures plus ou moins illustres déjà citées, on découvre toute une foule innomée, marquée du même sceau qu’elles. […] Jamais la mélancolie maladive n’incarna son image plus complète sur des traits humains que dans cette figure. […] C’est une figure importante au point de vue où nous nous plaçons que celle de Leopardi.
Rêveur subtil et passionné, inégal et vain, si je n’apercevais pas sa figure en tête d’un in-folio du moyen âge, je la chercherais au frontispice d’un poëme de l’école de Gœthe ou de Byron. […] Villemain, et jamais on ne groupa avec plus d’art, autour d’une seule figure, les événements qui lui servent de cadre et de commentaire historique. […] Heureusement, à côté de ces figures ridées et froides, ensevelies dans le linceul révolutionnaire par ces trois mains de glace, le néant, le doute et la mort, M. […] Toutes ces figures élégantes ou joyeuses, tragiques ou mignardes, sérieuses ou bouffonnes, aboutissent à la plus parfaite, à la moins oubliée de celles qui n’existent plus, à mademoiselle Mars. […] En retraçant avec complaisance cette charmante figure d’enfant, M. de Beauchesne ne s’est pas proposé seulement de faire un gracieux portrait.
A quelles chances une figure dite historique n’est-elle pas soumise, sitôt qu’échappant aux premiers témoins, elle passe aux mains des commentateurs subtils, des érudits sans jugement, ou, qui pis est, des tribuns et des charlatans de place, des rhéteurs et sophistes de toutes sortes qui trafiquent indifféremment de la parole ? […] Ce serait une occasion heureuse de résumer et de concentrer autour d’une figure brillante tant de souvenirs personnels devenus sitôt de l’histoire215. […] » Seulement, pour traduire en action cette lutte et lui donner tout son relief, il s’agissait de la rejeter dans le passé et de la personnifier dans quelque figure historique connue, dans un homme célèbre en qui l’esprit, supérieur au caractère, aurait eu à lutter et contre lui-même et contre le monde d’alentour. […] Dans une circonstance autre qu’une solennité académique, il y aurait eu sans doute manière de prendre autrement le sujet, une manière plus expressive et plus réelle ; c’eût été de ne pas donner tant de place et de saillie aux considérations historiques, aux diverses époques de la Révolution, et de s’attacher plus uniquement d’abord à la figure de M. […] C’est de même qu’à la page 202, sous figure collective, il a peint expressément M.