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530. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Il est, sur les erreurs de ses amies, d’une discrétion parfaite ; et, comme elles ont belle tenue, Bossuet lui-même, introduit dans ce salon, n’y verrait que du feu, lui à qui Mme de Montespan en faisait si facilement accroire, comme le conte Mme de Caylus. […] Jacquinet répond à la première de ces questions dans sa substantielle préface : Peut-être peut-on se demander si la beauté solide et constante de langage des vers, par tout ce qu’il faut au poète, dans l’espace étroit qui l’enserre, de feu, d’imagination, d’énergie de pensée et de vertu d’expression pour y atteindre, ne dépasse pas la mesure des puissances du génie féminin, et si véritablement la prose, par sa liberté d’expression et ses complaisances d’allure, n’est pas l’instrument le plus approprié, le mieux assorti à la trempe des organes intellectuels et au naturel mouvement de l’esprit chez la femme, qui pourtant, si l’on songe à tout ce qu’elle sent et à tout ce qu’elle inspire, est l’être poétique par excellence et la poésie même.

531. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

… Parce que, dans cette grande ville, le sang des saints et des innocents a été répandu… le Seigneur enverra le feu tordre dans ses flammes, comme dans les anneaux d’un serpent, tous ces palais superbes, tous ces repaires de voluptés infâmes !  […] » dit Faustus en arrachant une torche fixée à la muraille ; et, suivi de quelques-uns de ses frères, il s’en va mettre le feu à la ville.

532. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

. — « La mâchoire dévorante du feu » — dit une strophe du Chœur — « ne détruit pas le sentiment chez les morts. […] » — Les Captives entretiennent ce feu qui bouillonne ; sur la fureur elles versent la rage, et le poison sur le fiel ; ce sont là maintenant leurs libations.

533. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Il nous parle quelque part, dans un de ses livres, des conscrits qui, à l’armée, se jettent dans le feu par peur du feu.

534. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

L’idéal de la femme n’est peut-être ni la beauté splendide, ni le feu de l’esprit, ce diamant du front, ni le feu de l’amour, cet autre diamant de la poitrine, mais un peu de bonté dans un peu de grâce, et en voilà assez pour le ravissement de l’humanité !

535. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Il nous parle quelque part, dans un de ses livres, des conscrits qui, à l’armée, se jettent dans le feu par peur du feu : il ressemble un peu à ces conscrits-là.

536. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courteline, Georges (1858-1929) »

quels feux en sa prunelle !

537. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

Pendant les années d’agitation et d’angoisses qui suivirent la Révolution de février, et où la fièvre démocratique, chauffée au feu des imaginations méridionales, propageait, dans nos campagnes, sous leurs formes les plus brutales, toutes les théories communistes, Roumanille, fils d’un jardinier et modeste employé dans une imprimerie d’Avignon, renonçant aux douces familiarités de sa muse bien-aimée, se mit à écrire, en provençal, de petits livres populaires qui firent plus, dans nos départements, pour la cause de l’ordre et du bon sens, que toutes les publications.

538. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

L’Introduction, entre autres, à la Description de la Lorraine & du Barrois, qui forme un volume in-8° de plus de cinq cents pages, peut être regardée comme un des meilleurs Ouvrages qui aient paru en ce genre : c’est une véritable Histoire, mais abrégée, de la Lorraine & du Barrois, depuis la plus haute antiquité jusqu’à la mort du dernier Duc, le feu Roi de Pologne, Stanislas I.

539. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Homère, et le grammairien Thestorides. » pp. 2-6

Il affectoit de mettre dans sa déclamation ces mouvemens & ce feu qui distinguent si bien l’auteur du simple acteur.

540. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XII. Suite des machines poétiques. — Voyages des dieux homériques. Satan allant à la découverte de la création. »

» Il dit ; Satan plein de joie… s’élève avec une nouvelle vigueur ; il perce, comme une pyramide de feu, l’atmosphère ténébreuse… Enfin l’influence sacrée de la lumière commence à se faire sentir.

541. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 15, des personnages de scelerats qu’on peut introduire dans les tragedies » pp. 115-119

Ainsi mon sentiment est qu’on ne doit point, par exemple, introduire jamais sur le théatre un romain encore païen qui se moqueroit du feu de Vesta, non plus qu’un grec qui traiteroit avec insolence l’oracle de Delphes de fourberie inventée par les prêtres d’Apollon.

542. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre III. Du temps où vécut Homère » pp. 260-263

Les viandes bouillies ne durent venir qu’ensuite, car elles exigent, outre le feu, de l’eau, un chaudron et un trépied ; Virgile nourrit ses héros de viandes bouillies, et leur en fait aussi rôtir avec des broches.

543. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Il s’est trouvé au milieu d’un peuple renouvelé par le fer et par le feu, et il a parlé un langage nouveau. […] Enfin, celui-ci croyant le moment favorable, et voulant faire la part du feu, offrit de donner une somme d’argent à titre de cadeau. […] Jacquemont lui donna une bouteille de râkh, qui lui servait d’esprit-de-vin pour ses préparations anatomiques, et qui était de force à prendre feu dans le gosier du mécréant. […] Il parcourut, sous le feu des tropiques ou sous l’ombrage pestilentiel des bois, toute la longueur de cette île meurtrière, à la recherche de quelques lambeaux de ces terrains, dont l’étude et l’analyse le courbaient douloureusement pendant des jours entiers. […] Son cœur prit feu.

544. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Dieu, irrité des crimes qui se commettent à Sodome et à Gomorrhe, se décide à lancer le feu du ciel sur ces deux villes. […] C’était une réminiscence de l’art primitif, comme le dernier et pâle reflet d’un feu qui s’éteint pour faire place à une lumière plus vive. […] Vous êtes mariés ; ne reste que la nuit Pour éteindre vos feux. […] Le feu détruisit une seconde fois cette belle salle le 20 mars 1818. […] Heureusement, ou malheureusement pour Europe, on était au printemps, il n’y avait pas de feu.

545. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Nous avons tous fait des théories, au coin du feu, dans une discussion, pour le besoin de la cause, lorsque, faute d’une raison, il nous fallait un argument postiche, semblables à ces généraux chinois qui, pour effrayer les ennemis, rangent parmi leurs troupes des monstres formidables de carton peint. […] Dans quelques directions, ce déluge de feu continue encore à s’étendre. […] La solide reliure, la table symétrique, la préface, les chapitres substantiels alignés comme des soldats en bataille, tout vous ordonne de prendre un fauteuil, d’endosser une robe de chambre, de mettre vos pieds au feu, et d’étudier ; vous ne devez pas moins à l’homme grave qui se présente à vous armé de six cents pages de texte et de trois ans de réflexion. […] Les longues soirées coulaient gaiement auprès du feu de tourbe, grâce à quelques paquets de cartes, qui avaient trouvé leur chemin jusqu’à ce coin reculé du monde, et à quelques flacons d’eau-de-vie française, qui probablement, étaient l’adieu de Jacques à ses partisans des hautes terres. […] Il revint chez lui, et se coucha1390. » Le lendemain, à cinq heures du matin, le vieux chef fut assassiné, ses hommes fusillés dans leur lit ou au coin de leur feu.

546. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Qu’il s’estime heureux, celui qui n’est pas mort d’une balle au front, obscurément, de 1914 à 1918, et qui peut encore manger la soupe baudelairienne, « au coin du feu, le soir, auprès d’une âme aimée !  […] C’est un père de famille qui casse ses meubles, bat sa femme et jette ses enfants par la fenêtre, puis met le feu. […] Il adoucit les feux de la haine, et ceux, mêmement embrasés, de l’amour. […] Celle-ci garde toujours son caractère explosif, son aspect de feu d’artifice, de déflagration de fonctions et d’organes de types déjà connus, manifestement héréditaires, mais autrement agencés. […] La cuisine électrique est une atrocité, par rapport à la cuisine au gaz, elle-même fort inférieure à la cuisine à la broche, sur le feu de sarments.

547. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

On peut dire explosion, car ce sont des esprits qui ressemblent à des boites d’un feu d’artifice.

548. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

Son talent s’est fait de pièces et de morceaux ; il s’est fondu au feu de forge d’une volonté ardente : il en garde encore aujourd’hui les marques, un air de tourment et de convulsion.

549. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

., etc. » Et maintenant, quand on publiera les lettres d’amour de Benjamin Constant à Mme Récamier, quand on relira la biographie flatteuse qu’il a tracée d’elle pour lui plaire et la charmer, quand on le verra prodiguer les larmes, les soupirs, faire jouer les feux follets de l’imagination et même les légères vapeurs du mysticisme (car tout est bon pour s’insinuer), on aura le revers ; on saura ce qu’il était avant et après ; avant, tant qu’il eut le désir, et après, quand il eut cessé d’espérer.

550. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Daudet, Alphonse (1840-1897) »

À l’origine, le poète prédomina un peu, puisque, dans l’aube rose de l’adolescence, il est naturel que l’imagination surtout fermente, flambe, fleurisse, feu et fleurs !

551. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deroulède, Paul (1846-1914) »

Paul Déroulède battait soudain entre mes mains et dans ma voix avec le rythme tout populaire de ses vers : Il fait nuit ; la diane a sonné, tout s’éveille ; Les hommes sont sortis des lentes qu’on abat ; La soupe est sur le feu, le vin dans la bouteille, Et, chantant et riant à la flamme vermeille, Ces diables de Français commencent leur sabbat.

552. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

. — Les Filles du feu (1854). — Promenade autour de Paris (1855). — Misanthropie et repentir, drame en 5 actes, en prose, de Kotzebue, traduction (1855). — La Bohême galante (1856). — Le Marquis de Fayolle, avec M. 

553. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vacquerie, Auguste (1819-1895) »

Leur criai-je en colère, et, dans l’ardeur du feu, Les dévots n’étaient bien frappés que dans leur dieu.

554. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

L’octave du Tasse n’est presque jamais pleine, et son vers, trop vite fait, ne peut être comparé au vers de Virgile, cent fois retrempé au feu des Muses.

555. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XII. Suite du Guerrier. »

Le soleil vient de se lever : les armées sont en présence ; les bannières se déroulent aux vents ; les plumes flottent sur les casques ; les habits, les franges, les harnais, les armes, les couleurs, l’or et le fer, étincellent aux premiers feux du jour.

556. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

Écoutez le prince des ténèbres s’écrier, du haut de la montagne de feu d’où il contemple pour la première fois son empire : « Adieu, champs fortunés, qu’habitent les joies éternelles.

557. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Enfin il concevait un amour sévère, intelligent, mais efficace et ardent, du peuple : c’était la passion innée de ce bon et grand citoyen ; c’était l’âme cachée de son opposition à tous les régimes qui ne réalisaient pas sa pensée ; c’était le feu sacré de ses poésies comme de sa vie ; c’était sa philosophie politique ; c’était tout son républicanisme. […] Voyez d’ici briller cent hallebardes     Aux feux d’un soleil pur et doux. […]   J’ai faim, dit-il ; et bien vite   Je sers piquette et pain bis ;   Puis il sèche ses habits, Même à dormir le feu l’invite. […] On y pressent le souffle de feu des premières chimères antisociales. […] Je songe à vous le jour et la nuit. » Je le remerciai et je le rassurai en lui affirmant que, si la Providence me laissait encore quelques heures de travail avant le soir, j’étais sûr de suffire à tout et de ne laisser personne dans la peine ou dans l’embarras après moi, et j’entrai avec lui dans quelques détails de coin du feu. « Ah !

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