. — Les Femmes (1853). — Nouvelles Guêpes (1853-1855). — Une poignée de vérités (1853). — Proverbes (1853). — Soirées de Sainte-Adresse (1853). — Histoire d’un pion (1854). — Un homme fort en théorie (1854). — Dictionnaire du pêcheur (1855). — La Main du diable (1855). — La Pénélope normande (1855). — Les Animaux nuisibles (1856). — Histoires normandes (1856). — Lettres de mon jardin (1856). — Promenades hors de mon jardin (1856). — Rose et Jean (1857). — Encore les femmes (1858). — Menus propos (1859). — Roses noires et blanches (1859). — Sous les orangers (1859). — En fumant (1861). — Les Pleurs (1861) […] C’était aussi le temps où, ces jouets de l’âme, Tes romans s’effeuillaient sur des genoux de femme, Et laissaient à leurs sens, ivres du titre seul, L’indélébile odeur de la fleur du Tilleul !
Celui-ci ne prit ni femme, ni abbaye, ni emploi ; il se livra, à son talent pour la poésie, qui lui fit une grande réputation. […] Une femme d’esprit, lasse de voir dans nos livres des peintures satyriques de son sexe, appliqua aux hommes qui font les livres, la remarque du lion de cette fable. Elle avait raison ; mais les femmes ont mieux fait depuis : c’est de prendre leur revanche, de faire des livres, et de peindre les hommes à leur tour.
On sait bien que les contours sont doux dans les femmes, qu’on y discerne à peine les muscles, et que toutes leurs formes s’arrondissent ; mais elles ne sont pas rondes et sans inégalité. Un œil expérimenté reconnaîtra dans la femme du plus bel embonpoint les traces des muscles du corps de l’homme ; ces parties sont seulement plus coulantes dans la femme, et leurs limites plus fondues.
Quel groupe que celui d’Esther et de ces femmes qui la secourent ! […] Dans le tableau de Restout une seule femme soutient Esther. […] Il s’agit bien de toucher de son sceptre une femme charmante, adorée et qui se meurt de douleur !
Quelques détails de toilette assez gracieux et vivement rendus, et qui révèlent une main de femme dans un temps où l’on ne décrivait pas, ne sont point assez pour qu’on nomme hardiment madame de la Fayette, cette platonicienne sans le savoir, qui ne voit absolument rien dans le monde que l’expression chaste des sentiments. […] À ne juger donc que littérairement un ouvrage dont historiquement Barbier a très peu prouvé l’origine, nous n’acceptons pas, par respect pour la mémoire de madame de la Fayette, le cadeau qu’on veut faire aujourd’hui à une femme qui a trouvé dans un petit coin de son cœur un filon de génie, et qui peut se passer de tous les cadeaux avec la seule perle qu’elle porte à son front. […] Sans ce nom d’une femme qui est le plus charmant souvenir de nos esprits et dont on les couronne, ils ne soulèveraient pas, même l’espace d’un jour, le poids de leur obscurité.
Ma femme est une joyeuse commère, ma maison ouverte à tout venant. […] En même temps Kalitine acheta une maison à O…, où il se fixa définitivement avec sa femme. […] Une femme passe et prononce quelques mots d’une voix glapissante. […] « Apporte le kwass », dit encore la même voix de femme. […] C’est à l’amour d’une femme que j’ai immolé mes meilleures années ; eh bien !
Cette créature dangereuse s’est éprise de Lucien de Rubempré, ce beau Lucien auquel nulle femme ne résiste. […] Tous les poèmes reproduisent le même point de vue, la même femme apparaît toujours, le même homme remonte constamment en scène. La femme, dans ces poésies, est un être essentiellement fait pour le plaisir. […] Hormis cet homme égoïste, et cette femme au corps si beau, à l’âme si nulle, il n’y a personne dans ces poèmes. […] Cette femme à tout prendre n’est pas celle à qui nous pouvons désormais nous attacher ; elle a de la grâce, d’accord ; mais elle ne possède ni vertu, ni force.
Sa première femme étant morte moins d’un an après son mariage, il en prit une autre qui mourut aussi. […] Les dames de Rennes ne voulurent pas accorder à la femme d’un simple membre des états l’honneur de la première visite, qui, suivant elles, n’était dû qu’à la femme du commandant et non point à sa fille : elles partirent toutes pour la campagne. […] Je crois même qu’une femme qui aime son mari est encore plus heureuse qu’un mari qui aime sa femme. […] Non, je ne demande plus que cette femme m’aime. […] Le grand amour, profond et sérieux, fut pour la femme qui inspira le Lac.
Il lui faut accepter le pardon d’une femme, et l’oubli de l’autre. […] » Qu’est-ce qui cause la moitié des souffrances des femmes ? […] La femme avisée ne s’obstine jamais à donner une explication. […] » En général, les hommes ne prennent point en pitié les larmes des femmes, et quand c’est une femme de leur entourage qui pleure, ils se bornent à sortir, en fermant la porte avec fracas. […] » Tout ce qui n’est pas flatterie paraît injustice à la femme.
Il court, malgré sa résolution, dans les bras de sa femme ; il fléchit le genou devant sa mère. […] Celle de Macbeth devient complète, quand sa femme l’a décidé à l’assassinat. […] Fragilité, ton nom est femme. — Un petit mois. […] » Cela ne tarit pas. « Ne sais-tu pas que je suis femme ? […] C’est le triomphe naïf et abandonné d’une femme du peuple.
Il amena sa femme à Dublin, et après deux ans de mariage, y mourut au mois d’avril de l’année 1667. […] Il est vrai qu’il avait alors en Irlande un autre amour, et qu’il pouvait désirer que les deux rivales continuassent de s’ignorer, mais lorsque cet obstacle eut disparu, lorsque cette autre femme elle-même eut succombé, abreuvée de jalousie, de honte et de douleur, pourquoi refusa-t-il d’avouer la suppliante Stella pour sa femme ? […] Les choses défendues ne semblent-elles pas plus douces ; la soie prohibée fait les délices des femmes, et le vin de contrebande celles des hommes. […] Celle-ci répondit à son infortunée rivale qu’elle était la femme de Swift, et elle envoya à ce dernier la lettre de Vanessa, en quittant Dublin. […] Elle approchait de sa fin et ne voulait pas mourir loin de lui ; elle espérait mourir publiquement sa femme.
Horace et La Fontaine sont de charmants tableaux de cabinet par le dessin, la touche, la couleur, mais ce sont des tableaux licencieux en face desquels on ne doit conduire ni sa femme, ni sa sœur, ni son fils. […] Il s’attacha successivement et tour à tour à cette classe équivoque des femmes romaines qu’on appelait les courtisanes. Ces femmes n’avaient aucune analogie avec les victimes du libertinage qu’on appelle ainsi de nos jours. L’Inde, la Grèce et Rome leur reconnaissaient un rang social, inférieur aux femmes chastes légitimement mariées et mères de famille (matrones), mais supérieur aux femmes de débauche perdues dans la fange de la population des faubourgs. […] Huit esclaves, hommes, femmes ou enfants, suffisaient sous ses lois à la culture et à l’exploitation rurale de sa petite ferme.
Tels sont encore, dans La Petite Dorrit, le vieux Flintwinch, qui promène si bizarrement son torticolis de pendu réchappé par l’atmosphère ténébreuse de la maison Clennam, ou cet aventurier presque de race, Rigaud, dont les mains blanches et sales sont étrangement soupçonnées d’avoir étranglé une femme dans un endroit écarté, près de Marseille. […] Micawber, à l’instigation de sa femme, prend la résolution de jeter le gant à la société, la sommant de lui donner une position digne de ses talents. […] Dickens était porté à reproduire tout l’existant ; il a commencé, d’abord comme tous ses congénères, par prendre ce qu’il est convenu que l’on dédaigne ; il s’en est tenu là, et dans toute son œuvre on aurait peine à trouver un grand homme ou une femme séduisante, ou simplement des gens bien élevés. […] Barnabé Rudge a le spectacle de l’effroyable assaut que donne la populace orangiste contre la prison centrale de Londres, la nuit, à la lueur des torches et des incendies, quand dans les ruisseaux bleus flambants d’eau-de-vie, des amas d’hommes et de femmes brûlent lentement en cuvant leur ivresse. […] Micawber, sa mère la femme geignarde, bavarde et sans tête qu’est Mme Nickleby, Charles Dickens fut élevé avec des frères et sœurs qui ne le valaient guère, d’abord à Chatam, au bord de la mer, puis dans une de ces désolantes petites maisons basses qui forment les faubourgs de Londres.
M. de Caumartin avait eu d’une première femme, Marie-Urbaine de Sainte-Marthe, un fils qui devint par la suite un magistrat et un administrateur distingué ; ce fut l’élève de Fléchier79. Ayants perdu sa première femme en 1654, M. de Caumartin, resté veuf pendant dix ans, épousa en 1664, en secondes noces, Mlle de Verthamon. […] Dans le chapitre intitulé : « Du commerce avec les femmes », l’artiste insiste sur l’utilité honnête à en tirer, tout en marquant les sages précautions. […] Mme de Caumartin la douairière, la jeune Mme de Caumartin étaient du voyage, ainsi que quelques-unes des femmes ou des mères des principaux magistrats. […] C’est ainsi qu’il dira, par le même jeu de mots que Racine : « Cependant il est certain que pendant qu’il (un mari) faisait brûler ce chaume, sa femme brûlait d’amour avec son galant. » Pour marquer la fécondité des femmes de Clermont, et le grand nombre d’enfants qu’ont la plupart d’entre elles, il dira que la petite vérole, qui est la contagion des enfants, « s’étant répandue, s’est enfin lassée dans la ville, et après en avoir emporté plus de mille, s’est retirée de dépit qu’elle a eu qu’il n’y parût pas ».
On a assassiné sur les chemins des femmes qui portaient du pain… M. le duc d’Orléans porta l’autre jour au conseil un morceau de pain, le mit devant la table du roi et dit : « Sire, voilà de quel pain se nourrissent aujourd’hui vos sujets… » — « Dans mon canton de Touraine, il y a déjà plus d’un an que les hommes mangent de l’herbe » De toutes parts la misère se rapproche ; « on en parle à Versailles plus que jamais. […] C’est à ce point que les nègres de nos îles sont infiniment plus heureux ; car, en travaillant, ils sont nourris et habillés, avec leurs femmes et leurs enfants ; au lieu que nos paysans, les plus laborieux du royaume, ne peuvent, avec le travail le plus dur et le plus opiniâtre, avoir du pain pour eux et leur famille, et payer les subsides. » En 1740613, à Lille, à propos de la sortie des grains, le peuple se révolte. « Un intendant m’écrit que la misère augmente d’heure en heure ; le moindre risque pour la récolte fait cet effet depuis trois ans… La Flandre est surtout bien embarrassée ; on n’a pas de quoi attendre la récolte, qui ne sera que dans deux mois d’ici. […] Dans le Quercy et ailleurs, point de bas, ni de souliers, ni de sabots. « Impossible, dit Young, pour une imagination anglaise de se figurer les animaux qui nous servirent à Souillac, à l’hôtel du Chapeau Rouge ; des êtres appelés femmes par la courtoisie des habitants, en réalité des tas de fumier ambulants. […] Cette femme, son mari et son ménage sont un échantillon assez exact de la condition du petit cultivateur propriétaire. […] Les femmes n’ayant presque pas de lait, les enfants d’un an mangent de ce pain dont je vous ai parlé ; aussi une fille de quatre ans a le ventre gros comme une femme enceinte… Les seigles ont été gelés cette année, le jour de Pâques ; il y a peu de froment ; des douze métairies qu’a ma mère, il y en a peut-être dans quatre.
Zemfira pense aux villes, les femmes y sont si bien parées ! […] « Console-toi, lui dit le père de Zemfira ; aimer, c’est pour toi souffrance et tristesse ; aimer, pour un cœur de femme, c’est un divertissement. […] Derrière viennent les maris, les frères, les filles et les femmes. […] Dans une grande soirée, il distingue une jeune femme remarquable par sa beauté et plus encore par son grand air. […] c’est ma femme… Mais comment as-tu déjà oublié ta voisine de campagne, Tatiana ?
Ces deux romans m’avaient été signalés comme écrits par une jeune femme qui venait assez souvent dans un cabinet de lecture de la place de l’Odéon et qui vivait d’une vie originale, d’une vie de garçon et d’étudiant. […] Je vis en entrant une jeune femme aux beaux yeux, au beau front, aux cheveux noirs un peu courts, vêtue d’une sorte de robe de chambre sombre des plus simples. […] Ce préservatif contre un sentiment d’amour en présence d’une jeune femme qui excitait l’admiration fut précisément ce qui fit la solidité et le charme de notre amitié. […] Mme Sand y fut invitée, elle était la seule femme. […] C’est la loi commune, et la femme célèbre y est doublement sujette.
On n’a cessé, par exemple, de nous présenter au théâtre la conduite immorale des hommes envers les femmes, avec l’intention de se moquer des femmes trompées. La confiance que peuvent avoir les femmes dans les sentiments qu’elles inspirent, peut être, avec raison, l’objet de la raillerie ; mais le talent se montrerait plus fort, le sujet serait pris de plus haut, si c’était au trompeur que s’attachât le ridicule, si l’on savait le faire porter sur l’oppresseur, et non sur la victime. […] Les femmes de nos jours, soit en France, soit en Angleterre, ont excellé dans le genre des romans, parce que les femmes étudient avec soin, et caractérisent avec sagacité les mouvements de l’âme ; d’ailleurs on n’a consacré jusqu’à présent les romans qu’à peindre l’amour, et les femmes seules en connaissent toutes les nuances délicates. Parmi les romans français nouveaux, dont les femmes sont les auteurs, on doit citer Caliste, Claire d’Albe, Adèle de Sénanges, et en particulier les ouvrages de madame de Genlis ; le tableau des situations et l’observation des sentiments lui méritent une première place parmi les bons écrivains.
Aucune femme n’a mieux tenu parole. » Marie-Anne est bonne, brave, fière et triste. […] Cette femme en deuil, immobile et vivant d’un souvenir, M. de Glouvet a su nous la faire voir. Il a su, dès sa première apparition, la fixer dans une attitude qu’on ne peut plus oublier : Une femme tenait la barre du gouvernail. Cette femme était vêtue de noir. […] Fleuse, silencieux, ramène le vieux Robine chez Buré : « Vous devez quatre mois ; faites-le souper. » Buré et sa femme geignent et réclament.
Rousseau, qui commençait à devenir célèbre, le présenta un jour à Mme d’Épinay, aimable et spirituelle femme, très mal mariée, riche, et dont la jeunesse, dénuée de guide, s’essayait alors un peu à l’aventure : M. […] Son nez, pour être un peu gros et légèrement tourné, n’en avait pas moins l’expression la plus marquante de finesse et de sagacité : Grimm, disait de lui une femme, a le nez tourné, mais c’est toujours du bon côté. Il est aisé, avec ces mêmes traits, on le sent, de faire de Grimm un homme très laid et une caricature ; ceux qui savent combien la physionomie dispense les hommes de beauté s’en tiendront, sur son compte, à l’impression d’une femme d’esprit et d’un ami délicat. Sur ces entrefaites, Mme d’Épinay eut une affaire de famille désagréable : sa probité fut mise hautement en doute par ses proches ; la pauvre femme, qui avait été chargée par une belle-sœur mourante de détruire des lettres compromettantes, était accusée d’avoir brûlé un papier d’affaires important ; ce papier se retrouva depuis. […] Voyant une femme vive et généreuse, pleine de sollicitude pour le bien-être de l’homme de talent infortuné, il l’avertit assez sévèrement de son imprudence.
Ses femmes, ses merveilleuses femmes russes, mélange infiniment instable d’égoïsme, d’enthousiasme, de dissimulation, de frivolité, sont peintes ainsi, la froide Mme Odintsof de Pères et Enfants et surtout la comtesse Irène, l’héroïne de Fumée, qui faillit par un retour et un conflit de passions si profondément humaines briser à deux reprises la carrière de son amant. […] Ses femmes passent par toutes les dégradations variables de leur nature, et chacune, de la jeune fille à l’aïeule, possède quelque particularité originale et illogique, quelque trait réellement vivant, qu’aucune classification ne peut saisir, M. […] Dans un salon de province, il défend brillamment toutes les belles idées générales qui rendent la vie séduisante ; le progrès, l’immortalité de l’âme, la noblesse de la femme. […] Sipiaguine, le fonctionnaire pseudo-libéral de Terres vierges, a parfois avec sa femme des sentiments honnêtes et bons. […] L’homme est faible, la femme est tenace, le hasard est tout-puissant ; se résigner à une vie décolorée est difficile, s’y résigner complètement est impossible…, et ici il y a beauté et sympathie, chaleur et lumière, comment s’y dérober ?
Mme de Montglat, beauté brillante et gracieuse, aimait la musique et les vers ; elle en faisait même d’assez jolis et chantait mieux que femme de France de sa qualité ; elle parlait et écrivait avec une facilité surprenante et le plus naturellement du monde. […] On rencontre un nom de femme ou d’homme, vite un portrait. […] madame, il ne tient qu’à vous que je ne passe pour être le plus honnête homme de France. » — Le marquis de Sévigné de même, qui laissait sa charmante femme pour Ninon, était persuadé « qu’on ne peut être honnête homme sans être toujours amoureux. » Ce qu’on voyait pendant les hivers, ce n’étaient donc pas seulement les distractions bruyantes et faciles de toute jeunesse guerrière, c’était une rare émulation chez quelques-uns qui se piquaient d’honnêteté, et des gageures de cette sorte : « Le duc de Candale, qui était l’homme de la Cour le mieux fait, crut qu’il ne manquait rien à sa réputation que d’être aimé de la plus belle femme du royaume ; il résolut donc à l’armée, trois mois après la campagne, d’être amoureux d’elle (Mme d’Olonne) sitôt qu’il la verrait, et fit voir, par une grande passion qu’il eut ensuite pour elle, qu’elles ne sont pas toujours des coups du ciel et de la fortune. » On s’embarquait de parti pris avec quelqu’un, avec quelqu’une, pour se faire honneur dans le monde, pour faire parler de soi, et « parce que les femmes donnaient de l’estime aussi bien que les armes ». […] Sa femme lui sert furieusement dans la province ; sans elle la noblesse ne le visiterait guère : il se lève là à onze heures comme ici, et s’enferme quelquefois pour lire, n’aime point la chasse et n’a rien de populaire.
Une femme ne peut plier les genoux, un homme ne peut déployer son bras, prendre son chapeau sur sa tête, et tirer un pied en arrière, que sur un écran. […] Que signifie à côté de ce portefaix étendu sur des ballots, cette femme qui conduit un lion par la crinière ? La femme et l’animal s’en vont du côté du portefaix endormi, et je suis sûr qu’un enfant s’écrierait : maman, cette femme va faire manger ce pauvre homme-là qui dort, par sa bête. Je ne sais si c’est son dessein ; mais cela arrivera si cet homme ne s’éveille, et que cette femme fasse un pas de plus. […] C’est que le corps de l’homme, sa poitrine, ses bras, ses épaules, c’est que les pieds, les mains, la gorge d’une femme sont plus beaux que toute la richesse des étoffes dont on les couvrirait.
. — Écrivant dans sa vieillesse un parallèle de Thémistocle et d’Aristide comme modèle pour perfectionner les Vies de Plutarque, il adresse ce petit écrit à Mme Dupin, femme du fermier général, l’une des quatre ou cinq jolies femmes de Paris qui s’étaient engouées de lui, et il lui dit dans sa lettre d’envoi : Voilà, madame, Aristide et Témistocle dont j’ai comancé la vie dans ce charmant séjour que vous habitez (à Chenonceaux) ; vous les trouverez écrites suivant ce nouveau plan que je vous propozai un jour sur les bords du Cher dans une de nos promenades filozofiques où vous trouviez tant de plézir… J’avoue que j’eus une grande joie de voir ainsi qu’à votre âge, et avec les charmes de la jeunesse, vous étiez capable d’estimer le sansé, lorsque tout ce qui vous anvironne n’estime que l’agréable présant, au lieu que l’utile ou le sansé ne regarde que l’agréable futur. […] Ainsi chassé d’une académie, ayant eu une autre académie tuée sous lui, l’abbé, toujours serein et impassible, continua d’écrire tous les matins ses idées, de les lire tous les soirs à qui voulait l’entendre (ne fût-ce qu’à une jolie femme), et d’échec en échec, il ne laissa pas de dire : « Patience ! […] Un jour qu’il venait d’entendre Mme de Talmont une femme du monde qui parlait bien et pensait peu : « Mon Dieu ! […] Rousseau, s’autorisant de l’exemple donné par ce singulier ecclésiastique, nous dit : « Un célèbre auteur de ce siècle, dont les livres sont pleins de grands projets et de petites vues, avait fait vœu, comme tous les prêtres de sa communion, de n’avoir point de femme en propre ; mais se trouvant plus scrupuleux que les autres sur l’adultère, on dit qu’il prit le parti d’avoir de jolies servantes, avec lesquelles il réparait de son mieux l’outrage qu’il avait fait à son espèce par ce téméraire engagement.
« Cultiver la vertu est la science des hommes, et renoncer à la science est la vertu des femmes. « Il faut écouter sa femme et ne pas la croire. […] « Les femmes les plus curieuses baissent volontiers les yeux pour être regardées. « La langue des femmes croît de tout ce qu’elles ôtent à leurs pieds. « Quand les hommes sont ensemble, ils s’écoutent, les filles et les femmes se regardent.
II Il y a déjà quelque temps que l’abbé Marcel Bouix a traduit, avec un talent éclatant de fidélité, les œuvres complètes de sainte Térèse, de cette femme qui eut deux génies, quand il n’en faut qu’un seul à un homme pour être immortel. […] Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi ; elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre ! […] La Térèse des Fondations est une des plus majestueuses femmes d’État qui se soient assises par terre ou sur un escabeau au lieu de s’asseoir sur un trône ! […] Ce n’était pas uniquement, comme ceux qui ne l’ont pas lue ont la bonté de le concéder, une femme supérieure par l’imagination, par la disposition poétique, exaltée par la Prière, et trouvant dans réchauffante macération de la Règle et du Cloître l’expression embrasée qui ressemble chez elle à un encensoir inextinguible, le cri qui épouvante presque les cœurs et qui fait croire que le Génie a des rugissements comme l’Amour. […] elle était encore la femme puissamment rassise dans la raison telle que les hommes conçoivent la raison quand l’Extase, qui enlève l’esprit au ciel et ce corps de boue volatilisé dans les airs, la lâchait et la mettait par terre.
Il nous peint admirablement ce petit homme, grandi par le reflet de sa femme, ce conquérant ménager qui, du génie magnifique et généreux de la Féodalité, n’a gardé que la manière de lacer son casque et de se tenir sur la selle. […] Si un jour, et dans l’absence et sous les cris de paon des hidalgos révoltés contre le grand étranger auquel ils ne voulaient plus obéir, Isabelle fut sur le point de renier celui qui lui avait donné un monde, il faut rappeler qu’elle était femme et qu’elle aimait son époux. La foi et l’amour ne se dédoublent pas chez les femmes. […] Une femme jeune, noble et belle, se dévoua à sa destinée et l’épousa, quoiqu’il fût étranger et pauvre et qu’il eût sur le front des cheveux blancs. […] La femme, dit l’Orient, c’est la fortune !
Une femme de Sichem vint puiser de l’eau. Jésus lui demanda à boire, ce qui excita chez cette femme un grand étonnement, les Juifs s’interdisant d’ordinaire tout commerce avec les Samaritains. Gagnée par l’entretien de Jésus, la femme reconnut en lui un prophète, et, s’attendant à des reproches sur son culte, elle prit les devants : « Seigneur, dit-elle, nos pères ont adoré sur cette montagne, tandis que vous autres, vous dites que c’est à Jérusalem qu’il faut adorer Femme, crois-moi, lui répondit Jésus, l’heure est venue où l’on n’adorera plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem, mais où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité 674. » Le jour où il prononça cette parole, il fut vraiment fils de Dieu.