Elle fait effet, elle règne à la manière des puissants du siècle, et même plus qu’eux : Ils n’agissent que sur les esprits, et j’ai le cœur et les sens de plus dans mon domaine… Suis-je une dupe, dites-le-moi, de jouir à la manière des héros et des ministres, d’avoir sans peine ce qui leur coûte des années de travail, ce qui leur fait passer tant de mauvaises nuits dans la crainte d’en être privés ? […] La bonne fée arrivée trop tard à la naissance d’Aladin, pour amortir du moins le fâcheux effet qu’elle prévoit de si grandes qualités, ne trouve d’autre moyen que d’y joindre comme antidote un peu de paresse. […] Je me crois toujours supérieur à ce que l’on connaît de moi, et prêt à l’abandonner… C’est ici que, professant cette absolue indifférence pour le fond de toute chose et pour la vérité en elle-même, il laisse échapper cet aveu que nous avons déjà recueilli et qui juge tout l’homme : « Rien n’a jamais fait effet sur moi comme vrai, mais comme bien trouvé. » Et il continue de se dessiner en se mirant : Je suis vivement paresseux, ce qui me donne deux inconvénients, celui de la paresse et celui de l’ardeur. […] En mettant votre esprit juste, élevé et profond sur une plus grande échelle, il n’y a pas de doute de l’effet de vos prodigieuses lumières et connaissances.
Pendant le repas, j’allai me reposer à l’écart au pied d’un arbre, et là je ne pus m’empêcher de réfléchir à la bizarrerie des destins de l’homme en ce bas monde, en me voyant par l’effet de la Révolution isolé de tous les rapports que j’ai dans l’Europe par mes objets d’étude, et de toutes les personnes qui me font l’amitié de désirer ma présence, et forcé au contraire à venir passer mon temps à travailler de mes bras au milieu d’une forêt pour concourir à l’avancement de la Révolution. […] La veille du jour où l’on apprit à Amboise la chute de Robespierre, Saint-Martin se sentit sollicité d’un ardent besoin de prier : Je repassais dans mon esprit les horreurs du règne où nous étions, et dont je pouvais à tout moment éprouver personnellement les cruels effets : je me résignais en conséquence à l’arrestation, à la fusillade, à la noyade, et je disais à Dieu que partout là je me trouverais bien, parce que je sentais et je croyais que j’y serais avec lui. […] Saint-Martin comprend au reste qu’il a eu des malheurs d’expression et des duretés apparentes56, des torts d’indiscrétion et de négligence dans l’exposition de ses idées, et il s’explique par là leur peu d’effet et d’action sur les contemporains. […] Fut-elle lue seulement alors, en tout ou en partie, à l’issue de quelque conférence et devant le public des Écoles normales, pour produire son effet de réfutation ?
Toutefois Malouet pensait qu’en général la pièce avait un ton de censure et une force de logique qui devait produire un grand effet, émanant d’un philosophe aussi célèbre. […] Malouet nous rend à merveille l’effet extérieur et les péripéties de cette séance du 31 mai 1791 : « Le président eut à peine prononcé le nom de l’abbé Raynal et le titre de son adresse à l’Assemblée, que la salle retentit d’applaudissements. […] Je pardonne même, sinon à ceux qui ont pu contribuer à sa démarche, à ceux du moins qui sont tentés d’y applaudir, parce que je suis persuadé qu’elle produira dans le public un effet tout contraire à celui qu’on en attend… » C’était dix fois juste. […] Malouet ne cesse de nous le répéter sous toutes les formes : « Ce récit, dit-il, m’oppresse encore en l’écrivant, et il fera le même effet sur ceux qui me liront.
Vous trouverez dans les Espagnols des sujets qui, traités dans notre goût par des mains comme les vôtres, produiraient de grands effets. […] L’effet que produisit sur le poëte ce déchaînement de la critique fut tel qu’on peut le conclure d’après le caractère de son talent et de son esprit. […] S’il avait osé, s’il était venu avant d’Aubignac, Mairet, Chapelain, il se serait, je pense, fort peu soucié de graduer et d’étager ses actes, de lier ses scènes, de concentrer ses effets sur un même point de l’espace et de la durée ; il aurait procédé au hasard, brouillant et débrouillant les fils de son intrigue, changeant de lieu selon sa commodité, s’attardant en chemin, et poussant devant lui ses personnages pêle-mêle jusqu’au mariage ou à la mort. […] En somme, Corneille, génie pur, incomplet, avec ses hautes parties et ses défauts, me fait l’effet de ces grands arbres, nus, rugueux, tristes et monotones par le tronc, et garnis de rameaux et de sombre verdure seulement à leur sommet.
Césures déplacées, enjambements alors hardis, tous ces moyens d’assouplir le vers et d’en tirer des effets variés lui sont connus, et il les emploie. […] Il nous en avait pourtant bien avertis, lui qui jugeait de ses vers par l’oreille et croyait les justifier assez en attestant qu’il n’en avait jamais fait de plus « sonores » ; lui qui défendait le mot de lubricité pour le bon son qu’il faisait à la rime ; lui qui tant d’années avant qu’on l’eût inventé, connaissait l’art de la lecture, et qui lisait ou disait les vers en perfection, de façon à transporter les plus froids auditeurs : il les débitait tout simplement en poète, rendant sensibles toute sorte d’effets d’harmonie et de rythme, qui échappent à la lecture des yeux. […] Auprès de lui, Régnier même nous fait l’effet d’avoir de la suite dans les idées et d’être un fort logicien. […] Et nulle part, la pièce ne fait tant d’effet que lorsque l’idée générale se laisse oublier à force d’insignifiance et de banalité.
Le romantisme incurable de Flaubert a rendu son analyse plus pénétrante et plus sûre ; il n’a pu donner cette admirable description du morbus lyrique que parce qu’il en observait certains effets en lui-même. […] un souvenir, pas même un souvenir de bonheur, le souvenir d’une velléité sans effet ; mais il suffit que ce soit un souvenir de la première montée de sève virile, pour que l’âme en soit à jamais ensoleillée et réjouie. Triste encore, mais d’une tristesse plus tendre, est le premier des trois Contes que Flaubert donna en 1877 : cette histoire d’un cœur simple — il s’agit d’une pauvre servante de province — est d’une sobriété puissante et d’un art raffiné ; dans l’insignifiance des faits, dans l’absolue pauvreté intellectuelle du sujet, dans la bizarrerie ou la niaiserie de ses manifestations sentimentales, transparaît constamment l’essentielle bonté d’un cœur qui ne sait qu’aimer et se donner ; quelque chose de grand et de touchant se révèle à nous par des effets toujours mesquins ou ridicules ; et ces deux sentiments qui s’accompagnent en nous, donnent une saveur très particulière à l’ouvrage. […] La psychologie, naturellement, est moins intérieure, plus sommaire ; les passions, bizarres parfois en leurs effets, ou monstrueuses, sont élémentaires en leur principe.
Si nos oreilles avoient été faites comme celles de certains animaux, il auroit fallu réformer bien de nos instrumens de Musique : je sais bien que les rapports que les choses ont entre elles auroient subsiste ; mais le rapport qu’elles ont avec nous ayant changé, les choses qui dans l’état présent font un certain effet sur nous, ne le feroient plus ; & comme la perfection des Arts est de nous présenter les choses telles qu’elles nous fassent le plus de plaisir qu’il est possible, il faudroit qu’il y eût du changement dans les Arts, puisqu’il y en auroit dans la maniere la plus propre à nous donner du plaisir. […] Par-là on peut expliquer la raison pourquoi nous avons du plaisir lorsque nous voyons un jardin bien régulier, & que nous en avons encore lorsque nous voyons un lieu brut & champêtre : c’est la même cause qui produit ces effets. […] Enfin les ouvrages d’esprit ne sont ordinairement lûs que parce qu’ils nous ménagent des surprises agréables, & suppléent à l’insipidité des conversations presque toûjours languissantes, & qui ne font point ce effet. […] Il me semble que c’est un effet principalement fondé sur la surprise.
C’est ainsi qu’en industrie civilisée, tout individu est en guerre intentionnelle avec la masse ; effet nécessaire de l’industrie antisociétaire ou monde à rebours. […] La division du travail est une exigence de la production dont l’effet est de parquer un peu au hasard les hommes dans des ateliers comme dans des box. […] La société passera sur toutes les valeurs son niveau impersonnel ; elle imposera une tarification anonyme et fixée d’avance qui ne laissera place à aucune surprise, ni à aucun des effets du caprice et de la fantaisie individuelle. […] Comment éviter la division du travail et ses effets dissolvants pour l’individualité ?
Ils désignent des sectes et des doctrines distinctes et l’historien doit tâcher de démêler les effets produits sur la littérature par la domination de tel parti ou de tel dogme religieux. […] Toute parure est considérée comme une superfluité, comme un effet de l’amour-propre. Le souci de la forme est rejeté comme indigne d’un chrétien ; tout est sacrifié à une préoccupation unique, celle du résultat moral à atteindre, de l’effet salutaire à produire sur les âmes. […] Homais l’incrédulité niaise, on peut se demander, en considérant la série des siècles, ce qui l’emporte en somme de leurs effets destructeurs ou réparateurs.
Ne pouvant croire à l’invention, l’inventeur nous paraît un personnage chimérique, et l’effet qu’il va nous produire se ressentira de cette première impression. […] Dumas, quand il écrivait Diane de Lys et le Demi-Monde, ne songeait guère aux effets de diorama et d’éclairage a giorno. […] Dumas fait l’effet d’un chirurgien consommé, aux mains infaillibles, lorsqu’il les applique aux instruments de son art, qui manierait gauchement des compas et des télescopes. […] La pièce pourrait finir là : l’auteur, au troisième acte, a su pourtant tirer des effets nouveaux d’une action qui paraissait épuisée.
On a, par une note de Colbert41, le détail circonstancié des deux premiers accouchements de Mme de La Vallière, qu’on retira, à cet effet, de l’appartement des filles de Madame, pour la loger dans le jardin du Palais-Royal. […] Ce petit écrit, dans lequel deux ou trois traits au plus ne s’accorderaient pas entièrement avec l’idée classique qu’on se fait de Mme de La Vallière, lui a été attribué par la tradition la plus constante et lui a été compté dans l’estime de ses contemporains : « Il est certain, dit Mme de Caylus, que le style de la dévotion convenait mieux à son esprit que celui de la Cour, puisqu’elle a paru en avoir beaucoup de ce genre. » Mme de Montpellier dit également : « Elle est une fort bonne religieuse et passe présentement pour avoir beaucoup d’esprit : la grâce fait plus que la nature, et les effets de l’une lui ont été plus avantageux que ceux de l’autre. » Si Mme de La Vallière, à qui on avait refusé l’esprit du monde, passait pour en avoir beaucoup dans le genre de la dévotion, ce devait être en grande partie à cause de ce petit écrit qu’on avait lu et qu’on avait cru d’elle. […] Est-ce là le digne effet d’une main toute-puissante ? […] Disons seulement, de notre ton le moins profane, que, quand on vient de relire l’admirable chapitre v du livre III de l’Imitation, où sont exprimés les effets de l’amour divin, qui n’est dans ce chapitre que l’idéal de l’autre amour, Mme de La Vallière est une de ces figures vivantes qui nous l’expliquent en leur personne et qui nous le commentent le mieux.
Ce sont ces originaux que Manuel, officier public, trouva dans les cartons et qu’il s’appropria sans scrupule, se vantant, pour plus d’effet, de les avoir découverts « sous les débris » de la Bastille, dont il était l’un des « vainqueurs ». […] Je laisse quelques phrases communes sur son « sixième lustre », sur le « livre de la vie » d’où il est « retranché », de même que plus haut j’ai laissé passer le « bec dévorant du vautour » auquel il est « livré », le coup de foudre qui « a ouvert la nuée », etc. : ce sont de ces images qui semblent usées chez l’écrivain, mais qui, larges et pleines, et sonores, ont toujours leur effet dans la bouche de l’orateur. […] Il termine par ce mouvement direct plein d’effet et d’une vigueur poignante, s’adressant à un vieillard : Mon père parle souvent d’un Dieu rémunérateur, et vous y croyez sans doute ; vous avancez dans une heureuse vieillesse, et mon père y touche. […] Voici en quels termes singuliers le curé Vallet rend compte de la manière dont il s’acquitta de sa commission et de l’effet qu’il produisit : Mon beau-frère me fit le détail de cet affreux événement, et me donnait la commission d’y préparer M. de Mirabeau, s’imaginant qu’il y avait une âme sensible dans un pareil corps.
Elle semble produire jusque chez les individus normaux des effets que la statistique rend sensibles. […] Le mécanisme de la vengeance et celui de la pitié, comme l’a bien vu Spinoza, ont un fond identique ; mais le plaisir de la vengeance tend nécessairement à disparaître par l’effet de l’évolution, car il est constitué par l’excitation du groupe de tous les sentiments antisociaux, que la civilisation tend à dissoudre. […] Selon nous, l’utilité peut constituer parfois dans les objets un premier degré de beauté très inférieure ; mais l’utilité n’est belle que dans la mesure où elle ne s’oppose pas à l’agréable, où elle est même pour ainsi dire de l’agréable fixé, de l’agréable pressenti : il faut que l’utile nous fasse jouir d’avance d’un effet qui charme. […] Un arc est beau, lançant sa flèche ; le bouclier d’Ajax avec ses sept peaux de bœuf était beau dans la mêlée, arrêtant comme un mur tous les projectiles ; les poulies compliquées, des puits de Vérone, près du vieux palais des Scaliger, prennent une certaine beauté lorsqu’on les voit soulever le seau ruisselant jusqu’aux plus hautes fenêtres du palais ; un levier semble beau aussi quand il soulève un rocher, et ensuite, si on le regarde au repos, on ne lui refusera plus un certain caractère, esthétique par, la vision anticipée de son effet.
L’être vivant est une harmonie, un tout, un cercle ; or, la méthode d’expérience consiste à isoler les phénomènes pour les mieux étudier séparément, pour déterminer leur essence propre ; mais cette séparation n’a-t-elle pas pour effet de les altérer, et d’altérer tout ensemble les conditions mêmes de la vie ? […] Ils ne s’aperçoivent pas que cette volonté souveraine, sans l’intelligence, n’est que le hasard lui-même, car le hasard n’est autre chose qu’une cause vide, une cause nue, une cause dans laquelle rien n’est prédéterminé, et où il n’y a pas de proportion entre la cause et l’effet. […] L’esclavage, quel qu’il soit (civil ou politique), a pour effet de changer la personne en chose, de faire retomber l’homme du règne de la liberté dans le règne de la nature, et de l’ordre idéal, pour lequel il est fait, dans l’ordre mécanique, où il plonge naturellement. […] C’est ce que disait Leibniz : « L’opinion des formes substantielles (ou forces ) a quelque chose de solide ; mais ces formes ne changent rien dans ces phénomènes, et ne doivent pas être employées pour expliquer les effets particuliers. » (Correspondance de Leibniz et d’Arnaud, lett.
Ce serait oublier que la seule quantité sociale qui nous importe est celle qui a pour effet d’augmenter, de compliquer et de varier les rapports entre individus. […] Un autre phénomène multiplie d’ailleurs les effets dus au grand nombre des individus rassemblés dans ces mêmes, sociétés, et les rend, quantitativement supérieures à toutes les autres : c’est la faculté dont jouissent leurs unités de franchir plus d’espace en moins de temps, c’est la mobilité sociale. […] N’est-il pas reconnu que l’accroissement de la quantité sociale a pour principal effet de gêner le libre jeu des institutions dites démocratiques ? […] À vrai dire, les voies et moyens de cette influence, il est souvent malaisé de les saisir ; mais que tout le monde ait de ses effets une conscience plus ou moins vague, les proverbes courants, les remarques banales, les conseils de la sagesse populaire suffiraient à le prouver.
Rapport de cause, rapport d’effet, d’instrument, de situation, d’époque, table à pieds de biche, c’est-là un rapport de forme, dit M. l’Abbé Girard, tom. […] Mais comme en françois l’effet que les terminaisons latines produisent dans l’esprit y est excité d’une autre maniere que par les terminaisons, il ne faut pas donner à la maniere françoise les noms de la maniere latine. […] Il faut bien distinguer la prononciation d’avec l’orthographe : la prononciation est l’effet d’un certain concours naturel de circonstances. Quand une fois ce concours a produit son effet, & que l’usage de la prononciation est établi, il n’y a aucun particulier qui soit en droit de s’y opposer, ni de faire des remontrances à l’usage. […] Quelquefois nous sommes surpris de l’effet imprévu d’une cause, d’où nous nous attendions à voir naître un effet tout opposé : c’est qu’alors d’autres causes imperceptibles s’étant jointes avec cette premiere à notre insu, en changent la détermination.
L’orateur est sorti plus d’une fois du ton ; tantôt il baissait trop la voix, tantôt il la poussait d’un accent trop aigu ; son geste aussi, par moments, était criard, et, à certains passages à effet, son bras tendu, frémissant et flamboyant comme s’il eût secoué une torche, semblait vouloir chercher jusqu’au fond des tribunes des applaudissements que l’orateur eût trouvés à moins de frais tout près de lui. […] Guizot a parlé ; et, en tout, cet improvisateur ardent, hasardeux, assujetti cette fois au débit académique, me faisait l’effet d’un oiseau de haut vol, attaché et retenu par un fil ; il y avait des moments où l’on aurait dit qu’il allait prendre son essor ; mais le fil était court, l’essor se brisait, et l’on n’avait qu’un vol saccadé.
Mais l’idée suprême qui le domine et de laquelle il ne s’écarte jamais, est celle de la toute-puissance d’action qui réside dans la volonté une fois déclarée, dans les passions une fois émues du grand nombre, dans la force des choses qui a ses effets en dépit de tous les obstacles et dont il a été suffisamment parlé ailleurs. […] Pendant que ces causes et ces passions avaient leurs effets et leur cours, les forces naturelles, physiques, physiologiques, n’étaient pas suspendues ; la pierre continuait de peser, et le sang de circuler.
La morale de Cicéron a pour but principal l’effet que l’on doit produire sur les autres ; celle de Sénèque, le travail qu’on peut opérer sur soi : l’un cherche une honorable puissance, l’autre un asile contre la douleur ; l’un veut animer la vertu, l’autre combattre le crime ; l’un ne considère l’homme que dans ses rapports avec les intérêts de son pays ; l’autre, qui n’avait plus de patrie, s’occupe des relations privées. […] Les écrits polémiques, ceux qui doivent agir sur l’opinion du moment et sur l’événement du jour, n’auraient jamais pu être d’aucune utilité, d’aucune influence avant l’usage de la presse ; ils n’auraient jamais été assez répandus pour produire un effet populaire : la tribune seule pouvait atteindre à ce but ; mais on ne composait jamais un ouvrage que sur des idées générales ou des faits antérieurs propres à l’enseignement des générations.
Les Français n’approfondissent pas, comme les Anglais et les Allemands, les sentiments que le malheur fait éprouver ; ils ont trop l’habitude de s’en éloigner pour le bien connaître : mais les caractères dont on peut faire sortir des effets comiques, les hommes séduits par la vanité, trompés par amour-propre, ou trompeurs par orgueil, cette foule d’êtres asservis à l’opinion des autres, et ne respirant que par elle, aucun peuple de la terre n’a jamais su les peindre comme les Français. […] On ne verra plus rien de pareil en France avec un gouvernement d’une autre nature, de quelque manière qu’il soit combiné ; et il sera bien prouvé alors que ce qu’on appelait l’esprit français, la grâce française, n’était que l’effet immédiat et nécessaire des institutions et des mœurs monarchiques, telles qu’elles existaient en France depuis plusieurs siècles.
Un des effets bizarres de cette réforme, et qui en montre l’inepte lourdeur, c’est la tentative de transformation de certains adverbes en ment. […] Ce soudain grossissement et cette régularisation téméraire eurent pour premier effet de rendre la langue plus trouble.
Il faut voir là un effet constant. […] Entre tous, je me permettrai de transcrire ce passage d’une méditation sur le Foyer, et qui donnera au lecteur un exemple tout à fait exact des admirables effets que l’on peut tirer de la théorie naturiste : « … Cette béatifiante communion, partout j’en distingue le pressentiment.
Il est contraire à tout ce que nous savons de l’action du cerveau de supposer que la chaîne matérielle des actions nerveuses se termine brusquement à un vide occupé par une substance immatérielle ; que là cette substance agisse seule, puis communique les résultats de cette action à la substance matérielle : « il y aurait ainsi deux rivages matériels séparés par un océan immatériel. » — En fait, les choses ne se passent pas ainsi et lorsque nous parlons d’une action de l’esprit, nous avons toujours une cause à deux faces ; l’effet est produit non par l’esprit seul, mais par l’esprit associé au corps. […] Est-ce le fait purement psychologique et abstrait de la peur qui produit cet effet ?
La résurrection des cultes nationaux n’est qu’un effet des nécessités historiques. […] * * * Cependant, une telle frénésie qui agite les hommes de vingt ans, à cause de leur éducation et par l’effet du profond tremblement dont fut marquée la terre française en 1870, à quoi pouvons-nous l’occuper ?
Sa Majesté Impériale n’est pas de l’avis de Bayle, qui prétend qu’une société d’athées peut être aussi ordonnée qu’une société de déistes, mieux qu’une société de superstitieux79 ; elle ne pense pas, comme Plutarque, que la superstition est plus dangereuse dans ses effets et plus injurieuse à Dieu que l’incrédulité80 ; elle ne définit pas avec Hobbes la religion une superstition autorisée par la loi, et la superstition une religion que la loi proscrit. […] Si peu d’hommes savent tirer parti de leurs talents, soit pour conserver leur bien, soit pour l’accroître, la misère est une si puissante ennemie de la probité, le renversement des fortunes est si fréquent et a de si funestes effets sur l’éducation des enfants, que j’ajouterais ici les éléments de la science économique, ou de l’art de conduire sa maison ; art dont les Grecs et les Romains faisaient si grand cas.
Un médecin de soixante ans, est persuadé de la verité du fait qu’il a vû plusieurs fois, mais il ne croit plus aux explications de l’effet du remede, que par benefice d’inventaire, s’il est permis d’user de cette expression. […] De même tous les hommes qui jugent par sentiment, se trouvent d’accord un peu plûtôt ou un peu plus tard sur l’effet et sur le mérite d’un ouvrage.
Tout y est effet du passé, tout, jusqu’au langage, jusqu’à la forme, qui est la fille de la Renaissance, — et ceci pour nous est un reproche ! […] Gramont est un homme de race militaire, et la virilité de sa pensée donne souvent à l’accent de sa poésie quelque chose de stoïquement inconsolable, d’un effet très pénétrant et très nouveau… Sorti d’un père vendéen, ami de Talmont et de Charette, ce fiancé de l’épée, à qui l’épée a manqué, victime fière et pure de la fidélité du souvenir, nous dit dans ses Chants du Passé tous les veuvages de sa jeunesse : Je comptais retrouver cette épouse de fer Que de ma destinée une erreur a disjointe.
Erckmann-Chatrian est même tellement l’homme de la réalité, qu’il touche au réalisme et qu’il pourrait y entrer… par la porte du cabaret qu’il aime… Mais c’est un réaliste que voilà averti maintenant et qui prendra garde ; car il ne nous produit pas l’effet d’avoir le parti pris de ceux-là qui se sont fait un système avec les objections naturelles de leur esprit. […] Restent donc, pour le fantastique essayé, Le Rêve du cousin Elof, qui n’est qu’un rêve somnambulique d’un effet usé et qu’il fallait renouveler, comme Edgar Poe, quand on ose toucher à ce genre de fantastique ; La Montre du Doyen, qui n’est qu’une histoire de la Gazette des tribunaux ; Les Trois Âmes, Hans Storkus, L’Araignée-Crabe.