Il semble presque impossible, au point de vue de l’art et en prétendant conserver l’intérêt du récit, d’opérer une réduction quelconque de ce grand drame, consacré dans les imaginations par l’admirable liturgie du Moyen-Age et par tant de chefs-d’œuvre du pinceau.
Vinet aime plutôt à voir un noble cadet et le premier disciple du grand tragique : « Ce qu’il y a de certain, dit-il, c’est que Rotrou, né trois ans après Corneille, et débutant au théâtre au même âge que ce dernier, c’est-à-dire trois ans après lui54, ne produisit ses deux bonnes pièces, Venceslas et Saint-Genest, qu’après les chefs-d’œuvre de Corneille, et que la distance qui sépare ces deux drames des autres œuvres de l’auteur marque suffisamment la source où il a puisé.
Bersot, roulant presque tout entière sur Marc-Aurèle, de même qu’un drame de M.
Si je lis l’abbé de Pradt, Marmont, Rœderer, je suis étonné du peu de profondeur que ces gens d’esprit ont mis à l’apprécier ; ou plutôt je ne devrais pas en être étonné, car c’est la condition de tout ce qui se juge au jour le jour et avant que le drame humain soit accompli.
Malgré des incorrections de détail et des longueurs, l’essai était charmant ; ce dut paraître un très-heureux commencement pour les poëmes à venir, comme Hernani avait pu paraître, dans ses hasards, un heureux prélude pour des drames futurs.
A titre de romancier, d’écrivain original de nouvelles et de petits drames, M.
Il en est sorti toutefois, il s’est mêlé depuis aux émotions contemporaines par son drame touchant de Chatterton et par ses ouvrages de prose, dans lesquels il n’a cessé de représenter, sous une forme ou sous une autre, cette pensée dont il était rempli, l’idée trop fixe du désaccord et de la lutte entre l’artiste et la société.
Au dedans, cette œuvre est une image plus ou moins vague, celle d’une ligne élancée, puis épanouie ; au dehors, elle est l’attitude et le geste imitatif du corps ; dans le langage primitif, chez les peuples enfants, à l’origine de la parole, elle est une autre imitation poétique et figurative, dont nous retrouvons çà et là des fragments ; aujourd’hui, elle est un simple mot appris, pure notation, reste desséché du petit drame symbolique et de la mimique vivante par laquelle les premiers inventeurs, véritables artistes, traduisaient leurs impressions.
Et quel bonhomme de cinq pieds et demi, dans nos romans et nos drames, est plus réel que ces géants ?
La France ressemble à l’héroïne du drame à la mode, La Dame aux camélias.
Puis est venue l’époque de la distinction des genres, durant laquelle on eût blâmé l’introduction du lyrisme dans le drame ou de l’élégie dans l’épopée.
Vous êtes au théâtre : on joue un drame intéressant et l’on en est à une scène capitale, la réconciliation du héros et de l’héroïne après de longs et affligeants malentendus.
Plus tard, ayant joué un rôle d’homme dans un drame de La Chaussée, elle quitta l’habit d’Amour, mais parce qu’on lui fit faire un charmant habit d’homme qu’elle ne quitta plus qu’à son départ de la Bourgogne.
Guizot revenant à ces analyses de drames et de comédies, et les discutant à fond comme il a discuté tant d’autres choses.
Sa fin est toute dramatique, et l’historien en a marqué le caractère en quelques mots qu’il n’avait qu’à pousser un peu pour atteindre, au drame ; mais M.
Fervaques, le balzacien, ne s’est donc pas rappelé la manière de son maître, cette pensée du profond Balzac, planant éternellement sur les drames qu’il raconte, en ses romans sublimes ?
Le coup avait été si fort, que le contrecoup lointain l’emporta jusque dans la poésie ; son récit fut un drame, presque lyrique ; son style sévère et contenu s’épancha tout d’un coup en images passionnées et pressées.
Les drames et les romans devinrent des manuels de science ; on représenta, par des personnages, des moments de l’humanité, des époques de l’histoire, des réformes de politique, des thèses de législation pénale, « des questions d’organisation politique et sociale. » Nul poète ne daigna être simplement poète.
S’ils répètent un drame de Victor Hugo, l’élément absurde saute aux yeux tout de suite et repousse dans l’ombre des beautés réelles. […] Ce serait facilement une source de contes et de drames capables d’émouvoir. […] À propos de ses drames, il lui dit qu’il les ménage trop peu, et que depuis qu’il s’occupe de théâtre, on dirait que chez lui, même dans le lyrique, le théâtral a gagné. […] Certes, il ne faut pas dédaigner la couleur et la vivacité du drame espagnol ; il faut toujours adorer Shakespeare, qui est la poésie même. […] Mais comment voulez-vous que la postérité compense suffisamment les torts des contemporains envers un auteur de drames bourgeois, fut-il celui des Corbeaux ?
. — Lisant un jour un drame romantique devant les sociétaires du Théâtre-Français, — M. ***, qui animait singulièrement son débit, approchait du dénoûment, dans lequel le personnage principal se brûlait la cervelle. — Arrivé à la péripétie finale, l’auteur, pour mieux en faire comprendre l’impression dramatique, — tire un pistolet de sa poche et fait feu, — et tombe en se roulant aux pieds des sociétaires en s’écriant : « Adieu ! […] Si c’est un vaudeville, il se plaint du style. — Si c’est un drame, il dira que l’ouvrage manque de gaîté. […] Assister à la conception et confection du roman, drame ou feuilleton du maître ; entendre chapitre par chapitre, scène par scène, phrase par phrase, les vagissements de l’œuvre nouvelle, la caresser au berceau du manuscrit, lui faire des risettes, lui offrir des morceaux de sucre ou des bonbons, et avoir pour elle tous les soins que demande un nouveau-né qui pousse sa première dent. […] Quant à moi— mon retour de Cremorn a été gâté par des Parisiens, qui se racontaient le dernier drame de l’Ambigu. […] Son grand geste sculptural, ses fières allures, ses hautaines attitudes, cet organe sonore, plein, l’un des plus magnifiques instruments qui eussent depuis longtemps exprimé la passion, firent dissonnance avec les petites phrases, alternées de petits couplets, de ce petit drame. — L’actrice n’eut qu’un succès d’estime.
Louis Dumur a conté le drame ridicule et triste qui peut naître de ces partielles amnésies. […] C’est une erreur et une naïveté de dire comme M. de Roberto, à propos de Verlaine, de Mallarmé et de quelques autres : « Si l’opinion publique s’est modifiée à l’égard de ces écrivains, il faut aussi noter qu’eux-même ont fait le premier pas, en modifiant leur esthétique, en atténuant leur singularité. » Et il continue : « Il n’y a pas une médiocre distance entre le Mallarmé impassible, parnassien et décadent de la première manière, et le Mallarmé des derniers jours qui travaillait à un drame, lequel était destiné — à qui ? […] L’œuvre d’art sera donc un drame, et tel que tous puissent le recréer ; c’est-à-dire suggéré par le Poète et non directement exprimé par son génie particulier. » Voilà ce que M. de Roberto prend pour le programme d’un drame populaire. Il faut bien peu connaître Mallarmé pour ne pas y voir, au contraire, le programme d’un drame ésotérique, tout en allusions à la vie, où les idées seraient suggérées et non exprimées. […] Jamais, sans doute, Mallarmé ne fut absolument conscient de son obscurité ; il destinait à tous, non seulement ce drame rêvé, mais ses poèmes et d’abord ses chroniques et ses conférences, si difficiles pourtant à goûter pleinement.
Clauzel a placé un drame d’âmes. […] Il y aura des drames ; elle voudra mourir, et par le gaz et par le revolver ; sous le sein gauche, sur son cœur délirant, elle appuiera le fer de l’arme. […] Ces petites comédies, mêlées de drame, M. […] Drames terribles de l’âme, qui arrive par les chemins de la piété au scandale du sacrilège ! […] À propos d’un drame d’Alexandre Dumas le père, M.
Mézeray, qui ne songe pas au drame, nous fait cependant connaître d’abord ses personnages principaux : il les montre surtout en action, sans les trop détacher des sentiments et des intérêts plus généraux dont ils sont les chefs et les représentants, mais en laissant néanmoins à chacun sa physionomie propre.
Il eut de tout temps de ces mots et des plus heureux, comme lorsque plus tard un candidat à l’Académie lui donnant à entendre qu’il était malade, infirme, et qu’il n’occuperait le fauteuil que peu de temps, Duclos repartit : « L’Académie n’est pas faite pour donner l’extrême-onction. » Mais d’autres fois il manquait son effet et n’arrivait qu’à la crudité, lorsqu’il disait, par exemple, des drames larmoyants, alors à la mode : « Je n’aime pas ces pièces qui font tant pleurer : ça tord la peau. » On n’a ici que la rudesse de la secousse et le choc sans l’aiguillon.
En attendant il se console de ne plus servir, de ne plus prendre sa part dans le drame public qui se continue, moyennant cette réflexion que « bien que depuis trente ans il se soit fait de grandes choses en ce royaume, il ne s’y est point fait de grands hommes ni pour la guerre, ni pour le ministère : non que les talents naturels aient manqué dans tout le monde, mais parce que la Cour ne les a ni reconnus ni employés… ».
La première lecture, un drame, un roman nouveau, va derechef tout gâter en elle et tout assombrir : « Nous nous étions quittés si bons amis !
Que d’esprit et de goût pittoresque dans la manière dont tous les actes de ce petit drame sont coupés, divisés par compartiments, présentés gaiement au regard !
Voyez ce qui est advenu du drame moderne pour y avoir donné inconsidérément.