pour tout et mieux dire, dans les tiroirs fermés d’un absent, — voici le livre des poésies complètes d’Arthur Rimbaud, avec ses additions inutiles à mon avis et ses déplorables mutilations irréparables à jamais, il faut le craindre. […] D’autres excentricités de ce genre, d’autres encore, ces dernières entachées, je le crains, de quelque malice sournoise et pince-sans-rire, donnèrent à réfléchir à ma belle-mère, la meilleure et la plus intelligemment tolérante des femmes pourtant, et il fut convenu qu’au moment de la rentrée de mon beau-père, en ce moment à la chasse, homme, lui, bourgeoisissime ; et qui ne supporterait pas un instant un tel intrus dans sa maison, « mossieu !
Je crains fort que des races, bien sérieuses sans doute, puisqu’elles nous reprochent notre légèreté, n’éprouvent quelque mécompte dans l’espérance qu’elles ont de gagner la faveur du monde par de tout autres procédés que ceux qui ont réussi jusqu’ici. […] Nous considérons avant tout comme notre véritable ami celui qui nous apprend à nous garder de ce que nous craignons le plus au monde le vague vide et l’appréciation insuffisante de nos concurrents dans le domaine matériel et intellectuel. […] Ce côté humain l’assoit sur un terrain solide ; avec lui, on ne craint pas les sauts dans le vide ; il reste pondéré, moins brillant peut-être, mais plus sûr. […] Avec l’argent, il a osé tout dire, il a porté son examen partout, jusqu’au roi, jusqu’à Dieu, sans craindre de perdre son pain. […] Cependant, les pages succédaient aux pages, je craignais bien d’arriver au bout de l’étude, sans y rien trouver.
. — Ah… Il considéra avec surprise, ce coreligionnaire qui tournait si mal il ajouta ; 89, rue de Rome. » Le lendemain Mallarmé me priait de le venir voir, et j’y fus sans craindre de paraître pressé. […] Je ne crains pas d’ailleurs de dire qu’il influa sur moi et que je fis en ce temps-là une paire de sonnets. […] Quant à l’enseignement oral, aux longues parlottes, avec un peu de prêche, je ne les craignais point et m’y décidai assez volontiers. […] L’église se vide de gens pressés, qui viennent de se confesser, et ont hâte d’aller restaurer leur cœur allégé ; le curé, aussi, craint que son déjeuner ne brûle ; mauvaise disposition pour convoquer une âme vers Dieu !
La puissance française s’est fait reconnaître et craindre en des contrées jusque-là hors d’atteinte, et où elle semblait ne pouvoir pénétrer.
Mais le sérieux et l’odieux de l’affaire était dans cette sorte de main-forte que des hommes politiques n’avaient pas craint de prêter à des intrigants mystiques ou à des extravagants.
Ampère aimait ou parfois craignait les hommes, il s’abandonnait à eux, il s’inquiétait d’eux ; il ne les jugeait pas.
« Les visites, les devoirs de tout genre m’obsèdent ; je me tuerais si je ne craignais de te fâcher.
Accueilli dans leur compagnie, et flatté, car il était craint, il serait en secret dédaigné par les plus chétifs.
Il craignait, disait-il, que la société n’armât un jour contre lui le bras parricide de ses enfants !
Va, ne crains rien.
XXXII Ma renommée de poète à peine éclos, ma qualité de diplomate français, l’accueil dont j’étais l’objet à la cour du souverain, mon bonheur intérieur, la présence de mes meilleurs amis, le loisir réservé à la poésie de ma vie comme à celle de mes pensées, ma reconnaissance pour tous ces dons de la Providence et mon penchant à la contemplation pieuse qui s’est toujours accru en moi dans les moments heureux de mon existence, comme les parfums de la terre qui s’élèvent mieux sous les rayons du soleil que sous les frimas des mauvais climats, semblaient me promettre une félicité calme dont je remerciais ma destinée ; lorsqu’un événement étrange et inattendu vint changer du jour au lendemain cet agréable état de mon âme en une sorte de proscription sociale qui se déclara soudainement contre moi, et qui me fit craindre un moment de voir ma carrière diplomatique coupée et abrégée au moins en Italie, ce pays du monde dont j’aimais le plus à me faire une patrie d’adoption.
Que si l’on pouvait craindre que l’humanité, ayant épuisé ses réserves, n’éprouvât un jour le sort de chaque nation en particulier et ne fût condamnée à la décadence, je répondrai qu’avant cette époque l’humanité sera sans doute devenue plus forte que toutes les causes destructives.
. — Ajoutez qu’en les affirmant ils sont sincères ; mais je crains qu’ils ne se trompent.
Ainsi on y disait : « Si tel jour on avait attaqué Sébastopol à tel endroit, il était pris. » Et encore : « Il n’y a qu’un point à attaquer (et qu’on désignait) et tout est perdu, mais tant que les Français ne l’auront pas trouvé, il n’y a rien à craindre. » Le gouvernement français achetait le voleur qui interceptait la correspondance au profit du ministre, et l’empereur Napoléon avait communication des lettres révélatrices.
Aux dernières paroles du prêtre, elle craint de s’évanouir, et sans se retourner, retirant derrière elle le petit Jacques, et appuyée sur ses épaules, de ses bras croisés autour de son cou, la veuve avec l’orphelin, dessine soudain le plus gracieux et le plus attendrissant groupe sculptural.
« Tu n’as pas craint, lui dit-il, de me confesser en m’honorant en présence des dieux ; moi, je te serai fidèle tant que ma raison n’aura pas abandonné cette enveloppe mortelle de mon âme. » On pressent les catastrophes dans la joie.
Ce style de madame de Sévigné, dont on retrouve à chaque instant l’esprit et la forme dans la langue de la France depuis la publication de ses volumes de lettres, est le chef-d’œuvre le plus véritablement original que la littérature française puisse présenter, sans craindre de rivalité, à toutes les littératures anciennes et modernes.
En voyant notre philosophe s’engager dans la critique de la raison pure, des principes qui s’y rapportent et qui ne doivent rien à l’expérience, on est tenté de craindre qu’il ne se perde dans la profondeur même de son analyse, et qu’à force d’habiter le monde des notions pures à priori il ne se laisse entraîner à des chimères.
Les animaux nous servent ou nous nuisent, et ils sont bons à connaître et pour les avantages que nous en retirons, et pour les dommages que nous en avons à craindre.
C’est que Le Quénoy répondit à un amateur éclairé qui le regardait travailler, et qui craignait qu’il ne gâtât son ouvrage pour le vouloir plus parfait : vous avez raison, vous qui ne voyez que la copie ; mais j’ai aussi raison, moi qui poursuis l’original qui est dans ma tête… ce qui est tout voisin de ce qu’on raconte de Phidias qui projettant un Jupiter, ne contemplait aucun objet naturel qui l’aurait placé au-dessous de son sujet ; il avait dans l’imagination quelque chose d’ultérieur à nature.
Cet effort désespéré, cet élancement de l’âme et du langage, pour pénétrer les cieux, à la poursuite du Dieu qu’on adore, fait penser à la phrase tombée de la rêverie mélancolique de Pascal : Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraye » ; mais là je crains d’avoir surpris, dans la contemplation même, le trouble involontaire du doute ; ici je sens la certitude et la consolation de la foi, sous l’obscurité et l’impuissance des paroles.
Sludge, médium, dans La Nouvelle Revue Française ont pu se rendre compte du soin et des scrupules qu’apportèrent les traducteurs dans l’accomplissement de leur tâche ; mais bien peu, je le crains, sont en état de mesurer les difficultés qu’il fallait surmonter pour aboutir à semblable réussite. […] Or jusqu’à présent ceux qui suivaient avec le plus d’intérêt le développement d’Edmond Jaloux pouvaient craindre qu’entre ses qualités mêmes et les lois non écrites du roman l’équilibre fût malaisé à établir. […] Il me semble que le drame pouvait, devait d’un bout à l’autre se produire au-dessus d’un certain niveau ; et puisqu’à Claude Lothaire est déniée la faculté créatrice, Jaloux n’avait pas à craindre de retrouver des problèmes trop voisins de ceux qu’il avait traités dans La Fin d’un beau jour. […] … J’aurais mauvaise grâce à en craindre le visage, maintenant qu’il est fatigué et qu’il n’a plus ses belles promesses. […] » — et avec cette saine et sage validité, ne craignons pas d’ajouter avec cette norme du point de vue qui est le sien, il insiste sur le fait que cette question-là est celle précisément que sans cesse se pose à nouveau le génie, — que celui-ci n’est tout à fait génie que s’il se la pose.
Je crains de trouver pourtant un peu de ce calcul dans une portion des lettres de Hugo postérieures à celles-ci. […] Je craindrais de manquer envers elle à mon intime devoir si je faisais autre chose que de fixer l’émotion immédiate que son fantôme brusquement définitif donne à ceux qui ont connu le cher vivantr. […] Il ne craint pas les contrastes. […] Que craignons-nous ?
Revenu au palais, il essaye, avec une rare habileté, de remettre toutes choses à sa place, destitue le favori, fait des concessions à son peuple, ce qui est le fait d’un homme qui ne craint pas précisément d’être chassé ou même guillotiné un jour. […] Toutes les autorités viennent se prosterner devant lui, l’archevêque, qui ne serait pas fâché d’être cardinal, ne craint pas de louer ce chef d’État qui a approuvé toutes les lois contre l’Église. […] Ne l’admettez qu’en toilette de soirée, habit noir, cravate blanche, et vous n’aurez pas à craindre que de pauvres diables, entrés par hasard, ressortant sans le sou de cette banque, aillent se jeter à la Seine ou s’accrocher aux arbres du bois de Boulogne. » » Croyez bien que ce seront les plus corrompus qui crieront à l’immoralité, les partis qui ne voudraient pas laisser ce bénéfice au gouvernement actuel. […] Le Baron de Batz Dans un Épisode sous la Terreur Balzac dit en parlant de celui qui exécuta Louis XVI : « Ainsi, il n’y eut alors qu’un homme (je crains que Balzac n’ait écrit : un couteau) qui ait eu du cœur en France. » Balzac se trompait, il en fut un autre que Sanson et qui se prêta moins docilement au despotisme révolutionnaire, ce fut : Le Baron de Batz sur qui M.
Renan, comme semble le craindre M. […] Rien de tel n’étant à craindre aujourd’hui, l’artiste peut faire bon marché de tout le reste. […] L’imagination étant plus libre à notre époque, on craint moins la discontinuité dans la pensée : pour amener une rime riche, on se borne donc à inventer une métaphore plus ou moins baroque, une comparaison des plus inattendues, et par cette transition tout artificielle, qui dissimule la cheville au cœur du vers, on réussit à accoupler deux rimes surprises de se trouver ensemble. […] Chez une nature très impressionnable, c’est juste le contraire qui serait à craindre : Swallow-Fall pourrait produire l’impression du Niagara.
Je crains aussi pour leur mémoire, — et pour les épaules du poète, — qu’en un autre temps, les Chapelain et les Montausier n’eussent fait bâtonner l’auteur des Satires. […] Quelque diverses que soient ces œuvres, le premier mérite en est d’être de tous les temps, de tous les lieux, vraies de l’homme universel et non pas seulement du Français du xviie siècle, naturelles en tant qu’humaines, humaines parce que naturelles, — et si je ne craignais que l’expression ne parût un peu métaphysique, — je dirais : un fragment de nature et d’humanité réalisé sous l’aspect de l’éternité. […] Bossuet le trouvait « indigne » d’un prêtre, et je crains bien qu’il n’eût raison. […] Marty-Laveaux, V, 147] : « Je ne craindrai pas d’avancer que le sujet d’une belle tragédie doit n’être pas vraisemblable » ; — et Racine lui répond : « Il n’y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie » [édit.
René Dussaud, depuis qu’il n’a pas craint de proclamer l’érudition et la compétence de Renan comme philologue et orientaliste, alors que tant de sycophantes osaient accuser le grand écrivain de ne pas même savoir l’hébreu !
. — Mais avant que l’épée eût touché la surface, — un bras s’éleva, vêtu de velours blanc, mystique, merveilleux, — et la saisit par la poignée, et la brandit trois fois ; — puis s’enfonça avec elle dans la mer1541. » Alors Arthur, se soulevant douloureusement et respirant avec peine, ordonne à sire Bedivere de le charger sur ses épaules et de le porter jusqu’au rivage. « Hâte-toi, hâte-toi, car je crains qu’il ne soit trop tard, et je crois que je vais mourir. » Ils arrivent ainsi, le long des cavernes glacées et des roches retentissantes, jusqu’au bord du lac où « s’étalent les longues gloires de la lune d’hiver. » — « Là s’était arrêtée une barque sombre, — noire comme une écharpe funèbre de la proue à la poupe ; — tout le pont était couvert de formes majestueuses, — avec des robes noires et des capuchons noirs, comme en songe ; auprès d’elles, — trois reines avec des couronnes d’or ; de leurs lèvres partit — un cri qui monta en frémissant jusqu’aux étoiles palpitantes. — Et comme si ce n’était qu’une voix, il y eut un grand éclat de lamentations, pareil à un vent qui crie — toute la nuit dans une terre déserte, où personne ne vient — et n’est venu depuis le commencement du monde1542.