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1728. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Elle sait s’y créer une forme, comme on dit.

1729. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Et il en sera toujours ainsi ; toujours il en arrivera de même à tout nouvel assaut de l’intolérance : elle a pour effet immanquable de créer et d’accroître des popularités qui deviennent des puissances.

1730. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

monsieur, ce titre est peut-être une preuve d’amour, mais non de sang ; le nôtre est bien humble, mais notre cœur est au niveau de tout ce que Dieu a créé pour sentir et aimer les belles choses.

1731. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Mais l’amour et la poésie même, selon Brantôme, étaient impuissants à reproduire à cette période encore croissante de sa vie une beauté qui était dans la forme moins encore que dans le charme ; la jeunesse, le cœur, le génie, la passion qui couvait encore sous la sereine mélancolie des adieux ; la taille élevée et svelte, les mouvements harmonieux de la démarche, le cou arrondi et flexible, l’ovale du visage, le feu du regard, la grâce des lèvres, la blancheur germanique du teint, le blond cendré de la chevelure, la lumière qu’elle répandait partout où elle apparaissait, la nuit, le vide, le désert qu’elle laissait où elle n’était plus, l’attrait semblable au sortilége qui émanait d’elle à son insu et qui créait vers elle comme un courant des yeux, des désirs, des âmes, enfin le timbre de sa voix qui résonnait à jamais dans l’oreille une fois qu’on l’avait entendu, et ce génie naturel d’éloquence douce et de poésie rêveuse qui accomplissait avant le temps cette Cléopâtre de l’Écosse sous les traits épars des portraits que la poésie, la peinture, la sculpture, la prose sévère elle-même nous ont laissés d’elle ; tous ces portraits respirent l’amour autant que l’art ; on sent que le copiste tremble d’émotion, comme Ronsard en peignant ; un des contemporains achève tous ces portraits par un mot naïf qui exprime ce rajeunissement par l’enthousiasme qu’elle produisait sur tous ceux qui la voyaient : « Il n’y avoit point de vieillards devant elle, écrit-il : elle vivifioit jusqu’à la mort. » VI Un cortége de regrets plus que d’honneur la conduisit jusqu’au vaisseau qui allait l’emporter en Écosse.

1732. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Cette poésie est à créer ; l’époque la demande, le peuple en a soif ; il est plus poète par l’âme que nous, car il est plus près de la nature ; mais il a besoin d’un interprète entre cette nature et lui ; c’est à nous de lui en servir, et de lui expliquer par ses sentiments rendus dans sa langue, ce que Dieu a mis de bonté, de noblesse, de générosité, de patriotisme et de piété enthousiaste dans son cœur.

1733. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

… « sans rien considérer pour cette effet que Dieu seul qui l’a créé, ni les tirer d’ailleurs que de certaines semences de vérités qui sont naturellement en nos âmes.

1734. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Par des congrégations d’un type nouveau, distinct des anciennes règles monacales et imité en quelques points des jésuites, ils créent le séminaire, c’est-à-dire la pépinière soigneusement murée où se forment les jeunes clercs.

1735. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Je voudrais créer deux clowns, deux frères s’aimant comme nous nous sommes aimés, mon frère et moi.

1736. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On le vit s’ouvrir une nouvelle carrière, créer un genre dont on n’avoit point d’idée.

1737. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Et qu’il y eût pour les affaires de Rome, c’est-à-dire pour les affaires de la chrétienté, la politique romaine et la politique espagnole, c’était un désordre, un dualisme plein de dangers et qui en créait un pour le Catholicisme, que Philippe II adorait et qu’il faussait par sa manière de le défendre.

1738. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Junie, au contraire, que personne ne connaît, qui n’a joué aucun rôle, était, par son obscurité même, à la discrétion du poète, qui a pu lui créer un caractère à sa fantaisie. […] Dufresne et Grandval n’en tirèrent pas un grand parti : il fallut qu’un comédien énergique et bouillant vînt nous apprendre toute la valeur de cet hémistiche : c’est l’enchanteur Le Kain qui a créé la pantomime passionnée et l’amour déchirant qui donnent à ces trois mots, si simples, un effet si tragique. […] Racine n’a point eu de secours pour la construction de sa fable, comme dans Iphigénie et dans Phèdre, ou il semble qu’il n’ait eu besoin que de perfectionner les inventions d’autrui : il a tout créé dans Mithridate, comme dans Athalie, Bajazet et Bérénice. […] Ce n’est pas un grand effort de faire éclore quelques beautés d’un amas de sottises : la palme est à celui qui sait créer une foule de beautés, sans sortir du cercle étroit que l’art et la raison tracent autour de lui. […] Mais il n’y a que ce rôle dans toute la tragédie : ses autres personnages se ressentent des efforts prodigieux de l’auteur pour créer Phèdre ; elle est faite à leurs dépens.

1739. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Ici, l’enfant est presque toujours le tyran du père et de la mère, tyran choyé, dorloté, bichonné, devant qui l’on aplanit les routes, pour qui l’on voudrait semer des chemins de roses et dérouler des tapis de velours, tyran-joujou, dont les paroles sont pieusement recueillies, dont les grâces sont exhibées, et que l’on applaudit comme s’il était créé et mis au monde pour devenir cabotin. […] Elle donne de l’assiette, crée des relations fortes et sûres, apprend à connaître le détail étroit et précis des intérêts humains, rapproche de la réalité. » Mais, lorsqu’on est stimulé par l’ambition, fût-on évêque, colonel, avocat général, préfet ou recteur, on ne quitte jamais Paris sans esprit de retour. […] Et eux aussi, ils ont créé, sur les cimes glacées où ils habitent, une atmosphère irrespirable pour quiconque veut vivre vraiment et pleinement. […] La troisième a fondé une entreprise agricole afin de tenter une expérience : elle voudrait que l’on créât de vastes exploitations où les femmes gagneraient leur vie comme jardinières.

1740. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

(1844) V Salin est gentil, aimable, fin, il a de l’aménité ; mais nulle vigueur réelle, nulle source puissante ; il n’aurait en aucun temps, ni en aucune situation, rien créé. […] C’est là un art, peut-être nécessaire, pour mettre quelque ordre dans le fouillis des opinions humaines ; c’est une méthode créée pour permettre de les étudier.

1741. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Presque tous ont créé quelque grand homme à leur image. […] Il s’est affranchi, aussi complètement qu’il était possible, du joug salutaire de la convention ; il a dédaigné le vieux langage de nos pères ; il a bouleversé le nôtre, et il est parvenu à créer un nouveau genre, un genre que je demande la permission d’appeler le genre étrange.

1742. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

D’où il faudrait conclure, en bonne logique, que les psychologues les plus renommés ne discernent pas toujours très exactement le lien des pensées et des actes, qu’au rebours du naturaliste qui constate ce que rencontre son scalpel, ou de l’historien qui est l’esclave des textes, les « théoriciens du cœur », créent parfois les choses pour les constater après. […] S’il faut entendre par naturalisme non pas un système vide et sonore dont on se sert comme d’une grosse caisse sur laquelle on tape pour attirer les passants, mais une disposition d’esprit, une habitude intellectuelle, créée, même chez ceux qui ne sont pas des savants, par les résultats généraux des sciences positives, propagée par la vulgarisation démocratique des découvertes et des méthodes, aggravée par la tristesse des événements politiques (banqueroute des rêves idéalistes en 1848, naufrage de la liberté sous le second empire, humiliations de 1870), Guy de Maupassant restera, par son mépris des hommes, par sa gaieté sensuelle, où il y a presque toujours un arrière-goût d’amertume, par son enthousiaste amour de la nature éternelle et consolatrice, le plus illustre représentant, ou, si l’on veut, la plus glorieuse victime d’une époque où tous, grands et petits, souffrent d’un mal infiniment plus redoutable que les mélancolies d’Obermane et de René. […] L’abandon à la volonté divine, l’apaisement des sens qu’il faut « tenir en clôture », le renoncement à « tout le créé », le souci de « se vaincre en tout », la punition de soi-même, la recherche des occupations difficiles, le mépris des répugnances ou des inclinations de la nature, la patience dans les maladies, la perpétuelle mortification du désir, telles furent les vertus capitales auxquelles se vouèrent les religieuses de la Visitation. […] Un « ingénieur politique », un « fauve dont le premier mouvement est de foncer sur les gens et de les prendre à la gorge », un « étranger », un « chef de bande », un « monstre insociable qui bondit, frappe et abat », tout cela est bientôt dit, mais dans l’étau de ces rigides formules, sous l’amas de ces fiches épinglées, la réalité vivante de l’empereur, la silhouette familière et mobile que nous connaissons tous, l’âme ardente qui communiqua sa vie à tout un peuple, semble se dissiper et s’évanouir pour céder la place à une idole de métal, à un Moloch d’airain, créé de toutes pièces par un maître fondeur… Ne voir en Napoléon Bonaparte, depuis le jour de sa naissance jusqu’au jour de sa mort, qu’un Corse sauvage, un homme des maquis, devenu par hérédité condottiere et forban, un Italien du xve  siècle, semblable à Castruccio-Castracani, à Braccio de Montone, à Malatesta de Rimini, à Piccinino, à Borgia et autres tyranneaux, c’est comparer ce qui est très grand à ce qui est, en somme, très petit, c’est donner peut-être une explication trop sommaire d’une nature aussi complexe, c’est supprimer l’action du temps, qui modifie tous les hommes, même les plus impérieux et les plus forts.

1743. (1893) Alfred de Musset

Elle et Lui, de George Sand, et la réponse de Paul de Musset, Lui et Elle, sont des livres de rancune, nés de l’état de guerre créé et entretenu par des amis, pleins de bonnes intentions sans doute, mais, à coup sûr, bien mal inspirés. […] C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. » Il sort, et va braver étourdiment la divinité vindicative qui ne permet pas qu’on joue avec l’amour. […] Elles ont le charme des natures saines, et n’ont pu être créées que par un poète qui avait gardé intact, à travers les désillusions et les déchéances, le respect de la jeune fille.

1744. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Pour être un politique, indépendamment des vues et des idées justes qui sont nécessaires, mais qu’il ne faut avoir encore qu’à propos et modérément, sans une fertilité trop confuse, il ne convient pas de porter avec soi de ces humeurs brusques qui gâtent tout, et de ces antipathies des hommes qui créent à chaque pas des incompatibilités.

1745. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Mais l’esprit de famille et l’esprit de contradiction, qui créent si vite l’esprit d’opposition contre ce qui gouverne, nous rendaient généralement plus hostiles au régime militaire de l’empereur que nous ne l’aurions été sous d’autres maîtres.

1746. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

C’est une vision créée par votre peur, comme ce poignard dans l’air qui, m’avez-vous dit, guidait vos pas vers Duncan.

1747. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Mais dans sa haute et généreuse intelligence, ce service s’élargit, de façon que son état de prêtre ne lui crée jamais une dispense, lui impose souvent une aggravation de peine et d’effort.

1748. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Sœur Philomène est une des plus charmantes figures que MM. de Goncourt aient créées, et la plus douce, la plus discrète, la plus voilée de pudeur.

1749. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Mais qui ne voit que jamais miracle ne s’est passé dans ces conditions-là ; que toujours jusqu’ici le thaumaturge a choisi le sujet de l’expérience, choisi le milieu, choisi le public ; que d’ailleurs le plus souvent c’est le peuple lui-même qui, par suite de l’invincible besoin qu’il a de voir dans les grands événements et les grands hommes quelque chose de divin, crée après coup les légendes merveilleuses ?

1750. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Il est bien clair qu’il ne suffit pas de s’attribuer une puissance quelconque pour la créer de toutes pièces en soi ; par exemple, il ne me suffit pas de me persuader que j’amènerai 100 au dynamomètre pour obtenir ce chiffre.

1751. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Il faut le demander à celui qui a créé la matière et l’intelligence, et qui, par un phénomène dont il s’est réservé le mystère, et pour un dessein divin comme lui, a donné à cette pensée et à cette matière l’apparence d’une même substance, en leur donnant l’impossibilité d’une même nature.

1752. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Il est certain que le Jésuite créa, pour ainsi dire, le vrai goût de la chaire, il forma ses rivaux ; il leur donna l’exemple de cette solidité, de cette force de raison qui caractérisent ses discours.

1753. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

C’est ainsi que peut-être le monde microscopique représente aujourd’hui la photographie réduite des premières faunes ou flores créées, comme nos prêles et nos fougères nous offrent un diminutif des Calamites et des Lépidodendrons carbonifères.

1754. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

C’est la pensée d’Aristote, lequel fait de l’âme la cause finale du corps ; c’est la doctrine de Stahl, qui enseigne que toute âme crée son corps.

1755. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Qu’il s’agisse d’événements politiques ou d’œuvres d’art et de littérature, l’historien de nos jours ne détache jamais ses personnages du milieu dans lequel ils ont agi ou créé ; il ne manque pas de les étudier dans leurs rapports avec tout ce qui les précède et les entoure dans la manifestation de leurs actes ou la création de leurs œuvres, afin qu’on voie bien que tels personnages politiques ne sont que les ministres d’une nécessité sociale, et que tels auteurs ne sont que les organes d’idées et de sentiments généraux.

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