On n’analyse pas les causes du rire, et il en est de lui comme de l’amour : le meilleur est encore celui dont on ne peut dire la cause. […] On n’est pas d’accord sur les causes et les circonstances de sa mort. […] Ces philosophes au naturel et de la famille de Gil Blas me plaisent, et font diversion à ces autres philosophes métaphysiques et superfins qui se consument à raisonner sur la cause et la substance, sur le moi et le non-moi.
Pour Balzac, les effets ne sont que le développement significatif des causes. […] On s’explique comment leur promoteur Polignac a pu dire plus tard en parlant d’elles : « Je ne prévoyais pas de résistance. » Mais la cause ou plutôt les causes ? […] Mais la vraie cause est la force de sentiment religieux chez les concitoyens de sainte Catherine. […] Regarder et comprendre les passions, c’est en démêler et les conséquences et les causes intimes. […] Qu’il n’en ait pas compris la gravité tragique, son orgueil fut cause de cet aveuglement.
L’esprit dans lequel le livre est conçu est un bon esprit ; j’appelle ainsi celui qui consiste à ne pas arriver sur le sujet avec une prévention et un système, à se pénétrer de l’esprit même de l’époque qui est en cause, à recueillir tous les témoignages, à s’éclairer de toutes les dépositions et à nous rendre avec gravité, avec bon sens et modération, le résultat de cette enquête si délicate et si compliquée. […] Un inconvénient des longs régimes tout à fait déplorables et scandaleux comme l’était celui de Louis XV, c’est de faire croire que le remède est trop facile et qu’il suffit de supprimer la cause du mal pour entrer et marcher dans le bien.
Une si grande déraison dans un homme qui faisoit dire qu’ assurément le diable étoit auteur de l’érudition , méritoit qu’il rencontrât quelqu’un encore plus emporté que lui, & qui vengeât la cause commune des gens de lettres. […] Leur absurde vanité, de ce côté-là, fut cause de la brouillerie de ces prétendus Varrons de leur siècle.
., comme à la seule cause possible de variation. […] Il sera traité assez longuement de ce principe fondamental de sélection naturelle dans le quatrième chapitre ; et nous verrons comment cette sélection naturelle cause presque inévitablement de fréquentes extinctions d’espèces parmi les formés de vie moins parfaites, et conduit à ce que j’ai nommé la divergence des caractères.
D’autres auraient pu croire qu’il suffisait, en commençant, d’exposer la situation du royaume, l’état de l’administration, le système des lois politiques, civiles et pénales, au moment où saint Louis arriva au trône ; l’Académie n’en demandait pas davantage ; mais l’esprit du jeune écrivain était plus exigeant : de bonne heure attentif à remonter aux causes, à suivre les conséquences, à ne jamais perdre de vue l’enchaînement, il se dit que l’influence et la gloire de saint Louis consistaient surtout dans l’abaissement et la subordination du régime féodal, et il rechercha dès lors quel était ce gouvernement féodal dans ses origines et ses principes, comment il s’était établi, accru, et par quels degrés, ayant atteint son plus grand développement, il approchait du terme marqué pour sa décadence. […] A propos des similitudes frappantes et presque des symétries d’accidents qui sautent aux yeux entre l’avénement de la seconde race et celui de la troisième, il disait : « Cette analogie de causes et d’effets est remarquable, et prouve combien les choses agissent avec suite, s’accomplissent de nécessité, et se servent des hommes comme moyens, et des événements comme occasions. » Après avoir montré dans saint Louis le principal fondateur du système monarchique, il suivait les progrès de l’œuvre sous les plus habiles successeurs, et faisait voir avec le temps la royauté de plus en plus puissante et sans contrôle, roulant à la fin sur un terrain uni où elle n’éprouva pas d’obstacle, mais où elle manqua de soutien ; si bien qu’un jour « elle se trouva seule en face de la Révolution, c’est-à-dire d’un grand peuple qui n’était pas à sa place et qui voulait s’y mettre, et elle ne résista pas. […] Le jeune historien de vingt-six ans y parlait de la journée de la Saint-Barthélemy et des causes qui l’avaient préparée. […] S’attachant à un ordre unique de causes, il négligea toutes celles qui n’avaient agi que pour une part indéterminée et confusément appréciable, comme s’il en avait trop coûté à son esprit rigoureux d’admettre de la réalité autre part que là où il découvrait de l’ordre et des lois. […] Les résultats essentiels qui se tirent de ce mâle et simple récit sont passés dans le fond de leurs opinions et presque de leurs dogmes : cela fait partie de cet héritage commun sur lequel on vit et qu’on ne discute plus, et je doute fort qu’à mesure qu’on ira plus avant dans les voies modernes, et que par conséquent on trouvera plus simple et plus nécessaire ce qui s’est accompli, on en vienne jamais à remettre en cause les articles, même rigides, de ce jugement historique et à les casser.
Selon que l’idée du progrès par la destruction, ou l’idée de la conservation par l’amendement pacifique des choses, prévaudra dans l’esprit de l’historien, l’Encyclopédie sera un grand effort de la raison française, ou la plus dangereuse des témérités de l’imagination du temps ; un progrès ou une cause de ruine, une lumière qui continue à éclairer les hommes, ou une torche qui s’est étouffée elle-même dans l’incendie qu’elle a allumé. […] Ou bien ils se louent sans s’approuver et se caressent sans s’aimer ; ou bien ils prodiguent l’injure à ceux qu’ils appellent leurs ennemis, et qui ne sont, après tout, que des contradicteurs, avec le tort d’avoir les mêmes mœurs en défendant une meilleure cause. […] Dans cette espèce d’apologétique de la Providence, où Bernardin de Saint-Pierre combat les objections des incrédules de son temps, un grand nombre de ses preuves pourraient, dans une cause moins bonne, s’appeler des sophismes. […] Le système des causes finales, où Bernardin de Saint-Pierre avait en Fénelon un guide à la fois si discret et si éloquent, n’est qu’un cercle étroit où il enchaîne la Providence. […] Pour moi, le service est si grand, qu’il rachète les défauts justement relevés dans le Génie du Christianisme : la légèreté du savoir ; quelques injustices faites aux anciens, même en les louant ; trop de pompe et d’esprit pour recommander la religion des humbles et des simples ; l’excès de l’apologie, qui fait douter de la foi de l’apologiste ; Massillon cité comme le modèle de l’éloquence chrétienne ; sans compter la langue, qui n’est pas partout aussi bonne que la cause.
Isolé par goût, sans autre ambition que celle des lettres, des « saintes lettres », comme il les appelle, n’aspirant à rien tant qu’à les voir se retremper aux grandes sources et se régénérer, ne désespérant point d’y aider pour sa part en un siècle dont il appréciait les germes de vie et aussi la corruption et la décadence, il n’entra jamais dans la politique qu’à la façon d’un particulier généreux qui vient remplir son devoir envers la cause commune, dire tout haut ce qu’il pense, applaudir ou s’indigner énergiquement. […] Et il va chercher quels sont les moyens de lui faire reprendre cette assiette le plus tôt possible, et quelles sont les causes ennemies qui s’opposent à l’établissement le plus prompt d’un ordre nouveau. […] Il tâche d’élever les âmes, de les animer au bien par la grandeur des circonstances : « La France n’est point dans ce moment chargée de ses seuls intérêts ; la cause de l’Europe entière est déposée dans ses mains… On peut dire que la race humaine est maintenant occupée à faire sur nos têtes une grande expérience. » À côté de l’honneur insigne de la réussite, il déroule les suites incalculables d’un revers. […] Il montre ces efforts subversifs toujours renaissants et infatigables, et les oppose, pour la stimuler, à la tiédeur des honnêtes gens qui, ennemis de tout ce qui peut avoir l’air de violence, se reposant sur la bonté de leur cause, espérant trop des hommes, parce qu’ils savent que, tôt ou tard, ils reviennent à la raison ; espérant trop du temps, parce qu’ils savent que, tôt ou tard, il leur fait justice ; perdent les moments favorables, laissent dégénérer leur prudence en timidité, se découragent, composent avec l’avenir, et, enveloppés de leur conscience, finissent par s’endormir dans une bonne volonté immobile et dans une sorte d’innocence léthargique. […] Un des points les plus importants de la polémique d’André Chénier est la dénonciation qu’il fit de la Société des Jacobins, dans l’article intitulé : « De la cause des désordres qui troublent la France et arrêtent l’établissement de la liberté », et inséré dans le Supplément au Journal de Paris, du 26 février 1792.
Mais tandis que l’observation me montre que les images perçues se bouleversent de fond en comble pour des variations très légères de celle que j’appelle mon corps (puisqu’il me suffit de fermer les yeux pour que mon univers visuel s’évanouisse), la science m’assure que tous les phénomènes doivent se succéder et se conditionner selon un ordre déterminé, où les effets sont rigoureusement proportionnés aux causes. […] Je vais mettre d’un côté la matière, de l’autre l’esprit, et supposer que les mouvements cérébraux sont la cause ou l’occasion de ma représentation des objets. Mais s’ils en sont la cause, S’ils suffisent à la produire, je vais retomber, de degré en degré, sur l’hypothèse matérialiste de la conscience-épiphénomène. […] Il n’en est ni la cause, ni l’effet, ni, en aucun sens, le duplicat : il la continue simplement, la perception étant notre action virtuelle et l’état cérébral notre action commencée. […] Que les états cérébraux qui accompagnent la perception n’en soient ni la cause ni le duplicat, que la perception entretienne avec son concomitant physiologique le rapport de l’action virtuelle à l’action commencée, c’est ce que nous ne pouvions établir par des faits, puisque tout se passera dans notre hypothèse comme si la perception résultait de l’état cérébral.
Lui aussi a vu les causes profondes qui font le soubassement des caractères. […] Il ne faut pas chercher ailleurs la cause du succès de Hugo parmi les foules. […] Il disait les causes profondes de l’avilissement public. […] Qu’importe la cause, pourvu que l’effet se produise ? […] Dans le cas des poètes du Parnasse, une autre cause de malentendu se rencontrait.
Il débuta dans quelques causes civiles, et entreprit une cause criminelle, dont le succès promettait à l’orateur beaucoup d’éclat et de péril, la défense de Roscius Amérinus, accusé de parricide. […] Il continua d’y paraître comme orateur, défendant les causes des particuliers sans autre intérêt que la gloire. […] Cette même année il plaida plusieurs causes. […] Il y disait que la haine de Séjan pour les fils de Germanicus avait été la seule cause de la perte de ce favori. […] Fanatique de bonne foi, il avait sacrifié sa médiocre fortune en dons patriotiques, pour la cause du parlement.
« De là je descends sur le grand chemin, dans la taverne du village ; je cause avec les passants, je leur demande des nouvelles de leur pays ; j’entends des choses neuves et diverses, je remarque les goûts différents et les fantaisies opposées des hommes. […] Le peuple en est très brave quand une passion personnelle bout dans ses veines, mais très incapable de discipline et de constance au feu pour des causes purement abstraites. […] Elle se ligua avec l’Angleterre, avec le pape, avec l’Autriche et la Russie, avec toutes les puissances et toutes les causes qui voulaient arrêter ce torrent de principes et de sang menaçant de couler de Paris sur le monde. […] L’armée napolitaine de quatre-vingt mille hommes se dispersa aux premiers coups de canon ; elle marchait sans unité et sans conviction pour une cause inconnue ; elle était humiliée d’obéir à une secte sous le drapeau trop étroit d’une conjuration triomphante. […] Le Piémont, en démasquant son ambition, a compromis la vraie cause libérale en Italie.
La première, c’est que nos idées et sentiments soient des conditions réelles de changement interne, conséquemment des facteurs de l’évolution mentale, non de simples indices d’une évolution ayant lieu sans eux par des causes exclusivement physiques. […] Les mouvements, eux, sont des phénomènes abstraits du tout : ils sont l’aspect de la réalité qui peut s’exprimer en sensations visuelles ou tactiles et en rapports dans l’espace entre les causes supposées de ces sensations. […] Tout est mécanique sous le rapport des changements dans l’espace ; mais la série des causes et effets n’en redevient pas moins, dès qu’on rentre dans l’être vivant pour y considérer la vie même, une série de moyens et de fins, avec une fin unique, le bien-être du vivant. […] Dans le chronomètre, le grand ressort central qui cause tout le reste est naturellement indépendant de la fin à laquelle on l’a artificiellement subordonné ; dans l’être vivant, la cause et la fin, le ressort et l’heure à indiquer se confondent, comme si une montre tendait toujours à marquer midi par tous les moyens et trouvait dans la position même de l’aiguille à midi le ressort de tous ses mouvements. […] De là nous passerons à l’étude de la volonté proprement dite, comme constituant ce sujet qui s’érige à la fois en fin et en cause au sein du déterminisme universel.
Bien des causes ont concouru à renfermer la science dans une impénétrable citadelle. […] Elle disparaissait : le catholicisme prit sa cause en main, et à défaut de bonnes raisons il condamna, frappa et brûla. […] Il y a péril de vie, mais, si l’on meurt, on est certain, du moins, que c’est pour la bonne cause. […] Les causes qui les jetaient en armes les uns contre les autres sont aujourd’hui du ressort de la police correctionnelle. […] Et le Dante, qu’était-il donc, sinon un poëte armé qui combattait pour une cause nationale ?
Il l’appelle son serviteur, quoique infidèle, à cause qu’il l’a nommé pour exécuter ses décrets. […] c’est le contraire, et ce grand homme s’en souvint trop — fut une « des principales causes de la ruine de César ». […] il faudrait que Dieu, après avoir fait des causes libres et des causes nécessaires… eût établi des lois conformes à la nature des causes libres, mais si peu fixes que le moindre chagrin qui arriverait à un homme les bouleverserait entièrement, à la ruine de la liberté humaine ? […] Cent ans avant que d’être inscrite dans les lois, la cause de la tolérance était gagnée dans l’opinion. […] Quelles sont cependant les causes de ce changement ?
Lyell, lorsqu’il a expliqué pour la première fois les transformations géologiques de la croûte terrestre par l’action des causes actuelles. […] Faut-il en conclure que ces diverses causes soient amplement suffisantes pour annuler l’action sélective ? […] Parmi nos variétés domestiques, nous voyons une cause d’extinction analogue résulter du choix que fait chacune des races les plus utiles. […] En fin de compte, il y a plusieurs causes très diverses pour que des organismes d’ordres inférieurs existent actuellement en grand nombre dans le monde entier. […] Quel poids faut-il accorder à chacune de ces diverses causes de limitation du nombre des espèces ?
Le premier produit l’amour du jeu, et le second l’avarice ; quoiqu’on puisse supposer qu’il faut aimer l’argent pour aimer le jeu, ce n’est point là, la source de ce penchant effréné : la cause élémentaire, la jouissance unique, peut-être, de toutes les passions, c’est le besoin et le plaisir de l’émotion. […] Les passions qui dégradent l’homme, en resserrant son égoïsme dans ses sensations, ne produisent pas, sans doute, ces bouleversements de l’âme où l’homme éprouve toutes les douleurs que ses facultés lui permettent de ressentir ; mais il ne reste aux peines, causées par des penchants méprisables, aucun genre de consolation ; le dégoût qu’elles inspirent aux autres, passe jusqu’à celui qui les éprouve ; il n’y a rien de plus amer dans l’adversité que de ne pas pouvoir s’intéresser à soi : l’on est malheureux sans trouver même de l’attendrissement dans son âme ; il y a quelque chose de desséché dans tout votre être, un sentiment d’isolement si profond, qu’aucune idée ne peut se joindre à l’impression de la douleur ; il n’y a rien dans le passé, il n’y a rien dans l’avenir, il n’y a rien autour de soi, on souffre à sa place, mais sans pouvoir s’aider de sa pensée, sans oser méditer sur les différentes causes de son infortune, sans se relever par de grands souvenirs où la douleur puisse s’attacher.
Les Grecs faisaient pleurer, crier leurs héros tragiques, mais parmi les sanglots et les convulsions ils plaçaient des couplets où la souffrance, cause de tout ce désordre, s’expliquait avec la plus délicate précision. […] Cette erreur accréditée est une des causes les plus actives de la stérilité d’invention dont tant de personnes s’affligent.
Nous avons déjà remarqué28 qu’une des premières causes de la mélancolie de Virgile fut sans doute le sentiment des malheurs qu’il éprouva dans sa jeunesse. […] Nos défauts moraux ou physiques influent beaucoup sur notre humeur, et sont souvent la cause du tour particulier que prend notre caractère.
Ce sac plus cruel dans toutes ses circonstances que les précedens, et qui fut la cause qu’on vit des femmes patriciennes mandier à la porte de leurs propres maisons, dont les barbares s’étoient rendus les maîtres, est la véritable époque de l’anéantissement presque total des lettres et des arts, que du moins on cultivoit toujours, quoique ce fut sans beaucoup de fruit. […] C’est la multitude des artisans qui font profession d’un certain art, qui lui donne de l’étenduë, et qui est cause qu’il se subdivise en plusieurs arts particuliers.
Confiant dans l’excellence de sa cause, il rit du jugement de première et de seconde instance, parce qu’il espère qu’il sera cassé en appel. […] Il s’agit d’une cause à gagner, et plus la cause est importante, plus l’orateur doit s’oublier lui-même pour l’intérêt supérieur qu’il vise. […] Mais l’abattement où le spectacle de l’univers nous jette a pour cause des rapports de grandeur, de distance, de durée, qui n’ont rien d’absolu et ne sont en bonne logique, en bonne psychologie, que ce que notre esprit les fait être. […] Quelles sont les causes de cette grande popularité de Rabelais et de Montaigne ? […] Sachant surtout que tout effet a sa cause et qu’un effet tel que la gloire ou l’oubli définitif doit avoir une cause qui lui soit proportionnée, nous estimons qu’il est toujours possible d’en donner une explication adéquate, plus satisfaisante pour l’esprit et plus intéressante que les vaines apologies et les récriminations stériles.
Il a bien des causes probablement. […] quel enchaînement d’effets et de causes ! […] Une pareille dispersion cause une énorme déperdition d’énergie. […] Faguet pour séparer les choses des causes qui les expliquent ? […] Faguet s’obstine à séparer les causes et les effets !
Sa nature et ses causes. […] La fixation du regard, étant une fixation de l’attention même, produit une sorte d’idée fixe ou de « monoïdéisme » artificiel ; aussi peut-on soutenir que, même en ce cas, il y a une cause psychologique à l’hypnotisme. […] Au reste, nous ne prétendons pas que l’idée du sommeil soit la seule cause du sommeil : il y a en outre une influence nerveuse, encore mal élucidée. […] Si l’afflux à une certaine partie du cerveau atteint son maximum, il est diminué sur les autres points : c’est ce qui explique physiologiquement que l’attention à une idée cause la disparition des autres idées. […] Les succès des homéopathes ne tiennent probablement pas à une autre cause.
Le romancier grec a dit que Persina, reine d’Éthiopie, avait mis au monde Chariclée, enfant tout blanc, à cause d’un tableau de Persée et d’Andromède nue qu’elle avait beaucoup considéré. […] Quelques extraits pris au hasard en donneront mieux l’idée que tout ce qu’on peut dire : ce sont des souffrances qui tiennent en partie à la même cause que celles de Sénancour (res angusta domi,) mais bien autrement Vives et poignantes, à cause des êtres chers qui y étaient enveloppés, comme aussi mainte fois consolées et adoucies de tendresse, grâce aux croyances du berceau et à un rayon d’espérance et de foi qui luisait toujours. […] Tout cela t’explique assez que je vis en pleurs, ma bonne amie, sans avoir le droit de me plaindre que Dieu ne m’ait pas choisie pour répandre ses consolations sur les miens, lui qui m’a faite si tendre pour eux… « Pour mettre un peu de baume sur les tristesses que je te cause, je finis en parlant des consolations divines que nous devons à mon cher Hippolyte. » Il lui restait, on vient de le voir, une dernière sœur, l’aînée, Cécile, qui habitait aussi Rouen ; elle paraît avoir été d’un esprit plus simple et aussi d’un cœur moins expansif que les autres membres de la famille, ou peut-être n’était-ce qu’un effet de l’âge et des malheurs : du moins la correspondance avec elle est plus rare et ne roule guère que sur d’humbles envois ; mais il est touchant de voir comme Mme Valmore s’efforce de réveiller son sentiment, d’intéresser sa vieillesse, de l’attendrir par l’aveu des misères communes ou par l’appel à de chers souvenirs59 : « (9 novembre 1854)… La dame qui m’aide souvent à trouver l’argent d’emprunt pour passer mon mois, à la condition de le rendre à la fin de ce mois même, n’a pu venir encore à mon secours, à travers la pluie et toutes les difficultés de sa propre vie. […] Je cherche souvent en moi-même ce qui peut m’avoir fait frapper si durement par notre cher Créateur ; car il est impossible que sa justice punisse ainsi sans cause, et cette pensée achève bien souvent de m’accabler… » Quand on écrit la biographie de certains poëtes, on peut dire que l’on montre l’envers de leur poésie : ici, dans cette longue odyssée domestique, on a simplement vu le fond même et l’étoffe dont la poésie de Mme Valmore est faite, et à quel degré, dans cette vie d’oiseau perpétuellement sur la branche, — sur une branche sèche et dépouillée, — près de son nid en deuil, toute pareille à la Philomèle de Virgile, elle a été un chantre sincère. […] « Jenny vous prie de vouloir bien lui donner gain de cause dans votre prochaine lettre, à moins, dit-elle, que vous n’ayez la faculté de changer à votre gré de visage, car elle persiste très-sérieusement à vous croire un peu fée… » — La vérité est que Mme Valmore elle-même, dans sa lettre à moi adressée (précédemment, page 99), s’est dite blonde.
(3) Dans l’état théologique, l’esprit humain, dirigeant essentiellement ses recherches vers la nature intime des êtres, les causes premières et finales de tous les effets qui le frappent, en un mot vers les connaissances absolues, se représente les phénomènes comme produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels plus ou moins nombreux, dont l’intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l’univers. […] (5) Enfin, dans l’état positif, l’esprit humain reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues, renonce à chercher l’origine et la destination de l’univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s’attacher uniquement à découvrir, par l’usage bien combiné du raisonnement et de l’observation, leurs lois effectives, c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude. […] Nous voyons, par ce qui précède, que le caractère fondamental de la philosophie positive est de regarder tous les phénomènes comme assujettis à des lois naturelles invariables, dont la découverte précise et la réduction au moindre nombre possible sont le but de tous nos efforts, en considérant comme absolument inaccessible et vide de sens pour nous la recherche de ce qu’on appelle les causes, soit premières, soit finales. […] Chacun sait, en effet, que, dans nos explications positives, même les plus parfaites, nous n’avons nullement la prétention d’exposer les causes génératrices des phénomènes puisque nous ne ferions jamais alors que reculer la difficulté, mais seulement d’analyser avec exactitude les circonstances de leur production, et de les rattacher les unes aux autres par des relations normales de succession et de similitude. […] Quant à déterminer ce que sont en elles-mêmes cette attraction et cette pesanteur, quelles en sont les causes, ce sont des questions que nous regardons tous comme insolubles, qui ne sont plus du domaine de la philosophie positive, et que nous abandonnons avec raison à l’imagination des théologiens, ou aux subtilités des métaphysiciens.
En religion, en philosophie, en politique, dans l’art, dans la morale, chacun de nous doit s’inventer ou se choisir un système : invention laborieuse, choix douloureux… La vie n’est plus un salon où l’on cause, mais un laboratoire où l’on pense. […] Il ne se borne pas à reconnaître des rapports et des harmonies, il voit des causes directes et des effets. […] Un degré de chaleur dans l’air et d’inclinaison dans le sol est la cause première de nos facultés et de nos passions. […] Ce qu’il faut lui répondre quand il s’exprime avec une affirmation si absolue, c’est que, entre un fait si général et aussi commun à tous que le sol et le climatu, et un résultat aussi compliqué et aussi divers que la variété des espèces et des individus qui y vivent, il y a place pour quantité de causes et de forces plus particulières, plus immédiates, et tant qu’on ne les a pas saisies, on n’a rien expliqué.
Il remonte à la source de ses partialités passionnées et cherche à en découvrir les causes. […] Je ne puis (et par de bonnes raisons, ayant plaidé aussi la même cause), je ne puis que donner les mains et consentir à tout ce que dit à ce sujet M. […] On jugea sur un point la présence de M. de Turenne nécessaire, à cause d’une colonne ennemie qui s’avançait. […] Ce qu’on en sait et ce qu’on en cause n’est pas du tout ce qu’on en écrit.
Il ne faut pas oublier cependant que l’Art poétique est le terme d’une évolution commencée avant Descartes, et par conséquent hors de son influence : il est l’expression complète de l’esprit classique, qui n’a point son origine et sa cause dans l’esprit cartésien ; mais l’esprit classique et l’esprit cartésien sont deux effets parallèles et deux manifestations formellement différentes d’une même cause, d’un certain esprit général qui s’est trouvé formé au commencement du xviie siècle d’une association d’éléments et par un concours d’influences dont je n’ai pas ici à tenter l’analyse. […] En somme, il y a six causes, décidément, qui les font inférieurs aux modernes : nous avons pour nous le temps, une psychologie plus exacte, une meilleure méthode de raisonnement, l’imprimerie, le christianisme, qui ouvre une voie nouvelle à l’éloquence, et enfin la protection de Louis XIV. […] Et le ton ne donnait pas une idée plus avantageuse de l’auteur et de sa cause.