De même que l’alexandrin s’est assoupli, diversifié, enrichi de toute sorte d’effets, depuis le xviie siècle, sans perdre pour cela sa structure intime, de même les genres peuvent subsister dans leur essence, et la voiler d’apparences multiples pour répondre à des besoins nouveaux de l’esprit moderne.
Cela répondait au besoin du jour.
Mais ils ne représentent pas la démocratie véritable, qu’il ne faut tout de même pas confondre avec la haine et la sottise, et qui sait bien que pour faire figure dans le monde et continuer la civilisation, elle a besoin de savants et de lettrés.
C’était le lieu de séjour momentané des élèves qui, en entrant au séminaire ou en en sortant, avaient besoin de quelques jours libres ; les ecclésiastiques en voyage, les supérieures de couvent qui avaient des affaires à Paris, y trouvaient un asile commode et à bon marché.
Par l’Anneau du Nibelung av, Richard Wagner voulut, totalement, expliquer le monde : c’est le symbole de l’Or opposé à l’Amour, et il voulut, totalement représenter la vie de l’Ame ; il créa toutes ces âmes, spéciales chacunes, chacunes proprement vivantes, que symbolisent Wotan, Freia, Loge, — Fafner, — Alberich, Mime, — Siegmund, Sieglinde, Hunding, — Brunnhilde, Siegfried … Et parmi cette énormité d’efforts inégalement heureux, dès là, en quelques figures, je sens réellement créée la supérieure vie : ainsi, l’âme qu’est Wotan, — l’âme originairement stagiaire46, contente en le repos introublé de sa puissance, que rien n’agite ; et la vie de cette âme se fait plus vive, une contemplation des choses plus active, une pensée de quelque chose nouvelle, un mouvement, un besoin de plus, un souhait ; le désir, oh !
On n’a pas besoin de comprendre, le cœur, saisi par l’oreille, reconnaît dans de tels accords les sons que rendent des âmes qui se brisent.
Dans sa poche, il remue les clefs de tout cela, nerveusement, et il nous montre les titres de propriété pour se les remontrer, et se refaire la certitude que ce n’est point un rêve : cette certitude qu’il semble à tout moment avoir besoin de raffermir, avec la vue du testament, de l’envoi en possession.
* * * — L’homme qui s’enfonce et s’abîme dans la création littéraire, n’a pas besoin d’affection, de femmes, d’enfants.
Ces appellations répondent au besoin de transférer les noms d’un animal à l’autre, le plus souvent d’un gros à un petit.
Je comprends l’impérieux besoin d’espérer et de croire dévorant l’impossible, pour ne pas dire plus ; mais nous présenter cet impossible comme la lumière, c’est nous demander plus que ne peut accorder un esprit libre, qui n’a aucun goût malsain pour la révolte, qui ne peut cependant, sans abdiquer, renoncer à tous les droits de la conscience et du bon sens.
Il vouloit qu’on pût le lire tout de suite, sans qu’on eût besoin d’étude, pour examiner ce qui étoit douteux, & se faire expliquer ce qu’on n’entendoit pas.
Après cela, il n’est pas besoin d’insister pour qu’on soit bien sûr qu’il n’avait pas ce qu’il faut de grâce et de légèreté et de souplesse pour enlever une lettre à une femme, — cette chose ailée qui se pose surtout et qui n’y pèse pas.
Au xixe siècle, où la beauté physique, pour nous frapper, a besoin d’être si profondément individuelle, il n’y a plus que M.
Point n’est besoin de supposer des éléments spirituels dont notre progressive pénétration de la matière restreint chaque jour le rôle.
Tandis que la patience, le don de voir et de composer suffisent pour animer d’une vie parfaite un gentilhomme ou un bourgeois, il est besoin ici d’autre chose, et c’est de la foi, ou tout au moins de l’intelligence de la foi.
Et il a besoin d’être fécondé. […] Herbert Spencer que le poète est un être contingent, nullement indispensable, et correspondant à nos besoins de luxe et de frivolité ?
En second lieu, le nominalisme du moyen âge impliquait la connaissance de la parole intérieure ; car il est évident que, pour penser les genres, nous n’avons pas besoin du bruit de notre voix ou de la voix d’autrui. […] On peut songer aussi à identifier l’activité avec l’innovation verbale, la passivité avec la simple remémoration ; à première vue, l’invention seule semble impliquer un certain degré d’effort mental ; mais quelquefois nous nous remémorons avec peine, et souvent nous inventons sans effort : il n’est pas besoin pour cela d’être inspiré ; quand nous lisons un texte pour la première fois, la suite des mots intérieurement prononcés est une combinaison nouvelle de souvenirs anciens, et pourtant nous n’avons conscience d’aucun effort.
Mais Louise Labé, précédemment louée par Marot, n’eut pas besoin, elle, pour s’élancer à son tour, de rompre avec le passé et de s’éprendre de cette ardeur rivale.
On murmure à voix basse que la beauté, le talent, la célébrité d’une femme d’exception, qui cache son nom comme il convient aux femmes de porter un voile dans la foule, ou aux Clorindes de revêtir une armure d’homme en combattant ; on murmure, disons-nous, que l’attrait d’esprit, le nom voilé, les éclats de célébrité de cette personne, ont fasciné d’un éblouissement désintéressé les yeux et l’âme de ce Platon de la solitude ; que, semblable à ces chevaliers dont la race et le sang coulent dans ses veines, il a senti le besoin de porter dans le cloître ou dans les combats une dame de ses pensées, et qu’il lui a voué ce qu’on appelle un culte, un servage, une foi chevaleresque, épurée de tout, hors de la joie de se dévouer !
CLIV J’obéis et j’enflai la zampogne, en cherchant sous mes doigts, tout tremblants, les airs de marche au retour des pèlerinages d’été dans les Maremmes, les chants de départ pour les moissonneurs qui vont en Corse par les barques de Livourne, les hymnes pour les processions et les Te Deum à San Stefano, les barcarolles de Venise ou les tarentelles de l’île d’Ischia au clair de la lune, que j’avais si souvent jouées sous les châtaigniers, les dimanches soir, avec Hyeronimo, et qui me paraissaient de nature à réjouir la noce et à faire arrêter les passants ; mais je n’en avais guère besoin.
Les plus durs, les plus robustes et les plus inquiets, dans leur besoin de mouvement et leur soif d’inconnu, allaient toujours devant eux, jusqu’aux régions du brouillard et de l’hiver.
Par la force des choses, ayant besoin, pour être grand, de l’assentiment des hommes, même dans l’avenir, il lui était presque interdit d’être égoïste de la façon dont peut l’être un marchand ou un voleur.
En désirant que la langue poétique fût riche, noble, harmonieuse, Ronsard avait le sentiment exact non-seulement de ses besoins actuels, mais de ses futures beautés.
Quand Noménoé, au ixe siècle, organisa pour la première fois d’une manière un peu régulière cette société d’émigrés à demi sauvages, et créa le duché de Bretagne en réunissant au pays qui parlait breton la marche de Bretagne, établie par les Carlovingiens pour contenir les pillards de l’Ouest, il sentit le besoin d’étendre à son duché l’organisation religieuse du reste du monde.
Et alors, en construit-elle, par une sorte d’atavisme superstitieux, un idéal de Foi matérialiste à violences d’appétits et sanctions de Besoins : et en même temps se dénature ou se détruit, d’être passé par elle qui lui demande ainsi que des prolongements décuplés de ses seuls sens, le sens universel et sacré, — Et parce que la hâtive Science moderne multipliant ses vulgarisations à la mesure des inaptes cerveaux, ne voit pas qu’ainsi elle s’amoindrit et se disperse, et ne grandit autour d’elle qu’une audace ou un scepticisme hostilement présomptueux : il se peut que se désagrège avant de se résumer une conscience, l’Occident… — Nous arrivons donc à une proposition « d’Altruisme » vrai, qui ne soit plus de sentiment, ni n’implique de renoncement personnel.
le traqueur d’une voix sourde et brusque et coupée par des temps, comme s’il semait, en marchant, des maximes et des axiomes : « Besoin de pluie… tuyaux engorgés… alors ils sortent… » Devant nous, à vingt pas du traqueur, trottine quelque chose de grisâtre qui s’arrête, puis repart flairant : « Trim !
Dix-huit strophes y recommandent de confondre l’antique au biblique et au moderne ; dix pages de vers envolés et fugaces constatent que la femme ne se livre plus en don gratuit ; seize pages à quatre strophes redisent de mille façons ironiques que Dieu n’a pas besoin de l’homme pour parachever ses œuvres.
Ce qu’il y a de clair dans cette proposition, c’est que tous les arts ont une fin : l’utile qu’on ajoute ne sert qu’à rendre la proposition équivoque ; à moins que sous ce nom vague d’utile, on ne veuille aussi comprendre le plaisir, qui est en effet un des plus grands besoins de l’homme.