Baillet, [Adrien] né dans un village voisin de Beauvais, en 1649, mort à Paris en 1706, est un des Auteurs que les Encyclopédistes ont mis le plus à contribution. […] Cette compilation, où il a souvent mis du sien, lui attira beaucoup d’ennemis, comme s’il n’étoit pas permis d’apprécier les Productions des Auteurs, quand ils les soumettent au jugement du Public par la voie de l’impression. […] Sa Vie de Descartes n’annonce pas non plus le discernement & le goût qu’il exigeoit de la part des Auteurs ses contemporains.
L’accueil unanime qu’elle a reçu de tous les Savans de l’Europe, sera tout à la fois un anathême prononcé contre les Auteurs du paradoxe, & le triomphe de l’érudition parmi nous. […] Par le moyen de ces secours, réunis à la critique exercée, précise & toujours munie d’autorités ou de preuves, il est parvenu à purger le texte de l’Auteur d’environ deux milles fautes, & de le rendre le plus exact & le plus pur de tous ceux qu’on a donnés jusqu’à présent ; ce qui n’est pas d’un prix médiocre pour les véritables Gens de Lettres. […] Et véritablement, à qui le Public accorderoit-il son estime, si ce n’est à ces hommes laborieux & assez modestes pour préférer les bons Ouvrages des Auteurs anciens, à ceux qu’ils pourroient donner eux-mêmes ?
Cet Auteur a écrit sur les Parterres, les Jardins, les Potagers, les Vergers, les Champs, la Cuisine, & généralement sur tout ce qui a rapport à l’économie domestique. […] Un Abbé du même nom, Auteur d’un Ouvrage, intitulé Dialogue entre les Philosophes modernes, publia, en 1779, un Libelle contre nous, sous le titre de Problême littéraire, où il s’efforçoit de prouver qu’un Vicaire de Paroisse, mort deux ans auparavant, & qui n’a pas laissé un seul Prône digne d’être imprimé, étoit l’Auteur des Morceaux les moins foibles des Trois Siecles.
A force de voir des Auteurs, elle voulut le devenir à son tour. […] On se ressouvient encore de l'empire que cette Dame exerçoit sur les Auteurs qu'elle recevoit. […] Elle avoit l'attention de donner, tous les ans, pour étrennes, aux Auteurs qu'elle recevoit chez elle, deux aunes de velours, pour en faire des culottes.
L'Histoire des Révolutions de Portugal a une marche presque épique, & seroit un vrai chef-d'œuvre, si l'Auteur eût été plus difficile dans le choix des Mémoires sur lesquels il a travaillé. […] La négligence du style, en plusieurs endroits, fait assez sentir que son Auteur n'étoit pas fait pour les Ouvrages de longue haleine. […] « Ce Livre fut si estimé des Suédois, dit M. l'Abbé de Voisenon, que leur Envoyé, qui étoit sur le point de venir en France, fut chargé, par ses instructions, de faire connoissance avec l'Auteur, & de l'engager à écrire l'Histoire générale de Suede.
Il jouait les auteurs du temps surtout Corneille, en vogue immense à cette époque, et il était déjà (mais très peu et comme la plupart des hommes supérieurs, il n’a pas été précoce), à la rencontre, auteur lui-même. […] Il n’y a qu’une intrigue, à la vérité assez emmêlée et que L’auteur, à la fin, semble avoir eu assez de peine à débrouiller. […] En tous les temps la réalité burlesque égale l’imagination burlesque des auteurs comiques et quelquefois la dépasse. […] L’auteur dans le monde bourgeois vient d’abord se faire admirer. […] Molière a, à peu près, épuisé le type de l’auteur.
Or, l’auteur du présent livre est admirateur ardent, passionné, de Diderot. […] Ils servent à l’auteur d’intermédiaire, d’excuse auprès du public de son temps. […] Ce n’est peut-être pas l’idéal rêvé par l’auteur. […] Pour un peu, je serais allé trouver l’auteur au foyer et retirer mes applaudissements. […] Au lieu de n’être que des auteurs, ils seraient des écrivains !
Voilà des genres de poésies dans lesquels trois grands hommes ont donné à la France une incontestable supériorité, et nous admirons sincèrement l’orgueil ou l’humilité de ceux de nos auteurs qui continuent à s’y exercer. […] Les deux Chénier étaient également de très bons prosateurs ; et de nos jours, un des auteurs les plus brillants, un des érudits les plus profonds, M. […] Il faut considérer aussi que les belles proportions et la régularité imposées à notre tragédie par les auteurs de Cinna et d’Andromaque lui donnent une physionomie à part, au milieu des littératures contemporaines. […] C’est que les grands auteurs ont toujours été les plus grands critiques, quand ils ont voulu s’en mêler. […] Et puis quel misérable progrès de de versification, qu’un logogriphe en huit alexandrins dont le mot est carotte ou chien-dent… Ce qu’il y a de plus triste c’est que beaucoup de nos auteurs ont transporté ce feux langage dans la tragédie.
L’autre critique s’applique aux auteurs vivants. […] Lemaître dit souvent aux auteurs qu’il juge ? […] Cherchez, parmi les contemporains, son auteur favori. […] Voici qu’elle est un séminaire de romanciers et d’auteurs dramatiques. […] où est-il, l’auteur capable de concilier tous les contraires ?
C’étoit le coriphée des auteurs de son temps. […] Toujours guindé, toujours maniéré ; on peut dire qu’il sentoit l’art & l’auteur. […] Un religieux Manceau, dom André de saint Denis, auteur pitoyable, composa rapidement un petit écrit absurde, dénué d’esprit & de raison, mais très-bien conditionné pour les injures. […] Goulu, le représentèrent comme un ivrogne, buvant nuit & jour dans un verre fait exprès & plus grand que la coupe de Nestor ; comme un gourmand, faisant très-bonne chère en gras, quoiqu’il eût le teint si frais & l’embonpoint si excellent qu’on ne croyoit pas qu’il eut besoin d’être dispensé de la règle du maigre ; comme un religieux très-éloigné de l’esprit de son ordre, le plus sévère de tous dans son institution, suivant un auteur*. […] Les libèles ni leurs auteurs ne lui plaisoient point.
L’auteur y est poète et grand poète, c’est-à-dire grand peintre, comme sans dessein et en suivant le mouvement de son sujet. […] L’auteur brave la langue française et a l’air de l’enrichir. […] La narration et la morale se trouvent dans le dialogue des personnages, et l’auteur s’y montre à peine, si ce n’est dans cinq ou six vers qui sont de la plus grande simplicité. […] Le lecteur ne sait où il en est, ainsi que les animaux que l’auteur introduit dans cette fable. […] Louez une jolie pièce de vers, il est bien rare que l’auteur n’ajoute, je n’ai mis qu’une heure, un jour, plus ou moins ; et s’il s’abstient de dire cette sottise, c’est qu’il y réfléchit, c’est qu’il remporte une victoire sur lui-même, c’est qu’il craint le ridicule.
Dupont-White26 I Dupont-White, l’auteur de l’Individu et l’État 27, a ajouté une préface à la seconde édition de son livre. Travaillée avec beaucoup de soin et surtout écrite avec cette impulsion qui est particulière à l’auteur, cette préface a la prétention d’être une réponse aux objections qu’a soulevées le livre qu’elle précède. […] Cette constitution du pays a entièrement échappé à l’auteur de l’Individu et l’État. […] Or, ici, la question de l’État, qui est toute la question de son livre, vient de nouveau se poser à propos du progrès, et si cette question, qui dévore tout, reste sans solution et sans lumière, elle projette la misère de son indécision sur toutes les idées de l’auteur : « L’État — dit-il — ne crée pas toujours le progrès, mais il peut le créer. » Et voilà que l’éternel embarras recommence ! […] Malgré la force d’un esprit qu’il finira par énerver, et sur laquelle nous avons assez insisté, l’auteur de l’Individu et l’État a prouvé une fois de plus, et pour son compte, à quel degré la manie des théories vagues et l’idéologie philosophique portait malheur à la netteté de la pensée.
Nos grands auteurs pour vous sont donc des anonymes ! […] C’est un je ne sais quoi dont on est transporté ; Et moins on le comprend, plus on est enchanté, J’en ai fait l’autre jour une épreuve cruelle : J’étais dans un salon, dont la dame encor belle Depuis dix ou trente ans tient un bureau d’esprit, Et fait de nos auteurs la gloire ou le crédit. […] Le cercle était brillant et des plus renommés : Un auteur romantique en faisait les délices. […] Cet auteur doit prétendre au plus noble destin. […] Son théâtre est fertile en auteurs nébuleux.
Ses autres Poésies décelent un Auteur quelquefois élégant & facile. […] Pendant tout le temps que M. l’Abbé Aubert a été chargé de la continuation du Journal de Trévoux, il a eu le courage de parler avec impartialité de tous les Ouvrages, &, ce qui est plus courageux encore, de tous les Auteurs. […] Cet égoïsme, si fort à la mode parmi les Journalistes & les Auteurs critiques de ce siecle, est d’autant plus déplacé & plus ridicule, qu’il blesse l’amour-propre des Lecteurs, sans tourner au profit de celui des Ecrivains qui se le permettent, puisqu’il ne décele en eux qu’une vanité capable d’affoiblir le mérite de leurs bonnes qualités.
Le nom de cet Auteur est devenu une injure, & nous ne le plaçons ici que pour effrayer ceux qui seroient tentés de l’imiter. […] Son Livre de Recherches des Recherches d’Etienne Pasquier, peut être regardé comme les archives, où l’Auteur de la Défense de mon Oncle a puisé les injures qu’il a prodiguées à tant d’Ecrivains. Il y a cependant cette différence entre lui & Garasse, que celui-ci se bornoit à dire que ses adversaires étoient des impies, des athées, des ânes, des sots par bemol, des sots par bequarre, des sots à la plus haute gamme ; & que le Champion de l’Abbé Bazin a traite les siens non seulement d’ânes & de sots, mais de Croquans, de Cuistres, de Marauts, de Fripons, d’Ivrognes, de Sodomistes, de Scélérats, d’Auteurs mourant de honte & de faim.
LELONG, [Jacques] Bibliothécaire & Prêtre de la Maison de l’Oratoire, né à Paris en 1665, mort en 1721 ; Auteur laborieux & utile, à qui nous devons deux Bibliotheques, l’une sacrée, écrite en Latin, l’autre historique & écrite en François, dans laquelle il a rassemblé tous les Ouvrages qui ont rapport à notre Histoire. […] L’Ouvrage dont nous parlons a exigé la plus grande assiduité & les plus grands efforts de patience ; ce qui suffit pour obtenir grace à son Auteur sur plusieurs inexactitudes échappées à son attention. […] Quand même on en croiroit sur ce point les Auteurs du Nouveau Dictionnaire historique, qui ont copié, à cet égard, les autres Lexicographes ; la réalité de ces connoissances importeroit peu au Public, qui ne fait cas que de celles qui ont pu contribuer à la perfection des Ouvrages qu’on lui présente.
L'Auteur paroît avoir eu trop de confiance dans les Libelles imprimés chez les Etrangers ; vrai moyen de débiter des erreurs. […] Il faut être d'une extrême indulgence ou peu attentif à observer le mérite d'un Ouvrage, pour assurer, comme l'a fait l'Auteur du Nouveau Dictionnaire historique, que cette Histoire de Louis XIV mérite en général de satisfaire les Gens de goût. […] Ne seroit-il pas nécessaire, avant toutes choses, que le Siecle de Louis XIV, qu'on propose pour modele, fût corrigé par un homme instruit, véridique, & surtout moins enclin à débiter de petites anecdotes hasardées, soit pour appuyer le systême de l'Auteur, soit pour réveiller la curiosité des petits esprits qui adoptent bonnement toutes choses, pour peu qu'elles soient marquées au coin de la hardiesse & de la singularité ?
La réputation de son Auteur, quoiqu’il ait vécu dans notre Siecle, a déjà acquis le sceau de l’immortalité. […] Quoique le systême de l’Esprit des Loix ne paroisse pas offrir un enchaînement toujours suivi, l’Auteur ne s’écarte jamais de son objet. […] M. de Voltaire s’est donc oublié, à son ordinaire, quand il a dit que cet Ouvrage n’étoit qu’un Recueil d’Epigrammes, & qu’il appeloit l’Auteur Arlequin-Grotius *. […] de Montesquieu, qu’ils croyoient appartenir à leur Secte, ils auroient désiré pouvoir grossir leur Nécrologe du nom d’un Grand Homme, mort dans les sentimens qu’ils affichent ; mais il sera toujours vrai de dire que l’Auteur de l’Esprit des Loix, après avoir été abusé par une fausse sagesse, en est revenu à la véritable ; celle qui nous soumet à Dieu, fait respecter la Foi, & épargne aux hommes le scandale & l’indignation.
À l’Opéra, néanmoins, les auteurs se croient forcés de suivre ces monstrueux errements. […] On assure que l’auteur fait le plus grand cas de cette composition, qui contiendrait la révélation de sa seconde manière ; je ne pense pas que M. […] Louis de Fourcaud (1851-1914) est l’auteur de L’Évolution de la peinture en France (1890). […] Il est l’auteur de : Richard Wagner, Les étapes de sa vie, de sa pensée et de son temps, paru de façon posthume (Paris, hachette, 1923). […] Plus loin, l’auteur de l’article cite deux brochures apologétiques.
La révélation d’Egmont n’importe guère qu’aux auteurs de ce mélodrame : bizarre musique ! […] — Compositeur lui-même, Fétis ne vit chez l’auteur du Tannhauser qu’un incommensurable orgueil sans l’ombre d’un talent. […] L’ouvrage débute par la reproduction d’un article de l’auteur dans le Figaro d’août 1886, article d’ailleurs publié ensuite en une brochure du même titre. […] Dans un Avant-Propos, l’auteur explique qu’il a voulu faire un livre d’histoire, non un livre de combat. […] Il est l’auteur du Wagnérisme hors d’Allemagne, Paris, Bruxelles et Leipzig, Fischbacher, Schott, Otto Junne, 1891.
Trolliet sera uniquement pour moi l’auteur d’un volume de critique intitulé Médaillons de poètes, 1800-1900. […] La seconde est de la lourdeur en toilette et l’auteur croit écrire à la mode du xviie siècle. […] Ce bon écolier dit couramment « emmuré » pour aveugle ou aveuglé et craint, élégant, que « l’amour-propre d’auteur ne l’ait complètement emmuré ». […] L’auteur nous traîne trop longtemps à la recherche de la mystérieuse Idée, excite notre curiosité jusqu’à la fatiguer, nous fait espérer et réclamer trop d’extraordinaire. […] Dans une étude sur Henri de Bornier, il nous prouve qu’il n’a même pas su lire la liste des ouvrages de son auteur.
Cet Auteur que nous avions, par erreur, annoncé pour mort, dans les précédentes éditions de cet Ouvrage, est depuis long-temps établi en Allemagne, où il cultive avec succès la Littérature Françoise. […] Sa Traduction de l’Iliade parut d’abord, en 1760, sous le titre d’Essai, & fut suivie, deux ans après, de ce que l’Auteur appelle une Traduction libre, & qu’on peut regarder plutôt comme un bizarre travestissement ; Homere y est défiguré d’un bout à l’autre, plus qu’il ne l’a jamais été par la Mothe. L’Auteur l’accompagna d’un Discours préliminaire, où il traitoit sans façon son Original de Radoteur, Madame Dacier de femme sans esprit & sans goût.
L’Auteur des Anecdotes littéraires, historiques & critiques sur les Auteurs les plus connus, en rapporte une sur Dancourt qui est peu connue. […] Ces Anecdotes sont connues, mais elles tiennent au talent de l’Auteur ; c’est pourquoi nous n’avons pas voulu les passer sous silence.
La fadeur de ces plaisanteries n’a pas empêché & n’empêchera pas qu’on ne rende justice aux Ecrits de cet Auteur. […] Quel étrange délire que celui de s’acharner à déprécier des Auteurs estimables, en cherchant à les couvrir d’un ridicule qui n’attaque que le mauvais Plaisant ! […] Telles sont cependant les précieuses saillies qui enrichissent l’Epître amicale de l’Auteur de Zaïre à M. d’Alembert.
Je retrouve, comme dirait Fénelon, un auteur aimable et qui s’insinue. […] L’auteur est censé rencontrer un jour à la chasse, dans une campagne qui doit être voisine de Niort ou de la Rochelle, ce M. […] Les relations de l’auteur avec M. […] Nous retrouverions ici l’occasion de faire quelques-unes des remarques que nous ont inspirées les paysages africains de l’auteur : M. […] D’un autre côté, Augustin, l’ancien précepteur, jeune lui-même, établi à Paris où il lutte contre les difficultés d’un début, est un auteur pur, un publiciste acharné, un ambitieux d’idées et de principes.
Bonhomme ne s’est jamais demandé une seule fois en écrivant : « Qu’aurait pensé de moi mon auteur s’il m’avait lu ? […] Collé ne pensait point d’abord à être un auteur proprement dit ; il avait à s’occuper de sa fortune et remplissait un emploi. […] Enfin Collé fit là quelque chose de ce que nous avons vu faire au spirituel et charmant auteur du Palais-Royal, Labiche : il mit habit noir et cravate blanche pour se rendre digne du Théâtre-Français et se retrancha de sa gaîté, du meilleur de sa veine. […] Pour moi, j’aime mieux nos deux auteurs franchement chez eux, Labiche dans Célimare le bien-aimé, et Collé dans La Vérité dans le vin, deux petits chefs-d’œuvre qui ont quelques traits de commun, des ornements du même genre légèrement portés. […] C’est trop le livrer en déshabillé vraiment ; c’est donner trop beau jeu à cette disposition habituelle où sont les critiques de tous les temps, et surtout ceux du nôtre, de se mettre au-dessus des auteurs et de le prendre de haut avec ceux qu’on juge.
M. de Bonald avait donc bien près de quarante ans, et il n’avait pas songé à écrire ni à devenir auteur. […] Semblable à une eau qui se perd dans le sable si elle n’est arrêtée par une digue, l’homme n’est fort qu’autant qu’il est retenu. » Se croyant déjà revenu à Lycurgue ou à Moïse, il proposait sérieusement à l’administration de faire faire des éditions châtiées et exemplaires des auteurs célèbres : on extrairait de chaque auteur ce qui est grave, sérieux, élevé, noblement touchant, et on supprimerait le reste : « Tout ce qui serait de l’écrivain social serait conservé, tout ce qui serait de l’homme serait supprimé ; et si je ne pouvais faire le triage, dit-il, je n’hésiterais pas à tout sacrifier. » Telle est la pensée que M. de Bonald énonçait en 1796, qu’il continuera d’énoncer et d’exprimer pendant toute la Restauration, et qu’il voudra réaliser tant bien que mal en 1827, comme président du dernier Comité de censure : peut-on s’étonner de la suite d’après le début ? […] Lui-même il a publié en 1817 un volume de Pensées, mais dans lequel, comme tous les auteurs en ce genre, il en a laissé passer un trop grand nombre. […] L’auteur d’un ouvrage sérieux a complètement échoué si on ne loue que son esprit. […] L’auteur a depuis expliqué sa pensée, mais il s’agit bien moins ici de l’explication que de l’impression première, et de l’espèce de plaisir qu’il prend à présenter son idée sous une forme rebutante et choquante.
Un autre extrême, tout opposé, dans lequel on est tombé de nos jours (et je parle ici de la critique sérieuse, de celle de quelques revues anglaises ou françaises, par exemple), est de ne presque point donner idée du livre à l’occasion duquel on écrit, et de n’y voir qu’un prétexte à développement pour des considérations nouvelles, plus ou moins appropriées, et pour des essais nouveaux ; l’auteur primitif sur lequel on s’appuie disparaît ; c’est le critique qui devient le principal et le véritable auteur. […] Il n’est pas étonnant d’après cela que les critiques anglais, et notamment le judicieux Jeffrey dans la Revue d’Édimbourg, se soient fort appuyés du témoignage de Grimm, comme d’un utile auxiliaire pour la guerre qu’ils se disposaient à renouveler alors (1813) contre les auteurs dramatiques du continent. […] Après tout ce qu’on a écrit de l’auteur des Essais, il trouve à en dire des choses que nul n’a si bien touchées. […] Puisque le cercle des connaissances humaines est si borné, et qu’on ne peut guère se flatter de reculer les limites de l’esprit humain, qu’y a-t-il à faire pour un auteur philosophique qui veut encore intéresser ? […] La plupart des prétendus auteurs se contentent de travailler sur des idées étrangères, qu’ils retournent et qu’ils accommodent au goût du moment ; rien n’est plus rare que cette vivacité et cette hardiesse à peindre sa propre pensée et ses propres sentiments, qui fait l’auteur original.