L’année suivante, la griote donna un enfant au fama et on confia le petit à Dêdé pour le soigner.
Honneur au grand, au bon et habile Henri IV d’avoir su contenir pendant quelques années ces éléments contraires, restés ennemis et insociables, et qui ne demandaient qu’à s’entre-choquer de nouveau ! […] Un de nos honorables collègues, il y a une année environ, M. le comte de Ségur d’Aguesseau, croyait devoir parler au Sénat d’un danger selon lui imminent, et qui menaçait la société, le Gouvernement même, ce Gouvernement auquel nous sommes tous dévoués. […] Je ne vois depuis quelques années que procédés et démarches qui sont les signes de têtes ardentes et enflammées. […] — Je sais qu’on établit des distinctions entre doctrine et doctrine, et qu’il s’est élevé, depuis une quarantaine d’années, une sorte de philosophie dont j’ai déjà indiqué le caractère, philosophie à double fin, en quelque sorte bâtarde et amphibie, tantôt dénoncée elle-même par le clergé, tantôt, selon les circonstances, accueillie par lui comme alliée et auxiliaire, laquelle prétend établir un moyen terme entre le symbole religieux et la recherche rigoureusement philosophique et scientifique, avec ses résultats quels qu’ils puissent être.
Elle termine cette lettre ainsi : « Elle m’a dit que votre mort prochaine était prédite dans un vieux livre ; que le règne après le vôtre ne durerait pas trois années. […] Elle décrit en termes pathétiques, à l’envoyé de Charles IX à Londres, les disgrâces de son avant-dernière prison : « Elle n’est que de vieille charpenterie, écrit-elle, entr’ouverte de demy pied en demy pied, de sorte que le vent entre de tous costez en ma chambre, je ne sais comme il sera en ma puissance d’y conserver si peu de santé que j’ay recouverte ; et mon médecin, qui en ha esté en extresme peine durant ma diette, m’ha protesté qu’il se déchargeroit tout à fait de ma curation, s’il ne m’est pourveu de meilleur logis, luy mesme me veillant durant ma dite diette, ayant expérimenté la froydure incroyable qu’il faisoit la nuit en ma chambre, nonobstant les estuves et feu continuel qu’il y avoit et la chaleur de la saison de l’année ; je vous laisse à juger quel il y fera au milieu de l’hyver, cette maison assise sur une montagne au milieu d’une plaine de dix milles à l’entour, estant exposée à tous ventz et injures du ciel… Je vous prye luy faire requeste en mon nom (à la reine Élisabeth), l’asseurant qu’il y a cent païsans en ce meschant villaige, au pied de ce chasteau, mieuz logez que moy, n’ayant pour tout logis que deux méchantes petites chambres… De sorte que je n’ay lieu quelconque pour me retirer à part, comme je peux en avoir diverses occasions, ni de me promener à couvert : et pour vous dire, je n’ay esté oncques si mal commodée en Angleterre... » Les serviteurs écossais et les compagnes de sa fuite et de sa captivité succombaient un à un à cette longue agonie des prisons. […] Depuis dix-huit années que je suis sous vos verrous, de combien de manières votre reine et le peuple anglais ne l’ont-ils pas méconnu en ma personne ? […] Tout ce qui n’était pas amour dans son âme était poésie ; ses vers ont, comme ceux de Ronsard, son adorateur et son maître, une mollesse grecque avec une naïveté gauloise ; ils sont écrits avec des larmes qui conservent, après tant d’années, quelque chose de la chaleur de ses soupirs.
Ce fut dans les cinquante premières années du siècle une éclosion printanière, presque une éruption de théories destinées à régénérer la société moderne. […] Un de ses biographes nous conte qu’il naquit l’année où le vainqueur de Marignan fut vaincu et pris à Pavie et que cette naissance heureuse compensa le désastre subi par la France. […] Laissez passer quelques années et voici que surgissent des hommes partis de plus bas : Rousseau., fils d’horloger et ancien laquais ; Diderot, fils de coutelier, qui a connu la misère et la faim ; Sedaine, qui fut tailleur de pierre ; d’Alembert, enfant naturel recueilli par la femme d’un vitrier ; Chamfort, né aussi de père inconnu ; la Harpe, élevé par charité, etc.. […] » En revanche, après des années où les forces vives de la nation ont été détournées vers d’autres activités, comme ce fut le cas dans l’orgie militaire du premier Empire, il semble qu’un chemin de velours s’ouvre aux débutants : « Michelet raconte63 que, quand il sortit du collège, les libraires se jetaient sur le moindre écolier pour en faire un homme de lettres.
L’année dernière, Lohengrin devait être joué à l’Opéra-Comique, lorsque se produisit la honteuse et lâche cabale que l’on n’a pas oubliée. […] Remarquons, en effet, que de nombreuses légendes, Geneviève de Brabant par exemple, ont un sujet analogue, et se passent dans le même pays ; remarquons aussi qu’une aventure presque identique est rapportée, avec la date de l’année 711 et Nimègue pour théâtre, dans l’histoire des ducs de Clèves, dont la source principale est le travail d’Hélinand (Hélinandi frigidi Montis monarchi ord. […] Oesterlein réunit, depuis de nombreuses années, une bibliothèque de toutes les choses ayant rapport à Richard Wagner, et dont les deux volumes de son Catalogue donnent la teneur. […] Dans ces années 1849-50, où il voyait comme en un rêve ce qu’il devait réaliser si miraculeusement en 1876 et 1882, il expose dans ses écrits sa théorie de la mimique.
Chaque année, au solstice d’hiver, les prêtres offraient un sacrifice secret à Bacchus-Zagreus mort, tandis qu’au même instant les Thyades en course sur le Parnasse réveillaient, à grands cris, Bacchus Lichnités, le dieu nouveau-né, porté et bercé sur le van sacré. Ainsi replongé chaque année avec la vigne au sein de la terre, Bacchus-Zagreus descend au monde souterrain, et s’y transfigure, dans les ténèbres, en dieu infernal. […] Son deuil faisait, chaque année, toute une semaine, pleurer et délirer les femmes de l’Orient. […] tu vois tour à tour la Terre et l’Achéron… Sois-nous maintenant propice, et sois heureux jusqu’à la nouvelle année.
L’éditeur ou l’introducteur de ces Mémoires est un jeune écrivain qui s’est fait remarquer depuis quelques années par son zèle, son feu, son talent. […] Je l’ai éprouvé durant les années dont je parle (1843-1845). […] Son succès, longtemps contenu comme tant d’autres choses, n’en éclata que mieux sous la Régence ; c’était, en son genre, un des signes manifestes de la réaction contre Louis XIV ; et lorsque le danois Holberg, qui allait être le disciple de Molière dans le Nord, vint à Paris, où il séjourna pendant une partie des années 1715-1716, il put noter, comme un fait mémorable, qu’à la Bibliothèque Mazarine, la première en date de nos bibliothèques publiques, « l’empressement des étudiants à demander le Dictionnaire de Bayle était tel qu’il fallait arriver longtemps avant l’ouverture des portes, jouer des coudes et lutter de vitesse pour obtenir le précieux volume6. » On faisait queue pour le lire, dans ce même lieu où l’on fait queue maintenant pour entrer aux séances de l’Académie.
Ceci répondait à l’une de ses préoccupations constantes depuis quelques années, et à une objection ouverte ou sous-entendue qu’il rencontrait sans cesse à travers sa route. […] En effet, il y a à peine quelques années que vous êtes passé d’un service étranger au service de France, où vous avez débuté comme officier supérieur. […] Les cinquante-cinq années qui lui restent encore à vivre lui deviendront de moins en moins pénibles.
Sa disgrâce éloigna ses espérances sans les détruire : ruiné dans l’esprit de Louis XIV, il continua de gouverner de loin son élève par l’intermédiaire de ses amis, et, au bout de quelques années, le roi autorisa de nouveau leur commerce. […] Ce fut un beau temps pour Fénelon que l’année qui sépara les morts des deux dauphins ; Cambrai éclipsa Versailles ; Fénelon se sentait toucher au but, au ministère. […] Il l’exerce aussi : il l’a montré à Cambrai pendant les plus dures années de la guerre.
Pendant une quinzaine d’années (1829-1843) le romantisme est maître de la scène : trois hommes l’y ont établi et l’y soutiennent : Dumas, Vigny, Hugo. […] C’était une orgie de couleur locale ; chaque mot était un renseignement d’histoire : état des partis, état des finances, intérêts des princes, passions des bourgeois, topographie du vieux Paris, astrologie, nécromancie, jurons, bilboquets, sarbacanes, sabliers, pourpoints tailladés, les quatre sous que l’on payait au spectacle des Gelosi, toute l’histoire politique et toute la chronique de la mode pour l’année 1578 sont là. […] La même année 1843 a vu les Burgraves tomber et Lucrèce aller aux nues.
Comme il est très sincère, il nous a confessé lui-même qu’il avait mis beaucoup de temps à goûter la poésie de Victor Hugo, celle du moins dès trente dernières années, et je ne crois guère à un goût si laborieusement acquis. […] Cette esthétique, on la trouve éparse dans les feuilletons qu’il écrit au Temps depuis dix-huit années : ce qui fait, en chiffres ronds, quelque chose comme neuf cent cinquante feuilletons, douze mille pages, trente-six volumes. […] Elle s’est aiguisée, exaspérée dans les premières années du second Empire.
J’ajoute que c’est peut-être pendant ces dix années-là que j’ai eu raison. […] Il m’est impossible de voir en quoi l’Idylle de Florian est inférieure à n’importe quel morceau des Chansons des rues et des bois, ni en quoi la dernière partie, la Corde d’airain, diffère de l’Année terrible. […] Enfin, dans les dernières années de sa vie, il poussait l’inconscience du ridicule jusqu’à un excès qui affligeait les esprits délicats.
Les femmes, durant les années troublées de la Fronde86, sont partout dans la vie publique. […] Si l’on voulait analyser dans les œuvres du temps la multiple influence des femmes, il faudrait noter d’abord le grand nombre de femmes écrivains qui se sont alors révélées et formées, Mlle de Scudéry, Mme de Motteville, la grande Mademoiselle, Mme Deshoulières, sans oublier les deux plus illustres, qui n’ont été connues que plus tard, mais qui ont fait en ces années-là leur apprentissage de la vie,, Mme, de Sévigné et Mme de La Fayette. […] Quand un homme ou une femme écrivait ses Mémoires, il ou elle passait avec un dédain superbe sur ces premières années de la vie qui sont pourtant si fécondes.
L’esclave secoue la rosée qui glace son corps engourdi, il rappelle ses dix années d’insomnie, son interminable faction devant l’éternelle année des étoiles. […] Ses dix années d’absence peuvent compter pour des siècles.
Aussi est-ce du fond du cœur qu’il adhère aux vœux et aux efforts des hommes généreux de toutes les nations qui travaillent depuis plusieurs années à jeter bas l’arbre patibulaire, le seul arbre que les révolutions ne déracinent pas. […] Dans les états modèles, où la peine de mort est abolie, la masse des crimes capitaux suit d’année en année une baisse progressive.
J’ai rappelé ce fait vieux de plus de trente années, parce qu’il a consacré d’une manière éclatante la naissance de ce sentiment nouveau et incomparablement fécond de la solidarité ; solidarité par-delà les territoires, ces frontières artificielles, et par-delà les races, ces frontières naturelles. […] Le troisième est un Américain, homme étrange et poète plus étrange encore, qui s’éteignait à Camden, aux États-Unis, il y a peu d’années, salué comme un apôtre par quelques-uns, flétri comme immoral et fou par la majorité de ses compatriotes : Walt Whitman. […] Mon premier texte n’appartient pas à ces dernières années comme les suivants, puisqu’il date du 31 août 1837, mais je le donne en complément de quelques vers d’un poète américain, — M.
Je connus l’abbé Lacordaire à l’époque de ses premiers débuts et pendant tout le cours de sa liaison avec l’abbé de Lamennais, et je continuai de le voir encore dans les années qui suivirent, jusqu’à ce que son dernier habit fût venu mettre une sorte de barrière entre les profanes purement respectueux et lui. […] J’aime ces extraits qui font voyager les pensées d’un auteur là où elles n’iraient jamais autrement, et qui sèment jusque dans les camps opposés le respect, parfois même un peu d’affection pour ceux que l’on combat ; cela civilise les guerres : « Il y a peu d’années, disait le Père Lacordaire, s’adressant à son jeune ami qu’il désigne sous le nom symbolique d’Emmanuel, les Martyrs de M. de Chateaubriand me tombèrent sous la main ; je ne les avais pas lus depuis ma première jeunesse.
Aussi, plus tard, bien qu’il conservât au fond l’indépendance intérieure qu’il avait annoncée dès ses premières années, on le voit toujours au service de quelqu’un. […] Mais Le Brun, qui survécut treize années à son jeune ami, n’en a parlé depuis en aucun endroit ; il n’a pas daigné consacrer un seul vers à sa mémoire, tandis que chaque jour, à chaque heure, il aurait dû s’écrier avec larmes : « J’ai connu un poëte, et il est mort, et vous l’avez laissé tuer, et vous l’oubliez !
« Comme pour achever l’œuvre des âges, les des Esseintes marièrent pendant deux siècles leurs enfants entre eux, usant leur reste de vigueur dans les unions consanguines. » Père mort, il y a treize ans — des Esseintes atteignait alors sa dix-septième année — « d’une maladie vague ». […] Les fonctions digestives relevées, on devait « attaquer la névrose nullement guérie » nécessitant « des années de régime et de soins » et d’abord l’obliger à « rentrer dans la vie commune ».
Examinons cependant pourquoi, depuis les premières années de la révolution, l’éloquence s’altère et se détériore en France, au lieu de suivre les progrès naturels dans les assemblées délibérantes ; examinons comment elle pourrait renaître et se perfectionner, et terminons par un aperçu général sur l’utilité dont elle est aux progrès de l’esprit humain et au maintien de la liberté. […] Personne ne contestera que l’éloquence ne soit tout à fait dénaturée en France depuis plusieurs années ; mais beaucoup affirmeront qu’il est impossible qu’elle renaisse et se perfectionne.
Au bout de quelques années, les Inspecteurs généraux s’aperçurent que les lycées et les collèges étaient pleins de petits Brunetières qui débitaient en tranches nos quatre siècles de littérature moderne devant des classes passives et mornes. […] Je puis ajouter que la valeur de cet exercice a été depuis une vingtaine d’années de plus en plus reconnue dans les pays étrangers, en Europe et en Amérique, à mesure que nos professeurs l’ont démontré par leur pratique et en font comprendre la méthode et le but.
On parle beaucoup, depuis quelques années, de « catholicisme sadique » et de « péché de malice. » Il faut voir ce que c’est. […] et depuis combien d’années !
Edmond Lepelletier Parmi les jeunes poètes qui ont le plus contribué au puissant renouveau poétique de ces dernières années, M. […] Ce sera l’originale gloire de Paul Verlaine d’avoir conçu, vécu et bâti une œuvre d’art, qui, à elle seule, reflète, en l’agrandissant, la renaissance d’idéalité et de foi dont ces dernières années ont vu s’épanouir la floraison.
Descartes qui s’emprisonne trente années fondant la Terre & les Cieux ; Mallebranche loin de ce monde lorsqu’il médite ; Corneille dans l’enthousiasme jusqu’au lever de l’aurore ; la Fontaine assis un jour entier au pied d’un arbre, exposé à l’inclémence d’un Ciel pluvieux ; Archiméde qui n’apperçoit point la main qui va l’assassiner ; voilà le charme invincible & profond qui retient dans ses chaînes invisibles l’ame du Poëte, & du Philosophe ; qui la pénétre, la remplit sans la fatiguer, qui accroît sa force & lui découvre des régions nouvelles étincelantes de beautés neuves & sublimes. […] Tandis que l’ennemi des beaux Arts sur le déclin de ses années, à charge à lui-même & aux autres, éprouvera un vuide affreux, n’envisageant que le spectre de l’ennui, & les ombres horribles de la mort : l’homme éclairé jouira du spectacle de sa vie passée ; il aura sçû apprécier, ce que vaut l’existence, & fort par sa pensée, il ne redoutera point l’instant inévitable qui doit terminer sa carrière : ainsi le généreux Fénélon, qui montra à l’Univers le caractère rare & sacré d’une ame remplie à la fois d’une extrême vertu & d’une extrême douceur, ne perdit point dans les Cours la simplicité de ses mœurs, & conserva dans son exil cette égalité d’ame que rien ne pût corrompre.
Villemain, fait naître plus de tracasseries que de grandes luttes, plus d’intrigues que de grandes passions. » L’esprit humain a infiniment plus travaillé sous les années de compression de la Restauration que sous les années de liberté raisonnable qui ont suivi 1830.
Dans ce pays, où la végétation était autrefois si brillante que Josèphe y voyait une sorte de miracle la nature, suivant lui, s’étant plu à rapprocher ici côte à côte les plantes des pays froids, les productions des zones brûlantes, les arbres des climats moyens, chargés toute l’année de fleurs et de fruits 403 dans ce pays, dis-je, on calcule maintenant un jour d’avance l’endroit où l’on trouvera le lendemain un peu d’ombre pour son repas. […] L’ancienne hypothèse qui identifiait Tell-Hum avec Capharnahum, bien que fortement attaquée depuis quelques années, conserve encore de nombreux défenseurs.
Comme la fête de Pâque, qui commençait cette année le vendredi soir, était un moment d’encombrement et d’exaltation, on résolut de devancer ces jours-là. […] Par une illusion inévitable, on prête aux entretiens qu’on a eus alors avec elle un sens qu’ils n’ont pris que par la mort ; on rapproche en quelques heures les souvenirs de plusieurs années.
Un acte aussi simple en apparence que celui de cracher, demande tant d’efforts que l’enfant ne peut le faire qu’à la fin de sa deuxième année. […] I, p. 301), a mis en ordre la grande masse des faits découverts par les anatomistes et physiologistes dans ces cinquante dernières années.