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357. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Esprit signifie quelquefois la plus subtile partie de la matiere : on dit esprits animaux, esprits vitaux, pour signifier ce qu’on n’a jamais vû, & ce qui donne le mouvement & la vie. […] La force de tout animal a reçu son plus haut degré, quand l’animal a pris toute sa croissance ; elle décroît, quand les muscles ne reçoivent plus une nourriture égale, & cette nourriture cesse d’être égale quand les esprits animaux n’impriment plus à ces muscles le mouvement accoûtumé. Il est si probable que ces esprits animaux sont du feu, que les vieillards manquent de mouvement, de force, à mesure qu’ils manquent de chaleur. […] Le climat & le sol impriment évidemment aux hommes, comme aux animaux & aux plantes, des marques qui ne changent point ; celles qui dépendent du gouvernement, de la religion, de l’éducation, s’alterent : c’est-là le noeud qui explique comment les peuples ont perdu une partie de leur ancien caractere, & ont conserve l’autre. […] On voit des hommes, des animaux, des jardins ; ces perceptions entrent par les sens, la mémoire les retient, l’imagination les compose ; voilà pourquoi les anciens Grecs appellerent les Muses filles de Mémoire.

358. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Un tel plaisir ne se peut expliquer que par un éveil de l’antique férocité animale chez « l’élite de la jeunesse française », et par ce fait qu’une réunion d’hommes est plus méchante et plus inepte que chacun des individus qui la composent (meilleure aussi en certains cas, mais c’est infiniment plus rare).

359. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

III Ce besoin de chanter, besoin tout à fait irréfléchi, mais impérieux comme un instinct, n’est pas seulement propre aux poètes ; il est sensible dans tous les hommes, dans toutes les femmes, dans tous les enfants, et même dans certaines races d’animaux, comme les oiseaux, ces poètes de l’air, du chaume ou des bois. […] IV Nous vous l’avons dit tout à l’heure, certaines prédispositions intérieures ou extérieures sont nécessaires à l’âme de l’homme et à l’âme des animaux pour que cet instinct du chant se manifeste en eux dans toute sa force. […] C’est le bruissement de la vie animale ou végétale, vie qui coule, qui écume, qui palpite et qui murmure en coulant avec la sève, avec le sang, avec la sensation, avec la pensée, dans ces torrents animés de la création.

360. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Si l’on prend le mot d’idées au sens plus étroit de représentations ayant un objet, on peut dire que les idées, ayant presque toutes pour objets des genres et des espèces, animaux, hommes, Français, etc., sont elles-mêmes des espèces plus ou moins viables et stables. […] Chez certains animaux, la sélection pourra développer des organes qui ne se produiront pas chez d’autres, par exemple, un organe excitable à l’électricité, une mémoire de l’électricité69. […] Ignorante de toute chose, incapable par elle-même de se remuer, elle ressemblait à un animal privé de cerveau.

361. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Après quoi, s’ils ont démontré, par leur exemple, qu’en dépit des logiciens et des ethnographes, l’homme est un animal naturellement « métaphysique » et « religieux », on ne s’étonnera pas que j’insiste sur l’importance de la démonstration. […] IV De cette conception de la science, voyons maintenant se dégager et sortir la métaphysique du positivisme ; et pour cela revenons d’abord à la théorie de la « relativité de la connaissance. » La science, avons-nous dit, n’est qu’un système de rapports ou de signes, entre lesquels et ce qu’ils signifient nous ne saurions affirmer s’il y a plus de « rapports » qu’entre « le Chien, constellation céleste », et « le chien animal aboyant. » Il y en a même et certainement moins, puisque les rapports que nous ne voyons pas entre le Chien « constellation céleste », et le chien « animal aboyant », d’autres les y ont vus, et ces autres sont les anciens hommes qui jadis les ont nommés du même nom.

362. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

La monogamie de fait se rencontre chez plusieurs espèces animales et dans certaines sociétés inférieures, non pas à l’état sporadique, mais avec la même généralité que si elle était imposée par la loi. […] Ces deux espèces de sociétés conjugales ont donc une signification très différente, et pourtant le même mot sert à les désigner ; car on dit couramment de certains animaux qu’ils sont monogames, quoiqu’il n’y ait chez eux rien qui ressemble à une obligation juridique. […] En zoologie, les formes spéciales aux espèces inférieures ne sont pas regardées comme moins naturelles que celles qui se répètent à tous les degrés de l’échelle animale.

363. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

parce qu’ils considèrent l’humanité elle-même directement et non pas parce détour et par ce faux-fuyant qui consistent à la représenter sous des figures d’animaux ; ils sont, en quelque sorte, ramenés à une certaine ligne normale, non pas sans doute, encore une fois, à une ligne de moralité, mais cependant d’études sérieuses, sensées, et jusqu’à un certain point assez hautes. […] S’il a « particularisé », comme il aime à dire  et prenez ce mot dans le sens qui veut dire analyser dans le détail  s’il a particularisé, c’est les animaux. […] Il est le La Bruyère des animaux ; mais il n’est pas du tout le La Bruyère des hommes, et c’est La Bruyère qui est le La Fontaine des hommes.

364. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Cette sympathie est celle du savant qui apprécie dans un végétal ou un animal la fidélité et l’énergie avec lesquelles il représente le type auquel il se rattache. Taine cherche dans l’histoire les types les plus parfaits des diverses variétés de l’animal humain. […] Il reconnut autour de lui, dans les animaux, dans les plantes, dans tous les éléments, des âmes sympathiques auxquelles il prêtait lui-même le langage et la voix. […] Il avait béni la science qui fait chaque jour découvrir une parenté plus étroite entre les animaux et l’homme. […] Il aime les animaux comme il aime les faibles, les infirmes.

365. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

D’ordinaire, un jeune prince et une jeune princesse tombent amoureux l’un de l’autre ; après beaucoup de traverses, elle devient grosse, accouche d’un beau garçon ; le garçon est perdu, dévient homme, et prêt à engendrer un autre garçon… Tout cela en deux heures. » Sans doute, ces énormités s’atténuent un peu sous Shakspeare ; avec quelques tapisseries, quelques grossières imitations d’animaux, de tours, de forêts, on aide un peu l’imagination du public. […] Cent sortes de chaînes, cent mille sortes de liens, la religion, la morale et le savoir-vivre, toutes les législations qui règlent les sentiments, les mœurs et les manières, viennent entraver et dompter l’animal instinctif et passionné qui palpite et se cabre en chacun de nous. […] C’est pourquoi l’homme qui, depuis trois siècles, devient un animal domestique, est, à ce moment encore, un animal presque sauvage, et la force de ses muscles, comme la dureté de ses nerfs, augmente l’audace et l’énergie de ses passions. […] La cour assiste à des combats d’ours et de taureaux, où les chiens se font éventrer, ou l’animal enchaîné est parfois fouetté à mort, et c’est, dit un officier du palais11, « une charmante récréation. » Rien d’étonnant qu’ils se servent de leurs bras, comme les paysans et les commères. […] La joie n’y est point savourée comme en Italie ; ce qu’on appelle Merry England, c’est l’Angleterre livrée à la verve animale, au rude entrain que communiquent la nourriture abondante, la prospérité continue, le courage et la confiance en soi ; la volupté manque en ce climat et dans cette race.

366. (1896) Le livre des masques

Renard, je n’ai pas eu ce scrupule, j’ai voulu lui dessiner un beau feuillet de stud-book, mais le singulier animal s’est présenté seul et les feuillages n’accrochent, parmi les arabesques, que des médaillons vides. […] Acquérir la pleine conscience de soi, c’est se connaître tellement différent des autres qu’on ne sent plus avec les hommes que des contacts purement animaux : cependant entre âmes de ce degré, il y a une fraternité idéale basée sur les différences, — tandis que la fraternité sociale l’est sur les ressemblances. […] Mais tout cela est raconté dans Paludes, histoire, comme on sait, « des animaux vivant dans les cavernes ténébreuses et qui perdent la vue à force de ne pas s’en servir » ; c’est aussi, avec un charme plus familier que dans le Voyage d’Urien, un peu de l’histoire ingénue d’une âme très compliquée, très intellectuelle et très originale. […] Toutes ces femmes, toutes ces chairs, tous ces cris, toute cette luxure si animale et si vaine, et si cruelle ! […] Sans talent et sans conscience, nul ne représenta sans doute aussi divinement que Verlaine le génie pur et simple de l’animal humain sous ses deux formes humaines : le don du verbe et le don des larmes.

367. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Il n’est pas prudent, tant s’en faut, de se tenir à portée de l’animal, qui dans ce cas ferait certainement à l’agresseur un mauvais parti. […] De même que le daim de Virginie et le karibou mâle, ces animaux jettent leur bois chaque année, vers le commencement de décembre ; mais, la première année, ils ne le perdent pas même au printemps4. […] On ne connaît pas bien exactement quelle peut être la vitesse de cet animal, mais je suis convaincu qu’elle dépasse de beaucoup celle du cheval le plus léger. » II. […] Les mousses s’y entrelacent curieusement à des racines fibreuses ainsi qu’à du poil de différents animaux.

368. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Il est innocent comme l’animal. […] « Quoiqu’il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme tout entière s’élève à tel point que, si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais, et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme560 2. » Rousseau se garde donc bien de nous inviter à restaurer en nous l’orang-outang, primitif exemplaire de notre humanité. […] Son homme de la nature se perd dans un lointain plus obscur : c’est le pur animal, tout à l’instinct, qui n’est pas féroce quand il est repu. La moralité est une acquisition de l’humanité éloignée déjà de ses origines animales, et hors d’état d’y retourner : idée purement évolutionniste.

369. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Où la vie est-elle plus naïve que dans l’animal ? […] C’est exactement comme si l’on classifiait ainsi le règne animal : il y a trois sortes d’animaux : les hommes, les chevaux et les plantes. […] Les prescriptions mosaïques, par exemple, sur l’abstinence d’animaux tués d’une certaine façon, si respectables quand on les envisage comme moyen d’éducation de l’humanité, et qui avaient toutes une raison très morale et très politique chez une ancienne tribu de l’Orient, que deviennent-elles transportées dans nos États modernes ?

370. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Le Roman de la Rose est comme un animal chimérique, ayant une tête d’agneau et un corps de loup ; il passe de l’allégorie quintessenciée à l’attaque violente de l’Église et des autres puissances. […] Au-dessus du lit s’étale un baldaquin doré, sculpté, agrémenté d’animaux fantastiques ou de figurines ; du haut de ce dôme pendent des rideaux étoffés, bordés de franges d’or ou d’argent, et assez larges pour former en se rejoignant une espèce de pavillon fermé. […] Ceux-ci ont des habits brodés d’animaux du haut en bas ; ceux-là se transforment en cahiers de musique ambulants ; ils étalent sur leur poitrine ou leur dos des notes que l’on peut chanter ; ou bien encore ils sont tout bariolés d’inscriptions comme un monument égyptien. […] La France respire et s’égaie, et, comme il arrive après une longue oppression, c’est d’abord un débordement de joie et de vie animale, une fureur de plaisir.

371. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Je vis un char, et une ressemblance de quatre animaux. Au-dessus des animaux et du char était une étendue semblable à un cristal terrible. […] Le ventre dieu, c’est Silène ; le ventre empereur, c’est Vitellius ; le ventre animal, c’est le porc. […] Plus rien, ni dignité, ni pudeur, ni honneur, ni vertu, ni esprit ; la jouissance animale toute crue, l’impureté toute pure.

372. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Vivre dans le présent tout pur, répondre à une excitation par une réaction immédiate qui la prolonge, est le propre d’un animal inférieur : l’homme qui procède ainsi est un impulsif. […] Mais la réflexion sur ces particularités, réflexion sans laquelle l’individualité des objets nous échapperait, suppose une faculté de remarquer les différences, et par là même une mémoire des images, qui est certainement le privilège de l’homme et des animaux supérieurs. […] À ce discernement de l’utile doit se borner d’ordinaire la perception des animaux. […] Bref, on suit du minéral à la plante, de la plante aux plus simples êtres conscients, de l’animal à l’homme, le progrès de l’opération par laquelle les choses et les êtres saisissent dans leur entourage ce qui les attire, ce qui les intéresse pratiquement, sans qu’ils aient besoin d’abstraire, simplement parce que le reste de l’entourage reste sans prise sur eux : cette identité de réaction à des actions superficiellement différentes est le germe que la conscience humaine développe en idées générales.

373. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Dans les années qui précédèrent la Révolution, la réputation de Bailly auprès des gens du monde s’entretint et s’accrut par ses rapports très bien faits et très lus sur le magnétisme animal (1784), sur l’Hôtel-Dieu (1786). Dans le rapport sur le magnétisme animal ou mesmérisme, parlant au nom d’une commission dont faisaient partie Franklin, Lavoisier, et de savants médecins de la faculté de Paris, Bailly montra toute la sagesse et la mesure de son excellent esprit, et prouva que, dès qu’il s’agissait d’un grand intérêt actuel et pratique, les hypothèses ne prenaient plus sur son imagination.

374. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

La plus calamiteuse et fragile de toutes les créatures, c’est l’homme, et quant et quant la plus orgueilleuse : elle se sent et se voit logée ici parmi la bourbe et le fient du monde, attachée et clouée à la pire, plus morte et croupie partie de l’univers, au dernier étage du logis et le plus éloigné de la voûte céleste, avec les animaux de la pire condition des trois (espèces) ; et se va plantant par imagination au-dessus du cercle de la lune, et ramenant le ciel sous ses pieds… Dans Charron Liv. […] Il est ici-bas logé au dernier et pire étage de ce monde, plus éloigné de la voûte céleste, en la cloaque et sentine de l’univers, avec la bourbe et la lie, avec les animaux de la pire condition…, et se fait croire qu’il est le maître commandant à tout, que toutes créatures, même ces grands corps lumineux, incorruptibles, desquels il ne peut savoir la moindre vertu, et est contraint tout transi les admirer, ne branlent que pour lui et son service… Ici Charron combine et resserre deux passages différents ; il écourte Montaigne, mais il ne saurait faire oublier ni supprimer cette admirable interrogation que l’on dirait de Pascal s’adressant des objections à lui-même : Qui lui a persuadé que ce branle admirable de la voûte céleste, la lumière éternelle de ces flambeaux roulant si fièrement sur sa tête, les mouvements épouvantables de cette mer infinie, soient établis et se continuent tant de siècles pour sa commodité et pour son service ?

375. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Un bel usage d’Angleterre interdit aux hommes que leur profession oblige à verser le sang des animaux, la faculté d’exercer des fonctions judiciaires. […] Lorsqu’en s’accoutumant à voir souffrir les animaux, on parvient à vaincre la répugnance des sens pour le spectacle de la douleur, l’on devient beaucoup moins accessible à la pitié, même pour les hommes ; du moins l’on n’en éprouve plus involontairement les impressions.

376. (1890) L’avenir de la science « XVI »

La perfection de la vie dans l’animal est en raison directe de la distinction des organes. L’animal inférieur en apparence plus homogène, est en effet inférieur au vertébré, parce qu’une grande vie centrale résulte chez celui-ci de plusieurs éléments parfaitement distincts.

377. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Je lui vois deux portes ; il se peut qu’un savant comme Ampère et Geoffroy Saint-Hilaire réunisse les découvertes des sciences positives, forme avec elles un système du monde, et que ces vues d’ensemble s’imposent au public comme la loi d’attraction, ou l’hypothèse du plan animal unique. […] Rien de plus contraire à la théorie des forces, individus spirituels, que la doctrine de Geoffroy Saint-Hilaire et les découvertes récentes sur les animaux inférieurs.

378. (1900) La culture des idées

Chez eux la première détermine l’autre, et les gestes obéissent à une cérébralité enfantine et presque animale. […] C’est l’attitude naturelle de l’animal humain devant le danger physique. […] Il n’est jamais représenté avec Eurydice, mais seul et entouré d’animaux qui écoulent les sons de sa lyre. […] Ne rationne-t-on point les animaux domestiques ? […] La société est une colonie animale sans système nerveux central.

379. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

Ailleurs mille animaux divers paroissent épars ; ailleurs encore l’Eridan, ce Roi des fleuves, la double couronne, la lyre, & le vaisseau célebre, qui, voguant le premier sur les eaux, brava les tempêtes, ont formé chacun leur constellation.

380. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

C’est un analyste qui examine l’organe et qui dit : « Étant donné l’ensemble, il est tout naturel, il est nécessaire que la partie ait ce vice ; l’animal en pourra crever, mais nous aurons compris la nécessité de sa fâcheuse aventure. » Taine n’est pas parfait, mais il a une intelligence indépendante ; ses enfants tiennent directement de son tempérament et non point d’une politique adoptée pour obtenir soit la popularité, soit les faveurs du pouvoir.

381. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Quand un homme, dans l’intérêt du public, se met à décrire le naturel d’un serpent, d’un loup, d’un crocodile ou d’un renard, on doit entendre qu’il le fait sans aucune espèce d’amour ou de haine personnelle envers ces animaux eux-mêmes. […] Encore, un singe a des tours plus divertissants, est un animal moins malfaisant, moins coûteux ; il pourrait avec le temps devenir critique passable en fait de velours et de brocart, et ces parures, que je sache, lui siéraient aussi bien qu’à vous988. » Est-ce un pareil esprit qu’apaisera la poésie ? […] Je vis plusieurs animaux dans un champ, et un ou deux de la même espèce perchés sur des arbres. […] En somme, dans tous mes voyages, je n’avais jamais vu d’animal si repoussant, ou contre qui j’eusse conçu naturellement une si forte antipathie1015. […] The dugs hung between their forefeet, and often reached almost to the ground as they walked… Upon the whole I never beheld in all my travels so disagreeable an animal, or one against which I naturally conceived so great an antipathy.

382. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

» On le trouve gai, brillant, causeur ; mais cette pétulance de la verve animale n’est qu’un dehors ; il est barbare, il plaisante atrocement, froidement, en bourreau, du mal qu’il a fait ou qu’il veut faire. […] Jamais l’animal physique n’a plus entièrement recouvert et absorbé l’homme. […] Excusez-le d’avoir des muscles, des nerfs, des sens, et ce bouillonnement de colère ou d’ardeur qui précipite en avant les animaux de noble race. […] On l’évite comme une bête dangereuse ; l’afflux soudain de la passion animale et le torrent de la volonté fixe sont si forts en lui que, lorsqu’il manque son but, il extravague, il met l’épée à la main contre l’aubergiste ; il faut le saigner, il devient fou. […] Devant ces lions de Rubens, dont les voix profondes montent comme un tonnerre vers la gueule de l’antre, devant ces croupes colossales qui se tordent, devant ces mufles qui remuent des crânes, l’animal en nous frémit par sympathie, et il nous semble que nous allons faire sortir de notre poitrine une clameur égale à leur rugissement.

383. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Il préférait à tout les miracles naturels et les études sur l’organisme des animaux. […] Mais les animaux surtout attiraient son affection, étonnaient son intelligence. […] Ces terribles animaux se partageaient en deux meutes sur les deux côtés du chemin ; ils étaient guidés par un chef, qui s’élançait en avant, précédait la voiture, et s’arrêtait de temps à autre en poussant des cris plaintifs, auxquels les deux meutes répondaient par intervalles égaux. […] Enfin, j’ai pris vos vieux habits à l’un et à l’autre, je les ai fait flairer à Fidèle ; et sur-le-champ, comme si ce pauvre animal m’eût entendu, il s’est mis à quêter sur vos pas. […] Combien de fois, à l’ombre de ces rochers, ai-je partagé avec elles vos repas champêtres, qui n’avaient coûté la vie à aucun animal !

384. (1932) Le clavecin de Diderot

De l’animal et de la jouissance Un de ces éducateurs aimait à répéter : Quand on se regarde nu dans une glace on voit le diable. […] Voici les faits : Enfant, comme je l’ai dit, on avait tout fait pour me dégoûter des animaux. […] J’ai toujours interprété mes excellents rapports avec Marius-Bébé volant, comme une revanche de l’animal, c’est-à-dire de tout ce dont ma jeunesse, à tort ou à raison, s’estimait avoir été frustrée. […] Or, quelques jours après avoir pris connaissance de mon horoscope, qui, justement, me déclarait peu favorables les animaux domestiques, Marius-Bébé volant se perdit et demeura introuvable. […] Elle avait conclu, décidé en anglais que j’étais trop selfish pour cohabiter, coexister avec un animal, avec l’animal.

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