Il s’y rencontre des linéaments essentiels qui sont souvent masqués, pour être trop condensés ou trop joints ensemble, dans le grand individu ; le fond se retrouve, chez les autres de son sang plus à nu et à l’état simple : la nature toute seule a fait les frais de l’analyse. […] L’analyse pourtant a son genre d’émotion aussi et pourrait revendiquer sa poésie, sinon son éloquence.
Un critique très-distingué de ce temps l’a fait déjà : Camille Selden (un pseudonyme et une femme) a donné dans un volume qui se publie en ce moment45 une analyse exacte et forte de trois femmes, à peu près contemporaines : — une Française catholique, Eugénie de Guérin précisément ; — une Anglaise et protestante, Charlotte Brontë, auteur du beau et douloureux roman de Jane Eyre ; — une Allemande et juive convertie, la célèbre Rahel de Berlin, Mme de Varnhagen. […] On est pris et pour ce qu’on a été réellement en soi, et surtout pour ce qu’on représente. — Assez de préambule comme cela, et venons-en à notre analyse comparée.
Dans une analyse sincère de ce célèbre Discours de Bossuet, on est aujourd’hui entre deux écueils : ou bien l’on entre absolument dans la vue de l’auteur, on se place à son point de perspective historique surnaturelle, on y abonde avec lui, et l’on choque alors l’esprit de bon sens qui prévaut généralement dans l’histoire et qui a cause gagnée chez la plupart des lecteurs ; ou bien l’on résiste, au nom de ce bon sens, on s’arrête à chaque pas pour relever les hardiesses de crédulité, les intrépidités d’assertion sortant et se succédant d’un air de satisfaction et de triomphe, on se prend à discuter cette série d’explications miraculeuses acceptées sur parole, imposées avec autorité, avec pompe, et l’on se met par là en dehors du plan de l’auteur et des conditions du monument. […] Pour nous qui nous permettons de choisir chez lui et de le juger tout en l’admirant, je dirai qu’il va insister trop et gâter un peu sa cause ; le théologien reparaît et se donne carrière ; il va se livrer à une sorte d’analyse psychologique du mystère de la Trinité et de celui de l’Incarnation.
On ôte à l’analyse sa profondeur, au roman son intérêt en les réunissant ensemble. […] Je n’ai point prétendu faire une analyse de tous les livres distingués qui composent une littérature ; j’ai voulu caractériser l’esprit général de chaque littérature dans ses rapports avec la religion, les mœurs et le gouvernement.
Mais, s’il est vrai qu’une alternance régulière ramène tour à tour le règne d’états d’esprit et de procédés contraires, du réalisme et de l’idéalisme, de la raison et de l’imagination, de l’analyse et de la synthèse, de l’optimisme et du pessimisme, etc., il semble que la littérature, revenue au pôle qui fut son point de départ après avoir atteint l’autre, devrait se retrouver dans la situation même où elle était quand commençait l’oscillation. […] Ainsi dans notre période classique, le respect et l’imitation de l’antiquité subissent plusieurs flux et reflux qu’il est aisé de suivre ; et en même temps la littérature passe tour à tour de l’idéalisme au réalisme, de la synthèse à l’analyse, de l’amour pour la vie mondaine à la passion de la nature, de la dévotion à l’impiété, de l’effusion sentimentale à l’impassibilité, etc.
Le premier livre contient la vie d’Abélard, les livres suivants sont consacrés à l’analyse et à l’examen de sa philosophie, et deviennent indispensables à l’étude de la scolastique dont ils donnent la clef.
Seroit-on bien reçu à dire que personne n’étoit plus capable de remplacer l’Abbé Desfontaines ; que, né avec autant d’esprit que son prédécesseur, il l’a emporté sur lui du côté du talent de la Poésie, & qu’on peut en juger par son Ode sur la Journée de Fontenoy, & par d’autres Pieces connues ; que les Auteurs Grecs & Latins lui étoient aussi familiers que ceux du siecle de Louis XIV ; qu’il a réuni la connoissance de plusieurs Langues étrangeres au mérite de bien écrire dans la sienne ; qu’il s’est montré supérieur dans l’art de faire l’analyse d’un Ouvrage, & sur-tout d’une Piece de Théatre, quand il a voulu s’en donner la peine ?
Voyons quelle autre matière d’analyse nous a fournie l’Angleterre relativement à l’objet que nous coordonnons sous vos yeux. […] Une exacte analyse conduit à prouver que les règles qui n’ont pas ce fondement ne sont point positives, et sortent arbitrairement du système qui constitue le bon et le beau. […] Notre analyse est partie d’Homère, qui, pour ainsi dire, a fourni la matière première, et l’a d’abord façonnée. […] Laissons à part l’ordre des chants de l’Iliade, dont nous réservons la complète analyse à l’application de toutes les règles : jetons les yeux sur les autres poèmes. […] Ainsi l’analyse détaillée de l’Iliade deviendra la grande synthèse de nos longues analyses des règles épiques.
Et l’analyse des idées et des faits se complique, tandis que se complique dans l’esprit le nombre même des idées et des faits. […] Nulle analyse de détails émotionnels : mais plutôt une tendance à tout exagérer. […] Mallarmé n’a point publié d’autres œuvres ; et ainsi de celles-là seulement j’ai pu tenter l’analyse. […] Veut-on la brève analyse de quelques-unes, parmi ces histoires ? […] Mais une meilleure analyse nous montre que ces rêves sont nos créations volontaires.
C’est dans un ouvrage de Lénine qu’il trouvera l’analyse de cette image tirée du Rêve de d’Alembert et reprise dans La Lettre sur les aveugles. […] Nous sommes souvent bien loin de l’analyse lucide. […] Ce mélange inattendu d’analyse philosophique et de jeu poétique nous ramène à nouveau vers Diderot, vers la surprenante rencontre du surréalisme et des Lumières. […] Elles en viennent à faire corps avec les râpes métaphysiques, les vilebrequins de l’analyse. […] Crevel a commencé en 1926 une analyse sous la direction du Dr Allendy dont il condamna par la suite la pratique.
cet observateur candide est arrivé assez vite à l’analyse parfaite du personnage et à l’explication la plus vraie comme la plus bienveillante. […] Dans une lettre à Channing, il analyse admirablement la disposition religieuse propre au XIXe siècle, en explique très-bien les origines, le point de départ, les fluctuations aussi ; « Les sentiments religieux, écrit-il (8 septembre 1831), ont été en progrès en France pendant le XIXe siècle, mais je ne sais si les efforts imprudents de ceux qui voudraient les ranimer ne les font pas, au contraire, reculer de nouveau aujourd’hui. […] Mais l’analyse de tous les sentiments du cœur humain est si admirable, il y a tant de vérité dans la faiblesse du héros, tant d’esprit dans les observations, de pureté et de vigueur dans le style, que le livre se fait lire avec un plaisir infini.
Vous en avez eu le courage tranquille, et je vous écoutais vraiment comme je ferais au jugement dernier… Je vous écoutais, monsieur, car on a lu devant moi votre analyse de ces livres imparfaits, inutiles même, si quelque chose l’est sur la terre, et que vous avez lus patiemment en y appuyant votre pensée et votre âme pour en extraire quelque chose à aimer, à louer et à plaindre ! […] Sainte-Beuve, au suprême période de sa carrière et de sa vie, était bien autorisé à parler ainsi de lui-même et du rang qu’il tenait dans la Littérature, lui que ses amis, les gens de lettres, appelaient mon maître , — quelques-uns même (le bien-aimé Théo) continuaient à l’appeler mon oncle comme au temps romantique, lui laissant sa place à côté du père , qui est Hugo. — Ce qui me décide (outre l’amitié qui m’y autorise) à publier la lettre suivante, est l’appréhension intellectuelle qui y est exprimée, et qui se déduit assez logiquement de ce qu’un homme, bien placé pour cela, peut, observer de plus en plus en littérature tous les jours : « Mon cher maître, , écrivait le correspondant de Sainte-Beuve, vous avez dû recevoir de nombreux compliments à propos de votre belle étude sur Mme Valmore ; et cependant chacun ne saurait trop vous dire quelle portée prend (dans ce temps plus que jamais) l’analyse si intime de ce caractère de femme. — Il est à craindre que vous ne soyez le dernier homme de lettres du siècle. […] Il est vrai que nul autre que vous n’eût été capable d’une telle analyse… » — L’auteur de la lettre touche ici à un point d’une délicatesse extrême, où il trouverait des contradicteurs, dont la confidence est venue un instant embarrasser et presque intimider l’éditeur de ces articles et de ces notes : voulant tenir compte de toutes les opinions sérieuses, il n’a pu répondre à des objections d’un esprit sensé et lettré, — d’un très honorable et très respecté professeur de l’Université, — que cette publication continue de la biographie par lettres de Mme Valmore n’avait précisément pas paru intéresser dans un journal politique quotidien, — qu’en montrant à son sage et prudent avertisseur et interlocuteur le grand nombre d’adhésions que M.
Au type vague, abstrait, général, qu’une première vue avait embrassé, se mêle et s’incorpore par degrés une réalité individuelle, précise, de plus en plus accentuée et vivement scintillante ; on sent naître, on voit venir la ressemblance ; et le jour, le moment où l’on a saisi le tic familier, le sourire révélateur, la gerçure indéfinissable, la ride intime et douloureuse qui se cache en vain sous les cheveux déjà clair-semés, — à ce moment l’analyse disparaît dans la création, le portrait parle et vit, on a trouvé l’homme. […] Condillac, si vanté depuis sa mort pour ses subtiles et ingénieuses analyses, ne vécut pas au cœur de son époque, et n’en représente aucunement la plénitude, le mouvement et l’ardeur. […] On était dans un siècle d’analyse et de destruction, on s’inquiétait bien moins d’opposer aux idées en décadence des systèmes complets, réfléchis, désintéressés, dans lesquels les idées nouvelles de philosophie, de religion, de morale et de politique s’édifiassent selon l’ordre le plus général et le plus vrai, que de combattre et de renverser ce dont on ne voulait plus, ce à quoi on ne croyait plus, et ce qui pourtant subsistait toujours.
De raisonnement, il n’y en a pas, ni d’analyse, ni de vérification, ni d’appareil critique ou logique. […] Pour les Natchez, mais surtout pour cet admirable sujet des Martyrs, il eût fallu l’invention psychologique, l’analyse impersonnelle d’un Racine. […] Si sa psychologie est insuffisante, c’est qu’il voit seulement ses personnages ; il ne les analyse pas.
Nous ne pouvons entrer dans une analyse détaillée de l’œuvre, que nous devons supposer connue. […] Il a écrit de belles pages sur ce Lohengrin ; à plusieurs reprises, et toujours plus profondément, il a entrepris l’analyse psychologique de son héros ; mais il faut bien admettre que dans le drame il n’y a rien de tout cela ; nous savons maintenant pourquoi. […] Œuvre publiée par les Bayreuther Blaetter, et dont la Revue Wagnérienne donne l’analyse.
. — L’analyse scientifique et la synthèse artistique. […] Comme la religion, l’art est un anthropomorphisme et un « sociomorphisme17. » La science expérimentale, en son ensemble, est une de la analyse réalité, qui note les faits l’un après l’autre, puis en dégage les lois abstraites. […] En dernière analyse, le génie et son milieu nous donnent donc le spectacle de trois sociétés liées par une relation de dépendance mutuelle : 1° la société réelle préexistante, qui conditionne et en partie suscite le génie ; 2° la société idéalement modifiée que conçoit le génie même, le monde de volontés, de passions, d’intelligences qu’il crée dans son esprit et qui est une spéculation sur le possible ; 3° la formation consécutive d’une société nouvelle, celle des admirateurs du génie, qui, plus ou moins, réalisent en eux par imitation son innovation.
Cette méthode ne m’appartient pas autant qu’à l’ordre même de l’analyse qu’exigeait la littérature pour cesser d’être arbitraire et confuse. […] Analyse de la comédie des Oiseaux. […] Que fait notre analyse sur les beaux modèles, si non de les décomposer exactement pour savoir le mystère de leur composition ? […] Et les vingt-six règles existantes en effet n’ont-elles pas eu leur application dans l’analyse de l’Athalie de Racine ? […] Sur l’application du ridicule ; analyse de quelques pièces offertes en exemples.
Je n’étudierai pas leurs ouvrages avec une minutieuse analyse : je voudrais seulement rechercher pourquoi ces poétesses ont chanté, et, pour ainsi dire, les raisons physiologiques de leur génie. […] Ceci est curieux : à cette heure, où nous tendons de plus en plus à l’analyse, nous plaçant en spectateur isolé des contingences, voici un poète, une femme, qui tente une synthèse de la vie, essaie de plonger sa petite vie individuelle dans toutes les vies. […] Il y a, en effet, dans ses vers, un goût de l’analyse subtile qui se marie à une sorte de fatalisme. […] Chaque strophe, chaque mot de ce poème est comme la pierre ou la colonne nécessaire d’un édifice, et j’hésite à donner une trompeuse analyse de cette œuvre. […] Cette brève analyse suffit à faire comprendre combien peu Nietzsche a touché cette âme.
Nous pousserons enfin la division ou l’analyse aussi loin qu’il le faudra. […] Tout ce qu’on peut dire est qu’elle s’explique, une fois produite, par les éléments que l’analyse y découvre. […] Ce qui vous donne l’impression d’un état original se résout, à l’analyse, en faits élémentaires dont chacun est la répétition d’un fait connu. […] L’analyse découvrira sans doute dans les processus de création organique un nombre croissant de phénomènes physico-chimiques. […] Et il est certain que les faits du premier genre paraissent réfractaires à l’analyse physico-chimique, même s’ils ne sont pas, au sens propre du mot, anagénétiques.
Il s’agit des ressources qu’on peut trouver en soi après les orages des grandes passions ; des ressources qu’on doit se hâter d’adopter, si l’on s’est convaincu de bonne heure de tout ce que j’ai tâché de développer dans l’analyse des affections de l’âme.
Passant encore en revue chacune de ces séries, on prend chacune des idées qui les composent comme le petit centre d’un groupe inférieur, et l’on ne s’arrête que lorsqu’on a épuisé les idées que l’analyse du sujet avait fournies, lorsque sont déterminés ainsi la place de chaque partie dans le tout, et son rapport au tout et aux autres parties.
Ceux qui s’intéressent au succès de ses travaux, autant qu’à l’avantage du Public, sont portés, par ces deux motifs, à désirer qu’au talent de l’analyse, il pût réunir un style plus flexible, plus agréable, plus varié.
Dans les premiers, il avoit puisé l’analyse & la justesse ; dans les seconds, l’éloquence & la sublimité ; dans l’Histoire, l’ordre & la simplicité de la marche ; dans les Poëtes, la vivacité des images, la hardiesse des expressions ; cette riche abondance, & principalement cette harmonie secrete du discours, qui, comme il le disoit lui-même, sans avoir la servitude de la Poésie, en conserve souvent toute la douceur & toutes les graces.
Je dis ébloüir, car comme je l’ai exposé, la plûpart des peintres et des poëtes ne jugent point par voïe de sentiment, ni en déferant au goût naturel perfectionné par les comparaisons et par l’expérience, mais par voïe d’analyse.
Aucun effort d’analyse ne les résoudra en quantité pure.
« On constate par l’analyse prismatique que le gris est identique au blanc, le brun au jaune, le rouge brun au rouge, le vert olive au vert, quand le blanc, le jaune, le rouge, le vert sont faiblement lumineux. » Cela établi, on a tous les éléments nécessaires pour expliquer toutes les sensations de couleur, et l’on voit les éléments de la sensation former des composés qui, s’unissant entre eux, forment des composés plus complexes et ceux-ci de même, comme on voit les atomes physiques former les molécules chimiques, celles-ci les composés chimiques et ceux-ci enfin les minéraux ordinaires de la nature. — Au plus profond de l’analyse, on atteint trois sensations élémentaires qui toutes ensemble, mais chacune différemment, sont excitées par un rayon simple du prisme. […] La sensation d’odeur proprement dite y est compliquée d’une autre qui cesse, s’accroît ou se renverse selon l’état de l’estomac ; la même odeur, celle d’un plat de viande fumante, est agréable pendant la faim et désagréable pendant une indigestion ; probablement, dans ce cas, il y a d’autres nerfs profonds du canal alimentaire qui entrent aussi en action ; la sensation totale est composée d’une sensation du nerf olfactif et de plusieurs sensations adjointes. — On peut enfin diviser en deux les odeurs fraîches ou suffocantes, c’est-à-dire, d’un côté, celles des sels volatils, de l’eau de Cologne, du goudron, du tan, et, de l’autre côté, celles du renfermé, celle d’une pâtisserie, d’une manufacture de coton, d’un magasin de laine ; visiblement ici, à la sensation d’odeur proprement dite s’ajoute une sensation de bien-être et de malaise qui vient des voies respiratoires et qui a pour canaux des nerfs de contact et de douleur. — Je pense aussi que dans plusieurs cas, par exemple lorsqu’on respire de l’alcool, une faible sensation de chaleur vient compliquer la sensation d’odeur proprement dite. — Restent les pures sensations d’odeur, agréables ou désagréables par elles-mêmes, celles de la violette et de l’assa fœtida par exemple ; il y en a un nombre infini desquelles on ne peut rien dire, sinon qu’elles sont agréables ou désagréables ; par elles-mêmes, elles résistent à l’analyse, et pour les désigner nous sommes obligés, de nommer le corps qui les produit. […] Cette analyse dégage trois principes importants. — Le premier est que deux sensations successives qui, séparées, sont nulles pour la conscience, peuvent, en se rapprochant, former une sensation totale que la conscience aperçoit. — Le second est qu’une sensation indécomposable pour la conscience, et en apparence simple, est un composé de sensations successives et simultanées, elles-mêmes fort composées. — Le troisième est que deux sensations de même nature et qui diffèrent seulement par la grandeur, l’ordre et le nombre de leurs éléments, apparaissent à la conscience comme irréductibles entre elles et douées de qualités spéciales absolument différentes. — Armés de ces trois principes, nous concevons la nature et la diversité des sensations des autres sens.
Ainsi faculté, capacité, sont des termes tout relatifs, et nous retombons ici dans une analyse semblable à celle que nous avons pratiquée sur les propriétés des corps. […] Ce que je suis actuellement, ce qui constitue mon être réel, c’est tel groupe présent et réel de sensations, idées, émotions, désirs, volitions ; ma conception de mon être actuel ne comprend que ces événements, et, à l’analyse, ces événements présentent tous ce caractère commun qu’ils sont déclarés internes, soit parce qu’à titre d’idées et de suites d’idées ils sont opposés aux objets et privés de situation, soit parce que leur emplacement apparent se trouve dans notre corps. […] Si nous ne sommes pas détrompés par une analyse sévère, nous tombons dans l’illusion métaphysique ; nous sommes enclins à le concevoir comme une chose distincte, stable, indépendante de ses modes et même capable de subsister après que la série d’où il est tiré a disparu. […] Illusoire au sens métaphysique, elle ne l’est pas au sens ordinaire ; on ne peut pas la déclarer vide ; quelque chose lui correspond, quelque chose d’assez analogue à ce qui, d’après notre analyse, constitue la substance des corps.
Et la différence artistique est non moins marquée : En ses opéras, Wagner reste librettiste d’opéra, content avec une esquisse de poème au lieu d’un poème développé, avec une ébauche littéraire, hâtée, confuse, incorrecte, un récit de fait-divers, au lieu de la précise et complète analyse du roman ; le spectacle est celui de l’opéra, dialogues d’interlocuteurs qui ne se regardent point, brillants défilés ; enfin, musicien d’opéra, Wagner emploie, — génialement, — une forme étriquée, et, — mélancoliquement, — il renonce aux richesses symphoniques de l’étude passionnelle… Mais, en ses drames, il est poète, avec les subtilités, les grandeurs, et les affinements des purement poètes ; son drame existe, littérairement, comme un roman dialogué ; — et il est le musicien révélateur de l’essence musicale, et son orchestre a appris à exprimer, — clairement (pour la première fois), — les ineffables intimités des âmes. […] L’analyse de la Revue de Bayreuth (Bayreuther-Blætter) sera publiée dans le numéro suivant. […] Edouard Dujardin ; les analyses de la Revue de Bayreuth depuis le second numéro, par M. […] La science analyse son objet d’étude en séparant ses différents éléments constitutifs.