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308. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

L’analyse des phrases suivantes achevera d’établir cette vérité. […] Les uns sont d’une verité immuable & d’un usage universel ; ils tiennent à la nature de la pensée même ; ils en suivent l’analyse ; ils n’en sont que le résultat. […] Pour rendre la pensée sensible par la parole, on est obligé d’employer plusieurs mots, auxquels on attache les sens partiels que l’analyse démêle dans la pensée totale. […] C’est l’analyse seule qui remplit les vuides de l’ellipse, qui justifie les redondances du pléonasme, qui éclaire les détours de l’inversion. […] Faisons cette analyse comme les Grecs mêmes l’auroient faite.

309. (1927) Approximations. Deuxième série

Dans Le Camarade infidèle, le dialogue est l’agent dramatique essentiel, il se substitue à l’analyse, en tient lieu. […] Une pénétrante analyse de Jacques Émile Blanche nous le laisse entrevoir. […] Constructeur à tout moment des caractères, le dialogue se substitue à l’analyse, mais pour faire son travail ; et en même temps il rend sans cesse une sonorité de réplique. […] Ingénu, intact, et toujours dédié ; apportant au service de ses dieux successifs (et même quand ils avaient visage humain toujours il les faisait accéder jusqu’à cette perfection abstraite dont il ne pouvait se passer) une ferveur et non moins une analyse qui jamais ne se lassèrent ; car chez lui (et j’y vois un des traits qui définissent le mieux sa figure) l’analyse était ferveur, l’analyse était l’acte d’amour de l’esprit même. […] Nous le possédons aujourd’hui — savant, complexe, d’une analyse partout traversée de tendresse ; c’est dire que nous le tenons de dignes mains.

310. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Avant-propos »

Nous voulions, adepte de sa technique, tenter l’analyse des tableaux de pathologie mentale relevés — innombrables — dans notre actuelle littérature, mettre en relief la valeur des névroses considérées comme matériaux artistiques2, esquisser, en un mot, une brève Esthétique des Idées-malades.

311. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 390-393

Brumoy possédoit trop supérieurement l’esprit d’analyse, le génie de la traduction, les finesses du goût, pour pouvoir être facilement égalé par des Littérateurs qui n’ont eu ni autant d’application que lui, ni autant d’avantage du coté du sujet.

312. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Marivaux ne manquera pas, pour son compte, de mettre ces chairs qu’il regrette, et d’insinuer dans ses analyses un peu de nu. […] On appelle le chirurgien qui visite le pied et à qui il faut bien le montrer : c’est là une autre scène de coquetterie, de ruse friponne, où l’analyse de Marivaux triomphe. […] C’est le propre encore de chaque personnage de Marivaux d’être ainsi doublé d’un second lui-même qui le regarde et qui l’analyse : J’étais alors assise, dit-elle, la tête penchée, laissant aller mes bras qui retombaient sur moi, et si absorbée dans mes pensées, que j’en oubliais en quel lieu je me trouvais.

313. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Lui, le petit abbé en particulier, il avait, nous le verrons, l’instinct du métaphysicien, de l’idéologue ; il tirait tout de la réflexion, de l’analyse ; l’intellectuel et l’abstrait étaient son plaisir et sa préférence. […] Ici il analyse finement l’ennui, dans un esprit de psychologie délicate et restée chrétienne : L’homme inoccupé, c’est-à-dire l’homme livré à la seule considération de son être personnel, éprouve deux sentiments habituels, également tristes : l’un est le sentiment de son infortune, il a le désir d’un bonheur vague qui le suit ; l’autre est le sentiment de sa bassesse, il voudrait être grand et important, il se trouve petit et méprisable. […] Il y a des analogies qui défient l’analyse, des harmonies qui devancent la réflexion.

314. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

On était moins pittoresque parmi nous du temps de Corneille ; on mettait en première ligne l’analyse morale intérieure. […] Tout ce qui est visible, accentué aux sens, tout ce qui parle distinctement aux yeux et qui dessine vivement et même bizarrement le monde extérieur tel qu’il est, il l’absorbe, il l’abstrait en quelque sorte, il le fait passer à l’état de sentiment pur, d’analyse raisonnée et dialoguée ; il le transpose de la sphère visuelle dans celle de l’entendement, mais d’un entendement net, étendu, sans vapeur, non nuageux, de cet entendement clairement défini, bien qu’un peu nu, tel que va le circonscrire et l’éclairer philosophiquement, dans son Discours de la Méthode et ailleurs, Descartes, ce grand contemporain du Cid. […] Ce n’est pas une analyse quelconque que j’ai voulu faire.

315. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

M. de Maistre a beaucoup plus peut-être réfléchi et raisonné sur celui des deux arts auquel il ne doit pas sa gloire : il manie l’autre sans tant d’étude et d’analyse des couleurs. […] On relit le Lépreux, on ne l’analyse pas ; on verse une larme, on ne raisonne pas dessus. […] Je souffre beaucoup alors ; mais la bonté divine est partout… » Suit une longue page d’analyse qui finit par une vision.

316. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Cette vérité, si simple, si peu accidentée, toute dans l’analyse fine des caractères et l’exacte répartition des forces, est une vérité de roman, non de drame. […] L’analyse est exacte ; mais il faut rabattre la moitié du produit extérieur pour rester dans la réalité. […] Corneille n’était pas sans le comprendre, puisqu’il a essayé de créer au-dessous de la tragédie une comédie héroïque, destinée à l’analyse des caractères politiques.

317. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Le romantisme incurable de Flaubert a rendu son analyse plus pénétrante et plus sûre ; il n’a pu donner cette admirable description du morbus lyrique que parce qu’il en observait certains effets en lui-même. […] Mais il a donné des analyses plus serrées et plus poignantes, dans ce roman de l’Évangéliste, où il a dépeint le ravage du fanatisme religieux dans certaines âmes contemporaines. […] Et il y a bien, dans ce dernier roman, les cent cinquante pages d’analyse les plus étonnantes qu’on ait écrites, lorsque M. 

318. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Pascal avait affirmé avec cette force qui lui est propre, plutôt que pénétré par des efforts d’analyse qu’il dédaignait, nos imperfections et nos impuissances ; il nous avait fait voir la profondeur de nos maladies et la vanité de nos remèdes ; il avait frappé de discrédit jusqu’à notre morale, vraie en deçà des Pyrénées, disait-il, fausse au-delà. […] La Rochefoucauld, en poursuivant de son analyse amère et impitoyable tous les déguisements de notre mauvaise nature, en nous faisant peur de nos mouvements les plus naïfs, aurait pu nous ôter jusqu’au désir de l’innocence, à force de nous prouver qu’elle est impossible. […] Cette morale prend toutes les formes : elle analyse, elle décrit, elle discute ; elle dogmatise aussi, mais plus rarement, car elle craint d’ennuyer ; elle aime mieux captiver l’esprit qu’attaquer la conscience.

319. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Bourget a en quelque sorte achevé l’évolution du roman d’analyse en faisant franchement de celui-ci un prétexte à chirurgie psychique. […] En toutes choses, l’on ne peut parfaitement rendre que ce que l’on conçoit, ou même que l’on éprouve, puisque ce qui persuade, en dernière analyse, se subordonne. […] Qui ne voit d’ailleurs que les grandes lignes du roman, c’est-à-dire le sujet dans sa floraison mouvante, ne sauraient constituer à elles seules le roman, ni surtout le roman d’analyse ; que, par suite, le sujet ne saurait être entièrement séparé de sa portée psychologique, et nous entendons par l’auteur, — dont le dogmatisme n’est une charge d’état que parce qu’il y a des significations multiples derrière les événements les plus futiles en apparence, derrière les moindres affirmations de la réalité où tout s’enchaîne, tout le passé à tout le présent, dans une constante, rigoureuse et subtile logique. — On ne peut nier non plus que, si les faits présentés, si peu alourdis qu’ils soient de complications matérielles, se distinguent des ordinaires accidents ressassés, par une idée, — il en résulte souvent un ensemble capable d’offrir des ressources d’émotion et d’intérêt, mille fois plus puissantes sur le cœur que ne l’ont jamais été sur l’imagination les ficelles du roman à physionomie unilatérale, comme le roman d’aventures, par exemple.

320. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Nous traversons l’âge d’analyse, c’est-à-dire de vue partielle, âge durant lequel la diversité des esprits est nécessaire. […] Ces natures effacées, formées par une sorte de moyenne proportionnelle entre les extrêmes, sont de nulle valeur à une époque d’analyse. L’analyse, en effet, n’existe que par la diversité des points de vue, et à condition que la science complète soit épuisée par ses faces diverses ; à chacun sa tâche, à chacun son atome à explorer, telle est sa maxime.

321. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Pour opérer ce triage, il suffit de reprendre une à une les questions que nous nous sommes posées pour faire l’analyse d’une œuvre isolée179. […] Les uns gardent fidèlement les traditions et les habitudes de l’époque précédente ; les autres préparent les idées et les formes de l’époque suivante ; et comme l’art d’une nation oscille toujours entre deux pôles, idéalisme et réalisme, analyse et synthèse, pessimisme et optimisme, etc., comme sa pensée se développe par actions et réactions, il arrive souvent que les attardés sont en même temps des précurseurs partiels, qu’en demeurant attachés aux conceptions d’hier ou d’avant-hier ils annoncent déjà celles de demain ou d’après-demain. […] Il est trop évident que la synthèse, dans laquelle nous avons condensé les résultats de notre analyse est incomplète.

322. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Elle veut qu’elle aussi, pour être heureuse, elle apprenne à penser sainement, à penser différemment du peuple sur ce qui s’appelle morale et bonheur de la vie : « J’appelle peuple, ajoute-t-elle, tout ce qui pense bassement et communément : la Cour en est remplie. » Ces réflexions philosophiques, qui, plus tard, passeront aisément à la déclamation et à l’excès, percent déjà à l’état d’analyse très distincte chez Mme de Lambert. […] Dès ce premier écrit adressé à son fils, on distingue aisément en elle et on lui reconnaît des qualités mâles, fières et fines, une manière de voir qui suppose beaucoup de discernement et d’analyse, et une manière de dire qui sort toujours du commun. […] Son défaut le plus sensible à la longue est d’affecter continuellement l’analyse, d’aimer les phrases à plusieurs membres et à compartiments, qui forcent l’esprit à saisir des rapports complexes.

323. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

C’est celle en effet qui a eu long-tems le plus de cours pour l’usage ordinaire, mais elle a été, ce semble, entraînée dans la chûte des Jésuites, quoiqu’elle méritât d’être conservée par l’esprit d’analyse qui y regne. […] C’est l’exposition, l’analyse, & la discussion de ces caractères qui font l’objet de son livre ; c’est l’histoire de l’état actuel de la langue écrite qu’il y présente. […] M. l’Abbé Desfontaines analyse dans son écrit toutes les remarques de son adversaire, & partout il prétend faire voir clairement que dans le plus grand nombre, ou même dans presque toutes, M. l’Abbé d’Olivet a pris le change.

324. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

analyse des états d’âme de l’abbé Pierre n’a peut-être été qu’un prétexte à nous évoquer Lourdes, Rome et Paris. […] … »‌ Je regrette d’avoir du réduire à la pauvreté incolore d’une analyse ce livre admirable. […] Je ne craindrai pas de faire suivre ici, de considérations personnelles purement logiques, l’analyse des deux épopées mystiques dont Emile Zola et M. 

325. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Elle se complaît dans l’anecdote, dans les portraits, dans l’analyse des caractères, comme pourraient le faire Plaute ou Molière. […] D’ailleurs, qu’on ne l’oublie pas, la poésie descriptive tient le premier rang dans Atala ; dans René, le poème entier repose sur l’analyse de l’âme humaine. […] L’analyse de l’histoire de France est plutôt un programme qu’un résumé. […] Tout en demeurant fidèle aux contours généraux des caractères qu’elle analyse, elle amplifie ces contours pour les rendre plus frappants et plus intelligibles. […] Il analyse une à une toutes les difficultés qu’il avait d’abord méconnues, et découvre au fond du préjuge populaire des parcelles de bon sens et de raison qu’il n’avait pas soupçonnées.

326. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

On analyse ce qui entre, on analyse ce qui sort dans un temps donné, et de la dépense on déduit ce qui s’est fait dans la machine. […] Les nombres de leurs analyses correspondent même avec cette explication. […] Chevreul le premier a opéré l’analyse des corps gras. […] Schützenberger a étudié la composition des matières albuminoïdes ; il semble être parvenu à en réaliser l’analyse immédiate, ou plutôt une analyse immédiate. […] L’analyse ayant été faite quantitativement, c’est-à-dire poids pour poids, M. 

327. (1888) Études sur le XIXe siècle

Malgré son immensité, son œuvre appartient aux hommes, et ne bravera pas leur analyse. Sans doute, il faudra du temps pour que cette analyse puisse s’exercer sainement et justement : nous sommes encore trop près de la montagne pour pouvoir juger de ses proportions exactes. […] Les notions les plus compliquées lui apparaissent toutes simples, telles qu’elles se révèlent dans les mots avant qu’ils soient soumis à l’analyse. […] Il est impossible, par une simple analyse, de donner une idée de ce roman, qui est l’œuvre la plus complète et la plus remarquable que la littérature italienne ait produite depuis bien longtemps. […] Et jusqu’à ce que je descende au tombeau, — sur ma bouche brillera un sourire, — une affection frémira dans mon cœur. » Certains morceaux des Scènes de la vie militaire suffisent à confirmer l’exactitude de cette analyse intime.

328. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

C’est le contraire qui a lieu généralement, mais le phénomène n’en reste pas moins tel que Schopenhauer l’analyse. […] Il est vraiment curieux que Nietzche ne se soit pas aperçu que la démonstration vivante de sa subtile et profonde analyse du tragique, c’était justement Wagner. […] En d’autres •termes, Wagner se livre tout entier à notre contemplation, mais il ne s’analyse pas. […] Déterminer la part exacte qui revient au poète et celle qui appartient au musicien, aucune analyse, si subtile soit-elle, ne le pourrait. […] Là, il analyse le phénomène physiologique qui est l’accompagnement naturel et nécessaire de toute création comme de toute jouissance artistique.

329. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 308-311

Millot paroît plus fait pour les Ouvrages d’analyse, que pour ceux qui exigent de l’imagination & du sentiment.

330. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — I »

Dans la seconde partie de cette étude, poussant plus loin les premières analyses que l’on avait instituées, on en vint à découvrir que cette conception de la vérité dont on se réclamait pour décréter l’imperfection de la connaissance humaine, était elle-même un produit de cette aptitude de l’esprit à concevoir les choses autres qu’elles ne sont.

331. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Une rapide analyse de ces travaux suffit à expliquer et à démontrer notre opinion. […] L’analyse de la pièce est tout entière dans l’analyse des personnages. […] Mais l’analyse sans l’action n’est pas moins impuissante que l’action sans l’analyse. […] Je m’arrête ici : je ne veux pas poursuivre plus loin l’analyse déjà trop longue peut-être d’un livre que M.  […] Les singularités personnelles, les originalités excentriques y sont trop rares pour compliquer l’analyse collective.

332. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Or, l’analyse eut tant de succès qu’un éditeur anglais commanda à Quincey une traduction du roman. […] Et d’autant plus j’ai hâte d’aborder l’analyse de ces pièces léguées à Griswold, et qui ont amené celui-ci à porter sur son ami un si dur jugement. […] Voici d’ailleurs, autant que peut en faire juger une rapide analyse, l’histoire des aventures morales de John Inglesant. […] L’analyse y est trop minutieuse, mais avec cela si exacte, si nette, qu’on ne se repent pas de l’avoir suivie. […] Les ouvrages du caractère le plus opposé, les tableaux de mœurs de M. de Roberto, les poèmes de M. d’Annunzio, les analyses psychologiques de M. 

333. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

En ceci le théâtre dépasse certainement la littérature, mais il reste en deçà d’elle pour les expressions de pensée philosophique, de rêve poétique, aussi d’analyse psychologique, car il ne procède que par raccourcis, par éclairs… et tout le monde n’est pas Shakespeare ou Racine ! […] Les jeunes filles auxquelles il est défendu, les provinciaux qui en sont privés, les Parisiens qui en sont écartés par des tarifs prohibitifs, lisent assidûment dans les journaux et les magazines le compte-rendu des pièces, la description des toilettes, l’analyse du jeu des acteurs. […] » Aujourd’hui les magazines répandent dans tous les milieux les noms et les portraits des actrices et l’analyse des pièces ; il en est de même des modes nouvelles : dans le moindre village, on a vu des coiffures à la grecque et des robes entravées. […] C’est précisément l’opposé du sincère labeur intellectuel qui expose, développe, analyse avec le rythme et la couleur d’un style qui est comme la marque individuelle, la signature même de l’écrivain.

334. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

. — Nous renvoyons bien vite le lecteur, excité par notre analyse, à ce grand morceau de poésie ; nous n’y voudrions retrancher ou corriger que deux endroits. […] Les Anciens dans leurs comparaisons excellaient à cette généreuse liberté des détails ; et si les modernes, par suite de l’esprit croissant d’analyse, ont dû se ranger à plus de précision, il ne faudrait jamais que cela devînt d’une rigueur mécanique appliquée aux choses de la pensée.

335. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Qui sait jusqu’où l’on pourra porter cette puissance d’analyse, qui, réunie à l’imagination, loin de rien détruire, donne à tout une nouvelle force, et, semblable à la nature, concentre dans un même foyer les éléments divers de la vie ? […] Les ouvrages purement littéraires, s’ils ne contiennent point cette sorte d’analyse qui agrandit tous les sujets qu’elle traite, s’ils ne caractérisent pas les détails, sans perdre de vue l’ensemble ; s’ils ne prouvent pas en même temps la connaissance des hommes et l’étude de la vie, paraissent, pour ainsi dire, des travaux puérils.

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