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1085. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

C’est l’offrande d’étrennes de cette année : Perrault l’année dernière et ses Contes de Fées illustrés par Doré ; cette fois Longus et sa pastorale à l’usage, non plus des enfants, mais des adolescents, — des adolescents un peu avancés, — et de tous ceux qui, las du présent, ennuyés des vulgarités ou des énormités de chaque jour, aiment à se reposer, de loin en loin, sur des images riantes. […] Mais, encore une fois, je ne suis pas juge ; j’aime mieux faire comme plus d’un de mes confrères et en prendre occasion de relire le joli roman.. […] Cette traduction d’un gaulois riant, avec tous ses défauts d’exactitude à peu près inévitables, eut pour effet de populariser, de nationaliser de bonne heure l’ouvrage en français, de le faire aimer et goûter, d’y infuser un degré de naïveté qui est plutôt dans le sens que dans les expressions de l’auteur grec. […] Il n’est pas moins vrai que quand j’ai détaché de son livre la figure de ces deux gracieux enfants qui s’aiment sans se rendre compte et qui ne savent comment se le prouver, quand j’ai reconnu que Daphnis et Chloé ne sont pas morts et ne mourront pas, qu’ils recommencent à chaque génération d’adolescents, sous tous les régimes et à travers tous les costumes, qu’ils préexistent confusément et résistent à toute éducation comme la nature elle-même, je n’ai guère plus rien qui m’intéresse, et je rencontre bien des accessoires qui me choquent. […] on n’aime pas à rappeler ceux qui l’on doit beaucoup.

1086. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Par la plaine et les monts, Sous les deux imprégnés d’une couleur orange, Il courait en tous lieux une harmonie étrange, De ces ranz inconnus et doux que nous aimons. […] Sa vie ne sent en rien l’étude : elle était celle d’un épicurien qui vit sur son fonds de collège, et qui, une fois sorti des nouveautés, n’aime rien tant qu’à faire bombance. […] Il la perdit avec affront, avec avanie ; car, selon la remarque de Gœthe à son sujet, « le public, comme les dieux, aime à se ranger du côté des vainqueurs. » Fréron, dès le principe, n’estima pas assez son ennemi. […] Il a une vertu du moins, il aime son métier, et il le considère comme un but, non comme un moyen. […] Collé lui-même, qui n’aime pas Voltaire, et, au moment où, dans son Journal, il s’indigne le plus vivement des personnalités injurieuses répandues dans l’Ecossaise, se croit obligé d’ajouter : « Et personne n’a pourtant un plus froid, un plus profond mépris que moi pour Fréron. » 17.

1087. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Je ne sais si Richelieu, qui aimait tant les ballets, et qui savait qu’on les aime en France, a pensé à cela en fondant l’Académie française ; mais il se trouve que c’est assez vrai103. […] Plus jeune on aimait mieux un autre bal, plus frivole certainement, plus sérieux aussi, demandez à Roméo. […] En autre saison, ne lui en voulez pas, il eût mieux aimé aller au bois sous la coudrette, même seul, pour dormir parmi le thym et la rosée. […] Dupin, j’aime à me rappeler un mot qui aurait semblé parfait, s’il avait été moins accompagné : « Vous avez fait comme nous, monsieur, vous avez commencé. » — Cependant les temps étaient devenus meilleurs ; la société entière renaissait.

1088. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Ceux qui sous un tel ordre de choses sont nés dans la classe privilégiée, ont à quelques égards beaucoup de données utiles ; mais d’abord la chance des talents se resserre, et à proportion du nombre, et plus encore, par l’espèce de négligence qu’inspirent de certains avantages ; mais quand le génie élève celui que les rangs de la monarchie avaient déjà séparé du reste de ses concitoyens, indépendamment des obstacles communs à tous, il en est qui sont personnels à cette situation ; des rivaux en plus petit nombre, des rivaux qui se croient vos égaux à plusieurs égards, se pressent davantage autour de vous, et lorsqu’on veut les écarter, rien n’est plus difficile que de savoir jusqu’à quel point il faut se livrer à la popularité, en jouissant de distinctions impopulaires ; il est presqu’impossible de connaître toujours avec certitude le degré d’empressement qu’il faut montrer à l’opinion générale : certaine de sa toute puissance, elle en a la pudeur, et veut du respect sans flatterie ; la reconnaissance lui plaît, mais elle se dégoûte de la servitude, et rassasiée de souveraineté, elle aime le caractère indépendant et fier, qui la fait douter un moment de son autorité pour lui en renouveler la jouissance : ces difficultés générales redoublent pour le noble, qui dans une monarchie veut obtenir une gloire véritable ; s’il dédaigne la popularité, il est haï : un plébéien dans un État démocratique, peut obtenir l’admiration en bravant la popularité ; mais si un noble adopte une telle conduite dans un État monarchique, au lieu de se donner l’éclat du courage, il ne ferait croire qu’à son orgueil ; et si, cependant, pour éviter ce blâme, il recherche la popularité, il est sans cesse près du soupçon ou du ridicule. […] Celui dont la renommée parcourait le monde entier, ne voit autour de lui qu’un vaste oubli ; un amant n’a de larmes à verser que sur les traces de ce qu’il aime ; tous les pas d’hommes retracent, à celui qui jadis occupait l’univers, l’ingratitude et l’abandon. […] L’attention constante sur soi est un détail de jouissances pendant la prospérité, c’est une peine habituelle quand on est retombé dans une situation privée ; enfin, aimer ! ce bien dont la nature céleste est seule en disparate avec toute la destinée humaine ; aimer ! […] Le génie, qui sut adorer et posséder la gloire, repousse tout ce qui voudrait occuper la place de ses regrets mêmes ; il aime mieux mourir que déroger.

1089. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

La marquise de Raigecourt I Aymond de Virieu, qui m’aimait comme un frère, parlait souvent de moi dans les maisons de la haute noblesse où sa naissance et ses relations de famille le rendaient familier. […] Sa vertu avait la virilité d’un homme ; elle s’était réservé son cœur pour aimer le roi et pour détester ses ennemis, mais elle laissait la vengeance à Dieu. […] Il aimait la religion, surtout pour ses pompes et ses solennités. […] III Cependant, il aimait aussi le monde et ses élégances pendant qu’il continuait à y vivre. […] Mais, si l’attachement à la Charte vous paraît dangereux pour mon avenir, condamnez-moi dès à présent, car j’ai cru cette conciliation nécessaire entre l’ancien régime et l’avenir de la France ; et si c’est vous offenser que de le dire tout haut dans une occasion solennelle, soyons ennemis dès aujourd’hui ; je ne vous en aimerai pas moins comme un de mes premiers amis. » Nous nous fîmes ces adieux.

1090. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Mais la suprême jouissance, c’est de jouir de soi en autrui, de voir sa perfection reflétée dans une âme qui s’en éprend : elle veut donc être, se développer, afin d’être digne d’être aimée. […] Constant, en qui elle aime un causeur digne de lui fournir la réplique. […] Mais je ne sais ce qui a offusqué son clair esprit, retenu son âme affectueuse : elle qui savait, dans la Russie de 1812, deviner, aimer le moujik, elle n’a regardé, compté en France que les classes supérieures. […] Elle aime dans les littératures du Nord la mélancolie, la rêverie, l’exaltation dans la tristesse, « le sentiment douloureux de l’incomplet de la destinée », la position des problèmes métaphysiques dans les âmes angoissées. […] Elle entend, elle aime surtout ce qui est complexe, ce qui alimente la pensée, exerce l’intelligence en émouvant l’âme : le sentiment imprégné de philosophie.

1091. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Le moins qu’ils risquent, c’est de refaire toujours le même livre, car le champ de leurs observations, si tant y a qu’ils aient besoin d’observer, est vite parcouru ; le nombre de leurs effets est extrêmement limité ; et rien ne ressemble plus à une… oaristys vue par le côté qu’ils aiment, qu’une autre oaristys vue par le même côté. […] Les hommes sont comme ça, ils n’aiment pas à voir pleurer ; et moi, je pleure toujours depuis la mort des petites… Une histoire bien simple que le Père Achille81 ! […] Une fillette sortant de Saint-Lazare aperçoit son amant assis, menottes au poing, à l’autre bout du couloir, et fait avec lui un bout de conversation par l’intermédiaire d’un brave homme de garde de Paris : « Dites-y bien que j’ai jamais aimé que lui, que j’en aimerai jamais un autre dans ma vie. » Et quand le garde a fait sa commission : « Qu’est-ce qu’il a dit   Il a dit qu’il était bien malheureux  T’ennuie pas, m’ami… ; les beaux jours reviendront  Va donc ! […] Renan, qui n’aime pas les romans, dit un peu partout, et particulièrement dans sa Seconde lettre à M. 

1092. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Un peu plus loin, le futur moraliste s’annonce : « J’aime, dit-il, que la morale fasse la plus grande partie de la conversation » ; et il ajoute : « J’aime surtout la lecture qui peut façonner l’esprit et fortifier l’âme. » Et ailleurs : « J’aime à lire avec une personne d’esprit ; car, de cette sorte, on réfléchit à tout moment à ce que l’on lit. » Aimer la lecture pour le profit, attacher à tout ce qu’on lit une réflexion, cela n’est pas non plus d’un homme d’action ; ni ceci : « Je suis passionné dans la discussion. » Trait caractéristique des spéculatifs. […] Ou voit que la Rochefoucauld n’aime pas le désordre et la sédition ; il les subit.

1093. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

La femme, telle que Marie Stuart, mobile, ardente et entraînée, avec le sentiment de sa faiblesse et de son abandon, aime à trouver son maître et par moments son tyran dans celui qu’elle aime, tandis qu’elle méprise vite en lui son esclave et sa créature, quand il n’est rien que cela ; elle aime mieux un bras de fer qu’une main efféminée. […] Comment s’unir à un homme qu’elle aime et dont l’ambition n’est pas d’humeur à s’arrêter à la moitié du chemin ? […] Elle l’aimait si follement (avril 1567) qu’elle disait, à qui voulait l’entendre, « qu’elle quitterait la France, l’Angleterre et son propre pays, et le suivrait jusqu’au bout du monde, vêtue d’une jupe blanche, plutôt que de se séparer de lui ».

1094. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Incapable d’une mauvaise pensée, mais aussi d’une feinte, si elle ne vous aimait pas, il lui était impossible de vous dire ou de vous laisser croire le contraire. « C’était le plus loyal gentilhomme, me dit-on, et qui n’a jamais menti. » Elle aimait ses amis, elle pardonnait à ses ennemis ; mais, dans la religion de sa race et de son malheur, elle croyait aux fidèles et aux infidèles, aux bons et aux méchants : peut-on s’en étonner ? […] Elle ne craint pas d’y indiquer quelques-uns des officiers municipaux qui, étant de garde à leur tour, entraient dans les chagrins de la famille royale et les adoucissaient par leurs égards et leur sensibilité : Nous connaissions de suite à qui nous avions affaire, dit-elle, ma mère surtout, qui nous a préservés plusieurs fois de nous livrer à de faux témoignages d’intérêt… Je connais tous ceux qui s’intéressèrent à nous ; je ne les nomme pas, de peur de les compromettre dans l’état où sont les choses, mais leur souvenir est gravé dans mon cœur ; si je ne puis leur en marquer ma reconnaissance, Dieu les récompensera ; mais si un jour je puis les nommer, ils seront aimés et estimés de toutes les personnes vertueuses. […] « Je n’aime pas les scènes », dit-elle un jour un peu brusquement à une femme qui, aux Tuileries, se jetait à ses pieds sur son passage pour la remercier d’un bienfait. […] La politique n’était point son fait, elle n’aimait point les affaires.

1095. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Pourtant, en fait de musique comme en tout, il est évident que Franklin n’aime que la partie simple ; il veut une musique toute conforme au sens des mots et du sentiment exprimé, et avec le moins de frais possible. […] Il n’aime le luxe en rien ; et, en fait de beaux-arts, le luxe, c’est la richesse et le talent même. […] Il aimait surtout et recherchait les applications usuelles, domestiques. […] Au moment de mettre le pied sur le vaisseau, il écrivait agréablement à lord Kames, l’un de ses amis d’Écosse : Je ne puis quitter cette île heureuse et les amis que j’y laisse, sans un extrême regret, bien que ce soit pour aller dans un pays et chez un peuple que j’aime. […] En pareil cas, il aimait à laisser à ses adversaires la responsabilité de l’acte par lequel on le frappait.

1096. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Dans l’état présent de la littérature, les journaux, qui sont les espaliers du roman, n’aiment à en étaler que dans des proportions formidables. […] que le glorificateur de la Renaissance, le philosophe de la libre pensée et l’admirateur de ce de Brosses à qui dernièrement on a fait une gloire parce qu’il aimait les priapées bien gravées sur un vase antique et se permettait d’indécentes plaisanteries contre l’Église, — oui ! […] Nous venons de le dire plus haut, il appartient à ce groupe d’esprits qui se sont pris pour la Renaissance d’un goût rétrospectif et passionné, et qui ont relevé et réchauffé dans leur imagination le symbolisme tombé et refroidi de cette mythologie que le xviiie  siècle — ce siècle aimé de Babou pourtant — a flétrie et déshonorée. […] Seulement, si Babou est tout cela, s’il a cette fleur de bienveillance qu’on aime à voir fleurir, comme celle du cactus, entre deux dards, il en utilise les deux dards autant que la fleur. […] Moi qui aime la satire, et encore plus le satirique, je suis fâché de cela pour tous les deux !

1097. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Certes, je comprends très bien qu’on n’aime pas les vers libres ; moi-même, tout en m’y intéressant fort, je me sens incapable d’en user. […] Pour eux, un poète à rimes insuffisantes ne vaut rien, témoin Musset, que beaucoup de Parnassiens, — sinon peut-être tous, — n’aiment point. […] C’est qu’une école officielle n’aime jamais à voir s’élever auprès d’elle une autre école menaçante pour sa sécurité. […] Si l’on est charmé, à juste titre, par des vers comme ceux-ci : La fille de Minos et de Pasiphaé, ou L’effigie aux yeux clos de quelque grand destin ; on ne peut qu’être désagréablement affecté par le vers suivant : Ô père de famille, ô poète, je t’aime ! […] Il n’en serait pas de même dans cette phrase : il aime à attendre.

1098. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Que découvre-t-il dans le dix-septième siècle, tant aimé, tant étudié ? […] Transcrivons cette page ; le lecteur y verra ce que c’est qu’aimer et chercher des documents inédits. […] Il l’aima, car il trouvait en lui, quoique à un moindre degré, toutes les parties de son propre génie. […] Au reste, le jeune homme suivit tous les pas de son maître ; il fut comme lui théologien et philosophe ; il voulut comme lui allier la raison et la foi ; il accabla de superbes paroles les matérialistes qui commençaient à lever la tête ; il aima la liberté pour lui-même, et défendit contre Rome les privilèges français, qui étaient les siens. […] Sa biographie ne dit pas s’il fut directeur de femmes ; en tout cas, il n’eût accepté que les plus illustres pénitentes ; quoique roturier, il aimait les nobles et n’aurait voulu donner son avis que sûr les grandes aventures du cœur.

1099. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Au Moyen-Âge, comme dans tous les temps, il arriva que l’imitation fut aimée pour son charme et non pour son utilité. […] Puis elle lui demande quelle dame plus il aime. […] La vie d’ici-bas, pèlerinage rude et court dans une vallée de larmes, il ne l’aimait que pour son but. […] Épris de la vie, ils sont comme la plupart de ceux qui s’éprennent : ils ne connaissent pas ce qu’ils aiment. […] Sans doute le romantisme a aimé l’Église chrétienne, mais il a aimé toutes les églises comme toutes les philosophies.

1100. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Elle aimait. […] Le poëte décrit la planète de Vénus, où sont les âmes qui surent grandement aimer. […] que Dante n’aimait pas la France. […] La plupart des amours de sa jeunesse sont malheureuses ; il aime souvent sans espoir. […] Le fils qu’il eut d’elle, il l’aima tendrement et l’éleva à ses côtés avec le plus grand soin.

1101. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Nous aimons mieux accepter le livre de M.  […] Celle qu’il aime ne fait rien pour le désespérer. […] La comtesse s’est donnée au roi qu’elle n’aime pas, et résiste à Henri qu’elle aime. […] Que doit-elle faire si elle l’aime vraiment ? […] Qu’aime-t-elle dans Rodolfo ?

1102. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Ils s’aiment : il n’y a pas de crime, là où il y a de l’amour sincère. […] … Je n’ai jamais aimé deux hommes à la fois. […] est-ce pour avoir beaucoup aimé les fils des hommes qu’il lui pardonne, ou pour aimer beaucoup le Fils de Dieu ? […] Il y a dans le bien la même solidarité et la même force de contagion que dans le mal : Celui qui n’aime pas sa famille, comment aimerait-il sa patrie ? […] « Qui est-ce qui aime la vie au temps où nous sommes ?

1103. (1898) Essai sur Goethe

C’était un bataillard, qui aimait pour eux-mêmes les coups qu’on donne et qu’on reçoit. […] J’avais vécu, j’avais aimé et j’avais beaucoup souffert. […] Je l’aimai comme ton enfant… et maintenant… C’est encore pour moi une illusion. […] Est-ce elle qu’il aima ? […] Édouard, qui aime à plaisanter, s’empare de cette formule.

1104. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

J’aimerais mieux relire certaine préface que M.  […] Raconte, ce que cela t’a fait voir, sentir, aimer ou haïr. […] C’est si vivant, et ça aime tant le silence ! […] Elles aiment. […] Heureux qui peut être aimé d’elles.

1105. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Aussi beaucoup de femmes charmantes l’avaient aimé. […] Chacun aimait à le voir. […] Il veut vous aimer, n’importe ce qui en arrive. […] C’était par un coupable caprice que tu te laissais aimer par celui qui était ton vassal. […] Revêtissez-vous de beaux habits, buvez le meilleur vin et aimez femme gracieuse.

1106. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

C’est aussi cette élégie qu’il composa à cause d’une marguerite mal effeuillée et que j’aime pour sa naïveté exaspérée. […] Pierre Quillard J’aime trop un livre pareil |pour insister sur quelques critiques de détail ; cependant il vaut mieux dire que certaines chansons sonnent trop exactement au diapason de Verlaine et que — mais si rarement ! 

1107. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 9, comment on rend les sujets dogmatiques, interessans » pp. 64-66

On les aime moins, et le public n’en retient gueres que les vers qui contiennent des tableaux pareils à ceux dont on loüe Virgile d’avoir enrichi ses georgiques. […] Les hommes aimeront toujours mieux les livres qui les toucheront que les livres qui les instruiront.

1108. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

C’est par ces pauvretés qu’on plaisait à Marie de Médicis et à ses amis d’Italie, fort pardonnables, d’ailleurs, d’aimer des choses accommodées au goût de leur pays. […] Changer de goût littéraire, c’est tout au moins confesser qu’à une certaine époque on ne l’a pas eu bon, et personne n’aime à faire cet aveu-là. […] Il se bornait à leur montrer ces mots magiques ; prenant à témoin son siècle, qui peu à peu s’y reconnaissait lui-même, et se retournait contre ce qu’il avait aimé. […] C’est l’erreur que je fuis, c’est la vertu que j’aime : Je songe à me connaître, et me cherche en moi-même. […] Je l’aime mieux quand il peint, parce que l’imagination y suffit, et quand il raconte, parce qu’il n’y faut que de l’enjouement et de l’esprit, avec une raison ordinaire.

1109. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

J’avais autrefois rencontré Gavarni, je ne l’ai connu que tard ; mais j’ai beaucoup causé avec ceux qui l’ont pratiqué de tout temps, je me suis beaucoup laissé dire à son sujet, et insensiblement l’idée m’est venue de rendre à ma manière cette physionomie d’un artiste qui en a tant exprimé dans sa vie et qui les comprend toutes ; j’ai voulu l’esquisser telle qu’à mon tour je la vois et la conçois et telle qu’on l’aime. […] Revenu à Paris, il continuait de faire des dessins de diverses sortes et des aquarelles, lorsqu’un jour Susse, qui lui en achetait une, exigea une signature : « Le public, disait l’éditeur, aime des œuvres qui soient signées. » Gavarni, mis en demeure d’écrire un nom, se souvint alors de la vallée de Gavarnie qu’il avait habitée et de la cascade qu’il aimait, et, sur le comptoir de Susse, il signa son dessin de ce nom d’affection qu’il mit seulement au masculin. […] Il aime assez la vie, il ne la trouve pas mauvaise, il l’a satirisée sans être misanthrope, et seulement parce qu’il ne pouvait s’empêcher de la voir telle quelle est ; mais enfin la vie dans la réalité lui paraît plate ; elle ne lui plaît jamais plus que quand il peut l’animer, la poétiser, la travestir ; il eût été capable de faire, des folies pour cela ; « Mon royaume pour un cheval !  […] J’ai vu de sa façon un portrait aquarelle de son vieil ami Old-Nick (Forgues), portrait de tout jeune homme, long, fluet, riant, couché, la tête renversée en arrière, les jambes étendues, dans cette délicieuse position horizontale ou demi-horizontale que l’artiste aime à reproduire, et par laquelle il exprime à ravir le far niente, la flânerie, cette première condition du bonheur : il a voulu, tout à côté, faire du même Old-Nick une charge, et il n’a réussi qu’à faire un portrait moins bien, en triste et en laid. […] Prenez la plus innocente de ces fourberies, celle de la jeune fille au bras de son papa qui la devine. — « Comment saviez-vous, papa, que j’aimais mosieu Léon f » — « Parce que tu me parlais toujours de mosieu Paul. » Allez à la plus calme, à la mieux établie et la mieux réglée de ces fourberies conjugales : un jeune homme dans un salon est assis bien à l’aise, installé dans un fauteuil, lisant comme chez lui, le chapeau sur la tête ; avec lui une jeune femme près de la fenêtre, debout, tient à la main son ouvrage et regarde en même temps dans la rue ; et, pour toute légende, ces mots : « Le v’là !

1110. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Ils sont rares et par trop aimés du Ciel, ceux à qui il a été accordé d’emblée de donner au monde toute leur mesure : celui qui n’en donne que la moitié, et à la longue, est déjà l’un des heureux et des favorisés. […] Capefigue à l’occasion de certains passages de son Histoire d’Europe sous l’Empire, Jomini a résumé en termes élégants et dignes la substance des précédents opuscules (février 1841) ; mais les curieux et ceux qui aiment les traits pris sur le vif ne sont point dispensés de les lire. […] On redoutait par-dessus tout l’esprit révolutionnaire, et l’on n’aimait pas les baïonnettes intelligentes. […] Son esprit toujours lucide et présent se posait le problème sous sa forme renouvelée ; on sentait qu’il eût aimé à le reprendre et à le discuter à fond70. […] Deux affections de famille représentaient assez bien la double politique qu’il eût aimé à concilier.

1111. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Ayant passé depuis lors de longues années à Naples, sur cette terre de soleil et d’oubli, il ne s’était pas douté qu’il devenait, durant ce temps-là, ici, un de nos auteurs les plus connus et les mieux aimés. […] On pourrait être longtemps avec lui dans un salon sans s’en douter ; il prend peu de part aux questions générales, et ne se met en avant sur rien ; il aime les conversations à deux : on croit sentir qu’il a longtemps joui d’un cher oracle, et qu’il a longtemps écouté. […] Son habitation était parfaitement solitaire : un jeune officier (celui de Mme Hautcastel peut-être) donnait volontiers alors, à la dame qu’il aimait, des rendez-vous dans ce jardin qui cachait des roses ; ils étaient sûrs de n’y pas être troublés. […] Il n’aimait guère mieux le quai Voltaire (antipathie de famille), et y passait le plus rapidement qu’il pouvait, baissant la tête, disait-il, et détournant ses regards vers la Seine. […] — Il aimait à parler avec éloges d’un écrivain génevois spirituel qui est un peu de son école pour le genre d’émotion et pour l’humour.

1112. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Voyez en effet comme les barbares aiment cette civilisation, comme ils s’empressent autour d’elle, comme ils cherchent à la comprendre avec leur sens naïf et délicat, comme ils l’étudient curieusement, comme ils sont contents de l’avoir devinée. […] La littérature sérieuse n’est pas celle du rhéteur, qui fait de la littérature pour la littérature, qui s’intéresse aux choses dites ou écrites, et non aux choses en elles-mêmes, qui n’aime pas la nature, mais aime une description, qui, froid devant un sentiment moral, ne le comprend qu’exprimé dans un vers sonore. […] Non ; car, outre que la moralité et l’intelligence amèneraient pour lui immanquablement l’ordre et l’aisance, cette culture le ferait considérer, aimer, estimer, le placerait dans ce joli monde des âmes polies, où l’on sent finement et d’où il souffre de se voir exilé. […] Si ma pensée était là, incarnée à côté de moi, ne l’aimerais-je pas, ne l’adorerais-je pas davantage ? […] Ce serait l’Astrée, où tout le soin était d’aimer.

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