Et ne croyez pas que ce dernier mot soit une épigramme ; car tout aussitôt, dans une page très belle et pleine d’onction, tout en réservant son principe de foi, il va rendre hommage à ce trait d’ingénue et d’absolue soumission qui est obtenue plus facilement par la religion catholique et qui procède du dogme établi de l’autorité même ; il y reconnaît un vrai signe de l’esprit religieux sincère : Et en effet, dit-il, être chrétien, être vrai disciple de Jésus-Christ, c’est bien moins, à l’en croire lui-même, admettre ou ne pas admettre telle doctrine théologique, entendre dans tel ou tel sens un dogme ou un passage, que ce n’est assujettir son âme tout entière, ignorante ou docte, intelligente ou simple, à la parole d’en haut, pas toujours comprise, mais toujours révérée.
Depuis que la nature physique est plus connue et que la science en observe et en expose successivement les lois, il serait à craindre que la pensée de Dieu, même auprès de ceux qui ne cessent de l’admettre et de s’incliner devant elle, ne reculât en quelque sorte aux confins de l’univers et ne s’éloignât trop de l’homme, jusqu’à ne plus être à son usage et à sa portée ; il serait à craindre que ce Dieu, tel qu’on a reproché à Bolingbroke de le vouloir établir, Dieu plus puissant que bon, plus souverainement imposant que présent et que juste, Dieu qu’on admet en un mot, mais qu’on n’adore point et qu’on ne prie point, il serait à craindre que ce Dieu-là ne prît place, et seulement pour la forme, dans les esprits, si la pensée chrétienne ne veillait tout à côté, si le Dieu du Pater ne cessait d’être présent matin et soir à chaque cœur, et si la prière ne maintenait cette communication invisible et continuelle de notre esprit borné avec l’Esprit qui régit tout.
Bailly s’en expliqua par lettre auprès de Voltaire, lequel répliqua à son tour et résista par toutes les raisons que le bon sens trouve au premier abord, et que le sien rendait si piquantes et si gaies ; il répugnait à admettre que l’âge d’or des sciences, et de l’astronomie en particulier, eût été se loger d’emblée en Sibérie : J’ose toujours, monsieur, vous demander grâce pour les brachmanes. […] En même temps qu’il admet que le souvenir du Déluge se montre partout comme un fait historique conservé par la tradition et dont l’idée funeste ne serait point venue naturellement à l’homme, il reconnaît que le souvenir de l’âge d’or peut être le produit d’une imagination heureuse et complaisante qui jette des reflets sur le passé, et pourtant il répugne à y voir une pure fiction : « J’y vois les embellissements de l’imagination, dit-il, mais j’y crois découvrir un fond réel.
A-t-il voulu simplement marquer que la nature humaine et l’esprit humain ne comportent la première manière de voir que chez un petit nombre d’individus, et que l’histoire n’admet point le triomphe de la philosophie pure ? […] L’entrée d’un petit vieillard d’assez chétive mine dans le temple, l’adresse qu’il met à se faire admettre, à se faufiler, les airs d’aveugle qu’il se donne, puis, tout d’un coup, dès qu’il se voit à portée de l’autel, son brusque élan, son attaque à la statue de la Superstition ou du Fanatisme dont il déchire le voile, tout cela est ingénieux et symbolise bien Socrate ; mais ce Socrate lui-même, en mourant victime de son zèle pour la vérité, n’adresse-t-il pas à cette statue odieuse qu’il n’a pu que dévoiler sans la renverser, une espèce d’hommage un vœu de sacrifice : est-ce ironie ?
Sandeau, que tous ceux qui le connaissent pour la sûreté de ses relations, pour l’aménité de son caractère, pour ses mœurs gracieuses et bienveillantes, eussent été loin d’accuser sans aucun doute, s’est fait toutefois, avec raison, un devoir de protester publiquement, ne pouvant admettre à aucun degré le soupçon d’avoir trempé dans cette composition équivoque. […] J’aime peu la satire, mais je la conçois et je l’admets ; elle peut être de diverses sortes.
Aussi, quand Napoléon mort, il revient en Europe et qu’il s’y voit en tous lieux l’objet d’une répulsion instinctive, universelle, ne saurais-je admettre qu’on dise de lui d’un ton de compassion, « l’infortuné Hudson Lowe ». […] Il n’existe pas de circonstances atténuantes, et l’on n’est pas admis à dire d’un pareil être : « Il fera mieux une autre fois. » C’est sur les pensées, sur les occupations historiques et morales du grand captif qu’il faut se rejeter pour n’avoir pas le cœur trop serré par ce supplice et cette lente agonie de près de six années à Sainte-Hélène.
Et puis il ne pouvait admettre que le Sénat l’assujettît à telle ou telle feuille : et c’était bien ainsi, apparemment, que le comprit aussi M. […] Rouher serait admis à introduire des instances, des représentations ou récriminations auprès d’un ancien rédacteur du Moniteur.
Fontanes, connu par des débuts poétiques purs et touchants, s’en retire bientôt, s’endort dans la paresse, et s’éclipse dans les dignités : c’est là une fin non poétique, assez discordante, et que l’imagination n’admet pas. […] Je me hâte de dire que la seule version que j’admette et que j’admire, c’est la première, celle qui a obtenu le prix aux Jeux Floraux, et qui est d’ordinaire reléguée parmi les notes.
Pour y être admis, il faut deviner une énigme, répondre à une question morale, faire un discours sur une vertu. […] Enfermés dans leurs châteaux et leurs hôtels, ils n’y voient que les gens de leur monde, ils n’entendent que l’écho de leurs propres idées, ils n’imaginent rien au-delà ; deux cents personnes leur semblent le public D’ailleurs, dans un salon, les vérités désagréables ne sont point admises, surtout quand elles sont personnelles, et une chimère y devient un dogme parce qu’elle y devient une convention.
Je ne sais si ce n’est pas un mauvais tour que lui a joué son trop sociable esprit : elle n’admet à partager les bénéfices de la Révolution que les gens bien élevés, les « messieurs » qu’on peut recevoir dans un salon. […] Mais elle essaie de persuader à l’esprit français qu’il peut admettre l’essentiel de Shakespeare, le recevoir, si l’on veut, à correction, y trouver à s’éclairer ou se réjouir.
De la vérité des Maximes dans leur rédaction dernière, et sous quelles réserves il la faut admettre. — Style des Maximes. […] De la vérité des Maximes dans leur rédaction dernière, et sous quelle réserve il la faut admettre.
Sans parler d’Œdipe, qui est fondé d’un bout à l’autre sur l’ancien système du fatalisme ; c’est Brutus qui, dans la pièce de ce nom, veut, contre l’avis de Valerius, qu’on admette dans Rome l’ambassadeur toscan, qui doit séduire son fils ; c’est lui qui, par noblesse et par grandeur d’âme, a donné à la fille de Tarquin un asile dans sa maison ; c’est encore lui qui, au cinquième acte, s’écrie : Mais quand nous connaîtrons le nom des parricides, Prenez garde, Romains : point de grâce aux perfides. […] On peut distinguer plusieurs sortes de sujets ; les uns sont d’incidents, les autres de passions : il y a des sujets qui admettent tout à la fois les incidents et les passions.
Et, comme rien ne peut être abandonné à des chances contingentes, nous serons bien obligés d’admettre une direction constante et immédiate, au moins pour les peuples dont nous parlons. […] Maintenant, si nous retournons la supposition, ne pouvons-nous pas admettre que la vie est une sorte d’initiation qui sert à manifester, dans l’homme, l’être intellectuel et l’être moral ?
Il est évident que si l’opinion, cette fois encore, n’admettait pas cette déclaration sur la beauté de son génie, faite par Mme George Sand elle-même, l’opinion serait inconséquente ; car c’est elle qui a fait de ses propres mains cet orgueil qui parle aujourd’hui. […] Le style, qui est le mérite le plus généralement admis des mérites de Mme Sand, est-il vraiment, comme on l’a dit, un style de génie ?
Qu’il soit donc admis que les considérations qu’on va lire, quoiqu’elles aient été composées pour la France en particulier, sont néanmoins susceptibles, sous divers rapports, d’une application plus générale.
Je l’admets.
J’ose à peine dire que kilo, kyste deviendraient français sous la forme quiste, quilot ; cela est trop évident et trop simple pour qu’on l’admette.
Un roman paraît qui, s’écartant des nombreuses œuvres imitées des esthétiques admises, est original par le cas psychologique qu’il étudie et inaugure, avec les quelques livres marquants de ceux qui débutent, un nouveau style et un nouvel art.
En Amérique, on exerçait les jeunes gens, comme à Sparte, à vaincre la douleur ; et pour être admis à l’honneur de combattre et de porter les armes, il fallait donner les plus grandes preuves d’intrépidité et de force.
Cela admis, tout homme qui réfléchit, ne s’étonnera-t-il pas que les philosophes aient entrepris sérieusement de connaître le monde de la nature que Dieu a fait et dont il s’est réservé la science, et qu’ils aient négligé de méditer sur ce monde social, que les hommes peuvent connaître, puisqu’il est leur ouvrage ?
17° Toutes les religions se valent, du moment qu’on admet le divin. […] Puisque nous admettons que le XXe siècle commence en réalité à la formidable réaction de la première bataille de la Marne. […] Il n’est pas indifférent, on le voit, d’admettre telle ou telle doctrine politique, de subir telle ou telle institution ; reliée à cette doctrine. […] Admettre que celui-ci s’est moqué de lui, servi de lui, l’a berné, lui apparaît comme une diminution personnelle. […] Il y a toute raison d’admettre que la pensée est diffuse à travers l’organisme, qu’elle commande.
Seulement, vous avez admis que l’instinct ne change pas. […] Aucune vulgarité n’est admise. […] Admettons-le. […] Ni le Bambara ni le Peuhl n’admettront que la négresse soit blanche. […] Ils n’admettront pas que le blanc ne soit pas blanc.
Sandeau avait parlé du roman avec modestie pour son propre compte, mais avec une sorte de fierté pour le genre : il avait eu le bon goût de paraître étonné et confus d’être le premier romancier proprement dit appelé à l’honneur de siéger à l’Académie, lorsqu’autrefois ni Le Sage ni l’abbé Prévost n’y avaient été admis, et que, de nos jours, M. de Balzac et d’autres encore avaient brillé par leur absence.
Personne dans le ministère ni dans le parti ministériel ne tenait à ce mot flétri qui excédait le sentiment à exprimer ; et pourtant, une fois admis, on l’a laissé par embarras de le retirer.
Elles signifient que l’École est un corps si sacré et d’une si prodigieuse excellence qu’il faut, pour y entrer, souffrir des épreuves longues et compliquées, — comme pour être admis dans la maçonnerie aux temps héroïques de la Comtesse de Rudolstadt, alors que cette Compagnie de Jésus à rebours n’était pas encore tombée dans le décri.
L’Examen de conscience philosophique rassemble sur l’univers connaissable, sur les infinis possibles, sur l’amour, lien ombilical avec la nature, sur l’excellence logiquement nécessaire du monde, sur Dieu, — ce Dieu fuyant, improbable, discuté et finalement admis comme après ballottage, — des idées que par ses dialogues, ses essais, préfaces, etc., on savait déjà être celles de ce penseur.
Ce n’est pas autrement que Manet, dont certes le génie n’admettait nulle complaisance, nulle flagornerie pour la foule, allait chaque jour au Salon se faire une pinte de mauvais sang à écouter les drôleries débitées devant ses cadres.
Le voyageur s’assied sur le tronc d’un chêne, pour attendre le jour ; il regarde tour à tour l’astre des nuits, les ténèbres, le fleuve ; il se sent inquiet, agité, et, dans l’attente de quelque chose d’inconnu ; un plaisir inouï, une crainte extraordinaire font palpiter son sein, comme s’il allait être admis à quelque secret de la Divinité : il est seul au fond des forêts ; mais l’esprit de l’homme remplit aisément les espaces de la nature ; et toutes les solitudes de la terre sont moins vastes qu’une seule pensée de son cœur.