ici l’on va plus sûrement ; si l’on a le don d’observation et la faculté dont j’ai parlé, on va loin, on pénètre ; et si à ce premier don d’observer se joint un talent pour le moins égal d’exprimer et de peindre, on fait des tableaux, des tableaux vivants et par conséquent vrais, qui donnent la sensation, l’illusion de la chose même, qui remettent en présence d’une nature humaine et d’une société en action qu’on croyait évanouie. […] Mais je ne parle que de portraits et il y a bien autre chose chez lui, il y a le drame et la scène, les groupes et les entrelacements sans fin des personnages, il y a l’action ; et c’est ainsi qu’il est arrivé à ces grandes fresques historiques parmi lesquelles il est impossible de ne pas signaler les deux plus capitales, celle de la mort de Monseigneur et du bouleversement d’intérêts et d’espérances qui s’opère à vue d’œil cette nuit-là dans tout ce peuple de princes et de courtisans, et cette autre scène non moins merveilleuse du lit de justice au Parlement sous la Régence pour la dégradation des bâtards, le plus beau jour de la vie de Saint-Simon et où il savoure à longs traits sa vengeance. […] Le règne de Louis XIV où il était contenu allait mieux à Saint-Simon que cette demi-faveur de la Régence, où il a beaucoup plus d’espace sans avoir pour cela d’action bien décisive.
Le beau serait de réunir les deux destinées : nul homme ne l’a fait ; mais il n’y a cependant aucune incompatibilité entre l’action et la pensée dans une intelligence complète. L’action est fille de la pensée, mais les hommes, jaloux de toute prééminence, n’accordent jamais deux puissances à une même tête ; la nature est plus libérale ! Ils proscrivent du domaine de l’action celui qui excelle dans le domaine de l’intelligence et de la parole ; ils ne veulent pas que Platon fasse des lois réelles, ni que Socrate gouverne une bourgade.
L’industrie a pour objet notre action sur la vie qui est en dehors de nous et que nous ne sentons pas, tandis que l’art est l’expression de la vie qui est en nous. […] C’est peut-être parce que la France avait produit la Philosophie du Dix-Huitième Siècle et la Révolution qui est cette Philosophie en action, que les deux poètes qui ont le plus directement exprimé l’état d’anarchie et de désolation où mène cette Philosophie, sans cependant lui rompre en visière, sans la nier ni la combattre, sont un Anglais et un Allemand ; tandis que la France a produit, depuis trente ans, une nombreuse couronne de penseurs et de poètes qui se sont rattachés au Christianisme. […] Eux et M. de Chateaubriand, trois poètes, ont été non seulement les chantres, les bardes inspirés, mais aussi les hommes d’action et de courage de cette résurrection du passé qu’ils auraient voulu grande, glorieuse et populaire.
Peu d’ouvrages ont eu une action plus directe et plus salutaire sur le langage que les Remarques de Vaugelas. […] Sa méthode est toute pour l’action. […] La Logique nous donne des armes aussi bien contre les mauvaises actions que contre les mauvaises raisons, et c’est toujours au profit de notre volonté qu’elle éclaire notre entendement.
La métaphysique est un dépôt de vérités en dehors et au-dessus de toute démonstration, parce qu’elles sont le fondement de toute démonstration : il est déterminé négativement par l’action réunie de toutes les sciences qui éliminent ce qui les dépasse. […] « J’analyserai les actions et appétits des hommes comme s’il était question de lignes, de plans et de solides », Ethiq. […] L’histoire d’un peuple et la biographie d’un homme ne se composent pas seulement de ce qui vient d’eux, mais aussi de l’action des circonstances extérieures sur eux.
La littérature n’est pas moins indispensable au récit qu’à l’action des grandes choses ; le peuple lui-même le plus illettré, quand il est rassemblé et élevé au-dessus de son niveau habituel, comme l’Océan dans la tempête par une de ces grandes marées ou par une de ces fortes commotions qui soulèvent ses vagues, prend tout à coup quelque chose de subitement littéraire dans ses instincts ; il veut qu’on lui parle, non dans l’ignoble langage de la taverne ou de la borne, mais dans la langue la plus épurée, la plus imagée et la plus magnanime que les hommes des grands jours puissent trouver sur leurs lèvres. […] Voilà comment la littérature élève l’esprit dans l’action ; voyons comment elle console le cœur dans les disgrâces. […] De tous ces hommes multiples qui vécurent en moi, à un certain degré, homme de sentiment, homme de poésie, homme de tribune, homme d’action, rien n’existe plus de moi que l’homme littéraire.
Mais nous allons lire et commenter avec vous un chef-d’œuvre de poésie à la fois épique et dramatique, qui réunit dans une seule action ce qu’il y a de plus pastoral dans la Bible, de plus pathétique dans Eschyle, de plus tendre dans Racine. […] Le soleil et la lune, le feu et le vent, la terre et le firmament, et la vaste étendue des eaux, le jour et la nuit, les deux crépuscules du matin et du soir, tous les éléments sont les témoins des actions les plus secrètes de l’homme : s’il n’a point agi contre la voix intérieure de sa conscience, le juge incorruptible le fait jouir d’une félicité éternelle ; mais si en étouffant cette voix il s’adonne au crime, il est condamné aux plus terribles châtiments. » Un tel discours, dans un tel moment, est déplacé ; on voit que dans ces poèmes les situations les plus pathétiques servent moins au développement des passions qu’au développement de la haute morale qui domine dans l’âme des poètes les passions elles-mêmes. […] Seigneur, personne ici n’est coupable d’une action criminelle : seulement, notre jeune amie se défendait contre une abeille obstinée à la poursuivre.
En général, il est plus pathétique ; il a mis plus d’action sur le théâtre ; le sujet de ses tragédies est d’un intérêt plus général ; le moment de la catastrophe a quelque chose de plus imposant ; il peint avec un coloris plus brillant ; il est plus sententieux & chacune de ces maximes exprime une grande vérité. […] LA Fable est une instruction déguisée sous l’allégorie d’une action suivant la définition d’un homme d’esprit. […] Un homme illustre dans l’Europe par les belles actions dont sa vie est ornée, l’est encore par les beaux vers que sa Muse a produits.
Avons-nous compris le motif secret de telle action ? […] Voilà, très en abrégé, l’action de cet étrange roman. […] Les bons et les mauvais anges suffisaient cependant à la conduite de l’action, sans la livrer à des machines usées. » Non seulement ils « suffisaient » à la conduite de l’action, mais ils y étaient inutiles. […] Ce qu’il rêvait, ce qu’il désirait violemment, c’était l’action, la grande action politique. […] Chateaubriand va pouvoir déployer son génie d’action.
On devine que, sous une action romanesque, l’auteur a réuni une suite d’observations d’études du monde et des pratiques de la politique. […] Je dois constater la grande somme de talent d’observation dépensée, bien que l’action, réelle et forte, piétine un peu sur place. […] C’est cette conscience même, cette profusion de détails qui pourrait parfois troubler le lecteur et dont le papillotement pourrait détourner sa vue de l’action, du mouvement principal. […] Peut-être paraîtra-t-il un peu maigre d’action ; mais est-ce par ce qu’on appelle l’action que vivent les romans d’aujourd’hui ? […] Mais la vérité est entière et fidèle dans la peinture du milieu où se déroule cette action : c’est celle des mœurs réelles de l’Angleterre.
En effet, l’homme du moyen âge, avant d’être à lui-même, était une partie de sa caste ou de sa corporation, n’était pas toujours maître de sa personne, l’était encore moins de ses actions ou de sa pensée. […] Elle produit en nous une impression de terreur d’angoisse : c’est que la catastrophe en est horrible — exitus horribilis — et que, comme l’action tend tout entière vers cette catastrophe, elle participe de son horreur, — tota facies anxia, metus, minæ, exilia, mortes. […] … Et que dirai-je de l’observation du temps où se passent et peuvent se passer les actions représentées, si ce n’est que j’ai vu une pièce dont le premier acte se passait en Europe, le second en Asie, tandis que le troisième se terminait en Afrique ? […] Le pouvoir du milieu physique et celui du moment, voilà deux « modificateurs des genres » dont l’abbé Dubos a essayé l’un des premiers de déterminer la nature et de mesurer l’action. […] Et enfin, puisqu’il y a dans la vie des actions naturelles que nous cachons, pourquoi le naturel ne serait-il pas aussi bien de les cacher que de les étaler ?
D’autres meurent en pleine action et sont emportés en pleine carrière comme des guerriers au milieu du combat ou dans le sein de la victoire : ils ont déjà gagné la couronne qui se dépose sur leur cercueil. […] Je crois que la vie de Gandar, bien présentée, nous montrerait, non pas seulement en préceptes, mais en action, toutes les préparations, toutes les études préliminaires, tous les exercices gradués et les préludes déjà définitifs et bien complets, au moyen desquels on peut devenir un digne, un savant, un autorisé et, je ne crains pas d’ajouter, un éloquent professeur. […] Commençant par saint Augustin et Boëce et la vive influence qu’ils avaient exercée sur Dante et Pétrarque, il aurait marqué le caractère propre de ce sentiment chez ces deux poètes ; il aurait montré chez Shakespeare et Molière l’art profond sous lequel se voile sans jamais s’étaler, sans jamais nuire à l’action, leur personnalité discrète. […] La vivacité pouvait manquer à Gandar dans les allures, dans la manière de s’exprimer, dans les actions et les démarches, dans les résolutions même ; mais il concevait et travaillait vite.
Les deux autres chambres étaient destinées aux oiseaux de passage, à ces infortunés étudiants qui, comme le père Goriot et Mlle Michonneau, ne pouvaient mettre que quarante-cinq francs par mois à leur nourriture et à leur logement ; mais Mme Vauquer souhaitait peu leur présence et ne les prenait que quand elle ne trouvait pas mieux : ils mangeaient trop de pain. » III Tel est le préambule de cette admirable tragédie du Père Goriot ; puis vient, avant l’action, le catalogue raisonné ou peint des personnages que Balzac met en scène. […] C’est le roman de la canaille, depuis le forçat Vautrin, qui professe en paroles et en actions le cynisme du crime, et qui tue de sang-froid pour enrichir Eugène de Rastignac, jusqu’au père Goriot qui meurt pour favoriser le désordre de ses deux filles, et qui les étend lui-même, comme des victimes, sur le bûcher des prostitutions. […] Le souffle de son âme se déployait dans les replis des syllabes, comme le son se divise sous les clefs d’une flûte ; il expirait onduleusement à l’oreille d’où il précipitait l’action du sang. […] Les romanciers français n’ont pas une sphère bien arrêtée dans laquelle on puisse délimiter l’action de leur plume.
Un esprit « bien fait » (je sais d’ailleurs ce que cette épithète sous-entend de postulats et qu’on ne peut écrire une ligne sans affirmer quantité de choses) ne saurait prendre un plaisir complet et sans mélange à une pièce qui, par exemple, n’est pas harmonieuse et mêle deux genres distincts et contraires ; — à une pièce mal composée et qui, après l’exposition, s’en va visiblement au hasard ; — à une pièce sur la vérité et la qualité morale de laquelle l’auteur paraît s’être mépris ; — à une pièce où la prétention vertueuse du dénouement fait un contraste trop fort avec l’excitation sensuelle qu’elle nous a auparavant donnée ; — à une pièce encore où l’action est réduite à un tel minimum que les conditions essentielles et naturelles de l’art dramatique y semblent presque méconnues, etc. […] Ici d’abord, l’action, très simple, est bien ordonnée et forme un tout. […] Puis l’horreur qu’il a des mauvaises actions conseillées par l’argent le rend infiniment indulgent aux fautes où l’argent n’est pour rien, et, d’autres fois, lui fait éprouver une sympathie presque excessive pour les mouvements accidentels de bonté dont peut encore être capable tel coquin qui s’est enrichi à force de manquer de scrupules. […] Ce n’est pas très commode ; car l’éparpillement de l’action et de l’intérêt est le plus grand et sans doute l’unique défaut de cette comédie.
On n’a pas l’idée de la vélocité de leur action. […] Et tous ces changements, sans aucun des développements intermédiaires qui devraient expliquer ces rapidités d’action et ces péripéties, s’agitent et se précipitent en des scènes qui sautent ici et là, car il n’en est pas deux qui tiennent l’une à l’autre. […] Comme dans le théâtre des enfants, le lieu de l’action change à chaque scène, ou, pour mieux dire, à chaque scénette, car il y a des scènes de six lignes de dialogue (j’ai compté !) […] Franchement, je m’attendais presque à du scandale, — au moins à des réclamations et à des contradictions de toute espèce, dans la sphère d’action, si bornée qu’elle soit, où je me meus.
Son action est de celles qui retentissent très loin et dont les conséquences ont d’infinis prolongements. […] Paul Bourget l’un des initiateurs dont l’action s’est le plus sûrement exercée sur les romanciers de l’étranger aussi bien que sur les nôtres. […] Aujourd’hui l’homme d’action doit être en même temps un homme de pensée. […] Trois auteurs ont exercé sur lui une action décisive : Schopenhauer, Sterne et Stendhal. […] Sur la place se sont réunis les hérauts d’armes, et leurs trompettes remuent en lui le besoin de l’action.
Mais ce dernier ouvrage, fondé, comme presque tous ceux du même genre, sur ce qu’on peut appeler l’adultère fondamental et antérieur à l’action, n’a point paru d’ailleurs différer notablement en mérite d’autres drames de la même famille, déjà couronnés les années précédentes ; et quant à l’agréable petite comédie donnée à la veille du nouvel an, c’eût été l’exagérer que de l’élever isolément jusqu’à l’importance d’un enseignement utile.
Notez encore l’action séductrice que les trois ou quatre grandes fortunes littéraires d’un temps exercent sur la foule des jeunes gens et sur les rangs secondaires de la littérature.
Auprès du philosophe il était besoin d’insister particulièrement sur l’esprit chrétien et sur l’influence de la pensée théologique ; auprès du millénaire, il fallait insister davantage sur la forme catholique et l’action sociale de la hiérarchie.
On s’en tenait aux escarmouches, aux actions de détail.
Mais peut-être apporte-t-il à ce genre de déduction une logique plus roide, plus imperturbable, qui sent mieux son mathématicien, et un délire plus direct et plus glacial… Il est difficile de citer, car ces folies n’ont toute leur action sur le cerveau que si on leur laisse tout leur développement.
Cependant les luttes mesquines de ces tristes années ont développé l’énergie d’André, lui ont donné le goût de l’action.
Calendau est une légende sur l’histoire de Provence, qui, pour la conduite du récit, l’intérêt des épisodes, l’éclat des peintures, le relief et la grandeur des personnages mis en action, l’allure héroïque du style, mérite à juste titre le nom d’épopée.
Causes secondaires : l’action dans le même sens de l’Angleterre et celle de la Suisse s’exerçant par l’intermédiaire de Jean-Jacques et de quelques autres.
Le dédale des cœurs en ses détours n’enserre Rien qui ne soit d’abord éclairé par les Dieux : Tout ce que l’homme fait, il le fait à leurs yeux, Même les actions que dans l’ombre il croit faire.
Ce geste émane donc, puisqu’on le voit accompli, d’un pouvoir antérieur au fait même de l’intelligence et qui crée l’intelligence avec le phénomène ; il est corrélatif et contemporain du geste métaphysique, qui fragmente l’unité essentielle, où se manifesté l’action d’un principe irrationnel, et où éclaté une intervention tout arbitraire.
« On a vu, dit-il, trois mois durant, certain nombre de ceux de sa faction sortir tous les matins de leur quartier, & prendre leur département de deux en deux, avec ordre de m’aller rendre de mauvais offices en toutes les contrées du petit monde & de semer par-tout leur doctrine médisante, avec intention de soulever contre moi le peuple, & le porter à faire de ma personne ce que leur supérieur a fait de mon livre… Ils ont été rechercher, pour grossir leur troupe, des hommes condamnés par la voix publique, fameux par leurs débauches & par le scandale de leur vie, connus de toute la France par les mauvais sentimens qu’ils ont de la foi. » Toutes les actions du P.
Mais je n’en veux qu’à cette fausse sagesse, calculatrice et imprévoyante à la fois qui, sous prétexte de s’en tenir au nécessaire, n’essaie pas même de conquérir le superflu ; à cette sagesse banale qui considère le travail comme une action régulière et mécanique et qui s’interdit comme une imprudence tout effort intellectuel qui n’est pas rigoureusement commandé.