Il n’écrit pas des livres de femme. […] Aujourd’hui, le poète manqué s’imagine écrire en prose. […] Gevin-Cassal écrit avec une abondance facile. […] Pourquoi écrire serait-il un geste d’homme plutôt qu’un geste de femme ? Le premier, en face du bas-bleu, femme qui essaie d’écrire en homme, j’ai signalé, plus méprisable encore, la chaussette-rose, homme qui essaie d’écrire en femme.
Les lettres qu’il écrit durant le temps de ce séjour à Paris à son ami le chanoine Favart nous peignent à ravir et au naturel sa situation d’esprit : « Vous connaîtrez, si je ne me trompe, au style de cette lettre, dit-il dès les premiers jours, que je suis un peu sombre ; il est vrai que je le suis : que sert de dissimuler ? […] On a tout Maucroix au naturel dans ces lettres où il écrit moins qu’il ne cause ; je n’omets que les historiettes qui se glissent trop gaiement sous sa plume les jours où, sortant de l’Assemblée, il avait causé avec Tallemant des Réaux : il se hâte d’en régaler ses amis de Reims. […] On a les lettres charmantes encore, mais plus réservées, plus résignées, qu’il écrit pendant sa convalescence : c’est certainement du christianisme qui se réveille dans le cœur de Maucroix ; mais, avec le retour à la santé, il s’y mêle bien de l’Horace encore : … Je ne suis pas fâché, non, de n’être pas mort : je ne suis pas si dénaturé que cela. […] C’est à Maucroix aussi que La Fontaine, près de mourir, écrivait cette dernière lettre que chacun sait par cœur, tant elle a été citée de fois, et qui le peint dans la candeur de sa pénitence : … Voilà deux mois que je ne sors point, si ce n’est pour aller un peu à l’Académie, afin que cela m’amuse. […] Louis Paris paraît croire qu’il faut écrire hombre le jeu de cartes, au lieu d’ombre ; mais j’aime mieux ce dernier sens tout naturel et si d’accord avec les goûts de Maucroix, umbratilis vita.
Ainsi écrivait Muller à son ami. […] Il racontait cela, il l’écrivait et tournait ainsi en ridicule un patriciat qui, pour s’en tenir à des recommandations si simples, n’en était peut-être pas moins sage. Bonstetten ne passa guère qu’une année dans ce curieux pays primitif où son ami Muller le vint voir et qu’ils explorèrent en tous sens pendant la belle saison : Bonstetten en fit une description intéressante, que Muller emporta avec lui pour la traduire en allemand (Bonstetten n’osant encore se risquer à écrire en cette langue), et qu’il publia deux ans après dans le Mercure allemand, dirigé par Wieland. […] Nous avons vu Bonstetten, dès le principe, écrire comme naturellement en français, et même en anglais ; il fallut bien pourtant qu’il se remît à l’allemand qu’il savait mal, qu’il ne savait plus ; il s’y appliqua durant cette période bernoise de sa vie, et il devint par la suite un auteur distingué dans les deux langues. […] Bonstetten, lui, n’a rien de cette ambiguïté, de cette odieuse condition d’amphibie ; il écrit comme il parle, et il parle en même temps qu’il pense ; je laisse aux Allemands le soin de le qualifier par le côté qui leur appartient, mais en tant qu’il nous regarde et qu’il s’adresse à nous, il est, comme Grimm, un des nôtres.
La foule était si grande et les chambres si petites que le roi, après y avoir demeuré quelque temps, fit sortir tout le monde, et puis rentra chez lui, où il nous dit qu’il allait commencer à écrire à Mme de Maintenon ce qu’il pensait de la princesse, et qu’il achèverait de lui écrire après souper, quand il l’aurait encore mieux vue. Nous allons voir tout à l’heure cette lettre que Louis XIV est si pressé d’écrire. […] Mais lisons d’abord : Je suis arrivé ici (à Montargis) avant cinq heures, écrit Louis XIV à Mme de Maintenon. […] C’est à propos de ces représentations de Saint-Cyr que Mme de Maintenon écrivait : Voilà donc Athalie encore tombée ! […] Les quelques lettres qu’on publie d’elle au duc de Noailles, et où elle dit qu’elle n’entend rien à la politique, prouveraient plutôt que, si elle pouvait causer plus librement que par écrit, elle aimerait très bien à s’en mêler.
Mes grandes douleurs sont passées d’hier, puisque je peux t’écrire. […] J’ai vu une lettre de lui écrite à l’une de ses sœurs d’Espagne à l’âge de treize ans, où il y a déjà, à travers l’écolier, du Chérubin et du libertin, une facilité courante et de la gaieté. […] Si Beaumarchais avait réellement écrit ces pages dès 1764, il était dès lors un écrivain et un metteur en scène consommé. […] Jusque-là, et si nous le prenons à son retour d’Espagne (1765), il n’avait rien écrit pour le public ; il va débuter, et ses premiers débuts ne sont pas heureux. […] Le soir de cette condamnation, le prince de Conti venait s’écrire chez Beaumarchais, et l’invitait à passer chez lui la journée du lendemain : « Je veux, disait-il dans son billet, que vous veniez demain ; nous sommes d’assez bonne maison pour donner l’exemple à la France de la manière dont on doit traiter un grand citoyen tel que vous. » Toute la Cour suivit l’exemple du prince et s’écrivit chez le condamné.
Franklin savait le français depuis longtemps ; il s’était mis à l’apprendre dès 1733, et lisait très bien les livres écrits en notre langue ; mais il la parlait avec difficulté, et ç’avait été un obstacle à ce qu’il connût mieux la société française dans ses voyages de 1767 et de 1769. […] Peu à peu toutefois il s’acclimate ; les petites plaisanteries diminuent, la légère ironie cesse, et, après une année ou deux passées en France, il est tout à fait conquis à l’esprit général de notre nation : Je suis charmé, écrit-il à M. […] Monsieur, J’ai reçu la lettre que tous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 2 courant, dans laquelle, après m’avoir accablé d’un déluge de compliments que je ne puis jamais espérer de mériter, vous me demandez mon avis sur votre traduction d’un vers latin qui m’a été appliqué. […] Je vous conseillerai donc de ne pas essayer de déchaîner le tigre, mais de brûler cet écrit avant qu’il soit lu d’aucune autre personne : par là vous vous épargnerez à vous-même beaucoup de mortification de la part des ennemis qu’il peut vous susciter, et peut-être aussi beaucoup de regret et de repentir. […] Lord Shelburne lui avait adressé son fils lord Fitzmaurice ; et, à la seconde visite, Franklin écrit dans son Journal (27 juillet 1784) : Lord Fitzmaurice vient me voir.
Écrire comme on pense, modeler son style sur les choses, les bons esprits en viennent là d’ordinaire en avançant ; mais M. […] Il serait piquant d’écrire, en regard de cette page de jeunesse, le résumé de son budget de ces années (1832-1834) concernant les embellissements de Paris. […] Thiers faisait ses premières armes ; alors, comme aujourd’hui, on était fort tenté, au début, d’écrire sur toutes sortes de sujets. […] Royer-Collard), avaient, dès leur avénement, les ordonnances écrites sur le visage. […] On reproduit ici ce Post-Scriptum qui parut à la suite de l’article précédent et qui fut écrit sous l’impression d’une première lecture.
Le nombre s’est fort accru depuis, et en février 1847 on écrivait de Padoue que le comte Léopold Ferri venait de mourir en cette ville, laissant une bibliothèque unique en son genre, exclusivement composée d’ouvrages écrits par des femmes en toutes langues et de tout pays : « Cette bibliothèque, disait-on, forme près de trente-deux mille volumes. » Dorénavant, il ne faudra plus essayer de compter. […] Il a écrit en français un petit traité intitulé Méthode pour commencer les humanités grecques et latines, qui est le résumé de son expérience et qu’il faut mettre à côté des écrits de Messieurs de Port-Royal en ce genre. […] Un lecteur attentif et sagace a pris soin de noter dans les divers écrits de Mlle Le Fèvre et de M. […] Dacier un reproche grave d’avoir écrit : « Ma lettre vous apprendra que ma femme et moi sommes très bons catholiques. […] Ce n’est pas pour les doctes qu’elle écrit, c’est pour ceux qui ne lisent point original et auxquels cette connaissance sublime est fermée.
Il était, du reste, dans les meilleures conditions quand il écrivait ce récit : à côté de l’Académie sans en être encore, et dans la confidence des témoins les mieux informés. […] D’Olivet, dans le morceau fort estimable qu’il a écrit pour continuer celui de Pellisson, raconte simplement et strictement les faits essentiels, mais il est sobre d’agrément. […] Louis XIV était mort, son testament déchiré, ses traditions déjà jetées au vent ; un membre de l’Académie s’avise d’écrire du grand roi ce que beaucoup déjà en pensaient. — Il révolte, — qui ? […] En peu de temps, à la vérité, elle fit d’étonnants progrès, ainsi que nous le voyons par les écrits d’Amyot, pour la prose, et de Marot pour les vers ; mais, attentifs à leurs plus pressants besoins, les écrivains de ce temps n’allaient pas tant à polir notre langue qu’à l’enrichir » ; à propos de ce passage, M. […] [NdA] Boileau écrivait à Brossette qui lui avait parlé de l’Académie de Lyon (1700) : « Je suis ravi de l’Académie qui se forme en votre ville.
« J’ai fait une lieue ce matin, écrit-il à l’un de ses amis, dans les plaines de bruyères, et quelquefois entre des buissons qui sont couverts de fleurs et qui chantent. » Rien de tout cela chez Boileau. […] Racine lit, un jour, cette observation de Denis d’Halicarnasse, et vite il la communique à Boileau qui niait les termes prétendus vils et bas, reprochés par Perrault à Homère : « J’ai fait réflexion, lui écrit Racine, qu’au lieu de dire que le mot d’âne est en grec un mot très-noble, vous pourriez vous contenter de dire que c’est un mot qui n’a rien de bas, et qui est comme celui de cerf, de cheval, de brebis, etc. […] « Je me souviens, écrit Boileau à M. de Maucroix, que M. de La Fontaine m’a dit plus d’une fois que les deux vers de mes ouvrages qu’il estimait davantage, c’étaient ceux où je loue le roi d’avoir établi la manufacture des points de France à la place des points de Venise. […] cela est dit en quatre vers, que je veux bien vous écrire ici, afin que vous me mandiez si vous les approuvez : Mais aujourd’hui qu’enfin la vieillesse venue, Sous mes faux cheveux blonds déjà toute chenue, A jeté sur ma tête avec ses doigts pesants Onze lustres complets surchargés de deux ans. […] Daguesseau, l’abbé Renaudot, etc., etc., écrite par Valincour et publiée par Adry, à la fin de son édition de la Princesse de Clèves (1807). — Le fait est que Boileau, de bonne heure en possession du sceptre, passa la très-grande moitié de sa vie à converser et à tenir tête à tout venant : « Il est heureux comme un roi (écrivait Racine, 1698), dans sa solitude ou plutôt son hôtellerie d’Auteuil.
Morellet lui-même, quand il parle d’elle, est non pas un excellent peintre, mais un parfait analyste ; la main qui écrit est bien un peu lourde, mais la plume est nette et fine. […] On répète toujours que Thomas est enflé ; mais nous-mêmes nous sommes devenus, dans notre habitude d’écrire, si enflés, si métaphoriques, que Thomas relu me paraît simple. […] À peine monté sur le trône de Pologne, il lui écrivit : « Maman, votre fils est roi » ; et il la pria avec instance de le venir visiter. […] On a les lettres de Mme Geoffrin écrites de Varsovie, elles sont charmantes ; elles coururent Paris, et ce n’était pas avoir bon air dans ce temps-là que de les ignorer. Voltaire choisit ce moment pour lui écrire comme à une puissance ; il la priait d’intéresser le roi de Pologne à la famille Sirven.
Franklin a écrit ses Mémoires, qu’il n’a malheureusement point achevés. La première partie, adressée à son fils, fut écrite pendant son séjour en Angleterre, en 1774 ; il y donne son histoire détaillée et intime jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans. […] Montesquieu, dans les Lettres persanes, a parlé d’un de ces personnages au ton tranchant et absolu comme nous en connaissons encore : « Je me trouvai l’autre jour, écrit Rica à Usbek, dans une compagnie où je vis un homme bien content de lui. […] Il voit cependant quelques gens de lettres ; en composant, comme imprimeur, un livre sur la Religion naturelle de Wollaston, il a l’idée d’écrire une petite Dissertation métaphysique pour le réfuter en quelques points. […] Il y en a quelques-uns qui, écrits, peuvent sembler un peu enfantins ; il y en a d’autres agréables ; mais la plupart perdent à ne plus être sur sa lèvre à demi souriante. — En voici un, entre les deux, qui peut donner idée des autres : La dernière fois que je vis votre père, écrivait-il, vieux, à l’un de ses amis de Boston (le docteur Mather), c’était au commencement de 1724, dans une visite que je lui fis après ma première tournée en Pennsylvanie.
Il n’écrit pas la biographie minutieuse et suivie des Saints qu’il groupe dans son livre. […] Il s’est rappelé ces mots qu’il a écrits : « La moquerie domine en ce moment la littérature moderne, qui ne s’en doute pas. […] J’eusse aimé, par exemple, à lui voir entreprendre l’histoire des Stylites, qui paraît au bégueulisme de ce temps impossible à écrire, ne fût-ce que pour la lui voir jeter, après l’avoir écrite, à la face du inonde et de l’orgueil du monde écrasé ! […] Dans son livre, il ne l’a pas écrite, mais il y a touché de manière à nous faire croire qu’il était destiné à récrire. […] mais il faut en faire à l’Église, mais il faut qu’ils renaissent de l’admiration qu’ils inspirent, et c’est à ceux qui écrivent leur vie de l’inspirer !
Je ne vois guère dans le savant écrit du cheik qu’un point sur lequel nous soyons réellement en désaccord. […] Albert le Grand, Roger Bacon, Spinoza ont écrit en latin. […] Tout ce qui s’est écrit en latin n’est pas la gloire de Rome ; tout ce qui s’est écrit en grec n’est pas œuvre hellénique ; tout ce qui s’est écrit en arabe n’est pas un produit arabe ; tout ce qui s’est fait en pays chrétien n’est pas l’effet du christianisme ; tout ce qui s’est fait en pays musulman n’est pas un fruit de l’islam.
Par exemple, ceux des livres des anciens qui sont écrits sur des sciences dont le mérite consiste dans la multitude des connoissances, ne l’emportent pas sur ceux que les modernes ont écrit touchant ces mêmes sciences. […] Aucun d’eux n’hésite quand on lui demande s’il n’aimeroit pas mieux être traité par Hippocrate dans une maladie aiguë, même en supposant les connoissances d’Hippocrate, bornées où elles l’étoient quand il écrivit, que par le plus habile médecin qui soit aujourd’hui dans Paris ou dans Londres. […] C’est même avoüer qu’on est incapable d’écrire dans le goût des anciens, que de tâcher de les rabaisser. […] En effet, ces contemporains ne pouvoient point admirer les faux brillans et le stile hérissé de pointes des écrits de Seneque, qui annoncerent la décadence des esprits, tandis qu’ils continueroient d’admirer le stile noble et simple des écrivains du siecle d’Auguste.
Th…, n’écrivit jamais. […] Th… est resté pour moi, car son esprit me charmait, le type de l’écrivain qui n’écrit pas. […] Ne jamais écrire, dédaigner cela ; mais avoir écrit, avoir prouvé un talent net dans l’exposé d’idées nouvelles, et tout d’un coup se taire ? […] Vallette ne pouvait plus écrire ; s’il abandonnait ses fonctions actuelles, il se remettrait à écrire, immédiatement. […] Fontainas ont certainement été écrits dans une oasis.
Je ne voulais plus écrire que du roman et j’étais tout à l’Affaire Clémenceau. […] Durantin fût bien sûr que je la tiendrais pour écrire une pareille préface. […] Ces lettres sont écrites pour la plupart à Sainte-Beuve, à Taine, à MM. […] Dans la préface qu’il a écrite en tête de son livre, M. […] « J’écris à M.
Mais personne ne le lit aujourd’hui que pour apprendre comme il ne faut point écrire. […] On doit dire, il est vrai, pour sa justification, que ses lettres n’ont été écrites à personne ; qu’elles ne traitent ni de nouvelles ni d’affaires ; qu’elles ne sont proprement que des discours travaillés avec autant de soin que ses autres écrits ; qu’ainsi son imagination étoit moins à craindre & qu’il a pu se donner carrière, s’éloigner du ton des Bussy-Rabutin & des Sévigné, faire des ouvrages académiques plutôt que des lettres simples & ordinaires. […] Un religieux Manceau, dom André de saint Denis, auteur pitoyable, composa rapidement un petit écrit absurde, dénué d’esprit & de raison, mais très-bien conditionné pour les injures. […] On vit alors ce qu’on voit presque toujours dans les écrits polémiques, l’exagération des deux côtés. […] Il est impossible de rien écrire de plus bas, de plus indécent, de plus emporté.
On connoît ces quatre vers en réponse à d’autres de la fameuse mademoiselle Bernard qu’il aimoit, & dont il ne recevoit que des plaisanteries : Vous n’écrivez que pour écrire. […] Moi, qui vous aime tendrement, Je n’écris que pour vous le dire. […] Nicole écrivit contre lui, le traita d’empoisonneur des ames. […] On n’est point étonné que Racine ait mis deux ans pour écrire une pièce où il s’est surpassé lui-même, & qu’on peut regarder, ainsi que celle d’Athalie, comme le triomphe de la versification. […] Le duc fut encore retenu par la crainte de s’attirer l’indignation du roi, qui les avoit tout récemment choisis pour écrire l’histoire de son règne.
Pour mon compte, je maintiens qu’il n’y a qu’un catholique qui puisse écrire profondément et intégralement l’histoire de Philippe II et de son siècle, et encore un catholique assez fort (cherchez-le dans le personnel du catholicisme actuel et trouvez-le si vous le pouvez !) pour écrire la vérité, l’épouvantable vérité qui le désole, mais sans le faire trembler dans la moindre des incertitudes de sa foi. […] Quelques têtes éprises de la force, comme celle de Stendhal, par exemple, qui aimait mieux le brigandage que la civilisation, et qui avait rêvé d’écrire l’Histoire de l’énergie en Italie, peuvent, par amour de l’émotion, poétiser un temps où le danger et la mort étaient noblement au bout de tout ; mais il n’y avait pas au XVIe siècle que la palpitation héroïque, chère aux hommes de courage, il y avait, dans les mœurs, autant de corruption et de bassesse que d’atrocité. […] … L’Historien catholique, qui n’est pas venu, s’il était venu et s’il eût écrit une histoire du temps de Philippe II, était seul capable d’avoir cette plume-là. […] même sans la foi religieuse qu’il n’a pas, l’historien n’a point le droit de n’en pas tenir compte dans la vie des hommes dont il écrit l’histoire ; car cette foi religieuse, même inconséquente, même violée et faussée par les passions qui entraînent hors de Dieu, fût-ce dans les voies les plus scélérates, cette foi religieuse, tombée et ravalée jusqu’au fanatisme de Philippe II, par exemple, est encore une grande chose, qui grandit l’homme par le Dieu qu’elle y ajoute, et qui, s’imposant au moraliste dans l’historien, doit le forcer à s’occuper d’elle.
Nous avons, sur le simple titre de l’ouvrage, ressenti une forte et involontaire sympathie pour un homme qui, par ce temps de civilisation économique, écrit un livre sur les vieux iarls scandinaves, les pères oubliés des éleveurs de la vallée d’Auge et des herbagers du Cotentin. […] Ce qu’il a écrit, il ne l’a pas tracé en vue des beautés essentielles à cette histoire trop ignorée et qui devraient tenter un peintre. […] du poète comique, semble avoir été écrit pour cette école, dont Labutte, obscur disciple, est le soldat zélé et un peu perdu. […] il est bien évident que de telles manières de s’exprimer et d’écrire impliquent des manières de regarder et de voir entièrement à l’envers du temps qu’on veut peindre. […] Les ducs de Normandie peuvent n’intéresser que quelques Normands comme celui qui écrit ces lignes, lequel voudrait que sa province eût enfin l’histoire qui lui manque et dont les matériaux n’attendent que la main qui doit les soulever.
Tout le monde y cherchait son nom, et de plus elles étaient écrites avec toutes les grâces d’un talent qui a la légèreté des dentelles que portaient nos grand’mères, et qui, comme les dentelles, semblent avoir gagné en vieillissant. […] Car voilà le mot qu’un tel livre nous oblige d’écrire ! […] Et les lettres qu’on lui attribue sont-elles bien écrites de sa main ? […] Nous n’en tenons pas moins pour certain que la femme qui écrivit de pareilles lettres n’appuya jamais son sein bouleversé contre les marches d’un autel. […] » écrivait Rousseau à d’Alembert.
Il écrit un livre pour la réfuter. […] Avant d’écrire ses mémoires, il les avait esquissés dix fois. […] Des négligences, des longueurs : cela a été écrit vite. […] Il y a deux manières de bien écrire, dont la première est de bien penser. […] Le lieu commun s’est transformé, et vingt vers agréables sont écrits.
Elle devait au moins m’écrire, et elle ne m’a pas écrit. […] Eût-il écrit les Châtiments s’il avait eu des rancunes moins tenaces ? […] C’est ce qui fait le charme et la portée de tout ce qu’écrit M. […] Gumplowicz, c’en serait assez pour le remercier de l’avoir écrit. […] Mais dès que l’on écrit !
Ecrirait-on muscadin, ou muscardin ? […] C’était aussi, purement pour un certain emploi du signe, et non pour le signe lui-même, que la pruderie mondaine, se souvenant de Montaigne, condamnait le mot besogne, que Balzac se refusait à biffer de ses écrits. […] Peu à peu l’Académie prit conscience de son rôle : elle entama l’examen des écrits de ses membres pour en tirer des règles et des exemples de l’emploi de la langue ; elle fit à Malherbe mort l’honneur d’examiner certaines de ses odes. […] « Si félicité n’est pas français, écrivait Chapelain, il le sera l’année prochaine : M. […] Vaugelas, très positif et très utilitaire, donne toute autorité à l’usage des honnêtes gens, puisqu’après tout, la langue ainsi constituée ne doit servir qu’aux honnêtes gens pour causer ou pour écrire.
Aujourd’hui… nous savons de quelle encre on écrit les billets doux ! […] J’avais vu des lignes aimables et ironiques de Maxime Gaucher sur un de ses écrits. […] Hervieu savait voir, savait écrire, savait sourire, et ne « s’épatait » pas. […] D’abord Hervieu a tenté le grand roman après n’avoir écrit que des petits. […] Camille Lemonnier, dans L’Arche, avait déjà écrit le roman de braves gens heurtés par la vie.
Or la musique religieuse peut être fort utile ici, puisque nous nous piquons d’écrire un livre religieux. […] La femme qui vient d’écrire ce livre du Retour du Christ n’est peut-être pas sans croyance, mais elle a un style de Lélia convertie qui n’a pas oublié son ancien langage. […] L’Imitation de Jésus-Christ, écrite dans une cellule, était originairement un livre de cloître ; et d’ailleurs, le religieux qui l’écrivit avait dans la pureté de sa doctrine et de sa foi une garantie de la pureté de sa prière. […] Cette doctrine américaine, qui a déjà un pied en France, si elle n’en a pas deux, serait-elle la doctrine du bas-bleu convulsif qui a écrit l’Appel aux femmes ? […] Et pourtant, au moment où il ose écrire cela, et de la même plume, voilà que M.
C’est un écrivain élégant, pur et coloré, qui, par parenthèse, nous a donné la meilleure traduction qu’il y ait de lord Byron dans notre langue, et qui, si nous en jugeons par sa manière d’écrire, a le sens très développé des choses littéraires. […] Son imagination grise et froide n’en reçoit ni la chaleur ni le reflet, et par la nature gourde de son esprit, comme dirait Montaigne, il est condamné au triste rôle d’écrire des gaités sans gaîté, le plus fatigant des esclavages ! […] Si le mot est vrai qu’« il n’est pas de héros pour les valets de chambre », on dirait le livre de Tallemant écrit sur le rapport de laquais qui ont écouté aux portes et qui l’auraient renseigné. […] Mais il est bien probable que le livre qu’il écrivait tous les soirs et dont le mystère transpira, sans nul doute, dans les indiscrétions de ses amis, l’investit d’une certaine importance personnelle. […] Il écrit partout dans son livre : les gens du peuple et les gens du monde comme si les gens du peuple n’étaient pas du monde, et les gens du monde n’étaient pas du peuple !