Le cas n’est pas castillan, il est humain : et ainsi en sera-t-il dès lors de toute tragédie : grecque, ou asiatique, ou romaine, elle n’aura en réalité qu’un objet et qu’un modèle : l’homme.
C’est que l’Académie ne garantit point contre les inconvénients de la vieillesse… Et encore ils sont bien trente sur quarante qui sont à peu près valides, et vingt qui ont un physique présentable, et trois ou quatre qui ont de beaux profils romains. — Il est absurde et scandaleux qu’une compagnie proprement littéraire et qui, par définition, doit compter « dans son sein » les meilleurs écrivains du temps, soit à ce point encombrée de médiocrités, et il y a pas mal de ces bonshommes à qui on aurait envie de fourrer dans les narines les branches de persil qu’ils portent sur leur collet ?
Exemples : le christianisme dans l’empire romain ; le socialisme de nos jours dans l’Europe entière. — L’intégration ainsi entendue rend-elle les individus plus libres et plus heureux ?
On dirait un augure romain persiflant la Sibylle de Cumes.
C’est la noble science de Machiavel et de Montesquieu, quand ils ont traité, tous les deux, des Romains.
Cette petite fleur qu’il vous montrait sèche à peine, il l’avait cueillie l’autre matin en revenant de la villa Diodati ; ce tableau qu’il vous décrivait, il l’avait vu hier dans le palais d’un prince romain.
Ayant à raconter la campagne de 1679, où le Grand Électeur chassa, en plein hiver, les Suédois qui avaient envahi la Prusse, il dira : « La retraite des Suédois ressemblait à une déroute ; de seize mille qu’ils étaient, à peine trois mille retournèrent-ils en Livonie, ils étaient entrés en Prusse comme des Romains, ils en sortirent comme des Tartares. » Il a de ces mots qui résument tout un jugement sur les hommes et sur les nations.
Les Institutes sont un livre excellent et le seul que je voudrais que l’on conservât du droit romain : car, hors ce livre qui est très bon pour fortifier le sens commun, hors les ordonnances et les coutumes qu’il serait utile de réduire à une seule pour toute la France, si cela se pouvait, de même que les poids et les mesures, je crois qu’il faudrait brûler tous les autres livres de jurisprudence, Digestes, Codes avec leurs commentaires, et particulièrement tous les livres d’arrêts, n’y ayant point de meilleur moyen au monde pour diminuer le nombre des procès.
Telle est cette gracieuse peinture qui ressemble si bien elle-même à un bas-relief antique, et qui nous montre que, si Courier avait été de l’expédition de Mummius à Corinthe, il eût certainement été de cœur pour les Corinthiens contre les Romains.
Le public a vainement essayé de le suivre dans les différents siècles, dans les différentes régions du globe ; il nous a fait passer en revue les Druides, les Gaulois, les Romains, César, les Francs et les Saxons, Clovis, Louis XIV.
C’est en Italie qu’il faudrait faire des recherches : jamais on ne vaincra les Romains que dans Rome.
* * * — On parlait aujourd’hui d’une grande dame de la société romaine, qui faisait essayer ses confesseurs par sa femme de chambre.
On étonnerait fort Solon, fils d’Exécestidas, Zenon le Stoïcien, Antipater, Eudoxe, Lysis de Tarente, Cébès, Ménédème, Platon, Épicure, Aristote et Epiménide, si l’on disait à Solon que Ce n’est pas la lune qui règle l’année ; à Zenon, qu’il n’est point prouvé que l’âme soit divisée en huit parties ; à Antipater, que le ciel n’est point formé de cinq cercles ; à Eudoxe, qu’il n’est pas certain qu’entre les Égyptiens embaumant les morts, les Romains les brûlant et les Pæoniens les jetant dans les étangs, ce soient les Pæoniens qui aient raison ; à Lysis de Tarente, qu’il n’est pas exact que la vue soit une vapeur chaude ; à Cébès, qu’il est faux que le principe des éléments soit le triangle oblong et le triangle isocèle ; à Ménédème, qu’il n’est point vrai que, pour connaître les mauvaises intentions secrètes des hommes, il suffise d’avoir sur la tête un chapeau arcadien portant les douze signes du zodiaque ; à Platon, que l’eau de mer ne guérit pas toutes les maladies ; à Épicure, que la matière est divisible à l’infini ; à Aristote, que le cinquième élément n’a pas de mouvement orbiculaire, par la raison qu’il n’y a pas de cinquième élément ; à Epiménide, qu’on ne détruit pas infailliblement la peste en laissant des brebis noires et blanches aller à l’aventure, et en sacrifiant aux dieux inconnus cachés dans les endroits où elles s’arrêtent.
Hébert le présenta à un de leurs compatriotes du Dauphiné, Mgr Termoz, prélat romain, esprit fin et distingué, de manières douces et charmantes.
Ajoutez à ces causes la dépravation des mœurs, ce goût effréné de galanterie universelle qui ne peut supporter que les ouvrages du vice, et qui condamnerait un artiste moderne à la mendicité, au milieu de cent chefs-d’œuvre dont les sujets auroient été empruntés de l’histoire grecque ou romaine.
Nous savons aujourd’hui que non seulement l’idéal varie selon les groupes humains, mais qu’il doit varier ; celui des Romains n’était pas le nôtre et ne devait pas être le nôtre, et l’échelle des valeurs change parallèlement.
Schaunard, Rodolphe, Marcel, Colline, ne sont ni des d’Arthez, ni des Lousteau, ni des héros de tragédies romaines, ni-des sacripants de boudoir. — Ils pensent et ils sentent, ils sentent surtout.
Dit-on que les sujets grecs ou romains sont épuisés ?
Saint-Bonnet, — pour qui, depuis des années, je brûle vainement dans les journaux l’amadou de mes pauvres articles, sans avoir jamais pu allumer la torche à laquelle il a droit et qui devrait marcher devant lui comme la flûte devant le triomphateur romain, — Saint-Bonnet, l’auteur de l’Unité spirituelle, de la Restauration française, de l’Infaillibilité, de l’Affaiblissement de la Raison en Europe, de la Légitimité, de la Chute, etc., n’a pas (comme vous le voyez) que ce livre de la Douleur au riche budget de ses œuvres· Malheureusement, ces œuvres, qui devraient éclater de gloire, n’ont pas fait le bruit de la moindre sottise, et c’est nonobstant appuyé sur elles qu’il reste tranquillement, attendant patiemment la Postérité.
On pourrait l’ôter, ce magot de bric-à-brac, de sa pagode de porcelaine, et le mettre dans un bocal d’esprit de vin pour l’apporter en Europe, sans que ce fût un grand remue-ménage ; mais le pape de l’Église Romaine, essayez seulement, comme à l’heure présente, de vouloir l’ôter de la petite place qu’il occupe, et l’univers est ébranlé jusqu’à ce qu’il l’ait reprise !
Après avoir suivi le genre des éloges chez les peuples barbares, ou ils n’étaient que l’expression guerrière de l’enthousiasme qu’inspirait la valeur ; chez les Égyptiens, où la religion les faisait servir à la morale ; chez les anciens Grecs, où ils furent employés tour à tour par la philosophie et la politique ; chez les premiers Romains, où ils furent consacrés d’abord à ce qu’ils nommaient vertu, c’est-à-dire, à l’amour de la liberté et de la patrie ; sous les empereurs, où ils ne devinrent qu’une étiquette d’esclaves, qui trop souvent parlaient à des tyrans ; enfin, chez les savants du seizième siècle, où ils ne furent, pour ainsi dire, qu’une affaire de style et un amas de sons harmonieux dans une langue étrangère qu’on voulait faire revivre ; il est temps de voir ce qu’ils ont été en France et dans notre langue même.
Son biographe nous montre qu’« il a été accessible à tous les sentiments humains et délicats, à l’amour sous toutes ses formes, depuis celui des sens jusqu’au plus désintéressé et au plus pur. » Il aimait tendrement sa famille ; cette affection si naturelle était malheureusement assez rare parmi les Romains de son temps pour qu’on puisse la signaler chez lui à son honneur. […] Il n’a pas réellement pris parti dans les grandes querelles qui armaient alors Romains contre Romains, parents contre parents. […] Il y avait dans la société romaine un fond de barbarie avec une grande affectation d’élégance extérieure. Une paysanne qui pourrait tout à coup se parer à sa guise mettrait sur elle beaucoup plus d’ornements et de bijoux qu’une femme du monde ; c’est l’image de la société et de la poésie romaines, au sortir de l’ancienne rusticité et avant l’époque d’Auguste. […] Tout ce qu’on peut faire est d’en citer quelques fragments réussis ; en voici un assez beau sur les dieux de la Grèce, mais l’écrivain, par une distraction étrange de la part d’un antiquaire aussi minutieux, leur a laissé les noms romains qu’on leur donne dans l’Université de France et au théâtre de la Gaîté : Ils se penchaient du haut des nuages pour conduire les épées ; on les rencontrait au bord des chemins, on les possédait dans sa maison ; — et cette familiarité divinisait la vie.
d’avoir au besoin, sur la question romaine ou sur la liberté d’enseignement, une opinion qui diffère de celle de l’auteur de l’Âne ; — et de l’exprimer ? […] Nous ne les respectons pas assez… Voyez les Romains… mon Dieu ! les Romains n’étaient pas des anges plus que nous ; mais quand ils avaient des fantaisies d’amour poétiques et dramatiques, ils n’y mêlaient pas leurs femmes, il y avait de belles esclaves grecques élevées pour cela ; quant à leurs femmes, ils les traitaient comme des saintes, et il en résultait qu’elles étaient en effet des saintes. […] Renan, et voici textuellement sa réponse : « Pour un esprit philosophique, c’est-à-dire pour un esprit préoccupé des origines, il n’y a vraiment dans le passé de l’humanité que trois histoires de premier intérêt : l’histoire grecque, l’histoire d’Israël, l’histoire romaine. […] Dans cette formation lente et successive, quelle a été la part des Gaulois, des Romains, des Germains ?
Ils n’ignorent pas que le poète salué, il y a trois ans, comme le régénérateur de la scène française, est demeuré bien loin de l’historien romain ; que Tite-Live, malgré sa passion bien connue pour l’amplification, a trouvé pour raconter la mort de Lucrèce des accents pathétiques, émouvants, une rapidité, une simplicité de parole que le poète n’a pas réussi à faire passer dans ses vers. […] Sans avoir pâli sur les légendes romaines, sans avoir pris parti pour Niebuhr contre Tite-Live, ou pour Tite-Live contre Niebuhr, il est permis d’affirmer que l’unité de couleur manque généralement dans la première tragédie de M. […] Reste à savoir si ces qualités qui ont suffi au succès d’une tragédie romaine pouvaient suffire au succès d’une fable dramatique prise dans l’histoire de la France au moyen âge. […] Je sais bien que toutes ces qualités, envisagées d’une façon générale, ne sont pas moins nécessaires dans une tragédie romaine que dans une tragédie empruntée à l’histoire du moyen âge ; mais l’expérience a montré que la foule, toutes les fois qu’il s’agit d’un sujet consacré par une longue tradition, s’attache plus à la forme qu’au fond, et fait bon marché du mouvement et de la vie, pourvu que les vers soient harmonieux, pourvu que la période ait du nombre, que les images soient habilement assorties. […] Toutes les tirades où Philippe parle avec emphase de l’unité politique et législative de la France, du droit romain et de l’université, de la séparation des pouvoirs spirituel et temporel, ont été accueillies avec une joie, un ravissement que le bon sens ne saurait amnistier.
Ses lectures sont d’un homme instruit et d’un esprit critique, qui songe peu à se divertir où à s’enflammer, mais qui apprend et qui juge : Virgile, Ovide, Horace, Juvénal, Perse, voilà ses auteurs favoris ; il en traduit plusieurs, il a leurs noms sans cesse sous la plume ; il discute leurs opinions et leur mérite, il se nourrit de cette raison que les habitudes oratoires ont imprimée dans toutes les œuvres de l’esprit romain. […] Dès sa seconde pièce696, l’abondance des idées serrées, l’énergie et la liaison oratoire, la simplicité, le sérieux, le souffle héroïque et romain annoncent un génie classique, parent non de Shakspeare, mais de Corneille, capable non de drames, mais de discours. […] Sauf une scène d’injures, son Octavie est une matrone romaine, et quand, jusque dans Alexandrie, jusque chez Cléopatre, elle vient chercher Antoine, elle le fait avec une simplicité et une noblesse qu’on ne surpassera pas. « La sœur de César !
Arrivé dans la forêt de Teutobourg, dans ces lieux témoins de la victoire d’Arminius, le poète, en bon germain, se félicite d’un si heureux triomphe et passe en revue tout ce qui serait arrivé si l’Allemagne était devenue romaine. […] si les mœurs romaines s’étaient établies dans la Germanie vaincue, que de choses seraient différentes. […] R. ne serait pas un polisson allemand, ce serait un polissonnius romain, et les poésies de Freiligrath vaudraient celles d’Horace.
Il a écrit, en effet, une Statistique de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, une Statistique générale de France, une Statistique de l’Espagne, sans compter une Statistique des peuples de l’antiquité, Égyptiens, Hébreux, Grecs, Romains et Gaulois. […] « La société romaine, au temps de l’empire romain, produisait peu d’enfants ; elle en arrivait à ne plus mettre sur pied de soldats nationaux. […] Rattachant les effets aux causes, le critique qui examine cette société de ce point de vue général, conclut que l’entente savante du plaisir, le scepticisme délicat, l’énervement des sensations, l’inconstance du dilettantisme ont été les plaies sociales de l’empire romain et seront, en tout autre cas, des plaies sociales destinées à miner le corps tout entier. […] L’Église catholique romaine, si longtemps titulaire et maîtresse du gouvernement des consciences, a compris elle-même quelquefois, que l’immobilité est une cause et un signe de mort, que les « variations » dans l’attitude, dans le discours, jusque dans la doctrine ne doivent pas, malgré l’autorité de Bossuet, être considérées comme des scandales. […] Il regrettait de n’être pas un César sanguinaire de la décadence romaine, un gladiateur dans le cirque.
Corneille, à la cour du roi Prusias, demeure, toujours et quand même, un vieil hidalgo romain, mêlé de Don Quichotte et de Cincinnatus. […] Ainsi, non seulement Attale, le prince bithynien, a été élevé par le Sénat, et cet ambassadeur est un ambassadeur romain, mais encore Prusias est romain par crainte, comme Arsinoé par tendresse maternelle. […] Corneille lui a donné une âme romaine. […] Encore une fois, demandez à la Critique contemporaine qui a, pour empêcher un livre, quelque chose de bien plus sûr que l’Index romain : le silence. […] Aussi fit-il bravement, ouvertement, des Grecs et des Romains qui sont des seigneurs français.
Chateaubriand a donc raison quand il croit que dans les peintures qu’ont faites les artistes du xviie siècle de l’âme antique, il y a des traces, et nombreuses, de leur manière de sentir Mais il n’a raison qu’en partie, précisément parce que les hommes dont il nous entretient sont de très grands artistes, qui ont su, sinon complètement, je l’accorde, du moins avec une extraordinaire puissance, se transformer en ceux-là mêmes qu’ils voulaient peindre, et devenir espagnols pour nous faire le Cid et romains pour nous faire Horace ; de telle sorte, ce qui gêne bien la théorie de Chateaubriand, qu’ils s’y sont montrés plus espagnols et plus romains qu’un Romain ou un Espagnol sans génie n’aurait pu être. […] Et ce n’est rien encore auprès des Martyrs ; il y a là Grèce antique, Rome antique, Rome chrétienne, Gaule, Pays-Bas, Armorique, Paris au ive siècle, Gaulois, Francs, Grecs, Romains. […] Et dès lors arrivent et se pressent tous ces tableaux merveilleux et si variés du maître des peintres : le Colysée formidable, les catacombes pleines d’une horreur sacrée, la Messénie rêveuse et douce, éclairée d’une lune de Virgile, les horizons bas et plats de la Germanie, le camp romain grave et triste, la prison chrétienne frémissante de l’ivresse du martyre, la plèbe romaine aux clameurs sourdes poussant au pied du tribunal ses remous terribles ; et le lac hanté, inquiétant et sombre, dans la forêt druidique ; et la vierge naïve, simple, au regard droit, qui vient de quitter une pompe des Panathénées ; et la vierge à la faucille d’or, violente et fanatique, aux yeux sombres, Circé qui s’enchante elle-même et s’enivre d’un amour amer, comme d’un philtre et d’un poison. […] Il nous peint, dans un camp, à l’aube, le centurion « se promenant devant les faisceaux d’armes en balançant son cep de vigne, la sentinelle immobile qui, pour résister au sommeil, tient un doigt levé dans l’attitude du silence, le victimaire qui puise l’eau du sacrifice », et, pour l’effet de contraste, « un berger appuyé sur sa houlette qui regarde boire son troupeau. » Tout le dénombrement des deux armées (Martyrs, VI) avec « les vexillaires distingués par une peau de lion qui leur couvre la tête et les épaules ; les chevaliers romains au casque d’argent surmonté d’une louve de vermeil, à la selle ornée d’ivoire et de pourpre » ; avec les Francs « parés de la dépouille des ours, des veaux marins et des urochs, leurs anneaux de fer au bras », et derrière eux leur camp retranché « avec des bateaux de cuir et des chariots attelés de grands bœufs. » tout ce tableau pittoresque, d’une nouveauté extraordinaire en France, est fait simplement d’exactitude et de couleur locale vraie répandue sans profusion. […] Le poète ayant prêté à Byron, ou à Harold, une apostrophe dédaigneuse à l’adresse de l’Italie : Je vais chercher ailleurs (pardonne, ombre romaine !)
Nous le tenons de nos aïeux du grand siècle, qui le tenaient des Romains, qui des Grecs, qui… — des Dieux, sans doute. — Méditez leur exemple, ô classiques d’imitation ! […] Moréas autoriser de son exemple toutes les lâchetés et toutes les redites, comme après l’alexandrinisme et sous les derniers empereurs romains… Si son « roi » revenait, ce ne serait pas, j’imagine, pour gouverner comme gouvernait le « grand roi » ? […] M. Jules Romains enfin, le plus volontaire de tous, qui a mené à bien un poème aussi long et aussi construit que la Vie unanime 89, de quelle forme croyez-vous qu’il se sert ? […] M. Jules Romains. […] M. Jules Romains, auteur de l’Armée dans la Ville, de M.
Il n’y était pas encore, quand il parlait de Pétrone et de César, et quoiqu’il y ait dans le ton dont il disserte de ces fameux Romains un faux air de Clélie, il s’y trouve une connaissance incontestable du fond des choses et du caractère des personnages. […] Cette victoire eût décidé de l’empire romain.
Thiers n’a ni le style athénien de Thucydide, ni le style romain de Tacite, ni le style biblique de Bossuet, ni le style italien de Machiavel, ni le style français de Montesquieu, et que, quand on vient de lire une page de bronze historique de ces suprêmes artistes de la plume, on croit descendre un peu trop l’échelle de l’art d’écrire en lisant les pages de l’Histoire du Consulat et de l’Empire. […] Cet homme, Toscan d’origine comme Machiavel et comme Mirabeau, avait véritablement sa racine dans le tuf antique et romain.
Évêque d’Autun, débris de ville romaine caché dans les forêts de la Bourgogne, le jeune prélat dédaignait son siège épiscopal, répugnait à l’autel, et vivait à Paris au sein de la dissipation et des plaisirs, dans lesquels la plupart des ecclésiastiques de son âge et de son rang consumaient les immenses dotations de leurs églises. […] Nous avons entendu nous-même ce récit, à la fois pastoral et romain, du temps des proscriptions, de la bouche de cette belle matrone française, devenue, après la restauration, ambassadrice de France auprès d’une grande cour de famille.
Si elle n’avait pas eu d’autre mission que de renverser l’empire romain et de créer, d’organiser un monde nouveau, elle serait tombée depuis longtemps. Mais comme elle est restée debout, forte et solide, j’ai la conviction qu’elle a encore une autre mission, et cette mission sera plus grande que celle qu’elle a accomplie lorsqu’elle a détruit l’empire romain et donné sa forme au moyen-âge, plus grande en proportion même de la supériorité de sa civilisation actuelle sur la civilisation du passé.
Ce lieu fut Rome, pour le monde romain, puis pour le monde impérial et papal. […] Paris a cru prendre la succession romaine et ç’a été le rêve de quelques années.
La littérature latine suivit un développement pareil à celui des lettres grecques, moins littéraire seulement, jusque le jour où la Grèce imposa aux Romains le désir de continuer son art. […] Tite Live est éloquent, doué de cette vertu nouvelle, que les Romains nous montrèrent, et que je crois le début d’une littérature spéciale, purement musicale.
Et malgré son adultère avec l’Arès grec, on la voit mieux encore que sur le Mars romain de Lucrèce, « mollement répandue » — circumfusa super — sur le corps de fer du rude artisan ; car ce sont ses caresses qui insinuent à ses doigts nerveux les reliefs exquis et les contours délicats qu’il imprime ensuite à ses œuvres. […] Zeus put dire d’Encelade et de Briarée, ce qu’un César romain dit de son frère égorgé par lui, et admis ensuite à l’apothéose.
Elle ressemble à ces sectes de philosophes anciens, qui, après avoir été en public au temple, donnaient en particulier des ridicules à Jupiter ; avec cette différence que les philosophes grecs et romains étaient forcés d’aller au temple, et que rien n’oblige les nôtres à offrir d’encens à personne. […] Les Romains disaient : du pain et des spectacles ; qu’il serait à désirer que tous les gens de lettres eussent le courage de dire : du pain et la liberté !
Et Belli, le poète romain, a écrit plus de deux mille sonnets dialogués, dont la plupart sont vraiment dramatiques. […] — Et les principes directeurs offrent une probabilité du même genre : le christianisme, qui fut un élément essentiel du moyen Âge, semble étranger au principe de la Renaissance et à celui de la Révolution ; en théorie, oui ; dans la pratique, il a gardé une importance considérable, non seulement en ce qu’il a d’éternellement vrai, mais aussi en ce que ses dogmes ont de suranné et d’inhumain : l’Église romaine commande encore à des millions de consciences ; la notion chrétienne du Mal trouble encore notre morale et même notre droit pénal ; bien plus : l’intolérance haineuse des « libres penseurs » est elle-même une action du christianisme qui entrave ainsi l’évolution de cette humanité qu’il avait jadis délivrée.
Parlant de l’impression que cause sur place la vue du Forum contemplé du haut des ruines du Colisée, et se laissant aller un moment à son enthousiasme romain, il craint d’en avoir trop dit et de s’être compromis auprès des lecteurs parisiens : « Je ne parle pas, dit-il, du vulgaire né pour admirer le pathos de Corinne ; les gens un peu délicats ont ce malheur bien grand au xixe siècle : quand ils aperçoivent de l’exagération, leur âme n’est plus disposée qu’à inventer de l’ironie. » Ainsi, de ce qu’il y a de la déclamation voisine de l’éloquence, Beyle se jettera dans le contraire ; il ira à mépriser Bossuet et ce qu’il appelle ses phrases.
Et il s’y mêlait une sorte d’accompagnement patriotique, lorsque, célébrant le triomphe de la patrie romaine contre cette Cléopâtre qui, du haut de ses vaisseaux, avait osé menacer le Capitole, et qui fuyait à son tour, qui fuyait comme une femme, mais qui savait mourir comme une reine, le poète s’écriait : Et sans daigner chercher quelque houleux asile, Elle a voulu périr, d’un visage tranquille, Sur son trône ébranlé.
Il était pourtant toujours sous une impression de terreur et d’effroi : cette impression accablante ne cessa soudainement qu’un jour que, lisant l’Écriture, son regard s’arrêta sur un verset de la troisième épître de saint Paul aux Romains.
» Envoyée prisonnière à Niort, on essaya d’agir sur elle dans le cours de l’année suivante pour lui faire écrire à M. de Rohan de rentrer dans le devoir ; on mit en avant des tiers, qui, sans employer le nom du roi, l’exhortaient comme d’eux-mêmes et comme s’ils étaient mus par la seule considération de son intérêt et de celui de ses enfants : « Mais cette femme maligne jusques au dernier point, dit Richelieu, ne voulut jamais condescendre à s’y entremettre par lettres, disant pour prétexte que ce n’était pas un moyen assez puissant et qu’il fallait qu'elle y allât elle-même, ce que Sa Majesté refusa, sachant qu’elle ne le désirait que pour rendre le mal plus irrémédiable, et affermir son fils et ceux de son parti dans la rébellion jusqu’à l’extrémité. » Telle était cette mère invincible, qui portait dans la défense de sa foi l’âme des Porcia, des Cornélie, et des anciens Romains.
Les vieux commissaires des guerres disaient que c’était parce que je sortais du collège, et que j’avais lu que les Romains donnaient ainsi le blé à leurs légions.
Vatel, avocat à Versailles, vient de rechercher et de réunir, sur cette fille à l’âme romaine, tout ce qui peut se désirer de pièces et documents originaux, dossiers du procès, fac-similé, portrait56.
Elle affectait l’esprit romain, et moi je l’eus toujours romanesque ; cela se tenait d’assez près.
M. de Lévis, qui ne fit que la connaître en passant, a recueilli d’elle, pour les avoir vues encadrées dans la chambre d’une personne qui en faisait sa méditation quotidienne, une suite de Maximes qui sont tout un code de morale mondaine et de sagesse féminine, — pas trop féminine pourtant, car il y en a dans le nombre quelques-unes de viriles, et même d’un peu romaines ; voici au complet ce petit manuel de bienséance et de stoïcisme : « Dans la conduite, simplicité et raison.
Entendant louer toujours la campagne romaine avec ses riches teintes, il avouait ingénument que ce genre de beauté pittoresque échappait tout à fait à ses yeux, « pour lesquels le rayon rouge n’existait pas. » Mais soit qu’il en fût autrement pour lui dans la jeunesse, soit que l’amour-propre du colon et du propriétaire aiguisât sa vue et suppléât à son organisation, il a su nous rendre parfaitement ce qu’il regardait tous les jours, et il s’y est glissé un éclair de poésie ou de sentiment de la nature qu’il n’a jamais retrouvé depuis.
Raphaël et Poussin ont donné aux personnages hébreux des costumes romains : ont-ils bien fait ?
Coulmann a une nature morale assez riche, et c’est assurément un homme d’esprit ; mais son pinceau est mou ; on voit bien qu’au collège il se plaisait à lire en allemand les romans d’Auguste Lafontaine auxquels il avait collé un titre d’ Histoire romaine pour mieux tromper le maître d’étude.
Ils méritent d’être donnés en entier et sont le plus éloquent commentaire de ce qu’a raconté de ce Concile national M. d’Haussonville au tome iv de l’Église romaine sous le premier Empire « (La Chesnaie, 1811.) — Gratien arrive et me remet tes paquets. — Comme la Providence se joue des passions humaines et de la puissance de ces hommes qu’on appelle grands !
On était alors par toute l’Europe dans une effervescence sociale et morale qui n’a d’analogue qu’en certaines époques romaines : « Les femme s de haut lieu et de grand nom, disait Sénèque, comptent leurs années non par les consulats, mais par les mariages ; elles divorcent pour se marier, elles se marient pour divorcer88. » Benjamin, dans ses lettres à madame de Charrière, dans celles de la fin, sur lesquelles nous n’avons fait que courir, parle fréquemment de cette femme et de plusieurs autres encore ; suivant son incurable usage, il ne pouvait s’empêcher de persifler, de plaisanter de l’une ou des unes avec l’autre.
Cornélia est une belle et jeune comtesse romaine qui s’est éprise d’amour pour Ernest ; Ernest lui a loyalement avoué qu’il ne pouvait lui accorder tout son cœur, et Cornélia n’a pas cessé de l’aimer.
Nous sommes arrivés à une période qui ressemble, sous quelques rapports, à l’état des esprits au moment de la chute de l’empire romain, et de l’invasion des peuples du Nord.
Craignez, Romains, craignez que le Ciel quelque jour Ne transporte chez vous les pleurs et la misère.
Soutenez encore l’équivalence artistique de Sparte et d’Athènes, des Romains et des Grecs, et vous entendrez quel éclat de rire saluera ce paradoxe.
Et dès lors, avec les Romains et les Grecs ressuscités, Allemands, Italiens, Espagnols, Anglais, ensemble ou isolément, tantôt en lutte et tantôt agissant dans le même sens, tour à tour en hausse Ou en baisse, mêlent quelque chose d’eux-mêmes à notre originalité nationale et la prédominance des uns ou des autres donne une teinte particulière à chaque époque de notre littérature.
Vesta reste l’aïeule immémoriale et auguste de l’Olympe romain.
Un cardinal romain n’y aurait pas mis plus de politique, plus d’habileté fine et douce, qu’elle n’en dépensa durant trente ans.
Saint-Évremond ne croit en rien à l’avenir, et toutes ses espérances, comme tous ses bonheurs, se terminent pour lui au moment prochain ou présent : « Je n’ai pas en vue la réputation, dit-il… je regarde une chose plus essentielle, c’est la vie, dont huit jours valent mieux que huit siècles de gloire après la mort… Il n’y a personne qui fasse plus de cas de la jeunesse que moi… Vivez ; la vie est bonne quand elle est sans douleur. » Lui, qui a si bien pénétré le génie des Romains, voilà pourtant ce qui lui a manqué peut-être pour être leur peintre durable et définitif ; il a laissé cet honneur à Montesquieu.
Il s’agit de Numa et de ses premiers actes de législateur et de civilisateur qui adoucirent le naturel féroce des premiers Romains ; j’ai regret d’altérer dans ma citation l’orthographe ancienne, qui dans ses longueurs mêmes, et par la surabondance de ses lettres inutiles, contribue à rendre aux yeux la lenteur et la suavité de l’effet : Ayant donques Numa fait ces choses à son entrée, pour toujours gaigner de plus en plus l’amour et la bienveillance du peuple, il commença incontinent à tâcher d’amollir et adoucir, ne plus ne moins qu’un fer, sa ville, en la rendant, au lieu de rude, âpre et belliqueuse qu’elle étoit, plus douce et plus juste.
L’ode, dans Horace, a déjà perdu de ce caractère primordial : quelques-unes de celles où il célèbre les grandes choses romaines ont pu être chantées en effet, mais la plupart n’étaient que des odes de cabinet, et ce charmant Horace, le modèle et le trésor des esprits cultivés, n’est lui-même qu’un lyrique déjà éclectique.
La philosophie faisait table rase avec Descartes de tout le passé, la tragédie cherchait des héros dans la fable antique, dans l’histoire turque ou romaine, jamais en France.
Autre défaut, c’est que la fabrique est d’architecture grecque ou romaine, et que l’action se passe sous le règne de l’architecture gothique, licence inutile.
Il faudrait donc le supposer là tout à fait inférieur à lui-même, et croire que cette partie de son œuvre se serait, du vivant même de l’antiquité grecque, abaissée dans l’ombre et n’aurait pas duré même jusqu’aux lettrés romains, qui, dès le temps de Scipion et d’Ennius, s’étaient si fort occupés de la poésie de la Grèce, et ne cessaient de traduire et d’imiter son théâtre ?
Il y a plus de théologie que de christianisme dans Polyeucte ; si le héros du drame est chrétien, il l’est dans des conditions exceptionnelles, il a un fanatisme de converti, une forme d’héroïsme qui est surtout romaine ou espagnole. […] que les Méditations de M. de Lamartine lui feraient du bien, à cette jolie Romaine esseulée ! […] Il a même gardé aux Romains une haine implacable (sentiment qui, sauf erreur, devait être bien rare en Gaule trois siècles après la conquête). […] Je lui pardonne, parce que son entêtement nous vaut cette douce réponse de Métella : Tu te fais plus Romain que les Romains eux-mêmes. […] Mon Mounet-Sully de Gaulois refuse toujours plus énergiquement ; sa dignité ne lui permet d’accepter la liberté que du peuple romain.
Il écrivait alors l’Histoire romaine. […] L’Histoire romaine de Michelet est incomplète. […] Il sut exactement, en son détail le plus minutieux, la structure de toutes les nefs ; aucune qui échappât à sa compétence ou à ses conjectures, pas plus les barques des Northman que les trirèmes des Romains. […] Il aimait l’antiquité hellénique et romaine. […] La forêt des Ardennes et l’île de Prospéro lui appartiennent comme le Forum romain ou la plateforme de la tour d’EIseneur.
. — Mais Corneille surtout l’a médité [Cf. les quatre Dissertations politiques, à Mme de Rambouillet, sur les Romains et sur la gloire]. […] Les trois dissertations sur les Romains sont les trois premières des Dissertations politiques.] — Enfin viennent : 3º les Traités, c’est-à-dire : Le Prince, 1631 ; — Le Barbon, 1648 ; — Socrate Crestien, 1652 ; — et Aristippe, 1658. […] Sainte-Beuve, dans son Port-Royal]. — Comment Corneille perd une partie de son génie quand il se jette dans les sujets « d’invention » pure. — Les complications d’intrigue dans Rodogune et dans Héraclius. — Mais que, là même encore, son intention est de rivaliser avec les romanciers ses contemporains : La Calprenède et Scudéri. — De la peinture des mœurs de la Fronde dans les chefs-d’œuvre de Corneille. — Comment il ajoute à ce que ses modèles romains ou espagnols ont déjà de trop empanaché. — Il essaie un moment, dans Don Sanche et dans Nicomède, d’une comédie plus tempérée ; — mais il y renonce tout de suite dans son Pertharite ; — dont l’échec l’éloigne pour sept ans du théâtre. […] 3º De Madeleine de Scudéri : Ibrahim ou l’illustre Bassa, 1641 ; — Artamène ou le Grand Cyrus, 1649-1653 ; — Clélie, histoire romaine, 1654-1661. — Il n’y a pas de doute sur l’auteur de ces trois romans, et quoique Georges les ait « signés », ils sont bien de Madeleine. — On est moins certain qu’elle soit l’auteur aussi d’Almahide ou l’esclave reine, 1660, 1663 [inachevé d’ailleurs] ; — mais elle a certainement écrit Mathilde d’Aguilar, 1667, courte nouvelle, qui, — avec celles de Segrais, publiées sous le titre de Les Divertissements de la princesse Aurélie 11, — relie les longs romans de cette période à Zayde et à La Princesse de Clèves. […] — Aveu de Renan sur ce point ; et que le dernier effort de sa « philologie » a été de reconnaître qu’il n’y avait que « trois histoires de premier intérêt : la Grecque, la Romaine et la Juive » ; — et que par conséquent d’acheminer les deux premières jusqu’à leur rencontre avec la troisième, quand ce ne serait qu’une méthode, ce serait encore la bonne. — Que, ce point accordé, les jugements particuliers de Bossuet conservent une valeur « scientifique » réelle ; — et contiennent des observations dont on n’a depuis lui dépassé ni la justesse ni la profondeur. — Ajoutez qu’il a fondé dans la littérature européenne la « philosophie de l’histoire » [Cf.
Les étudiants espagnols affluaient aux universités d’Italie, comme autrefois les jeunes Romains aux écoles de la Grèce vaincue par leurs pères. […] L’usage en était venu des Romains, chez qui c’était un passe-temps fort goûté, sous les Césars, de berner les chiens et les ivrognes93. Les Espagnols l’avaient imité des Romains, avec des raffinements ; et nous, nous l’imitions des Espagnols.
Ce Napoléonide, en effet, fils d’un patricien romain et d’une princesse Bonaparte, était dépourvu de toute morgue et affranchi de beaucoup de préjugés, mais sa souriante bonhomie et sa gracieuse affabilité n’en étaient pas moins sensibles à ce qui ne tenait pas compte de l’imperceptible distance qu’elles entendaient que l’on gardât vis-à-vis d’elles, et il savait fort bien, avec une finesse toute italienne et une politesse toute française, faire sentir, quand il le fallait, la dignité de sa naissance et l’illustration de ses parentés. « Gégé » redevenait le comte Primoli, juste l’instant nécessaire à remettre les choses et les gens au point. […] Il connaissait autant de pauvres diables que de têtes couronnées, mais, si cosmopolite qu’il fût, il demeurait cependant, comme il se plaisait à le dire, « le plus Parisien des Romains et le plus romain des Parisiens ».
Comme c’est du véritable La Boétie, déjà homme fait, que je veux m’occuper ici, j’ai hâte de me débarrasser de ce premier traité soi-disant politique, qui est comme sa tragédie de collège, La Servitude volontaire ou Le Contr’un, œuvre déclamatoire, toute grecque et romaine, contre les tyrans, et qui provoque à l’aveugle le poignard des Brutus.
Les conquêtes même, quand elles ne sont pas purement destructives, sont plutôt, suivant lui, un grand véhicule : La quantité d’idées qui étaient dans le monde avant que les Romains l’eussent soumis et, par conséquent, tout agité, était bien au-dessous de la quantité d’idées qui y entra par l’insolente prospérité des vainqueurs, et par le trouble et l’abaissement du monde vaincu.
Il y avait dans Montesquieu une partie d’art à laquelle d’Argenson était peu sensible : il était fort choqué au contraire des conjectures hasardées et trop générales, des raisonnements incomplets et qui n’allaient pas jusqu’au bout ; il ne tenait pas assez compte de l’élément historique que Montesquieu respectait en toute rencontre et mettait en relief avec tant d’éclat ; ce qui l’a conduit à dire, après une seconde lecture du livre des Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains : Septembre 1754. — Lu pour la seconde fois.
Son verbe ne manque pas de marcher derrière, suivi d’un adverbe, etc. » L’abbé de Pons rend la pareille de cette moquerie au latin et aux phrases à la Cicéron, « à ces périodes immenses dont le sens vaste, mais confus, ne commence à se développer que lorsqu’il plaît au verbe dominant de se montrer, verbe que l’orateur romain s’obstine à faire marcher à la suite de toutes les idées qu’il aurait dû précéder selon l’ordre de nos conceptions ».
Il y en a certains qui me paraissent des tombeaux de la même forme et de la même construption que ceux de Corneto, moins soignés cependant, mais semés çà et là le long d’une voie romaine pendant un assez long espace, deux lieues environ avant d’arriver à Sohma, où se trouve un tombeau monumental, dont j’ai fait le croquis.
On s’est accoutumé depuis trois siècles à voir les Hébreux représentés à la romaine ; Raphaël, Poussin et les autres grands peintres ont peuplé les imaginations et meublé la mémoire de tous avec ces Hébreux classiques : la place est prise ; les hauteurs sont occupées.
Il paraît que la guerre de Pyrrhus et des Romains l’arracha à sa patrie, qu’il passa le reste de sa vie errant, et mourut dans l’exil.
La Défense et Illustration est dédiée au cardinal Du Bellay, et la dédicace commence en ces termes pompeux : « Vu le personnage que tu joues au spectacle de toute l’Europe, voire de tout le monde, en ce grand théâtre romain, vu tant d’affaires et tels que seul quasi tu soutiens ; ô l’honneur du sacré Collège !
Les évangiles apocryphes furent préférés à la Bible et à l’Evangile ; les saints romains, gallo-romains, ou français, avec leurs maigres légendes et leurs figures presque réelles, ne soutinrent pas la concurrence des saints grecs, orientaux, celtiques, saints fantastiques, prestigieux, qui souvent n’avaient pas vécu, ou qui n’avaient jamais reçu le baptême que de l’affection populaire.
Un premier fond est fourni par la tradition orale qui s’est perpétuée depuis la plus haute antiquité, vivant et circulant sous la littérature artiste des Grecs et des Romains, y pénétrant parfois et y laissant quelque dépôt : comme certains sujets de la Comédie nouvelle, ou ce conte scabreux, qui bien des siècles avant de se fixer chez nous dans un fabliau, fournit à Pétrone sa Matrone d’Éphèse.
J’ai lu aussi le Roman de la Rose, Maître en amours, et Valère et Orose Contant les faits des antiques Romains.
Anatole France a surtout aimé les belles pécheresses du premier et du second siècle de l’empire romain, celles qui, épuisées de voluptés, l’âme en quête d’inconnu, demandaient à l’Orient des dieux tristes à aimer, des cultes caressants et tragiques : Les femmes ont senti passer dans leurs poitrines Le mol embrasement d’un souffle oriental.
L’embryon se forme à Babylone ; il se fortifie et se caractérise sous les persécutions des rois de Syrie ; il aboutit sous la pression romaine.
Inspirée de l’antiquité, ressuscitant de parti pris des Grecs et des Romains, elle s’adressait nécessairement à une élite de gens instruits, seuls capables de s’intéresser à l’évocation d’un passé lointain ; elle était un spectacle élégant et noble ; et si elle a brillé surtout au milieu du xviie siècle, c’est qu’elle a rencontré là des mœurs et un état d’esprit avec lesquels elle était, par son origine même, en secrète harmonie.
Michel Forestier parle, aux bons endroits, comme un pater familias romain de Corneille.
Cela dit, entrons dans l’action, avec la femme de Claude, qui vaut celle de l’empereur romain.
Selon l’abbé Gédoyn, l’urbanité, ce mot tout romain, qui dans l’origine ne signifiait que la douceur et la pureté du langage de la ville par excellence (Urbs), par opposition au langage des provinces, et qui était proprement pour Rome ce que l’atticisme était pour Athènes, ce mot-là en vint à exprimer bientôt un caractère de politesse qui n’était pas seulement dans le parler et dans l’accent, mais dans l’esprit, dans la manière et dans tout l’air des personnes.
Je n’ignore pas que c’est pédanterie aux yeux de bien des gens ; mais j’ai un faible pour les Grecs et les Romains.
M. de Lamennaisi, dans l’écrit intitulé Affaires de Rome, racontant le voyage qu’il y fit en 1832, a dépeint en quelques traits satiriques, et plus fins qu’on ne l’attendrait d’une plume si énergique, le caractère du cardinal de Rohan, qui s’y trouvait alors : Extrêmement frêle de complexion et d’une délicatesse féminine, dit M. de Lamennais, jamais il n’atteignit l’âge viril : la nature l’avait destiné à vieillir dans une longue enfance ; il en avait la faiblesse, les goûts, les petites vanités, l’innocence ; aussi les Romains l’avaient-ils surnommé il Bambino.
J’aime à noter jusqu’à ces exagérations de la louange ; elles prouvent du moins combien franchement Mirabeau, descendu des âpres sommets du style paternel, cherchait et se proposait la grande route, la grande voie romaine toute tracée, la voie vraiment triomphale dans l’éloquence.
Ce qui nous frappe chez elle à première vue, c’est qu’elle prend tous les personnages de sa connaissance et de sa société, les travestit en Romains, en Grecs, en Persans, en Carthaginois, et leur fait jouer quant aux principaux événements le même rôle à peu près qui leur est assigné dans l’histoire, tout en les faisant causer et penser comme elle les voyait au Marais.
Le futur historien de l’Empire romain était fort jeune lui-même alors ; son père l’avait envoyé à Lausanne pour y refaire son éducation et se guérir « des erreurs du papisme », où le jeune écolier d’Oxford s’était laissé entraîner.
Marmontel, échappé du cabinet de l’odieux préfet, se réfugie dans la classe de rhétorique ; il harangue ses camarades, il embrasse l’autel ; il faut lire ce discours, parodie heureuse de ceux que prononçaient les Romains de Tite-Live en se retirant sur le mont Aventin.
Il semblait, en effet, que, comme cet empereur romain qui voulait mourir debout, La Harpe se fût dit dans sa passion littéraire : « Il convient qu’un critique (même converti) meure en jugeant. » Depuis une quinzaine de jours que je vis avec La Harpe, je me suis demandé (à part les bonnes parties du Cours de littérature qui sont toujours utiles à lire dans la jeunesse) quelles pages de lui on pourrait aujourd’hui offrir à ses amis comme à ses ennemis, quel échantillon incontestable de son talent de causeur, d’écrivain, d’homme qui avait au moins, en professant, un certain secret dramatique, et qui savait attacher.
» Casanova, cet homme d’esprit libertin dont on a d’abondants et curieux Mémoires, alla faire visite à Bonneval à Constantinople, dans le quartier de Péra, avec une lettre d’introduction que lui avait donnée le cardinal Acquaviva : Dès que je lui eus fait tenir ma lettre, je fus introduit dans un appartement au rez-de-chaussée, meublé à la française, où je vis un gros seigneur âgé, vêtu à la française, qui, dès que je parus, se leva, vint au-devant de moi d’un air riant, en me demandant ce qu’il pouvait faire à Constantinople pour le recommandé d’un cardinal de l’Église romaine.
Il y a quelquefois de l’esprit proprement dit, ce qui n’est pas commun chez lui ; parlant des fruits de l’île de France qu’on pourrait naturaliser dans nos provinces méridionales, il se souvient de ces autres fruits apportés en Europe par des conquérants : Que nous importe aujourd’hui, dit-il, que Mithridate ait été vaincu par les Romains, et Montézume par les Espagnols ?
. — Les auteurs répondront que l’historien des Césars n’a pas écrit l’histoire de la société romaine, et que ceux-là qui veulent savoir les mœurs, aux temps des Néron et des Locuste, se résignent à garder dans leur bibliothèque Juvénal à côté de Tacite.
C’est plus largement un topos du siècle des Lumières, repérable chez les penseurs du déclin de l’empire romain (Montesquieu, Gibbon).
Tous ces gnomes en toque lui présentent en criaillant « leurs petits » systèmes de droit romain, leurs petites doctrines sur les emphythéoses, lorsque tout à coup la déesse se soulève avec un cri : « Taisez-vous !
La maternité de la fille sur le père ; sujet profond ; maternité vénérable entre toutes, si admirablement traduite par la légende de cette romaine, nourrice, au fond d’un cachot, de son père vieillard.
À l’heure qu’il est, l’orthodoxie romaine n’a pas encore consenti aux frères et sœurs de Jésus-Christ, quoique constatés par les quatre évangélistes.
L’on n’a guère vu jusques à présent un chef-d’œuvre d’esprit qui soit l’ouvrage de plusieurs : Homère a fait l’Iliade, Virgile l’Enéide, Tite-Live ses Décades, et l’Orateur romain ses Oraisons.
Il poussera encore plus loin ses conquêtes, il abattra aux pieds du Sauveur la majesté des faisceaux romains en la personne d’un proconsul, et il fera trembler dans leurs tribunaux les juges devant lesquels on le cite.
Ce qui rend cet ouvrage précieux aux provinciaux, c’est qu’on fixe la prononciation en substituant aux caractères romains de l’orthographe les caractères italiques qui rendent les mots tels qu’on doit les prononcer.
Ce mot latin, « Capitolium », te fait peut-être songer, mon ami, à quelque bâtisse vingt fois séculaire, — de l’âge des Thermes, rue de Cluny, à Paris ; et tu murmures déjà le vers des Feuilles d’automne : Toulouse la romaine, où, dans des jours meilleurs, etc.
Passe près de nous une figure hâve et peinée, d’un dessin assez romain.
Mais, pour lui comme pour le Journal des Débats, où le Galileo Galilei a paru, la question n’est ni l’astronomie, ni la rotation de la terre : la question, c’est l’Église romaine, c’est la Papauté, c’est l’Inquisition, et surtout les Jésuites !
L’Histoire ancienne me paraît une chose importante, parce que c’est pour ainsi dire la meilleure paraphrase du vers célèbre : Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ?
Le pouvoir qu’il attaquait était odieux et suranné ; les étrangers qu’il avait à combattre, les cinq armées germaniques vaincues l’une après l’autre sur tous les points de l’Italie, semblaient un dernier reste de ces anciennes irruptions du Nord, que rejetait au-delà des monts quelque général romain revenu à la hâte de la Gaule Narbonnaise ou de la Grèce, un Marius, un Bélisaire.
Le monopole des résurrections romaines se partage entre Deriége et Ponroy, deux érudits doublés de poëte. […] Melænis est un poëme romain où se révèle, dès les premiers vers, une familiarité intime avec la vie latine. […] La République, on vient de le voir, avait un moment arrêté le théâtre sur la pente ; mais la République elle-même était déjà vaincue dans les esprits : Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ! […] Les Grecs et les Romains faisaient place à Isule et Orovèse, à Don Pédro, aux Templiers, à La Mort d’Henri IV. […] Pendant la période de Mlle Rachel débute un poëte dont le talent correspondait exactement à celui de l’illustre tragédienne : esprit sobre et puissant, qui avait passé par-dessus toute la tragédie du xviiie siècle pour se refaire romain, à la façon de Corneille, avec un sentiment nouveau de l’art antique.
Tant qu’on ne concevra pas l’histoire moderne, d’une manière analogue à l’histoire des Grecs et des Romains, il faudra renoncer à exciter le même intérêt. […] Le gouvernement et les mœurs des Grecs et des Romains devinrent classiques comme leurs poésies. Le droit romain, et toutes ses maximes de pouvoir absolu, avait déjà pris peu à peu la place du droit public des libres nations d’origine germanique. […] Il nous place à Rome au milieu du cortège funèbre du vertueux empereur ; cet empire romain, qui embrassait l’univers, et dont le sort dépendait d’un seul homme, il nous le représente pénétré de douleur et glacé de crainte sur l’avenir ; il nous montre la philosophie en larmes, l’armée pleurant son chef, et la tyrannie naissante accroissant les regrets pour la vertu expirée. […] On s’introduisait dans les mœurs, dans les opinions des Grecs et des Romains, et par là on entendait mieux leurs livres.
La route est taillée à pic sur ce Gave fabuleux, et elle eût fait honneur aux Romains : c’est admirable de hardiesse ! […] Ensuite il racontait comment, et quand étaient venus les fils de Rome, bâtisseurs de cités et dictateurs de lois, et Caiüs Calvinus et Caiüs Marius, le grand vainqueur démocratique qui, à Aix, broie sous son char le front d’un monde chauve et derrière lui a enchaîné les rois ; et le tyran qui désole et déflore sa patrie, César, que le destin frappe d’un coup tardif, car, grâce à lui, l’aigle romaine ruée contre sa sœur Marseille abat un peuple valeureux, et par lui la vertu désespère de Dieu ! […] Il montrait l’aigle terrassée, il nous montrait le frein de la servitude romaine dévoré par la rouille, les factions qui se déchaînent, les formidables nations qui s’entrechoquaient effarées… Le Rhône qu’a raidi un vigoureux hiver, craque ainsi tout d’un coup et débâcle ; les flèches de glace vont à grand bruit se rompre aux âpres éperons des ponts de pierre, rebondissant contre les piles dont elles ébranlent les flancs, et les éclats se précipitent l’un sur l’autre, pêle-mêle, d’un terrible élan. […] Les Jeux Floraux, célébrés à la même époque, devaient décerner une couronne à Victor Lieutaud, le sympathique poète marseillais, l’auteur de Marius, dont les vers tonnent comme l’entrechoquement des hordes sauvages avec les cohortes de légionnaires romains. […] Ce cant pudibond, et plus genévois que romain, l’Espagne et l’Italie qui ont bien autant de foi, que ce qu’on appelait jadis le royaume très chrétien, se gardent de nous l’envier.
Dans sa simplicité et sa bonhomie, la famille grecque annonçait en somme la famille française, sans rien de la terrible discipline romaine, et les gynécées d’Athènes ne différaient guère de nos intérieurs bourgeois. […] Plus loin, saint Benoit dénonce les couvents, devenus des cavernes ; saint Pierre Damien insulte les cardinaux ; le prince des apôtres, le grand saint Pierre, fulmine à son tour contre le cloaque papalin et la porcherie romaine. […] Il en avait rapporté les Élégies romaines, Iphigénie, Torquato Tasso. […] Et Chateaubriand n’a-t-il pas merveilleusement rendu la majesté de la campagne romaine ? […] Langlois, il n’y a pas eu d’historien sérieux en France avant l’année 1866, date de l’apparition de l’Histoire des Chevaliers romains de G.
« Il n’y a pas dans toute la Clélie, disait Boileau en parlant de Madeleine de Scudéri, un seul Romain ni une seule Romaine qui ne soient pris sur le modèle de quelque bourgeois ou de quelque bourgeoise de son quartier. » Et ce que Boileau, pour beaucoup de raisons, croyait sans doute être une critique, M. […] L’âge d’or que ses contemporains, à l’imitation des Romains ou des Grecs, mettaient toujours dans le passé, c’est dans l’avenir qu’il nous en montre la vision confuse. […] Si Luther n’avait pas vu de ses yeux la splendeur tant vantée du siècle de Léon X, qu’il appelait, lui, l’époque de l’infamie romaine, et le paganisme assis sur le trône pontifical, peut-être la Réforme, commencée par une « querelle de moines », se fût-elle obscurément terminée dans l’in-pace de quelque couvent d’Allemagne ou d’Italie. […] Tout Gascon qu’il soit, et philosophe, très dégagé de préjugés, et son scepticisme voisin ou cousin de celui de Montaigne, il ne tient pas moins à descendre des « anciens Germains », conquérants de la Gaule romaine, possesseurs-nés du sol français. […] Parmi les anciens, ce n’est pas Salluste ni César, Tite-Live ni Tacite qu’il préfère, c’est Florus, et son Abrégé de l’histoire romaine, avec ses faux brillants.
J’avais dit d’abord, d’après une fausse indication, que, sous le contrecoup des émotions qui ébranlèrent dès lors la Ville éternelle, il était arrivé à Gandar de faire sa harangue au peuple romain. […] Dans aucun cas Gandar n’aurait pu s’adresser au peuple romain, ni parler en plein Corso : il ne savait pas assez d’italien pour cela.
Chez les Latins, avec Horace, l’Ode n’était déjà plus guère qu’une ode de cabinet, quoique le Carmen sæculare ait été chanté une fois par les jeunes Romains et Romaines.
Il y entendait parler de bien des choses, surtout de littérature, de Corneille et de Racine, de Geoffroy et de Voltaire, des Grecs et des Romains, de tout ce dont on causait volontiers alors, après les excès de la Révolution, avant le réveil de 1814, à l’ombre du soleil de l’Empire, « à cette époque, nous dit-il, où l’on avait de l’esprit, mais où l’on ne pensait pas. » Penser, en effet, c’est n’être jamais las, c’est recommencer toujours, et l’on avait horreur de rien recommencer. […] Le Clerc sa dette classique, en traduisant pour la grande édition de l’Orateur romain le traité De Legibus.
De même la peinture des mœurs contemporaines dans la comédie nouvelle, n’est qu’un élément romain, français, anglais ou allemand, qui, n’appartenant pas au fond commun de la nature humaine, ne reste pour la postérité qu’un objet de curiosité historique. […] La plaisanterie amère et la moquerie caustique peuvent s’unir au sérieux, et l’on voit que leur langage a fourni quelquefois des armes à l’indignation et à la haine, ainsi que le prouve l’exemple des iambes chez les Grecs et des satires chez les Romains.
Et certes je ne dis point que Veuillot soit avec Vindex, le gueux révolté qui va jusqu’au bout de sa pensée, contre Spartacus, le « radical » bien mis, qui a du linge et garde des principes : mais Vindex a vraiment, dans ce pamphlet, des airs du Satan de Milton ; et il est certain qu’il y avait en Veuillot un je ne sais quoi de caché, de secret, de dompté et d’étouffé par la foi, mais qui, sous couleur de fiction littéraire, s’épanche, gronde et rugit avec une sinistre allégresse dans les propos sauvages de l’esclave romain. […] Il paraît que oui ; et je vous abandonne donc ce sacristain de Valère, qui, chaste comme l’Hippolyte d’Euripide, est évidemment plus grotesque, étant catholique romain.
Il a tort, dit-on, de transporter dans une fable grecque, juive ou romaine, des caractères de femme façonnés par la société moderne. […] Je conviens que ces jeunes filles grecques, juives ou romaines, dans la fable de Racine, sont plus de notre pays que du leur, plus contemporaines du siècle de Louis XIV que de la Grèce héroïque ou de la Rome des Césars.
Il se remettait à décrire les objets extérieurs, cet œil sans cœur et sans cerveau, comme dans ses Élégies romaines, qui ne sont pas des élégies, mais des descriptions de la campagne de Rome ; ou, revenant à son procédé d’imitation et de pastiche, — la seule poétique à son usage, — il singeait assez bien une littérature dans laquelle il avait vécu et glané, et il composait son Divan, la meilleure chose qu’il ait, je ne dis pas sentie, mais écrite. […] Il ne renaquit pas de manière à comprendre, par exemple, les poésies romaines du catholicisme.
. — Mais, à chaque instant, des vues lumineuses et de haute politique générale sillonnent le sujet et élargissent les horizons : « Il est bon, dit le publiciste, en tout ceci purement judicieux, qu’une quantité considérable de nobles se jette dans toutes les carrières en concurrence avec le second ordre ; non-seulement la noblesse illustre les emplois qu’elle occupe, mais par sa présence elle unit tous les états, et par son influence elle empêche tous les corps dont elle fait partie de se cantonner… C’est ainsi qu’en Angleterre la portion de la noblesse qui entre dans la Chambre des communes tempère l’âcreté délétère du principe démocratique qui doit essentiellement y résider, et qui brûlerait infailliblement la Constitution sans cet amalgame précieux. » Et plus loin : « Observez en passant qu’un des grands avantages de la noblesse, c’est qu’il y ait dans l’État quelque chose de plus précieux que l’or187. » Il raille de ce bon rire, qui s’essaye d’abord comme en famille, ses compatriotes devenus les citoyens tricolores, et se moque des raisonnements sur les assignats : « Lorsque je lis des raisonnements de cette force, je suis tenté de pardonner à Juvénal d’avoir dit en parlant d’un sot de son temps : Ciceronem Allobroga dixit 188 ; et à Thomas Corneille d’avoir dit dans une comédie en parlant d’un autre sot : Il est pis qu’Allobroge. » Mais déjà il passe à tout moment la frontière et ne se retient pas sur le compte de la grande nation : « Quand on voit ces prétendus législateurs de la France prendre des institutions anglaises sur leur sol natal et les transporter brusquement chez eux, on ne peut s’empêcher de songer à ce général romain qui fit enlever un cadran solaire à Syracuse et vint le placer à Rome, sans s’inquiéter le moins du monde de la latitude. […] En quittant la Sardaigne, il passa par Rome et y reçut la bénédiction du Saint-Père, lui le plus véritablement romain de ses fils. […] Il pourrait bien m’être arrivé, écrit-il quelque part très-ingénieusement, le même malheur qu’à Diomède, qui, en poursuivant un ennemi devant Troie, se trouva avoir blessé une divinité. — Il est persuadé qu’à choses nouvelles il faut hommes nouveaux, et qu’après la Restauration les vieux et lui-même sont hors de pratique. — On lui parlait un jour de quelque défaut d’un de ses souverains : « Un prince, répondit-il, est ce que le fait la nature ; le meilleur est celui qu’on a. » Il disait encore : « Je voudrais me mettre entre les rois et les peuples, pour dire aux peuples : Les abus valent mieux que les révolutions ; et aux rois : Les abus amènent les révolutions. » A l’article de Rome, il n’a nul doute ; il accorde tout, et plus même que certains Romains ne voudraient204.
Ces sermons n’ont point l’art et l’artifice, la correction et la mesure des sermons français ; ils ne sont pas comme eux des monuments de style, de composition, d’agrément, de science dissimulée, d’imagination tempérée, de logique déguisée, de goût continu, de proportion exquise, égaux aux harangues du forum romain ou de l’agora athénienne. […] Pour la première fois depuis la ruine de la tribune antique, elle a trouvé le sol dans lequel elle peut s’enraciner et vivre, et une moisson d’orateurs se lève, égale, par la diversité des talents, par l’énergie des convictions et par la magnificence du style, à celle qui couvrit jadis l’agora grecque et le forum romain. […] Une hauteur d’orgueil qui ne fut surpassée que par celle de son fils, une arrogance qui réduisait ses collègues à l’état de subalternes, un patriotisme romain qui réclamait pour l’Angleterre la tyrannie universelle, une ambition qui prodiguait l’argent et les hommes, communiquait à la nation sa rapacité et sa fougue, et n’apercevait de repos que dans les perspectives lointaines de la gloire éblouissante et de la puissance illimitée, une imagination qui transportait dans le Parlement la véhémence de la déclamation théâtrale, les éclats de l’inspiration saccadée, la témérité des images poétiques, voilà les sources de son éloquence : Hier encore l’Angleterre eût pu se tenir debout contre le monde ; aujourd’hui, « personne si pauvre qui lui rende hommage !
Ainsi, conclut-il, la Renaissance italienne ne serait pas, « comme le croyaient Burckhardt et d’autres historiens, le produit du peuple qui créa la civilisation romaine, mais celui d’une race nouvelle, apparentée d’une part aux Grecs de la belle époque, de l’autre aux Francs, aux Saxons et aux Angles, qui tous prirent une prépondérance à l’élaboration de notre civilisation moderne… ». […] …………………………… Sous la treille en tonnelle où dort le fruit, deux Romains Violentent leurs Sabines parmi les feuilles de citrouilles. […] Le vice, n’est-ce pas le plus bel apport du christianisme, ce qui distingue la femme actuelle des Grecques et des Romaines, le vice qui donne à la beauté sa valeur métaphysique ?
., enfin ce que suggère le mot « amoenus » par lequel les Romains caractérisaient le charme de la campagne. […] Qu’on songe à ce qu’il entrait de fierté, en même temps que d’énergie morale dans le « Civis sum romanus » : le respect de soi, chez un citoyen romain, devait se confondre avec ce que nous appellerions aujourd’hui son nationalisme. […] Nous ne voyons pas qu’aucun des grands stoïciens, même celui qui fut empereur, ait jugé possible d’abaisser la barrière entre l’homme libre et l’esclave, entre le citoyen romain et le barbare.
Au-dessus d’une rangée de bréviaires romains, le portrait de Barrès surveille seul la pièce dans laquelle Henri Bremond, aujourd’hui prêtre séculier, fait sourdre de l’âme une poésie consolante. […] Jacques Porel danse comme sur une scène, tandis que Léon-Paul Fargue, en empereur romain, souffle amèrement des vers dans la figure de Gilbert Charles, nouveau Tinan du Figaro. […] Les Grecs et les Romains l’intéressent uniquement parce qu’ils lui paraissent des sportsmen. […] Ce qui doit sembler le plus drôle à un Français, ce sont les deux Églises d’Écosse et d’Angleterre qui se disputent en attendant le dîner tandis que l’Église romaine lit son bréviaire, plus sûre d’elle-même.
Non pas le tortionnaire élégant qui, romain ou chinois, décortique un sein, une joue, un hémicrâne, selon la science parfaite de la douleur animale ; mais le boucher qui après une entaille circulaire, arrache toute la dépouille, comme un fourreau. […] Le secret de ce prestige et de cette autorité, je le trouve peut-être dans cet aveu : « Je me préoccupe de me donner tout entier à toute minute de ma vie… », et dans cet autre : « … en m’offrant aux variations sensitives de la minute qui va venir… » Victor Charbonnel Hier encore prêtre de l’église catholique, apostolique et romaine, M. […] Que savons-nous de la conquête de l’Egypte par les Romains qui soit plus vrai qu’Antoine et Cléopâtre? […] Tel est le poème, Les nobles vaisseaux bercés le long de leurs amarres… composition excellente et savante qui a toute la beauté et toute la froideur d’un jardin romain.
Plus tard soumise, plus tôt délaissée, la Grande-Bretagne ne reçut point, comme la Gaule, l’empreinte universelle et profonde de la civilisation romaine. […] En adoptant la foi de saint Rémi, les Francs trouvèrent dans la Gaule un clergé romain, riche, accrédité, et qui dut nécessairement entreprendre de modifier les institutions, les idées, la manière de vivre comme la croyance religieuse des conquérants. […] Dans Cymbeline, l’imbécile Cloten devient presque fier et spirituel quand il s’agit d’opposer l’indépendance d’un prince anglais aux menaces d’un ambassadeur romain ; et dans Mesure pour mesure, le constable Le Coude, dont les balourdises ont fait le divertissement d’une scène, parle presque en homme de sens lorsque, dans une scène postérieure, un autre que lui est chargé d’égayer le dialogue. […] Dans Jules-César, la scène s’ouvre par le tableau vivant des mouvements et des sentiments populaires : quelle exposition, quel entretien feraient aussi bien connaître le genre de séduction qu’exerce sur les Romains le dictateur, le genre de danger que court la liberté, et l’erreur ainsi que le péril des républicains qui se flattent de la rétablir par la mort de César ?
Après avoir fait le tour du monde, cherché des sujets au Mexique, au Pérou, en Chine, au Malabar, jusqu’en Nouvelle-Zélande, et exploré dans toutes les directions, pour en tirer du nouveau, l’histoire nationale, elle finit par en revenir aux Grecs et aux Romains, avec ses Coriolan, ses Virginie, ses Hypermnestre et ses Philoctète. […] Les hommes de la Révolution, après cela, feront un pas de plus en arrière, et on le sait, ce n’est pas les Romains de Balzac ou de Corneille qu’ils croiront ressusciter dans la vie publique, ce seront les Grecs et les Romains de Plutarque, — ou d’Amyot. […] Les Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains. — À quelle intention Montesquieu a écrit cet ouvrage ; — et si peut-être il n’y faut voir qu’un « fragment » de l’Esprit des lois ; — ou si l’auteur s’est vraiment proposé d’y rivaliser « avec Tacite et avec Florus » ?
Je ne te raconte que ce que j’ai particulièrement remarqué, d’ailleurs j’ai consacré le plus de temps aux bustes des Empereurs romains et des femmes romaines, Agrippine, Poppée et… j’oublie son nom… Néron est beau comme personne. […] Et ces Romains, c’est quelque chose d’inouï. […] de la rigidité des anciens Romains et quel est le frère ou le cousin qui ne bénéficie pas un peu, un tout petit peu, de la situation de son proche ?
., et enfin ces deux pages sur l’assassinat de Rossi : « Le matin, le Pape parlait au comte Rossi de bruits menaçants pour sa vie : Rossi lui répondait : “J’ai vu les Français en révolution… Qui a vu ce peuple-là, dans ces moments, n’a pas peur des autres peuples… n’a pas peur des Romains”, — et s’agenouillant aux pieds du Pape, lui disait : « — Saint-Père, donnez-moi votre bénédiction. » ………………………………………………………………………………………… « Aux portes du palais de la Chancellerie, où un médaillon en camaïeu représentait le Pape accordant la Constitution, la foule était immense et la voiture du ministre avait peine à passer. […] Or, les nations peuvent s’affaiblir et disparaître, ainsi que l’a fait l’empire romain lui-même, tandis que l’humanité continue sa course.
Tout sujet de lettres lui était bon comme matière à esprit et presque à éloquence : « un bouquet, une paire de gants, une affaire d’un écu ; prier le maire d’une ville de faire raccommoder un mauvais chemin, recommander un procès à un président », tout cela, sous sa plume, devenait un texte à belles pensées et à beau langage, et ne lui fournissait pas moins de quoi plaire « que toute la gloire et toute la grandeur des Romains ».
C’est dans cette discussion du Code civil que Bonaparte, étonné de la force, de la logique et de l’activité de pensée, de la profonde science de Tronchet, jurisconsulte octogénaire, l’étonne bien plus lui-même par la sagacité de son analyse, par le sentiment de justice qui lui fait chercher la règle applicable à chaque cas particulier ; par ce respect pour l’utilité publique et pour la morale qui le fait poursuivre toutes les conséquences d’un principe de législation ; par cette sagesse d’esprit qui, après l’examen des choses, lui laisse encore le besoin de connaître l’opinion des hommes de quelque autorité, les exemples de quelque poids, la législation actuelle sur le point en question, la législation ancienne, celle du Code prussien, celle des Romains ; les motifs et les effets de toutes.
Le fils aîné de l’empereur, le jeune roi des Romains a rejoint l’armée impériale devant Landau ; ce jeune prince, dans son ardeur de se signaler, peut se porter en avant et offrir une occasion : Rien n’est plus important, écrit Louis XIV à Catinat (2 août 1702), que de profiter de la vivacité de ce jeune prince, qui pourra l’entraîner à des mouvements dont un homme sage et d’une expérience consommée comme vous pourrait profiter ; mais, pour cela, il faudrait être à portée de lui… Je vous avoue que rieu ne me saurait tirer de la peine où je suis, que de vous voir déterminé à prendre un parti de vigueur.
quatre voyages dans le Latium, sur quatre points principaux de cet antique et éternel pays, quatre pavillons dressés, n’eussent-ils pas été en pierre ni en marbre, mais portés sur le ciment romain, lui eussent fait un monument.
Le vol des oiseaux, cette superstition qui avait persisté dans le Midi depuis les Romains, n’est pas oublié : « A la sortie de Bivar, ils eurent la corneille à droite, et, en entrant à Burgos, ils l’eurent à gauche. » Chacun se met à la fenêtre pour les voir passer ; tous pleurent de pitié et disent les mêmes paroles : « Dieu !
Que l’idée de la pointe, de la fine lame, du trait, de l’aiguillon, ou même de la courte épée romaine, image du bon sens, s’éveille dans l’esprit de nos lecteurs, à voir nos guerres et nos polémiques littéraires ; mais que jamais l’idée du poing ni du bâton ne vienne en nous lisant !
Mais, dans cette éducation à la romaine, on n’apprenait pas le latin ; ce qui fit que Béranger ne le sut pas.
Les temps antérieurs à Moïse et les formes nombreuses de la gentilité, la révélation spéciale du législateur hébreu, la révélation sans limite de Jésus et l’Église romaine qui en est la permanente dépositaire, se déroulent tour à tour devant lui et composent les pièces principales de ce merveilleux enseignement : tout le programme de la future science catholique est là.
Sous le consulat de Plancus, En Arles la belle Romaine, Devant la grâce souveraine, Les coups d’œil lancés et reçus De ces beautés au front de reine, Cher ami que ta jeune veine Range encor dans les invaincus, Qui pourtant comprendras ma peine, Ah !
Combien de fois Bayle n’a-t-il pas changé de rôle, se déguisant tantôt en nouveau converti, tantôt en vieux catholique romain, heureux de cacher son nom et de voir sa pensée faire route nouvelle en croisant l’ancienne !
Si cette sorte d’arbitrage avait eu lieu, il m’eût été bien difficile de ne pas faire sourire l’illustre Président lui-même en m’autorisant auprès de lui d’un texte de droit romain qui semble fait exprès pour le cas en litige.
Dans les temps devenus fameux par des proscriptions sanguinaires, les Romains et les Français se livraient aux amusements publics avec le plus vif empressement ; tandis que dans les républiques heureuses, les affections domestiques, les occupations sérieuses, l’amour de la gloire détournent souvent l’esprit des jouissances même des beaux-arts.
Les Védas chez les Indiens, les Kings chez les Chinois, le Zend-Avesta chez les Persans, les Chants orphéiques chez les Grecs, les feuilles même de la Sybille chez les Romains, la Bible et les Psaumes chez les Hébreux, sont les principaux monuments sacrés de ces différentes zones de la terre.
Pour peindre l’homme, il faut bien peindre des Romains, des Français, des Anglais : et si le poète qui représente Alexandre ou César ne sait pas ou ne daigne pas leur faire des âmes antiques, il en fera, sans y penser, ses contemporains.
Ne semble-t-il pas ainsi instituer en face du vicaire de Jésus-Christ, qui siège à Rome, un autre vicaire divin qui réside en chacun de nous, et dont les commandements intérieurs pourront faire échec aux commandements de l’Église romaine ?
La sottie soulevait l’opinion publique contre la fureur et l’ambition de l’Église romaine, sous les habits de qui se découvrait à la fin Mère Sotte.
L’amour de la gloire est l’âme de ces deux recueils, et ce que Voltaire fait dire au Cicéron de sa Rome sauvée : Romains, j’aime la gloire et ne veux pas m’en taire, est aussi vrai du poète que de son héros.
J’en parlerai à Néron. » Certes, si les esclaves, prenant à la lettre et comme immédiatement applicable la parole de saint Paul, avaient établi leur domination sur les ruines fumantes de Rome et de l’Italie et privé le monde des bienfaits qu’il devait retirer de la domination romaine, Sénèque aurait eu quelque raison.
Ainsi encore, pour le fidèle de l’Église romaine, la soumission aux décisions du pape en matière de foi est chose méritoire ; pour le libre-penseur, pour l’homme de science, soumettre tout croyance au contrôle de l’expérience et de la raison, puis se décider en pleine indépendance est à la fois un droit et un devoir.
Sans parler de l'Egypte, qui donna ses Dieux, avec les Arts, aux autres Nations, on fait que les Grecs & les Romains avoient, dans le temps même qu'ils furent le plus tolérans, un Magistrat pour veiller à la conservation de la Religion.
» À ce moment, une pierre lancée par une baliste romaine l’étendit mort sur le mur.
Les Grecs l’appellent l’aboulia, les Romains taedium vitae.
On croit entendre un cri espagnol ou romain de Corneille, répété par un écho de la vie moderne.
Nombre d’aventures et de détails évoquent en outre des souvenirs de l’histoire grecque ou romaine : Le dévouement de Yamadou Hâvé rappelle celui du Romain Décius, du Grec Codrus ou du Suisse Arnold de Winkelried.
Et c’était le Chœur des Bacchantes d’Euripide qui, dans le palais de Sapor, devait un jour mêler une sorte de délire poétique à la joie des barbares vainqueurs d’une armée romaine.
La tribune de l’Assemblée nationale continue à être le point de mire des esprits ; c’est la discussion sur l’expédition romaine qui y monte avec M. […] Le curé Poulain est un ambitieux et un fanatique, l’Espagnol d’Alvimare un assassin, son écuyer un scélérat, la gouvernante Belinde une infâme ; il n’y a de vertus que chez les indifférents comme les Bois-Dorés, les libres penseurs comme Giovellino, cette victime de l’inquisition romaine, les Morisques comme Mercedes, ou les huguenots comme la belle Laurianne. […] Le sentiment s’éprouve et ne se prouve pas. » Madame Sand me rappelle ici cet empereur romain du Bas-Empire, qui faisait des lois pour motiver les arrêts qu’il voulait rendre dans les causes pendantes devant lui. […] Tolla est un coup d’œil jeté sur la société romaine à l’occasion d’une histoire touchante et dramatique par un voyageur qui revient d’un peu loin et qui use de son privilège. […] Elle est assez habilement encadrée dans un tableau vif et animé des mœurs italiennes ; seulement l’auteur, en libre penseur qu’il est, a appuyé plus que de raison sur les abus qui peuvent exister à Rome, comme partout, et il n’a pas perdu une occasion d’attaquer le gouvernement romain.
On devine un de ces êtres indéterminés, un de ces riches types, une de ces « fortes créations », à l’origine de la comédie attique et même de la comédie romaine. […] Je commence à comprendre mes personnages et à m’y intéresser. » Salammbô se met vraiment à vivre dans son âme, et ce n’est pas seulement le commis voyageur en Carthage qui écrit à Feydeau : « Ma drogue ne sera ni romaine, ni latine, ni juive. […] C’est aussi pour tenir le drapeau de la doctrine, de l’art pur, que Flaubert, sous l’influence singulièrement durable de trois pages de l’Histoire Romaine de Michelet lues au lycée, a choisi comme sujet cette guerre des mercenaires et de Carthage, si étrangère à tout courant historique. […] Faguet disait que dans Salammbô on attend les Romains. […] Ce ne sont pas seulement les Romains qui figurent dans Hérodias, mais aussi les Juifs, précisément à l’époque où le contact entre les Romains et les Juifs, entre l’Occident et l’Orient, renouvelle la face du monde et produit la civilisation dont nous vivons aujourd’hui.
Privés des secours que les Germains trouvèrent dans les débris de la société romaine, les Saxons durent tout tirer d’eux-mêmes. […] De là la complication ou plutôt le gâchis confus des premiers siècles qui suivirent la conquête, ces imitations maladroites de Rome, ces puériles singeries de grandes choses imparfaitement comprises, et cette corruption réciproque de la civilisation romaine par la barbarie, des instincts barbares par la civilisation. […] Magistratures locales, division de l’Angleterre en comtés, jugement par jury, ont leur origine dans cette époque lointaine, et toutes ces institutions purent s’établir sans voir se dresser devant elles des souvenirs de droit romain et des traditions ennemies ; mais ce que les Saxons conservèrent surtout pur de tout mélange, ce furent leurs instincts barbares, leur amour du combat, leur dédain de la vie. […] Ni les administrateurs romains, ni le clergé n’eurent et ne pouvaient avoir l’idée de s’adresser à ses instincts ; ils ne parlèrent et ne pouvaient parler qu’à sa raison. […] Il prête à l’Église romaine des crimes sans nom et raconte sans la moindre hésitation les fables les plus absurdes.
Balzac a cru trouver ce triple caractère dans le christianisme, et comme sa sociologie s’occupait toujours des Français, il lui a semblé que le catholicisme était, pour ce pays pénétré d’ordre romain, la seule forme possible du christianisme. « Ce que l’Angleterre a obtenu par le développement de l’orgueil et de l’intérêt humain qui sont sa croyance, ne peut s’obtenir ici que par les sentiments dus au catholicisme, et vous n’êtes pas catholiques ! […] Ils diront que la propriété perpétuelle est un vol. » En effet, le vieux principe romain, le jus utendi atque abutendi une fois conteste, — et il l’est du jour où la loi règle le partage des successions au lieu de reconnaître ou bien le caractère familial de la propriété par le droit d’aînesse, ou bien son absolue indépendance par la liberté de tester, — la logique de l’idée de justice veut que toute propriété personnelle soit supprimée. […] Aujourd’hui, quand on entreprend de spéculer sur l’avenir du vingtième siècle, on se trouve devant quatre puissances qui paraissent devoir s’y disputer ou s’y partager l’hégémonie mondiale : l’Angleterre d’abord, avec son immense domaine colonial qui donne l’impression d’un empire romain sporadique, dont le Capitole serait à Westminster ; — l’Allemagne ensuite, cet inépuisable réservoir d’hommes, que son trop-plein de population condamne à doubler son activité militaire d’une activité maritime ; — la mystérieuse et vaste Russie, avec les virtualités de ses énergies vierges ; — les Etats-Unis enfin, parvenus, au point de développement où ils rêvent de s’opposer à l’Europe, continent contre continent, civilisation contre civilisation. […] L’abus de l’esprit latin, ce besoin de reproduire, jusqu’à la fausser par excès de servilisme, l’administration romaine, n’a pas détruit l’instinct d’indépendance propre au sang celtique et au sang germanique, ces deux autres éléments dont est issue notre race.
À quelques pas, deux nobles romains, de ceux dont le nom, porté par un pontife de génie, reste associé aux plus illustres épisodes dans l’histoire de l’Église, poursuivaient une martingale désespérée. […] Quelques parties aussi en sont consacrées à l’art, à des détails de la vie romaine moderne, mais c’est le Vatican, c’est le Pape, sa politique, l’avenir de la papauté et de notre religion qui en sont le véritable et sévère sujet. […] Lucien Perey vient de publier sous ce titre : Une princesse romaine au xviie siècle ; cette princesse n’est autre que Marie Mancini Colonna qui laissa, outre des rectifications de Mémoires faux publiés sous son nom, une correspondance qui, jointe aux pièces diplomatiques inédites du temps, nous raconte, presque jour par jour, une existence plus fertile en événements que le roman le mieux imaginé. […] Ceux qui, pour créer un style nouveau, tout en protestant contre le classique, c’est-à-dire le grec, le romain, la renaissance, croient devoir remonter aux sources du moyen âge, font également fausse route. […] — Sire, répondit le colonel avec tristesse, il est dans la redoute…” » Voilà qui vaut bien les grandes et héroïques réponses des Grecs et des Romains que l’on nous apprend dans nos lycées.
En fait d’art original, le monde romain est au niveau des Daces et des Sarmates ; le cycle chrétien tout entier est barbare. […] L’Antiquité homérique n’a rien de commun avec la Dryade, Symétha, la Somnambule et le Bain d’une Dame romaine.
Les traditions de l’Espagne du moyen âge lui avaient donné le Cid ; il trouva dans l’histoire romaine Horace, Cinna, Polyeucte. […] Il y avait vingt ans que Rome et le monde romain jouissaient d’une paix profonde, quand il imagina d’écrire à Auguste la belle épître où il le fait juge d’une question de poésie et d’histoire littéraire240.
» 10 octobre Dans l’atelier de Thierry, le décorateur, qu’on va enterrer, impression poignante de ce dernier tableau interrompu par la mort, de cette fête romaine, de cette fête de couleurs, disparaissant sous les habits noirs des invités qui s’accotent à la grande toile lumineuse. […] Et beau comme un camée, et rappelant un empereur romain !
D’épais sourcils, de ces arcades sourcilières profondes, comme il y en a dans les bustes antiques, avec au fond, des yeux d’un gris d’aigle : les beaux traits d’un prélat romain. […] Lundi 29 avril On me cite un prince romain, atteint d’une singulière folie.
C’était le nord se ruant sur le midi, l’univers romain changeant de forme, les dernières convulsions de tout un monde à l’agonie. […] Ainsi le sénat romain délibérera sur le turbot de Domitien.
. — Les Tablettes romaines, — Odes vernales (1902, Ermitage). — Le Bandeau, un acte (1903, Revue d’art dram.). — Les Joues d’Hélène, roman (Mercure, 1903). — La Princesse à l’aventure, conte (avec Ch. […] Œuvres posthumes. — La Maison de la petite Livia, roman, suivi des Tablettes romaines (Mercure 1904).
Cette terre, pour lui, est romaine et chrétienne, non pas musulmane. Nous y sommes les héritiers légitimes du bienfaisant impérialisme romain. […] Savante, adroite mosaïque, trop adroite, peut-être ; cependant aussi solide que ces mosaïques dites romaines — et sans doute d’origine hellénistique — qu’on retrouve à cette heure, sous le sable de la brousse, aussi solides et brillantes que le jour où l’artiste-artisan paracheva son œuvre. […] Sole Invicto, le dieu de la légion romaine qui campait à Héliopolis. […] M. Jules Romains, qui se meuvent volontairement dans l’impossible et l’invraisemblable ; ce sont même de simples notes sur des réalités plus ou moins déformées — du Proust encore moins lié que chez Proust par la rencontre et les minces réflexes des personnages.
Mme de Staël avait raison quand, dans son Allemagne, elle posait en principe que, « le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi, l’antiquité et le Moyen Âge, la chevalerie et les institutions grecques et romaines » s’étant partagé l’histoire de la littérature, le romantisme était donc, par contraste avec le classicisme, tout à la fois le chevaleresque, le Moyen Âge, les « littératures du Nord » et le christianisme [Cf. […] Comment Chateaubriand a élargi et renouvelé le sentiment de la nature ; — d’un côté, par la splendeur du coloris dont il a revêtu les descriptions encore « monochromes » de Rousseau ; — par la manière dont il a étendu jusqu’aux proportions de la fresque les « miniatures » de Bernardin de Saint-Pierre ; — par l’ardeur de passion avec laquelle il s’est mêlé lui-même dans ses descriptions ; — et, d’un autre côté, par la diversité des tableaux qu’il a tracés ; — tantôt empruntant ses couleurs à la nature, vierge encore, des Amériques ; — ou tantôt dégageant de la nature moyenne et tempérée de son pays, la poésie qu’elle contient ; — et tantôt enfin rivalisant avec la campagne romaine de majesté, de tristesse et de mélancolie. — Mais il a de plus exprimé comme personne avant lui ce qu’il y a d’affinités secrètes entre la nature et l’homme ; — de relations et de « correspondances » ; — elles-mêmes représentatives d’une relation plus lointaine ; — qui est celle de la nature avec son auteur ; — et c’est par là que, dans son œuvre, le sentiment de la nature se lie au sentiment religieux. […] Influence de Chateaubriand sur le développement du sentiment historique ; — et que pour s’en rendre compte, on n’a qu’à comparer ses Martyrs aux Histoires de Voltaire. — Quelle que soit en effet la vérité vraie de ses Francs, de ses Gaulois, de ses Romains et de ses Grecs ; — laquelle est toujours discutable ; — au nom d’une érudition devenue depuis lui plus précise ; — ils ne se ressemblent pas entre eux ; — et c’est ce qui les distingue des Grecs et des Romains de la tragédie pseudo-classique. — Ce qui revient à dire qu’il a eu l’art d’individualiser les époques de l’histoire ; — comme il avait fait les scènes de la nature ; — et c’est la justice que lui a rendue Augustin Thierry [Cf. plus loin, p. 430, l’article Augustin Thierry]. — De l’importance de cette innovation d’art ; — et comment en devenant le principe de tout ce que le romantisme désignera par le nom de couleur locale, — elle a contribué au renouvellement de la poésie ; — au renouvellement de la manière d’écrire et de concevoir l’histoire ; — et au renouvellement de la critique même ; — s’il y a quelque chose de Chateaubriand jusque dans Villemain, Sainte-Beuve, et Renan. […] 3º Les Œuvres. — On peut distinguer dans l’œuvre de Michelet : 1º Ses Œuvres historiques, qui comprennent : son Histoire de France [depuis les origines jusqu’à la Renaissance], 1833-1844 ; et [depuis la Renaissance jusqu’à la Révolution], 1855-1867 ; — son Histoire de la Révolution, 1847-1853 ; — et son Histoire du xixe siècle [publication posthume] ; — son Histoire romaine, 1839 ; — diverses publications, dont le Procès des Templiers, 2 vol. in-4º, dans la collection des Documents inédits de l’histoire de France, 1851 ; — et ses traductions des Œuvres de Vico et des Mémoires [Tischreden] de Luther.
Faut-il rappeler le cantique de Racine tiré de l’épître de saint Paul aux Romains : Mon Dieu, quelle guerre cruelle ! […] Malheur aux peuples chez lesquels serait sans échos la sage formule de nos aïeux Romains : majoribus placuit ! […] Il disait, toujours au cours de cette préface, que j’appellerais testamentaire : « J’ai raconté un peu d’Espagne et d’Asie… J’avais vu mon père s’enchanter, à Charmes, toute sa vie, des images rapportées d’un voyage qu’il fit, vers 1850, en Algérie, en Tunisie et à Malte. » Lui-même avait voulu la parcourir en son entier, cette Mare nostrum de nos ancêtres romains. […] Il connaît le bord provençal du lac sacré, il veut étudier la côte d’en face, la Libye, comme les Romains l’appelaient, et un aspect nouveau lui apparaît, de cette réalité méditerranéenne que les quais de Marseille lui avaient révélée. […] Elle était restée, sur toute cette partie que nous dénommons l’Algérie, profondément, intimement romaine, par-dessous la couche de mœurs musulmanes qui nous a fait si longtemps illusion.
Un cœur si noblement monarchique peut seul se surpasser lui-même. « Il était prêt à donner un avis positif, et il espérait que leurs seigneuries se joindraient à lui pour que le roi fît à l’instant envoyer la femme à la Tour, où elle serait jetée dans un cachot, sous une garde si stricte que nulle personne vivante ne pût être admise auprès d’elle, qu’aussitôt après on présenterait un acte au Parlement pour lui faire couper la tête, que non-seulement il y donnerait son consentement, mais qu’il serait le premier à le proposer. » Quelle vertu romaine ! […] Le roi monte à cheval pour sa promenade à Hyde-Park ; à ses côtés courent la reine, et avec elle les deux maîtresses, lady Castlemaine et mistress Stewart : « la reine601 en gilet blanc galonné, en jupon court cramoisi, et coiffée à la négligence ; mistress Stewart avec son chapeau à cornes, sa plume rouge, ses yeux doux, son petit nez romain, sa taille parfaite. » On rentre à White-Hall, « les dames vont, viennent, causant, jouant avec leurs chapeaux et leurs plumes, les échangeant, chacune essayant tour à tour ceux des autres et riant. » En si belle compagnie la galanterie ne manque pas. « Les gants parfumés, les miroirs de poche, les étuis garnis, les pâtes d’abricot, les essences, et autres menues denrées d’amour arrivent de Paris chaque semaine. » Londres fournit « des présents plus solides, comme vous diriez boucles d’oreilles, diamants, brillants et belles guinées de Dieu ; les belles s’en accommodaient, comme si cela fût venu de plus loin602. » Les intrigues trottent, Dieu sait combien et lesquelles. […] Il faut un gros courant d’actions tumultueuses pour remuer leurs sens épais ; ils font comme les Romains, qui fondaient en une seule plusieurs pièces attiques. […] Comparez la matrone romaine de Plaute et l’honnête dame française de Molière à cette personne expansive.
Et les plaisanteries de Cassandrino ont plus d’une fois consolé les Romains esclaves. […] Sauf la longue perruque couronnée de laurier, c’est le costume romain dans son intégrité, et c’est chose curieuse à noter que Molière, qui, auteur dramatique, introduisit la réalité dans la comédie, acteur, ait voulu l’introduire aussi dans la tragédie. […] Molière est couché et vêtu à la romaine, couronne au front. […] Revenons donc, revenons en hâte aux vrais fils des Gaules, à Rabelais, le bon sens sublimé, à Montaigne, cet Athénien gascon, à La Fontaine, le plus admirable des conteurs et des peintres, à Corneille, qui retrouve l’accent français jusque dans le Forum romain, à tous ceux qui ont dans les veines, dans le cœur, dans la voix cet accent particulier qui rendit à la fois redoutable et éclatant comme l’acier sans tache l’esprit français, cet esprit alerte et militant, armé à la légère, et brillant comme une guêpe dans un rayon de soleil.
(Les lignes suivantes, avec leur arrière-pensée esthétique, en donnent exactement le ton : « La France, qui n’est pas une terre latine, est une terre romanisée ; elle ne peut garder son originalité qu’en demeurant catholique, c’est-à-dire païenne et romaine, c’est-à-dire anti-protestante. […] L’antinomie ne serait peut-être pas irréductible avec un César qui ne tiendrait son pouvoir ni de Rome ni des Romains. […] Quant à sa politique, elle est pareillement « romaine », c’est-à-dire traditionnelle, aristocratique, amie de l’ordre et de la hiérarchie. […] Et il y apparaît constamment un type d’homme voluptueux, actif et sceptique, aussi étranger à la notion du péché que ces Romains que M.
Virgile eut toujours un goût très vif pour les jeunes Romains. […] Ma mère lisait la messe du jour dans son paroissien catholique romain, et sa piété sincère faisait l’édification du clergyman tolérant. […] L’exception morale dont il s’agit est, depuis l’avènement du christianisme, devenue un problème douloureux, une question absolument digne d’attention et des réflexions les plus profondes, de simple lieu commun et de léger paradoxe qu’elle se trouvait être dans l’antiquité païenne, depuis l’Iliade pour parler de temps déjà héroïques, jusqu’aux dialogues de Lucien, en passant par le Banquet, jusqu’à l’empire romain et la décadence. […] Nous disons « langueur », car, bien que ces mœurs aient été celles des Grecs et des Romains, elles furent toujours considérées par leurs écrivains comme une exception, nous voulons le répéter.
[…] Le patriotisme romain, que Dieu nous en préserve ! […] Goethe était revenu d’Italie païen et sensuel : il s’abandonne sans réserve aux joies de la sensualité, et il les célèbre en un belle langue, à la fois copieuse et plastique, dans ces Élégies romaines qu’il composa en 1789 et 1790, en l’honneur de Christiane. […] Et, fait singulier, tandis que, pendant toute la durée de sa liaison intellectuelle avec Mme de Stein, Goethe avait été comme frappé de stérilité, il retrouva, dans la paix de sa vie plus retirée et plus normale, toute sa puissance de production, tout son génie : sans abandonner ses travaux scientifiques, et tout en composant ses Élégies romaines, nous le voyons en effet achever de publier coup sur coup quelques-unes des œuvres qu’il mûrissait depuis si longtemps. […] Une fois apaisée la passion sensuelle qu’elle lui avait inspirée, il ne trouva plus en elle qu’une excellente ménagère, fidèle, active, dévouée, mais inférieure : le gracieux « petit Eroticon » des Élégies romaines devint quelque chose comme une gouvernante de premier ordre. […] C’est bien l’envers des Élégies romaines, comme le remarque M.
Nus sous une pluie de feu, ils sont condamnés à tourner sans cesse comme des gladiateurs dans le cirque romain. […] Il y a, comme au Collège romain, deux corps de logis distincts dans lesquels on peut placer l’habitation des Pères, les classes, les pensionnaires et les écoliers pauvres, séparés les uns des autres ; de plus, un beau jardin, un peu moins grand que celui de Rome. […] Pour citer des exemples, la Décadence romaine n’a pas un trait qui ne soit rigoureusement exact. » Pas un trait qui ne soit… ! […] Gillet, « des à-peu-près de Tivoli et des contrefaçons de Baïes et des aqueducs romains dans des vallées mythologiques ». […] Mais à la faveur de cet art, d’une séduction si dangereuse, qui s’emparait des âmes rebelles au voltairianisme, elle remportait chez nous une nouvelle victoire sur la religion romaine.
Et le grand homme une fois conçu dans cet esprit, voyez quelle est la nécessité à son égard ; on veut le maintenir en tout point à cette hauteur forcée, et, comme dans les panégyriques d’Empereurs romains, il n’y a plus rien de lui qui ne devienne surnaturel, étrange.
L’une, comme une dame romaine, tempérant la modestie et l’orgueil, cachait sous les plis du vêtement son stylet et ses tablettes.
A de tels personnages, chefs et gardiens des États, il est aussi beau d’aimer, de favoriser les arts et la poésie, que périlleux de s’y essayer directement ; et, plus ils sont capables de grandeur, plus il y a raison de répéter pour eux la magnifique parole que le poète adressait au peuple romain lui-même : Tu regere imperio populos, Romane, memento.
Hobbes, l’un des premiers auteurs de cette théorie, raconte qu’au milieu d’une conversation sur la guerre civile d’Angleterre quelqu’un demanda tout d’un coup combien valait, sous Tibère, le denier romain ; question abrupte et que rien ne semble lier à la précédente ; il y avait pourtant un lien, et après un peu de réflexion on le retrouva.
Le poëme épique littéraire pouvait peut-être prolonger un moment l’illusion de son existence par quelque chef-d’œuvre de langue, que les hommes, comme les Romains du temps d’Auguste, liraient comme ils lurent Virgile, sans croire à ses miracles, mais en croyant à son génie ; mais, pour cela, il fallait que l’ouvrage fût écrit en vers, et en vers tellement inimitables que la perfection de la forme fît oublier l’imperfection du sujet.
Nous vivons à une époque et sous une forme de gouvernement où la réputation dans les lettres, comme la réputation au barreau chez les Romains, est une sorte de candidature universelle pour tous les emplois de l’État.
« Il s’est enrichi, dit très-bien Godeau, de la dépouille des Grecs et des Romains ; mais il n’en a pas été idolâtre. » Pour les fictions, il les avait, dit Racan, en aversion.
Au-dessous d’eux, les frères Pithou éclaircissaient les questions si délicates des rapports soit de la couronne avec le Saint-Siège, soit de l’Église gallicane avec l’Église romaine.
L’Empire romain, comme la France, était à la cour.
Sa harangue est mâle et concise comme le langage qu’il tient durant tout le drame ; l’accent de la volonté y domine, il y a de l’Imperatoria brevitas romaine dans son laconisme.
On croit entendre dans ces passages le poète romain Lucrèce ou quelque austère épicurien de l’ancienne Rome, déplorant mélancoliquement, du haut de sa morne sagesse, les erreurs des humains égarés hors de la voie31.
* * * — C’est curieux le mépris de la vieille Grèce pour la Rome du temps d’Auguste, pour la Rome polie, considérée par elle comme barbare, et dont ni Lucien, ni Denys d’Halicarnasse qui parla si bien des choses romaines, n’osent mentionner les poètes et les artistes : mépris d’une douce civilisation pour un peuple de soldats, et dont nous avons la délicate traduction dans ce refus d’une courtisane de coucher avec un fanfaron guerrier, se figurant coucher avec le bourreau.
Spencer, dans sa Sociologie descriptive, retrouve, par exemple, dans la race anglaise les Bretons, comprenant deux types ethnologiques différenciés par de la chevelure et la forme du crâne ; des colons romains en nombre inconnu, des peuplades d’Angles, de Jutes, de Saxons, de Kymris, de Danois, de Morses, de Scotes et des Pictes ; enfin des Normands, qui, eux-mêmes, d’après Augustin Thierry, comprenaient des éléments ethniques pris dans tout l’est de la France.
Guizot, malgré sa sympathie évidente pour l’église romaine, soit le moins du monde disposé à reconnaître la vérité du dogme catholique.
Les tragédies qui ont eu le plus de succès en France sont ou purement d’invention, parce qu’alors elles n’exigent que très-peu de notions préalables, ou tirées soit de la mythologie grecque, soit de l’histoire romaine, parce que l’étude de cette mythologie et de cette histoire fait partie de notre première éducation.
Imagination forte, sensibilité exaltée, mais raison débile, Michelet, ce pauvre moraliste-législateur, était aussi goulu de spectacles pour le compte du peuple français que le peuple romain tout entier, dont ce fut la dépravation… Et cependant, chrétien encore, Michelet, l’homme du Cours de 1847, s’est souvenu — n’en doutez pas !
Il n’est pas vrai que la nuit se soit étendue subitement sur le monde quand s’effondra l’énorme édifice de l’empire romain. […] Allons plus loin, homme pour homme, les plus illustres de l’antiquité païenne, ces politiques subtils et raffinés de la Grèce classique, ou ces durs héros de l’insensibilité romaine, sont petits quand on les compare à ces rois, à ces chevaliers, à ces moines du moyen âge que soulève au-dessus de terre la folie de la Croix. […] Et elles n’ont rien de critique, ni de paléographique, ni de diplomatique ; mais il est intéressant de relever dans l’édition du pasteur les points de contact du jansénisme avec le protestantisme, ou dans l’édition du chanoine les différences qui séparent le jansénisme d’avec le pur catholicisme romain. […] Montesquieu, travaillant à son Esprit des lois, entraîné par le plaisir de la recherche, s’abandonne si complètement à la dérive de son sujet, et, dépensant à la perfection du détail tout son esprit avec tout son génie, s’oublie si complètement dans une seule partie de son œuvre, qu’un beau jour le livre de la Grandeur et décadence des Romains se détache de l’ensemble comme un épisode disproportionné, comme un fragment d’architecture admirable, mais dont la grandeur d’exécution écraserait le reste de l’édifice. […] De même au théâtre, ce sont encore, ce sont toujours des Grecs et des Romains, comme si la faveur leur était revenue de plus belle depuis que Talma les joue sous le costume antique : voici des Agamemnon et des Hector, des Tibère et des Cincinnatus, et de beaux jours leur sont encore réservés, puisque le Sylla de M. de Jouy sera l’un des succès littéraires de la Restauration.
Cependant l’histoire Romaine, quelqu’intéressante qu’elle puisse être, ne doit pas l’emporter sur celle du pays. Nous touchons plus aux Français qu’aux Romains ; & combien de magnifiques traits ne lit-on pas dans les Annales de la France. […] Si du moins ces messieurs n’étoient pas ingrats envers l’industrie, ils lui érigeroient des autels, comme les Romains à leurs divinités ; mais hélas ! […] C’est-à-dire, qu’il y auroit des rieurs à gages parmi nous, comme il y avoit des pleureuses chez les Romains….. […] Dites la vérité, mon cher monsieur, & vous conviendrez que c’est uniquement pour ne pas penser comme tout le monde, pour se donner l’air d’un anglais ou d’un romain, qu’on éleve la voix avec tant de véhémence.
Champlieu, aux vestiges romains, hante aussi ma pensée, avec sa lisière de bois profonds découpés à l’horizon tendre du beau pays de Valois. […] « N’étant pas de sang hellénique, je ne secrète aucune pensée athénienne ; il n’est pas question que personne de chez nous répète les beaux miracles du Parthénon ; mais si la France relève, par l’intermédiaire romain, de la Grèce, c’est une tâche honorable, où je puis m’employer, de maintenir et de défendre sur notre sol une influence civilisatrice. » C’est fort beau ; et l’on voit que l’auteur n’avait pas à maudire son propre sang et la perfection d’Athènes. […] De la banne sous laquelle je suis à couvert, l’eau s’égoutte en perles et vient troubler les flaques sur ce sol… … Ô Arcueil aux nobles arcs romains, ô Bièvre, riant village j’aime à me promener à travers vos campagnes, et le souvenir de Ronsard vous rapproche davantage de mon cœur. […] … Aujourd’hui les Romains parlent italien, mais les Grecs parlent toujours grec. […] In una borsa gialla vidi azzurro ; Che di lione avea faccia e contegno… Le Tibre est pareil aux portiques romains.
Cette délicieuse et héroïque romaine (qu’on retrouva au siècle dernier couchée en poussière dans sa robe sanglante) ayant changé de religion, changea de cœur. […] Au moment où une race aurait besoin, rien que pour durer, de toutes les forces dont son instinct est peut-être encore dépositaire, ils lui versent, mais avariée et empoisonnée, cette même liqueur avec laquelle les apôtres romains domptèrent la surénergie des barbares. […] Même sous la forme romaine, la moins dangereuse, ils restent un obstacle à la force, c’est-à-dire à la beauté de la vie. […] Comme il faut du ridicule au début de toutes les hérésies ; comme, pour décider Luther, il faut qu’il entende un prêtre romain travestir à l’autel les paroles de la consécration et dire : Panis es et panis manebis, il faut, pour déterminer le jansénisme, la vue de la trop belle gorge de Mme de Guéméné. […] Je n’aime pas ces patriciens romains qui se rangèrent à la religion des esclaves ; ils furent les apostats de leur caste et de leur race.
Daudet m’entretenait aujourd’hui de sa jeunesse dans ce pays de soleil, au milieu de ces belles filles lumineuses, se laissant rouler sur les bottes de paille et embrasser sur la bouche, et cela en compagnie d’Aubanel chantant sur les chemins : La Vénus d’Arles ; du grand et jamais enroué Mistral, haranguant les paysans avec une pointe de vin, drolatiquement éloquente ; du peintre Grivolas, ce ménechme du philosophe de Couture, dans son tableau de l’Orgie romaine, et qui avait pour mission de déshabiller et de coucher les ivrognes. […] À se promener là dedans, vous êtes pris, empoigné, emporté de votre temps par le passé moyenâgeux, comme vous êtes pris par le passé romain, en errant dans les via de Pompéi, et en marchant dans l’ornière de ses chars.
Qui donc se flattera de définir le caractère d’une race, en Europe, après la colonisation romaine, après l’invasion des barbares, après « l’empreinte » catholique, après tant d’échanges européens ? […] Quelle que soit donc, en France, l’inconnue celtique, voici quelques éléments plus sûrs : une colonisation romaine intense, d’où une vie intellectuelle qui égalait celle de la métropole et qui dura d’une façon plus constante à travers tout le moyen âge ; une résistance matérielle moins prolongée à l’invasion des barbares, d’où une assimilation réciproque plus rapide et plus harmonieuse ; à la différence de l’Italie, aucun passé de gloire qui pesât sur l’avenir, attirât sans cesse de nouveaux conquérants et prolongeât l’anarchie ; un pays tout à l’ouest du continent, adossé à la mer en bonne partie, qui n’était point une route à passer, une plaine à traverser, mais qui, une fois conquis, put travailler à un nouvel équilibre ; un pays de grandeur moyenne, non point plat comme l’Allemagne ou démesurément allongé comme l’Italie, mais compact, admirablement varié par ses fleuves et ses montagnes, où les provinces semblaient se faire d’elles-mêmes, éléments futurs d’une plus grande unité ; non point isolé comme l’Espagne et l’Angleterre, mais de contact facile ; un sol fertile ; un climat tempéré, ni la grisaille des longs brouillards, ni la voluptueuse lassitude des cieux ardents.
» Et ils s’en allaient, côte à côte, là-bas, dans un quartier plein de terrains vagues, que Chateaubriand comparait aux champs romains. […] Les impressions sahariennes d’Isabelle réveillent en moi les souvenirs d’une nuit passée sur un haut plateau semé de ruines romaines. […] Une comparaison du Manlius avec la Venise sauvée incite Voltaire à déplorer la délicatesse française qui n’a pas permis à La Fosse de traiter l’aventure toute crue, puisqu’il a été forcé de l’habiller à la romaine. […] Et il faisait écrire par son éditeur qu’il était aisé d’apercevoir, dans cette tragédie, le génie et le caractère des écrivains anglais, aussi bien que celui du peuple romain ; et que l’on y trouvait cet amour dominant de la liberté et ces hardiesses que les auteurs français ont rarement .
Bientôt les Louanges de la Vierge, de saint Bonaventure, et l’Office de la Sainte Vierge, et les Sept Psaumes pénitentiaux, et les Vêpres du Dimanche et les Complies, et toutes les Hymnes du bréviaire romain y passèrent. […] sur des mœurs : où sont nos mœurs romaines ? […] Ce colonel de vingt-quatre ans, ces chaises à lyres, ces faisceaux d’armes sculptés dans les boiseries, ce mobilier du vieil Horace, ce Léonidas aux Thermopyles qui décore la pendule, ces femmes vêtues comme les Romaines de David, ces uniformes, ces boisseaux empanachés, ces galons en pointe sur les cuisses, ces sabretaches ballant les jarrets des héros… Ah ! […] Pendant le jugement, Mlle Anglochère, déguisée en Vierge âgée, converse avec Mlle Malvau (Marie Madeleine), derrière le palais du procurateur romain. […] Je suis prête à quitter sans regret la Rome avilie sous le joug des Césars, et je foulerai avec bonheur cette terre gauloise qui porte dam ses flancs les germes de l’avenir… » Elle y est enfin, la terrible « couleur locale », la couleur empire romain.
Un honorable chanoine de l’église de Paris, compatriote de la famille Désaugiers, écrivant à l’un des frères du célèbre chansonnier sur la nouvelle de sa mort (août 1827), lui rendait ce gracieux témoignage : « Je n’oublierai jamais l’homme aimable que j’ai vu dans sa première enfance, et dont feu l’abbé Arnaud avait tiré l’horoscope qu’il a si bien justifié : « Voilà, disait-il du jeune Tonin 19, voilà une tête grecque. » Il aurait pu dire aussi : « Voilà une tête romaine, et y découvrir des traits de ressemblance avec le bon, l’aimable Horace, que votre ingénieux chansonnier rappelait si souvent.
» Non, je n’aurai jamais, comme les Romains et les Grecs, assez de mépris pour cette mutilation de l’homme, pour cette castration de mon pays, la spécialité.
XVIII On a inventé plus tard le principe de l’ambition toujours légitime des cabinets, pourvu que cette ambition per fas aut nefas eût pour objet et pour résultat l’agrandissement de la puissance, ou dynastique ou nationale, des États ; le principe de l’accroissement illimité et toujours légitime des peuples ou des rois, faux principe qui ne se résume que dans ce qu’on a appelé la monarchie universelle, principe qui a été porté à son apogée par les Grecs sous Alexandre le Grand, par les Romains sous les consuls et les Césars, par les Barbares sous Charlemagne, par les Arabes sous Mahomet, par les Espagnols et les Germains sous Charles-Quint et sous Napoléon, principe qui a été chaque fois démenti par le soulèvement du genre humain contre ces ambitions du monde, qui, non contentes d’aspirer à le fondre dans l’unité de la servitude, aspiraient encore à assujettir d’autres planètes pour que l’infini de leur orgueil remplît l’infini de l’espace !
C’est donc aujourd’hui 19 octobre que je date pour vous et que je marque ce jour comme une époque dans ma vie, ma vie d’isolement, de solitude, d’inconnue qui s’en va vers quelqu’un du monde, vers vous à Paris, comme à peu près, je vous l’ai dit, je crois, si Eustoquie, de son désert de Bethléem, eût écrit à quelque élégant chevalier romain.
Elle était nouvellement mariée à un jeune brigand de Radicofani, poursuivi par les gendarmes du Pape jusque sur les confins des montagnes de Lucques ; elle lui portait à manger dans les roches couvertes de broussailles de myrte qui dominent d’un côté la mer, de l’autre la route de l’État romain.
Nous disions : « Depuis que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre époque, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions entre lesquelles se divise l’Europe intellectuelle, c’est-à-dire d’une part l’Angleterre et l’Allemagne, représentant tout le Nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine.
Les plus graves difficultés de la lecture à haute voix naissent de l’écriture que nous ont transmise les Grecs et les Romains.
Ni révolution, ni dictature, mais l’étude continuelle et la pratique résolue du vrai progrès, parmi les impatiences qu’excite et les séductions qu’exerce le faux progrès : tel est l’esprit de ce bel ouvrage, et c’est par là qu’il prend une des premières places à côté de ce qui s’est écrit de durable sur les choses romaines, pour l’enseignement du monde moderne.
C’est Montesquieu qui écrit ses Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains.
Hâtons la représentation de Lohengrin à Paris, ne serait-ce que pour la joie de contempler la cohorte romaine de M.
Elle essaye sur lui ses caprices, comme les dames romaines, à leur toilette, éprouvaient leurs épingles d’or sur le sein nu des esclaves… Ainsi souffrirait un pantin qui aurait un cœur entre les mains d’un enfant cruel.
Cornélies équivoques qui montrent leurs filles avec le faux sourire de l’entremetteuse et semblent dire, en parodiant l’auguste Romaine : « Voilà mes bijoux !
Winslow note aussi que des catholiques convertis au protestantisme ont, pendant le délire qui précédait leur mort, prié uniquement d’après le formulaire de l’Eglise romaine. — « Les réviviscences de ce genre ne sont au sens strict qu’un retour en arrière, à des conditions d’existence qui semblaient disparues, mais que le travail à rebours de la dissolution a ramenées… Certains retours religieux de la dernière heure dont on a fait grand bruit ne sont, pour une psychologie clairvoyante, que l’effet nécessaire d’une dissolution sans remède. » (Voir Ribot, p. 147.)
Là-dessus le nom de Rouher est prononcé par Hébrard, et Spuller de soutenir, avec une certaine animation, que Rouher n’a jamais été qu’un habile causeur d’affaires, tandis que le véritable orateur de l’Empire a été Billault, que lui a supporté le poids des affaires les plus importantes, comme la question romaine.
Une pièce de vers commence ainsi : Louis quand vous irez dans un de vos voyages Vers Bordeaux, Pau, Bayonne et ses charmants rivages, Toulouse la romaine, où dans ses jours meilleurs J’ai cueilli tout enfant la poésie en fleurs Passez par Blois.
C’est ainsi que Corneille conserve le caractère, et qu’il satisfait en un mot à la dignité d’une âme romaine, à la vengeance, à l’ambition, à l’amour.
, une dame grecque, une autre dame romaine, avec une autre sortant du bain.
Assurément on conçoit Quintilien dans l’antiquité, au sein de ce monde extérieur et sonore où pesait tant la phraséologie romaine, mais dans une société comme la nôtre, où l’âme et la pensée n’ont plus de ressources, d’originalité et de puissance que dans la profondeur de la réflexion ou du naturel, tout Quintilien voulu tombe dans la modiste, et c’est là ce qu’est Villemain, — une modiste de mots !
Ce n’est pas seulement Julia, fille de Claudius, une enfant romaine, c’est plus, c’est mieux qu’elle, qui a resurgi comme vivante ; c’est Aphrodite elle-même, et elle n’est pas issue d’un sépulcre : elle est sortie, comme autrefois, de la mer. […] Chante-moi ces odes, inconnues encore de la muse française, d’un luth bien accordé, au son des lyres grecques et romaines, et qu’il n’y ait vers où n’apparaisse quelque vestige de rare et ancienne érudition… Sonne-moi ces beaux sonnets, non moins docte que plaisante invention italienne. […] « Là donc, Françoys, dit-il, marchez courageusement vers cette superbe cité romaine : et des serves dépouilles d’elle (comme vous avez fait plus d’une fois) ornez vos temples et autels. […] La Dryade a été, affirme-t-il, écrite en 1815, et le Bain d’une jeune Romaine fut écrit en 1817. […] Même dans les pièces bourgeoises, où il consentit deux ou trois fois, — car nul, ici-bas, n’est parfait, — il gardait une fierté presque espagnole ou romaine, castillan comme Victor Hugo et rouennais comme Corneille !
Mais ce qui s’entendait suffisamment, c’est-à-dire ce qui n’était ni grec ni romain, et prenait place entre le douzième et le seizième siècle. […] À la rigueur, leur tragédie eût pu s’appeler drame, mais cela eût été bien vif pour un sujet romain traité en vers. […] Mais elle a l’éclat d’une muraille peinte en rouge antique, à côté des grisailles si tristes et si froides à l’œil des pièces grecques ou romaines qu’on jouait auparavant. […] On avait tellement abusé des Grecs et des Romains dans l’école décadente de David, qu’ils étaient en complet discrédit à cette époque. […] À la villa Medici, sous les pins en ombelle des jardins Panfili ou Borghèse, dans la solitude du Champ romain, il pensait à Shakespeare, à Goethe, à Walter Scott ; il faisait le Retour à la vie, la Ballade du pêcheur, la scène de l’ombre d’Hamlet, l’ouverture du Roi Lear et de Rob-Roy.
Que Renan ait rompu très poliment avec l’Église catholique romaine, c’est sûr. […] La doctrine chrétienne enveloppe encore toutes les pensées et toutes les actions de ceux-là mêmes dont la raison répugne aux formules du catéchisme romain. […] La vieille loi romaine et chrétienne paraîtra un jour trop excessive, trop étroite. […] Pêle-mêle inextricable, innombrable écheveau de fils, tortueux, nuancés et changeants, où l’on distingue des plantes géantes et des floraisons merveilleuses ; des peuples conquérants et accapareurs, tels que les Romains et les Anglais ; des hommes de génie, Shakespeare, Balzac, Napoléon ; des sociétés en perpétuel travail de bouillonnement et de transformation, comme la France contemporaine. […] Ce premier chapitre, un peu long, bariolé de locutions cocasses et drôles, tout constellé et bruissant de joailleries raffinées et dures, expose comment l’âme de Durtal rôda autour de l’Église catholique romaine, sans avoir le courage d’entrer.
Ils expliqueront l’histoire des Juifs et du christianisme d’une manière aussi plausible et par des raisons aussi naturelles que le développement du polythéisme et l’histoire du peuple romain. […] Il conçut vingt projets de spéculation et courut une fois en Sardaigne pour voir si les scories des mines exploitées par les Romains ne contenaient pas d’argent. […] Néron n’est plus sophiste et artiste, Agrippine n’est plus prostituée et empoisonneuse comme dans Tacite ; tous les mots crus, tous les traits de passion effrénée, toutes les odeurs âcres de la sentine romaine ont été adoucis. […] Nous ne sommes point des Romains, nous nous sentons hommes ; la pitié nous prend ; nous faisons un retour sur notre propre destinée. […] Tel était l’état de notre Europe lorsqu’un dogme semblable se montra chez les Alexandrins, chez les gnostiques et dans toutes les sectes mystiques qu’engendra l’oppression romaine.
& nous ne pourrions composer sans le secours des Grecs, des Romains, de Babyloniens, des Thraces, &c. nous irions chercher un Agamemnon, un Œdipe, un Oreste, &c Nous avons découvert l’Amérique, & cette découverte subite a créé mille nouveaux rapports ; nous avons l’Imprimerie, la poudre à Canon, les Postes, la Boussole, &c. […] Les sujets émanés de l’Histoire Romaine, de l’Histoire d’Angleterre, de l’Histoire de France, n’ont aucun rapport avec la famille d’Atrée : Cromwel & Guise ont une toute autre physionomie qu’Agamemnon, & qu’Hippolyte ; & ces nouveaux personnages exigent une autre forme dramatique que celle des Grecs. […] La Loi Romaine, qui défendoit qu’aucun Romain pût posséder au-delà de cinq-cents arpens de terre, étoit une loi très-sage.
Le sujet d’un empire oriental se croit libre ; le peuple romain a très bien vu en César un libérateur. Il est à remarquer que les peuples entourent d’un respect religieux, non jamais, ou très faiblement, une caste, très souvent et très facilement un maître unique, despote oriental, César romain, Napoléon français. […] Comptez que le citoyen romain de Marseille ou de Carthagène qui traverse tout l’empire en trouvant partout le même code et les mêmes formes de procédure, et des agents administratifs obéissant au même esprit, peut passer toute sa vie en se croyant un citoyen suffisamment libre. […] Au lieu de faire du progrès, nous avons fait de l’absolu : nous avons pris au pied de la lettre et comme étant d’une vérité immédiate, a priori, sans conditions, le dogme de la souveraineté du peuple, et nous sommes arrivés juste, avec cette souveraineté, au même résultat où parvinrent jadis les cités grecques et romaines, à la tyrannie. » — « Le dogme de la souveraineté du peuple est une parfaite niaiserie. » C’est que, pour Proudhon, qui, à certains égards, est un idéaliste effréné, en ce sens qu’il ne croit qu’aux idées pures qui sont les siennes et à la logique particulière qui est la sienne, le nombre n’est rien et les tendances et aspirations du plus grand nombre, qui sont des idées confuses et des sentiments vagues, doivent n’être comptées pour rien.
. — Si elle reçoit ce sera seulement pendant une heure ou deux, — et l’amant ne sera reçu qu’en visite officielle, confondu avec les galants, — auxquels la coquetterie de sa maîtresse accorde une audience, et à qui elle réservera ses meilleures câlineries de façons et de langage, — pour s’assurer une troupe de romains qui lui feront une entrée au prochain bal où elle doit aller. […] — Certainement, ajouta madame D… — Eh bien, mes amis, soyez heureux… Vos vœux sont exaucés ; il n’y aura plus d’autres romains dans mon théâtre que ceux qui fonctionnent dans les tragédies que mon privilége m’autorise malheureusement à jouer. — La claque est supprimée. — C’est autant d’économisé. […] Lumley le triomphe romain que celui-ci s’était commandé. — À un signal donné, un formidable chœur s’élève dans la salle, au moment où le public se disposait à se retirer : — Lumley ! […] Le directeur du Gymnase crut s’apercevoir qu’un article de l’engagement était pour sa pensionnaire une porte de sortie, et il la lui ouvrit, croyant bien ne laisser partir que la Vendéenne. — Peu de temps après, entrant par hasard à la Comédie-Française, à cette époque un des plus célèbres déserts de l’Europe, il la reconnut. — C’était déjà Camille, — non plus une petite débutante donnant quelques espérances, et qu’il fallait encourager, — mais la grande et fière Romaine de Corneille.
Ainsi jadis du Bellay, mais sur un autre ton, tout de même, et pour des besognes un peu différentes, poussait au pillage la troupe ardente des jeunes poètes : « Là doncques, François, marchiez courageusement vers cette superbe cité romaine : et des serves despouilles d’elle comme vous avez fait plus d’une fois) ornez vos temples et autels … Donnez en cette Grece menteresse, et semez encore un coup la fameuse nation des Gallogrecs. […] Et ne s’occuper ni des Grecs, ni des Romains, ni des classiques, ni des romantiques. […] Nous n’avons plus besoin de multiplier les longues colonnades, parce que les Romains ont inventé la voûte. […] Cependant, il serait difficile de tolérer : les Aigles romains.
« Quand les Romains virent pour la première fois des éléphants, ils les appelèrent bœufs de Lucanie.
Horace chantait-il un tel Poëme séculaire aux Romains ?
Leur Égérie est flattée, cela est vrai ; j’ai glissé sur le mélange d’intrigue et d’emphase qui composait le génie à la fois féminin et romain de cette femme.
On n’était pas accoutumé à une telle virilité romaine d’idées et d’accents sous une main de jeune femme.
Du polythéisme romain considéré dans ses rapports avec la philosophie grecque et la religion chrétienne, 1833, 2 vol. in-8.
. — « Les peuples usés par des civilisations excessives, écrivait en 1866 Barbey d’Aurevilly, ont seuls de ces rages de spectacle auquel ils sacrifieraient tout, même le pain, je crois, que les Romains avec les jeux du cirque demandaient. » Le théâtre n’est plus que de l’histrionisme, et cet histrionisme infecte la société.
Pensons à la sagesse et à la largeur de l’Église romaine.
Je me dis bien maintenant que le mot prendre, qui était à peu près figuré par les deux premières syllabes du nom cherché, devait entrer pour une large part dans mon impression ; mais je ne sais si cette ressemblance aurait suffi à déterminer une nuance de sentiment aussi précise, et en voyant avec quelle obstination le nom d’« Arbogaste » se présente aujourd’hui à mon esprit quand je pense à « Prendergast », je me demande si je n’avais pas fait fusionner ensemble l’idée générale de prendre et le nom d’Arbogaste : ce dernier nom, qui m’était resté du temps où j’apprenais l’histoire romaine, évoquait dans ma mémoire de vagues images de barbarie.
À ces œuvres principales, il faudrait ajouter ces innombrables pièces auxquelles on a donné le nom commun de Théâtre du Boulevard, où l’extravagance le dispute souvent à l’horreur, et dont les scènes hideuses attiraient chaque soir une foule avide et palpitante : Trente ans ou la vie d’un joueur, Richard d’Arlington, Térésa, Dix ans de la vie d’une femme, Victorine, La Cure et l’Archevêché, La Tour de Nesle, La Nonne sanglante, La Vénitienne, Ango, Les Sept Infants de Lara, La Dame de Saint-Tropez, Les Nuits de la Seine 161… Combien d’autres dont la trace est restée dans les mémoires comme le souvenir d’un cauchemar, tristes débauches du talent, honteuses orgies de l’art dégradé, dont on pourrait dire ce que disait Tertullien des spectacles romains : « Tragediæ scelerum et libidinum actrices, cruentæ et lascivæ. » (De spect.) […] La propriété n’est rien, ou elle est essentiellement un droit absolu, et, comme disaient les Romains, jus utendi et abutendi. […] Quand on a accoutumé les esprits à des idées de crime, on y accoutume bientôt les mœurs293. » Le peuple romain s’était corrompu et endurci aux spectacles sanglants du cirque : nous nous sommes démoralisés aux spectacles ignobles du vice et du crime.
Nous disions aux classiques : “Vos Grecs ne sont point des Grecs, vos Romains ne sont point des Romains. […] Je ne considère ni la romaine, ni la batave, ni l’helvétique, mais seulement la française.
Ils écrivent avec la même facilité des mystères, s’ils s’en promettent renom et bon débit, comme ils bâclaient des romans de chevalerie et de brigands, des récits d’aventures, des tragédies romaines et des idylles villageoises, quand la demande des critiques de journaux et du public paraissait se porter plutôt sur cette marchandise-là. […] Plat est le droit romain, profonds sont la Clef des songes et les prophéties de Nostradamus. […] Ils causent inépuisablement, avec des antithèses et des mots d’esprit éblouissants ; ils se battent un contre dix, ils aiment comme Hercule dans la nuit thespidienne, et leur vie entière n’est qu’un long enivrement de combats, de voluptés, de vin, de parfums et de splendeurs, une sorte de folie des grandeurs avec des idées de gladiateur romain, de Don Juan et de Monte Christo, une folle dissipation de trésors inépuisables de force physique, de gaieté et d’or. […] Wiseman tourna toutes les têtes faibles ; Newman passa au catholicisme ; Pusey revêtit toute la haute Église anglicane du costume romain.
Sur les hauteurs s’élèvent d’ordinaire des chapelles, comme des tours de guet contre le démon, et dédiées à l’ennemi de Satan, à Saint-Michel, qui y remplace le Mercure gaulois et romain (ce qui fait de Saint-Michel-Mont-Mercure en Vendée la joie des topologues). […] L’admirable spectacle que de voir le christianisme protestant se déposer dans la maison de ces positivistes que sont Eliot et Lewes, l’incorporer malgré les malentendus à une tradition continuée — ainsi que le catholicisme romain a cristallisé sur les murs de l’Église comtiste ! […] Ces cadres, empruntés de la politique dorienne, subsistent dans Platon, le grand initiateur érotique et mystique de notre civilisation européenne : on les retrouve dans le stoïcisme des Romains, appuyés sur l’expérience gouvernementale de leur aristocratie guerrière ; puis dans le Christianisme ecclésiastique, héritier pour une si grande part des philosophies méditerranéennes antiques, enfin chez les grandes nations anglo-saxonnes contemporaines, qui ont conservé jusqu’ici un christianisme suffisamment rationnel comme contre-poids à leurs fréquentes velléités mystiques.
L’humeur joviale du vieillard dans Ménénius, la dignité de la noble Romaine dans Volumnie, la modestie conjugale dans Virgilie, la hauteur du patricien et du guerrier dans Coriolan, la maligne jalousie des plébéiens et l’insolence tribunitienne dans Brutus et Sicinius, forment les contrastes les plus variés et les plus heureux. […] Il fallait montrer dans César la force qui soumet les Romains et l’orgueil qui les écrase ; Shakespeare n’avait qu’un coin pour laisser entrevoir cet état de l’âme du héros ; il a forcé les couleurs. […] Cloten, le seul personnage comique de la pièce, peut être jugé de plus d’une manière : on voit en lui la sottise et l’orgueil d’un prince privé d’éducation ; mais il semble que Shakspeare ait oublié qu’il nous l’a donné d’abord pour une âme lâche et sans énergie, lorsque, dans le conseil royal, il lui fait adresser à l’ambassadeur romain une réponse pleine de dignité ; soit qu’il ait cru que, vis-à-vis de l’étranger, l’honneur national peut enflammer les âmes les plus communes ; soit que le poëte ait voulu insinuer que le rôle des princes leur est souvent tracé d’avance dans les grandes occasions. […] Déjà plusieurs auteurs des siècles gothiques avaient célébré la chaste Romaine, et Shakspeare a pu se dispenser de puiser aux sources premières.
Je ne prétends point pourtant, dans cette allusion au Consul romain, adopter en tout les plaisanteries de Juvénal et des écrivains du second siècle sur les vers de Cicéron.
En face du dogme et du culte régnants, on développe, avec une ironie ouverte ou déguisée, ceux des diverses sectes chrétiennes, anglicans, quakers, presbytériens, sociniens, ceux des peuples anciens ou lointains, Grecs, Romains, Égyptiens, Mahométans, Guèbres, adorateurs de Brahma, Chinois, simples idolâtres.
Selon Goethe, comme selon les philosophes indiens, comme selon les philosophes chrétiens transcendants, comme selon les philosophes grecs et romains eux-mêmes (voyez le mot de Cicéron antiquissimum purissimum !)
De tout temps, l’élévation du rang d’où l’on est précipité fait partie, sinon du supplice de sang, du moins du supplice de l’âme : les Romains, si féroces dans la guerre, ne pensaient pas que tomber dans un trou fut la même chose que tomber de la roche Tarpéienne sur le pavé du Capitole.
C’est quelques jours après avoir adressé ces vers à la comtesse de Scandiano, qu’il consentit, sur quelques scrupules des critiques romains qui examinaient son poème, à supprimer le bel épisode d’Olinde et de Sophronie, une des grâces les plus déplacées, mais les plus séduisantes, de son récit.
Il n’avait de sève que dans ses prétentions tout à fait fausses pour sa robe de citoyen romain et de tragique italien moderne.
Je ne pense pas qu’aucun poète romain ait reçu plus de marques de sympathie, plus de signes d’intelligence et d’amitié de la jeunesse de son temps que je n’en ai reçu moi-même ; moi si incomplet, si inégal, si peu digne de ce nom de poète ; ce sont des espérances et non des réalités que l’on a saluées et caressées en moi.
C’était le temps où les écrits de Voigt et de Hurter révélèrent aux yeux des catholiques la grandeur des pontifes romains du xie et du xiie siècle.
Graces à ses Ouvrages, notre Langue deviendra classique, comme celle des Grecs & des Romains.
. — Les Bacchanales romaines.
Une fille de nabab rêvant la chambrette de Jenny l’ouvrière : cela fait sourire, cela rappelle le philosophe romain écrivant l’éloge de la médiocrité sur un pupitre d’or massif.
Dimanche 5 mars Aujourd’hui Tourguéneff est entré chez Flaubert, en disant : « Je n’ai jamais si bien vu qu’hier, combien les races sont différentes : ça m’a fait rêver toute la nuit… Nous sommes cependant, n’est-ce pas, nous, des gens du même métier, des gens de plume… Eh bien, hier, dans Madame Caverlet, quand le jeune homme a dit à l’amant de sa mère qui allait embrasser sa sœur : « Je vous défends d’embrasser cette jeune fille. » Eh bien, j’ai éprouvé un mouvement de répulsion, et il y aurait eu cinq cents Russes dans la salle, qu’ils auraient éprouvé le même sentiment… et Flaubert, et les gens qui étaient dans la loge, ne l’ont pas éprouvé ce moment de répulsion… J’ai beaucoup réfléchi dans la nuit… Oui, vous êtes bien des latins, il y a chez vous du romain et de sa religion du droit, en un mot, vous êtes des hommes de la loi… Nous, nous ne sommes pas ainsi… Comment dire cela ?
Préambule Dans un de ces préambules pleins de grâce que Cicéron aime à placer, comme des portiques, à l’entrée de ses traités d’éloquence et de philosophie, dans un dialogue où les chefs de l’aristocratie romaine, réunis sous les ombrages d’une villa deTusculum, nous laissent entrevoir l’exquise urbanité d’une conversation patricienne et, pour ainsi parler, le grave sourire de ces maîtres du monde antique, l’orateur Crassus, prié de dire son avis sur un sujet littéraire, s’en défend par des paroles fort dédaigneuses pour la critique.
Ainsi, à Rome, avant le Christianisme, il n’était pas permis à la courtisane de porter des cheveux noirs, — les cheveux de la race, — portés seulement par les matrones romaines.
En effet, ni Rome ni Byzance n’ont eu, dans leurs littératures, un homme de talent quelconque — un Goncourt — qui ait fait un roman avec les cochers bleus et verts du Cirque, avec les mimes ou les joueurs de flûte aimés des jeunes Romaines… Mais l’objection ne me touche point.
Quand vous auriez retrouvé et prêté à l’acteur qui joue le rôle de Brutus le costume que porta jadis le héros romain, le poignard même dont il frappa César, cela toucherait assez médiocrement les vrais connaisseurs. […] Nous nous inclinons avec une admiration respectueuse devant l’école florentine et romaine, à la fois idéale et vivante ; mais celle-là exceptée, nous prétendons que l’école française égale ou surpasse toutes les autres. […] Voilà bien les grandes lignes de l’école romaine, son dessin plein de noblesse et de vérité. […] Au lieu de cela on nous a fait une immense basilique romaine de la décadence.
« Les sociétés les plus fortes de l’antiquité ont été la société égyptienne, la société hébraïque et la société romaine, où le ministère politique, patriciat chez les Romains, ministère lévitique chez les Juifs, guerrier chez les Égyptiens, était fixe, héréditaire et propriétaire. […] On a suivi de loin son existence poétique et voyageuse, qui a donné à la France les Martyrs, cette épopée historique et philosophique, chantée entre le monde romain qui s’écroule et le monde chrétien qui s’élève, et l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, écrit avec les notes qui restaient à l’auteur quand il eut employé les matériaux recueillis pendant les nombreux voyages nécessités par la composition de son épopée. […] L’autre, dont le nom est presque universellement inconnu, n’a encore qu’un titre, une chanson, le Roi d’Yvetot, dont les refrains, tout pétillants de la vieille malice gauloise, chantés derrière les victoires de l’empereur, ressemblaient un peu à ces couplets mordants que les soldats romains répétaient derrière le char du triomphateur le jour où il montait au Capitole. […] Madame de Staël, dans un ouvrage publié près de quinze ans plus tôt, et sévèrement critiqué par Fontanes63, avait entrevu, avec l’inexpérience de la jeunesse et la confusion que jetaient dans ses jugements des études incomplètes et insuffisantes, qu’il y avait dans les littératures des peuples de l’Europe deux sources d’inspiration : le génie de la civilisation classique, c’est-à-dire, les Grecs, les Latins étudiés dans les monuments immortels de leurs langues, et le génie de cette civilisation plus moderne que le catholicisme avait apportée au monde en greffant ses immortelles vérités sur les mœurs, les tendances et les idées des peuples vainqueurs de l’empire romain ; elle était arrivée dans son livre De l’Allemagne à une expression plus nette et moins exagérée d’une théorie dans laquelle il y avait un fond de vérité caché sous un grand nombre d’erreurs […] Si l’on n’admet pas que le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi, l’antiquité et le moyen âge, la chevalerie et les institutions grecques et romaines se sont partagé l’empire de la littérature, l’on ne parviendra jamais à juger, sous un point de vue philosophique, le goût antique et le goût moderne. » Si l’on tempère cette distinction encore un peu trop tranchée, en disant que nous sommes des barbares qui avons bu à deux sources de civilisation, la Bible et l’Évangile d’une part, l’Iliade et l’Énéide de l’autre, on sera bien près de la vérité, et l’on aura découvert les trois éléments des littératures modernes : l’élément religieux, l’élément des origines nationales simples ou multiples, enfin l’élément classique, par lequel nous nous rattachons à l’antiquité civilisée.
De cette hauteur, l’enceinte dans laquelle tes générations mortelles sont entrées tour à tour pour combattre, tomber et faire place à d’autres, ressemble à ces cirques romains où sous un voile de soie, parmi des colosses dorés, entre des murailles de marbre, les captifs de tout l’univers défilaient les uns après les autres pour étaler sous la lumière pourprée la sauvagerie de leurs accoutrements barbares, l’or et les perles de leurs costumes asiatiques, la fierté de leurs membres nus, l’adresse et l’emportement de leurs massacres, et pour couvrir à la fin de leurs cadavres le sable impérial qui avait bu leur sang. […] Il dit, en décrivant la servitude romaine : « Quel vertige un pareil monde devait-il produire sur l’adolescent effréné qui le dominait du haut d’une toute-puissance sans obstacle et sans garde-fou ? […] Dans ses tableaux, Omphale et le petit Amour, Pallas jouant de la flûte, la Charmeuse, Phryné, la Vierge aux deux enfants, les Romains passant sous le joug, l’Enfant prodigue et son père sont des figures accomplies. […] Personne n’a trouvé de plus belles, de plus fines et de plus fortes expressions morales : il suffit de citer celles des Romains et des Barbares dans le Triomphe de Divicon, celles du major Davel et des deux ministres protestants qui raccompagnent au supplice, celles du père et de la mère de l’Enfant prodigue, celle d’Omphale. — Tous ses intérieurs ou paysages antiques sont exquis ; jamais, avec des procédés si simples, on n’a donné une si exacte idée de la nature et de la vie grecques. […] Le triomphe de Divicon est encore supérieur : une foule et un pêle-mêle, hommes, femmes, enfants, Romains, barbares, quarante personnages pressés avec tes altitudes, les mouvements, les physionomies de la victoire insolente et de la défaite haineuse, des trophées, des chars, des idoles, tous les détails agencés, pondérés, équilibrés, tous les groupes, tous les gestes concourant d’eux-mêmes et sans effort à un effet unique, et, pour centre, un grand chêne nu vaste branchage, l’ancêtre végétal de la tribu, sorte de Dieu indigète qui étend sur ses enfants victorieux, sur le tumulte humain, l’ombre paisible de ses vertes feuilles ; l’art de la composition n’a jamais été porté plus loin.
Cela date des Romains. […] Ces Romains ont édifié le mariage comme les aqueducs et les égouts. […] La désolation de la campagne romaine le charmait infiniment : À peine à l’horizon voit-on sur un coteau Quelques buffles errants, que le pâtre abandonne Pour se coucher en paix sur un fût de colonne Et dormir au soleil, drapé dans un manteau. […] De même, dans l’empire romain, si l’on peut comparer les petites choses aux grandes, un sensualisme grossier produisit l’ascétisme. […] Cet extatique sait le prix du temps aussi bien qu’un bon fonctionnaire romain.
Plein de charité et de religion, sa morale, sa probité et sa simplicité lui eussent fait honneur dans les plus beaux jours de la République romaine. » (Napoléon en exil, ou l’Écho de Sainte-Hélène, par Barry-E. […] Peut-être encore, remontant le cours des années, évoquons-nous, sous les pieux ombrages de la Chesnaye, le Chrysostome breton, en qui ses disciples, les abbés Salinis, Lacordaire et Gerbet, saluaient un nouveau père de l’Église, avant les foudres romaines. […] Il a démêlé, en homme d’État, les rapports du prêtre ultramontain avec la curie romaine, et l’intrigue qui se dénoua par l’encyclique Singulari nos lui fournit la matière d’un des plus intéressants chapitres de son livre. […] Lamennais, qui, dans la vaste solitude de son génie luttait ainsi pour la papauté contre le gouvernement royal et le clergé de France, eut la pensée à la fois audacieuse et candide de solliciter du saint-père une approbation qu’on ne devait pas attendre de la prudence romaine. […] Il s’enfonça dans le désert, où il rencontra Valerius Slavus, chevalier romain, qui y vivait en ermite, dans un état d’esprit que vous allez comprendre.
Les soldats turcs portaient des turbans. » Quant aux pièces de Racine, elles furent jouées avec le « costume à la romaine » (cuirasse de brocart et tonnelet), qui était celui des grands, des princes et du roi lui-même dans les carrousels. […] Vous avez assez entendu dire, parce que, du reste, c’est la vérité, que Mithridate est composé de deux pièces, c’est à savoir d’une pièce héroïque : Mithridate en face des Romains, — et d’une tragédie ou comédie d’alcôve, analogue d’un côté à Harpagon et de l’autre à Phèdre : Mithridate, Monime et Xipharès ; et que ces deux pièces s’en vont un peu parallèlement, sans avoir très grands rapports l’une avec l’autre, quoique l’auteur ait établi entre elles, très ingénieusement, un lien artificiel. […] C’est la pièce héroïque, c’est Mithridate devant les Romains. […] « Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance. » Mais, en vérité, au théâtre, Mithridate paraît moins malheureux de moitié ; car de tout ce qu’il y a dans son affaire du côté des Romains nous ne nous occupons pas le moins du monde.
Devant une société qui se décompose, l’empire romain, par exemple, il peut, du premier de ces points de vue, considérer l’effort total et en constater l’insuffisance. […] La Société romaine produisait peu d’enfants. […] Rattachant les effets aux causes, le critique qui examine cette société de ce point de vue général conclut que l’entente savante du plaisir, le scepticisme délicat, l’énervement des sensations, l’inconstance du dilettantisme, ont été les plaies sociales de l’empire romain, et seront en tout autre cas des plaies sociales destinées à ruiner le corps tout entier. […] Ce sera, pour l’empereur romain, la curiosité du mauvais artiste, l’affectation du cabotin pourpré. […] Il aura imposé aux écrivains un souci du style qui ne s’en ira pas tout de suite, et les lettrés lui doivent une reconnaissance impérissable pour avoir retardé, autant qu’il fut en lui, la dégénérescence de cet art de la prose française, héritage séculaire de la grande civilisation romaine !
Il aura des esprits qu’il enverra chercher de l’or dans l’Inde, et « fouiller l’Océan pour entasser devant lui les perles orientales », qui lui apprendront les secrets des rois, qui, à son ordre, enfermeront l’Allemagne d’un mur d’airain, ou feront couler les flots du Rhin autour de Wittenberg, qui marcheront devant lui « sous la forme de lions, pour lui servir de garde, ou comme des géants de Laponie, ou comme des femmes et des vierges, dont le front sublime ombragera plus de beauté que la gorge blanche de la reine de l’Amour. » Quels rêves éclatants, quels désirs, quelles curiosités gigantesques ou voluptueuses, dignes d’un César romain ou d’un poëte d’Orient, ne viennent pas tourbillonner dans cette cervelle fourmillante ! […] Penthéa est aussi honnête, mais non aussi forte que Pauline ; c’est l’épouse anglaise, mais ce n’est point l’épouse romaine, stoïque et calme95.
S’agit-il d’expliquer l’embarras d’un jeune homme obligé de choisir une carrière parmi les convoitises et les doutes de l’âge où nous vivons, il vous montre1393 « un monde détraqué, ballotté, et plongeant comme le vieux monde romain quand la mesure de ses iniquités fut comblée ; les abîmes, les déluges supérieurs et souterrains crevant de toutes parts, et dans ce furieux chaos de clarté blafarde, toutes les étoiles du ciel éteintes. […] Pour me faire l’histoire du christianisme, il faut me montrer l’âme d’un saint Jean où d’un saint Paul, le renouvellement subit de la conscience, la foi aux choses invisibles, la transformation de l’âme pénétrée par la présence d’un Dieu paternel, l’irruption de tendresse, de générosité, d’abnégation, de confiance et d’espérance qui vint dégager les malheureux ensevelis sous la tyrannie et la décadence romaine.
Quel humble que cet Énée que Virgile charge de tout le fardeau d’être l’idée de la force romaine, et quel humble que ce Don Quichotte à qui Cervantès impose l’épouvantable poids d’être à la fois Roland et les quatre fils Aymon, Amadis, Palmerin, Tristan et tous les chevaliers de la Table ronde ! […] Les Romains disaient rhéteur et cela signifiait celui qui parle, celui qui dompte le verbe, celui qui assujettit les mots au joug de la pensée et qui sait les manier, les exciter, les aiguillonner jusqu’à leur imposer, à l’heure même de sa fantaisie, les travaux les plus rudes, les plus dangereux, les plus inédits.
Réalistes et Naturalistes I. Alphonse Daudet. Les Rois en exil. — 1879. S’il est un auteur dont toute production soit désormais un événement littéraire, c’est sans conteste M. Alphonse Daudet.
Oui, qui donc a dit qu’il n’y avait au monde que « trois histoires de premier intérêt » : celle des Grecs, celle des Romains, celle des Juifs ? […] C’est contre Spinosa qu’il s’est efforcé d’établir « la vocation du peuple de Dieu » ; et on lit, effectivement, dans le Traité théologico-politique : « Si quelqu’un persiste à soutenir que l’élection des juifs est une élection éternelle… Je n’y veux pas contredire, … pourvu qu’on demeure d’accord qu’à l’égard de l’intelligence et de la vertu véritable, toutes les nations sont égales, Dieu n’ayant sur ce point aucune sorte de préférence, ni d’élection pour personne. » Spinosa dit ailleurs : « Puisqu’il est bien établi que Dieu est également bon et miséricordieux pour tous les hommes, et que la mission des prophètes ne fut pas tant de donner à leur patrie des lois particulières que d’enseigner aux hommes la véritable vertu, il s’ensuit que toute nation a eu ses prophètes, et que le don de prophétie ne fut point propre au peuple juif. » Et Bossuet lui répond : « Les nations les plus éclairées et les plus sages, les Chaldéens, les Égyptiens, les Phéniciens, les Grecs, les Romains, étaient les plus ignorantes et les plus aveugles sur la religion : tant il est vrai qu’il y faut être élevé par une grâce particulière et par une sagesse plus qu’humaine ! […] Les Grecs et les Romains, qui tenaient la pauvreté pour honteuse, n’auraient jamais eu l’idée d’y réduire les « huit béatitudes ». […] Plus ami, comme je l’ai dit aussi, de la sévérité de la discipline romaine que de la liberté grecque, c’est sur le dogme de la Providence qu’en fondant l’assurance de l’ordre, qui est le premier besoin des sociétés humaines, il a fondé l’apologie de la religion. […] Et Voltaire a soin d’ajouter : « Un citoyen de Paris se promène aujourd’hui dans sa ville avec plus de luxe que les premiers triomphateurs romains n’allaient autrefois au Capitole. » Combien de fois maintenant, en combien de manières, par combien de « philosophes » — et, si je l’ose dire, de nigauds aussi, — n’entendrons-nous pas, à travers tout le xviiie siècle, répéter, ou refaire, ou diversifier cette comparaison !
Peut-être aussi, en laissant morts et mystérieux les cinq actes et en vers de Félix Peillon, les quatorze tableaux et romains de Fabrice Labrousse et Ferdinand Laloue, accuse-t-on la futilité de ces travaux terriblement forcés auxquels avait à consentir le poète. […] Mais ce n’est pas comme une épopée romaine que nous lisons l’Énéide ? […] Ainsi, vers la fin de Romaine Mirmault, il y a Viterbe, ville farouche, plus vieille que la Renaissance et le Moyen Age ; ville aux maisons tassées et refrognées, et ville où le bruit des fontaines dans les vasques n’interrompt pas le silence ; ville de passions tragiques et muettes. […] Mais, dans les rues de Viterbe, Romaine Mirmault ne rencontre que bonnes gens voués à l’ennui provincial et qui usent paisiblement leur vie quotidienne. […] » Mais l’amour n’est pas le tout de ces récits, comme il n’est pas, on dirait, le tout de l’existence… « N’y a-t-il pas, s’écrie la gentille Romaine Mirmault, des tas d’autres choses qui le valent bien ?
Comme François Ier, Louis XIV rechercha l’appui de la Turquie contre le Saint-Empire romain. […] Archimède, qui fut si fort épris et ravi, selon Plutarque, de « la douceur et des attraits de cette belle sirène », la géométrie, Archimède dirigea lui-même la défense de Syracuse contre les Romains ; et, comme il leur donnait du fil à retordre, les Romains irrités et émerveillés l’appelèrent un « Briarée géomètre ». […] L’impératrice était alors enceinte ; et, comme Auguste avait beaucoup fait déjà pour améliorer la vie romaine, il était naturel de penser et aimable de dire que le fils d’Auguste établirait le définitif âge d’or.
Ces deux hommes se ressemblaient étonnamment de figure et de caractère ; tous les deux portaient sur une taille haute et mince une tête noble, pâle, gracieuse, pensive, loyale et fine, beaucoup plus grecque de contours et de traits que romaine ou vénitienne ; ils étaient du même âge à l’œil, de cet âge heureux pour les hommes d’État et pour les artistes, où le soleil de la vie n’éclaire plus que le sommet (le front) comme à cette heure de la soirée où le soleil du jour n’éclaire plus que les cimes.
Elle est athénienne par le beau et romaine par le grand.
Il revient chez lui ; il fait de grandes courses à cheval, il rêve, il lit : les anciens, les Romains du moins, ne l’attirent guère ; il y a trop de raison et de raisonnement chez eux ; il y a trop de réalité dans nos classiques ; et La Fontaine lui renvoie une trop laide image de la vie et de l’homme.
Depuis cinquante ans que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre siècle, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions qui composent l’Europe, c’est-à-dire l’Angleterre et l’Allemagne, qui représentent tout le nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine.
Le dernier surtout, par l’élégance précoce et la pureté originale de son style, lui avait inspiré une sorte de culte ; il se décidait avec peine à tenir pour bonne une phrase qui n’eût pas été employée dans l’Histoire romaine de Coeffeteau.
Guizot fait observer avec raison que la vraie littérature du Ve et du VIe siècle, ce ne sont pas les pâles essais des derniers rhéteurs des écoles romaines, c’est le travail populaire de la légende chrétienne.
Les Romains ne furent que de grossiers soldats ; la majesté du plus beau Romain, d’un Auguste, d’un Trajan, ne me sembla que pose auprès de l’aisance, de la noblesse simple de ces citoyens fiers et tranquilles.
À nous, gens de race latine, qu’importerait ce Wotan que nous appelons Odin, et en qui nous aurions peine à reconnaître le Zeus des Grecs et le Jupiter des Romains ?
La preuve c’est qu’il a pu tenter et même faire des œuvres communes, des œuvres européennes, ce qui ne s’était pas vu depuis les Romains, et ce qui ne s’est jamais vu aux temps modernes. […] Les Égyptiens sont bâtisseurs, les Grecs artistes, les Romains belliqueux et tout le moyen âge à leur suite. […] L’enlèvement des Sabines n’est pas autre chose que le rapt, fait par les Romulides dans la campagne romaine, d’hommes désarmés qui devenaient esclaves et donnèrent naissance à toute la classe des plébéiens. — On remarquera aussi l’importance de la figue.
. — Faites bien attention que l’histoire de tous les peuples, grecs, romains, phéniciens, gaulois, américains et chinois commence par-des fables… Voilà qui peut mener loin par voie de conséquences. […] Il aime l’histoire grecque et surtout l’histoire romaine. […] Un grand monument fondé sur une grande force, l’empire romain établi sur la vertu romaine, le Capitole éclatant rivé à son rocher indéracinable, cela plaît à ce méridional, à ce gallo-romain, à ce juriste, né en terre latine, au pays des Ausone et des Girondins. […] Rappelez vous les Romains offrant la liberté à la Cappadoce, et la Cappadoce ne sachant qu’en faire » — Soit ; nous allons avoir un politique naturaliste comprenant et expliquant les développements des nations, les grands mouvements des peuples, les accroissements et les décadences, les conquêtes, les soumissions, par d’énormes et éternelles causes naturelles pesant sur les hommes et les poussant sur la surface de la terre comme les gouttes d’eau d’une grande marée ; et cela, dans un autre genre, et comme en contre-partie, sera aussi beau, si le génie s’en mêle, que ce « Discours » immortel où nous voyions naguère empires et peuples menés d’en haut, par une invisible main, à travers des révolutions qu’ils ne comprennent pas, vers une fin mystérieuse. […] Grandes vertus civiques, législation forte, amour de la patrie, respect de la loi, un grand courage et un grand dessein ; lorsque l’un et l’autre faiblissent, décadence et décomposition, substitution de la Monarchie à la République : pour Montesquieu voilà toute l’histoire romaine, et voilà l’essence de toute république.