Prévost-Paradol Essais de politique et de littérature. — Nouveaux essais de politique et de littérature. […] On lui permit même la politique (sans stage !) […] la lune, pour Paradol, pour cet enfant gâté de la littérature, c’était l’influence politique ! […] Ils sont, sans doute, restés dans leur gaine, avec cette supériorité politique qu’il n’en peut pas tirer non plus : malheureux génie cloué dans son fourreau. […] C’est peut-être la seule phrase pensée, la seule phrase vraie de ces deux volumes de littérature politique.
En Angleterre, c’est presque exclusivement sous la forme religieuse qu’elle s’est montrée, et, en France, c’est sous la forme politique pure. […] La religion, sans doute, a joué un rôle dans la Révolution française, de même que la liberté politique n’a nullement été désertée par les divers sectaires de la Révolution anglaise. […] Quant aux différences politiques, elles ne sont pas moins réelles, quoique plus difficiles et plus fines à saisir. […] La liberté politique suspendue sous l’empire reparut avec la Restauration, bien qu’au grand regret des rois restaurés, et la France continua au milieu de mille entraves sa marche progressive. On se fit, sous la Charte, aux mœurs politiques et à la pratique constitutionnelle, qui n’avaient jamais été possibles auparavant, même sous le Directoire, à cause des réactions violentes et des souvenirs trop animés.
Dans cette dernière partie de sa vie, la figure de Portalis est complète et personnifie pour nous l’idée du grand jurisconsulte politique, du magistrat touchant au législateur. […] Tel il va nous apparaître dans les événements politiques qui signalèrent la fin du dernier siècle et le commencement du nôtre. […] La Provence formait alors un petit État dans l’État ; le parlement d’Aix était saisi de toutes sortes d’affaires ; toutes les questions, non seulement d’administration, mais de politique locale, s’y traitaient. […] L’influence de Mirabeau, souveraine dans la Provence, l’écarta des États généraux ; il n’en eut point de regret et se retira à la campagne, s’y occupant de méditer un ouvrage Sur les sociétés politiques. […] C’est à dater de là que son rôle vraiment politique commence.
La littérature et la vie politique La liaison de la politique et de la littérature n’est pas difficile à établir. […] L’évolution littéraire a passé par les mêmes phases que l’évolution politique. […] Nous savons ce qui arrive quand l’autorité prédomine dans le domaine politique. […] C’est d’abord une floraison de toute la littérature politique. […] L’inégalité économique gêne et rend souvent illusoire l’égalité civile et politique.
Les pays vivent et meurent de la politique. […] Il en est de même en politique. […] Cela, c’est l’énergie politique, qui complète la détermination politique, et assure infailliblement son succès. […] C’est que la paix est le chef-d’œuvre de la politique. […] Il bat le rappel du méconnu, en mobilier comme en philosophie, comme en politique, comme en économie politique.
La grande raison politique alors se bornait à rappeler combien les Anglais avaient mis d’années pour arriver à la liberté dont ils jouissent ; ce qui signifiait apparemment que les antres peuples étaient condamnés à ne les suivre qu’à quelques siècles de distance. […] La politique a ses nécessités, et c’est sous leur empire qu’il faut marcher aujourd’hui. […] Toutes ces fictions de notre ordre politique s’appuyaient sur ce qu’on appelait le principe monarchique, la prérogative royale. […] D’ailleurs, notre confiance ne pouvait être là ; trop de condamnations politiques nous en avaient avertis depuis le ministère du 8 août. […] « La grande journée de juillet a prouvé le besoin de changer notre langue politique, et de renoncer enfin à d’antiques expressions qui depuis longtemps n’ont plus de rapports avec notre ordre social.
Politique, religion, éducation, morale, à quoi ne touchez-vous pas ? […] Thiers, ami politique de M. […] C’eût été de la politique. […] Puis, par la pente de ses idées, il en vint à la politique. […] Les avocats ne se font guère connaître que par la politique.
C’est aussi toute la politique, car la politique n’est que le résumé expérimental de l’histoire. […] Nous faisons donc un grand reproche moral et politique à M. […] La génération des hommes politiques de 1799 était détrempée. […] La philosophie politique était la philosophie de la paix. […] Pitt rachètent les pages qu’il a consacrées à sa politique.
Je l’ai dit, et avec assez d’insistance, c’est un esprit très politique et très moderne, et l’histoire du temps de Philippe II n’est pas que politique ; elle est, avant tout, religieuse. […] le fanatisme religieux, le charbon fumant d’une flamme d’amour, inextinguible encore, pour une religion enfoncée par le marteau de quinze siècles dans le cœur, les mœurs et les institutions politiques des peuples, et même de ceux-là qui s’étaient révoltés contre elle… Il ne faut pas s’y tromper ! […] Henri IV n’a pas le fanatisme religieux qui fut la plus honorable passion du XVIe siècle, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, mais qui est la plus puissante, il est peut-être la seule figure de son histoire qui soit entièrement sympathique à Forneron, l’écrivain politique de ce temps, qui, au temps de Henri IV, se serait certainement rangé dans le parti des politiques, qui mirent fin à la guerre civile et tirèrent de la vieille Constitution de la monarchie catholique, qui avait été la monarchie française, une monarchie d’un autre ordre, — la monarchie des temps modernes. […] Mais ce que les politiques du temps, et même de ce temps-ci, prennent pour une transaction, fut pour le Catholicisme une défaite. […] … — Il faut savoir le reconnaître… Nous nous tenons pour tels, et la politique de Forneron nous tient pour tels aussi.
Sa ligne politique, à cette date, est là, et c’est aller plus vite que lui que de la chercher ailleurs. […] pourquoi le limiter au domaine historique et politique ? […] Là est un faible, et qui, transporté de sa vie militaire à sa vie politique, domina toute sa carrière et finit par la briser. […] Sans doute il importe que l’écrivain politique sérieux, et celui surtout qui médite une carrière d’action plus haute, se conserve dans son intégrité de bon renom et se fasse respecter. […] Sa politique se compose d’une suite de vues fermes, mais déterminées comme par étapes, et successives.
Peu importait, du reste, dans un temps où le scepticisme politique se balançait mollement entre la notion du gouvernement parlementaire et la notion de la république. […] Nous avons vu beaucoup de choses s’en aller en morceaux, que les politiques d’il y a vingt ans30 croyaient éternelles. […] Homme de formalisme politique qui a tout vu dans certaines formes extérieures, comme si l’âme de la politique était là, la ressemblance l’a fait croire à l’identité. […] Les causes morales échappent à son regard, les causes morales, qu’on trouve au fond de tous les problèmes politiques. […] C’est depuis les Bourbons, en effet, que nous avons cette réputation de réverbère politique, chauffé à blanc pour faire éclore des utopies parlementaires dans le brasier des révolutions.
Guizot n’est pas de ces hommes qui se scindent, et desquels on puisse dire : Je parlerai de l’historien, du littérateur, sans toucher au politique. […] Tel il était à ses débuts, avant le pouvoir, tel dans les intervalles de sa vie politique. […] Le danger surtout est très réel pour quiconque veut passer de l’histoire à la politique. […] Je fais ici appel au bon sens de tout le monde, et je dis : En politique, il y a plusieurs manières différentes dont une chose qui est en train de se faire peut tourner. […] J’admire cette inspiration religieuse chez le grand évêque ; mais, en pratique, elle l’a mené au droit divin et à la politique sacrée.
Dans l’anxiété où l’on est, dans l’incertitude du but où la société européenne est poussée, on est allé demander des enseignements, des augures rassurants ou contraires, des raisons de se hâter ou de craindre, à ce grand peuple qui offre soixante années de prospérité croissante sous une forme politique jusque-là inaccoutumée dans l’histoire. […] Si rien, chez M. de Tocqueville, n’annonce un regret, ni encore moins une antipathie contre cette loi de développement qu’il reconnaît et proclame comme providentielle, si dans le savant tableau qu’il nous retrace des États-Unis et du principe qui y triomphe, il se laisse aller parfois à un sentiment d’admiration grave, tel que le philosophe politique peut en exprimer, nous devons dire qu’il paraît moins rassuré en ce qui concerne l’Europe et la France. […] Il n’est pas un des chapitres de ce livre qui n’atteste un des meilleurs et des plus fermes esprits, un des plus propres à l’observation politique, dans cette carrière où l’on compte si peu de pas éclatants et solides depuis l’incomparable monument de Montesquieu. […] Le livre de M. de Tocqueville, si on le parcourait complètement, fournirait sujet à l’examen de toutes les questions capitales de la politique moderne ; nous n’avons voulu que le caractériser dans sa tendance et dans l’esprit qui l’a dicté. […] Il faudrait remonter fort loin pour trouver parmi nous un livre de science et d’observation politique, qui ait à ce point éveillé et satisfait l’attention des penseurs.
On a sottement depuis accusé ces deux mariages politiques des catastrophes qui suivirent. […] Son goût pour le premier n’était que de l’engouement ; son goût pour le second était de la politique. […] La politique de la violence succède à celle de la paix. […] de lui avoir conseillé la politique de Louis XIV en Espagne, comme si la continuation de la politique de Louis XIV en Espagne avait pu être le détrônement de la race des Bourbons ! […] quelle politique adopta le roi ?
Lui et M hiers, d’ailleurs, ils arrivaient à Paris avec une pensée arrêtée en politique, avec une opinion déjà faite, qui aidait beaucoup à la résolution de leur marche et qui simplifiait leur conduite. […] Il avait poussé assez avant ce grand travail, lorsque les événements politiques de 1829-1830 le vinrent distraire et appliquer tout entier avec ses amis à l’entreprise du National. […] Cette position centrale de haute administration et d’études est celle que l’historien a gardée depuis, et qu’il a même su défendre au besoin contre les tentations politiques dont plus d’une l’est venue chercher. […] Sous air de publier un simple recueil de dépêches, il a trouvé moyen de dresser toute une histoire politique du grand règne. […] Cette morale politique peut paraître fort rapprochée, je le sais, de celle de Hobbes, de Hume, de Machiavel ; mais, s’il y a un machiavélisme qui est petit, le véritable ne l’est pas.
Le principe de liberté, professé en toute franchise et en toute rigueur, poussé à toutes ses conséquences en économie politique, en philosophie, en art, telle fut la doctrine générale du Globe jusqu’à la révolution de Juillet. […] Et d’ailleurs les circonstances politiques devenant de jour en jour plus pressantes, le principe, qui n’aurait dû servir que d’instrument à prendre ou à laisser, devenait lui-même une arme de plus en plus chère, un glaive de plus en plus indispensable et infaillible ; le but lointain d’association et d’unité s’obscurcissait derrière le nuage de poussière que soulevaient les luttes quotidiennes ; car le Globe s’y lança sans hésiter dès que les besoins du pays lui parurent réclamer une pratique plus active ; mais ses tentatives de science générale y perdirent d’autant ; ce sentiment inspirateur, cette tendance générale et ce but d’avenir que nous signalons plus particulièrement ici s’éclipsèrent devant une application directe à la situation politique du moment, et, dans la préoccupation naturelle des rédacteurs comme du public, notre journal parut se réduira au travail du principe de liberté jouant et frappant dans toutes les directions. […] Mais c’était un tour de force, un équilibre de jour en jour plus instable ; l’association qu’un principe purement négatif unissait se relâchait à chaque instant davantage ; le chef lui-même se lassait à la peine : aussi dès que le triomphe du principe arriva, dès que le drapeau de liberté, reprenant ses vraies couleurs, flotta par toute la France, le chef actif sentit le besoin du repos, et l’association politique se rompit. […] Nous gardâmes donc à tout prix notre tribune, et, dans le vaste retentissement de la crise politique, nous tâchâmes de parler de manière à être entendus. […] Au fond, et sous nos formes de polémique démocratique, nous étions évidemment préoccupés d’une économie politique plus réelle que l’ancienne, d’une constitution plus équitable de la propriété, d’un art nouveau, d’une religion inconnue.
Maintenant que les circonstances politiques ont changé et que les journaux s’éclaircissent, le livre, c’est-à-dire l’œuvre recueillie et pensée, va-t-il se relever ? […] Proudhon, nous l’avons dit, croit ou feint de croire à la ruine de ce que l’histoire du monde appelle la politique, et à laquelle il substitue un ordre économique, impossible, il est vrai, à concevoir avec l’état actuel de la tête humaine. […] D’un autre côté, — on l’a vu aussi, — Proudhon pense que la Révolution continue toujours, et Couture, qu’elle est finie, et justement pour la raison que la France a repris la tradition politique de son histoire en revenant à la monarchie et aux Bonaparte. […] Comme la révolution sociale, dont Proudhon s’est fait le prophète, elle est, par un de ses côtés, humanitaire, métaphysique et inutile ; mais, par l’autre, elle est politique, nationale, nécessaire. […] Fille de la société romaine, la plus grande unité politique que le monde ait vue, la France aspire à l’unité comme sa mère, et le mouvement qui la porte depuis Charlemagne est un mouvement ascensionnel vers la centralisation.
Que cette conduite toute chevaleresque et civique soit jugée peu politique, je le conçois ; elle est d’un autre ordre. […] Il en résulte qu’à moins d’une très-grande occasion de servir à ma manière la liberté et mon pays, ma vie politique est finie. […] Une remarque encore sur le factice, déjà signalé, qui s’introduit dans ces rôles individuels en politique. […] Béranger, dans son rôle de poète politique, l’a senti à point ; il a su se dérober pour se renouveler peut-être. […] Sieyès avait divisé sa vie politique depuis 89 en trois époques. « Durant toute la tenue de l’Assemblée législative jusqu’à l’ouverture de la Convention, il est resté complètement étranger à toute action politique.
Malgré un tel témoignage, si bien justifié à la lecture, Voltaire s’obstina à ne voir dans ce même Testament politique qu’un recueil d’inepties ou de lieux communs. […] Quant aux autres ouvrages politiques et historiques de Richelieu, leur destinée fut plus singulière encore. […] Ainsi donc, pour qui veut connaître aujourd’hui et avoir sous la main tous les écrits politiques et historiques de Richelieu (je ne parle pas de ses écrits de controverse comme évêque et théologien dans son diocèse), il convient d’avoir : 1º son Testament politique, précédé de la Succincte narration (édition de 1764)31 ; 2º ses Mémoires, imprimés dans la collection Petitot (1823), et depuis dans celle de MM. […] Son premier acte politique proprement dit fut la harangue qu’il eut l’occasion de prononcer, le 23 février 1615, lors de la clôture des États généraux, et en présentant les cahiers de son ordre. […] [NdA] Et si l’on réimprimait ce Testament politique, il y faudrait joindre une dédicace latine qui se trouve au tome 101 de la Collection Bréquigny.
Que deviendrait la société politique, enfance éternelle qui condamnerait les peuples à une éternelle étourderie ? […] La nature est la première des politiques. […] Le génie de l’homme d’État manquait, selon mes idées politiques, à cette parole. […] Jamais scandale aussi humiliant pour le caractère des hommes d’État ne fut donné au monde politique. […] Thiers, dans des lettres politiques qui furent le tocsin de l’incendie européen dans le journal la Presse.
Il a été évidemment écrit sous l’empire du plus grand préjugé de notre âge, dans la foi exaltée ou calme, superficielle ou profonde, d’un croyant moderne à cette Économie politique qui a succédé à une détestable philosophie, et voilà ce qu’avant tout la Critique devait signaler. […] Mère à qui la tendresse avait appris la vraie science, l’Église savait mieux que l’Économie politique de nos jours le mystère de la douleur humaine et ses profondes complexités. […] Seulement, nous le demandons à Alphonse Jobez, pourquoi, si cette philosophie est sienne, s’il l’a acceptée après examen, ne l’a-t-il pas hardiment posée au front de son livre, pour qu’elle pût donner à ce livre l’autorité d’un ensemble de vues sans lequel l’Économie politique ne sera jamais rien ? […] Sachant comme nous les raisons politiques, d’instinct ou de préjugé, qui s’opposent, hélas ! […] Si elle cherche vainement dans les résultats connus de l’Économie politique l’étoffe d’une véritable science, elle ne nie pas et n’écarte point, avec un dédain étourdi, les obligations qu’on peut avoir à l’Empirisme.
C’est toujours le rationalisme d’abord religieux, ensuite philosophique, enfin politique. […] Réaction des idées en religion, en philosophie, en politique. […] C’est la partie politique, celle qui offre aujourd’hui le moins d’intérêt. […] Benjamin Constant s’est déjà fait un nom comme polémiste politique. […] Influences morales et politiques ; leur action sur la littérature.
Effacé à son arrivée par les ministres d’Angleterre et d’Allemagne, il n’avait dû qu’à lui-même, à cet heureux accord de décision et de bonne grâce qui ne se rencontre qu’aux meilleurs moments, de se conquérir de plain-pied une considération dont l’effet s’étendit par degrés jusque sur ses démarches politiques. […] Or M. de Ségur, chargé d’une mission délicate qui était en bonne voie, tenait apparemment à y réussir sans qu’on pût attribuer son succès à une habileté trop en dehors de la politique. […] En même temps, dès qu’il le put, M. de Ségur reprit son rôle de témoin attentif aux choses publiques ; de Châtenay il accourait souvent à Paris ; il voyait beaucoup Boissy-d’Anglas et les hommes politiques de cette nuance. […] La politique extérieure de la France avait subi un changement décisif de système lors du traité de Versailles (1756), au début de la guerre de Sept Ans : de la rivalité jusqu’alors constante avec l’Autriche, on avait passé à une étroite alliance en haine du roi de Prusse et de sa grandeur nouvelle. […] J’eus occasion de lire votre Galerie morale et politique : bientôt un peu de calme entra dans mon sein ; je suivais avec intérêt le voyageur que vous guidez dans l’orageux passage de la vie ; j’aurais voulu l’être, ce voyageur, je le devins.
Des Livres sur la Politique & le Droit Public. […] Le sel de la plaisanterie est répandu sur le sérieux de la politique. […] Ainsi l’Abbé de Bourzeis donna le testament politique du Cardinal de Richelieu ; Chevremont celui de Charles V., Duc de Lorraine ; Bois-Guillebert celui de Vauban. L’ex-Capucin Maubert a publié de nos jours le Testament politique du Cardinal Alberoni & Chevrier celui du Maréchal de Bellisle. […] C’est le corps de droit & de politique le plus compler & le plus méthodique que nous ayions.
La politique de Joseph de Maistre. […] La politique de Bonald. […] Elle oublie la politique de Chateaubriand. […] Sa politique. […] La politique de Benjamin Constant.
Pour qu’on revienne avec goût à ce genre de littérature, qui vieillit comme la politique elle-même, c’est-à-dire plus vite que les autres choses humaines, il ne faut rien moins que du génie. Joseph de Maistre et Burke ont eu cette fortune et ce privilège d’arrêter sous le regard de la postérité cette chose fugace, la brochure politique. […] Aveuglé par la question présente, esclave d’une opinion politique en harmonie avec la portée de son esprit, — car, il ne faut pas s’y tromper, l’opinion politique de la plupart des hommes est une affaire de naissance ou de facultés, c’est-à-dire de naissance encore, — l’auteur de Royalistes et Républicains n’a pas su conclure, dans son livre, contre l’opinion que les faits et les observations de son livre auraient dû renverser. Et c’est ainsi qu’il est allé jusqu’au bord d’une vérité dans laquelle il fallait se jeter avec courage, et qu’après son étude il est resté Gros-Jean… Gros-Jean politique comme devant ! […] C’est qu’il croit à l’action de cette réunion, comme il doit croire à l’action politique de tout groupe parlementaire.
Heureusement le génie résiste à tout ; la nature avait fait Béranger politique et philosophe, le Caveau ne put jamais en faire un buveur. […] Je suis plus politique qu’on ne pense. […] « M. de Talleyrand, que j’ai beaucoup connu, qu’on a fait bien pire qu’il n’était, et à qui vous avez rendu justice, était un très profond politique sous son apparente nonchalance, un politique inné, un politique d’instinct, ce qui veut dire un politique de génie, car on ne sait bien que ce qu’on n’a pas appris ; mais, dans sa politique, il avait principalement pour but son intérêt propre ; quant à moi, je n’ai jamais eu dans ma politique d’autre intérêt que ce que j’ai cru l’intérêt du peuple. […] Selon moi, ajouta-t-il, il faut donc d’abord une vertu, puis une force dans toute politique. […] Depuis que la politique avait tour à tour accompli ou trompé ses espérances, il avait replié son âme, pour ainsi dire, dans la bienfaisance.
de société politique, et une, une seule constitution de société religieuse, la réunion et l’accord de l’une et de l’autre composant la vraie société civile. […] À côté des pages denses et serrées de M. de Bonald, j’ai lu quelques pages de Bossuet, dans le même ordre d’idées absolues : La Politique tirée de l’Écriture. […] Il sentait plus que personne la portée politique et publique d’une question où quelques-uns ne voyaient qu’un règlement de l’ordre privé et qu’une facilité domestique. […] Philosophiquement (si j’ose avoir un avis), il me paraît bien supérieur à ce qu’il est comme politique. […] Peu à peu les antipathies d’esprit et de nature pourtant se déclarèrent ; et la politique les fit éclater après 1815.
Quelques rares privilégiés de la société, de l’aristocratie, de la politique et de la littérature, y étaient admis. […] Le scepticisme politique est un aveu de plus du néant de la vie ; cet aveu est une douleur de l’esprit, mais il n’est pas une offense à la vérité. […] Lainé était à la fois son ami et son symbole politique ; M. […] Les amis politiques du jeune favori de Louis XVIII prédominaient dans cette société. […] Un triple cercle de femmes, presque toutes femmes de cour, femmes de lettres ou chefs de partis politiques divers, occupait le milieu du salon.
Les fondateurs de religions sont les oracles réputés divins ; les écrivains politiques sont les législateurs des nations. […] Fénelon n’était nullement politique : il était ce que nous appelons socialiste, c’est-à-dire poète du paradoxe, fabuliste de la société. […] Pour s’en distraire et pour prophétiser dans le désert, il divague dans la politique, il veut contraster avec Montesquieu, ce politique expérimental, et il ébauche le Contrat social en politique imaginaire. […] Entre les rêveurs et les politiques, il y a les choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire le possible. […] Quelle éducation virile pour un instituteur politique que la sienne !
Quel est le mode de consulter de véritables et perpétuels oracles de la véritable politique ? […] Cette société politique a-t-elle uniquement pour objet, ainsi que le prétendent J. […] La société politique n’est donc pas seulement une société en commandite : c’est une vertu, c’est une religion ! […] Qu’est-ce, selon lui et ses disciples, que la souveraineté, cette régulatrice absolue et nécessaire de toute société politique ? […] C’est la société politique, diverse dans ses formes, qui prend la parole et qui parle seule.
Le livre que Pierre Mancel de Bacilly a récemment publié porte sur sa première page ces deux mots mystérieux et terribles : Du Pouvoir et de la Liberté 17, dont l’alliance renferme toute la politique de ces derniers temps. […] Mais Mancel est un esprit droit, élevé et solide, qui a horreur de la chimère et qui sait apprécier comme nous un règne dont le caractère semble précisément d’unir la liberté civile à l’autorité politique. […] Nous dirons que depuis longtemps il n’a pas été fait de réponse plus nette, plus animée et plus péremptoire aux métaphysiciens de la politique que ce livre, qui attirera peut-être le plus ceux qu’il réfute et qui s’appelle : Du Pouvoir et de la Liberté ! En effet, c’est un livre inspiré par l’histoire, par l’histoire qui est le vrai et même le seul génie de la politique, et hors de laquelle il n’est pas de salut, même pour le bon sens ! […] Nous nous contenterons de noter seulement l’impression que nous a causée un écrit dans lequel une question de métaphysique politique est résolue souverainement par un fait, et cela sans la brutalité de l’empirisme ; car Mancel n’est pas un matérialiste de la puissance et du succès.
La Lettre à M. de Cazalès sur la Politique rationnelle était encore dans cette première mesure. […] À tant de variations diverses, religieuses, philosophiques, politiques et poétiques, que nous notons, il en est une à ajouter encore, celle même que nous autres critiques, en les remarquant, nous subissons. […] Ne tient-il pas à vous de vous enfermer dans votre quiétude de poëte, et de laisser le monde politique travailler pour vous ? […] L’intérêt politique même, mieux entendu, devrait, ce nous semble, lui interdire ce langage. […] Un poëte, au contraire, qui, avec les hautes facultés et le renom de M. de Lamartine, arrivant à la politique (puisqu’il faut de la politique absolument), ne donnerait que des livres plus rares, mais venus à terme, et de plus en plus mûris par le goût, ne ferait qu’apporter à tout l’ensemble de sa conduite politique, dans l’opinion, un appui véritable et solide ; il finirait, en étant de plus en plus un poëte incontestable, bien économe et jaloux de sa gloire, par triompher plus aisément sur les autres terrains, et par forcer les dernières préventions de ses collègues les plus prosaïques, même dans les questions de budget et dans le pied-à-terre des chemins vicinaux.
Il veut grandir la politique monarchique de son gouvernement, malgré M. de Villèle et malgré les Anglais. […] Mais il m’a rendu bien plus qu’honneur comme poète, et plus que justice comme homme politique. […] C’est la ressource des idiots en politique. […] Ce fut un bel acte de conscience et de foi dans sa politique de modération. […] La bataille de Navarin, que nous ne livrerions certes pas aujourd’hui, ne fut donc à mes yeux que ce qu’est aujourd’hui l’unité piémontaise et anglaise en Italie : un solécisme en politique, une pierre d’attente de l’Angleterre, une sublime bévue de la politique d’opposition.
Mirabeau déjà célèbre, et des plus en vue comme écrivain politique, avait fait, en 1788, la connaissance du comte de La Marck, grand seigneur belge au service de la France. […] En agissant ainsi, il était sincère et tout à fait d’accord avec le fond de sa pensée politique. […] Vers la fin, l’orateur en Mirabeau compliquait le politique et traversait l’homme d’État, comme le Rhône impétueux fertilise, enrichit et aussi parfois inonde et ravage le Comtat et la Provence. […] Sa politique est tout entière à susciter une telle fermentation chez les voisins, qu’on lui laisse la faculté d’étendre sur tout le royaume l’influence de la Courtille. […] Je n’ai pu que donner l’envie de consulter ces notes mémorables, qui sont faites pour être lues et méditées de tous ceux qui, aujourd’hui, s’occupent de politique.
Jean Reynaud, dans un premier article, qui a pour titre : De la nécessité d’une représentation spéciale pour les prolétaires, pose les bases de la politique adoptée par ses collaborateurs. Cette politique touche à la nôtre et à celle de la presse quotidienne par assez de points, et aussi elle en diffère assez sur quelques autres, pour que nous devions chercher à la faire connaître et à l’apprécier. […] Reynaud, la lutte de ces deux intérêts, désormais en présence, qui va occuper la période où nous entrons ; c’est cette lutte sourde et inégale qu’on retrouve, depuis deux ans, au fond de toutes les questions politiques. […] En un mot, bourgeois en masse d’un côté, Corps électoral uniquement composé des prolétaires de l’autre, ce serait ainsi que nous entreverrions sa classification nouvelle du Corps politique. […] Mais on sent combien il est profitable pour l’accélération des esprits que de telles questions de philosophie politique se traitent dans un recueil accrédité, avec développement, avec science, amour du bien, et un talent d’expression qui y répand lumière et chaleur.
Dans ce moment de malédiction contre Charles X, le quatrième acte, défendu par Charles X, leur semblait promis à un succès de réaction politique. […] D’ailleurs les succès de scandale cherché et d’allusions politiques ne lui sourient guère, il l’avoue. […] C’est quelque chose, c’est beaucoup, c’est tout pour les hommes d’art, dans ce moment de préoccupations politiques, qu’une affaire littéraire soit prise littérairement. […] Un jour, juillet 1830 ne sera pas moins une date littéraire qu’une date politique. […] Pour l’artiste qui étudie le public, et il faut l’étudier sans cesse, c’est un grand encouragement de sentir se développer chaque jour au fond des masses une intelligence de plus en plus sérieuse et profonde de ce qui convient à ce siècle, en littérature non moins qu’en politique.
J’aperçois de ce point de vue si élevé la seule vraie raison pour séparer les institutions politiques des institutions religieuses. […] La nécessité de consacrer l’indépendance mutuelle des institutions religieuses et des institutions politiques est fondée uniquement sur ce que le ministère de la parole ne doit point être troublé dans la paix du sanctuaire. […] Ne demandons point pour elle l’appui des institutions politiques ; ce serait avoir des doutes impies sur sa stabilité. […] Mais nous ne devons plus mêler dans nos discussions les intérêts religieux avec les intérêts politiques, parce qu’ils sont devenus différents. […] Les révolutions religieuses et les révolutions politiques ne doivent plus être liées les unes aux autres, et nous n’avons d’autre révolution à attendre que celle qui fera rentrer dans l’unité les communions dissidentes.
Les systèmes métaphysiques et politiques de Platon ont bien moins contribué à sa gloire, que la beauté de son langage et la noblesse de son style. […] La politique était chez eux une branche de la morale ; ils méditaient sur l’homme en société ; ils ne le jugeaient presque jamais que dans ses rapports avec ses concitoyens ; et comme les états libres étaient composés en général d’une population fort peu nombreuse, que les femmes n’étaient de rien dans la vie19, toute l’existence de l’homme consistait dans les relations sociales : c’était au perfectionnement de cette existence politique que les études des philosophes s’attachaient exclusivement. […] Les anciens, et surtout Aristote, ont été presque aussi forts que les modernes sur de certaines parties de la politique ; mais cette exception à l’invariable loi de la progression, tient uniquement à la liberté républicaine dont les Grecs ont joui, et que les modernes n’ont pas connue. […] Dans les pays où l’on peut produire, par la parole, un grand résultat politique, ce talent se développe nécessairement. […] J’examinerai, dans le chapitre suivant, quelques-unes des raisons politiques de la différence qui existe entre Cicéron et Démosthène.
Il s’agit de la rénovation presque complète du monde religieux, moral et politique. […] Rien ne me gênait dans ma situation politique parlementaire soit envers le gouvernement, soit envers l’opposition légitimiste, soit envers l’opposition semi-républicaine. […] Ces lois étaient certainement républicaines dans le sens moral du mot, mais elles n’étaient nullement antimonarchiques dans le sens politique. […] Il avait été un des confidents les plus initiés dans les pensées et dans les actes politiques du chef du comité de salut public. […] On l’a bien vu, quand, porté un moment, par le hasard de ma vie et des événements, à la place même où Robespierre avait reçu le coup de pistolet vengeur du sang qu’il avait demandé et qu’il demandait encore, mon premier acte politique a été de proposer au gouvernement de la seconde république, qui partageait mon impatience d’humanité, de porter le décret d’abolition de la peine de mort en politique, et de désarmer, en nous désarmant, le peuple de l’arme des supplices, qui déshonore toutes les causes populaires quand elle ne les tue pas.
et en n’achevant pas cette généreuse tentative de rénovation du monde intellectuel, moral et politique. […] Notre langue porta notre philosophie politique d’oreille en oreille et de bouche en bouche dans toute l’Europe. […] Peut-on même l’excuser sur la prétendue nécessité du crime en grande politique ? […] Le crime n’est que le sophisme de la politique ; c’est la morale qui en est la vérité. […] La suprême habileté politique, c’est la suprême innocence.
Mallet du Pan était un Genevois adonné de bonne heure aux études solides et aux considérations critiques, qui vint à Paris vers 1783 et y fut chargé par Panckoucke de rédiger la partie politique du Mercure. […] C’est à Mallet du Pan, alors retiré en Suisse, que Joseph de Maistre, sans le connaître personnellement, adressait son premier écrit politique en manuscrit, avec prière de le faire imprimer s’il l’en jugeait digne. […] André Sayous, déjà connu par d’excellents morceaux d’histoire littéraire, et qui vient de gagner son droit de cité en France par ce service rendu à tous les amis des saines idées politiques et des informations historiques judicieuses. […] Lorsque Linguet, jouissant des honneurs de cette persécution, vint à Genève et à Ferney, Mallet le vit et s’enrôla sous lui comme collaborateur pour les Annales politiques, civiles et littéraires. […] Linguet s’étant fait mettre à la Bastille en 1779, Mallet entreprit de continuer ses Annales, espèce de revue politique et littéraire, et il suffit seul au fardeau.
Son asservissement à une opinion politique, qui se lève à chaque ligne de son livre pour la dominer, y fausse perpétuellement la justesse de son regard. […] Cela se vit mieux sous les Tudors que sous les autres dynasties, et cela s’éleva jusqu’à une théorie politique sous les Stuarts. […] Sans nier que la politique ne s’y soit mêlée, nous pensons, nous, que cette révolution n’a pas été aussi politique que Macaulay l’affirme. […] On a retourné contre lui l’insuccès de ses efforts à défendre un droit politique périssant dans l’exécration universelle de la religion qui semblait consacrer le mieux ce droit. […] Voir Portraits politiques et littéraires.
Si M. de Meaux avait vécu au xvie siècle, il aurait été de ceux-là qu’on appelait « les politiques », dans ce temps. Or, qui est politique dans un temps, l’est dans tous les temps. […] La politique domine le Catholicisme dans son livre et il appelle cela le sentiment de l’Histoire… Mais ce n’est que le sentiment de l’Histoire comme il la comprend. […] Qu’il l’ait dit ou qu’il ne l’ait pas dit, Paris, pour un politique comme lui, « valait bien une messe », et il fit « le saut périlleux » ! […] C’est la glorification sans réserve de la politique et de la personne de Henri IV.
La nation la plus spirituelle de l’Europe n’a pour réaliser ses idées qu’une machine politique informe. […] Mais la fausse politique de Rousseau l’emporta. […] La France est de la sorte le résultat de la politique capétienne continuée avec une admirable suite. […] notre philosophie politique concourait au même résultat. […] L’expédition de Rome a été la plus évidente dérogation à la seule politique qui pouvait nous convenir.
Oui, c’est dans ce siècle, c’est lorsque l’espoir ou le besoin du bonheur a soulevé la race humaine ; c’est dans ce siècle surtout qu’on est conduit à réfléchir profondément sur la nature du bonheur individuel et politique, sur sa route, sur ses bornes, sur les écueils qui séparent d’un tel but. […] Les passions, cette force impulsive qui entraîne l’homme indépendamment de sa volonté, voilà le véritable obstacle au bonheur individuel et politique. […] C’est ce qui doit conduire à penser que la science politique peut acquérir un jour une évidence géométrique. […] La plus grande perfectibilité dont elle puisse être susceptible, c’est d’acquérir des idées certaines sur la science politique. […] Il faudrait développer et ces raisons, et beaucoup d’autres encore, exceptant de part et d’autre celles qu’on croit tirer du droit pour ou contre ; car le droit en politique, c’est ce qui conduit le plus sûrement au bonheur général ; mais l’on doit exposer sincèrement tous les moyens de ses adversaires quand on les combat de bonne foi.
Ce n’est pas seulement dans l’exercice du pouvoir politique, c’est dans toutes les affaires de la vie qu’il faut accepter la lutte du bien contre le mal. […] Ce n’est pas que M. de Tocqueville ne juge à merveille les situations politiques, les crises ; qu’il ne les prévoie mieux que bien des politiques qui se piquaient d’être plus pratiques que lui. […] Le théoricien idéaliste était confondu et stupéfait encore plus que l’homme politique n’était froissé en lui. […] La question, pour lui, est de savoir s’il pourra transformer l’homme politique en homme de science et d’érudition ; il s’y applique à cinquante ans avec toute l’ardeur de la jeunesse. […] Qu’on me pardonne dans tout ceci de l’avoir désiré, comme philosophe politique, supérieur d’un degré, c’est-à-dire plus calme et plus froid !
Il fallait bien de la fermeté et du bon sens pour se mettre au-dessus du qu’en dira-t-on non seulement du peuple, mais des politiques. […] Mais il n’est pas moins vrai qu’il était bien plus encore un politique qu’un homme de combat. […] N’admirez-vous pas le sentiment politique persistant ? […] Charles-Quint au cloître se montre très soigneux, même quand il s’occupe forcément de politique, de n’empiéter en rien sur l’autorité de son fils. […] qu’il est donc possible d’être grand homme d’État et grand politique, sans devenir à aucun degré philosophe !
Poètes, orateurs, historiens, politiques, tout l’a célébré ; mais il n’y a presque rien qui n’ait deux faces. […] Sur l’art de négocier, et sur les intérêts politiques de l’Europe, ils conviennent qu’il montra du génie et une grande supériorité de vues : mais, dans ce genre même, ils lui reprochent une faute importante ; c’est le traité de 1635, portant partage des Pays-Bas espagnols, entre la France et la Hollande. […] Quelques-uns même vont jusqu’à lui faire un reproche de cette politique si vaste, tant admirée par d’autres. […] Il n’eut ni dans les factions la fierté brillante et l’esprit romanesque et imposant du cardinal de Retz, ni dans les affaires l’activité et le coup d’œil d’aigle de Richelieu, ni dans les vues économiques les principes de Sully, ni dans l’administration intérieure les détails de Colbert, ni dans les desseins politiques l’audace, et je ne sais quelle profondeur vaste du cardinal Alberoni. […] C’est ce qui en fit un politique adroit plutôt qu’un grand ministre.
Je ne suis pas un homme politique proprement dit ; j’envisage volontiers les choses par le côté des lettres et de l’observation morale. […] tous avez contre vous, ou du moins vous n’avez pas pour vous une Académie sérieuse, l’Académie des sciences morales et politiques, quoique vous y ayez infusé et fait entrer par décret une dizaine de vos amis ; mais tout cela s’est vite fondu et noyé dans l’ensemble, et l’esprit général n’est point pour vous ! […] Je suis bien novice, malgré mon âge, à la rédaction des choses politiques, mais je ne conçois pas qu’on insiste pour écrire dans une Constitution de ces choses-là. […] On aimerait à marcher sous le drapeau d’une pareille politique, aussi largement déployée. […] Ce que je dis là est si peu une fiction qu’un de mes amis, homme politique et savant, avec qui je cause de la situation sans lui faire part d’ailleurs de ce que je viens d’écrire, me dit tout naturellement (et cet ami n’est pas un littérateur proprement dit, c’est un savant dans l’ordre du droit et plutôt occupé des sciences morales et politiques, M.
Les navigateurs qui ne se lancèrent point sur l’Océan ne furent plus que des marins timides… Les réflexions morales et politiques, les bonnes maximes d’expérience qui naissent du spectacle des événements, et que d’autres historiens affectent, ne sont point jetées par M. […] Les opinions politiques de M. […] Daru, tout se mêlait de politique en Italie. […] Dans cette ligne politique qu’il suivait avec réserve et dignité, on me dit qu’il eût pu, en de certains moments et à de certaines conditions, rentrer au ministère de la Guerre : peut-être lui-même, dans quelque combinaison qui lui eût paru utile et favorable, y eût-il consenti. […] Quelques-uns de ceux qui la professent prouvent par leur exemple que, pour être indépendant, l’homme n’a qu’à vouloir : mais pour une nation, il n’y a de garantie efficace qu’une bonne éducation politique, les mœurs et la sagesse.
Elle avait, dès le commencement, consigné ses craintes et prédictions par écrit, et si elle avait été libre, elle aurait eu certainement une politique bien différente de celle de son fils. […] Dès que la politique est en jeu, on n’est plus sincère, fût-on Marie-Thérèse écrivant à sa fille. […] Entraîner la France dans une guerre avec la Prusse eût été d’une politique insensée : la médiation était le seul rôle qui nous convînt. […] Elle trouve chez eux une résistance sourde et telle qu’en pouvaient opposer à une jeune reine inexpérimentée et vive de sages et réservés politiques. […] Et faites maintenant, profonds politiques, des plans d’avenir, des projets lointains !
Ce que je fais en ce moment n’est pas de la politique, c’est de l’histoire morale et littéraire. […] En un mot, si l’Empire est admirablement exposé par lui, son Napoléon, en tant que caractère politique, est relâché et un peu épars. […] Était-ce d’une bonne politique, d’une politique sage et prévoyante du lendemain ? […] La raison politique nous conseillait de désarmer la Cour de Vienne ou celle de Londres. […] Armand Lefebvre avec une autorité, une fermeté et une logique dont l’érudition la plus sagace et la plus politique était la base.
C’est ainsi que le bon goût exerce une véritable influence politique. […] Dans un pays où il y aura de la liberté, l’on s’occupera beaucoup plus souvent, en société, des affaires politiques que de l’agrément des formes et du charme de la plaisanterie. […] La dignité d’un citoyen est plus importante que celle d’un sujet ; car, dans une république, il faut que chaque homme de talent soit un obstacle de plus à l’usurpation politique. […] L’urbanité des mœurs, de même que le bon goût, dont elle fait partie, est d’une grande importance littéraire et politique. […] Qu’importe de se ressembler par les opinions politiques, si l’on diffère par l’esprit et les sentiments ?
Il est encore plus historien qu’il n’est homme politique. […] Il n’a ni abdiqué la politique, ni renoncé au genre d’action qui fut toute sa vie. […] Il l’a écrite le plus souvent pour les besoins d’une cause politique. […] Ce sera ce qu’il fut en politique, quand le terrible feu de la politique, dont il a été l’un des plus robustes chauffeurs, dévora en lui l’homme littéraire, mais sans parvenir à le consumer jamais. […] … Pour qui savait bien le juger et pénétrer dans le fond de sa conscience politique, Granier de Cassagnac était un autoritaire et un monarchiste.
On lui disait un jour que, dans l’ordre de ses études politiques habituelles, il devait beaucoup lire l’histoire. […] On sait sa jolie définition de la politique : « La politique, même dans les gouvernements représentatifs, est ce qu’on ne dit pas. » Il a parfaitement jugé Robespierre et ce prétendu talent de parole qu’on lui a accordé de nos jours ; ce sont de ces découvertes qui ne coûtent rien à l’esprit de système. […] Fiévée et de ses vues en politique : « Ah ! […] C’était un stage politique qu’il faisait faire à M. […] Fiévée pousse le Premier consul à la politique qui rallie.
Michaud suivait alors cette ligne un peu vague de sentiments politiques. […] Michaud dans ces petits écrits politiques de 1800, et cette première opposition au gouvernement consulaire, l’envoyèrent passer quelques semaines au Temple. […] Michaud avait dans la politique de ces formes de La Fontaine. […] M. de Vitrolles, qu’il croyait un homme d’État et qui n’a pas eu son jour, était un de ceux avec qui il aimait le mieux s’animer et remuer les dés de la politique. […] À force même de regarder de son coin et d’observer, il trouvait des mots politiques assez forts et assez pénétrants.
L’Histoire de la Révolution est la narration ou l’amplification obligée de tous les rhétoriciens de politique qui aspirent à devenir plus tard des hommes de gouvernement. […] Hors ce résultat, qui est la destruction, n’importe par quelles voies, du monde ancien et de ses hiérarchies, et l’érection, n’importe par quelles voies, du monde nouveau appuyé sur l’égalité politique, rien pour l’auteur de cette histoire ne vaut la peine d’être aperçu ou même regardé. […] Castille a les opinions politiques de son genre d’imagination, et cette imagination, sauf erreur, doit être du midi, du pays où l’on aime le rouge et les combats de taureau. […] Nature artiste, qui s’invente politique et croit l’être, et, pour ne pas manquer son coup, donne du plus haut qu’il peut à toutes les choses l’absolution du résultat. […] Nous aurions mieux aimé, pour notre compte, ceux que Castille aurait pu nous donner en restant dans la littérature non politique et dans le domaine de l’imagination avouée.
s’écrièrent l’ancien régime, l’ancienne politique, l’ancienne aristocratie, l’ancienne foi. […] « Il n’y a, écrit-il quelques lignes plus bas, qu’une bonne politique comme une bonne physique : c’est la politique expérimentale ! […] Ne vous fiez pas aux prophètes politiques, dit cette correspondance. […] Il semble donc que dans cette circonstance la politique ne gêne aucunement la bienfaisance. […] Des commérages politiques sur la cour de Russie remplissent en partie le reste de ces dépêches.
Sieyès était un esprit né maître, si on peut ainsi parler ; et il refaisait la plume à la main chacun des ouvrages de métaphysique ou d’économie politique qu’il lisait. […] Peut-être un jour se confondront-elles, et l’on saura bien alors distinguer l’histoire des sottises humaines de la science politique. […] Mme de Staël dit que les écrits et les opinions de l’abbé formeront une nouvelle ère en politique comme ceux de Newton en physique. Sieyès un Newton en politique ! […] Ils se méfient du mouvement intellectuel qui résout un problème politique, comme d’une machination scélérate.
Liautard nous mènerait par une transition presque naturelle à la seconde époque religieuse, à l’invasion assez longtemps retardée et au triomphe absolu du parti en politique, vers l’année 1821. […] Decazes, on voulut le rattacher à la politique de son frère. […] le royaume du Christ et telle forme de régime politique ici-bas. […] Des questions politiques étrangères, toujours pendantes, sont venues aigrir, envenimer les conflits. […] Mémoires de M. l’abbé Liautard ou Fragments inédits, politiques et religieux, traitant, de l’autel et du trône, etc. ; recueillis et mis en ordre par M. l’abbé A.
Guizot : il soumet son érudition à sa foi politique. […] Cette influence politique devança même l’influence romantique. […] Tout le système politique de la république américaine apparaît dans cette première partie. […] Les vues systématiques et politiques, qui menaient Guizot ou Thierry à forcer le sens des faits, étaient étrangères à Michelet. […] Ce fait montre bien l’influence des idées politiques sur les travaux historiques.
Selon les politiques dont je parle, le groupement de provinces effectué par une dynastie, par ses guerres, par ses mariages, par ses traités, finit avec la dynastie qui l’a formé. […] Elle n’a pas d’application en politique. […] Tenez, cette politique ethnographique n’est pas sûre. […] Nous parlions tout à l’heure de l’inconvénient qu’il y aurait à faire dépendre la politique internationale de l’ethnographie. […] L’importance politique qu’on attache aux langues vient de ce qu’on les regarde comme des signes de race.
Je ne crois pas avoir besoin de l’appareil de beaucoup de preuves pour appuyer une telle assertion ; il suffît de voir ce qui est : or, je le demande, s’aperçoit-on qu’il germe de nouvelles doctrines religieuses à côté des doctrines politiques dont l’invasion tourmente en ce moment la société ? […] Remarquons d’abord que dans tous les gouvernements anciens les institutions politiques ont toujours été fondées sur les institutions religieuses ; remarquons ensuite que dans les gouvernements modernes les institutions politiques se sont toujours appuyées sur les institutions religieuses ; remarquons enfin que toutes les questions qui tiennent à l’existence de la société sont des questions religieuses. […] Si les questions qui tiennent à l’existence de la société sont des questions religieuses avant d’être des questions politiques ; si ces principes s’épuisent en passant d’une sphère dans l’autre, c’est que l’homme, qui prend un intérêt très vif à ce qu’il y a d’immuable dans ses destinées, en prend beaucoup moins à ce qu’elles ont de passager. […] Dans l’empire romain, les institutions politiques et les institutions religieuses succombaient à la fois ; chez le peuple juif depuis les Macchabées, la force des institutions religieuses était concentrée dans les institutions politiques, et, par conséquent, était matérialisée. […] Notre position est toute différente, puisque, nous nous occupons seulement d’intérêts politiques ; puisque enfin les intérêts moraux sont fondés, et qu’il n’y a plus à s’occuper qu’à les conserver.
L’histoire dans Corneille : goût des réflexions sur la politique. […] Au fond, dans l’histoire, une chose l’intéresse, c’est la politique. […] C’est pourquoi aussi il a travaillé de préférence sur l’histoire romaine, la plus politique de toutes les histoires. […] D’autre part, ne voit-on pas de Lyonne offrir à Louis XIV de le débarrasser par l’assassinat d’un ennemi politique (cf. […] C’est donc pour nous surtout, et non selon la réalité des mœurs du temps, qu’il faut rabattre des froides horreurs de la tragédie politique.
En politique, l’homme créait librement et avec délibération la société et l’autorité qui la régit. […] Notre politique machinale, nos partis aveugles et égoïstes sembleront des monstres d’un autre âge. […] La science qui gouvernera le monde, ce ne sera plus la politique. […] Pour la politique, dit Herder, l’homme est un moyen ; pour la morale, il est une fin. La révolution de l’avenir sera le triomphe de la morale sur la politique.
Écrira-t-elle sur la politique ? […] L’air des montagnes avait retrempé même son talent politique affadi par l’air des cours. […] Les états généraux du royaume, comme tout esprit politique l’avait prévu excepté M. […] Les plagiats en politique ne sont pas seulement des platitudes, ce sont des chimères. […] Ils replacèrent très-haut sur la scène politique la fille un moment oubliée de M.
Le Paris politique, le Paris des assemblées, de la tribune et des journaux, le Paris de l’émeute et des prisons, pour les crimes duquel ils ont toujours cherché une monstrueuse innocence dans les résultats politiques obtenus, si chers à leur orgueil ! […] … Ces lettrés, ces phraseurs, ces beaux-fils de l’Histoire politique qui s’imaginent que tout est dans la politique, se soucient peu de la nature humaine que leurs théories méconnaissent. […] De la politique ?… C’est bien de la politique aveugle et idiote qui déchaîne les hommes de cette heure, mais ce n’est pas l’idée politique qui les fait agir ! […] Ils ne font point le sale ménage quotidien de la politique et de la guillotine.
La politique devait modifier peu à peu cette passivité et la faire tourner en une sorte d’attitude agressive et souvent injuste. À partir de 1890, ce fut la Province qui dirigea la politique et peu à peu le Midi domina. […] La Province osa être elle-même en politique, plus lentement elle essaie de l’être en littérature. […] Ils revinrent à célébrer la pensée et la politique albigeoise, à l’heure où la Bretagne s’affirmait plus bretonnante et la Provence, plus provençale. […] Elle veut agir dans le triple domaine de l’économie politique, de la littérature et des arts.
On m’écrit de Paris mille bruits (sur ma destinée politique). […] Je ne suis plus triste, je ne songe plus aux ministères ni à la politique ! […] La plus dangereuse des oppositions en politique c’est l’opposition de nos amis. […] Une mauvaise humeur chronique fut sa seule influence politique sur les destinées de son pays. […] Ce n’était pas là de la politique de conscience, c’était de la politique de situation.
Pour les politiques en disponibilité, la littérature, quand elle n’est pas une consolation, est un moyen. […] Les choses du devant en souffrent : il n’y a pas de vraie grandeur possible avec cela, et on ne peut même, à ce prix, être un grand politique que par éclairs et dans de rares moments. […] Rien de grand, je le répète, même dans l’ordre politique, ne peut sortir d’un tel fonds. […] L’avènement du Consulat eut cela d’abord d’excellent pour lui que la politique nouvelle lui offrait, avec un vaste cadre, des points d’appui et des points d’arrêt : elle le contint, et il la décora. […] Quelle fut sa part précise dans la politique extérieure du Consulat et des premières années de l’Empire ?
Or, le critique doit rester au-dessus, ou du moins à côté de toutes les séductions littéraires, politiques, sociales. […] J’y trouve le protestantisme politique et philosophique, sans l’affreux cant, il est vrai, du protestantisme religieux. […] Mais l’Angleterre politique n’a ni la profondeur, ni l’unité, ni les qualités nettes et absolues d’une histoire. […] La politique, qui a fait sa fortune, — cette fortune dont ne se soucie aucunement la postérité, — aura abaissé son talent et nuira à sa gloire. C’est la politique aussi qui a, dans les dernières années de sa vie, abaissé le talent de Chasles et brouillé misérablement son sens critique.
C’était aussi la philosophie politique de la grande majorité des hommes de bien en France en 1814 et en 1815. […] Or, la politique étant de sa nature une chose courte, temporaire, mobile comme les événements, les systèmes, les factions qui sont les éléments de la politique, la grandeur et l’immortalité du sujet manquent souvent au poète politique. Il est comme l’orateur politique : l’heure passée, la passion morte, la faction oubliée, on ne l’écoute plus. […] Malheur aux poésies politiques dans la postérité ! […] Les conspirations politiques s’y mêlaient aux agiotages de finances.
Viendront ensuite les œuvres politiques proprement dites, notamment la Chronique des cinquante jours, qui est devenue comme une partie intégrante de l’histoire de la Révolution. […] Il m’a été permis, grâce à l’obligeante confiance de M. le baron Roederer, d’en prendre à l’avance une idée, et de pouvoir ainsi dessiner avec quelques traits nouveaux une figure historique dont le rang est marqué dans la littérature sérieuse et dans la politique honorable. […] Il lisait tous les ouvrages de philosophie, de politique, de législation, de morale et d’histoire les plus autorisés de son temps, Locke, Adam Smith, Bonnet, Montesquieu et les économistes. […] Ses études approfondies en économie politique et en finances lui montraient de ce côté un noble but qu’il se sentait capable d’atteindre. […] [NdA] Notice du baron Roederer sur sa famille et en particulier sur son père durant ces années de jeunesse, antérieures à la vie politique (1849).
Sa carrière politique se partage nettement en deux parties. […] Je citerai de lui une page des plus curieuses et décisive, qui le classe, ce me semble, comme politique. […] Son illustre fille, Mme de Staël, s’est chargée depuis d’imprimer aux pensées politiques de son père un cachet de précision et d’à-propos, et de leur prêter une expression d’éclat, en composant ses Considérations sur la Révolution française, qui eurent un si grand succès dans la haute société en 1818, et qui présentèrent une théorie spécieuse à la politique de la Restauration. […] Necker publiait ses Dernières vues de politique et de finance. […] [NdA] Il s’appuie pour cela d’une citation de Bossuet, lequel, ce me semble, entendait le bon sens en politique un peu différemment.
Il s’agit, pour ceux à qui elle est chère, bien plus de politique que de philosophie, d’influence que de vérité. […] Des institutions politiques ! […] L’Église n’était pas encore aux idées de conservation, la politique des gouvernements difficiles. […] Hurter l’en glorifie avec une naïveté d’admiration qui le fait ressembler à un aveugle-né en matière de politique et d’histoire. […] Seulement, l’une était l’idée exaltée, chevaleresque ; l’autre, l’idée positive, l’idée politique.
A chaque grande révolution politique et sociale, l’art, qui est un des côtés principaux de chaque société, change, se modifie, et subit à son tour une révolution, non pas dans son principe tout à fait intérieur et propre, qui est éternel, mais dans ses conditions d’existence et ses manières d’expression, dans ses rapports avec les objets et les phénomènes d’alentour, dans la nature diverse des idées, des sentiments dont il s’empreint, des inspirations auxquelles il puise. […] La renommée de madame de Staël était due également à l’opposition politique, à la persécution qui la rendait intéressante, et à la philosophie sentimentale qui était en vogue alors dans tout un certain monde ; l’art n’entrait presque pour rien dans leur gloire ; à ce titre d’artistes, on était disposé plutôt à les railler. […] Qu’il y eût bien des inconvénients dans cette manière un peu absolue d’envisager et de pratiquer l’art, de l’isoler du monde, des passions politiques et religieuses contemporaines, de le faire, avant tout, impartial, amusant, coloré, industrieux ; qu’il y eût là dedans une extrême préoccupation individuelle, une prédilection trop amoureuse pour la forme, je n’essaierai pas de le nier, quoiqu’on ait exagéré beaucoup trop ces inconvénients. On a pu plaisanter fort agréablement sur le Cénacle littéraire ; et, certes, il faut le laisser parmi les souvenirs de la Restauration, où il avait bien le droit de figurer à distance respectueuse du canapé politique. […] Notre pauvre article est demeuré une arche de pont sans suite, la tentative littéraire ayant été à fond compromise dans la médiocre issue du mouvement politique ; au lieu d’arriver d’une rive à l’autre avec essor, concert et déploiement, affermi, chaque poète, chaque auteur s’y est poussé comme il a pu, individuellement, et moyennant toutes sortes de mécomptes, de tâtonnements, de concession à la vogue et de démentis au passé.
Si, par hasard, des esprits oisifs et mécontents étaient venus à cette séance académique, où la plus belle société s’était donné rendez-vous, avec l’intention de chercher et d’applaudir quelques-uns de ces traits plus politiques que littéraires, sur lesquels on a trop compté en d’autres temps, ils auraient été désappointés. […] Molé homme politique, une extrême justesse de jugement, une balance parfaite et d’une singulière délicatesse, qui rendait raison à l’instant de tout ce qu’on y jetait ; il l’avait nommé grand juge, c’est-à-dire ministre de la justice, à trente-trois ans et sans que M. […] Au reste, ce début si brillant de la vie politique du comte Molé n’aura pas et ne peut avoir d’autre historien que lui-même ; il a laissé des Mémoires dont les commencements au moins, pour tout ce qui est de cette époque, doivent être achevés, et il aura su joindre, en écrivant ce qu’il racontait si bien, la perfection de son bon goût à la netteté de ses souvenirs. […] Molé eut dans la politique loyale et généreuse, mais trop tôt déjouée, du duc de Richelieu pendant les premières années de la Restauration. […] Molé entra alors, avec tant de bons citoyens, dans cette politique que je ne croirai pas diminuer en l’appelant une politique de sauvetage ; il rendit des services, donna de bons conseils au jour le jour, et couronna dignement sa carrière publique.
Nous ne sommes pas plus avancés aujourd’hui en politique que ne l’était Cicéron. […] Voilà, en ce qui concerne Rome, la politique de Cicéron. […] C’est la théorie de la justice et de la morale absolue appliquée au gouvernement des sociétés politiques. […] C’est Scipion qui parle, et qui, après avoir professé la politique de la vertu, chante les récompenses que le ciel réserve aux vrais politiques : lisez toujours. […] Machiavel a sa perspicacité politique, mais il n’a pas sa vertu.
Les individualistes, aveuglés par un système qui est la ruine et la négation de toute solidarité politique et humaine, ne sont pas cependant les seuls adversaires de Dupont-White et de son système. […] Nous avons ouï dire que Guizot, l’illustre maître (et qui l’est trop) de Dupont-White, avait autrefois des joies singulières, des pâmoisons d’Ixion qui presse sa nuée sur son cœur, quand il disait ce simple mot, qui fut du reste toute sa politique : « le gouvernement ! […] Comme tous les soi-disant penseurs politiques qui se placent en dehors d’une nationalité déterminée, Dupont-White n’a dû rien comprendre à cet État qui, chez nous, s’appelle la France, et, de fait, il n’y a rien compris. […] Toujours est-il que, ce génie manquant, tout manque à l’esprit qui cherche le mot de ce grand mystère : le pouvoir politique, soit dans l’action, soit dans la contemplation de l’histoire. […] Il appartient à l’école sans âme des penseurs politiques qui se perdent par leur impersonnalité même.
Elles s’inspirent moins d’un souci de critique équitable et raisonnée que de l’esprit de propagande politique ou religieuse. […] Je conçois très bien qu’on l’incrimine parce qu’il a manqué de direction politique, et que tout découle de là. […] Au fond, il n’y a peut-être là qu’une de ces manifestations d’outrance verbale qui rendent les polémiques politiques si divertissantes, de loin. […] Mais comme vous parlez non de politique, mais de lettres, d’arts et de sciences, le paradoxe n’est pas soutenable. […] … Ou mensonge de quelqu’un des petits Machiavels de « Politique d’abord » ?
Il n’est jamais bon ni politique d’humilier les hommes et les peuples. […] Cette politique d’épouvantail est la pire. […] Sur un moindre théâtre, il se montra un aussi grand politique que lui, moins honnête parce qu’il était plus faible. […] Mais Louis XIV contribua certainement à hâter le développement et les fruits de cette politique tortueuse. […] Guerrier d’une espèce à part et qui mettait sa franchise à masquer le politique !
M. de Viel-Castel était de ces jeunes esprits, éclos non pas au début, mais sur le déclin de la Restauration, qui en avaient reçu pleinement le souffle politique et l’influence, qui en auraient voulu le succès sans les fautes ; il en a gardé le goût sans en avoir le culte, sans en porter le deuil ; il la connaît à fond, hommes et actes ; il la juge. […] Tout y avait changé de face, organisation politique et religieuse, législation civile, classification sociale. […] Ce besoin d’un Narcisse71, que Louis XVIII rapportait de l’exil, et qui s’afficha jusque dans les plus belles heures de son règne, n’est pas plus séparable de l’idée qu’on se peut faire de la politique de ce roi, que l’habitude d’un ministère occulte, confidentiel, en opposition avec celui qu’il acceptait extérieurement pour la forme, n’est séparable de l’idée qu’on se doit faire de la politique de Monsieur, comte d’Artois. Avec des lumières fort inégales, chacun de ces deux princes eut un procédé politique en accord surtout avec son caractère. […] Et en tout, je ne conçois pas d’exacte solution politique sans qu’on y fasse entrer cette considération pratique et précise : les hommes étant ce qu’ils sont les hommes étant donnés.
Mais c’est la politique surtout qui doit vivre, les yeux sur un tel atlas. La politique est de plus en plus la passion de ce siècle ; elle doit être aujourd’hui, par nécessité, la science de tout le monde. […] Regardez plus haut, voyez dans cette Allemagne méridionale ce grand vide laissé par l’Autriche sur la carte politique du monde occidental : qu’est-ce qui le remplira, si vous avez l’imprévoyance de décomposer l’Autriche, votre boulevard ? […] À chacune de ces superficies géographiques j’appliquerais la partie de l’histoire qui lui donne sa signification, son caractère, sa corrélation avec les peuples voisins, avec les temps, avec les idées, les religions, la politique de telle ou telle date du globe. […] Quelle était la langue, quelle est la religion, les lois, les mœurs, la politique, les dynasties ou les républiques ?
Au point de vue de la politique, l’Église et le peuple sont identiques, car, en dehors de l’Église, il n’y a pour les multitudes que l’esclavage antique et ses hontes ou le morcellement moderne et ses fanges. […] Après la Ligue, le parti protestant, politique, parlementaire, anti-romain, levait ses mille têtes et pulvérisait la vieille unité de la France. […] Elle devait rester politique et se perdre à jouer ce triste jeu de raquette, d’équivoques, de juste-milieu, qui va de saint Louis à Henri IV, et qui dit : fils d’Henri IV contre les catholiques et fils de saint Louis contre les protestants ! […] Et, type merveilleusement approprié de la politique à double sourire de sa maison, le bon et loyal Henri fut un finaud qui finit par se prendre dans sa propre finesse, car il est mort poignardé pour avoir voulu faire ce qui, plus tard, a perdu sa race, de la conciliation entre les partis et des fusions impossibles. […] bonté des sens, familiarité, camaraderie, politique, cette peau d’intérêts qu’il avait sous son autre peau, absence de profondeur d’impression et l’amour du rire !
Sûrement, il y a autre chose… » Le second acte original du jeune Empereur, ç’a été de briser l’homme qui représentait sans doute, en Allemagne, la politique nationale, mais aussi la vieille politique, celle des Richelieu, des Frédéric, des Napoléon, celle qui d’ailleurs a duré beaucoup plus longtemps que les conditions historiques qui la justifiaient, la politique du temps où les groupes humains étaient imparfaitement constitués, où les patries étaient multiples et incertaines, où les peuples pouvaient encore être considérés comme des fiefs et des héritages, où les guerres étaient guerres de princes et non de peuples. […] Il y a, pour le moins, deux choses que les bonnes âmes de tous les pays et aussi, j’en suis sûr, du pays d’Allemagne trouveraient toutes naturelles et toutes simples, mais dont les politiques, je ne l’ignore pas, déclareraient l’entreprise impossible et absurde, bien que ces fortes têtes n’en apportent d’autres preuves que leurs affirmations et leur chétive expérience. […] Sans doute, ma naïveté excitera le sourire des politiques. […] Mais, s’il la faisait, il pourrait se glorifier d’avoir été, moralement, le plus grand des pasteurs d’hommes, d’avoir accompli un acte prodigieusement méritoire et original, et d’avoir, le premier de tous, rompu avec la vieille politique égoïste et inauguré les temps nouveaux… Notez que si une âme droite, simple et bonne, qui ne serait point de race royale, qui ne serait retenue ni par l’éducation ni par la tradition, si un véritable enfant de Dieu se trouvait subitement, comme dans les contes, élevé sur le premier trône de l’Europe, toutes ces choses extraordinaires et folles, il les ferait, du premier coup, avec sérénité.
Mais ce n’était pas en politique seulement que la plume de M. […] Comme diversion à cette vive escarmouche politique (M. […] Homme politique ou destiné à l’être, il jette ses études dans l’histoire. […] Son premier ouvrage historique n’avait été pour lui qu’une façon d’apprentissage de la politique : ici, sa vie politique et ministérielle a évidemment servi d’école définitive à l’historien. […] « L’histoire de la guerre est une des bases de la science politique.
« Le Jocelyn se profile jusque dans les balafres de Mirabeau. » « — La révolution à laquelle nous assistons est sociale plus encore que politique ; l’acte de M. de Praslin y a contribué peut-être autant que les actes de M. […] Il avait le dégoût de la presse et des discussions politiques. — Après Juillet 1830, il revint à Paris de la campagne où il était, et je le vois encore allant à une réunion de légitimistes qui se tenait chez M. […] » « — Lamartine veut aujourd’hui (Voir son discours aux Italiens, du 28 mars 1818) qu’on raye Machiavel de la liste des grands hommes politiques. […] Cela me rappelle qu’un jour il me dit (au commencement de sa carrière politique) : « Avez-vous jamais lu de l’économie politique ? […] si Lamartine avait pu disparaître et s’évanouir dans les airs comme Romulus, le lendemain ou le soir même de cette triomphante journée du 16 avril, qui fut sa dernière grande journée politique, quelle idée il aurait laissée de lui !
Armand Carrel n’est sérieusement ni un penseur, ni un écrivain, ni un esprit politique, ni un historien, quoique une fois dans sa vie il ait touché à l’histoire, à ces pierres d’un passé en ruines qui nous écrasent quand nous voulons les détacher pour les jeter à nos ennemis. […] Nous y retrouvons le vide profond d’une opposition politique que nous avons vue à l’œuvre depuis, et qui, au temps de Carrel, se demandait si elle devait parler par la fenêtre ou sur la borne, et qui préférait la fenêtre encore ! […] Révolté de position sociale, révolté déjà à l’École où l’on savait le mieux obéir, révolté militaire plus tard, enfin révolté politique, il fut un révolté toujours. […] C’était un Janin politique avec plus de mordant, et, ma foi ! […] Armand Carrel était un journaliste politique et littéraire, comme dit le titre de ses œuvres.
Croyez que par là on retrouverait ce qu’on a eu, des poètes, des auteurs, des généraux, des peintres, des politiques, des prédicateurs, etc. […] Il est très avancé dans la science politique ; il a tout manié, morale surtout et politique ; mais les défauts de son caractère percent à la vérité quelquefois dans ce qu’il prise, dans ce qu’il admire et dans ce qu’il rejette. […] Ainsi l’on trouve de grands pas en avant dans la politique, mais quelques-uns rétrogrades et qu’il faudrait bien se garder de suivre. […] Il reproche aux modernes de ne connaître que la politique pratique et de n’avoir pas même l’idée de la philosophie politique, de cette science « qui a pour principal objet de subordonner les hommes les uns aux autres pour les policer et les rendre heureux ». […] Cet ouvrage lui fait honneur en ce qu’il représente le côté modéré et le plus pratique de ses opinions politiques.
C’est un excellent livre, et où la partie politique n’est nullement négligée. […] La haute impartialité militaire et politique qu’il observe dans ses récits ne le laisse pourtant pas toujours indifférent. […] L’empereur Nicolas le rassura ; mais la suite répondit peu à cette espérance politique trop confiante. […] Deux affections de famille représentaient assez bien la double politique qu’il eût aimé à concilier. […] Précis politique et militaire de la campagne de 1815, une brochure in-8°, 1839.
Ce n’était nullement un personnage politique qu’Anselme, mais un homme d’école et de monastère, d’oraison et de contemplation, et aussi d’enseignement moral et spirituel, de gouvernement intime et insensible des âmes. […] Guillaume le Conquérant avait soumis l’Angleterre, et il avait besoin, même dans ses prélats, d’auxiliaires politiques qui entrassent dans les vues de son gouvernement. […] Sans nulle expérience de la politique, animé d’une foi profonde, jamais il n’avait eu à manœuvrer dans le siècle. […] Royer-Collard disait d’un temps d’où il se retirait, le faut-il répéter d’un autre temps, par cela seul qu’on n’y a plus sa part d’action politique et d’influence ? […] Ils étaient ensemble (à l’Académie des sciences morales et politiques) d’une commission pour juger le prix à donner sur le meilleur exposé de l’état de la philosophie allemande.
La logique imposait à la Papauté cette politique d’empêcher la formation d’une nation italienne ; elle l’a pratiquée jusqu’en 1870, attisant les convoitises, semant la discorde, appelant l’étranger. […] Naturalisme mystique, individualisme, intuition, passion, sens esthétique et sens pratique, qualités surtout païennes, que la servitude politique a développées jusqu’à les gâter souvent. […] Le caractère, tel que je viens de le résumer, et les conditions politiques, nous expliquent, dans la mesure du possible, les particularités de la littérature en Italie. […] Si les événements politiques s’étaient déroulés selon son désir, que la monarchie de ses rêves se fût réalisée, la Comédie serait peut-être en son genre un Roland plus sublime, la glorification d’une jeune Italie. […] Elle n’effacera que peu à peu les traces d’une fatalité séculaire ; pour juger avec équité certains phénomènes sociaux et politiques de l’Italie contemporaine, il faut connaître son malheur passé.
André Chénier, homme politique. […] Tel il fut pendant des années, avant que le grand orage vînt l’arracher à ses pensées habituelles et le lancer dans l’arène politique. […] Tel se dessine à nous André Chénier, dans sa courte et vaillante carrière politique. Ce qui l’anime et le dirige, ce n’est pas la pensée d’un politique supérieur, ambitieux et généreux, qui veut arriver au pouvoir et l’arracher des mains d’indignes adversaires. […] En général, la politique d’André Chénier doit être envisagée comme une politique de droiture et de cœur, émanée d’une simple et haute inspiration personnelle.
De la politique poétique § I. […] Nous avons déjà vu en eux les premiers membres d’une société politique (socii). […] Par cette union ils se trouvèrent avoir fondé les familles, berceau des sociétés politiques. […] En formant par leur union des corps politiques, ils donnèrent naissance à la puissance civile, puissance souveraine, de même que dans l’état précédent celle des pères sur leurs familles n’avait relevé que de Dieu. […] Aussi est-ce une loi éternelle dans les sociétés, que les uns y doivent tourner leur esprit vers les travaux de la politique, tandis que les autres appliquent leur corps à la culture des arts et des métiers.
Il y a certainement quelque chose comme cette souris-là dans la longue-vue politique à travers laquelle M. […] Charrière, le secret politique ou social de son pays : Le voilà donc connu, ce secret plein d’horreur ! […] , il s’agit bien de la Russie politique et sociale ! […] Voir plus que cela dans l’auteur des Mémoires d’un chasseur, peintre de nature plus que de costume, c’est une erreur du genre de celle qui verrait dans Tristram Shandy et le Sentimental Journey des révélations politiques et sociales sur l’Angleterre et sur la France. […] Charrière a beaucoup de talent — se méprend si profondément sur le genre de talent d’un autre, lequel ne pense pas plus à dévoiler et à flétrir les institutions d’un peuple, dont il croque en passant les vices, que Téniers, en peignant ses ivrognes, ne songeait à peindre l’état social de la Flandre et la situation politique des Provinces-Unies.
Plus religieux que les Grecs, quoique moins fanatique ; plus obéissant aux autorités politiques, moins enthousiaste, et par conséquent moins jaloux des réputations individuelles, il n’était jamais privé de l’exercice de sa raison par aucun événement de la vie humaine. […] Dans les démocraties, telles qu’était celle d’Athènes, l’étude de la philosophie et l’occupation des affaires politiques se trouvent presque aussi rarement réunies, que dans une monarchie le métier de courtisan et le mérite de penseur. […] Il était impossible d’aller plus loin avant l’établissement d’une religion bienfaisante, et l’abolition de l’esclavage politique et civil. […] L’écrivain solitaire peut n’appartenir qu’à son talent ; mais l’orateur qui veut influer sur les délibérations politiques, se conforme avec soin à l’esprit national, comme un habile général étudie d’avance le terrain sur lequel il doit livrer le combat. […] On dit que la littérature italienne a commencé par la poésie, quoique du temps de Pétrarque il y eût de mauvais prosateurs dont on pourrait objecter les noms, comme on prétend opposer Ennius, Accius et Pacuvius aux grands orateurs, aux philosophes politiques qui consacrent la gloire des premiers siècles de la république romaine.
La classe des Sciences morales et politiques fut supprimée, et cependant, au lieu de trois classes, l’Institut fut porté à quatre. […] Il faut bien parler politique quand il s’agit de l’Académie. […] Un signe l’indique assez : aucun homme politique du second Empire, quelque talent de parole ou de plume qu’il ait montré, n’a été nommé membre de l’Académie. […] Je reviens au caractère politique qui a souvent compliqué sa physionomie littéraire. […] La question était devenue toute politique ; on se serait cru à une discussion du Palais-Bourbon.
Il attaque son propre parti ; il signale les intrigues de Mayenne contre son neveu le duc de Guise, sa politique qui tend toute à sa conservation. […] C’est l’enfant de l’anarchie politique et religieuse : il n’a ni Dieu ni roi, et il pille indistinctement les deux partis, sous prétexte qu’ils n’ont ni le vrai roi ni le vrai Dieu. […] Il fait justice de la Ligue au nom des principes éternels qui condamnent toute anarchie, il oppose à sa politique la vraie politique de la France, et il retrouve, pour peindre les horreurs de la guerre civile, les accents de Démosthène dévoilant Philippe, et de Cicéron accablant Antoine. […] La politique, comme science générale du gouvernement, avait suscité de profonds penseurs ; la politique française proprement dite, celle de l’unité nationale, avait inspiré un pamphlet qui est demeuré. […] L’estime de Henri IV pour Malherbe et François de Sales n’est pas moins d’un grand roi que sa politique.
Vertu, vice, religion, politique, art, industrie, les plus hautes sphères de l’activité humaine ne sont pour elle que des sujets, plus ou moins heureux, de trumeaux à badigeonner. […] Capefigue (il n’en est pas bien sûr), mais c’est un esprit sérieux en politique… » Mme de Prie fut une grande femme sérieuse. […] Il fallait qu’elle cumulât les supériorités de tous les genres, et que la femme politique, se trouvant au fond de l’odalisque, emportât le cœur de l’historien ! […] Le cœur de l’historien est parti, mais la femme politique est-elle venue ? […] Y avait-il vraiment l’étoffe d’une femme politique dans cette jupe relevée ?
Financièrement, lorsqu’en 1828, le Globe devenant tout à fait politique, M. […] M. de Rémusat, qui traita presque seul la politique des derniers mois avant Juillet, durant la prison de M. […] rapprochement littéraire, union politique, tout cela manqua bientôt. […] Dubois était le politique ému et acéré, le critique chaleureux. […] Jouffroy, entré à la Chambre depuis deux ans, a montré peu d’inclination pour la politique, et s’est à peine efforcé d’y réussir.
Il dut sa popularité politique à un mauvais acte, et il s’obstina à la conserver et à la raviver pendant toute l’époque qui sépare 1814 de 1815. […] Là commence son rôle vraiment politique : il conçut la pensée de rallier l’armée française à la monarchie des Bourbons, en lui fournissant l’occasion de combattre contre la révolution d’Espagne. […] Le Journal des Débats, puissant alors par son double ascendant sur les ultraroyalistes et sur les libéraux, le suivit dans sa palinodie politique. […] Aucune force politique ne peut lutter, dans notre pays, contre cette force anarchique, excepté la force révolutionnaire. […] La politique applaudit peut-être ; l’humanité rougit et frémit.
Les émotions de l’âme ont donc une cause durable qui subit peu de changements par les événements politiques, tandis qu’à plusieurs égards la gaieté est dépendante des circonstances. […] Voltaire est de tous les écrivains celui dont les ouvrages servent le mieux à démontrer combien un ordre politique raisonnable ôterait de ressources à la plaisanterie. […] Rien n’aurait donc paru plus singulier que de chercher à rendre ridicule un ordre politique entièrement dépendant de la volonté générale. […] Dans les pays où les institutions politiques sont raisonnables, le ridicule doit être dirigé dans le même sens que le mépris. […] L’esprit philosophique qui généralise les idées, et le système de l’égalité politique, doivent donner un nouveau caractère à nos tragédies.
Que sont les Actes des Apôtres, cette causerie à bâtons rompus sur le dos de ses ennemis politiques ou littéraires ? […] Il en est de même des articles, plus graves cependant, qu’il fit insérer dans le Journal politique. […] Historiquement, il hait le Moyen Âge ; mais du moins il ne méconnaît pas ce qu’il eut de réglé, de fort et de politique, ce fier temps ! […] On savait bien que le tourbillon d’une politique qui prenait la France aux cheveux au temps de Rivarol, faisait tourner toutes ces folles têtes qui allaient tomber. […] Mais, tout interrompue qu’elle ait été, cette histoire ne frappa pas uniquement, pour la féconder, que la tête politique et puissante de Burke.
Ces raisons spirituellement superficielles pourraient trouver grâce auprès de quelques jeunes esprits dominés par leurs penchants philosophiques ou politiques, et trop disposés à faire bon marché de leurs opinions littéraires : nous y répondrons avec quelque détail. […] Jusqu’ici, il est vrai, la politique, qui a tout envahi, a écrasé l’art, et ne lui a pas fait dans l’ordre nouveau une place large, commode, splendide, telle qu’il la mérite et telle qu’il l’aura. […] Ainsi, soit dans la constitution politique du pays, soit dans le goût du public, soit dans les talents des artistes, rien ne répugne à la rénovation du théâtre, et tout au contraire y conspire. […] En vérité, il serait temps qu’un journal qui se pique de représenter quelque chose en France songeât à purger sa littérature do tant de vénalité jointe à tant d’ineptie, et qu’il essayât au moins de la rajeunir comme sa vieille politique. […] Comédie politique de Népomucène Lemercier, qui eut un grand succès en 1800.
La destinée des hommes d’État et des grands citoyens qui ont ouvert, il y a quarante-quatre ans, l’ère mémorable de notre affranchissement politique et social, a été, dans la plupart des cas, orageuse, sanglante et violemment brisée. […] Et parmi ceux de nos vieillards politiques que la hache des factions ou la fièvre intérieure de la lutte a épargnés, combien y en a-t-il qui, à travers la corruption de l’Empire et la turpitude de nos sénats, soient demeurés fidèles à eux-mêmes et à leurs commencements, fidèles à la majesté du Jeu de paume, à la nuit du 4 août, aux grandes journées d’autrefois, où nous lisons leurs noms ? […] Député de la Virginie à l’ancien Congrès, nommé avec John Adams, Franklin, Sherman et Livingston, du comité pour la déclaration de l’indépendance, il en rédigea l’admirable manifeste, frontispice d’une politique de droiture et de vérité, exposé pour la première fois au monde. […] Cette frénésie quasi-monarchique ne s’en tint pas à ces ridicules de mode ; elle s’introduisait dans les affaires, dans les doctrines politiques, dans la marche générale du gouvernement. […] « À dire vrai, ajoute-t-il, les abus de la monarchie avaient tellement absorbé les méditations de la politique, que l’on voyait la république dans tout ce qui n’était pas monarchie. » On reconnut peu après que la négation de la monarchie ne constituait pas nécessairement un gouvernement populaire, bien que c’en fût la première condition.
Dès lors, sans doute, il avait renoncé à la politique ; l’exemple de Juda le Gaulonite lui avait montré l’inutilité des séditions populaires. […] Mais, en général, le monde ancien s’était figuré la liberté comme attachée à, certaines formes politiques ; les libéraux s’étaient appelés Harmodius et Aristogiton, Brutus et Cassius. […] Mais, en constituant une immense association libre, qui, durant trois cents ans, sut se passer de politique, le christianisme compensa amplement le tort qu’il a fait aux vertus civiques. […] Il blâme surtout ceux qui subordonnent aux questions sociales les questions politiques et professent pour celles-ci une sorte d’indifférence. […] Il en parle en termes vagues et à la façon d’une personne du peuple qui n’a aucune idée de politique.
En philosophie, en littérature, en critique, elle modifia efficacement les esprits ; en politique proprement dite, elle fut moins ferme et d’une allure plus honnête qu’entraînante. Bref, quand la dynastie parjure suscita contre elle par un coup insensé tout ce que le pays recélait de vigueur cachée et d’amertume dans ses reins et dans ses entrailles, il y avait en France un groupe d’hommes jeunes, professant en philosophie, en histoire, en littérature, en politique théorique, certaines doctrines réfléchies, certaines solutions déjà accréditées ; ces solutions, ces doctrines, ces hommes, se trouvèrent subitement mis à l’épreuve des choses, et confrontés, pour ainsi dire, à l’instant même, avec un résultat imprévu, immense, avec une révolution. […] Depuis deux ans, sans entrer dans la lice de la politique proprement dite, ce jeune philosophe et publiciste a labouré en tous sens, et avec une infatigable ardeur, le champ des idées sociales, du développement historique de l’humanité et de sa destinée probable au xixe siècle. […] Dans sa revue de la société, au premier plan, se rencontraient la philosophie éclectique de la Restauration et la politique doctrinaire, l’une déjà morte, l’autre toujours vivace. […] Ayant ainsi rangé de côté la politique et l’éclectisme de la Restauration, M.
Des motifs valables pour d’autres ne l’étaient pas pour moi ; je ne pouvais comprendre qu’en politique on pût se décider d’après ses préférences. […] Un peuple consulté peut à la rigueur dire la forme de gouvernement qui lui plaît, mais non celle dont il a besoin ; il ne le saura qu’à l’usage : il lui faut du temps pour vérifier si sa maison politique est commode, solide, capable de résister aux intempéries, appropriée à ses mœurs, à ses occupations, à son caractère, à ses singularités, à ses brusqueries. […] La forme sociale et politique dans laquelle un peuple peut entrer et rester n’est pas livrée à son arbitraire, mais déterminée par son caractère et son passé. […] Mais c’est le seul moyen de ne pas construire à faux après avoir raisonné à vide, et je me promis que, pour moi du moins, si j’entreprenais un jour de chercher une opinion politique, ce ne serait qu’après avoir étudié la France. […] Dans l’organisation que la France s’est faite au commencement du siècle, toutes les lignes générales de son histoire contemporaine étaient tracées, révolutions politiques, utopies sociales, divisions des classes, rôle de l’Église, conduite de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple, développement, direction ou déviation de la philosophie, des lettres et des arts.
Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains § I. […] À ces trois autorités civiles répondent trois autorités politiques. […] Corollaire relatif à la sagesse politique des anciens Romains Ici se présente une question à laquelle il semble bien difficile de répondre : lorsque Rome était encore peu avancée dans la civilisation, ses citoyens passaient pour de sages politiques ; et dans le siècle le plus éclairé de l’empire, Ulpien se plaint qu’ un petit nombre d’hommes expérimentés possèdent la science du gouvernement . […] Ainsi les faits nous apparaissent tellement séparés de leurs causes, que Bodin, jurisconsulte et politique également distingué, montre tous les caractères de l’aristocratie dans les faits que les historiens rapportent à la prétendue démocratie des premiers siècles de la république. — Que l’on demande à tous ceux qui ont écrit sur l’histoire du Droit romain, pourquoi la jurisprudence antique, dont la base est la loi des douze tables, s’y conforme rigoureusement ; pourquoi la jurisprudence moyenne, celle que réglaient les édits des préteurs, commence à s’adoucir, en continuant toutefois de respecter le même code ; pourquoi enfin la jurisprudence nouvelle, sans égard pour cette loi, eut le courage de ne plus consulter que l’équité naturelle ? […] L’équité civile, ou raison d’état, devient le privilège d’un petit nombre de politiques et conserve dans le cabinet des rois son caractère mystérieux.
Nous avons fait, dans ces derniers temps, un grand bruit de notre science en politique ; on dirait qu’avant nous le monde moderne n’avait jamais entendu parler de liberté, ni des différentes formes sociales. […] Il serait bien à désirer, si l’on s’occupe encore d’écrits de politique (ce qu’à Dieu ne plaise !) […] Remarquons que les publicistes modernes ont vanté le gouvernement républicain, tandis que les écrivains politiques de la Grèce ont généralement donné la préférence à la monarchie. […] Au reste, les sages de la Grèce envisageaient la société sous les rapports moraux ; nos derniers philosophes l’ont considérée sous les rapports politiques.
Tel fut cet homme politique que l’on connaît peu, mais qu’il faut apprendre à connaître ; qui traversa, sans se démentir, la Révolution, l’Empire et la Restauration ; esprit lucide, conséquent et ferme, resté au second rang, mais fait pour le premier ! […] Ce n’est pas un Misanthrope politique, trahi ou bafoué par la Célimène du pouvoir. […] Ils avaient l’ambition d’être des Mémoires politiques, des notes et aperçus d’histoire. […] En effet, il aurait été au pouvoir ce qu’il avait été pendant sa proscription, et il y eût certainement montré l’esprit de ressource et l’intrépidité froide et rusée qui forment le génie des hommes d’action en politique comme à la guerre. […] C’est un praticien en politique qui ne marche plus sur son terrain et dont le pied dépaysé n’est plus aussi sûr.
Hatin en le citant s’expose à une comparaison dangereuse, est exclusivement littéraire, tandis que le journalisme, dans son origine autant que dans son développement, fut toujours bien plus politique qu’autre chose. […] La superbe invention des annuaires des pontifes, à Rome, dans laquelle on reconnaît tout de suite la main d’un peuple politique, n’a pas fécondé sa réflexion davantage, à lui qui parlait, il n’y a qu’un instant, de magistrature ! […] Beaucoup plus à son aise quand il n’est qu’un simple rapporteur, qu’un simple dépouilleur de catalogues, que quand il s’agit de se montrer homme politique dans l’appréciation de cette force du journalisme qui alors se constituait, Μ. […] Hatin, qui conduit jusque-là l’histoire de la Gazette, ne va pas plus loin dans son premier volume, et, de fait, la Gazette n’est-elle pas, à elle seule, toute la grande presse politique, comme dit Μ. […] Que les volumes qui vont suivre, et dans lesquels le sujet à traiter sera moins grêle que dans celui-ci, nous dédommagent d’une compilation qui devrait être un livre littéraire, du moins, s’il n’est pas un livre politique comme il le faudrait.
» Et, de leur côté, les royalistes à transaction, qui s’imaginent que toute la politique est de s’entendre avec la révolution au profit de la royauté, s’écrieront : « Vous nous perdez avec une imprudence ! […] contre la politique avouée du dernier descendant des Rois de France ; mais la vérité avant tout pour cette grande conscience de chrétien ! […] — sur les transactions politiques, et il succomba sous son acte additionnel qui en était une, et, lion mourant, sous le pied de l’imbécile Lafayette. Après de tels exemples, quoi d’étonnant à ce que le comte de Chambord, qui n’est pas roi, mais qui veut le devenir, s’imagine que les batailles politiques entre des principes différents peuvent finir, comme de vulgaires procès, par des transactions, et qu’il puisse en accepter une, lui, le roi de France ! […] Excepté le drapeau de la Révolution, racheté par la gloire de cent héroïques batailles, le comte de Chambord, dans toutes ses manifestations politiques, a accepté tout ce que les révolutionnaires appellent fièrement les conquêtes de la Révolution victorieuse.
Si l’Académie des sciences morales et politiques n’avait pas la langue si pâteuse, elle n’aurait dit qu’un mot qui les valait tous : « Quelles sont les causes de l’anarchie contemporaine ? […] Seulement ce défaut capital pour nous, gens de tradition et qui ne croyons qu’à l’Histoire, doit être pour l’Académie des sciences morales et politiques une triomphante qualité du mémoire qu’elle aurait dû couronner si elle avait vu clair. Armand Hayem, sans cesser d’être lui-même, et avec une habileté volontaire ou involontaire, avait étamé un miroir de la plus belle eau dans lequel messieurs des Sciences morales et politiques auraient pu se reconnaître, et dans lequel pourtant ces vieux Narcisses, à la vue trop basse, ne se sont pas reconnus. […] L’auteur de l’Être social n’a pas d’autre verre, pour boire la certitude dont tout esprit a soif, que le verre vide de l’espérance, — Je même verre que celui de cette insolente Académie des sciences morales et politiques, qui lui a refusé de trinquer ! […] Et quand il s’agit de se prononcer sur la valeur du système représentatif qui règne à présent sur le monde, Armand Hayem, qui sera quelque jour un homme politique, se dérobe une fois de plus, si bien qu’en résumé et partout, sur toutes les questions, son Mémoire, fait pour une académie devant laquelle il savait bien qu’il parlait et dont il a fait un livre après coup, n’est absolument rien de plus qu’une vaste pierre d’attente à base tremblante, et pourrait s’appeler, pour la peine de l’avoir écrit, la philosophie et la politique de l’ajournement.
Arthur Desjardins, vice-président de cet Institut, a récemment donné communication à l’Académie des sciences morales et politiques d’une notice sur sa genèse, son organisation et ses travaux, d’où il ressort que la pensée de se fondation est due à M. […] Sans doute il y a un grand nombre de ces questions auxquelles se mêle un intérêt politique national ou autre, qui tend à les obscurcir. […] Ce qui constitue, à notre avis, l’importance de cet élargissement du droit au-delà des frontières, c’est qu’il marque la substitution des hommes de science et de pensée aux politiques et aux gouvernements, pour la résolution des hauts problèmes qui divisent l’humanité. […] Remettre le sort du monde entre les mains de quelques jurisconsultes, c’est assurément provoquer un résultat de justice et d’humanité supérieur à celui qui est obtenu coutumièrement du fait des politiques et des gouvernements, mais ce n’est pas là un idéal qui ne puisse être dépassé. […] Je n’envisage pas seulement le fait de la résolution selon la justice et en dehors du pouvoir politique, des conflits internationaux, fait en lui-même considérable, mais de plus larges résultats encore.
. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois La succession constante et non interrompue des révolutions politiques liées les unes aux autres par un si étroit enchaînement de causes et d’effets, doit nous forcer d’admettre comme vrais les principes de la Science nouvelle. […] Les deux traits principaux qui caractérisent les aristocraties sont la garde des limites, et la conservation et distinction des ordres politiques. […] De la conservation et distinction des ordres politiques C’est l’esprit des gouvernements aristocratiques que les liaisons de parenté, les successions, et par elles les richesses, et avec les richesses la puissance restent dans l’ordre des nobles. […] La multitude des lois est, comme le remarquent les politiques, la route la plus prompte qui conduise les états à la monarchie ; aussi Auguste pour l’établir en fit un grand nombre ; et les princes qui suivirent, employèrent surtout le sénat à faire des sénatus-consultes d’intérêt privé. […] Admirons la sagesse et la gravité romaines, en voyant au milieu de ces révolutions politiques les préteurs et les jurisconsultes employer tous leurs efforts pour que les termes de la loi des douze tables, ne perdent que lentement et le moins possible le sens qui leur était propre.
Thiers, afin de rétablir, autant qu’il est en nous, les vrais principes de la raison moderne en matière de culte et les vrais sentiments du cœur humain en fait de mort politique. […] Un clergé propriétaire et constitué en pouvoir politique pouvait convenir dans la société du moyen âge, être utile alors à la civilisation ; mais il était inadmissible au dix-huitième siècle. […] Si le premier Consul avait eu l’ombre de philosophie dans sa politique, c’était là le seul concordat qu’il y eût à faire entre Rome et lui. […] Mais le premier Consul, précisément parce qu’il n’était pas assez religieux, voulait avoir extérieurement sous la main une religion politique. […] Génie militaire d’une grande portée, politique nul, caractère faible, incapable de porter sa gloire, M.
Idées politiques de Mme de Staël : libéralisme bourgeois. […] En politique, elle fut constamment libérale, et là est l’unité de sa pensée. […] Elle se restreint trop exclusivement aux considérations politiques : elle s’obstine à ne voir que des constitutions ; tout ira bien, si l’on a la constitution anglaise, puis la constitution américaine, puis de nouveau la constitution anglaise. […] Parle premier, l’existence de deux chambres est érigée en dogme : avec le troisième s’introduit dans le régime parlementaire un esprit fâcheux, par lequel la classe bourgeoise déviera la Révolution à son profit, et, substituant au privilège de la naissance le privilège de la fortune, fera de la haine ou de la peur de la démocratie la première maxime d’une politique égoïste. […] Cet article, en effet, résout la question sociale par le droit politique et contre la démocratie.
Élisabeth vivante a triomphé, et sa politique, après elle, triomphe et règne encore, si bien que protestantisme et Empire britannique ne sont qu’une seule et même chose. […] La politique de Mme de Longueville, durant la Fronde, me paraît de cette force-là. […] Le faible Darnley s’étant ouvert de sa jalousie aux lords et seigneurs mécontents, ceux-ci, dans l’intérêt de leur politique, le poussèrent à la vengeance, et s’offrirent à le servir de l’épée. […] Elle ne devient politique, comme cela est le propre des femmes passionnées, que dans l’intérêt de sa passion même et de sa vengeance. […] Aux prises sans défense avec une rivale cauteleuse et ambitieuse, sujette à tous les contrecoups du dehors, victime d’une politique avare et tenace qui ne lâche point sa proie et qui met un si long temps à la torturer sans la dévorer, elle ne s’abandonne pas un seul moment, elle se relève.
Dans le respect que nous avons pour de nobles pensées rendues avec énergie, il nous sera permis toutefois de faire remarquer que si c’est une politique positive qui doit sortir de telles études et de telles méditations, il importe fort de ne la point puiser trop haut. La vraie politique (est-ce à l’illustre orateur qu’il est besoin de le rappeler ?) […] Guizot nous a tout récemment montré dans sa belle étude sur sir Robert Peel combien une telle politique peut avoir de patriotisme et de véritable grandeur. […] Bossuet a voulu tirer de l’Écriture sainte toute une politique, et il s’est trompé. On courrait risque aussi, en voulant tirer de l’Évangile une politique humaine, d’ouvrir le champ à bien des systèmes divers et peu d’accord entre eux.
Le marquis d’Argenson est à bon droit un nom des plus estimés parmi ceux des politiques du dernier siècle et des hommes qui se sont occupés des matières d’intérêt public. […] M. d’Argenson est, en politique, de l’école de Catinat et de Vauban, et un digne prédécesseur de Turgot. […] Vers 1725, il s’était formé à Paris, chez l’abbé Alary, de l’Académie française, une conférence politique qui se tenait tous les samedis ; et comme l’abbé demeurait à un entresol, place Vendôme, dans la maison du président Hénault, la société avait pris nom l’Entresol C’était à la fois un essai de club à l’anglaise et un berceau d’Académie des sciences morales et politiques. […] Le garde des sceaux Chauvelin, qui avait fort contribué à cette mesure, avait pris d’ailleurs d’Argenson en grande estime et amitié ; il voulait lui servir comme de père, disait-il, et faire sa fortune politique. […] Il est curieux de suivre pas à pas l’attente et les lents progrès de la fortune politique de d’Argenson.
Les premiers effets de l’influence suivie que Marie-Antoinette commença à exercer en politique ne furent pas heureux. […] On le voit pourtant, la reine commence à causer assez bien politique ; bon gré, mal gré, elle s’y fait. Mais autre chose est causer politique et avoir une tête politique. […] Occupée jour et nuit de politique, puisqu’il le faut, elle est obligée de peser les projets, de machiner des complots et d’inventer des menées secrètes. […] La femme de cœur, voilà ce qu’il faut à jamais admirer en Marie-Antoinette, non la femme politique.
Tels sont les degrés successifs et les nuances par lesquels Mme Daniel Stern, cette effrayante éleveuse de pédantes, croit nous amener à l’émancipation définitive de son sexe, qui est toute la politique pour elle. […] Daniel Stern, qui, pour tout au monde, voudrait être Monsieur, a des visées à la Philosophie, comme à la Politique, comme à l’Histoire, comme à toutes les études viriles…, Un jour pourtant, on l’a vu, elle s’est oubliée jusqu’à écrire un roman bien froid ! […] — et puritaine, elle écrit l’histoire des républiques pour faire la leçon aux monarchies et pour prouver sa vertu politique, à elle… Gymnastique qui doit être fatigante, n’est-ce pas ? […] … Mme Stern, avant la Commune, ne se doutait pas que la question religieuse bouillonne toujours sous nos pieds, à travers la poussière des faits politiques. […] Esquisses morales et politiques.
— Corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains. — § I. […] Corollaire relatif à la sagesse politique des anciens Romains. […] De la conservation et distinction des ordres politiques. […] C’est une loi naturelle que les nations terminent leur carrière politique par la monarchie.
Ce n’est pas de la politique que je viens faire ; je ne veux qu’appliquer à quelques sujets nouveaux la même méthode d’analyse dont j’use à l’égard des auteurs et des personnages littéraires. Les assemblées politiques tiennent trop de place dans notre régime de société, et y exercent une trop grande influence, pour pouvoir être omises dans une étude un peu variée et complète des hommes de ce temps. […] le pouvoir de donner aux peuples des institutions politiques, de les détruire ou de les refuser, réside exclusivement et perpétuellement dans les rois ! […] Depuis lors M. de Broglie était rentré au sein de ce qu’on pouvait appeler la plus honorable retraite, et il ne reparut qu’à de rares moments dans l’action politique. […] Mais son grand rôle dans les dernières années de ce régime était celui de politique consultant, et on l’a vu le parrain de plus d’un ministère.
Dans ce Journal, dont le premier numéro est du 12 juillet 1789, Rivarol se montre, et avant Burke, l’un des plus vigoureux écrivains politiques qu’ait produits la Révolution. […] Le vrai conseiller politique sait se préserver de ce léger entêtement tout littéraire. […] Rivarol y fait entrer toute la métaphysique et la politique. […] … La vraie philosophie est d’être astronome en astronomie, chimiste en chimie, et politique dans la politique. […] et se peut-il que ce ne soit qu’un philosophe repenti et devenu politique, un incrédule qui s’est guéri de la sottise d’être impie ?
Autour de deux ou trois idées fondamentales, s’organisa chez eux un système complet de poésie, formé du platonisme en amour, du christianisme en mythologie, et du royalisme en politique. L’intention politique leur semblait, en général, une partie essentielle de toute composition littéraire, et il fallait bien qu’il en fût ainsi, puisque, selon M. […] Procédant d’après des règles expresses de poétique et de politique, elle oubliait trop ce vœu d’un de ses talents les plus indépendants : Heureux qui ne veut rien tenter ! […] La partie politique y domine : ce sont des pièces sur la Vendée, sur Quiberon, sur l’assassinat du duc de Berri. […] Hugo dans ses premières odes politiques : et, s’il n’y avait pas là de quoi faire un chantre populaire, si le siècle ne se pouvait prendre d’amour pour qui lui lançait des anathèmes, et si, en un mot, le Lamennais de la poésie ne devait pas prétendre à devenir le Béranger de la France, peut-être au moins il avait dans sa franchise et son talent des titres à l’impartialité et à la justice.
Est-ce de la politique par le fond, que cette brochure ? […] Nous pensions qu’en une certaine mesure l’instinct politique ne manquait pas à un homme que Mazarin, qui aimait les heureux, aurait employé pour cette raison-là, et nous n’avions pas prévu cette nouvelle physionomie qu’il vient de prendre. […] Si nous y avons vu de la critique contre l’Empire, nous y avons vu des éloges de bon aloi donnés au génie politique de l’Empereur. […] C’est au nom des idées, c’est au nom de l’esprit, « de l’esprit qui doit toujours battre le sabre », disait Napoléon Ier (ce qui est vrai, mais quand c’est véritablement de l’esprit), que Véron intervient dans la politique. […] Arrivé du théâtre ou du loisir à la politique, membre du Corps législatif, s’il n’a pas de tribune dans laquelle il puisse encadrer sa docte et florissante personne il a une assemblée d’hommes bienveillants et compétents qui l’écoutent suffisamment quand il parle, et devant laquelle il peut exercer ses impatientes facultés.
Malgré le nombre des anglo-catholiques au sein de l’Église anglicane, la Grande-Bretagne, cette image glorieuse de la concentration politique, n’en a pas moins ressenti les influences funestes du protestantisme continental. […] Elle qui aime la force et qui tient à sa gloire, entrevoit-elle les conséquences terrestres, les conséquences politiques qu’entraînerait, dans ce moment et plus tard, sa triomphante rentrée au sein de l’unité catholique ? […] Pour donner un exemple des sympathies de sa politique, qu’on regarde l’Orient ! […] L’intérêt politique a dévoré la sympathie religieuse ; mais, en la dévorant, il s’est presque dévoré lui-même. […] En redevenant catholique, l’Angleterre, qui n’est qu’une île, et dont la politique est profondément insulaire, se rattacherait à l’Europe au lieu de s’en isoler.
Dans ce livre, il passe en revue toutes les idées que les premiers hommes se firent sur la logique et la morale, sur l’économie domestique et politique, sur la physique, la cosmographie et l’astronomie, sur la chronologie et la géographie. […] De la politique poétique. […] Ils sont forcés, par la révolte de ces derniers, de s’unir en corps politique. […] Les sociétés politiques sont nées toutes de certains principes éternels des fiefs. […] Suite de la politique héroïque.
Ils ne sont donc ni la vie littéraire, ni la vie politique de Lamartine » cet homme de double gloire. […] Faculté non de dupe, mais de poète, faculté enchanteresse et qu’il eut toujours, et non pas seulement dans ses vers, où la nature est plus belle que la réalité, mais dans la vie et même dans la vie politique, où sa nature de poète l’égara. C’est la poésie de Lamartine qui sauve la politique de Lamartine, de cet homme qui répondit un jour, quand il fut nommé député, à ceux qui lui demandaient où il siégerait, lui, Lamartine, dans un Parlement d’imbéciles ou d’esprits plus bas que leur ventre : « Je siégerai dans le plafond ! […] Ils l’écoutèrent un instant, mais ne l’entendirent pas, cet astre de poésie dépaysé dans leur misérable politique. […] Il n’y a pas eu de Lamartine en petits morceaux ; — il n’y a donc pas eu de Lamartine politique, de Lamartine des affaires, de Lamartine des salons.
Ouvrages de philosophie politique et de polémique religieuse […] Philosophie politique. — Polémique religieuse. — Madame de Staël. — De Bonald […] Il est par trop commode de rejeter tout le tort des catastrophes politiques soit sur le pouvoir qui tombe, soit sur celui qui le remplace. […] Le progrès dont ce grand art est redevable à la politique, c’est la politique elle-même se faisant sa place dans l’histoire, et expliquant son œuvre dans la conduite des sociétés humaines. […] Vu du côté de la politique, ce livre est plein d’utiles leçons pour les gouvernements qui veulent durer.
Sa splendeur, à lui, sort de lui-même, comme la splendeur des Séraphins, qui sort d’eux, et qu’il aurait rappelés, si un jour il n’était pas descendu de son étoile pour faire de la politique pratique, à laquelle il n’entendait absolument rien… Et il le savait ! […] Et il faut bien le dire, à ceux qui ont l’orgueil de leur prose : quand les criailleries de la politique contemporaine seront mortes, ce qui vivra encore, et toujours, de Lamartine, ce sera… ses vers ! […] Les reproches que l’Histoire fera à Lamartine seront, pour la postérité, — oublieuse des fautes politiques parce que la politique est chose de passage, — noyés dans le sentiment de ses œuvres, qui donneront toujours à ceux qui les liront un bonheur qu’aucune forme de gouvernement ne peut donner, et elles ne feront pas plus de bruit, à quelques siècles de distance, que les gouttelettes d’eau des avirons soulevés quand la barque touche au rivage ! […] Il n’en eut pas en politique, où ses bévues furent éblouissantes comme son talent. […] Il vous parlera, par exemple, de la « sainteté dans le tumulte » (c’est un tumulte, politique, bien entendu).
« Outre le droit des gens, qui regarde toutes les sociétés, il y a un droit politique pour chacune. […] La réunion de toutes les forces particulières, dit très-bien Gravina, forme ce que l’on appelle l’état politique. […] Il ne voit pas qu’il n’y aurait ainsi, pour toute politique, qu’à mesurer le territoire. […] On s’aperçoit tout de suite que Montesquieu est un penseur léger, facile avec lui-même, très-superficiel, qui saisit au hasard la première considération venue pour en faire la base aventurée de sa politique et donner des axiomes géométriques pour des vérités politiques. […] Aristote écrivait de la politique plus solide ; Machiavel, plus intelligente, en mettant de côté la pure morale ; Platon, Fénelon, J.
C’est exactement le contraire de la politique de Choiseul. […] On ne croyait pas que ce fût une question politique. […] Mais, d’une part, comme, au XVIIIe siècle, les politiques et publicistes s’étaient occupés plutôt de politique générale que de tout autre objet, et d’autre part la centralisation politique étant le bien ou le mal le plus éclatant de l’époque et qui frappait le plus tous les yeux ; c’est sur cette dernière affaire que tous les écrivains politiques — excepté Voltaire —, ont porté le plus grand effort de leur attention. […] Enfin, par sa magistrature « état passager », Rousseau met encore plus de politique, et de politique militante, dans la magistrature, qu’il n’en met par l’élection. […] Non seulement elle sera politique par son origine, l’élection ; mais elle le sera par ses ambitions, ses préoccupations, ses soucis perpétuels, et toutes ses démarches seront politiques.
Le régime féodal auquel l’Allemagne est soumise, ne lui permet pas de jouir de tous les avantages politiques attachés à la fédération. […] Les Anglais sont moins indépendants que les Allemands dans leur manière générale de considérer tout ce qui tient aux idées religieuses et politiques. […] La division des gouvernements, sans donner la liberté politique, établit presque nécessairement la liberté de la presse. […] Les Allemands n’ont point une patrie politique ; mais ils se sont fait une patrie littéraire et philosophique, pour la gloire de laquelle ils sont remplis du plus noble enthousiasme. […] que les nations encore honnêtes, que les hommes doués de talents politiques, qui ne peuvent se faire aucun reproche, conservent précieusement un tel bonheur !
Littérature politique. […] Nous ne parlons pas théologie, nous parlons politique. […] Ce peuple, si accoutumé à la liberté politique, demanda modérément à son souverain la liberté légale, une constitution. […] Il n’y a pas de bonne politique contre la nature. […] Que serait-ce si vous vous placiez seul sous le patronage politique, maritime de l’Angleterre ?
Les affaires d’abord, la politique ensuite. […] Si Victor Hugo avait fait de cette politique de casse-cou, il serait sorti de la tradition bourgeoise. Car la caractéristique de l’évolution politique dans les pays civilisés, est de débarrasser la politique des dangers qu’elle présentait et des sacrifices qu’elle exigeait autrefois. […] La France républicaine a donné un mémorable exemple de cette politique raisonnable et agréable le jour qu’elle éleva au rang de sénateurs MM. […] Hugo ne connaissait que cette politique positive.
. — Sa carrière rompue à la mort de Henri IV, — Son rôle dans les troubles civils, — Guerrier tout politique ; sa physionomie. […] Il note partout, comme un futur capitaine et politique, l’assiette des places, leurs fortifications, leur commerce, le génie des nations, la forme des gouvernements. […] Rohan le sentit, et cette mort lui arracha un cri de douleur dont il a consigné l’expression dans le premier de ses discours politiques. […] On y voit à nu la politique et les mobiles du maréchal de Bouillon, du prince de Coudé, de Lesdiguières et autres. […] Au reste, il ne laisse pas entrevoir d’abord une politique bien différente.
A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. […] Elle aurait dû, pour sa gloire, quitter l’Espagne après ce triomphe de sa politique et de sa cause, après la victoire de Villaviciosa (décembre 1710) qui consacra la réconciliation de l’aristocratie espagnole et du souverain. […] Elle veut passer de l’observation et de la conversation politique à l’action. […] Au reste, il est bien naturel qu’avec le talent qu’elle se sentait pour la politique, elle ait tout fait pour se procurer un théâtre où elle aurait lieu de le développer. […] Mme des Ursins nous apparaît dans ses lettres tout à fait telle que l’on se figure la femme politique accomplie ; elle en offre l’idéal, si un pareil idéal existe.
Un grand nombre des plus éminents et des plus actifs champions de cette croisade si animée passèrent immédiatement à la politique pratique, et parurent cesser d’être gens de lettres. […] La politique, à son tour, ayant graduellement épuisé ses ardeurs, a rendu quelque loisir, au moins de coup d’œil, à ceux qui s’y étaient d’abord absorbés. […] Il s’en est produit très-peu de nouveaux et d’entièrement nets au soleil : dans l’ordre de l’imagination, M. de Balzac, George Sand ; dans l’ordre politique, M. de Tocqueville. […] Je croirais presque qu’il en est ici de la littérature comme de la politique. […] Voilà ce que je me hasarderais à penser de la politique de conservation, en idée du salut du pays, si toutefois je m’étais accoutumé d’assez longue main à concevoir le salut et l’honneur du pays sous ces sortes d’aspects.
Il entre à ce propos dans des détails de budget, dans des chiffres ; l’habile homme sait au fond que tout en politique dépend de là. […] Revenu à Tours, et enfermé dans son château du Plessis, Louis XI se livre à toutes les bizarreries qu’on sait, mais dont le but et l’intention étaient surtout politiques. […] Sa fortune politique ne se releva jamais depuis, et elle n’eut plus que d’infidèles retours. […] Commynes justifie tout à fait pour moi le mot de Vauvenargues : « Les vrais politiques connaissent mieux les hommes que ceux qui font métier de philosophie : je veux dire qu’ils sont plus vrais philosophes. » Mais, pour cela, il faut que ce soient de vrais politiques en effet, et il en est peu qui justifient ce titre à l’égal de Commynes. Dans un temps où tout le monde se croit propre à la politique, il ne serait pas mal d’aller regarder en lui quelles sont les qualités requises chez ceux que la nature a destinés à cette rare science.
Serait-ce dans la politique que Montesquieu se serait montré si plein de respect pour les choses existantes ? […] Enfin, parmi les grandes nouveautés de Montesquieu, comment oublier le principe de la liberté politique ? […] En politique par exemple, il ne me paraît pas avoir été si utopiste que le dit M. […] Je ne l’examine pas ; mais j’interroge toutes les écoles politiques de notre temps, et il n’y en a pas une qui, soit pour louer, soit pour blâmer, ne résume l’état actuel de la société parle mot démocratie : c’est le mot du Contrat social. […] Dans la politique aussi, on peut reconnaître son influence même chez ses adversaires les plus déclarés, — Royer-Collard, M.
Sa passion secrète était ingénieuse à fournir au rare bon sens dont il était doué des prétextes, des apparences de raisons nationales ou politiques pour récidiver sans cesse. […] Je dis Pitt, car si de sa personne il mourut à la peine, ce fut sa politique qui triompha en 1814 par ses continuateurs et ses élèves. On ne saurait dire que Napoléon avec son génie n’ait pas eu toutes les sortes d’idées politiques profondes ; mais trop souvent ces idées ne faisaient que lui traverser en éclair la pensée, et n’y séjournaient pas avec la fixité et la prédominance qui conviennent aux vraies idées politiques. […] Son dernier mot, quand il l’articulait, tenait peut-être autant et plus du poète que du politique. […] On est touché d’un sentiment de respect en voyant avec quelle fermeté d’esprit, au milieu des préoccupations politiques qui l’environnent, M.
Dès 1723, un certain abbé Alary avait fondé une société politique, composée de membres libres, et appelée le club de l’Entresol du nom du lieu où se tenaient les conférences. On y trouvait les gazettes de France, de Hollande et d’Angleterre ; on y causait des affaires, on y lisait des extraits d’ouvrages ou des mémoires ; c’était un café d’honnêtes gens, comme dit M. d’Argenson ; en d’autres termes, c’était un essai spontané d’une Académie des sciences morales et politiques. […] Il interdit au club les discussions politiques ; c’était fermer l’Entresol. […] Mais, d’un esprit moins profond, d’une âme moins forte que son frère, s’il appartient davantage à l’histoire politique du temps, il n’appartient que peu ou point à l’histoire morale et littéraire ; je reviens donc au premier. Le caractère du style aussi bien que de la vie du marquis d’Argenson est le bon sens, comme on le croira sans peine ; ennemi du clinquant et de ce qu’il appelle les épigrammes politiques, il ne l’est pas moins des pointes et des épigrammes du langage ; avide avant tout de vérités proverbiales, de dictons populaires, et heureux d’en confirmer sa pensée, la trivialité même ne l’effraye pas, il ne l’évite jamais ; mais par malheur la raison n’est pas toujours triviale ; il arrive donc souvent aux saillies à force de sens, et beaucoup de ses comparaisons sont piquantes parce, qu’elles sont justes, Qu’Albéroni, par exemple, vivant à Rome après sa disgrâce, entreprenne, au nom du pape, souverain temporel, la conquête de la petite république de Saint-Marin ; M. d’Argenson, qui vient de nous exposer avec précision et peut-être sécheresse les travaux et les talents du cardinal, saura bien ici nommer cette entreprise une parodie des comédies héroïques qu’Albéroni a données à l’Espagne vingt ans auparavant, et, lui-même, le montrer joueur ruiné quoique habile qui se conduit en jouant aux douze sous la fiche, comme il faisait autrefois en jouant au louis le point.
Pourquoi ces révolutions dans le droit, et ces révolutions dans la politique ? […] Le magistrat qui remplaça le roi fut comme lui un prêtre en même temps qu’un chef politique. […] Il représente la cité, qui est une association religieuse au moins autant que politique. […] Assurément on ne craignait pas que dans les assemblées politiques son vote fit pencher la balance. […] Droits politiques, religion, droits civils, tout lui était enlevé du même coup.
Des Constitutions de la France et du système politique de l’empereur Napoléon. […] L’auteur y apprécie très bien l’administrateur en Napoléon, mais il n’y voit pas à fond l’homme politique. […] Si l’on s’en rapporte au texte de son livre, intitulé : Des Constitutions de la France et du système politique de l’empereur Napoléon 17, Edmond de Beauverger serait publiciste et jurisconsulte. […] C’est une variété d’historien qui nous fait comprendre à merveille ce qu’il y avait de plus intime et de plus profond dans la pensée politique de Napoléon. […] Conserver, en le modifiant, tout ce qui peut être sauvé du passé d’un peuple, c’est peut-être la seule ressource laissée pour manifester leur génie aux grands politiques des vieilles civilisations.
Bohèmes, malgré tout, cependant, ces derniers, malgré leur attitude de Staters et d’olympiens, leur importance, leur influence, leur situation dans tous les mondes, officiels ou non officiels, leurs chaires quand ils sont professeurs, leurs bibliothèques quand ils sont bibliothécaires, leurs palmes d’académiciens quand ils sont de l’Académie : — le signe essentiel, caractéristique, du bohème, n’étant pas de n’avoir point d’habit, mais de n’avoir point de principes, de manquer de l’asile sacré d’une morale fixe autour de la tête et du cœur, de vagabonder dans ses écrits à tout vent de doctrine, et, comme déjà nous l’avons dit, de vivre, enfant de la balle politique ou littéraire venu ou trouvé sous le chou de la circonstance, sans feu ni lieu intellectuel, — c’est-à-dire sans une religion ou sans une philosophie. […] Partisans du statu quo littéraire d’aujourd’hui, comme ils le furent jadis d’un autre, misanthropes en politique, mais optimistes comme des Pangloss en littérature et suffisants comme des Turcarets, ils ne dressent pas seulement une théorie « d’honnêteté » contre nous, qui sommes des insolents littéraires, mais, ce qui est plus fort ! […] Ni Joseph de Maistre, ni Mirabeau, ne connurent cette apparition de ces derniers temps : — le juste milieu politique et littéraire. […] À l’identité de leurs doctrines littéraires et à l’ambiguïté de leurs doctrines politiques, on ne comprend pas le contraste de leurs drapeaux. » — Joseph de Maistre, moins violent mais plus sévère, dirait : « Voyons ces honnêtes gens ! […] « Nous sommes des honnêtes gens, — dit Rigault. — En politique, nous laissons la justice poursuivre les coupables ; nous ne rendons responsable aucune nation, aucun parti, des inventions sauvages de quelques fous monstrueux », — ce qui est l’honnêteté politique, et non plus l’honnêteté littéraire.
Du même fonds, la politique l’a occupé. […] Journalisme politique et religieux, ou plutôt antireligieux. […] Non seulement littérature industrielle, mais littérature politique, et politique de littérateurs, et voilà la Révolution. […] Devant la société, la politique et la nature, le silence. […] En même temps, ses vrais sentiments politiques se manifestent.
Mais, outre que ce n’est pas là une nécessité, il se rencontre parfois en histoire de ces sujets qui ont, comme certaines contrées en géographie politique, des frontières naturelles vers lesquelles on tend malgré soi, pour peu qu’on ait quelque vigueur et quelque courage. […] Avec des ouvrages presque spéciaux de diplomatie et de guerre, il a construit une histoire essentiellement politique. […] Il ne comprend pas que cela était de situation, et qu’en politique et en histoire la situation a une telle force, que de grands esprits comme Napoléon, qui l’ont sentie contre la leur, ont incliné, du coup, vers une superstitieuse fatalité ! Sous Louis XIV, les questions politiques étaient encore doublées de questions religieuses, et les écrivains d’un temps sans religion comme l’est le nôtre l’oublient trop. Ils discernent bien la faute politique, qu’ils cherchent incessamment « à grand renfort de besicles », comme dirait Rabelais, mais s’ils avaient l’œil plus perçant et l’aile plus robuste, s’ils remontaient d’un cran plus haut que cette politique dans laquelle ils se prennent les pieds, ce qui se détache en faute pour eux rentrerait dans le tissu des nécessités de l’histoire, dont les rois sont bien les tisserands, disait Philippe II, mais à qui Dieu fournit le fil.
Pour lui, qui n’a pas d’autre conception de la vérité politique que celle-là que le monde du Moyen Âge avait réalisée, la Réforme a introduit dans le monde moderne un mal sans compensation et sans remède, et par-delà ce mal, qui n’est pas près d’être épuisé, et qui, dans sa conviction, sera la fin de tout, non seulement il ne voit rien, mais il ne regarde même pas… Que cette tristesse désespérée ait ou n’ait pas sa raison d’exister, je ne veux point l’examiner. […] Ce crochet est un mot heureux, car il contient un blâme, — le blâme que mérite toute tortuosité, — mais véritablement les plaisanteries d’un homme à sa maîtresse, avec qui on est toujours un peu fanfaron de vices, ne prouvent rien, et tout ce qu’on sait de la vie de Henri et de sa persistante ambition politique, appuie cette idée du crochet. […] S’il avait été protestant comme le prince de Condé ou Jeanne d’Albret ; s’il y avait eu en lui une fibre qui eût saigné de protestantisme sacrifié, sous son lourd manteau du roi catholique, accepté au prix d’une abjuration, je comprendrais que lui, l’homme de la politique ambidextre, eût favorisé ses anciens coreligionnaires, étant le Roi, et eût fait encore ce crochet… Faiblesse de cœur, généreux souvenir de ses compagnons d’armes ! […] D’un autre côté, l’idée de l’égalité de toutes les religions devant le pouvoir politique et civil n’était point née. […] Il y a une étoile du berger qu’il ne faut pas plus manquer en politique qu’en amour !
En un mot, si l’on veut obéir aux prescriptions égalitaires, suivant quels types façonner les institutions civiles et juridiques, politiques et économiques ? […] Lorsque nous prenons parti pour ou contre telle politique, et que nous adoptons, par exemple, le libéralisme ou le socialisme, c’est que nous avons répondu, explicitement ou implicitement, à ces questions. […] En ce sens, dans la mesure où nos sentiments moraux se justifient eux-mêmes par des principes, c’est bien notre métaphysique qui choisit notre parti politique. […] C’est avouer que bien longtemps encore nous devrons nous laisser guider dans la politique par une sorte de tact empirique. […] Est-il prudent, si l’on veut que la sociologie se constitue scientifiquement, de lui proposer d’emblée ces problèmes politiques ?
Pourquoi est-il devenu le malheureux « animal politique ? […] Puisqu’il est trop tard pour y revenir, il reste à Rousseau de réconcilier la justice avec l’institution politique. […] Le problème politique, c’est de faire l’Etat maître de chacun et chacun maître de l’État. […] Il entend la politique, le commerce, les finances, les voyages, les aventures. […] Il n’y a non plus rien d’historique ni de politique dans les ressorts de la vengeance.
Le même Auteur avoit commencé une Géographie Histori-Politique de l'Allemagne, dont il parle dans son livre de l'Office des Rois d'Armes ; & l'on doit peu regretter qu'il ne l'ait point achevée, depuis que M. l'Abbé Courtalon, Précepteur des Pages de Madame, a publié un Atlas élémentaire de cet Empire, où l'on voit sur des Cartes & des Tableaux sa description géographique, & l'état actuel de sa constitution politique. […] Les difficultés sans nombre que vous devez avoir rencontrées dans votre marche, & que vous avez heureusement surmontées, ajoutent un nouveau degré au mérite d'avoir rassemblé, presque sous un seul point de vue, tout ce que l'Histoire, la Politique & la Géographie présentoient d'intéressant & d'essentiel à la connoissance exacte de ce vaste Corps. […] La réunion de tous ces avantages doit rendre votre travail précieux à tous les Amateurs, & particuliérement aux Instituteurs de la Noblesse, destinée aux emplois politiques & militaires. […] Büscing, entre autres, qui a consigné dans ses Ecrits Polémiques, publiés à Berlin, l'estime particuliere qu'il fait de son Atlas : il le regarde comme le meilleur Ouvrage de Géographie & d'Histoire Politique qui ait paru en France sur l'Allemagne.
Cette disposition naturelle des pouvoirs actuels est en harmonie avec la tendance spontanée des populations à une apparente indifférence politique, motivée sur l’impuissance radicale des diverses doctrines en circulation, et qui doit toujours persister tant que les débats politiques continueront, faute d’une impulsion convenable, à dégénérer en de vaines luttes personnelles, de plus en plus misérables. […] D’une part, en effet, il démontre que les principales difficultés sociales ne sont pas aujourd’hui essentiellement politiques, mais surtout morales, en sorte que leur solution possible dépend réellement des opinions et des mœurs beaucoup plus que des institutions ; ce qui tend à éteindre une activité perturbatrice, en transformant l’agitation politique en mouvement philosophique. […] Elle tend donc à justifier et à seconder la préoccupation très légitime qu’inspire aujourd’hui partout le seul grand résultat politique qui soit immédiatement compatible avec la situation actuelle, laquelle d’ailleurs lui procure une valeur spéciale par les graves difficultés qu’elle lui suscite, en posant toujours le problème, insoluble à la longue, de maintenir un certain ordre politique au milieu d’un profond désordre moral. […] On peut les résumer en cet aperçu général : il n’a pu exister jusqu’ici une politique spécialement populaire, et la nouvelle philosophie peut seule la constituer. […] Il ne peut plus exister de véritable popularité que pour la politique qui tendra nécessairement vers cette double destination.
On appelait autrefois politique la politique des rois, la politique des prêtres, la politique des nobles, et même la politique des bourgeois. […] Depuis quarante ans, les formes politiques se succèdent, et croulent les unes sur les autres comme dans un abîme. […] C’est une question de gouvernement, une question de politique, en même temps que d’économie politique. […] Cinq sous avec ou sans Dieu, n’est-ce pas pour vous, Politiques et Industriels d’aujourd’hui, absolument la même chose ? […] Mais ici vient se poser, en morale, la même question de droit qui s’est posée en politique.
Il fut mon maître en éloquence, mon modèle en politique. […] Molé, qui portait l’élégance et l’atticisme de sa figure dans la politique ; M. […] Si Pascal eût été orateur politique, c’est ainsi qu’il aurait parlé. […] La nature vous a fait poète, la poésie vous fera orateur, le tact et la réflexion vous feront politique. […] C’est la ressource des idiots en politique.
Swift pouvait ainsi parvenir à l’épiscopat par ses relations politiques avec les Whigs et par les sympathies particulières que son dévouement à la Haute-Église devait lui ménager du côté de la reine et des évêques. […] Swift, qui ne vit jamais dans la religion qu’une partie importante de la politique, était porté à oublier qu’elle était considérée par un grand nombre de personnes comme une institution divine, en dehors et au-dessus de la politique. […] Ôtez aux Whigs et aux Tories les dénominations politiques et religieuses, et l’orgueil, l’envie, l’avarice et l’ambition en fabriqueront d’autres. […] Tout échoua, et en 1709 Swift retourna en Irlande, aigri contre ses amis politiques et très disposé à tenter la fortune du côté de leurs adversaires. […] L’état déplorable de ce pays, l’oppression politique et industrielle de ces populations misérables, l’indignèrent et lui offrirent une nouvelle occasion de jouer un grand rôle dans le monde.
La morale, comme la politique, se résume donc en ce grand mot : élever le peuple. La morale aurait dû le prescrire, en tout temps ; la politique le prescrit plus impérieusement que jamais, depuis que le peuple a été admis à la participation aux droits politiques. […] Elle est en un sens supérieure à la loi politique, puisque celle-ci a en elle sa raison et sa sanction. […] (Politique, 1.I, chap. […] Si ce n’est par politique, et pour des raisons extérieures, comme de surveiller de si importantes machines.
Cette différence se remarque à la fois et dans la poésie et dans la religion et dans les institutions politiques. […] On pourrait, à son exemple, indiquer aussi les caractères littéraires, politiques et religieux exclusivement propres aux nations du Nord. […] Tel fut l’état philosophique, religieux, littéraire et politique de cette seconde époque. […] Une politique, que je ne suis point appelé à retracer, avait abattu les courages. […] Enfin, l’idée du devoir implique encore l’idée du droit : mon devoir envers vous est votre droit sur moi, comme vos devoirs envers moi sont mes droits sur vous ; de là encore une morale sociale, un droit naturel, une philosophie politique, bien différente et de la politique effrénée de la passion et de la politique tortueuse de l’intérêt.
Il s’agrandit toujours ; Ballanche s’agrandissait comme l’incommensurable ; c’était l’homme des horizons ; ces horizons politiques ou religieux fuient quand on croit les atteindre et se confondent avec le ciel. […] Murat ne voulait pas s’écrouler avec lui ; sa femme, la reine Caroline, plus reine encore que sœur, encourageait son mari dans sa défection ; la politique prévalait sur la reconnaissance et la nature. […] Ces deux frères Bertin avaient plus de politique que lui, mais il avait plus de colères. […] Nous éviterons de reproduire ici ce qui est exclusivement intrigue et politique dans ces lettres ; nous reproduirons seulement celles dans lesquelles le cœur éclate et s’épanche. […] Voilà une terrible lettre politique ; je l’ai écrite de colère !
Elle peut être difficilement un grand homme d’État et un grand historien politique. […] Le sentiment élève souvent la femme jusqu’à l’héroïsme, jamais jusqu’à l’impassibilité, cette sérénité supérieure de l’esprit, condition de la politique et de l’industrie. […] Le style seul est viril, la politique est chimérique, l’histoire est une histoire de famille, un piédestal à M. […] Tout semblait conspirer alors au triomphe de sa politique, à la gloire de son nom, à la félicité de sa vie. […] Ce jeune homme que nous avons connu après la mort de sa mère, aspirait à un rôle politique en France.
J’en demande pardon comme artiste, mais certes pas comme homme politique. […] La philosophie du dix-huitième siècle, modérée par la prudence du politique, découle toute formulée de ses lèvres. […] Cette caractérisation est pleine d’erreurs, elle est lyrique plus que politique. […] S’il n’avait pas la vertu de la probité politique, il avait le génie des réalités. […] Ce foyer actif de la pensée d’un siècle fut nourri, pendant toute sa durée, par le vent des plus continuels orages politiques.
Necker, nous saisissons la dissidence à l’origine, le divorce à sa naissance ; mais les partis, ou du moins les familles politiques auxquelles ils se rattachent l’un et l’autre, se sont assez perpétuées ensuite, pour qu’on puisse en généraliser les caractères hors de leurs personnes. […] Mme Roland nous apparaît dès l’abord comme un des représentants les plus parfaits à étudier, les plus éloquents et les plus intègres, de cette génération politique qui avait voulu 89 et que 89 n’avait ni lassée ni satisfaite. […] Rougissons pour les passions politiques de ces torts presque inséparables qu’elles entraînent à leur suite et que pleurent plus tard les belles âmes. […] Durant les mois qui précédèrent le 10 août, l’activité politique de notre héroïne n’avait pas cessé, mais l’expérience avait porté fruit ; elle commençait à moins pousser au mouvement tel quel, et à enrayer un peu. […] Que seraient devenues leurs idées politiques plus mûres, s’ils n’avaient pas péri ?
Les ouvrages anciens et modernes qui traitent des sujets de morale, de politique ou de science, prouvent évidemment les progrès successifs de la pensée, depuis que son histoire nous est connue. […] Dirait-on que la carrière des lettres détourne l’homme, et de ses devoirs domestiques, et des services politiques qu’il pourrait rendre à son pays ? […] On a dit en politique qu’un roi ne pouvait pas subsister sans noblesse ou sans pairie ; à la cour de l’opinion, il faut aussi que des gradations de rangs garantissent la suprématie. […] Il faut opprimer lorsqu’on ne sait pas convaincre ; dans toutes les relations politiques des gouvernants et des gouvernés, une qualité de moins exige une usurpation de plus. […] Le scélérat pourrait ainsi ravir à l’homme de bien tous les objets de son culte ; car c’est toujours au nom d’une vertu que se commettent les attentats politiques.
Le problème ainsi posé, tout le reste suit Conformément aux habitudes de l’esprit classique et aux préceptes de l’idéologie régnante, on construit la politique sur le modèle des mathématiques426. […] On les a déduits rigoureusement d’une définition primordiale ; on déduira d’eux non moins rigoureusement les autres droits du citoyen, les grands traits de la constitution, les, principales lois politiques ou civiles, bref l’ordre, la forme et l’esprit de l’État nouveau. […] Là-dessus, dès à présent, il suffit de voir chez nos philosophes, chez nos politiques, l’idylle en vogue Si tels sont les esprits supérieurs, que dirons-nous de la foule, du peuple, des cerveaux bruts et demi-bruts ? […] Rousseau, Discours sur l’Économie politique, 308. […] Rousseau, Discours sur l’Économie politique , 302.
Royer-Collard ; un homme d’État ne refuse jamais d’être ministre quand l’occasion convenable s’en présente : c’était un grand critique en toute matière, et en politique également. […] Royer-Collard a varié : il était plus royaliste en 1815 ; il était, je l’ai dit, plus rapproché de ses origines, de sa première religion politique, de laquelle l’expérience le détacha et le désintéressa depuis : il n’avait pas dépouillé tout son royalisme sentimental. […] Pasquier s’y était refusé par des raisons de convenance politique, et où il s’autorisait même de son avenir d’homme public pouvant être utile au roi ; ce refus avait un peu étonné et piqué Louis XVIII, qui avait dit : « Concevez-vous M. […] Royer-Collard de quelques amis politiques contre lesquels celui-ci n’était peut-être pas sans prévention. […] M. de Barante, dans l’ouvrage intitulé : La Vie politique de M.
Ce puissant excitateur de hautes pensées politiques va devenir une de nos connaissances particulières, et, peu s’en faut, l’un de nos amis. […] N’ayant étudié ensemble ni en théologie ni en politique, nous avons donné en Suisse des scènes à mourir de rire, cependant, sans nous brouiller jamais. […] Le monde politique est aussi réglé que le monde physique ; mais, comme la liberté de l’homme y joue un certain rôle, nous finissons par croire qu’elle y fait tout. […] Quand on aborde M. de Maistre, il ne faut point lui demander un système politique à proprement parler, ni des conseils pratiques, ni rien qui ressemble à de l’action. […] Toute cette lettre est à lire comme une leçon piquante de politique.
Sans doute le snobisme, les duels, la curiosité des collégiens et des jeunes femmes, les relations mondaines ou politiques ne sont pas sans influer sur la vente d’un livre. […] Remy de Gourmont est au-dessus des questions politiques qu’il méprise et son atavisme de noblesse terrienne lui donne quelque impertinence à cet égard. […] Il n’admet pas que le littérateur, dans un but d’art pur, se libère des soucis moraux et politiques de son époque. […] Et d’autre part, influencé par ses sympathies politiques, il a fait un éloge de M. […] Ernest-Charles y apporte les méthodes de la polémique politique par où il débuta, mais il est de bonne foi et son ambition est courageuse et noble.
N’oublions pas non plus que, de même qu’en sa période littéraire M. de Chateaubriand eut Fontanes pour conseiller assidu et fidèle, il eut, pour sa polémique politique aux Débats, un ami, homme de goût, et sévère également, M. […] Homme passionné et vindicatif en politique, il a trop dit des uns, il a trop peu dit des autres. […] Il est tel homme honorable et respectable qui a pu avoir ses faiblesses en politique (et qui donc, sous une forme ou sous une autre, ne les a pas eues ?) […] Mais c’est à la partie politique que s’adresse surtout ce reproche, et j’ai plutôt en vue, pour le moment, la partie littéraire, celle qui s’étend jusqu’en 1814. […] J’aurais aimé à parler de l’épisode de Charlotte et du Chateaubriand romanesque : le Chateaubriand politique demanderait aussi une étude à part.
Il fit toute sa vie — comme on faisait alors — de l’opposition politique, comme n’en font jamais les hommes nés pour le commandement, qui se retirent du pouvoir, en tombent, ou même n’y entrent pas, comme Saint-Simon, mais ne s’abaissent pas à tracasser un gouvernement ; et comme tous les gens destinés de nature à l’opposition politique, il ne comprit rien aux mérites, nets et positifs, des hommes taillés pour gouverner. […] C’est que l’abbé Dubois (comme on l’appelait avant qu’il fût prêtre) avait plus de politique véritable dans la tête que n’en eut jamais Saint-Simon. […] Muet, sourd et aveugle à tout ce qui vient de Dubois, Saint-Simon ne dit pas un mot de cette politique de Louis XIV que Dubois reprit sur la question des Stuarts, lui le signataire du traité de la triple alliance ! […] Ici la passion de groupe, de coterie, de parti, et l’opposition politique, ne semblent plus rien dans cette absence de justice ou de sagacité. Ou c’est la plus complète fermeture aux choses du gouvernement, ou c’est du puritanisme raccourci, un sens moral épais qui bouche le cerveau et la vue, et dans les deux cas, c’est l’homme politique des Mémoires qui reste sur la place, mort du coup !
L’utilitarisme anglais, la politique anglaise, l’action anglaise, s’emparèrent de lui et nuisirent à un épanouissement de facultés qui eût été splendide, s’il avait été libre et dégagé de toute influence extérieure. […] Je l’ai dit déjà, dès les premiers instants de cette pensée qui eût dû rester littéraire, le démon de l’Histoire (ce démon si anglais des faits politiques !) […] Mais bientôt cette soif britannique de faits politiques s’accrut si fort en Macaulay, qu’il préféra aux grandes individualités littéraires les grandes individualités de l’Histoire, et cela sans cesser d’être un critique encore. […] En obéissant à sa nature, qui était un superbe et fécond tempérament littéraire, Macaulay aurait multiplié des œuvres semblables à ces Essais qu’on a eu raison de mettre à part des autres, gâtés par la politique qui s’y mêle. […] Excepté, en effet, cet article sur les entretiens politiques de Robert Southey, le lauréat et le tory, les autres articles du volume sont choisis avec discernement par l’excellent traducteur, qui a si lumineusement pensé en mettant dans un cadre spécial le critique, que les Miscellanées publiés à Londres avaient placé pêle-mêle avec l’écrivain politique et que la traduction d’Œuvres diverses de Macaulay, faite de compte à demi par Amédée Pichot et par Forgues, avait également confondus.
Il n’y a complète unification sociale que là où il existe, pour régler les rapports des unités associées, une certaine organisation politique, juridique, administrative, économique, — une loi, un pouvoir central, en un mot, un État. […] N’apparaît-il pas que leur vie économique, juridique, voire politique, se développe le plus souvent en dehors des grands cadres de l’administration centrale, qu’elle est toute locale et particulière ? […] Par là s’explique la politique classique des rois qui firent l’unité de la France, « rois niveleurs », ennemis des grands et amis des petits. […] L’abaissement où ils réduisent les personnalités collectives met en valeur les hommes mêmes et prépare cette grande révolution dans les idées qui fait passer l’individu au premier plan de la scène politique. […] Vue générale sur l’Histoire politique de l’Europe, p. 51.
Mais il en est ainsi de presque tous les honneurs : la justice les institue, la politique les conserve quelque temps au mérite, bientôt la vanité les réclame comme un droit, le vice les usurpe par l’intrigue : au lieu d’honorer ceux à qui on les accorde, quelquefois ceux qui les obtiennent les déshonorent ; et ce qui devait être glorieux et rare, finit par être prodigué et avili. […] Ce prince, qui eut bien plus l’éclat et les vertus d’un chevalier, que la politique et les talents d’un roi, fut loué sans réserve ; et il ne faut pas s’en étonner : une nation militaire et brave dut estimer sa valeur ; une noblesse, qui respirait l’enthousiasme de la chevalerie, dut applaudir ses propres vertus dans son chef. […] Égarée par l’amour, et poursuivie par l’intérêt et la vengeance, elle trouva une prison dans un pays où elle avait cherché un asile, et fut décapitée par la politique barbare de cette Elisabeth, qui n’était que son égale et n’avait pas le droit d’être son juge. […] Mornay et Sully purent blâmer l’excès de sa valeur, mais la nation aimait à s’y reconnaître ; la politique même le justifiait. […] Il remonta à l’origine et à la première institution de la chevalerie, et la représenta comme une institution politique, militaire et sacrée, aussi nécessaire pour la défense que pour le gouvernement des États, et qui demandait dans un guerrier l’accord de la probité et du courage, des vertus et de l’honneur.
Mortimer-Ternaux, était, en fait d’histoire politique et diplomatique contemporaine, un des écrivains les plus remarquables et les plus autorisés de ce temps-ci ; il a fait un livre que les diplomates des divers pays de l’Europe ont lu le crayon à la main, et qui restera. […] Alquier, homme d’esprit et d’une finesse piquante, put se flatter à un moment de prendre quelque ascendant sur elle et de l’arracher à la politique qui la perdit. […] Édouard Lefebvre, ne se faisait point illusion sur le caractère de la reine : il savait combien était profonde son aversion pour la France, quelle témérité elle portait dans la direction de sa politique ; mais elle était mère : il pensait qu’à ce titre elle pourrait se laisser toucher. […] Armand Lefebvre dut échanger la position qu’il occupait à la direction politique contre la promesse, qui ne fut pas tenue, d’une place de secrétaire de légation. […] Créé membre de l’Institut par suite du décret qui introduisait au sein de l’Académie des Sciences morales une nouvelle section (politique, administration et finances), il parut plus surpris encore que flatté de cet honneur.
Sous la Restauration, il y eut coup d’État dès l’abord et installation d’une majorité politique au sein de l’Académie plus que restaurée. […] Ainsi il n’y a plus de parti politique faisant loi à l’Académie. […] Je ne dirai pas, je ne sous-entendrai pas un mot de politique dans tout ceci, je me hâte de le déclarer, même s’il m’arrivait par mégarde de me risquer à toucher au discours de M. […] Il fit paraître en 1806, sans nom d’auteur, des Essais de Morale et de Politique, qu’appuyèrent fort ses amis, Fontanes notamment dans le Journal de l’Empire. […] Je conjecturerais que les résultats de l’expérience de l’homme politique sont devenus, depuis, d’autant plus positifs qu’il ne les formule jamais.
La comédie politique est-elle possible de nos jours ? […] Il a donné pour nœud à sa pièce le moment décisif où un jeune orateur politique, idolâtre de l’opinion, et arrivé au comble de la faveur populaire, se trouve tout d’un coup en demeure de choisir entre cette orageuse faveur et son devoir. […] Les caractères ont du dessin ; ils se détachent bien, ils se détachent trop en ce sens qu’ils représentent trop chacun une idée, une partie du système politique, un ressort. […] Une comédie politique, pénétrante et rapide, qui percerait çà et là des jours hardis, qui irait dénoncer la nature humaine dans ses duplicités fuyantes jusqu’au sein des plus nobles cœurs, ne ferait que son métier. […] Pour avoir connu la popularité, pour s’y être livré, et pour lui avoir ensuite résisté un seul jour, Édouard a perdu sa situation politique, sa maîtresse, son ami : il lui reste sa conscience et la bénédiction de son père.
De l’éloquence Dans les pays libres, la volonté des nations décidant de leur destinée politique, les hommes recherchent et acquièrent au plus haut degré les moyens d’influer sur cette volonté ; et le premier de tous, c’est l’éloquence. […] Mais on voulait s’aider du fanatisme politique, et mêler dans quelques têtes ce que certains principes ont de vrai, avec les conséquences iniques et féroces que les passions savaient en tirer. […] Quand on se rappelle les visages froids et composés que l’on rencontre dans le monde, j’en conviens, on croit impossible de remuer les cœurs ; mais la plupart des hommes connus sont engagés par leurs actions passées, par leurs intérêts, par leurs relations politiques. […] Le fanatisme de la religion ou de la politique a fait commettre d’horribles excès, en remuant les assemblées par des paroles incendiaires ; mais c’était la fausseté du raisonnement, et non le mouvement de l’âme, qui rendait ces paroles funestes. […] Ce qui est vrai dans le fanatisme politique, c’est l’amour de son pays, de la liberté, de la justice, égale pour tous les hommes, comme la Providence éternelle ; mais ce qui est faux, c’est le raisonnement qui justifie tous les crimes pour arriver au but que l’on croit utile.
D’où vient donc que ce système de la perfectibilité de l’espèce humaine déchaîne maintenant toutes les passions politiques ? […] Mais les sciences ont une connexion intime avec toutes les idées dont se compose l’état moral et politique des nations. En découvrant la boussole, on a découvert le Nouveau-Monde, et l’Europe morale et politique a depuis ce temps éprouvé des changements considérables. […] Les progrès des sciences rendent nécessaires aussi les progrès de la politique. […] L’on a prétendu que j’avais pris quelques idées de mon ouvrage, où il n’est question que de littérature, dans la justice politique de Godwin ; je réponds par une dénégation simple.
Mais lorsque l’exercice de la pensée tend à des résultats moraux et politiques, il doit avoir nécessairement pour objet d’agir sur le sort des hommes. […] Dans l’ancien régime, on voulait que les talents littéraires supposassent presque toujours l’absence des talents politiques. […] Ce qui dégradait les lettres, c’était leur inutilité ; ce qui rendait les maximes du gouvernement si peu libérales, c’était la séparation absolue de la politique et de la philosophie ; séparation telle, qu’on était jugé incapable de diriger les hommes, dès qu’on avait consacré ses talents à les instruire et à les éclairer. […] Le principe d’une république où l’égalité politique est consacrée, doit être d’établir les distinctions les plus marquées entre les hommes, selon leurs talents et leurs vertus. […] Ce ne furent ni les institutions politiques des Romains, ni leur sénat, ni leurs armées ; ce fut la considération d’un seul homme, ce fut le respect qu’on avait encore pour Caton.
La raison même qui l’a fait procéder dans son livre comme il y a procédé est une raison d’utilité, et c’est ce qui donne à ce livre une signification bien plus politique que littéraire, malgré son couvert de littérature. […] Ce qu’il voit, en effet, dans la littérature, c’est particulièrement l’influence politique qu’elle exerce ou qu’elle peut exercer. […] Elle n’entre pas dans les combinaisons de ceux qui la prennent pour un moyen d’action politique sur les hommes, ce qu’elle est parfois, mais ce à quoi elle ne pense jamais. […] Odysse Barot, qui a peut-être de discrètes entrailles pour la Commune, ne voit les choses que sous cet angle toujours aigu de l’utilité ; et ses idées politiques doivent rendre cet angle plus aigu encore. […] Indépendamment de son influence politique, madame Beecher-Stowe est une femme, et il faut émanciper la femme comme le noir !
alors, il n’y a plus là qu’une vignette édifiante pour les innocents esprits qui ne se doutent pas des sublimes complications de la politique et des certitudes de la philosophie. […] L’auteur de Saint Louis et son temps ne comprend son sujet qu’avec son esprit, et il ne le fait point sentir avec son cœur… Je sais bien qu’il est rare qu’on ait à mettre son cœur dans une histoire politique, où le jugement est bien assez pour la besogne qu’ordinairement on a à y faire ; mais la politique de Saint Louis n’est pas une politique d’homme d’État « qui a son cœur dans sa tête », comme le voulait Napoléon. Sa politique, à lui, son action sur les hommes, c’était l’exercice des plus belles et en même temps des plus charmantes vertus ; car, j’en demande bien pardon à Messieurs les pécheurs, les vertus peuvent être charmantes… Fra Angelico, pour les peindre, se mettait à genoux. […] Pour soumettre et adoucir ces hommes altiers, violents, prompts à l’injustice, obstinés à la maintenir quand une fois ils l’avaient commise, Blanche ne se fiait point à elle seule, et elle emportait dans ses déplacements de guerre ou de politique, dans toutes les entreprises de sa régence, son fils en bas âge, comme un talisman. […] Le seul reproche grave qu’on puisse adresser à l’auteur de Saint Louis et son temps, c’est d’avoir trop effacé l’hagiographe sous l’historien politique.
La qualité suprême, en politique, est de prévoir ; en histoire, qui n’est que de la politique rétrospective, l’éminente qualité c’est de voir toute la portée d’un événement, et, qu’elle soit épuisée ou non, cette portée, d’en prendre exactement la mesure. […] à ce parlementarisme politique dont les nations sont actuellement excédées, ne fait pas illusion à son bon sens éclairé par la foi ; mais, au moment où il écrit, j’aurais voulu qu’il en eût marqué davantage la radicale erreur, tombée de si haut dans le monde, ne fût-ce que pour ajouter à la force d’opinion qui doit un jour l’emporter ! Puisque le monde politique a répercuté l’erreur du monde religieux, ne serait-il pas à souhaiter que les choses s’achevassent comme elles ont commencé, et que la répercussion eût lieu encore du triomphe de la vérité sur l’erreur ? […] En sera-t-il de même pour le pouvoir politique contre d’autres démagogies ? […] Je sais bien que le temps qu’il décrit est une époque affreuse, perverse et basse, où l’envie des petits contre les grands élève sa tête de vipère jusque dans l’Église, où l’esprit byzantin envahissait les conciles d’Occident, et où les Visconti, les Louis XI et les César Borgia, pratiquaient leurs politiques empoisonnées et empoisonneuses… Déchet immense quand on sortait de ce grand Moyen Âge, qui eut ses passions, sans nul doute, mais qui, du moins, resta chrétien et chevaleresque, si pur de foi, si fier de mœurs !
Le bon sens, non moins que le génie, quand il s’applique à quelque grand résultat philosophique ou politique, est sujet à cet excès : Jefferson n’y a pas échappé, à sa manière. […] Sa préférence si naturelle pour l’industrie agricole sur l’industrie manufacturière, son aversion et sa méfiance d’un gouvernement central dont l’Europe lui avait appris les abus, et que les fédéralistes voulaient installer fortement, le rôle d’opposition qu’il soutint contre eux peur la cause de la moralité politique, tout cela le conduisit à repousser avec une sévérité absolue des institutions et des entreprises qui, bien que mêlées en naissant à beaucoup d’imprudence et de licence, semblent pourtant liées de plus en plus au développement des sociétés modernes. […] Dumont ou Jefferson, par exemple, furent surtout préoccupés des vices et de la légèreté de la nation dont ils avaient d’abord observé la surface ; ils ne croyaient pas assez à l’influence puissante qu’avaient déjà exercée, dans toute la jeunesse des classes moyennes, les philosophes et les théoriciens politiques du xviiie siècle ; ils ne savaient pas quelle moralité rapide ennoblirait, épurerait cette population des grandes villes, dont l’écume alors bouillonnait. […] Plus tard la lecture d’O’méara le fit un peu revenir sur l’idée médiocre qu’il avait conçue des facultés politiques du héros. […] « Vous aviez raison alors, mon vieil ami ; vous avez raison encore. » Ces volumes de Jefferson abondent en remarques et conseils de détails qui sont faits pour régler les habitudes politiques.
Sous la Restauration, on se figurait beaucoup trop l’Allemagne littéraire et poétique soumise sans contestation aux pieds de Goethe, l’Allemagne philosophique obéissant de plein gré aux formules de Kant ou de Hégel, l’Allemagne politique sans velléité ni chance de se déclarer. […] Mais M. d’Eckstein n’accordait aucune place ni aucune valeur aux tentatives nouvelles de révolte, d’ironie, d’irrévérence et de liberté fougueuse qui éclataient déjà dans l’art, en attendant qu’elles se fissent jour en politique. […] Ils ont été des détracteurs et des destructeurs littéraires avant d’être des novateurs politiques : témoins M. […] Heine, qu’on vient de publier, traite des événements politiques de la France depuis la fin de 1831 jusqu’à la fin de 1832. […] Heine dans cette revue politique qu’il écrit d’entraînement ; mais si l’on cherche en vain dans ses pages un système politique suivi, l’impression patriotique française, l’impression populaire n’y fait jamais faute.
Venons à l’essentiel : cette période nous présente trois faits considérables qui intéressent la littérature : la destruction de la société polie, le développement du journalisme, l’épanouissement de l’éloquence politique. […] Le mouvement des idées et des passions politiques, l’imitation prétentieuse et sincère de la fermeté Spartiate, de l’héroïsme romain, ont renforcé le courant artistique qui, dès le temps de Louis XVI, ramenait le goût antique dans la peinture comme dans les lettres. […] Le Journal des Débats, créé en 1789, prit un grand développement à partir de 1799, où il passa aux mains des Bertin ; il fit une large place à la littérature, et là, comme en politique, il représenta surtout les opinions, le goût, les aspirations de la classe bourgeoise. […] Camille Desmoulins est une nature généreuse, sensible, aimante, une vraie nature de femme par la tendresse, que la passion politique a pu rendre violente et féroce jusqu’à applaudir aux pires excès, à réclamer les plus cruelles vengeances : une âme avide de bonheur, d’affection, de vie, affolée par la peur et les approches de la mort. […] Rivarol (1753-1801) se fit connaître par son Discours sur l’Universalité de la langue française (1784).Il combattit la Révolution dans le Journal politique national et dans les Actes des apôtres. — J.
Il retraça avec sévérité les maux causés par les dissensions politiques, laissant à la postérité des exemples dont elle ne profite jamais. […] Les causes des événements qu’Hérodote avait cherchées chez les Dieux, Thucydide, dans les constitutions politiques, Xénophon, dans la morale, Tite-Live, dans ces diverses causes réunies, Tacite les vit dans la méchanceté du cœur humain. […] Ainsi Polybe se place entre le politique Thucydide et le philosophe Xénophon ; Salluste tient à la fois de Tacite et de Tite-Live ; mais le premier le surpasse par la force de la pensée, et l’autre par la beauté de la narration. […] Comme poésie, l’origine des Cattes, des Tenctères, des Mattiaques, n’offrait rien de ce brillant Olympe, de ces villes bâties au son de la lyre, et de cette enfance enchantée des Hellènes et des Pélasges ; comme politiques, le régime féodal interdisait les grandes leçons ; comme éloquence, il n’y avait que celle de la chaire ; comme philosophie, les peuples n’étaient pas encore assez malheureux, ni assez corrompus, pour qu’elle eût commencé de paraître.
La politique n’est pour lui qu’un jeu d’intérêts et de forces. […] Il est cité comme un des créateurs de l’économie politique nouvelle. […] Et je dis encore : Place à la politique ! […] L’amour est un des mystérieux ressorts de la politique, etc. […] La politique, c’est Canaille et compagnie.
De l’éloquence et de la philosophie des Anglais Il y a trois époques très distinctes dans la situation politique des Anglais ; les temps antérieurs à leur révolution, leur révolution même, et la constitution qu’ils possèdent depuis 1688. […] La religion chrétienne, telle qu’elle est professée en Angleterre, et les principes constitutionnels tels qu’ils sont établis, laissent une assez grande latitude aux recherches de la pensée, soit en morale, soit en politique. […] Les Anglais ont traité la politique comme une science purement intellectuelle. […] Que d’ouvrages entrepris pour servir utilement les hommes, pour l’éducation des enfants, pour le soulagement des malheureux, pour l’économie politique, la législation criminelle, les sciences, la morale, la métaphysique ! […] L’importance politique de chaque citoyen est telle dans un pays libre, qu’il attache plus de prix à ce qui lui revient du bonheur public, qu’à tous les avantages particuliers qui ne serviraient pas à la force commune.
C’était le temps — on s’en souvient avec confusion — où l’Économie politique, cette grande fille niaise d’une mère madrée, la Philosophie, apportait, comme une fiancée, au monde charmé, dans un pli de ses théories, et l’abolition de la misère, et le droit au travail, et la richesse universelle, et toutes ces magnifiques inepties ouvragées si péniblement par la science, faux bijoux d’un écrin que nous avons enfin vidé ! […] En demandant à l’Étude, dans son programme, de raconter les influences toutes-puissantes et salutaires de la charité chrétienne se projetant pour la première fois à travers les misères horribles de l’Antiquité, l’Académie demandait la preuve, facile à donner, de l’inanité de cette Économie politique qui se vantait de refaire l’axe et les pôles du monde, et qui n’avait inventé que des prétentions ! […] Avoir un pied dans toutes les pantoufles était la politique d’un ministre du siècle dernier. […] Schmidt et Chastel sur cette question du paupérisme qui est la grande question des sociétés modernes, lesquelles tuent l’âme au profit du corps, et n’ayant osé accepter non plus la solution catholique du travail de Martin Doisy (la seule solution qui puisse exister jamais en Économie politique), l’Académie, avec cette grandeur de pressentiment, cette haute divination de critique qui entraîne vers les œuvres fortes, se tourna vers le livre de Mézières vanté par Villemain, et, y reconnaissant tout ce qu’elle aime en fait de tranquillité d’aperçu et de vues grandes comme la main, elle lui décerna la couronne. […] C’est un livre de médiocrité sérieuse, voilà tout, une espèce d’almanach du Bonhomme Richard, qui paraîtra de l’économie politique, domestique ou morale, à tous les esprits qui s’imaginent que, dès que l’élévation manque dans les choses de la pensée et du caractère, il y a immédiatement du bon sens.
Il entre bien du courage, et de l’élévation de sentiments aussi, dans toute grande ambition politique. […] Il se tenait imperturbablement derrière le fauteuil du roi dans toutes les grandes cérémonies ; mais il fut véritablement hors de la vie politique active tout le temps de la Restauration ; il n’était que spectateur. […] La correspondance toute politique de M. de Talleyrand avec Mme de Dino existe et pourra, un jour, éclairer assez agréablement le dessous des cartes43. […] Royer-Collard et à le rechercher comme l’homme de bien le plus considéré dans la politique. […] Alors les Turcs auront plus d’affaires qu’ils ne peuvent. — Voilà la petite politique de mon quartier. — Mandez-moi quand vous allez à Étioles. — M.
Dès l’année 1783, à l’âge de vingt-deux ans, il prononça, à la clôture des audiences du Parlement, un Discours sur la nécessité de la division des pouvoirs dans le corps politique. […] Ils crurent très politique de se mettre sous l’abri d’un homme qui était connu pour l’ennemi de toute intrigue, et l’ami des bonnes mœurs et de la vertu. […] L’impression ne se borna point d’ailleurs à une simple disposition morale ; des actes politiques éclatants s’en ressentirent. […] Il s’y élève à une hauteur de vues politiques et d’éloquence à laquelle il n’avait pas encore atteint, et on le dirait inspiré du génie de Mirabeau. […] Elle brusquait la conclusion à plaisir, et substituait à une vraie solution politique un dénouement de théâtre.
Quand je viens en parler aujourd’hui, ce n’est point toutefois pour y chercher aucune application politique, ni pour y pratiquer aucune perspective selon les vues du moment ; j’aime mieux les prendre d’une manière plus générale, plus impartiale, et plus en eux-mêmes. […] Pourtant n’exagérons pas cette vue jusqu’au point d’omettre ce qu’il y avait de sérieusement considérable et de politique, au moins à l’origine, dans les projets et les vues de Retz. […] Le second livre des Mémoires de Retz est celui qui nous le montre le plus à son avantage, dans l’élévation de sa pensée politique et dans tous les agréments de ses peintures. […] Notez que Retz en peignant explique, et que la raison politique et profonde des choses se glisse dans le trait de son pinceau. […] Le récit de l’auteur, dans les premiers, est semé, et même avec une certaine affectation (c’est la seule), de réflexions politiques desquelles Chesterfield disait qu’elles étaient les seules justes, les seules praticables qu’il eût jamais vues imprimées.
La littérature ne fait pas acception de parti ; je suis sorti tout entier de la politique, et la France m’apprend assez à n’y rentrer jamais. […] L’histoire que Confucius y raconte, la doctrine, la morale, la politique en font tout le prix. […] La littérature politique de la Chine a peu de témoignages plus frappants et plus authentiques de la nature toute intellectuelle, toute philosophique et toute littéraire de ce gouvernement. […] Il n’était pas seulement grand politique, il était écrivain et poète renommé. […] Je n’ai pas parlé encore ici de la littérature purement littéraire de la Chine ; je n’ai parlé que de sa littérature morale et politique : pourquoi ?
. — politique d’atermoiement du roi louis-philippe. — la france catholique par ambition. — programme de la liberté de l’enseignement réclamée par les jésuites. — janin. — gautier. — delphine gay. — m. patin, etc. La politique est à plat, les ministres sont en vacances, les reines voyagent, le duc de Nemours voyage ; on harangue, on danse et l’on passe des revues. […] — Aujourd’hui que les questions et les passions politiques trop flagrantes sont apaisées, qu’il y a lieu à des débats plus théoriques et de principes, que le sac de l’archevêché est oublié, et que le clergé, en reparaissant, n’a plus peur de se faire lapider dans les rues, il ose extrêmement : il ose d’autant plus qu’une portion notable s’est ralliée à la dynastie de Juillet, et qu’en réclamant ce qu’il croit son droit, il le demande de plus presque au nom des services rendus. […] Le roi Louis-Philippe, dont les idées particulières sont celles du xviiie siècle, mais dont la politique vise bien plutôt à la paix du présent qu’à l’avenir et aux longues pensées, n’est pas fâché de cette grande querelle qui en ajourne de plus périlleuses et qui prouve que les temps ont changé. […] Dans l’exaltation où ils sont de leur importance sociale et de l’appui qu’ils apportent au pouvoir civil et politique, les catholiques, par l’organe de Veuillot, s’écrient à la fin de cette Épître outrecuidante à Villemain : « Si vous savez l’heure de notre défaite ou de notre avilissement, mettez en sûreté vos trésors.
Parmi les lettres de Fénelon qui contiennent un mélange de spiritualité et de politique, il n’en est point de plus intéressantes et de plus instructives que celles qu’il adresse au duc de Chevreuse. […] Sa politique est surtout morale. […] Fénelon n’est que le plus en vue et le plus populaire parmi ces auteurs de plans politiques et d’inventeurs de programmes. […] Quelque louables que soient de telles maximes, elles laissent presque entière la question de politique proprement dite ; une politique vraiment nouvelle, si nécessaire après Louis XIV, aurait eu besoin, pour réussir dans l’application, de tous les correctifs et de toutes les précautions qui plus tard manquèrent : car enfin Louis XVI n’a échoué que pour avoir trop fidèlement pratiqué, mais sans art, cette maxime du vertueux Dauphin son père et du duc de Bourgogne son aïeul. […] [NdA] Je recommande, sur cette question particulière du duc de Bourgogne et des espérances politiques qui se rattachaient à lui, une bonne thèse présentée à la faculté des lettres par M.
Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire par M. […] Que celui qui aurait osé, s’il avait été Romain, reprocher à l’antique Sénat sa politique persévérante, conquérante et assimilatrice à tout prix, cette politique qui agissait et opérait uniquement en vue de la grandeur et des destinées de Rome, que celui-là jette la pierre à Louvois, tout occupé de former et de remparer d’une enceinte infranchissable ce vaste quartier de terre, ce pré carré, comme l’appelait Vauban, ce beau gâteau compacte qui constitua depuis lors l’unité de notre territoire ! […] Ils obtinrent seulement de Louvois, qui venait d’arriver sur les lieux, d’assembler une dernière fois la bourgeoisie, pour consommer du moins selon les formes de la légalité cet acte suprême de leur anéantissement politique. […] si sa politique de roi était satisfaite et pleinement triomphante, son glorieux amour-propre personnel se sentait peut-être un peu déçu. […] Strasbourg est le plus beau trophée de sa politique patriotique et française.
J’ai voulu attendre que la question polonaise ne fût pas une question politique tout actuelle et toute brûlante, pour parler de ce volume ; car je n’en veux parler qu’historiquement et en ne sortant pas du cercle des souvenirs. […] Dans le cas présent il va se trouver engagé à continuer de représenter à Paris un souverain qui aura une autre inclination et inspiration politique que la sienne ; il va passer, même à Dresde et dans son pays, pour un partisan du système français, sans l’être pour cela devenu, et en ayant au cœur une politique toute différente. […] C’était lui sans doute qui avait le plus fait dans le principe pour l’asservissement de l’Allemagne, et ayant préparé par une politique artificieuse l’immense prépondérance de la France sur le continent, il s’était ôté lui-même les moyens d’arrêter l’ambition insatiable de celui qui gouvernait… Néanmoins, au risque même de déplaire au maître, il s’opposa toujours aux projets qui, au milieu de la paix, tendaient à engager la France dans de nouvelles guerres interminables. […] On a besoin de se rappeler que cela est écrit en 1814, sous le feu des réactions politiques, et aussi avant les incartades bruyantes qui décelèrent bientôt tous les défauts, toutes, les inconsistances de l’abbé de Pradt. […] La politique était sa passion ; il avait publié, à différentes époques, des ouvrages qui en traitaient.
Il va expliquer en observateur politique ce qu’il a tout à l’heure imposé et commandé en prophète. […] Bossuet apprécie dignement cette juste et forte proportion que portait en tout cette Grèce heureuse ; il loue chez elle la passion de la liberté et de la patrie comme s’il n’était pas l’auteur de la Politique sacrée. […] La milice et la politique romaines s’expliquent sous sa plume ; il se plaît à ces tableaux sévères : le voilà Romain aussi franchement qu’il a été Hébreu. […] Chez Bossuet, les considérations ont plutôt le caractère moral, et chez Montesquieu un caractère politique. […] L’historien, l’observateur politique a cessé son rôle : l’évêque a reparu.
Qu’est-ce qu’un cercle où la haute politique et la critique supérieure ne sont point admises ? […] Il n’a envisagé Louis IX que du côté des vertus politiques, guerrières et morales. […] Progrès de l’opposition en politique. — Ses origines. — Les économistes et les parlementaires. — Ils frayent la voie aux philosophes. — Fronde des salons […] Pendant la première moitié du siècle, il n’y a point encore de fronde politique ou sociale. […] On raisonne à tort et à travers de la politique, mais enfin on s’en occupe. » — Une fois que la conversation a saisi cet aliment, elle ne le lâche plus, et les salons s’ouvrent à la philosophie politique, par suite au Contrat social, à l’Encyclopédie, aux prédications de Rousseau, Mably, d’Holbach, Raynal et Diderot.
Voyez comme cet instinct de politique, par antipathie de nation, se trahit régulièrement à chaque circonstance dans la diplomatie, même amicale, de l’Angleterre envers nous ! […] Comment chercher une alliance politique organique dans une si vigilante inimitié ? […] Sa seule politique est de décomposer pour absorber : c’est le dissolvant de l’Europe centrale. […] Et quelle durée des trocs pareils de population, contre tout droit et contre toute nature, peuvent-ils faire augurer au monde politique pour une unité monarchique de l’Italie, dont chaque membre proteste contre la tête, et ne présente pour tête que des gueules de canon ? […] Les États-Unis italiens, voilà le mot de la situation, voilà la politique de la France, voilà la gloire et la liberté de l’Italie.
M. de Marcellus continuait de reporter ses regards en arrière, et moi à payer à mes braves amis le prix d’une vie politique qui m’avait ruiné en sauvant un jour mon pays. […] Canning et M. de Marcellus une amitié aussi familière que la politique en permet entre hommes de deux nations rivales. […] Canning ne coûterait rien à ses devoirs politiques de Français et de partisan de l’intervention européenne en Espagne. […] L’un et l’autre furent emportés longtemps, par le courant politique, loin des études qui immortalisent, vers les grandeurs qui trompent ; quand la politique les rejeta comme des naufragés sur les rivages, Chateaubriand était trop vieux, Marcellus trop timide. […] Au reste, presque tous mes amis à Londres, quand j’en avais, pensaient comme vous, et je leur livrais de rudes assauts politiques ; mais je les estimais.
Son infatigable activité d’esprit ne se confinait pas à une sphère ; il entrait dans toutes : histoire, critique, érudition, politique, et la philosophie enfin, qui fut longtemps sa place forte et son quartier général avec drapeau. […] Mais il est certain qu’ayant, au degré où il l’avait, un continuel et irrésistible mouvement d’idées, il lui était difficile de demeurer au même point et de ne pas varier, même dans ses liaisons politiques. […] Si elle avait été homme, la comtesse de Boigne eût certainement marqué parmi les politiques les plus éminents et les plus utiles du régime d’alors : ce régime aurait compté un ministre de plus. […] Malgré sa santé très-affaiblie, elle avait conservé son goût de la société, sa curiosité du spectacle politique, son entière rectitude et fermeté d’esprit. […] Ce dernier n’était peut-être pas la plume la plus désignée pour un portrait d’elle : elle le goûtait médiocrement, elle l’aimait peu, tant pour certains de ses procédés politiques que pour les formes personnelles de son moi ; et le grand ami de Mme de Boigne, M.
. — félix pyat. la politique chome. — La politique, à tort ou à raison, est de plus en plus morte en ce moment en France. […] On remarque depuis quelque temps le rôle politique singulier que prend la Presse, journal jusque-là très-pacifique et conservateur.
Du rôle politique de Saint-Simon. — § VII. […] Retz n’avait de l’écrivain comme du politique que de belles parties ; en voulant se justifier il ne réussit qu’à s’obscurcir. […] Du rôle politique de Saint-Simon. […] Saint-Simon est un exemple d’un homme très honnête et très capable qui ne se mêle guère que de politique, et qui n’y réussit pas. […] Il n’y avait guère plus de vie politique en France au temps de Saint-Simon qu’à Rome au temps de Tacite.
Tous les rôles immondes et affreux qu’une femme peut jouer, dans un but faux de politique, elle les a joués et elle a échoué ! […] Importants sont les Ridicules de l’histoire et des Grotesques politiques ! […] Comment, après cela, l’homme de l’oisellerie n’aurait-il pas pressenti et tracé (en petit, il est vrai) toute la politique du cardinal de Richelieu ? […] la politique du temps ? […] Mais c’est un ancien ministre, c’est un homme qu’on appela politique et qui se crut homme d’État deux jours, c’est M.
Vers février 1795, Sieyès, qui pensait à reprendre avec un de ses amis, Duhamel, le Journal de l’instruction sociale conçu deux années auparavant en tiers avec Condorcet, avait demandé à Roederer sa collaboration pour l’économie politique, et celui-ci avait promis. […] Au milieu de ces idées et de ces conseils politiques, Roederer ne cessait de varier les applications de sa plume et de parler à son public sur mille sujets littéraires qui se présentaient. […] Roederer, en ces années, n’appartient à aucune assemblée politique ; il fut élu de l’Institut dès la formation (juin 1796). […] Avant que le 18 Brumaire fût venu mettre entre eux une dissidence politique essentielle, le refroidissement s’était déjà prononcé. […] Je fus chargé de négocier les conditions politiques d’un arrangement : je transmettais de l’un à l’autre leurs vues respectives sur la Constitution qui serait établie, et sur la position que chacun y prendrait.
Dans la politique théorique. — § III. Dans la politique pratique. — § IV. […] Fénelon chimérique dans la politique théorique. […] Erreurs Fénelon dans la politique pratique. […] Etrange politique !
Le Paris politique, alors en pleine bigarrure, offrait un curieux spectacle ; il en ressentit d’abord l’intérêt. […] Ce changement de position dans la famille inclina sans doute le fils vers la carrière politique. […] Vers le temps de la publication de cet ouvrage, la situation politique de M. de Barante commençait à se dessiner avec distinction. […] Intérêts de commerce et d’échange, intérêts politiques, tout les liait ; la Franche-Comté de Bourgogne était devenue presque la seconde patrie des Suisses. […] Quant à lui, dans ses retours et ses séjours en France, il maintient ce rôle honorable et affectueux qui fait oublier le politique et qui sied à l’ami des lettres.
Villehardouin : chevalier et chrétien, mais positif et politique. […] Et ce politique est un réaliste, qui ne se paie pas de chimères. […] Mais c’est aussi, et surtout, la réserve d’un politique qui ne veut pas dire tout ce qu’il sait. […] Dans une œuvre si sèche, ce politique met comme un germe de psychologie. […] Villehardouin était un politique : Joinville est un hagiographe.
Comme la quantité sociale modifie sensiblement les procédés du commerce et de l’industrie, elle doit modifier les procédés de la politique. […] Un même phénomène peut fort bien augmenter à la fois et l’intensité des aspirations égalitaires et la difficulté qu’il y aurait à user, pour les réaliser, de telle organisation politique. […] Le même fait est noté, non seulement par les historiens de la politique, mais par les historiens de l’économie et du droit. […] A. de Foville, Article « Transports » dans le Nouveau Dictionnaire d’Économie politique. […] De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, dans le Cours de Politique constitutionnelle, t.
En Espagne, vous trouverez Ferdinand-le-Catholique, qui chassa et vainquit les rois Maures, et trompa tous les rois chrétiens ; Charles-Quint, heureux et tout-puissant, politique par lui-même, grand par ses généraux, et cette foule de héros dans tous les genres qui servaient alors l’Espagne ; Christophe Colomb, qui lui créa un nouveau monde ; Fernand Cortez qui, avec cinq cents hommes, lui soumit un empire de six cents lieues ; Antoine de Lève qui, de simple soldat, parvint à être duc et prince, et plus que cela grand homme de guerre ; Pierre de Navarre, autre soldat de fortune, célèbre par ses talents, et parce que le premier il inventa les mines ; Gonzalve de Cordoue, surnommé le grand Capitaine, mais qui put compter plus de victoires que de vertus ; le fameux duc d’Albe, qui servit Charles-Quint à Pavie, à Tunis, en Allemagne, gagna contre les protestants la bataille de Mulberg, conquit le Portugal sous Philippe II, mais qui se déshonora dans les Pays-Bas, par les dix-huit mille hommes qu’il se vantait d’avoir fait passer par la main du bourreau ; enfin, le jeune marquis Pescaire, aimable et brillant, qui contribua au gain de plusieurs batailles, fut à la fois capitaine et homme de lettres, épousa une femme célèbre par son esprit comme par sa beauté, et mourut à trente-deux ans d’une maladie très courte, peu de temps après que Charles-Quint eut été instruit que le pape lui avait proposé de se faire roi de Naples. […] Le sénat de Venise, politique et hardi, commerçant et guerrier, voulait dominer sur la mer et s’étendre en terre-ferme ; une foule de villes et de républiques étaient agitées à la fois par les orages de la liberté et par ceux de la guerre ; des factions s’élevaient, se choquaient et tombaient ; des conjurés et des tyrans périssaient tour à tour ; des généraux qui n’avaient pour bien qu’une armée, la vendaient à qui voulait ou pouvait la payer. Partout les intérêts religieux se mêlaient aux intérêts politiques et les crimes aux grandes actions ; tel était l’esprit de ce temps ; et parmi ces dangers, ces espérances, ces craintes, il dut naître une foule d’âmes extraordinaires dans tous les rangs, qui se développèrent, pour ainsi dire, avec leur siècle, et qui en reçurent le mouvement, ou qui donnèrent le leur. Paul Jove a fait l’éloge ou le portrait de tous ces hommes, la plupart plus courageux que saints ; mais dans cette foule de noms, on aime à retrouver à Florence, les Médicis ; à Milan, ces fameux Sforces, dont l’un simple paysan, devint un grand homme ; et l’autre, bâtard de ce paysan, devint souverain ; à Rome, les Colonnes, presque tous politiques ou guerriers ; à Venise plusieurs doges et quelques généraux ; à Gênes, ce célèbre André Doria, qui vainquit tour à tour et fit vaincre Charles-Quint, redoutable à François Ier et à Soliman, mais grand surtout pour avoir rendu la liberté à sa patrie, dont il pouvait être le maître. […] Enfin, pour connaître l’esprit de ce temps-là, il ne sera pas inutile d’observer que Paul Jove loue avec transport ce Pic de La Mirandole, l’homme de l’Europe, et peut-être du monde, qui à son âge eût entassé dans sa tête le plus de mots et le moins d’idées ; qu’il n’ose point blâmer ouvertement ce Jérôme Savonarole, enthousiaste et fourbe, qui déclamant en chaire contre les Médicis, faisait des prophéties et des cabales, et voulait, dans Florence, jouer à la fois le rôle de Brutus et d’un homme inspiré ; qu’enfin il loue Machiavel de très bonne foi, et ne pense pas même à s’étonner de ses principes : car le machiavélisme qui n’existe plus sans doute, et qu’une politique éclairée et sage a dû bannir pour jamais, né dans ces siècles orageux, du choc de mille intérêts et de l’excès de toutes les ambitions joint à la faiblesse de chaque pouvoir, fait uniquement pour des âmes qui suppléaient à la force par la ruse, et aux talents par les crimes, était, pendant quelque temps, devenu en Europe la maladie des meilleurs esprits, à peu près comme certaines pestes qui, nées dans un climat, ont fait le tour du monde, et n’ont disparu qu’après avoir ravagé le globe.
Emile Faguet ne fût pas tenté par la théorie politique. […] Faguet a composé sa politique. […] La morale, la politique de M. […] Elle est le Romantisme politique. […] Je garde en politique le goût de ces ordonnances majestueuses.
Les Français sont un peuple qui ne parle que de politique générale ou de femmes. […] Il n’y a aucune popularité à se faire avec la politique étrangère. […] Voilà le fruit de la politique relativement habile et intelligente de l’Allemagne en Alsace, ou du moins voilà à quoi a contribué cette politique ; voilà le fruit de la politique intérieure — et extérieure malgré elle et sans qu’elle y songeât — de la France ; ou du moins voilà à quoi n’a pas mal contribué cette politique, la plus étroite et la plus aveugle que j’aie jamais rencontrée. […] C’est de cette politique qu’il faut prendre exactement le contrepied. […] Mais faites adopter ce système à nos hommes politiques.
Et puisque j’y suis, je ne me refuserai pas de couler à fond cet article de cupidité honteuse dont le personnage politique en lui a tant souffert, et s’est trouvé si atteint, si gâté au cœur et véritablement avili. […] Cette désagréable mais indispensable question suffisamment éclaircie et vidée, revenons à la politique et ne perdons pas de vue notre objet. […] C’est à une solution dans ce dernier sens que tendaient le bon esprit et la politique comme les intérêts personnels de Talleyrand. […] Rentré chez moi, je décidai que le seul moyen de prendre pied dans cette affaire était d’y faire entrer un personnage politique important ; après avoir bien cherché : « Ma foi ! […] » — « Les têtes graves doivent réfléchir. » — « C’est mon avis, monsieur l’archevêque. » — « Il y a telle circonstance dans la vie politique où un homme peut racheter tout un passé. » — « Croyez-vous, monsieur ?
Mais les générations venues depuis sa mort ne savent plus bien ce qu’était ce personnage intrépide et inachevé, si souvent invoqué comme chef dans les luttes politiques, cet écrivain dont il ne reste que peu d’ouvrages et un souvenir si supérieur à ce qu’on lit de lui. […] Il y a deux manières d’aborder Carrel, même en ne portant dans cette étude aucune préoccupation de parti ni aucune passion politique. […] Entré sous-lieutenant dans le 29e de ligne, Carrel s’y occupait à la fois des détails du métier et de la politique, alors si fervente. […] Il y a d’ailleurs beaucoup de bonnes idées, de bons jugements de détail, bien dits, fermement pensés, et qui sentent le politique. […] On a essayé de dire qu’il y avait désaccord de vues politiques dès l’origine entre Carrel et ses deux amis : le plus simple examen, la lecture des articles que Carrel inséra dans le journal durant toute cette année 1830, avant et depuis les événements de Juillet, suffit pour détruire cette assertion.
L’écrivain politique en Richelieu est souvent ralenti par l’évêque ou même par le théologien. […] Nous le laisserons régner ; mais il nous serait essentiel, pour ne pas rester trop au-dessous de notre idée, de pouvoir dire quelque chose encore de ce Testament politique où il a déposé, sous une forme un peu sentencieuse, le résumé de son expérience et l’idéal de sa doctrine. […] Il y a dans le Testament politique un curieux chapitre intitulé « Des lettres », c’est-à-dire de la littérature classique ou de l’éducation, et qui vient immédiatement après les chapitres sur l’Église. […] À une lecture superficielle, le Testament politique peut sembler procéder d’abord par maximes un peu banales et par lieux communs : mais lisez bien, vous retrouverez toujours l’homme d’État et le moraliste expérimenté. […] Qui sait ce qu’on aurait fait de la politique de Henri s’il ne se fût pas trouvé là un homme capable d’en recueillir et d’en transmettre l’héritage ?
Des hommes intelligents eurent l’imbécillité de prétendre qu’il y avait contradiction entre de Maistre, le théoricien incompatible de l’infaillibilité du Pape, et de Maistre, l’homme politique qui, dans une lettre intime faite pour rester secrète, blâme la politique d’un pontife avec la hardiesse d’un grand seigneur et la plaisanterie d’un homme d’esprit qui n’est point pédant. Ils ne s’aperçurent même pas qu’il n’y avait que le catholique, et le catholique croyant à l’infaillibilité papale, qui, seul, pût se permettre sans danger ces fières libertés de jugement sur la politique du pontife. […] Le comte de Maistre est, avant tout, — avant d’être un métaphysicien involontaire, qui ne croit pas à la métaphysique et qui ne peut s’empêcher de faire de la métaphysique, — un grand esprit pratique, ne perdant jamais terre, politique même quand il l’élève, la politique, à sa généralité la plus vaste. […] Napoléon était un exemple sublime de la vérité politique que le comte de Maistre promulguait, et qui le conduisait à cette autre, particulière à la Russie : « L’esclavage est en Russie parce qu’il y est nécessaire, et que l’Empereur ne peut régner sans l’esclavage. » Et jusque-là, voilà, à ce qu’il semble, le Joseph de Maistre de sa réputation, le tyran d’abstraction et d’idée, qui sacre de ses axiomes la tyrannie politique. […] J. de Maistre cédant au temps comme Talleyrand lui-même, mais pour des raisons que n’avait pas Talleyrand, dans cette tête où l’athéisme en toute chose avait fait un vide silencieux ; de Maistre se pliant à la circonstance au lieu de se faire misérablement briser par elle, ce qui serait le suicide politique, aussi criminel que l’autre aux yeux de Dieu !
Mignet, l’éloquent organe des Sciences morales et politiques, lui a consacré un de ses cadres majestueux. […] A peine remis de la secousse politique, Daunou se dédommageait, et cherchait à se consoler par de bons travaux académiques et littéraires. […] Une piqûre assez irritante qu’il reçut au sein de l’Académie des sciences morales et politiques, lorsque celle-ci, à sa renaissance, osa lui préférer M. […] Quant à leurs opinions politiques, je les ignore tout à fait, n’ayant jamais eu avec eux, depuis 11 ans, d’entretien sur ces matières. […] Fouché avait d’abord, ainsi que Daunou, des sentiments politiques modérés ; la peur le jeta dans les extrémités atroces.
Cet excellent livre a été le germe d’une foule de brochures sur l’agriculture, l’économie, politique & la régie des finances. Nous avons vu une multitude d’agromanes, de politiques bourgeois, d’administrateurs sans économie qui vouloient fertiliser la terre avec leur plume, & enrichir l’Etat par leurs absurdes calculs. […] On s’est lassé d’écouter tous ces apôtres politiques, qui prêchant sans mission une réforme rigoureuse, se livroient à des déclamations empoulées & avoient presque toujours le défaut impardonnable d’être fort ennuyeux.
Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. […] Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la Science nouvelle. (Âge humain.) — Rome, n’étant arrêtée par aucun obstacle extérieur, a fourni toute la carrière politique que suivent les nations, passant de l’aristocratie à la démocratie, et de la démocratie à la monarchie. — Conformément aux principes de la Science nouvelle, on trouve aujourd’hui dans le monde beaucoup de monarchies, quelques démocraties, presque plus d’aristocraties.
En un mot, s’il fallait dès lors assigner une ligne politique à une pensée si traversée et si balancée par les affections, ce serait moins encore dans le groupe de MM. […] Il y a de plus une grande sagacité politique et une entente de la situation réelle, dans les conseils déjà mûrs qui lui échappent sous cet accent passionné. […] Les premières pages du livre sont très-remarquables, en outre, sous le point de vue politique. […] Exact et bien dirigé en ce qui touche les sentiments politiques de Benjamin Constant, l’ingénieux écrivain n’a pas rendu la même justice à Mme de Staël. […] « Mes opinions politiques sont des noms propres, » disait-elle.
De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. […] Le samedi 25 juin, l’Académie des sciences morales et politiques a tenu sa séance annuelle ; M. […] Mignet a touché d’une manière juste le passage de Jouffroy dans la politique. […] Il y aurait eu, si l’on avait voulu être entièrement vrai, à tirer de là une leçon toute naturelle sur les esprits non aguerris et non trempés qui entrent dans la politique et qui n’en recueillent que l’amertume. […] Comme interprète de l’Académie des sciences morales et politiques, et comme auteur de notices et d’éloges, M.
Les conditions furent telles qu’un peuple marchand et politique pouvait les faire. […] C’est ce mélange de prudence, de calcul, et aussi de piété et d’attendrissement à la suite, qui caractérise ces scènes de Venise chez Villehardouin, et qui montre, sans qu’il le dise, la différence profonde qu’il y avait entre l’esprit de ce gouvernement politique et celui des croisés impétueux. […] Le siècle a marché, ou plutôt trois siècles se sont écoulés, et la politique véritable tient seule désormais le dé dans le maniement des affaires. […] Ceux qui sont curieux d’apprécier et de mesurer le progrès de la langue, et surtout de la politique, durant trois siècles, peuvent faire au long cette comparaison des deux ambassades de Commynes et de Villehardouin. […] La politique, on vient de le voir, n’était pas absente ici même, à cette date de la quatrième croisade, et elle achève de se dessiner dans les diverses circonstances et dans le cours de l’entreprise.
La politique, en effet, et ses fureurs vengeresses allaient déjà le ravir aux Lettres. Loyson lui-même, en ces années de fin d’Empire et au début de la Restauration, était loin de rester étranger à la politique. […] Je viens de parcourir un recueil auquel il a fort collaboré, le Spectateur politique et littéraire, de 1818 : c’était une feuille périodique ou à peu près, créée en opposition à la Minerve, et qui bientôt tint le milieu entre elle et le Conservateur, c’est-à-dire entre les libéraux-bonapartistes du temps et les ultra-royalistes. […] L’année 1819 fut une des plus actives pour Loyson politique et polémiste. […] Loyson faisait preuve en cela d’un scrupule politique non moins que littéraire ; il craignait sans doute, en laissant telle ou telle expression trop vive du grand orateur ministre, de porter de la flamme à l’incendie.
En parlant de Mme la duchesse d’Angoulême, c’est à tous ces sentiments indépendants de toute politique que nous nous adressons, c’est à la partie sensible et durable de notre être. […] Sa religion droite et inviolable ne pouvait admettre un seul instant ces transactions monstrueuses que la politique elle-même a peine à comprendre, et que certainement elle n’exigeait pas. Depuis ce moment de 1815, on ne saurait remontrer Mme d’Angoulême dans aucun acte politique proprement dit, et toute sa vie fut de famille et d’intérieur. […] La politique n’était point son fait, elle n’aimait point les affaires. […] Sa politique, qui d’elle-même eût été sensée, se réglait toute en définitive sur les désirs du roi.
Marmont, ramené lui-même à ces temps de splendeur et d’enivrante espérance, lui en exprimait avec feu l’esprit ; il lui parlait de son père, comme il l’avait vu, comme il l’avait aimé alors ; il ne craignit pas d’entrer dans les détails de nature et de caractère : il lui disait que son père avait été bon, avait été sensible, avant que cette sensibilité se fût émoussée dans les combinaisons de la politique ; il lui disait, comme il l’a dit depuis à d’autres, et avec une larme : « Pour Napoléon, c’était le meilleur et le plus aimable de tous les hommes, le plus séduisant, le plus sûr en amitié ; mais l’homme privé était tellement chez lui l’instrument de l’homme politique, que tout ce que l’on a dit de lui, tout ce que j’ai souffert moi-même de l’homme politique, tout cela se concilie avec le sentiment que j’exprime. » Et il avait deux traits singuliers qu’il aimait à citer comme indice et preuve de cette sensibilité première, et si bien recouverte ensuite, de Napoléon. […] Mais les esprits ne s’y payèrent pas de ces explications politiques ; ils furent saisis d’une soudaine exaspération dans laquelle entra Dandolo lui-même. […] Quoi qu’il en soit, Marmont citait ces deux traits au fils de l’Empereur comme preuve d’une sensibilité première subsistante avant l’excès de la politique et des combats. […] La puissance de Méhémet Ali en Égypte était alors l’objet de l’attention des politiques et de la curiosité du monde : c’est par cette étude faite de près et sur les lieux, que le duc de Raguse termina ce voyage, et qu’il put dire en se rendant toute justice : Il est dans mon caractère de prendre un vif intérêt à ce qui a de la grandeur et de l’avenir. […] Ces questions politiques ont aujourd’hui perdu de l’intérêt actuel qui les rendait encore si vivantes il y a douze ans ; je ne fais que les indiquer en passant ; mais dans ces volumes du duc de Raguse, je voudrais citer pourtant, comme pages durables et dignes d’un moraliste social aussi judicieux que fin, l’appréciation qu’il fait de la race arabe, des Arabes du désert et des qualités essentielles qui les caractérisent : D’abord, dit-il, la patience qu’ils montrent en tout.
Il faut, pour être applaudi au théâtre, que l’auteur possède, indépendamment des qualités littéraires, un peu de ce qui constitue le mérite des actions politiques, la connaissance des hommes, de leurs habitudes et de leurs préjugés. […] et de quelle manière devaient-ils peindre les égarements des passions, d’après leur système religieux et politique ? […] Ces opinions pouvaient avoir leur utilité politique ; mais comme l’idée de la mort fait éprouver à l’imagination des modernes une impression plus forte et plus sensible, elle est parmi nous d’un plus grand effet tragique. […] Ce peuple si orageux dans ses discussions politiques, avait dans tous les arts (excepté dans la comédie) un esprit sage et modéré. […] Les comédies rappellent souvent l’état politique de la nation ; mais, dans les tragédies, on peignait sans cesse les malheurs des rois18, on intéressait à leur sort.
Politique, Histoire universelle, Histoire des variations, Méditations et Élévations. — 5. […] Or l’éloquence judiciaire ne peut s’élever— c’est un fait — que dans les pays où une grande éloquence politique s’est développée. […] Ce moraliste profond n’avait pas l’ombre de l’intuition psychologique qui fait les politiques, les diplomates ou même les directeurs d’âmes. […] La Politique tirée de l’Écriture sainte est un livre solide, sensé, d’une réelle largeur de vues. […] A consulter : Aubertin, l’Éloquence politique et parlementaire en France avant 1789, Paris, Belin, in-8, 1882.
La philosophie est une chose, et la politique en est une autre. C’est uniquement au point de vue politique que je viens aborder la question. […] La question est une question politique, c’est une question de fait. […] Corps politique, ne nous engageons point dans ces sortes de conflits qui mènent à des représailles. […] Cette philosophie, très-sincère chez les uns, est purement officielle et politique chez les autres.
Il avait cru les haines littéraires plus tenaces encore que les haines politiques, se fondant sur ce que les premières ont leurs racines dans les amours-propres, et les secondes seulement dans les intérêts. […] Tout ce qu’il y a d’honorable et de loyal parmi les ennemis de l’auteur est venu lui tendre la main, quitte à recommencer le combat littéraire aussitôt que le combat politique sera fini. […] Le moment de transition politique ou nous sommes est curieux. […] L’état de siège sera levé dans la cité littéraire comme dans la cité politique. […] Pour le moment un rôle politique lui vient ; il ne l’a pas cherché, il l’accepte.
Avant le catholicisme, nulle institution politique ou religieuse ne l’avait révélé aux hommes avec cette force d’expression. […] Seulement, elle montrera, de plus, l’inanité dans le mal même qui est le caractère de la politique de Choiseul. […] dernière ressource perdue de la politique italienne ! […] Il était un grand politique. […] Il n’y a que les imbéciles, en politique, qui puissent le nier, et Frédéric avait du génie.
Dans la position toute particulière où il se trouve depuis quelques mois, personnage politique important, ballotté par les conjectures diverses de l’opinion, jugé avec une sévérité équitable pour avoir déserté un admirable rôle en une circonstance récente, désigné pourtant encore comme ressource prochaine et dernière d’un système qui a usé tous ses hommes, comment M. […] Peu s’en faut qu’on ne l’ait proposé pour modèle aux savants dans sa conduite politique. Nous maintenons à regret que, quelque bienveillant qu’ait été dans le privé le caractère du grand naturaliste, ce n’a été en politique qu’un triste et déplorable caractère. […] En somme, toute cette séance s’est passée froidement ; elle n’a eu aucun caractère littéraire, ni même politique.
Ils ont la plupart pour objet des matieres d’administration & de politique, & annoncent un Observateur intelligent & en état de communiquer ses lumieres. […] Pour juger des progrès qu’elle eût pu faire dans l’érudition, il suffit de lire ses Considérations historiques & politiques sur les impôts des Egyptiens, des Babyloniens, des Perses, des Grecs, des Romains, & sur les différentes situations de la France, par rapport aux finances, depuis l’établissement des Francs dans la Gaule, jusqu’à présent. […] Douée, dès l’âge le plus tendre, d’une prudence capable de seconder les vûes politiques de ses parens, qui la faisoient passer pour un garçon, elle touchoit à sa sixieme année, lorsqu’elle fut envoyée à Paris auprès d’une de ses Tantes. […] La paix de 1762 la fit rentrer dans la carriere de la Politique.
quel parti pourrait se soustraire à la nécessité de dire, de penser, d’agir au rebours du gouvernement qui l’opprime, et de tomber ainsi sous l’aveugle loi des contradictions politiques ? […] Oui, ce n’est pas douteux pour qui pense, l’Italie est condamnée à n’être qu’un archipel politique ; mais il fallait savoir dire pourquoi, et le paralogisme de Hegel n’atteint pas à cette profondeur. […] Mais évidemment le livre qu’il publie aujourd’hui est, dans son intention, une réhabilitation politique de l’Italie. […] Or, c’est cette loi faite d’abord par le hasard, ensuite par la géographie, la configuration du globe et la climature, qui est la seule raison d’État réelle et sur laquelle tout l’effort des politiques, avec leurs Traités des princes et des gouvernements, ne peut rien. […] Pour lui, toute la science politique est là et n’est pas ailleurs.
Cependant le prince Henri (car c’est à lui que nous nous attachons) sortit quelquefois de sa délicieuse retraite de Rheinsberg pour servir la politique et les desseins de son frère. […] Cette partie de la correspondance aujourd’hui publiée est d’un extrême intérêt politique ; quelques-unes de ces lettres de Frédéric à son frère étaient faites pour être vues, les autres n’étaient que pour lui seul. […] L’union étroite qui s’établit entre la Russie et la Prusse, et que Frédéric jugeait si essentielle aux intérêts de sa politique, date des voyages du prince Henri, et l’honneur de l’avoir cimentée lui en revient. […] Mais la campagne de 1778 qui s’ouvrit à l’occasion de la succession de la Bavière remit le prince Henri en désaccord avec le roi, et se retrouvant sur le même terrain, celui de la politique à main armée et de la guerre, les différences de caractère et de vues qui avaient déjà paru entre eux précédemment se prononcèrent encore. […] Un dernier service politique que le prince Henri rendit à son frère, ce fut de venir en France, et, en y réussissant de sa personne, d’y corriger, d’y neutraliser un peu l’influence autrichienne auprès du cabinet de Versailles.
Je n’ai point à apprécier ici la carrière politique de lord Chesterfield. […] Deux fois, dans les deux circonstances décisives de sa vie politique, il échoua. […] La reine Caroline ne lui pardonna jamais ; ce fut le premier échec de la fortune politique de lord Chesterfield, pour lors âgé de trente-trois ans et dans la pleine vogue des espérances. […] Pour lui comme pour La Rochefoucauld, il serait vrai de dire que la politique servit surtout à faire de l’homme d’action incomplet un moraliste accompli. En 1744, âgé de cinquante ans seulement, son ambition politique semblait déjà en partie usée ; sa santé était assez atteinte pour qu’il eût de préférence en vue la retraite.
Ce n’était pourtant pas jusqu’alors un politique que M. […] Mademoiselle, je vous ai défendu de parler politique. […] Mais, madame, ce n’est pas parler politique que de parler de Mme Darbaut. […] Cependant les intentions politiques, qui commençaient à se mêler vers 1824 à presque tous les proverbes de M. […] On n’a que le choix dans les proverbes qui ont ce caractère politique et qui méritent, d’être cités.
La page que je viens de citer me permet de croire que, si (par impossible) une conversation politique s’était engagée entre eux deux, Louis XIV, d’un ton simple et d’un bon sens facile, aurait gardé encore sur les points essentiels sa supériorité souveraine. […] Il n’était pas de ces esprits qui embrassent le renouvellement des temps, et sa politique finale n’a été que l’exagération de sa politique première, au milieu de circonstances générales qui incessamment se modifiaient. […] Comme il possède le secret, cette qualité royale nécessaire au succès autant qu’à la considération, et dont la seule absence rejette si loin tant d’hommes politiques : « car les grands parleurs, remarque-t-il, disent souvent de grandes badineries ! […] Louis XIV donne en politique à son fils des préceptes tout pareils et analogues : il lui conseille de retourner un plan vingt fois dans son esprit avant de l’exécuter ; il veut lui apprendre à trouver avec lenteur dans chaque affaire l’expédient facile. De même, dans mainte réflexion morale qu’il entremêle à la politique, Louis XIV se montre un digne contemporain de Nicole et de Bourdaloue.
Je passe, et j’en viens au ménage politique. […] Comment entra-t-il dans la politique ? […] Ces lettres nous donnent toute la théorie politique de Courier. […] Je suis assez content de cela. » Voilà bien l’écrivain dans l’homme politique, le littérateur que son soin curieux n’abandonne jamais. […] Courier, je ne donnerais pas ces deux mois de prison pour cent mille francs. » — C’était l’âge d’or de l’incarcération politique.
Les grandes causes philosophiques et politiques, les grands partis littéraires, une fois que l’influence leur échappe et que le monde tourne décidément à un autre cours d’idées, se rétrécissent, s’immobilisent, passent à l’état de secte et comme de petite Église ; ils tombent dans ce que j’appellerai une fin de jansénisme. […] Sabbatier prétend expliquer la non-réussite de Victorin Fabre à son retour de 1821, et sous quels traits il nous représente la scène littéraire et politique en ces années de nobles études et de luttes méritoires ? […] En politique, plus de parti national ; d’un côté, les hommes de l’émigration, etc., etc… ; de l’autre, les familiers d’un prince du sang, qui ne combattaient les premiers que pour prendre leur place… ; en d’autres termes, deux entreprises rivales qui se disputaient la France à abrutir et à ruiner… Entre ces deux partis, Victorin ne pouvait pas hésiter ; il devait dire et il dit à l’instant : Ni l’un ni l’autre ! — La littérature était aussi avilie que la politique… » Nous sommes affligé d’avoir à transcrire de tels passages que nous abrégeons du moins ; les seuls noms d’exception que cite M. […] Victorin Fabre a laissé un ouvrage inachevé sur les Principes de la société civile ; il en lut à l’Athénée, en 1822, des fragments qui (j’en fus témoin) ne réussirent que très-médiocrement : « Cet ouvrage, s’écrie l’éditeur, est peut-être le plus vaste, le plus gigantesque qui ait jamais été entrepris… Tel qu’il est, il me paraît encore le plus grand monument élevé à la science politique. » Ce sont de telles exagérations enthousiastes qui, jointes aux violences dénigrantes, nous ont donné le courage de dire hautement toute notre pensée sur Victorin Fabre, et d’insister sur le phénomène singulier de son avortement laborieux.
Le progrès se fait d’ailleurs ; la politique et l’art n’ont pas chômé depuis quinze jours ; trois mémorables événements se sont succédé : un recueil de chansons de Béranger, l’affaire d’Armand Carrel, le drame de Victor Hugo. Dans la prochaine livraison de la Revue, l’un de nos collaborateurs examinera à loisir et en détail cette production si profonde et si savante du chansonnier populaire ; mais, quant à l’effet politique, au sens social, il ressort de lui-même et se perçoit vivement. […] Les questions plus que politiques, les questions sociales, que tant d’esprits éminents ont tourmentées dans ces dernières années, et qui ont prêté aux conceptions, si utiles à certains égards et si méritoires, de Saint-Simon, d’Enfantin et de M. […] Des questions sociales, si nous passons aux politiques, à proprement parler, lesquelles ne sont pas tant à dédaigner que certains esprits soi-disant avancés se le figurent ; ces derniers jours ont produit une manifestation des sentiments publics bien imposante et qui doit donner à réfléchir. […] Maurize le ton d’absolu dédain dont il traite les divers partis de ce qu’on appelle le mouvement, son cordial mépris pour tout ce qui est morale, politique, philosophie, pour tout ce qui a occupé jusqu’ici les plus grands hommes ?
Il y a des catholiques pour qui toutes les grandes conquêtes modernes, liberté de conscience, liberté de pensée, liberté de la presse, liberté politique, ne sont que de grandes et funestes erreurs : c’est la liberté du mal. […] Les métaphysiciens qui ne sont préoccupés que de la distinction des choses sont semblables aux politiques qui ne pensent qu’à la séparation des pouvoirs. […] Elle se complète par de fortes études sociales, politiques et esthétiques35. […] Jules Simon, dans ses nombreux ouvrages devenus si populaires, ont constitué une vraie philosophie politique. […] Bersot (Libre philosophie, morale et politique) associe la philosophie aux libres mouvements de la philosophie du dehors.
Or, malgré ses formes politiques et le jeu extérieur de ses institutions, l’ancien gouvernement de l’Espagne était, en réalité, il faut bien l’avouer, une théocratie. […] Mignet et Pichot publient, nous savons à n’en pouvoir plus douter maintenant que l’impérial Cénobite, transformé par d’autres histoires en horloger et en moine, garda son ancien personnage et n’étouffa pas son regard, son action et sa volonté politique, sous la cagoule du pénitent. […] C’est le type le plus élevé des politiques qui pèsent, combinent, ménagent et voient moins les rigueurs de la vérité que les douceurs du succès. […] Si Charles-Quint put se tromper à la clarté de sa raison, l’Espagne ne pouvait, elle, se tromper à la clarté de sa foi, et s’il ne se repentit pas sous les désillusions de l’expérience, il dut sentir, en sa qualité de grand politique, qu’il avait profondément blessé son peuple, et cela reconnu comme un mal pour son pouvoir et pour sa race, il dut chercher à l’amoindrir et à l’effacer. […] Catholique quand il est agenouillé devant le saint Tabernacle, Charles-Quint, relevé et debout, est toujours le politique de Worms et de Passau.
Le monde politique pourtant a eu ses commotions, et quand, une fois, il se met en branle, il ne chôme jamais. […] Ç'a été là, quoi qu’il en soit, la grande préoccupation politique qui a fait concurrence aux bonbons. […] On est tenté d’en vouloir à la politique d’avoir ainsi détourné de sa voie, abreuvé et noyé dans ses amertumes, une nature si fine, si délicate, si faite pour goûter elle-même les pures jouissances qu’elle prodiguait.
Dans son application à la politique, et dans l’Itinéraire de son voyage en Orient, il a si bien su proportionner son style à la nature des sujets, que c’est aujourd’hui l’opinion universelle qu’il y a chez lui une seconde manière, une seconde portion de son œuvre qui est irréprochable. […] La liberté de la parole et de la presse est, en quelque sorte, l’axe fixe autour duquel sa noble course politique a erré. […] Mais jusqu’ici cette œuvre de jeunesse était restée en dehors du grand monument poétique, religieux et politique, de M. de Chateaubriand, et n’était pas comprise, pour ainsi dire, dans la même enceinte. […] Pour remonter la vie à partir de ce point où le premier torrent de jeunesse ne pousse plus, il évoque, il embrasse dans son temps quelque vaste pensée religieuse, sociale, politique même, comme ces machines un peu artificielles à l’aide desquelles on remonte les grands fleuves. […] On est en 89 ; la politique gronde.
Ce pays est si prompt, si mobile, si tourné à espérer, qu’il se créa pendant quelques jours comme un courant rapide de vues, de projets, d’entreprises pacifiques et politiques. […] Jeune homme sous la Restauration, formé à l’éducation politique par l’étude des hommes éminents qui luttèrent depuis 1816 pour l’établissement d’un équitable régime constitutionnel, je ne puis croire que la vraie juridiction pour la presse doive se chercher autre part que dans le jury. […] Et c’est ce qui serait à souhaiter, messieurs, au point de vue politique. […] Jules Richard : « L’Académie des sciences morales et politiques a fait samedi un choix qui est un acte, dans ce moment où une Chambre française a songé sérieusement à priver des droits politiques les écrivains condamnés par la police correctionnelle. L’Académie des sciences morales et politiques a choisi pour membre, en remplacement de M.
Quinault fait une grande dépense de conspirations, de crimes, de politique tragique : le malheur est que tout cela n’est pas sincère. […] Sous les noms héroïques, à travers les infortunes et les crimes extraordinaires, c’est la simple, générale, humaine vérité que Racine veut montrer : outre la politique, cela exclut l’intrigue romanesque, les moyens compliqués ou surprenants. […] Joad est un fanatique, désintéressé, sans scrupules, impitoyable, le plus dur et le plus immoral des politiques, parce qu’il ne fait rien pour lui, tout pour son Dieu. […] Entre Joad et Athalie oscille Abner, brave soldat, politique naïf, calme dévot, l’honnête homme timoré, qui fuit les responsabilités, ménage tous les devoirs, et sert tous les pouvoirs. […] Il écrivait Britannicus, le plus saisissant tableau qu’on ait tracé de Rome impériale : il l’écrivait en pur artiste, sans idée ni intention de politique, attaché seulement à bien rendre la sombre couleur de Tacite.
Mais une certaine reconnaissance toutefois, liée au souvenir d’une heureuse journée, m’est toujours restée de cet accueil, de cette idée bienveillante des anciens Bertin, et tant qu’il y aura un Bertin aux Débats, tant qu’il y aura de ces rédacteurs qui sont allés aux Roches, nous ne pourrons nous étonner que la justice ou l’indulgence littéraire y triomphe de préventions politiques qui elles-mêmes ne se trahissent que par accès et qui ont leurs intermittences. […] La Rochefoucauld a consigné l’élixir amer de cette expérience dans des Réflexions et des Maximes immortelles qui vivront autant que la nature humaine, et contre lesquelles elle aura jusqu’à la fin à se débattre, Pascal a, certes, grandement profité de cette vue de la Fronde, et il conclurait en politique aussi vertement et aussi crûment qu’un Machiavel, s’il n’était avant tout un pénitent qui n’a de hâte que pour s’agenouiller et pour aller tout mettre au pied de la croix. Molière, sans songer précisément à la politique, en avait sans doute tiré des jours profonds pour la peinture morale de l’espèce, pour sa comédie dont le rire inextinguible ne saurait faire oublier les sanglantes morsures et les perpétuelles insultes à la guenille humaine. […] Bossuet n ;a si bien peint, dans leur ensemble moral du moins, et dans leur aspect terrible et majestueux, les grands orages d’Angleterre qu’il n’avait pas vus et dont le sens politique lui échappait, que parce qu’il avait observé de près chez nous ces temps d’ébranlement où toutes les notions du devoir sont renversées, et où les meilleurs perdent la bonne voie. […] L’optimisme fut sans doute le défaut de la philosophie politique du xviiie siècle, à la prendre dans sa source, à son origine, chez les Fénelon, les Vauban même, les abbé de Saint-Pierre, et presque dans tout son cours ; il y eut une recrudescence d’optimisme sous Louis XVI à partir de Turgot, de Malesherbes, jusqu’à M.
Il n’est pas moins vrai que d’autres plus calmes, plus purement politiques, étaient obligés de conformer leur langage au ton que commandaient les circonstances, et de faire aux passions déchaînées quelques concessions apparentes, ou même réelles, pour tenter de les désarmer et de les réduire. […] Les haines religieuses, en bien des lieux, s’associaient et s’accouplaient aux haines politiques pour les mieux empoisonner encore, et ce vieux levain de cupidité, d’avarice et d’envie qui fait le fond de la nature humaine autant et plus que la bonté (quoi qu’en ait dit Bossuet dans une phrase oratoire célèbre, empruntée au déclamateur Tertullien), ce mauvais fond sauvage qu’il n’est besoin que d’éveiller pour le remettre en goût et en appétit, faisait le reste. […] Mais ce qui était plus triste, s’il est possible, c’était le spectacle que donnait dans le même temps et dans la sphère politique la Chambre, produit de l’élection, et qui était si bien royaliste que Louis XVIII, dans un premier moment de satisfaction trop tôt déçue, l’avait nommée la Chambre introuvable : ce terme d’éloge ne larda pas à se tourner en amère ironie. […] S’ils manquèrent de la politique du moment, ce fut positivement parce que cette politique instantanée ne leur avait jusqu’alors inspiré que du mépris ; mais les affaires les auraient formés, parce qu’elles ont seules la puissance de courber les esprits forts jusqu’aux considérations honteuses qu’exigent l’état et les intérêts d’une société presque en dissolution. […] Decazes, ministre de la police, gagnait chaque jour en crédit auprès du roi et devait, lui aussi, avec infiniment moins d’élévation, mais avec bien de l’insinuation et de l’habileté, devenir à son tour l’un des agents actifs de la politique modérée et conciliante : il ne l’était pas encore décidément à cette première date, et plusieurs de ceux avec qui il marcha bientôt de concert, étaient plutôt sensibles d’abord à ses défauts apparents qui étaient un ton de suffisance et des airs de favori déguisant mal quelque vulgarité.
Il nous représente bien en sa personne tout ce qu’il y avait de lumières, de raisonnables idées de réformes, de sages vues administratives et pratiques, de vœux philosophiques honorables et de justes pressentiments politiques, dans les hommes de la seconde moitié du xviiie siècle. […] Ce goût pour les lettres proprement dites, quand on n’a que des études de l’antiquité fort faibles, qu’on sait à peine du latin et pas du tout de grec, est un des traits qui caractérisent le Français, surtout celui d’alors, et qui le différencient profondément des hommes politiques de l’Angleterre. Malouet, qui passe pour un des politiques français les plus amis de la Constitution anglaise, différait donc profondément des Anglais à l’origine et par l’éducation même. […] J’acquérais ainsi l’habitude du travail, de la maturité dans mes idées ; je m’étais déjà exercé sur divers objets, j’avais vu différents pays, beaucoup d’hommes et de choses ; j’avais donc, dès cette époque, des opinions arrêtées sur les intérêts et les devoirs des hommes, sur la morale, sur l’administration, sur la politique. […] Il en fut de cette sage et pure esquisse de Malouet, en présence du météore littéraire de Chateaubriand, comme il en avait été en politique de ses opinions modérées à côté des foudres de Mirabeau.
Leurs services, depuis ce temps, étaient d’un autre ordre et se poursuivaient dans l’administration ou dans la politique. […] Guizot songe toujours à la politique d’à côté : Si j’appliquais aujourd’hui à ces études historiques de 1820, dit-il dans sa préface de 1851, tous les enseignements que, depuis cette époque, la vie politique m’a donnés, je modifierais peut-être quelques-unes des idées qui y sont exprimées sur quelques-unes des conditions et des formes du gouvernement représentatif. […] Dans un tel état politique de défense et de siège, il n’y avait plus de place pour l’espèce de philosophie intermédiaire de M. […] Il y a des moments où la plume politique reparaît à l’improviste, et non à contretemps, jusque dans ces appréciations plus légères. […] Tout professeur célèbre, tout écrivain habile s’est cru propre à être politique, orateur, ministre et gouvernant.
— « Une Assemblée nationale, disait-il, est « une assemblée laïque qui traite de choses politiques, lesquelles seules sont soumises à la loi de la majorité… Quel que soit le trouble que nos malheurs aient amené dans l’esprit français, on ne verra pas, non, on ne verra pas, quatre-vingts ans après la Révolution de 1789, une assemblée politique représentant tous les citoyens, consacrer, pour sa part, le pays à une dévotion aussi particulière et aussi a discutée. » Ce ne furent, malgré leur solidité, ni les arguments juridiques de M. […] Tolain qui, après avoir longtemps discuté la valeur du culte du Sacré-Cœur, et devant les explosions de colère que cette sacrilège dissection du viscère divin provoqua sur les bancs de la droite, ne put qu’ajouter : « S’il était permis, s’il était possible de caractériser d’un mot la ligne politique que vous suivez, — je dirais que c’est la ligne politique des Jésuites et de Loyola ! […] Bardoux et Lockroy firent des efforts inutiles pour empêcher que la politique française ne commît cette faute grave dont elle devait ressentir bientôt les effets. […] Chaigneau, si ce vœu funeste, abrité par une loi aveugle, par un acte national de législateurs dupés, ne plane pas, depuis un quart de siècle, comme un nuage sinistre, sur notre politique étrangère… La France de 1897 ne peut plus ratifier par son indifférence le verbe odieux qui s’incarne dans ce bloc de pierres… La France a le droit de rayer le vote désastreux du 24 juillet 1873. […] Tel est, sous le voile de l’allégorie, le jeu de la politique de Léon XIII et de ses disciples.
Cette vérité est déjà comprise à peu près de tous les bons esprits, et le nombre en est grand ; et bientôt, car l’œuvre est déjà bien avancée, le libéralisme littéraire ne sera pas moins populaire que le libéralisme politique. La liberté dans l’art, la liberté dans la société, voilà le double but auquel doivent tendre d’un même pas tous les esprits conséquents et logiques ; voilà la double bannière qui rallie, à bien peu d’intelligences près (lesquelles s’éclaireront), toute la jeunesse si forte et si patiente d’aujourd’hui ; puis, avec la jeunesse et à sa tête, l’élite de la génération qui nous a précédés, tous ces sages vieillards qui, après le premier moment de défiance et d’examen, ont reconnu que ce que font leurs fils est une conséquence de ce qu’ils ont fait eux-mêmes, et que la liberté littéraire est fille de la liberté politique. […] Cette voix haute et puissante du peuple qui ressemble à celle de Dieu, veut désormais que la poésie ait la même devise que la politique : tolérance et liberté. […] C’est pour elle surtout qu’il travaille, parce que ce serait une gloire bien haute que l’applaudissement de cette élite de jeunes hommes, intelligente, logique, conséquente, vraiment libérale en littérature comme en politique, noble génération qui ne se refuse pas à ouvrir les deux yeux à la vérité et à recevoir la lumière des deux côtés.
Littérairement, ne soyez rien ou ayez du génie ; mais, si vous voulez beaucoup réussir, attachez la moindre loque politique en cocarde à votre œuvre : les taureaux, et même les bœufs de tous les partis, se mettront à meugler à l’unanimité, et feront ce vacarme que nous prenons si légèrement pour de la gloire ! […] Il savait que l’on en fait toujours, si médiocre soit-on, avec une comédie politique, et, du premier coup, dès qu’il a eu fait la sienne, lui, l’auteur du Gendre de M. […] Car il ne faut rien de plus, à ce qu’il paraît, pour faire la grande comédie politique de notre temps sorti de la Révolution française, et pour frapper cette mordante médaille de la comédie-pamphlet au xixe siècle. […] Mais l’idée et le canevas de cette pièce, qui, comme toutes les comédies politiques, a le tort de n’être qu’un pamphlet d’occasion, n’appartiennent pas plus à Émile Augier que ses personnages.
Chateaubriand tel que l’a fait la politique. — Ses Mémoires. […] — Chateaubriand tel que l’a fait la politique. — Ses Mémoires. […] Quel rang tiendra-t-il dans l’histoire des luttes politiques de la France contemporaine ? […] La politique ne fit pas de Chateaubriand un homme d’Etat, et elle gâta son talent littéraire. […] Mais la politique n’a pas seule à s’imputer la corruption d’un grand talent et d’une belle langue.
L’histoire politique a d’ailleurs frayé la voie à l’histoire littéraire ; elle a reconnu et vulgarisé, depuis longtemps déjà, ces larges divisions de l’évolution nationale et même européenne. […] Du moins Voltaire semble-t-il avoir entrevu que les variations du goût littéraire se lient aux grands événements politiques, et aussi que dans une monarchie absolue la disparition du souverain est d’ordinaire le signal d’une réaction contre les idées et les pratiques du règne précédent. […] C’est encore l’instant où les attaques des écrivains, jusque-là dirigées contre l’Eglise, vont se tourner contre l’Etat, où la préoccupation des affaires publiques va primer toutes les autres, où les théories politiques, réalistes et modérément réformistes avec Montesquieu, vont devenir dualistes et révolutionnaires avec l’auteur du Discours sur l’origine de l’inégalité. […] D’abord les changements littéraires et les changements politiques, quoique liés entre eux de façon étroite, sont souvent loin de se produire ensemble. […] De plus, une société, après de longues et terribles secousses, arrive parfois ù un état d’équilibre qui donne aux contemporains l’illusion d’un repos indéfini ; c’est ainsi que, dans la première partie du règne personnel de Louis XIV, la plupart des Français crurent la langue, les règles de la poésie et du bon goût, le régime politique et religieux aussi bien que le régime littéraire fixés en France pour l’éternité.
La sensible Malvina s’empresse d’imiter les hommes politiques ; elle oublie son serment et aime sir Edmond, beau, brave, mélancolique, etc… mais fort libertin ; il trompe sans scrupules plusieurs Malvinas simultanément […] On y venge sa politique, sa morale, sa littérature, sa réputation, son talent, son sexe. » La Nouvelle Héloïse, un modèle copié par tous, fourmille de dissertations morales, de traités politiques, de controverses religieuses, de questions littéraires et autres. La vie politique intense qu’on avait menée pendant des années avait habitué aux longues discussions, qui à elles seules ne pouvaient distinguer un roman d’entre les douzaines paraissant tous les mois. […] Le romantisme, en dépit de son axiome, ne s’est jamais désintéressé des luttes politiques et sociales : il a toujours pris fait et cause pour la classe bourgeoise, qui avait accaparé les résultats de la révolution. […] Ces détails prosaïques qui déparent mais qui expliquent le poétique et mélancolique René, sont puisés dans l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions, etc., écrit à Londres et imprimé en 1797.
Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires par M. […] Quand je dis chez nous, je le prendrai plutôt à côté de chez nous, s’il vous plaît, et s’exerçant sur le compte des hommes politiques d’une époque déjà ancienne. […] Quelle école, pour qui se sent des dispositions à être moraliste ou peintre d’après nature, que de telles assemblées politiques auxquelles on assiste tous les jours sans en être, sans en accepter les conventions ou en subir les illusions ! […] Il y a entre autres un très-joli feuilleton politique : c’est une séance de la Chambre des députés (26 janvier 1848) critiquée avec du La Bruyère. […] Parler de Çà et Là maintenant, après les Mélanges politiques, c’est revenir en arrière ; car la plupart des pages rassemblées dans ces deux volumes sont d’une date assez ancienne, et laissent trop voir les défauts de l’auteur.
. — Aujourd’hui, les préoccupations politiques aidant, l’engouement pour la pédagogie est universel. […] Les pédagogues visent à recueillir la succession politique et sociale de l’Église. […] Le libéralisme politique, comme l’a fort bien montré Stirner, est toujours un libéralisme très relatif. Toute liberté politique est au fond un mode spécial de réglementation. […] Durkheim proteste contre l’idée qui consisterait à briser le lien entre l’éducation et l’institution politique.
Retz expose au duc de Bouillon toute sa politique sous la première Fronde, et il faut lui rendre cette justice que, s’il était séditieux, il ne l’était qu’à demi. […] Une plaisanterie qu’il laissa échapper contre la reine, et qui revint à celle-ci (il l’avait appelée Suissesse), irrita la femme, et contribua à la vengeance finale plus peut-être que ne l’auraient pu faire les seules infidélités politiques de Retz. […] On lui en sut peu de gré, et, sa réputation passée s’attachant à lui, non sans cause, on le traita purement en politique, c’est-à-dire qu’après s’être servi de lui dans le premier moment, on l’emprisonna dans le second. […] Siècle à jamais heureux et incomparable, où les illustres naufragés de la politique, quand ils s’appelaient Retz, avaient comme pis-aller, pour se consoler dans le courant d’une semaine, un Corneille, un Despréaux et un Molière en personne, leurs œuvres à la main, et Mme de Sévigné sur le tout ! […] La politique de Rome et celle de France s’unirent pour s’opposer à un genre de renonciation qui aurait pu devenir un précédent et, dans l’avenir, un moyen de politique aux mains des puissances.
Quand Voltaire y fait intervenir de la politique, Bernis l’élude assez agréablement. […] En expliquant pourquoi il regrette moins le séjour de Paris dans les années de son exil, Bernis revient plus d’une fois sur cette idée, que la politique y est devenue un sujet habituel de conversation : « Les hommes et les femmes n’ont aujourd’hui dans la tête que de gouverner l’État. C’est une dissertation continuelle et ennuyeuse : rien n’est plus plat qu’une politique superficielle. » Il redira cette même pensée avec une grâce et une vigueur nouvelles, et en résumant sous forme piquante les diverses variations de modes et d’engouements auxquelles il avait assisté dès sa jeunesse : À l’égard de Paris (juillet 1762), je ne désire d’y habiter que lorsque la conversation y sera meilleure, moins passionnée, moins politique. […] Quand elle fut supprimée en France, il écrivait à Voltaire : « Je ne crois pas que la destruction des Jésuites soit utile à la France ; il me semble qu’on aurait pu les bien gouverner sans les détruire. » Mais, une fois l’affaire entamée, il estime qu’il est politique et presque nécessaire d’achever. […] [NdA] J’ai sous les yeux une notice manuscrite très bien faite qui rappelle les principaux services politiques du cardinal de Bernis en ces années du pontificat de Pie VI ; cette notice a été rédigée en 1806 par M.
un homme pareil, qui tient une si grande place dans l’histoire littéraire et politique d’un temps où la littérature et la politique confluaient comme elles n’ont peut-être jamais conflué, n’est pas jugé dans l’ouvrage de M. […] Ce petit Pascal politique, dont les Provinciales consistent en quelques méchants pamphlets, grimacés plutôt qu’écrits dans un style sans sincérité, n’a plus qu’une valeur littéraire assez chétive pour ceux qui s’occupent sérieusement des choses de la littérature, et qui comparent les sèches taquineries de cet esprit de paysan, qui fait des niches à son curé, avec les larges œuvres des Junius et des Cobbett, les demi-dieux du pamphlet politique. […] C’est un livre à intention politique masquée de littérature, ce n’est rien de plus. […] Il brusque la difficulté et il commence son histoire du pied d’un fait, et d’un fait politique : la Révolution de Juillet. […] Mais la préoccupation politique explique tout, et, nous le répétons, voilà la cause de ces tristes concessions et de ces mollesses du livre de M.
Jay n’a nullement reculé devant la tâche obligatoire : il a pris M. de Montesquiou depuis son entrée sur la scène politique jusqu’à sa mort ; il a encadré, entre l’apparition et le décès de M. de Montesquiou, toute notre révolution, se rejetant, quand la vie du héros faisait faute, sur Castor et Pollux, sur la Convention et sur l’Empire, lançant son petit trait au passage contre les passions sinistres et contre la manie des conquêtes, manie qui n’est guère contagieuse apparemment. […] Dans la situation toute secondaire où est descendue l’Académie française et d’où il est difficile qu’elle se relève, n’ayant ni action directe, ni but propre, elle paraît décidée à se recruter en grande partie parmi les hommes politiques, comme autrefois elle faisait parmi les grands seigneurs, et elle aura raison, pourvu que, de temps à autre, elle ne dédaigne pas d’ouvrir ses invalides à quelque littérateur pur et simple qui aura la témérité de se mettre sur les rangs. Mais, même entre les hommes politiques, il y a une sorte de choix littéraire, et jusqu’ici l’Académie n’a pas eu toujours la main heureuse. On parle pour la prochaine fois d’un homme politique encore, rien de mieux ; quelques-uns désignent M.
. — Réfutation de Bodin § I Nous avons montré dans ce Livre jusqu’à l’évidence que dans toute leur vie politique les nations passent par trois sortes d’états civils (aristocratie, démocratie, monarchie), dont l’origine commune est le gouvernement divin. […] Dans cette révolution, l’autorité de domaine devint naturellement autorité de tutelle ; le peuple souverain, faible encore sous le rapport de la sagesse politique se confiait à son sénat, comme un roi dans sa minorité à un tuteur. […] Réfutation des principes de la politique de Bodin Bodin suppose que les gouvernements, d’abord monarchiques, ont passé par la tyrannie à la démocratie et enfin à l’aristocratie. […] Il faut donc que Bodin, et tous les politiques avec lui, reconnaissent les monarchies domestiques dont nous avons prouvé l’existence dans l’état de famille, et conviennent que les familles se composèrent non-seulement des fils, mais encore des serviteurs (famuli), dont la condition était une image imparfaite de celle des esclaves, qui se firent dans les guerres après la fondation des cités.
Religion, politique, philosophie, systèmes, l’homme a prononcé sur tout, il s’est trompé sur tout, il a cru tout définitif, et tout s’est modifié ; tout immortel, et tout à péri ; tout véritable, et tout a menti ! […] À côté de cette destinée philosophique, rationnelle, politique, sociale de la poésie à venir, elle a une destinée nouvelle à accomplir ; elle doit suivre la pente des institutions et de la presse ; elle doit se faire peuple et devenir populaire comme la religion, la raison et la philosophie. […] La pensée politique et sociale qui travaille le monde intellectuel et qui m’a toujours fortement travaillé moi-même, m’arrache pour deux ou trois ans tout au plus aux pensées poétiques et philosophiques que j’estime à bien plus haut prix que la politique. La poésie, c’est l’idée ; la politique, c’est le fait ; autant l’idée est au-dessus du fait, autant la poésie est au-dessus de la politique. […] C’est pour apporter une conviction, une parole de plus à ce groupe politique, que je renonce momentanément à la solitude, seul asile qui reste à ma pensée souffrante.
Autant que des écrivains, ce sont des « politiques » en effet, que ceux-ci ! […] Ils ont aussi aidé le romantisme à s’émanciper d’une tutelle politique qui commençait à lui devenir pesante. […] Mais si peut-être il semblait que la politique y tient trop de place, — et quoique d’ailleurs la politique ait plus souvent éclairé l’histoire que l’histoire n’a servi de guide à la politique, — il suffirait en ce cas de nommer Mignet ou Tocqueville, Thiers lui-même, et de rappeler l’Histoire du Consulat ou celle des Négociations relatives à la succession d’Espagne, 1835-1842. […] L. de Ronchaud, La Politique de Lamartine, Paris, 1878] ; — et quelques-uns de ses pressentiments [Cf. […] Un beau mariage, Maître Guérin], événements politiques [Cf.
Mirabeau, Bailly, La Fayette, Sieyès, Barnave, Talleyrand, Lameth, agissaient en cela en philosophes, et non en grands politiques. […] Plus les crimes politiques s’éloignent des passions qui les font commettre, plus ils baissent et pâlissent devant la postérité. […] Il avait respiré la Révolution, mais il ne l’avait pas respirée au Palais-Royal, foyer des désordres domestiques et des plans politiques de son père. […] Bien faire ce que la circonstance indiquait, en se fiant du reste à l’avenir et à son rang, était toute sa politique. […] « Louis XVI ne pouvait être jugé en politique ni en équité que par un procès d’État.
Le but de toute association politique est le maintien des droits naturels et imprescriptibles de l’homme et le développement de toutes ses facultés. […] Un corps politique, la Convention, qui statuait un tel droit public, n’était donc qu’une assemblée d’utopistes métaphysiciens, qui donnait pour base à la politique des sophismes au lieu de réalités pratiques. […] C’est de l’économie politique de Tarquin fauchant les plantes qui dominent les autres plantes. […] Toute politique peut être jugée à ce signe, comme tout arbre est jugé à ses fruits. […] La pensée, l’unité, la politique, la résolution, tout leur manquait.
Les amis politiques (c’est tout simple) disent du bien d’elle, et ils jetteraient au besoin un voile sur les défauts ; mais les hommes d’un autre parti, les adversaires ou ceux qui ne la voyaient pas sans prévention, s’ils sont d’honnêtes gens, parlent aussi en sa faveur et à son avantage ; ils sont tous d’accord sur le charme et la grâce : nous n’avons qu’à les écouter. […] Elle réunissait à ces dons, déjà si rares, beaucoup d’esprit naturel, des connaissances étendues en littérature et en économie politique. […] J’aurais plus de confiance dans les Mémoires de Dumouriez si, à chaque page, je n’y lisais l’éloge de ses démarches, de ses avis, de ses variations, de sa politique, et la condamnation de tous ceux qui lui refusèrent confiance. […] Je me reproche de n’avoir pas connu toute l’étendue de ses qualités ; j’avais un peu de prévention contre les femmes politiques, et je lui trouvais trop de cette disposition défiante qui tient à l’ignorance du monde. » Cette ignorance du monde, — une ignorance relative, — a été l’un des malheurs de Mme Roland au moment de son entrée dans la politique. […] Louis Blanc a dit encore en parlant du groupe de la Gironde et pour le définir : « Ce furent des artistes égarés dans la politique. » Artistes, je l’accorde ; mais il convient encore de se bien entendre sur le mot ; ils l’étaient peut-être (l’un d’entre eux du moins, Vergniaud), par l’éloquence ; comme écrivains, ils n’étaient artistes nullement.
Villemain vers qui elle se sentait portée, tant à cause de son prodigieux esprit de conversation qu’en faveur de ses opinions politiques modérées, aux confins du seul libéralisme qu’elle pût admettre. […] Elle prenait même, on peut le soupçonner, une part assez active à la politique d’alors par ses amitiés et ses influences. […] Elle avait gardé dans sa politique instinctive beaucoup du sang girondin, un élan généreux, dévoué, inutile, qui se brisait. […] Toutes ces passions humainement si nobles, ces zèles excessifs, soit politiques, soit maternels, ces préférences, ces fougues d’une âme qui aspire à trop étreindre, commencèrent de s’abattre peu à peu en prière et en larmes de paix devant Dieu. […] Toujours sur la brèche pour protester contre l’iniquité, pour défendre les innocents, pour accuser en face les hommes sanguinaires, Kersaint a mérité que sa conduite d’alors devînt une sorte de modèle politique en ce genre.
Aussi les bibliothèques sont-elles pleines d’histoires médiocres, triviales, sans génie, sans philosophie, sans politique, sans couleur, sans pathétique, sans moralité, écrites par des annalistes de tous les pays ; enregistreurs de dates, de nomenclatures, de faits, ils tiennent la chronologie du monde, l’état civil des nations. […] V Il faut que l’historien soit homme d’État : car l’histoire est pleine de politique, et s’il n’a pas l’intelligence de la politique, cette bonne conduite de la vie appliquée en grand aux nations, aux sociétés, aux empires, il écrira au hasard des récits pleins d’ignorance, de contresens et de non-sens. […] Les peuples corrompus veulent des crimes politiques admirés et justifiés, comme ils le sont dans l’histoire de Machiavel. […] Mais poursuivons l’étude, et, après avoir vu le sage et le politique, voyons le peintre. […] C’est le Molière grave et politique des peuples en révolution ; le peuple romain pose, non-seulement devant son peintre, mais devant son juge.
On sent à tout moment qu’elle excède son cadre de surintendante de l’intérieur royal, et elle ne craint pas de paraître en sortir, de laisser voir quelque chose de l’autorité politique dont elle tient les ressorts. […] Rien dans Mme des Ursins ne sent la coterie ni la secte, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’ait pas ses préventions et ses inimitiés ; mais, en général, elle se détermine comme les politiques par des raisons d’utilité et en vue des affaires. […] On retrouve là un ressouvenir bien placé de ces tête-à-tête de Marly, dans lesquels Louis XIV ne dédaignait pas d’associer Mme des Ursins à sa politique ; elle avait raison d’en être fière et de le rappeler à celle qui l’oubliait. […] C’est le reproche politique le plus grave qu’on puisse faire à la mémoire de Mme des Ursins : une faute de conduite par vanité. […] J’avais eu l’idée, en abordant Mme des Ursins, de marquer quelques-uns des inconvénients des femmes politiques, dont elle est un type pour ce qu’elles peuvent avoir de distingué, et aussi d’incomplet, d’agité, de fastueux et de vain.
Royer-Collard, complimentant l’auteur qu’il voyait pour la première fois, put lui dire que « son livre était le livre politique le plus remarquable qui eût paru depuis trente ans ». […] Montesquieu, en effet, auquel l’ouvrage de M. de Tocqueville faisait naturellement songer, et dont il affectait de reproduire quelques-unes des formes, telles que la fréquence, la coupe des chapitres, leur intitulé, etc., Montesquieu est un philosophe politique supérieur, en ce qu’il est souverainement indifférent et calme, se plaçant dès l’origine au vrai point de vue de la nécessité et de la réalité des choses, s’y conformant selon les lieux, les climats, les races, sans y apporter en travers un idéal préconçu qui pourrait bien être une idole. […] Avec cela, préoccupé de la condition des classes pauvres et laborieuses plus qu’on ne l’était d’ordinaire dans les rangs des hommes d’État et des politiques constitutionnels, il a des pressentiments sociaux qui le mènent à prévoir des transformations radicales comme possibles et peut-être comme légitimes. […] On apprend à l’y bien connaître, à ne pas le surfaire (car lui-même, si ambitieux, mais en même temps si modeste, ne se surfaisait pas), et aussi à lui voir dans leur juste degré tous ses mérites de philosophe politique, de citoyen passionné pour le bien, d’ami tendre et d’homme aimable dans l’intimité. […] On s’incline, on salue ; mais la vraie philosophie politique et morale, qui accompagne l’homme tel qu’il est et non tel qu’on veut qu’il soit, passe outre, poursuit sa marche, et n’abdique jamais.