Sous Louis XVI, elle fut considérée comme l’oracle du bon ton et de l’urbanité, comme celle qui maintenait les règles de la « parfaitement bonne compagnie » […] Il assure que les deux premières parties de Julie ont été écrites de cette manière, « sans qu’il eût aucun plan bien formé, et même sans prévoir qu’un jour il serait tenté d’en faire un ouvrage en règle ». […] Je veux tout ce qui se rapporte à l’ordre de la nature que tu as établi, et aux règles de la raison que je tiens de loi. […] Reste à chercher quelle règle je dois me prescrire pour remplir ma destination sur la terre selon l’intention de Celui qui m’y a placé. […] C’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège, de m’égarer d’erreurs en erreurs à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principe.
Cette règle a-t-elle été suivie dans les travaux dont l’insuccès a fait conclure à la banqueroute de la Science ? […] S’il est exact que les domaines des différentes Sciences soient à la fois contigus et distincts, la première règle pour l’esprit est qu’il emploie dans chacun de ces domaines une méthode commune par certains points, et distincte par d’autres. […] Sur les deux premiers de ces cas, il y aurait beaucoup à dire, notamment que la condition bourgeoise du père de Colbert et du père de Racine constituait précisément pour la famille ce degré de maturation où je crois reconnaître une des règles du sage transfert des classes. […] Excessifs, aussi naturellement que les autres sont réfléchis, toute règle leur est insupportable, toute acceptation odieuse, toute soumission impossible. […] Vous y verrez une mise en œuvre vivante de cette règle.
Amiens a été surpris par les Espagnols (1597) ; il faut un siège en règle et de grands efforts pour les en chasser.
La plupart étant incapables d’un tel examen doivent consulter le sentiment intérieur : les plus éclairés pourraient encore en morale le préférer souvent à leurs lumières, et prendre leur goût ou leur répugnance pour la règle la plus sûre de leur conduite.
Ce tempérament plein de feu s’était, par un heureux accord et dès sa pente première, porté tout entier du côté de la règle et des devoirs : son zèle pur les animait en s’en acquittant, et lui en rendait l’exercice facile et léger.
On a dit, et j’ai moi-même écrit quelque part, que les Jésuites ne firent de réponse directe et en règle aux Provinciales qu’après quarante ans d’intervalle et par la plume du père Daniel.
Je laisse les lettres de mes amis s’accumuler pendant la guerre qui ne me permet pas un instant de loisir, et c’est lorsque les traités sont signés que je me mets en règle avec eux.
Nous l’avons déjà remarqué à propos de La Fare : il n’y a guère que les premières années qui comptent et qui soient dignes de souvenir, dans ces carrières épicuriennes qui vont sans règle et en s’abandonnant.
Cette doctrine sévère, qui règle le bon emploi de la retraite, et qui peut étonner au premier abord, produira ensuite, dans le détail, des effets d’une fraîcheur et d’une sensibilité incomparables.
Apprendre peu, mais bien, c’est la règle.
Vous voyez donc que M. de Saint-Georges ne peut pas nous servir de règle ; il a son bonheur en lui et dans sa constitution, comme nous avons en nous la source de nos déplaisirs.
Mme du Deffand, au reste, était tout à fait de cet avis ; depuis surtout que Mlle de Lespinasse avait fait défection et s’était retirée d’auprès d’elle, emmenant à sa suite quelques-uns des coryphées de l’école encyclopédiste, elle était très opposée à tout ce qui ressemblait à des intérêts de parti philosophique ou littéraire : et comme Voltaire, dont c’était le malin plaisir, essayait de provoquer Walpole, de l’amener, par pique et par agacerie, à une discussion en règle sur le mérite de Racine et de Shakespeare, comme de plus il paraissait d’humeur à chicaner les deux dames au sujet de La Bletterie qu’elles protégeaient et qu’il n’aimait pas, Mme de Choiseul écrivait encore à sa vieille amie : Je crois que nous ferons bien de le laisser tranquille ; car, pour moi, je ne veux pas entrer dans une dispute littéraire : je ne me sens pas en état de tenir tête à Voltaire.
Aujourd’hui ma très chère épouse est accouchée sur les cinq heures et a augmenté ma famille d’une petite fille : puisse-t-elle grandir et vivre un jour de telle sorte, ô mon Dieu, qu’elle règle toutes ses actions, ses paroles et ses pensées d’après les préceptes de ta sainte parole !
Je suis sur les lieux ; je vois les choses avec application, et c’est mon métier que de les connaître ; je sais mon devoir, aux règles duquel je m’attache inviolablement, mais encore plus que j’ai l’honneur d’être votre créature, que je vous dois tout ce que je suis, et que je n’espère que par vous ; ce qui étant de la sorte, et n’ayant pour but que très-humble et très parfaite reconnaissance, ce serait bien y manquer et me rendre indigne de vos bonnes grâces, si, crainte d’une rebuffade ou par l’appréhension de la peine, je manquais à vous proposer les véritables expédiants qui peuvent faciliter le ménage et avancement de cet ouvrage-ci, et de tous ceux que vous me ferez l’honneur de me commettre.
Ses juges les plus sévères eux-mêmes l’ont reconnu : « Il y avait des esprits plus pénétrants, plus vifs, plus étendus que celui du roi, il n’y en avait point qui eussent plus de justesse49. » Cette règle et cette justesse, qu’il avait naturellement dans l’esprit, et qui devenait de la symétrie pour toutes les choses du dehors auxquelles s’applique le coup d’œil, pouvait, à la rigueur, s’appeler d’un autre nom, et les libertins spirituels, les évincés comme La Fare, essayaient de la flétrir du nom de roideur et de pédantisme.
quelles habitudes et quelles règles de conduite y observa-t-il ?
C’est une remarque qui se vérifie sans cesse et qui peut se poser comme une règle générale : dans l’art aussi, chaque dévot a son saint, et chaque saint trouve ses dévots.
Il n’a pas contracté l’obligation ou de déployer des nus, ou d’imaginer certaines formes de draperies, ou d’observer certaines règles de genre : il prend les choses telles qu’il les voit, il leur laisse leur réalité ; et il en résulte que, sans avoir prétendu faire ni de l’histoire ni du genre, il a fait de l’un ou de l’autre ; il a été touchant, noble, terrible, ou bien spirituel, comique et original.
Il s’est fait une règle fort sage, de ne jamais critiquer ni discuter les opinions des commentateurs qui l’ont précédé ; cela irait trop loin : « Lorsqu’ils commettent des erreurs, dit-il, il suffît de les passer sous silence : lorsqu’ils ont bien exprimé une réflexion juste, nous nous en emparons.
Mes défauts sont nombreux ; ma seule qualité, ma règle de conduite est le respect de la sincérité.
seigneur Cervantes, que Votre Seigneurie se règle sur le boire, sans oublier le manger, et elle se guérira sans autre remède. » — « Oui, répondis-je, on m’a déjà dit cela bien des fois ; mais je ne puis renoncer à boire quand l’envie m’en prend, et il me semble que je ne sois né pour faire autre chose de ma vie.
Taine nous entretenait l’autre jour27, — occupés, dis-je, à rechercher uniquement et scrupuleusement la vérité dans de vieux livres, dans des textes ingrats ou par des expériences difficiles ; des hommes qui voués à la culture de leur entendement, se sevrant de toute autre passion, attentifs aux lois générales du monde et de l’univers, et puisque dans cet univers la nature est vivante aussi bien que l’histoire, attentifs nécessairement dès lors à écouter et à étudier dans les parties par où elle se manifeste à eux la pensée et l’âme du monde ; des hommes qui sont stoïciens par le cœur, qui cherchent à pratiquer le bien, à faire et à penser le mieux et le plus exactement qu’ils peuvent, même sans l’attrait futur d’une récompense individuelle, mais qui se trouvent satisfaits et contents de se sentir en règle avec eux-mêmes, en accord et en harmonie avec l’ordre général, comme l’a si bien exprimé le divin Marc-Aurèle en son temps et comme le sentait Spinosa aussi ; — ces hommes-là, je vous le demande (et en dehors de tout symbole particulier, de toute profession de foi philosophique), convient-il donc de les flétrir au préalable d’une appellation odieuse, de les écarter à ce titre, ou du moins de ne les tolérer que comme on tolère et l’on amnistie par grâce des errants et des coupables reconnus ; n’ont-ils pas enfin gagné chez nous leur place et leur coin au soleil ; n’ont-ils pas droit, ô généreux Éclectiques que je me plais à comparer avec eux, vous dont tout le monde sait le parfait désintéressement moral habituel et la perpétuelle grandeur d’âme sous l’œil de Dieu, d’être traités au moins sur le même pied que vous et honorés à l’égal des vôtres pour la pureté de leur doctrine, pour la droiture de leurs intentions et l’innocence de leur vie ?
Dis-moi, connais-tu des moments plus doux que ceux passés dans l’innocence et le charme d’une affection que la nature avoue et que règle la délicatesse, qui fait hommage au devoir des privations qu’il lui impose, et se nourrit de la force même de les supporter ?
Calonne, en assemblant les Notables et en se flattant de tirer d’eux l’abolition des privilèges, la proscription des abus et la règle dans les finances de l’État, procédait comme s’il ne s’était agi, en vérité, que de passer le rouleau sur un gazon ; il y fallait la sape et la charrue.
Il consent à reconnaître que « les hommes des autres mondes diffèrent de nous tant dans leur organisation intime que dans leur type physique extérieur » ; mais ce n’est là qu’une manière de concession : il croit pouvoir, d’ailleurs, assigner à ces types humains, certaines règles, certaines lois intellectuelles et morales qui leur sont communes avec nous.
Dans la plupart des cas, en effet, avec les personnages connus, mais secondaires, de l’histoire, il faut se résigner à ignorer le fond, le secret des esprits et des cœurs, la valeur absolue des talents, la trempe des caractères : les actes publics sont là, on se règle de loin là-dessus, à peu près, et il est hasardeux de conjecturer au-delà.
Fénelon n’était pas un flatteur ou il ne l’était qu’avec goût, lorsque dans son Mémoire sur les occupations de l’Académie française, et conseillant à la docte Compagnie de donner une Rhétorique et une Poétique, il disait : « S’il ne s’agissait que de mettre en français les règles d’éloquence et de poésie que nous ont données les Grecs et les Latins, il ne vous resterait plus rien à faire : ils ont été traduits… Mais il s’agit d’appliquer ces préceptes à notre langue, de montrer comment on peut être éloquent en français, et comment on peut, dans la langue de Louis le Grand, trouver le même sublime et les mêmes grâces qu’Homère et Démosthène, Cicéron et Virgile, avaient trouvés dans la langue d’Alexandre et dans celle d’Auguste. » Il y aurait à dire aux analogies, mais ce qui est certain, c’est que, s’il est naturel et juste de dire la langue de Louis XIV, il serait ironique et ridicule de dire la langue de Louis XV.
ici il y aurait toute une bataille en règle à livrer.
Règle générale : nous remarquons de prime abord les défauts de ceux qui entrent dans la vie et dans la carrière après nous ; les qualités, quand nous les reconnaissons, ne viennent qu’en second lieu.
Les règles militaires me prescrivent cependant, avant toutes choses, de ne m’arrêter sur rien qui puisse nuire au service ; ainsi je laisse ce prince à son camp de Saint-Paul avec une garde de 50 maîtres, espérant que Votre Excellence voudra bien obtenir un même nombre de troupes pour sa sauvegarde ; elle trouvera ci-joint le passeport nécessaire pour cette troupe ; et les officiers généraux de l’armée que j’ai l’honneur de commander sont instruits de la confiance avec laquelle je fais cette demande à Votre Excellence.
Moi-même, dans un exemple assez rapproché, je trouve que, quand la jeune Angélique entreprit sa réforme à Port-Royal, elle commença par rejeter le linge conformément à la règle, et par garder jour et nuit des vêtements de laine qui eurent bientôt mille inconvénients.
Leur règle n’a rien d’oppressif ni d’absorbant, elle respecte leur personnalité, laisse à chacun une très large initiative.
Si le gouvernement du monde était un problème spéculatif, et que le plus grand philosophe fût l’homme le mieux désigné pour dire à ses semblables ce qu’ils doivent croire, c’est du calme et de la réflexion que sortiraient ces grandes règles morales et dogmatiques qu’on appelle des religions.
Augier que la passion emporte au-delà des règles du duel dramatique.
Je ne saurais dire combien me paraît intéressant tout ce chapitre par le jour qu’il jette sur le procédé politique de Napoléon, sur le point fixe de sa croyance supérieure (croyance en Dieu), sur son indifférence profonde pour les articles secondaires et sur l’importance extrême qu’il affectait pourtant d’y attacher, en un mot, sur la règle de conduite qu’il regardait évidemment comme la seule loi des chefs d’empire, puisqu’il nous l’expose en termes si nets et si peu voilés.
Vous autres Anglais, disait-elle à Walpole, vous ne vous soumettez à aucune règle, à aucune méthode ; vous laissez croître le génie sans le contraindre à prendre telle ou telle forme ; vous auriez tout l’esprit que vous avez, si personne n’en avait eu avant vous.
L’ancienne tragédie française (je dis ancienne, parce qu’elle n’existe plus) avait ses règles, ses artifices, ses convenantes, que Racine surtout avait connus et portés à la perfection, et dont il était devenu l’exemplaire accompli La Harpe, après Voltaire, les entendait et les sentait plus que personne, et il est le meilleur guide en effet, du moment qu’on veut entrer dans l’économie même et dans chaque partie de ce genre de composition pathétique et savante.
Peu de jours après l’arrivée du maréchal de Berwick, pour mieux remercier Mme de Maintenon d’un tel secours, elle lui parle de Saint-Cyr, sachant que rien ne lui saurait être plus sensible et « connaissant la faiblesse des mères » : La reine a fort goûté toutes vos Règles de Saint-Cyr ; nos dames les veulent avoir, et je fais travailler à les traduire en espagnol pour leur donner cette satisfaction.
Énonçant les motifs, réels ou non, qu’il avait eus pour entrer dans la discussion, il alla droit, avant tout, à l’adversaire, et le frappant de l’épée au visage, selon le conseil de César, il le raillait sur cette prétention au patriotisme, au désintéressement et au bien public, de laquelle Beaumarchais aimait (et assez sincèrement, je le crois) à recouvrir ses propres affaires et ses spéculations d’intérêt : Tels furent mes motifs, s’écriait-il déjà en orateur, en maître puissant dans la réplique et dans l’invective ; et peut-être ne sont-ils pas dignes du siècle où tout se fait pour l’honneur, pour la gloire, et rien pour l’argent ; où les chevaliers d’industrie, les charlatans, les baladins, les proxénètes n’eurent jamais d’autre ambition que la gloire sans la moindre considération de profit ; où le trafic à la ville, l’agiotage à la Cour, l’intrigue qui vit d’exactions et de prodigalités, n’ont d’autre but que l’honneur sans aucune vue d’intérêt ; où l’on arme pour l’Amérique trente vaisseaux chargés de fournitures avariées, de munitions éventées, de vieux fusils que l’on revend pour neufs, le tout pour la gloire de contribuer à rendre libre un des mondes, et nullement pour les retours de cette expédition désintéressée… ; où l’on profane les chefs-d’œuvre d’un grand homme (allusion à l’édition de Voltaire par Beaumarchais), en leur associant tous les juvenilia, tous les senilia, toutes les rêveries qui, dans sa longue carrière, lui sont échappées ; le tout pour la gloire et nullement pour le profit d’être l’éditeur de cette collection monstrueuse ; où pour faire un peu de bruit, et, par conséquent, par amour de la gloire et haine du profit, on change le Théâtre-Français en tréteaux, et la scène comique en école de mauvaises mœurs ; on déchire, on insulte, on outrage tous les ordres de l’État, toutes les classes de citoyens, toutes les lois, toutes les règles, toutes les bienséances… Voilà donc Mirabeau devenu le vengeur des bienséances et des bonnes mœurs contre Beaumarchais, et Figaro passant mal son temps entre les mains du puissant athlète, qui le retourne et l’enlève de terre au premier choc.
Dans tous les conseils qui suivent, on peut vérifier à quel point ce charmant esprit si élevé était en même temps net et positif ; il donne la règle à suivre même pour les bons désirs, qu’il ne faut point perdre, mais « qu’il faut savoir serrer en quelque coin du cœur jusqu’à ce que leur temps soit venu. » Dans ses avis aux gens mariés, aux femmes, dans ses prescriptions sur l’honnêteté du lit nuptial, il est hardi, original et pur.
Il explique assez au long à Jordan les raisons qu’il a eues de faire sa paix séparément de la France, et il lui donne la clef de sa morale de souverain : chez un souverain, c’est l’avantage de la nation qui fait la règle et qui constitue le devoir : « pour y parvenir, il doit se sacrifier lui-même, à plus forte raison ses engagements, lorsqu’ils commencent à devenir contraires au bien-être de ses peuples ».
La conscience est donc une force organisatrice qui réagit sur les représentations et les ordonne selon une règle d’harmonie, comme un instrument façonné par un grand maître qui rejetterait de soi les discordances pour n’admettre que les accords.
On étonnerait fort Solon, fils d’Exécestidas, Zenon le Stoïcien, Antipater, Eudoxe, Lysis de Tarente, Cébès, Ménédème, Platon, Épicure, Aristote et Epiménide, si l’on disait à Solon que Ce n’est pas la lune qui règle l’année ; à Zenon, qu’il n’est point prouvé que l’âme soit divisée en huit parties ; à Antipater, que le ciel n’est point formé de cinq cercles ; à Eudoxe, qu’il n’est pas certain qu’entre les Égyptiens embaumant les morts, les Romains les brûlant et les Pæoniens les jetant dans les étangs, ce soient les Pæoniens qui aient raison ; à Lysis de Tarente, qu’il n’est pas exact que la vue soit une vapeur chaude ; à Cébès, qu’il est faux que le principe des éléments soit le triangle oblong et le triangle isocèle ; à Ménédème, qu’il n’est point vrai que, pour connaître les mauvaises intentions secrètes des hommes, il suffise d’avoir sur la tête un chapeau arcadien portant les douze signes du zodiaque ; à Platon, que l’eau de mer ne guérit pas toutes les maladies ; à Épicure, que la matière est divisible à l’infini ; à Aristote, que le cinquième élément n’a pas de mouvement orbiculaire, par la raison qu’il n’y a pas de cinquième élément ; à Epiménide, qu’on ne détruit pas infailliblement la peste en laissant des brebis noires et blanches aller à l’aventure, et en sacrifiant aux dieux inconnus cachés dans les endroits où elles s’arrêtent.
» Et lorsque l’on construisit l’église de Croissy, qui coûta deux cent mille francs, Augier tint à apporter son obole et m’envoya cinq cents francs… Il n’allait pas à la messe, il est vrai ; mais que de fois, il a donné le pain bénit… Un jour même, je m’en souviens, il blâma Victor Hugo de n’avoir pas voulu recevoir de prêtre à son lit de mort… » Aussi je suis persuadé que, s’il eût gardé sa connaissance, il eût été heureux de recevoir mes encouragements et mes exhortations au moment où il était rappelé vers un monde meilleur… » Les funérailles aux frais de l’État Les paroles si conciliantes et si prudentes du vénérable curé de Croissy, le souci que montra naguère l’illustre mort de s’opposer à la reprise du Fils de Giboyer, pour ne pas paraître s’allier au gouvernement républicain dans sa lutte contre le sentiment chrétien, cette vie de travail, de gloire et de probité, doivent, dans un journal catholique, épargner un blâme, si discret soit-il, à l’homme de génie qui meurt sans que les siens lui aient permis, dans un but que nous n’avons pas à juger, de mettre son âme en règle vis-à-vis de Celui dont émane tout génie.
La vie économique elle-même ne s’astreint pas étroitement à la règle de l’économie.
Quant aux questions d’intérêt c’est une cause de zizanie peu importante, étant donnée la constitution patriarcale de la famille indigène, où la qualité de chef est toujours déterminée par des règles précises.
Peu soucieux, d’ailleurs, de se contredire et de se prendre honteusement dans sa propre inconséquence, Saint-Simon ne craignit pas d’écrire que cet esprit foncièrement médiocre était capable de « se former et de s’élever…, qu’il voulait l’ordre et la règle…, qu’il était né sage, modéré, maître de ses mouvements et de sa langue, et le croira-t-on ?
Il a creusé profondément, il a saisi dans un recoin obscur une idée singulière, il l’a pressée dans ses mains tenaces, il l’a gardée sous sa prise, toute glissante qu’elle fût, il en a exprimé tout le suc, et, avec cette liqueur étrange, il est venu tout dissoudre, psychologie, logique, métaphysique, pour tout recomposer par de nouvelles règles et sur un nouveau plan.
On trouve un moyen toujours sûr de lui plaire en suivant sa volonté ; elle est aussi la règle de nos devoirs et la source de nos plaisirs. […] Catulle, à cet égard, ne fait point exception à la règle ; le cri de joie qu’il a poussé, à son retour de Bithynie, en revoyant son lac, son île, son royaume, n’atteste que la satisfaction de se reposer après les fatigues du voyage. […] Trop amis en toute chose de la servitude et de la règle, nous avons soumis l’art divin au joug d’une législation puérile. […] Règle générale : partout où M. […] Il n’y a point de règle sans exceptions, et M.
mais dans son fond, — est ce qui se rapproche le plus de la tragédie grecque ; et que plus d’une fois, dans sa Poétique, Aristote semble donner les règles mêmes du mélodrame. […] — j’entends amoureuse aimée..Vous sentez bien qu’il n’y a ici que des cas, mais pas de règle absolue. […] Ce pédantisme-là, ce n’est, après tout, que le contentement naïf de savoir certaines choses ; et c’est un peu d’entêtement sur certaines règles et certaines traditions. […] Il ne tient pas du tout à être « hors de la règle » quand il peut faire autrement sans se gêner. […] Car si Sonia s’est mise aussi hors de la règle, c’est en violant un devoir qui ne l’obligeait qu’envers elle-même : elle est, comme lui, dans l’exception ; mais elle y est restée inoffensive, pure de tout crime envers autrui.
L’Honneur, règle de la vie, l’Idéal, règle souveraine de ses inspirations, voilà bien, je crois, la double formule qui explique dans M. de Vigny l’homme et l’écrivain. […] Nous étions prévenus, la conscience du poète est en règle. […] Il ne parvint guère qu’à m’initier aux règles de la versification. […] Il était de règle au Caveau, cette académie chantante, que la chanson ne devait briller que par l’esprit et la gaieté ; c’était trop peu. […] L’homme ne peut lier l’homme qu’au nom de l’intérêt, et le droit social, ainsi considéré, n’est que la règle des besoins.
Voilà sur quels motifs je règle ma conduite. […] C’est aussi l’apologie, la justification très en règle, ce qui est odieux, du Don Juan gentilhomme qui porte le déshonneur chez un bourgeois et qui prétend que c’est un très grand honneur qu’il y porte réellement, et, à bien prendre les choses, Nous vous faisons, étant seigneur, En vous trompant beaucoup d’honneur. […] Dans ce premier âge, où, ne pouvant discerner encore le bien et le mal, elles ne sont les juges de personne, elles doivent s’imposer par là de ne jamais rien dire que d’agréable à ceux à qui elles parlent, et ce qui rend la pratique de cette règle plus difficile est qu’elle reste toujours subordonnée à la première qui est de ne jamais mentir. » Voilà donc la première qualité à développer chez les jeunes filles, contenue et réglée par ces deux lois : ne jamais rien dire que d’agréable ; ne jamais mentir. […] Suivons donc la nature, voilà pour Molière la règle des règles, j’entends celle qui règle les autres et à laquelle, donc, il faut qu’on les rapporte toutes… Peut-être est-il hasardeux de supposer que Molière ait choisi Angélique pour être l’interprète la plus fidèle et la plus exacte de sa pensée et pour formuler la règle des règles.
Sans doute il faut tenir compte de certains cas où la passion sincère et irrésistible emporte deux êtres l’un vers l’autre en dépit de toutes les lois, de toutes les règles et de toutes les conventions. […] Sardou appelle ses jeunes filles différaient en quoi que ce soit de l’éternelle ingénue qu’il est de règle de marier à la dernière scène de toutes les comédies et de tous les vaudevilles ! […] Comme ils n’ont pas de règle qui les dirige dans leur conduite, nous n’en avons pas non plus pour juger de cette conduite. […] Mais il se pourrait que les règles de la syntaxe correspondissent à des lois de l’esprit français, et qu’elles fussent fondées en nature. […] Il suppose toutes, les règles établies, tous les cas éclaircis.
Les femmes peuvent aimer cet excès de folie, qu’elles regardent comme le triomphe de leurs charmes ; mais, aux yeux des gens de goût et des connaisseurs, tout cela est aussi mesquin que contraire aux règles de l’art. […] Toutes les règles de l’art sont rigoureusement observées, et l’on n’aperçoit aucune trace de gêne ; rien n’est donné à l’effet, au prestige du théâtre. […] Par quelle règle de l’Art poétique est-il ordonné aux personnages tragiques de ne rien faire que de noble ? […] Si les règles de l’art dramatique pouvaient se perdre, on les retrouverait dans cette tragédie. […] Quoi qu’il en soit, ce double effort de son génie créateur n’est pas très glorieux : le genre épisodique est vicieux et contraire aux règles fondamentales de la poésie dramatique.
Règle générale, de nos jours, le modèle est une jolie fille, d’un âge allant de douze à vingt-cinq ans, qui n’entend rien à l’art, ce qui lui est égal, et qui ne se préoccupe que de gagner sept ou huit shellings par jour sans trop de peine. […] Mais, règle générale, les modèles anglais attendent patiemment à Londres le retour des artistes. […] Règle générale, les modèles sont absolument de notre siècle, et devraient être peints comme tels. […] Voilà ses règles est très beau, de même que le suivant, écrit aussitôt après avoir franchi la porte de la prison : Nu j’entrai dans le monde de plaisir, Et nu j’entre en cette maison de souffrance. […] Brander Matthews42 « Si vous tenez à ce que votre livre soit apprécié favorablement, faites vous une bonne réclame dans votre préface. » Telle est la règle d’or formulée pour servir de guide aux auteurs par M.
Selon lui, ses derniers préceptes ne sont que l’éloge et l’expression de ses vertus mêmes, et c’est dans l’honneur d’approcher Mme de Maintenon qu’il a trouvé la source de ces bienséances si délicates, réduites ici en règles et en principes. » C’est ainsi que les choses s’accommodent avec un peu de complaisance ; cet abbé Nadal faisait le prophète après coup. […] La règle, à mon gré, la plus certaine pour ne pas douter si une chose est en perfection, c’est d’observer si elle sied bien à toutes sortes d’égards ; et rien ne me paroît de si mauvaise grâce que d’être un sot ou une sotte, et de se laisser empiéter aux préventions.
Toute autre règle de jugement conduit nécessairement à l’erreur. […] Depuis l’idéal des arts jusqu’aux règles de la conduite, tout doit se rapporter à la foi religieuse, et la vie n’a pour but que d’enseigner l’immortalité.
Plus on étudie les races et les littératures latines par contraste avec les races et les littératures germaniques, plus on arrive à se convaincre que le don propre et distinctif des premières est l’art de développer, c’est-à-dire d’aligner les idées en files continues, selon les règles de la rhétorique et l’éloquence, par des transitions ménagées, avec un progrès régulier, sans heurts ni sauts. […] Il est trop théoricien, trop préoccupé des règles.
Cela ne suffit pas, repris-je ; qu’on aille chercher un notaire et des témoins ; je veux que le mariage soit en règle. […] Je fis ensuite creuser une fosse, dans laquelle je la fis transporter avec toutes les précautions possibles, et selon toutes les règles de l’art, ou celles que me dicta mon expérience ou mon imagination ; et, lorsque j’eus donné toutes mes instructions à mes travailleurs et à mes ouvriers, je me tournai du côté de mon fourneau, que j’avais fait remplir de cuivre et d’étain, selon les proportions.
c’est la règle qui devrait gouverner tous ceux qui veulent atteindre au véritable langage attique42: « On ne manquera pas, disait le Feuilleton, de remarquer dans les biographies qui viendront, plus tard, de cette artiste inimitable, qu’elle est morte un jour du mois printanier dont elle portait le nom, et que le marronnier du 20 mars, en signe de deuil, ne s’est pas couvert, ce jour-là, de ces fleurs accoutumées que le peuple de France acceptait comme un souvenir de la glorieuse et éphémère rentrée de son Empereur. […] on ne résistait pas à cet entraînement contenu dans les plus correctes limites ; au contraire, on s’abandonnait volontiers à cette force sincère, à cette passion naturelle, à cet entraînement, qui obéissent à toutes les règles du goût, du bon sens, de la grâce, du sentiment.
Si des règles de conduite presque identiques se tirent tant bien que mal de principes aussi différents, c’est probablement qu’aucun des principes n’était pris dans ce qu’il avait de spécifique. […] Vous n’éviterez pas la réglementation (vilain mot, mais qui dit bien ce qu’il veut dire, en ce qu’il met impérativement des rallonges à règle et à règlement).
Toute cette première partie de la vie et de la jeunesse de Madame serait curieuse et importante à bien établir : « J’étais trop âgée, dit-elle, quand je vins en France, pour changer de caractère ; la base était jetée. » Tout en se soumettant avec courage et résolution aux devoirs de sa position nouvelle, elle gardera toujours ses goûts allemands ; elle les confessera, elle les affichera en plein Versailles et en plein Marly, et cette cour, qui était alors la règle de l’Europe, et qui donnait le ton, aurait pu s’en choquer si elle n’avait mieux aimé en sourire.
Il y a des dissertations en règle où l’on traite des femmes qui ont pris le bonnet de docteur dans les universités ou collèges de Bologne et de Padoue, à partir d’une certaine Bitisia Gozzadina, célèbre au xiiie siècle, et qui, à vingt-sept ans, était docteur en droit civil et en droit canon4.
Il continuait de vivre ainsi de cette vie sans règle et sans excès apparent, lettré amateur, agréable à sa société, badin, d’une espièglerie spirituelle et vive, semblant avoir pris pour devise ce mot d’un poète : « Dilecto volo lascivire sodali », et, pour tout dire, le plus aimable des compagnons, lorsque arriva le grand événement qui l’arracha à la société, le plongea en d’inexprimables angoisses et l’amena graduellement, et par des épreuves douloureuses, à un état de rajeunissement et de maturité d’où sortirent des productions de génie.
» — Dès la fin du régime devenu trop asiatique de Louis XIV, un certain nombre de bons citoyens pensaient très sérieusement aux moyens de rétablir dans l’État une règle, une constitution reconnue trop absente, et dont les abus d’un long règne et les calamités survenantes faisaient sentir l’utilité.
Un gentilhomme du Midi, Gaspard de Tende, avait publié en 1660, sous le nom de sieur de L’Estang, un traité De la traduction, où il donnait les règles pour apprendre à traduire le latin en français.
La règle des vingt-quatre heures !
Aristote, je le pense, était un grand critique, et Lessing, et Schlegel, et Gœthe et Schiller lui-même : dites-leur donc d’appliquer dans l’art pour règle et pour mesure le principe du spiritualisme chrétien, c’est-à-dire un principe ascétique et qui appartient à un ordre tout différent !
Le comte, blessé du procédé, ayant consulté son père sur ce qu’il devait faire à cet égard : « Mon fils, lui répondit le prince, il faut savoir si le refus de M. de Choiseul est dans les règles, en ce cas vous n’avez rien à dire ; sinon, il est bon gentilhomme, et vous pouvez lui faire l’honneur de vous battre avec lui. » Tel était, sur ces dernières pentes de l’ancienne monarchie, un prince du sang, philosophe faute de mieux et comme pis-aller, le plus poli des gentilshommes, sans autre ambition définitive que celle de plaire, bien plus de Paris que de Versailles, les délices du Parlement, celui enfin que Mme de Boufflers sut retenir, captiver jusqu’au bout par les liens au moins de l’esprit et de l’affection, et qu’elle avait même espéré, à un moment, épouser.
., dont il ne parvînt à remettre la règle en vigueur, à résoudre ou à assoupir les différends.
Si Rousseau est la bête noire de Collé, Voltaire ne lui agrée guère davantage ; il ne se contente pas de le juger sévèrement à la rencontre, il avait entrepris une réfutation en règle de ses tragédies, et M.
Dans la confusion et le sauve-qui-peut de la retraite, toute règle, toute mesure d’administration, étaient humainement impossibles, et Smolensk, où l’armée avait espéré trouver une étape et un abri, ne fut qu’un cruel mécompte, une amère déception de plus ; les premiers arrivants avaient tout dévoré48.
La première règle à se poser, dans cette série recommençante, serait de se garder de cette sorte de sévérité qui naît moins du fond des choses que du contraste et du désaccord entre les espérances exagérées et le résultat obtenu.
Une connaissance générale des préceptes de la littérature suffit pour ne pas s’égarer, en se soumettant aux règles reçues.
Le théâtre formulait la vie (non pas seulement parce que ses costumes, même dans la tragédie, restaient ceux de la cour, mais) par sa conception, par ses règles, par sa langue, par les allusions qui transparaissaient : on donnait d’autres noms à Alceste, à Cinna, à Aman.
Le théâtre formulait la vie (non pas seulement parce que ses costumes, même dans la tragédie, restaient ceux de la cour), mais par sa conception, par ses règles, par sa langue, par les allusions qui transparaissaient : on donnait d’autres noms à Alceste, à Cinna, à Aman.
Homère, tel que Boileau, son admirateur, et Perrault, son dénigreur, s’accordent à se le représenter, est une sorte de poète de cabinet, calculant soigneusement ses effets et choisissant ses termes, un Virgile plus ancien, de qui l’on a le droit de réclamer la soumission aux règles et aux bienséances.
Le sacrement hospitalier n’avait son effet qu’accompli d’après certaines règles aussi strictes que celles des initiations.
Cependant, toute règle a ses exceptions, et celle que personnifie madame Huguet est d’une amère vérité.
Puis il passa à la littérature moderne, la compara à l’ancienne, se montra toujours le même en fait d’art comme en fait de politique, partisan de la règle, de la beauté ordonnée, et, à propos du drame imité de Shakespeare, qui mêle la tragédie à la comédie, le terrible au burlesque, il dit à Goethe : “Je suis étonné qu’un grand esprit comme vous n’aime pas les genres tranchés.”
Fier, ardent, impatient de l’injustice, profondément animé du sentiment de la dignité humaine, on le voit de bonne heure réagir sur lui-même, s’imposer des règles de conduite et d’étude, s’analyser, joindre la réflexion et la méthode aux premiers mouvements.
Elle a fait son éducation sous la fameuse Mme de Tencin, qui lui a donné pour règle de ne jamais rebuter aucun homme ; car, disait l’habile matrone, « quand même neuf sur dix ne se donneraient pas un liard de peine pour vous, le dixième peut vous devenir un ami utile ».
Son esprit qui, dans l’appréciation des faits eux-mêmes, se retrouvait positif et excellent, rectifia ses propres impressions anticipées, ou du moins les astreignit aux règles du bon sens et de la justice.
Il aime l’ordre, il en met partout. » Avec cette justice parfaite et cette bonté qui dérivait de la règle et du tempérament, il ne cessa de faire du bien dans ses alentours, et les gens de Montbard l’adoraient.
Il signale, à cette date, l’absence de toute règle et de toute direction dans les écoles du gouvernement : « En ne considérant que les résultats, on trouverait que le gouvernement paye aujourd’hui pour que l’on instruise des hommes qui deviendront de plus en plus difficiles à gouverner. » Toutes ces idées de M.
Frère lièvre règle ses dettes.
Je rentrai dans le bercail de la foi et je reconnus volontiers la toute-puissance de l’Être suprême, qui règle seul les destinées du monde et à qui j’ai confié aussi l’administration de mes propres affaires, fort embrouillées alors que je les gérais moi-même.
Il a trouvé sa règle et sa voie.
Faut-il répondre par une démonstration en règle à une espèce de question préalable que voudraient sans doute malicieusement soulever certains professeurs jurés de sérieux, charlatans de la gravité, cadavres pédantesques sortis des froids hypogées de l’Institut, et revenus sur la terre des vivants, comme certains fantômes avares, pour arracher quelques sous à de complaisants ministères ?
Il n’y chercha point la règle, mais l’occupation de sa vie.
Votre savoir n’a pas de force contre elle : elle pourvoit, elle juge ; elle règle son empire, comme les autres divinités disposent du leur.
Talmeyr, théorie dont les conclusions ne sont heureusement pas toujours une règle absolue. […] Le Pape seul debout, à la tête de la fédération des peuples, souverain de paix, ayant la simple mission d’être la règle morale, le lien de charité et d’amour qui unit tous les êtres. » Tout naturellement, si un individu vient vous proposer de détruire votre maison et vos meubles dans le but de vous installer plus confortablement, on a bien le droit de demander à cet individu comment il s’y prendra pour démolir et pour reconstruire ; les moyens proposés par l’abbé Pierre parurent très probablement trop radicaux aux cardinaux qui voulurent bien examiner en détail le livre condamné, et la sentence de la Commission de l’Index fut maintenue ; toujours acharné dans la voie qu’il s’était tracée, il obtient enfin une audience du Saint-Père qui tombe d’accord sur tous les points avec les juges et force le prêtre imprudent à renier son œuvre et à condamner toutes ses propositions. […] » Et la « soirée parisienne » qui nous montre les conditions faites par un monsieur louant une Bodinière pour y donner l’audition de ses poésies et, par traité avec un agent dramatique, réglant sa soirée comme on règle avec l’église pour un mariage et avec les pompes funèbres pour un enterrement. […] Vivre avec sa pensée, n’en rien laisser sortir qui ne soit conforme à une certaine idée que l’on ait en propre, c’est pour nous une règle de vie, c’est un devoir. […] Ils pouvaient commettre des fautes contre les règles de la stratégie, mais, ces règles, est-il bien utile de les connaître, si, en les suivant, on est battu, et si, en ne les suivant pas, on est victorieux Leurs adversaires ne se fussent point permis un mouvement qui n’eût été prévu par de bons auteurs, approuvé par les maîtres de l’art, tous hommes instruits et à ce point expérimentés qu’ils ne pouvaient plus même se tenir à cheval ; eux, ayant, en réalité, fait leur éducation militaire sur le champ de bataille en quelques jours à peine, suppléaient à cette science fort discutable par l’audace.
En tête de ce volume, la préface de Tanéhiko dit : « Les artistes qui dessinent librement sont d’ordinaire maladroits avec le compas et la règle, et ceux qui font des dessins géométriques ne savent pas dessiner librement. […] Ce qu’il y a de curieux dans le professorat d’art d’Hokousaï, c’est l’indépendance que prêche à ses élèves le maître indépendant, leur déclarant qu’ils n’aient pas à croire qu’il faut se soumettre servilement aux règles indiquées, et que chacun, dans son travail, doit s’en tirer selon son inspiration. […] Non, les lignes du dessin, ça consiste en des ronds et des carrés… Maintenant notre vieil Hokousaï, lui, a pris une règle et un compas, et c’est avec cela qu’il a dessiné toutes les choses pour en bien déterminer la forme : un procédé qui ressemble un peu à ce vieux moyen de tâtonner avec le pinceau-charbon (morceau de bois brûlé, du fusain). Or, celui qui apprendra à bien manœuvrer la règle et le compas, il pourra arriver à exécuter les dessins les plus fins et les plus délicats. Et à la fin du volume, ces lignes sont encore d’Hokousaï : Ce livre apprend la manière de dessiner au moyen du compas et de la règle, et celui qui travaillera à l’aide de ce moyen apprendra par lui-même la proportion des choses.
Ici, quelques historiens de Pocquelin6 prétendent le perdre de vue ; il vécut ignoré, disent-ils, pendant plusieurs années : je le vois cependant, dès l’année 1645, se mêler à des jeunes gens qui s’amusaient à jouer la comédie, d’abord sur les fossés de Nesle, ensuite au quartier Saint-Paul ; je le vois donner à ses camarades d’assez bons conseils, pour que leur réunion obtienne le titre de l’Illustre Théâtre ; pour qu’on leur confie des nouveautés ; pour que, fiers de leurs succès, ils osent élever un théâtre en règle, dans le jeu de paume de la Croix-Rouge, et pour que le public coure en foule payer leurs plaisirs. […] Les scènes. — Faites pour la plupart d’après des règles ignorées de beaucoup d’auteurs, elles ont toutes une exposition, un nœud, un dénouement. […] L’héroïne de Chappuzeau n’affecte que le ridicule de s’entretenir avec des savants ; celles de Molière poussent l’affectation jusque dans les conversations les plus familières, même avec leurs gens, et refusent la main de deux hommes aimables qui se sont écartés des règles prescrites dans les romans, en débutant par le mariage. […] À vous, surtout, comédiens qui, pour exciter le brouhaha, appuyez avec affectation sur le dernier vers… ; qui croiriez manquer aux règles de l’art, si, au lieu de parler humainement à votre capitaine des gardes, vous ne preniez pas un ton démoniaque. […] Je sais qu’un comédien qui, en parlant à son interlocuteur, le regarderait constamment entre deux yeux, ferait une des gaucheries les plus contraires à son art, parce que, dans le monde, ce n’est point l’usage ; parce que la partie des spectateurs à laquelle il tournerait le dos, ne pourrait ni l’entendre distinctement, ni voir l’expression de son visage ; mais je sais aussi que les acteurs, en pareil cas, ont, comme les peintres, la ressource des trois quarts : le Cléante dont je parle me semble négliger un peu trop cette règle.
D’autre part, l’individualisme partout déchaîné s’accommodait mal des contraintes qui continuaient de s’imposer à la scène ; on souffrait impatiemment le vieux joug ; on rêvait d’une littérature émancipée, où chacun n’aurait d’autre règle que sa fantaisie. […] Toute foule a son meneur : c’est une règle qui n’admet pas d’exception. […] Il ne dira jamais que ce qui lui viendra. » Sa fantaisie est son unique règle pour juger de tout ; et il n’avait pas besoin de nous en avertir : on s’en aperçoit de reste. […] Les mots ont un sens qu’il ne nous appartient pas de changer ; les phrases se construisent d’après les lois que nous sommes obligés de subir : la versification a des règles qui ne font que constater le lent et collectif travail des siècles. […] Son bon plaisir est sa règle unique en art comme ailleurs.
Pour eux le modèle idéal s’est déplacé ; il n’est plus situé parmi les formes, composé de force et de joie, mais transporté dans les sentiments, composé de véracité, de droiture, d’attachement au devoir, de fidélité à la règle. […] Le Parlement déclare que400, d’après l’Écriture, les dignités de prêtre et d’évêque sont égales, règle les ordinations, les convocations, les excommunications, les juridictions, les élections, dépense la moitié de son temps et use toute sa force à fonder l’Église presbytérienne. — Pareillement chez les indépendants, la ferveur engendre le courage et la discipline. […] Un pamphlet du temps demande la liberté de conscience, et tire ses arguments : « 1º De la parabole du blé et de l’ivraie qui poussent ensemble jusqu’à la moisson ; 2º de cette prescription des apôtres : Que chaque homme soit persuadé dans son propre entendement ; 3º de ce texte : Partout où manque la foi est le péché ; 4º de cette règle divine de notre Sauveur : Faites à autrui ce que vous voudriez qu’on vous fît à vous-mêmes408. » Plus tard, quand la Chambre en fureur veut juger James Naylor, le procès s’enfonce dans une interminable discussion juridique et théologique, les uns prétendant que le crime commis est une idolâtrie, d’autres qu’il est une séduction, chacun vidant devant l’assemblée son arsenal de commentaires et de textes409. […] Car nous n’en sommes pas convaincus si nous jetons l’œil sur nos personnes seulement, et que nous ne pensions pas aussi bien à Dieu, lequel est la seule règle à laquelle il nous faut ordonner et compasser ce jugement… (Et alors) ce qui avait belle montre de vertu se découvrira n’être que fragilité.
l’oraison et la règle suivie pour elle-même. » J’ai dit tout à l’heure que Paul Verlaine est un cynique. […] La règle première de ce régime est de se garder de ce que l’Église appelle les amitiés particulières. […] Renan s’appliqua tout particulièrement à observer cette règle. […] La règle des mœurs était le point sur lequel les bons prêtres de Tréguier insistaient le plus dans leurs sermons. […] Mais sa vie était si bien ordonnée et soumise à une règle si admirable qu’il put y mettre beaucoup d’œuvres et quelques distractions décentes.
Ecclésiastique ou séculière, nulle part on ne découvre de règle. […] C’est une règle infaillible que, chaque quinzaine, ou tout au moins chaque mois, chaque sorcière doit au moins tuer un enfant pour sa part. » Il y avait là de quoi faire claquer les dents d’épouvante. […] Comment ont-ils réussi, et quel est cet art nouveau qui foule toutes les règles ordinaires ?
Il a été pendant l’avant-dernière période d’anarchie intellectuelle le défenseur des règles classiques, de l’équilibre et de l’ordre. […] Mais le snobisme l’a consacré, et le bon goût, les règles les plus strictes de l’honnêteté veulent qu’on obéisse au snobisme. […] Jammes ignore la syntaxe, le français et les règles les plus élémentaires de la poésie.
Au premier signal des discordes et des déchirements civils, l’horreur et le dégoût le saisissent ; il veut fuir, il ne peut habiter dans le désordre et dans le sang ; il est prêt à renoncer même à la patrie pour retrouver la paix, la règle, la sécurité et la décence de la vie.
Ce sont ses mémoires à bâtons rompus, ses confessions : Je ne me suis laissé aller, dit-il, à composer de pièces et d’idées détachées ce recueil historique, moral et philosophique, que pour ne pas perdre les petits traits épars de mon existence ; ils n’auraient pas mérité la peine d’en faire un ouvrage en règle, et je ne donne à ce petit travail que des minutes très rares et très passagères, croyant devoir mon temps à des occupations plus importantes.
De tout cela il lui a résulté peu de soif de la justice, et comme il ne se commande rien à lui-même, par facilité de vivre et par habitude de suivre ses penchants, il ne s’est formé aucuns principes de morale, de justice, ni de droit public ; il ne voit ces règles qu’à mesure des occurrences et de l’offre de chaque espèce, ce qui rend nécessairement cette conduite fautive et peu profonde, n’étant conduite que par l’esprit.
Les jeunes gens recevaient dans cette maison les principes d’opposition à l’autorité, qu’ils répandaient dans d’autres sociétés, et qui devinrent la règle de leur conduite.
Pour moi, sans me faire plus indifférent ni plus sévère qu’il ne me convient sur Villon, je me contenterai, après cette lecture, de reconnaître en lui un des plus frappants exemples de ces natures à l’abandon, devenues étrangères à toute règle morale, incapables de toute conduite, mais obstinément douées de l’étincelle sacrée, et qui sont et demeurent en dépit de tout, et quoi qu’elles fassent, des merveilles, presque des scandales de gentil esprit, et, pour les appeler de leur vrai nom, des porte-talents ; car ne leur demandez pas autre chose, elles ne sont que cela.
Dès qu’il voit un sujet qui lui dit quelque chose, il s’en empare, et nous sommes encore à examiner si ce qu’il traite est réellement beau, digne d’éloge ou de blâme, qu’il a déjà fini et est depuis longtemps occupé à quelque œuvre nouvelle ; c’est un homme qui vous déroute complètement dans toutes vos règles de jugement esthétique.
Je maintiens donc, avec quelques-uns de mes confrères d’aujourd’hui, qu’il y a de certaines règles pour faire le siège d’un écrivain et de tout personnage célèbre ; s’il est mieux de les dissimuler et d’en dérober aux yeux l’appareil, il est bon toujours et essentiel de les suivre, Nous avons vu, dans la personne de M.
Mais, ici, l’instituteur et promoteur poétique est plus voisin de l’inspiration puisée aux sources : Boileau serre de plus près la règle, curieux et jaloux de l’exprimer avec élégance.
Ces vers sont du vieux poëte Mellin de Saint-Gelais, avant la règle des rimes féminines et masculines.
Le bon goût spirituel règle l’exécution ; mais ce n’est qu’ardeur et feu dans la recherche.
Esprit consciencieux, attentif jusqu’au scrupule, des plus constants et des mieux en règle avec lui-même, s’il semble un peu plus lent à partir, il ne recule jamais et ne revient guère sur ses pas.
Chacun des dix livres de M. de Saint-Priest mériterait les frais d’un siége à part, d’un siége en règle, dirigé par un homme du métier ; même là où il y aurait capitulation, elle ne serait pas sans honneur, et l’on en sortirait avec bien des idées de plus.
Trois ou quatre fois l’auteur de l’Histoire de Sibylle a prétendu nous démontrer qu’il n’y a point, en dehors des croyances chrétiennes, ou tout au moins en dehors des croyances spiritualistes (et je ne sais si je ne lui prête pas cette concession), de règle de vie qui puisse résister à l’assaut des passions.
Je n’irai pas jusqu’à dire avec La Bruyère que « les enfants des dieux se tirent des règles de la nature, que le mérite chez eux devance l’âge et qu’ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance ».
Elle règle l’ordre des récits, elle discute les points délicats, elle décide les difficultés d’amour et de morale ; sa gravité, sa réputation de vertu, donnent beaucoup de poids à ses avis.
Et en effet, pour que nous puissions appliquer à un continu la règle que j’ai exposée plus haut et par laquelle on peut reconnaître le nombre de ses dimensions, nous devons nous appuyer sur ce fait que deux éléments de ce continu tantôt peuvent et tantôt ne peuvent pas être discernés.
Mais le penseur qui va droit à l’idée, ou le plus droit qu’il est humainement possible, comment l’amener à s’astreindre aux règles particulières ?
Je n’étais pas à la séance quand l’affaire est revenue ; je crois que les règles établies ne vous ont point permis d’accepter.
Qu’on parcoure, en un mot, tous les genres littéraires ; tous laissent voir une pensée enchaînée aux principes dont le Concile de Trente a fait la règle des catholiques.
C’est la loi, c’est la règle, c’est le phénomène fatal et sacré de la nature.
Cette règle, non écrite, mais de bon usage, M.
Les décisions de ceux qui l’ont élevée sont devenues des principes et des règles pour elle, sur lesquelles son esprit n’a jamais formé le moindre doute ; elle s’est soumise une fois pour toutes.
J’ai entrepris de te donner en vingt-cinq pages toutes les règles essentielles de la langue française, de t’en expliquer toutes les difficultés, de t’en énoncer les exceptions principales d’une manière aussi exacte que concise, et je crois y avoir réussi.
Pierre Dupont sentit en lui le démon plus fort que la règle ; il brisa ou délia sa chaîne légère, je ne l’en blâme pas ; il voulut être tout à fait libre et indépendant, sans rester moins reconnaissant du passé.
Peu s’en faut que Mlle de Scudéry n’y prêche l’observation de la nature : elle fait débiter au poète Anacréon presque d’aussi bonnes règles de rhétorique qu’on en trouverait chez Quintilien.
L’air et le ton léger dont de vieux libertins savent tourner en badinage les scrupules de la vertu, et en ridicule les règles d’une honnêteté délicate, font que l’on s’accoutume à ne pas y attacher une sérieuse importance.
Règle générale : les nations que les rois assemblent et consultent commencent par des vœux et finissent par des volontés.
Appliquez cette règle au Génie du christianisme, et vous verrez qu’il résiste. » L’esprit de parti, chez La Harpe, ne nuisait pas à cette équité finale.
Entre lui et Prié, c’est une guerre à mort ; il se figure que l’Europe entière est attentive à ce démêlé et à l’éclat qu’il en a fait : Je dois songer à la grande affaire qui est de vaincre, écrivait-il à un ami de Bruxelles pendant sa détention au château d’Anvers (16 septembre 1724) ; le moyen que j’ai pris et mes mesures m’y conduisant tout droit, il n’importe pas si cela se fait exactement suivant le goût et la règle des cours, puisqu’un homme de courage hasarde volontiers une petite mortification de la part de son maître pour arriver à un plus grand bien, et qu’il doit suivre sans aucun égard les routes les plus courtes, pourvu que ce soient celles des gens de bien, quand on y devrait chiffonner sa perruque, déchirer ses habits, perdre son chapeau et le talon de ses souliers en sautant les fossés… Au reste, si vous lisez attentivement mes lettres à Sa Majesté, vous verrez qu’elles présagent les pas que j’ai faits avec toute la franchise d’un soldat qui ne craint rien, pas même son maître, quand il y va de son honneur, que je n’ai jamais engagé ni n’engagerai de ma vie à aucun des rois de la terre.
En récidivant il abuse, il généralise, il a du système ; il fait un monde à l’envers d’un bout à l’autre, un monde que son Figaro règle, régente et mène.
Elle cherchera partout l’écho, partout la vie d’hier ; et elle s’inspirera de tous les souvenirs et des moindres témoignages pour retrouver ce grand secret d’un temps qui est la règle de ses institutions : l’esprit social, — clef perdue du droit et des lois du monde antique.
Sans pousser la règle à l’absolu et sans requérir le secours précaire des comparaisons, on dira plus nettement que la phrase est une suite de mots liés entre eux par un rapport logique.
. — Ce qui est aux yeux de Guyau la règle suprême . de l’art, c’est cette qualité morale et sociale par excellence : la sincérité ; si donc il attache à la forme une très grande importance, il ne veut point qu’on sépare la forme du fond.
De là vient que nous admirons dans ses admirables épîtres une certaine vertu plus qu’humaine, qui persuade contre les règles, ou plutôt qui ne persuade pas tant qu’elle captive les entendements, qui ne flatte pas les oreilles, mais qui porte ses coups droit au cœur.
La portée commune de l’esprit humain est la règle d’une éducation publique.
Ils ont des règles qui les tuent.
Russolo, l’inventeur des bruiteurs futuristes, a créé une capote métallique qui augmente les bruits du moteur et un échappement qui en règle la sonorité, sans en modifier la force.
Mais l’exception ne fait ici que confirmer la règle.
Ainsi nous entassâmes d’abord dans la nôtre, sans règle et sans choix, toutes les richesses qui s’offrirent à nous ; à peu près comme l’indigence avide se précipite sur des trésors qu’elle rencontre, et dans le premier moment ne peut distinguer ce qui convient à son caractère ou à ses besoins.
Cela rentre dans la règle probable de la constance universelle, de la permanence des lois et des rapports, constatables ou devinables sous la variété des formes et la diversité des apparences. […] Ils sont toujours valables : « Qui discute en alléguant l’autorité ne fait pas preuve de génie, mais plutôt de mémoire. » « Mes preuves sont nées de la simple expérience, mère de toute évidence et vraiment l’unique et vraie maîtresse. » « Avant de faire état d’une règle générale, on répétera deux et trois fois l’expérience, en observant chaque fois si les mêmes effets se reproduisent dans le même ordre. » Joignons-y quelques aphorismes d’une grande plénitude de sens : « Toute action naturelle a lieu par la voie la plus brève. » « Le mouvement est la cause de toute vie. » « La douleur est la salut de l’organisme. » « Toutes nos connaissances nous viennent du sentiment. » Si par sentiment il faut entendre la sensibilité, les sens, voilà une devise à la fois tout antique et toute moderne. […] Selon la plupart des religions, Dieu ou les dieux ont établi des règles morales, et quand les hommes violent ces règles, ils sont châtiés. […] Cependant si le fait pressenti est un fait très agréable ou très désagréable, un fait dont la réalisation nous causerait une émotion vive, nous verrions que c’est la non-réalisation qui est la règle, parce que notre désir ou notre peur ont fortement troublé nos facultés. […] Pour les exceptions et toutes les règles exogamiques, voir : A.
Il fut toujours docile aux règles de la métrique ancienne ; et, s’il rechercha les sentiments rares, il ne voulut employer à les rendre que les moyens habituels. […] Mais, fidèle ainsi que Verlaine aux règles du Parnasse, il sut pourtant donner à ses vers un son de mélancolie contemplative qu’on n’entend pas ailleurs. […] Jules Renard était fidèle aux justes règles de la syntaxe, qui sont les lois de la logique, et voilà tout. […] Ce déroulement se fait selon d’incontestables règles. […] Le canon de la beauté picturale et sculpturale est constitué ; les règles sont formulées.
La première règle de cette méthode, c’est que l’artiste doit se borner à représenter, sans prétendre à conclure… L’artiste est dans le monde comme le Dieu de Spinoza. […] Dès ses débuts, il a cherché une discipline et une règle de vie. […] Ceux-ci avaient probablement raison dans la pratique, et l’on a noté que tous les économistes désapprouveraient la règle primitive de saint François. […] Il a, toute sa vie, cadencé des poésies authentiques, des poésies en vers, selon toutes les règles de la prosodie, avec une aisance et une habileté infatigables. […] Cependant tous les genres ne conviennent pas également à tous les esprits, et si la spécialisation ne doit pas s’ériger en règle absolue, elle a souvent son utilité.
Malot n’en dira pas avec moins d’assurance que « ce sont là des règles physiologiques que la science a formulées en se basant sur l’expérience » ; et nous aurions mauvaise grâce à ne pas avouer qu’il en a fait lui-même, de ces règles ou de ces lois, le plus heureux usage, et le plus inattendu ! […] Mais, incontestablement, c’est sur l’état de l’opinion et sur le mouvement de la curiosité qu’il règle lui-même ou qu’il croit régler son article ; et son principal souci, c’est de donner une forme, une figure, une voix à ce que pense, comme lui, toute une catégorie de lecteurs. […] Balzac n’est guère que ce qu’on appelle de nos jours un tempérament, une nature, une force presque inconsciente, qui se déploie au hasard, sans règle ni mesure, également capable de produire le Cousin Pons ou Eugénie Grandet, et de se dépenser dans des mélodrames judiciaires, non moins hideux que puérils, tels que la Dernière Incarnation de Vautrin. […] La morale de l’auteur d’Adam Bede ne règle pas dogmatiquement le devoir une fois pour toutes, sans égard aux occurrences, mais elle attend aux occurrences, et fait l’application du principe selon les cas. […] Ils ont tort, parce que des principes y sont enveloppés, et qu’en somme, de ces principes, il découle des règles ou des conseils pour la direction de l’effort, pour la discipline de l’esprit et, si, l’on veut bien me passer l’expression, pour l’aménagement du talent.
De là, dans leurs poésies, ces profondes études des ressources de la langue, à côté d’une étrange facilité à mettre les mots les premiers venus ; de là cette vigoureuse sévérité de facture, à côté d’un dédaigneux oubli des règles de la prosodie ; de là le manque d’unité dans leur style. […] La raison, c’est-à-dire ce sens supérieur qui nous fait distinguer le vrai du faux, le général du particulier, la règle de l’exception, voilà la maîtresse des œuvres de l’esprit en France, voilà ce qui donne un caractère si pratique à la littérature française. […] Byron, par l’affectation d’une liberté illimitée d’esprit, d’opinion, de croyances, de conduite, par son scepticisme effronté, par son ironie amère, par son mépris du bien et du mal, a secoué profondément une société garrottée de règles, de formes, d’inégalités oppressives, décorées du nom de convenances.
La poétique de ce répertoire exige que l’homme qui aime, passé quarante ans, soit ridicule et soit bafoué ; et Molière n’a point voulu qu’Arnolphe échappât à la règle. […] Ce que Diderot a de commun avec les romantiques, c’est la haine de la tragédie, et de la tyrannie des règles et des genres consacrés ; mais il eût réprouvé le mélange du tragique et du grotesque, et les vers, et le lyrisme. […] Mais cela leur vient un peu plus simplement, — quand cela leur vient, — si cela leur vient jamais (car la règle, ici, c’est l’aventure de Nana et de Zizi). […] Car elle joue avec toute son âme, elle se livre tout entière, éperdument, et cependant elle reste assez maîtresse d’elle-même pour imposer à sa diction et à sa mimique la règle de la beauté. […] » Au fait, pourquoi cette exception à la règle qui interdisait, cette année, aux candidats de choisir leurs morceaux dans le répertoire des auteurs vivants ?
Mais ce qui intéresse avant tout dans ce petit volume, c’est Aïssé elle-même et son tendre chevalier ; la noble et discrète personne suit tout d’abord, en parlant d’elle et de ses sentiments, la règle qu’elle a posée en parlant du jeu de certaine prima donna : « Il me semble que, dans le rôle d’amoureuse, quelque violente que soit la situation, la modestie et la retenue sont choses nécessaires ; toute passion doit être dans les inflexions de la voix et dans les accents. […] C’est une de ces lectures que volontiers on conseille et l’on procure aux personnes qu’on aime, à tout ce qui est digne d’apprécier ce touchant mélange d’abandon et de pureté dans la tendresse, et de sentir le besoin d’une règle jusqu’au sein du bonheur.
dirons-nous, et dira comme nous quiconque ne se règle pas sur le paraître. […] L’antiquité, la sagesse de leurs pères, étaient pour eux la règle infaillible.
Le privilège de la femme que nous aimons plus qu’elle ne nous aime est de nous faire oublier à tout propos les règles du bon sens. […] Je n’avais que trois francs par mois pour mes menus plaisirs, somme qui suffisait à peine aux plumes, canifs, règles, encre et papier dont il fallait nous pourvoir.
Règles et exemples de la description sympathique. — De l’abus des descriptions. […] C’est ainsi qu’indirectement la folie de Rousseau a servi la vérité dans l’art, et que son insociabilité maladive a conduit les Bernardin de Saint-Pierre, les Chateaubriand et les Lamartine à imaginer des types littéraires nouveaux, plus sympathiques, doués de sentiments plus profonds et plus simples tout ensemble, enfin une nouvelle cité de l’art, avec des lois plus conformes aux règles éternelles de la vie.
La prosopopée est donc une parole intérieure morale fictive, à laquelle, par une nouvelle fiction, l’orateur ou l’écrivain refuse l’intériorité, pour l’attribuer à une personnalité étrangère, soit humaine, soit divine, soit abstraite, soit indéterminée, dans laquelle enfin l’impératif moral est complété par une démonstration tantôt concise, tantôt développée selon les règles de l’art. […] Le mot voix n’a pas échappé à cette règle générale.
il semble que nous tenions à sauvegarder le principe du mécanisme, et à nous mettre en règle avec les lois de l’association des idées. […] Nous voyons que l’hylozoïsme antique, premier développement de cette conception de la causalité, expliquait la succession régulière des causes et des effets par un véritable deus ex machina — c’était tantôt une nécessité extérieure aux choses et planant sur elles, tantôt une Raison interne, se guidant sur des règles assez semblables à celles qui dirigent notre conduite.
Il ajouta : « Je ne veux point décider s’il faut une religion aux hommes…, s’il faut créer pour eux des illusions et laisser des opinions erronées devenir la règle de leur conduite. […] Jadis les chevaliers errants protégeaient les dames ; aujourd’hui c’est aux dames à protéger les chevaliers errants : ainsi, trouvez bon que je me place sous votre suzeraineté. » « … Je gémis comme vous de cette folle obstination de notre ami — , qui aime mieux manquer de tout à Paris que d’être ici à sa place, au sein d’une grande et honorable aisance ; mais regardez-y bien, vous y verrez la démonstration de ce que j’ai eu l’honneur de vous dire mille fois : je suis moins sûr de la règle de trois, et même de mon estime pour vous, que je ne le suis d’un profond ulcère dans le fond de ce cœur plié et replié, où personne ne voit goutte. […] Voir l’étude sur le comte Xavier de Maistre, insérée dans la Revue des deux Mondes, numéro du Ier mai 1839 ; on ne l’a pas mise dans ce volume, d’après la règle qu’on s’est posée de n’y pas faire entrer de vivants. — (Cette étude sur le comte Xavier est entrée depuis dans le tome II des Portraits contemporains, 1846.)
En sa qualité d’animal raisonnable, le poète observe d’ordinaire les règles communes de la raison, comme celles de la grammaire ; non en sa qualité de poète. […] Nous savons tous des vers immortels qui n’ont de musique que ce qu’en exigent les règles de la prosodie. […] Encore s’il observait les lois de son monde géométrique, les règles du discours de la méthode ; encore si, dans le domaine des faits tangibles, palpables, il n’affirmait rien qu’à bon escient.
Observer la vie un peu de loin, sans prendre part au combat des intérêts, comme s’il s’agissait d’une autre race, c’est la première règle de l’écrivain réaliste ; il ne doit mettre aucune passion dans ses peintures. […] L’intention de faire des vers d’une forme nouvelle me paraît évidente dans ce morceau unique ; les assonances, heureuses et non de hasard, en témoignent : pourpres-sourdre ; terribles-marines ; thyrse-triste ; plages-aromates, ― et, comme Mikhaël connaissait l’ancienne poésie française et les règles précises de la vieille assonance, il a voulu les respecter dans cet essai, qui, malgré sa brièveté, est, à ce point de vue, remarquable. […] Quoi que l’on ait dit le second des Goncourt était peut-être le moins âpre des deux, en même temps que le moins esclave des règles réalistes ; dans les œuvres qu’il signa seul, le ton est plus uniforme, la tendresse plus profonde, la pitié plus humaine : peu de livres sont aussi touchants que les Frères Zemganno et peu sont plus poignants que la Fille Elisa. […] Ils conquirent pour eux, ensuite pour tous les talents, le droit à la personnalité stricte, le droit à l’égoïsme artistique, le droit pour un écrivain de s’avouer tel quel, et rien qu’ainsi, sans s’inquiéter des modèles, des règles, de tout le pédantisme universitaire et cénaculaire, le droit de se mettre face à face avec la vie, avec la sensation, avec le rêve, avec l’idée, de créer sa phrase ― et même, dans les limites du génie de la langue, sa syntaxe.
Impitoyable pour toutes les infractions aux règles de l’élégance. […] Mais M. d’Argonne rechigne, invoque des prétextes, l’exemple des autres, les règles du bon goût : « Voyons ! […] Au cours oral, selon les règles de la bonne pédagogie, succèdent les leçons de choses. […] Lorsqu’on est ainsi en règle avec soi-même, c’est une joie profonde que de remplir ses devoirs envers ses semblables. […] Cette formule est contraire aux règles les plus élémentaires du protocole.
Brunetière l’attaquait selon les règles de la stratégie ; et lui harcelait l’assaillant. […] France, d’ailleurs, ne jure pas fidélité à la règle de Saint-Benoît et ne consent à l’obédience que dans une abbaye de Thélème où il promet plus de piété que de foi résolue. […] Tant que j’ai obéi à ses règles, elle m’a laissé pauvre ; le jour où, sautant les barrières, j’ai changé de chemin, c’est elle encore qui s’opposait à mon passage. […] Révolution des cœurs que nul ne reconnaît plus : tous sont arrachés par elle aux habitudes, aux lois, à la règle. […] Il le fait avec une simplicité qui est son goût, sa règle et son art.
Barbey a très clairement discerné une règle essentielle de ces sortes de compositions. […] Une autre règle du roman historique, c’est qu’il soit doublé d’une documentation très exacte et que cependant il soit un roman, c’est-à-dire une évocation animée et colorée. […] Il finit par la servir, comme tant d’autres, avec l’espérance, aussitôt trompée, — c’est la règle, — de l’améliorer. […] À son oncle maternel, et plus encore au souvenir de son grand-oncle, il demandait des conseils et une règle de vie. […] Il sait et il pratique la règle formulée plus tard avec ingéniosité par Banville, l’importance dans les vers français de ce mot final, celui qui frappe l’oreille davantage.
C’est pourquoi les révolutions littéraires qui se sont faites souvent ailleurs, en Angleterre par exemple, au nom de la règle contre la licence, se sont faites plus souvent chez nous au nom de la liberté contre la règle. […] Ce n’était tout à l’heure que l’ignorance des règles élémentaires de la critique historique : c’en est ici le parfait mépris. […] Mais il investit la place, conformément aux règles de l’art, par des approches successives et des cheminements réguliers, toujours les mêmes. […] Nul, pas même Aristippe, n’a pu formuler une doctrine des mœurs, c’est-à-dire proposer aux hommes une règle de conduite, qui ne procédât d’une certaine idée qu’il se faisait de la nature et de la fin de l’homme. […] Pour discret que soit le rapprochement, — et sans rechercher si quelqu’un ne serait pas venu le rendre inacceptable en y appuyant, et d’une indication fugitive tirant une comparaison dans les règles, — je crains qu’on ne soit dupe ici d’une illusion ou plutôt d’un mirage.
On appelle d’ailleurs point de maturité de la langue un moment d’équilibre entre la création spontanée et la règle commençante, qui dure juste le temps d’une génération. […] Une seule exception, et qui confirmait bien la règle : Sarcey. […] » Brunetière finit par se convertir à Balzac, mais en 1880 il écrivait de lui : « Une force inconsciente, qui se déploie au hasard, sans règle ni mesure… l’un des pires écrivains qui jamais aient tourmenté cette pauvre langue française. […] On ne peut pas considérer un problème philosophique indépendamment de la manière dont l’humanité l’a posé, de l’inflexion que le temps lui a donnée, du dialogue dans lequel il est pris, des règles du jeu que suit une partie jamais terminée.
Vielé-Griffin se permet de protester contre les règles conventionnelles fixées par l’école parnassienne, parce qu’une école n’est jamais qu’une position, qu’un point de vue. […] Nous pouvons regretter, par exemple, que le xviieº siècle, malgré toutes ses richesses d’art et ses beautés littéraires, ait, comme le disait Boileau à Brossette, « coupé la gorge à la poésie », ou tout au moins étroitement muré le lyrisme dans des règles étouffantes. […] Le premier, par des règles trop statiques, arrêtait l’élan du vers et, sous son gouvernement tyrannique, la césure frappa la poésie d’une monotonie désespérante. […] Sans s’être concertés avec les impressionnistes, et après eux, les symbolistes tentaient un grand effort pour s’affranchir de règles conventionnelles et palpiter à l’unisson de la conscience de l’univers. […] Malgré les récents travaux suscités par l’emploi de ces cadences flexibles, je crois qu’il est encore impossible à cette heure d’enfermer en des règles fixes notre prosodie, pour toujours affranchie des canons statiques.
« En France, dit-il, l’administration forme dans l’État et en quelque sorte en dehors du souverain un corps particulier qui a ses habitudes spéciales, ses règles propres, ses agents qui n’appartiennent qu’à elle, de telle façon qu’elle peut pendant un certain temps présenter le phénomène d’un corps qui marche après que la tête s’en est séparée. » Rien de plus vrai et rien de plus considérable comme conséquence. […] Elle consiste, on le sait, en ceci : rien dans l’état actuel n’indique, ne règle, n’établit la quantité de chose à produire, la quantité de travail à faire utilement, ni, par conséquent, la valeur du travail. […] Le chef de travail a donc toujours une tendance à produire trop ; c’est même une bonne règle industrielle. […] La surproduction est donc une règle en industrie. […] C’est pour cela qu’« économistes et socialistes poursuivent également un but impossible à atteindre : les premiers, en appliquant à la société les règles de l’économie privée », en croyant qu’il suffît de travailler et d’épargner, ce qui dans la famille amène à l’aisance et, pratiqué par tout un peuple, amène, par une concurrence effrénée, à une surproduction formidable et par la surproduction à la misère ; « les seconds, en appliquant à la société les règles de la fraternité privée », en croyant qu’il suffit de mettre tout en commun et de compter les uns sur les autres, ce qui dans la famille, grâce à l’affection mutuelle, est quelquefois possible et alors excellent, et ce qui dans tout un peuple, cette affection mutuelle faisant défaut, est absolument chimérique, détendrait tout ressort, ferait des plus énergiques des endormis et amènerait, par une sorte de cachexie, à l’universelle misère.
Descartes ; que notre médecine commune ne vaut rien ; qu’il faut des remèdes nouveaux et des règles nouvelles ; que tous les médecins d’aujourd’hui ne sont que des pédants avec leur grec et leur latin… Bourdelot, on l’entrevoit, a pu lui dire quelques bonnes vérités, mais un peu trop neuves, et qui lui ont paru des scandales.
C’est dans cette discussion du Code civil que Bonaparte, étonné de la force, de la logique et de l’activité de pensée, de la profonde science de Tronchet, jurisconsulte octogénaire, l’étonne bien plus lui-même par la sagacité de son analyse, par le sentiment de justice qui lui fait chercher la règle applicable à chaque cas particulier ; par ce respect pour l’utilité publique et pour la morale qui le fait poursuivre toutes les conséquences d’un principe de législation ; par cette sagesse d’esprit qui, après l’examen des choses, lui laisse encore le besoin de connaître l’opinion des hommes de quelque autorité, les exemples de quelque poids, la législation actuelle sur le point en question, la législation ancienne, celle du Code prussien, celle des Romains ; les motifs et les effets de toutes.
On ne suivit pas exactement la méthode de l’art dans l’attaque, et, sentant de la mollesse dans les assiégés, Villars passa sur quelques règles que le corps du génie a coutume d’observer.
Ayant beaucoup écrit depuis plus de trente ans, c’est-à-dire m’étant beaucoup dispersé, j’ai à me recueillir avant d’aborder un enseignement proprement dit, et à poser quelques règles ou principes, qui marqueront du moins la direction générale de ma pensée ; j’en ai besoin, pour qu’il n’y ait entre nous aucun malentendu, et que ma parole puisse aller ensuite devant vous avec d’autant plus de liberté et de confiance.
Haupt, qui supprime toujours la virgule entre deux phrases ou membres de phrase unis par une conjonction copulative : le meilleur parti serait, ce me semble, de se conformer aux règles des Anciens. » Ce n’est pas sans quelque chagrin que j’enregistre de semblables aveux.
Pour juger des événements, il faut aujourd’hui recourir à d’autres règles, à d’autres principes que ceux d’une politique mondaine.
Ils ont vérifié en un certain sens ce qui est dit de l’éloquence dans le Dialogue des orateurs ; « Nostra civitas donec erravit, donec se partibus et dissensionibus et discordiis confe-cit, etc. » — « Il en fut de même de notre république : tant qu’elle s’égara, tant qu’elle se laissa consumer par des factions, par des dissensions, par la discorde ; tant qu’il n’y eut ni paix dans le forum, ni concorde dans le sénat, ni règle dans les jugements, ni respect pour les supérieurs, ni retenue dans les magistrats, elle produisit une éloquence sans contredit plus forte et vigoureuse, comme une terre non domptée qui produit des herbes plus gaillardes… » Cela ne s’applique guère à l’éloquence de ces modernes qui, si l’on excepte Retz, n’avaient pas eu proprement à exercer leur talent d’orateur ; mais cela est vrai de leur élocution, de leur langue ; ils l’avaient étendue, élargie, assouplie, fortifiée en toutes sortes de relations et de rencontres bien autrement qu’en restant dans un salon comme à l’hôtel Rambouillet, ou dans un cabinet d’étude, comme un Conrart et un Vaugelas.
On fit courir dans le temps divers bruits contradictoires, et quelques personnes prétendaient qu’il avait redoublé de frayeur aux approches suprêmes : « S’il a eu, comme on vous l’a dit (écrivait Bossuet à la sœur Cornuau), de grandes frayeurs des redoutables jugements de Dieu, et qu’elles l’aient suivi jusqu’à la mort, tenez, ma fille, pour certain que la constance a surnagé, ou plutôt qu’elle a fait le fond de cet état. » Peu de temps après cette mort, le même Bossuet, qu’on ne se lasse pas de citer et dont on n’a cesse de se couvrir en telle matière, posait ainsi les règles à suivre et traçait sa marche à l’historien d’alors, tel qu’il le concevait : « Je dirai mon sentiment sur la Trappe avec beaucoup de franchise, comme un homme qui n’ai d’autre vue que celle que Dieu soit glorifié dans la plus sainte maison qui soit dans l’Église, et dans la vie du plus parfait directeur des âmes dans la vie monastique qu’on ait connu depuis saint Bernard.
Laisné, et ce travail le formait aux règles de l’orthographe et de la langue.
Les habitudes intérieures du devoir, de la règle morale, ont passé sur son style, en ont déterminé l’allure, et sans doute la marquent trop par endroits19.
On raconte que tout alla très-bien pour l’abbé d’Aubignac, ce grand critique constituant, ce législateur prépondérant du théâtre, jusqu’à ce qu’il eùt composé sa Zénobie en prose sur les règles qu’il avait prescrites aux auteurs.
Je n’aperçois que trop tous les jours de quoi je redeviendrois capable, si je perdois un moment de vue la grande règle, ou même si je regardois avec la moindre complaisance certaines images qui ne se présentent que trop souvent à mon esprit, et qui n’auroient encore que trop de force pour me séduire, quoiqu’elles soient à demi effacées.
Bayle lui-même remarque, à ce sujet des périodes du Père Maimbourg, que ceux qui s’inquiètent si fort des règles de grammaire, dont on admire l’observance chez l’abbé Fléchier ou le Père Bouhours, se dépouillent de tant de grâces vives et animées, qu’ils perdent plus d’un côté qu’ils ne gagnent de l’autre.
À cet égard, leur esprit de corps a quelques rapports avec celui des prêtres ; il exclut de même le raisonnement, en admettant pour unique règle la volonté des supérieurs.
On sent tout de suite qu’à une pareille poésie il n’y a d’autres règles que l’inspiration, le délire et le génie ; le plus grand poète lyrique sera précisément celui qui sera possédé de plus d’ivresse.
Il avait caché son moi : il ne l’avait pas ôté, comme dit Pascal : on le voit bien aux Mémoires, où il règle sans en avoir l’air les comptes de toutes ses rancunes, et compose son personnage pour la postérité.
Par lui enfin, Voltaire fut introduit chez le grand prieur de Vendôme, dans cette libre société du Temple, où les mœurs et l’esprit étaient sans règle.
Aussi est-il facile de définir le drame romantique un drame où ni les règles ni les bienséances de la tragédie ne sont observées.
Les détails précis abondent sur l’organisation de ce monde singulier, sur sa hiérarchie, ses règles, ses usages, même sur sa garde-robe ; et ces détails viennent naturellement, au courant de récits ou de conversations.
Deffoux n’entreprend pas une comparaison en règle : il estime, cependant, que journaux et revues paraissent, aujourd’hui, « exercer la critique exactement comme il convient ».
Outre la gloire d’être la langue du culte chrétien, la langue dans laquelle toute l’Europe du moyen âge avait prié et pensé, le latin, expression de la loi civile, des actes publics, et en général de tout ce qui règle, discipline et lie, s’adaptait mieux au génie de notre pays.
Dans le rôle, l’amour de l’humanité, l’amour de la justice ; dans l’homme, l’humeur pour règle, la conscience parlant bas comme si elle avait peur d’être un préjugé ; le bien et le mal au hasard du tempérament ; les vices de l’individu reprochés à la société ; la prédication dans les livres tenant lieu d’innocence ; l’homme se croyant quitte du devoir quand l’auteur l’a prêché.
Chevrier dans la Revue indépendante (nºs d’août 1884 et de février 1885) réclame la liberté de la chair comme corollaire de la liberté de conscience et propose que tout être humain soit maître souverain de son être et de son corps comme de sa pensée, que le goût de l’individu soit la seule loi de ses passions et décrète que la morale, définie règle des mœurs, est une atteinte à la liberté.
il passera une vie frivole à s’occuper de chicanes grammaticales, de règles de goût, de petites sentences littéraires !
Robespierre de même, au 8 Thermidor, s’écriait à la tribune de la Convention : « J’ai besoin d’épancher mon cœur. » Règle littéraire, n’employons jamais le mot de cœur que là où il vient naturellement et nécessairement, quand nous le voyons ainsi prodigué et étalé par de tels hommes.
Cette désillusion est la règle et ne supporte pas d’exceptions : un amour qui persiste ou qui renaît après s’être atténué, c’est une exigence nouvelle du vœu de l’espèce qui veut être de nouveau satisfaite, qui réclame la procréation de nombreux êtres semblables et qu’un même couple peut encore donner.
Nous arrivons à ce qu’il nous a donné comme règle de vie et d’existence.
Il y a même ici une différence au désavantage du latin ; c’est que la langue française est sans inversions, au lieu que la langue latine en fait un usage presque continuel ; or cette inversion avait sans doute ses lois, ses délicatesses, ses règles de goût, qu’il nous est impossible de démêler, et par conséquent d’observer dans nos écrits latins.
Depuis deux ans et demi, ils conquièrent leur majorité, leurs Croix de guerre et leurs épaulettes coude à coude, et se forment sur le même modèle ; ils s’initient aux règles de la discipline et de la hiérarchie, au secret de toute action coordonnée ; ils amassent un trésor de pensées graves et d’amitiés qui fourniront à l’étendue de toute leur vie.
C’est une anarchie parce que toute règle extérieure manque, mais qu’il n’existe qu’un esprit de vie intérieur et invisible ; c’est une démocratie parce que c’est le règne de l’homme-masse, ou Démos, dans chacun ; c’est une aristocratie parce que dans tous les hommes il y a des degrés et des rangs de pouvoir intérieur ; et c’est une monarchie parce que tous ces degrés et ces rangs forment enfin une parfaite unité, un contrôle central.
Si j’avais à juger l’école naturaliste française, non dans sa formule, où il entre beaucoup de vérité, non pas même dans l’œuvre de tel ou tel auteur, mais dans l’ensemble des livres qui se réclament du naturalisme, je dirais que son principal défaut littéraire a été de méconnaître la réalité ; je montrerais ce qu’il y a de contraire aux règles de l’observation et de la sincérité, dans le procédé qui consiste à ne peindre de l’homme que les instincts, à supprimer les âmes, à expliquer le monde moral par des causes inégales aux effets, à murer toutes les fenêtres que l’homme, accablé tant qu’on le voudra par la misère, le travail, la maladie, l’influence du milieu, continue et continuera d’ouvrir sur le ciel.
Dans ces conditions, il nous sera facile de suivre la règle que nous nous sommes imposée dans le présent essai : celle de ne rien avancer qui ne puisse être accepté par n’importe quel philosophe, n’importe quel savant, — rien même qui ne soit impliqué dans toute philosophie et dans toute science.
Sur certaines lignes d’évolution, celles du monde végétal en particulier, automatisme et inconscience sont la règle ; la liberté immanente à la force évolutive se manifeste encore, il est vrai, par la création de formes imprévues qui sont de véritables oeuvres d’art ; mais ces imprévisibles formes, une fois créées, se répètent machinalement : l’individu ne choisit pas.
C’est la divine Providence qui règle les sociétés, et qui a fondé le droit naturel des gens En voyant les sociétés naître ainsi dans l’âge divin, avec le gouvernement théocratique, pour se développer sous le gouvernement héroïque, qui conserve l’esprit du premier, on éprouve une admiration profonde pour la sagesse avec laquelle la Providence conduisit l’homme à un but tout autre que celui qu’il se proposait, lui imprima la crainte de la Divinité, et fonda la société sur la religion.
Une seule exception peut être citée à l’encontre de cette règle, c’est la publication des dix volumes des Misérables de M. […] Qu’il y ait eu des exceptions à la règle, je ne le nie pas ; il y a eu même une réaction provoquée par les excès auxquels la littérature s’est laissé entraîner sur cette pente, et j’aurai à en parler. […] Ernest Feydeau, car il croirait indigne de lui de descendre jusqu’aux excuses, n’expliquent rien et ne convaincront personne : « Par une nature un peu frondeuse, dit-il, qui regimbe instinctivement contre les préjugés, les règles, les idées reçues, il m’est arrivé quelquefois, en écrivant mes livres, de me préoccuper un peu plus de l’art que des convenances. […] Ceux-là aussi regimbaient contre les convenances sociales, les règles et les idées reçues, et se plaignaient de la société qui les dérangeait dans leurs plaisirs et leurs fantaisies. « Les artistes, continue le romancier, n’obéissent pas à des règles, à des principes.
Et, si l’avenir lui permet de continuer la série des études critiques qu’il a intitulées la Vie et les Livres, il s’efforcera non pas de faire entrer dans un plan préconçu ni de soumettre à des règles arbitraires l’histoire intellectuelle et morale du temps présent, mais d’offrir au public des essais suffisamment remaniés et coordonnés pour être lus sans trop de heurts. […] Ces plaisanteries ont ce faux air de bon sens si puissant en France, et qui y règle trop souvent l’opinion publique. […] C’est, paraît-il, une règle de bonne administration coloniale, que de laisser les indigènes se dévorer entre eux. […] En même temps qu’il réservait sa doctrine à quelques initiés, on pouvait noter que, par une règle de politesse à laquelle il s’était soumis dès son jeune âge, il avait le souci de plaire. […] Mon opinion est que la règle morale et légale du mariage sera changée.
C’est même une méthode qui a comme force de règle et titre de loi au théâtre. […] La règle, très juste et très sûre, est que le spectateur doit savoir le fond des choses que le personnage en scène ne sait point. Mais comme toutes les règles littéraires, celle-ci comporte exception. […] Cette règle ne laissait pas d’être étrange. […] Voilà une règle qui est confirmée surtout par des exceptions et par des exceptions éclatantes.
Renan à l’égard du culte délaissé semble devenir, d’une exception qu’elle fut longtemps, la règle nouvelle d’un certain nombre d’esprits. […] Celui-là aimait de la religion justement ce que les athées par libertinage en détestent : sa règle austère et son enseignement vertueux. […] Mais qu’attendre d’une bourgeoisie chez laquelle il est de règle que les études finissent vers l’âge de vingt ans, et qui ne comprend pas que les privilèges de la fortune et du loisir deviennent des principes destructeurs pour la classe qui les possède, s’ils ne se transforment pas en instruments de supériorité intellectuelle et politique ? […] Il ne connaîtra plus la règle stricte, la sérénité des obéissances morales ou religieuses. […] C’est l’individuel et le particulier qui le préoccupe, et, par-dessus cette minutieuse investigation, il fait planer un certain Idéal de règle esthétique, grâce auquel il conclut et nous contraint de conclure.
S’il a, contre toutes les règles de l’art, — et qui pis est contre toute vraisemblance, — opéré cette métamorphose, ce n’est pas qu’il en eût besoin pour son dénouement, ne lui faisons pas l’injure de le supposer : c’est qu’il avait quelque remords d’avoir été lui-même si implacable. […] Étrange pédantisme de le chicaner là-dessus et de prétendre appliquer les règles ordinaires à ce qui en est dehors et au-delà de toutes les règles ! […] — Voilà qui est bien dit ; mais je proteste que je n’ai la prétention d’appliquer aucune règle ni de couper les ailes à la fantaisie du poète. […] C’est une règle fidèlement observée par les uns et les autres de ne pas chercher la gloire littéraire, d’éteindre même son style de peur de se signaler par un éclat original. […] Non ; ni loi, ni règle, ni mesure, ni compas, enfin rien de ce qui rappelle l’école.
Mais tout en s’imposant pour règle de demeurer constamment fidèle à la vérité, l’auteur n’en a pas moins distribué avec beaucoup d’art les remarques et les souvenirs qu’il a réunis dans ce volume. […] Mais madame Zverkoff s’est donné pour règle de ne point avoir à son service de femme de chambre mariée ; et, en effet, cela ne vaut rien.
Mais si le système nerveux est construit, d’un bout à l’autre de la série animale, en vue d’une action de moins en moins nécessaire, ne faut-il pas penser que la perception, dont le progrès se règle sur le sien, est tout entière orientée, elle aussi, vers l’action, non vers la connaissance pure ? […] Et ensuite on peut se demander par quel heureux accord, en vertu de quelle harmonie préétablie, ces sensations d’espèces différentes vont se coordonner ensemble pour former un objet stable, désormais solidifié, commun à mon expérience et à celle de tous les hommes, soumis, vis-à-vis des autres objets, à ces règles inflexibles qu’on appelle les lois de la nature.
Mais, quand on peut agir aussitôt après la blessure, il y a d’autres moyens d’empêcher l’empoisonnement d’avoir lieu, non par des médications empiriques et illusoires, mais par des procédés physiologiques dont la science comprend et règle l’action. […] Quand des philosophes tels que Bacon, ou d’autres plus modernes, ont voulu donner une systématisation de préceptes pour la recherche scientifique, ils ont pu paraître séduisants aux personnes qui ne voient les sciences que de loin ; mais en réalité de pareils ouvrages ne sont d’aucune utilité aux savants faits, et pour ceux qui veulent se livrer à la culture des sciences, ils les égarent par une fausse simplicité des choses ; bien plus, ils les gênent en chargeant l’esprit d’une foule de règles vagues ou inapplicables, qu’il faut se hâter d’oublier, si l’on veut entrer dans la science et devenir un véritable expérimentateur. […] Il faut donc prendre garde, dans l’enseignement des sciences, que les connaissances qui doivent armer l’intelligence ne l’accablent par leur poids, et que les règles qui sont destinées à soutenir les côtés faibles de l’esprit n’en atrophient ou n’en étouffent les côtés puissants et féconds. […] Une telle loi, qui enchaîne le phénomène qui se produit à la matière qui se détruit, ou, pour mieux dire, à la substance qui se transforme, n’a rien qui soit spécial au monde vivant ; la nature physique obéit à la même règle.
Car il est évident que les rhétoriques et les prosodies ne sont pas des tyrannies inventées arbitrairement, mais une collection de règles réclamées par l’organisation même de l’être spirituel ; et jamais les prosodies et les rhétoriques n’ont empêché l’originalité de se produire distinctement. […] Dans l’art hiératique, la dualité se fait voir au premier coup d’œil ; la partie de beauté éternelle ne se manifeste qu’avec la permission et sous la règle de la religion à laquelle appartient l’artiste. […] Après avoir rapidement feuilleté le volume, il me fit remarquer que les poëtes en question se permettaient trop souvent des sonnets libertins, c’est-à-dire non orthodoxes et s’affranchissant volontiers de la règle de la quadruple rime. […] La poésie a existé, s’est affirmée la première, et elle a engendré l’étude des règles. […] Même à l’apogée de son plus violent tumulte, la musique n’exprime qu’un délire de gens accoutumés aux règles de l’étiquette ; c’est une cour qui s’amuse, et son ivresse la plus vive garde encore le rhythme de la décence.
Il cherche quelles doivent être les règles de conduite dans le malheur. La première règle est de cacher ses pleurs. […] La seconde règle, qui découle de la première, « consiste à s’isoler entièrement. […] L’honneur sera l’unique règle morale de Chateaubriand. […] Qu’un écrivain soit vaniteux, cela est la règle.
Il ne faut pas leur en vouloir précisément, puisque les religions étant faites pour donner aux hommes une règle de vie, elles sont bien presque contraintes de donner aux hommes une réponse relativement à ce qui les préoccupe, c’est-à-dire relativement à tout. […] Le peuple s’est dit, très finement : « Ceux-ci sont surtout des hommes qui sont fiers de ne subir aucune règle et qui veulent le montrer par leur genre de vie. […] Il plie les autres à l’obéissance en obéissant lui-même, c’est-à-dire, ce qu’il veut qui soit fait il en fait une règle permanente à laquelle il obéit le premier. […] Ces règles qu’il a prescrites, il les donne comme venant de plus grand et de plus fort et de plus haut que lui. […] Comme tout se règle par l’intérêt et le sentiment mêlés, ce n’est pas ainsi que vont les choses ; mais il reste encore que les hautes classes sont patriotes plus sûrement, parce qu’elles le sont forcément.
Il a donné des règles excellentes de l’art d’écrire. […] Ils se débattent contre une force dont ils ne se rendent pas compte ; ils se refusent à un plaisir qui leur devient volontiers une fatigue ; ils sont honteux, au fond de l’âme, de se savoir si peu dignes de tant de soins et d’être servis, mieux qu’ils ne méritent, par ces plumes vaillantes, animées à bien faire, ennemies des barbarismes, jalouses de la forme, en pleine abondance, en pleine énergie, actives à ce point que du jour au lendemain elles ont abordé les questions les plus ardues ; correctes à ce point qu’il serait difficile de rencontrer, dans ce va-et-vient universel de la langue pratique, officielle, intelligente, une faute aux règles les plus difficiles de la grammaire la plus sévère ! […] « Le jeune roi, dit Saint-Simon, élevé dans une cour brillante où la règle et la grandeur se voyaient avec distinction, et où le commerce continuel des dames, de la reine-mère et des auteurs de la cour l’avait enhardi et façonné de bonne heure, avait primé et goûté ces sortes de fêtes et d’amusements parmi une troupe de jeunes gens des deux sexes, qui tous portaient et avaient le droit de s’appeler des dames et des seigneurs, et où il ne se trouvait que bien peu, ou même point de mélange, parce qu’on ne peut appeler ainsi trois ou quatre peut-être de médiocre étoffe, qui n’y étaient admis, visiblement, que pour être la force et la parure du ballet par la grâce de leur figure et l’excellence de leur danse, avec quelques maîtres de danse pour y donner le ton. » À ce compte, Molière et Lulli, son compère, étaient lisiblement et uniquement admis, en cette illustre compagnie de jeunes gens et de jeunes dames : « Formés à la grâce, à l’adresse, à tous les exercices, au respect, à la politesse proportionnée et délicate, à la fine et honnête galanterie », parce que, sans le poète et sans le musicien, il n’y avait pas vraiment de divertissement qui fût possible.
« Mon cher enfant, Que je voudrais que ta raison fût assez mûre pour peser à leur juste valeur les horribles événements dont nous venons d’être témoins et te servir de règle pour l’avenir !
cet homme d’ordre, de goût classique, ce défenseur des règles, ce champion rigide de la raison dans les Lettres, M.
La philosophie éclectique de la Restauration avait déjà, malgré ses réserves sur tant de points, proclamé la théorie du succès et de la victoire, c’est-à-dire affirmé que ceux qui réussissent dans les choses humaines, les heureux et les victorieux, ont toujours raison en définitive, raison en droit et devant la Providence qui règle le gouvernement de ce monde.
Non seulement il y a des précédents, et en cela le gouvernement ne fera que suivre son propre exemple ; mais telle est sa règle quotidienne, puisqu’il ne vit qu’au jour le jour, à force d’expédients et de délais, creusant un trou pour en boucher un autre, et ne se sauvant de la faillite que par la patience forcée qu’il impose à ses créanciers.
À chaque instant, dans la vie courante, nous mettons cette règle en pratique.
Mais les corps collectifs sont toujours poussés à prendre dans leurs antécédents les règles de leur avenir, M. de Lamennais fut nommé membre de la commission de Constitution: il se mit à l’ouvrage et chercha par la logique brutale du nombre à fonder sa société comme une troupe de sauvages sortis des bois ; il fonda les communes, puis il réunit toutes ces communes, et de leur réunion il fonda l’État, en sorte que l’État social matérialiste et se comptant par chiffre, et non par capacité ni par droits héréditaires et acquis, était l’expression seule du nombre et de l’impôt, abstraction faite de tout le reste, c’est-à-dire de la société tout entière.
Tirer la conclusion définitive de la querelle des anciens et des modernes, montrer qu’à l’art moderne il faut une inspiration moderne (Chateaubriand disait chrétienne), ne pas mépriser l’antiquité, mais, en dehors d’elle, reconnaître les beautés des littératures italienne, anglaise, allemande, écarter les anciennes règles qui ne sont plus que mécanisme et chicane, et juger des œuvres par la vérité de l’expression et l’intensité de l’impression, mettre le christianisme à sa place comme une riche source de poésie et de pittoresque, et détruire le préjugé classique que Boileau a consacré avec le christianisme, rétablir le moyen âge. l’art gothique, l’histoire de France, classer la Bible parmi les chefs-d’œuvre littéraires de l’humanité, rejeter la mythologie comme rapetissant la nature, et découvrir une nature plus grande, plus pathétique, plus belle, dans cette immensité débarrassée des petites personnes divines qui y allaient, venaient, et tracassaient, faire de la représentation de cette nature un des principaux objets de l’art, et l’autre de l’expression des plus intimes émotions de l’âme, ramener partout le travail littéraire à la création artistique, et lui assigner toujours pour fin la manifestation ou l’invention du beau, ouvrir en passant toutes les sources du lyrisme comme du naturalisme, et mettre d’un coup la littérature dans la voie dont elle n’atteindra pas le bout en un siècle : voilà, pêle-mêle et sommairement, quelques-unes des divinations supérieures qui placent ce livre à côté de l’étude de Mme de Staël sur l’Allemagne.
Cette idée, voici comment, pour être clair, je la formulerais sous la forme d’un axiome : « La Justice absolue est, par sa nature même, essentiellement idéale et divine ; la Justice humaine ne peut et ne doit agir que d’une manière relative, et sans tenir compte de ce qui jetterait le trouble dans ses indispensables règles, car la société doit songer avant tout à sa conservation… » Telle est à peu près la situation de Valentin ; il a de toute façon et sous toutes les formes offensé les hommes et le devoir humain ; c’est Dieu seul qu’il a quelquefois essayé de satisfaire ; aussi est-ce seulement à Dieu qu’il peut demander la pitié, qui, dans l’ordre divin est la même chose que la justice.
Sans doute, mais comme la philosophie ne peut se contenter de phrases, elle remarque de plus que là où le réalisme et l’idéalisme n’admettent qu’un facteur, le dualisme en introduit deux ; par suite elle le rejette en vertu de la règle : Entia non sunt multiplicanda prœter neccssitatem 221.
Cet article m’a valu toute une réfutation en règle, qui se trouve en tête d’un petit volume de Chamfort publié par M.
Il faut un siège en règle pour conquérir ce héros défiant, et c’est la cordialité seule qui fait parler ce silencieux, l’habitude de faire partie du même horizon restreint, d’être rencontré par lui au détour des routes et surtout la lente persuasion qu’on aime la terre, comme lui, depuis le trèfle d’en bas, depuis la graine non germée, jusqu’au nid de pie qui fleurit noir au sommet des vieux chênes.
Tout homme éminent porte en lui plusieurs âmes, on l’a dit, et c’est cette contradiction intérieure même qui fait sa force : si appliqué qu’il soit à réfléchir et à transformer en règles générales ses aptitudes personnelles, une partie de lui-même échappe toujours à sa réflexion, et ce qui lui échappe le plus c’est cette faculté intime, toute inconsciente et intuitive, qui est proprement son génie.
Jean Moréas et son école ont rejeté les règles de la vieille prosodie. […] Pour peu qu’on examine les règles on en voit l’arbitraire. […] Et parfois, comme on ne se rendait pas à ses premières raisons, il fallait en venir à une dispute en règle. […] Loin d’être arrangé avec exactitude et déduit selon les règles du syllogisme, le livre nouveau est flottant et indéterminé. […] Maurice Barrès erre absolument sans règle et sans guide dans les corridors de la psychologie.
On vient de voir que les propriétés d’un composé lui sont reliées par des intermédiaires qui sont les propriétés de ses facteurs, composants ou éléments : telle est la règle universelle. […] Que notre science expérimentale ait des lacunes, cela est incontestable ; mais sa structure suffit pour en rendre compte, et il est contre toutes les règles de l’hypothèse d’ajouter arbitrairement et inutilement, pour en rendre compte, une cause non constatée à la cause constatée qui suffit.
Jouir de tous les menus faits de l’existence, jouir à tous moments, faire de toute circonstance une source d’agrément, chercher la jouissance de toute sa volonté, mettre en cette jouissance la plus grande somme possible de volupté cérébrale, voilà la règle essentielle du dilettantisme. […] René Ghil essayait d’établir, alors sans succès, des règles draconiennes qu’il basait sur des théories scientifiques.
Hugo apparaîtra plutôt comme un grand songeur, mais ce genre de songe profond est la caractéristique de la plupart des génies, qui sont emportés par leur pensée plutôt qu’ils ne la maîtrisent ; et si on réfléchit combien, dans le patrimoine d’idées que possède l’humanité, il y en a peu de voulues, combien il y en a de subies, on arrivera à cette conclusion que les hommes qui, comme Hugo, subissent leur pensée, ont parfois, si cette pensée est grande, plus d’importance dans l’histoire que certains autres qui la dirigent trop bien selon les règles d’un bon sens vulgaire. […] qu’il fallait que je Sa bassesse prisse pour joug, pour règle son caprice !
Notons la restriction : ou presque jamais ; elle va être expliquée par la suite du passage : « On met en question s’il peut y avoir, en cette vie, un pur acte d’intelligence dégagé de toute image sensible ; et il n’est pas incroyable que cela puisse être durant de certains moments, dans les esprits élevés à une haute contemplation, et exercés par un long temps à tenir leurs sens dans la règle ; mais cet état est fort rare. » L’allusion à certaines prétentions du mysticisme religieux est évidente, et il paraît certain que l’attention de Bossuet avait été attirée sur la parole intérieure et sur sa nécessité dans l’état normal de l’âme par l’étude des écrivains mystiques et non par la lecture des philosophes. […] Alvarez quand il parlait dans le Traité de la connaissance d’« esprits exercés par un long temps à tenir leurs sens dans la règle. » 22.
Le jeune homme a la seule règle de mœurs qui subsiste dans la ruine de toutes les autres, le goût du travail. […] * Chez les Athéniens, la règle du fameux tribunal de l’aréopage interdisait ce que Bossuet appelle « l’éloquence trompeuse ». […] Je suis certain de ma liberté, mais je le suis encore plus de l’ordre qui la limite et qui la règle. […] Si les candidats ne sont pas d’humeur d’user de ma règle de conduite, s’ils n’abordent pas leurs juges avec le désir de les voir par leurs bons côtés, s’ils ne sont pas préparés à leur parler obligeamment de leurs ouvrages, une démarche qui est à la fois de convenance et de coutume devient une corvée.
Si vous avez des règles d’esthétique pédantesque, n’abordez pas cette pièce, elle met au défi toutes les règles. […] Un menteur pour Hamlet, dont l’élément de vie est la vérité, est une caricature, un être grotesque et surprenant, exactement comme pour l’homme antique, dont l’élément de vie était la liberté, pour le Dion, pour le Pélopidas, le tyran était une espèce de monstre ridicule en dehors de toutes les règles naturelles. […] En règle générale, Goethe croit à l’expérience comme base de la morale et à l’affranchissement de l’homme par la nature ; cependant il montre, dans le plus long chapitre de Wilhelm Meister, comment l’idée vivante du Dieu chrétien, en prenant progressivement possession d’une âme pieuse, arrive à la délivrer de toute sujétion. […] La fréquentation de ces quelques amis ne lui avait pas seulement dévoilé tous les secrets des différentes natures d’hommes qu’ils exprimaient ; elle lui avait aussi dévoilé tous les secrets des doctrines qu’ils professaient, quelquefois à leur insu, car tout homme, qu’il le sache ou non, possède une philosophie, une doctrine en vertu de laquelle il dirige sa vie et règle sa conduite. […] Ce sont des réflexions sur les subtils mobiles qui déterminent les actions humaines, continuées par des anecdotes d’un genre tout à fait excentrique et singulier, qui feraient dire à plus d’un lecteur ce que Voltaire disait de Marivaux : « Voilà un auteur qui connaît tous les sentiers du cœur humain, mais qui n’en a jamais connu la grande route. » L’auteur, je crois, accepterait volontiers ce reproche, car il est très évident que pour lui il n’y a pas de règle générale dans les déterminations de la volonté, et que tout est exception dans le prétendu domaine de la liberté.
Hugo, de Vigny, et, tout en réservant son indépendance, il se plaçait pour l’examen des œuvres au point de vue des auteurs ; il leur appliquait les règles et les principes d’après lesquels ils avaient désiré être jugés eux-mêmes.
La cour est devenue le sénat de la nation ; le moindre valet de Versailles est sénateur ; les femmes de chambre ont part au gouvernement, sinon pour ordonner, du moins pour empêcher les lois et les règles ; et, à force d’empêcher, il n’y a plus ni lois, ni ordres, ni ordonnateurs… Sous Henri IV, les courtisans demeuraient chacun dans leur maison, ils n’étaient point engagés dans des dépenses ruineuses pour être de la cour ; ainsi les grâces ne leur étaient pas dues comme aujourd’hui… La cour est le tombeau de la nation. » — Quantité d’officiers nobles, voyant que les hauts grades ne sont que pour les courtisans, quittent le service et vont porter leur mécontentement dans leurs terres.
Paris et Rome se ressemblent ; les temps répètent les temps, et la France, pour avoir laissé ses efforts vers la réforme du monde politique dégénérer en convulsions démagogiques, ne se retrouve plus de force pour faire de sa liberté, modérée par la règle, un gouvernement.
« Si chacun des partis ou des hommes mêlés dès le premier jour à ces grands événements eût pris leur vertu au lieu de leur passion pour règle de leurs actes, tous ces désastres, qui les écrasèrent, eussent été sauvés à eux et à leur patrie.
On disait à Rome, à cette époque, qu’un mariage secret autorisé par les règles, les traditions de l’Église et l’autorisation du Pape pour les cardinaux diacres, les unissait ; d’autres pensaient que le prince royal et le gouvernement anglais, ne pouvant avoir d’ambassadeur accrédité auprès du souverain pontife, mais très intéressés cependant à s’y faire représenter, avaient choisi pour agent confidentiel la duchesse de Devonshire, pour protéger les intérêts britanniques, par l’intermédiaire d’une Anglaise sincèrement catholique et liée intimement avec le premier ministre de Pie VII.
C’est ainsi qu’il régla tout, selon la vive expression de Boileau mais cette règle confondait des choses qui s’excluent : voilà pourquoi, en réglant tout, il brouilla tout.
Il est vrai que si elles eussent attendu en dormant le mot de l’énigme et la règle de la vie, probablement elles dormiraient encore.
C’est une variété incroyable de rythmes, de modes et de tons, et une négligence complète de toutes les règles sur la mesure, la modulation.
Seule, la création des Maîtres Chanteurs semble contredire la rigueur de cette règle ; mais, à d’autres points de vue encore, les Maîtres Chanteurs doivent être mis à part ; on voudra bien me permettre de ne pas m’y attacher aujourd’hui.
Lewes, qui rejette cette opinion, maintient la loi d’hérédité, en faisant remarquer qu’elle est la règle, mais qu’il faut tenir compte des causes perturbatrices qui expliquent les exceptions.
Le professeur supérieur pourrait faire autre chose aussi bien ou aussi mal que ce qu’il fait, dire le contraire de ce qu’il dit, et il trouverait un égal plaisir à se plier aux règles d’un autre jeu.
Comme un mouvement transmis des roues petites aux plus grandes, puis au volant, qui le renvoie à toute la machine et la règle par l’allure qu’il en reçoit, nous avons suivi les trois tendances formelles de l’esprit de M.
C’est ce qui arrive toutes les fois que l’on crée un corps : on croit créer un instrument, et l’on crée un obstacle ; on veut organiser une règle, et on organise une liberté ; c’est ce qui devait arriver aussi, et c’est ce qui est arrivé en effet de l’Académie française.
S’ils ont une colique néphrétique, ils s’en guérissent par les règles de l’hydrostatique.
F. de ces auteurs enchaînés par les règles, Qui, venant sur nos mœurs fondre comme des aigles.
. — Un souffle d’Athènes pouvait encore animer en la réglant (un souffle qui règle !)
L’application des bonnes règles, la composition, l’harmonie qui en résulte, ont leur beauté. […] L’indulgence des maris, où entre un doute sur leurs droits, est devenue de règle au théâtre. […] Je l’entends d’ailleurs le plus largement que je puis, et je ne règle point l’âme humaine au compas : mais enfin il est telles violations de cette vérité qui sautent à tous les yeux. […] Mais les Marcel, les Schaunard et les Colline ne sont réfractaires qu’au travail, à la correction dans l’habillement, à quelques menues conventions sociales, — ce qui amuse le bourgeois, — et à la règle des mœurs, — ce que bourgeois excuse ou approuve allègrement. […] Là-dessus, il est intarissable, il abonde en railleries fortes et drues : « … On doit être aujourd’hui rassasié, au théâtre, d’héroïsme et de générosité : la bienfaisance y est aussi banale quelle est rare dans le monde ; il n’y a point d’auteur qui ne se croie un grand génie quand il a mis sur la scène un personnage ami de l’humanité souffrante : c’est une sorte de ruse philosophique d’avoir ajouté aux règles d’Aristote le sublime précepte de l’Évangile sur la charité, et d’avoir transporté la première des vertus religieuses du sanctuaire au théâtre.
Je ne voudrais pas proposer l’exemple de Béranger comme une règle de conduite à tous les poètes de notre temps ; je me borne à le noter comme une preuve de sagacité. […] Je me crois dispensé de déclarer qu’à mes yeux l’histoire n’est pas la règle suprême de la poésie ; à cet égard, ma profession de foi est faite depuis longtemps. […] Et qu’on ne vienne pas me dire que je prends plaisir à éplucher des mots : il ne s’agit pas ici d’une règle de syntaxe ; il s’agit d’un mot employé par un poète justement applaudi. […] Hugo formule si nettement : règle générale, toutes les fois que la noblesse s’avilit, le peuple ne manque pas de la mépriser et de s’enhardir.
En lisant Shakspeare avec l’admiration la plus attentive, il m’est impossible d’y reconnaître ce système prétendu, ces règles de génie qu’il se serait faites, qu’il aurait suivies toujours, et qui remplaceraient pour lui la belle simplicité choisie par l’heureux instinct des premiers tragiques de la Grèce, et mise en principe par Aristote. […] Son action terrible, ses larges développements de passions ne peuvent s’encadrer dans les limites de nos règles. […] Addison a tort de vouloir admirer Milton par les règles et l’autorité d’Aristote. […] Il invente hors des règles et des faits qu’il ne sait pas. […] Les règles vulgaires du langage y sont parfois violées.
Le critique de la Revue des deux Mondes est, à tout prendre, un écrivain de talent il possède surtout ce genre de talent anguleux et sans charmes qui s’ajuste comme une porte dans une charnière, au ton général et à la règle commune de l’établissement scolastique de la rue Saint-Benoît. […] Ce feuilletoniste, rendant compte de la représentation donnée au bénéfice de la Ristori, a risqué cette métaphore humide : « Les larmes et les bouquets pleuvaient de toutes parts. » Mais ceci n’est qu’un manque de goût, et le goût ne s’apprend point ; tandis que les règles élémentaires de la syntaxe étant une affaire d’application médiocre, à la portée des intelligences les moins exercées, avec l’étude et le temps, il ne faut pas désespérer d’en posséder le mécanisme fort simple. […] Ponroy, s’en pourrait-il préserver, lorsque un écrivain, rigide observateur de la règle, comme M. de Riancey, y succombant de sang-froid, écrit à propos de la notice de M.
« J’ai toujours eu inclination de paraître en public, lui répondit celui-ci ; les régents sous qui j’ai étudié ont cultivé les dispositions que j’ai apportées en naissant ; j’ai tâché d’appliquer les règles à l’exécution, et je me suis fortifié en allant souvent à la comédie. — Et avez-vous du bien ? […] « C’est à lui, écrivait Chappuzeau au commencement de 1674, c’est à lui de faire la harangue et de composer l’affiche, et comme il y a beaucoup de rapports de l’une à l’autre, il suit presque la même règle pour toutes les deux. […] Pour arriver à cette conclusion, il lui fallut se soumettre aux règles d’amour que mademoiselle de Scudéry a consignées dans son roman de Clélie, c’est-à-dire s’emparer successivement du village de « Billets-Galants », du hameau de « Billets-Doux » et du château de « Petits-Soins », enfin, Naviguer en grande eau sur le fleuve de Tendre. […] Molière décida qu’il fallait conserver la première façon : Elle est, lui dit-il, la plus naturelle ; et il faut sacrifier toute régularité à la justesse de l’expression ; c’est l’art même qui doit nous apprendre à nous affranchir des règles de l’art. » Boileau, frappé de la justesse de l’observation, la mit en vers dans le quatrième chant de l’Art poétique : Quelquefois, dans sa course, un esprit vigoureux, Trop resserré par l’art, sort des règles prescrites, Et de l’art même apprend à franchir les limites.
Cependant un moment dut venir, antérieur à la révolution, où il ne se considérait plus, même sous ces beaux ombrages et dans ces maisons spacieuses de l’Ordre, que comme un captif, ou du moins comme un sage qui dissimule et qui sacrifie aux règles du dehors pour mieux s’assurer la liberté silencieuse du dedans. […] Quant au très-vieux français, tout éditeur de Joinville qu’il était, il ne croyait guère aux règles que M.
On a souvent plus fait par les approches en règle que par un assaut à force ouverte. […] Le temps des parallèles en règle est passé ; mais, sans y faire effort, combien de Sieyès à La Fayette le contraste saute aux yeux frappant !
Elle s’accuse d’une faute vénielle contre une règle spéciale du savoir-vivre londonien. […] — Sully-Prudhomme, bon kantien, après avoir détruit tout motif et toute règle d’action, se tire d’affaire en se commandant « catégoriquement » d’agir. […] Certes, aux périodes de paresse intellectuelle où, n’ayant pas le courage de bien lire, je demande au théâtre des joies passives que je puisse croire presque littéraires, j’accepte quelques conventions et je consens à certaines règles sans lesquelles le jeu deviendrait impossible. […] De son vivant, eut de la finesse, une certaine grâce canaille, une élégance en dehors des règles et des habitudes, faite de hardiesse et de nonchaloir : fut un charme original.
Non, le vrai Chénier est dans ses Idylles et ses Bucoliques, vers charmants dont rien ne contraint la verve harmonieuse et que ne contrarie aucune des règles auxquelles il eût sans doute voulu plus tard les assujettir et dont les riotes dont je parle nous donnent les principes principaux. […] C’est sur cet aspect physique que se règle la notion vulgaire de l’Anglais ; car, que saisit-on d’eux au passage ? […] Il y a maint exemple partiel de l’appauvrissement successif d’un genre qui en vient au fétichisme des règles établies, ressasse des formules invariables. […] Il y a une Règle. Or il arriva, il y a une quinzaine d’années, que quelques écrivains, prévenus instinctivement, s’aperçurent que certaines de ces règles du vers, si impérieusement établies, reposaient peut-être plus sur l’usage que sur une nécessité véritable ; ils résolurent de s’en affranchir.
Des morts Lorsqu’une société arrive au terme de son évolution, lorsque les divers éléments qui la constituent ont pris un caractère d’uniformité tel que l’adaptation excessive au milieu soit la règle et la personnalité, même infime, l’exception, l’inertie s’établit et les individus pourrissent. […] Mais si les circonstances sociales s’affirment telles que la guerre soit la règle des rapports entre humains ; si les uns, instruits, conscients, parlant de fraternité, tuent par instinct bestial ou par avarice et prospèrent ; si les autres tuent et meurent afin d’avérer la justice, je dis que les premiers sont des barbares hypocrites, inaptes à conformer leurs actes à un idéal meilleur et les seconds des Dévoués qu’un rêve de beauté mène pour le bien de l’espèce. — Je comprends ceux-ci ; je crache sur ceux-là. […] Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où, vers le crépuscule embaumé, Un enfant accroupi, plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai…5 Toute cette fin du Bateau ivre préfigure les dernières années de Rimbaud comme le reste du poème raconte d’avance sa vie… Il existe, chez certains hommes d’exception, un instinct très net de ce que sera, selon la puissance formidable et sans règles qu’ils sentent en eux, leur existence à venir. […] Le principe, admis je pense par tous les écrivains nouveaux, est celui-ci : les vers sont bons, quelle que soit la règle à laquelle ils s’astreignent, pourvu qu’ils signifient sincèrement la personnalité du poète. […] J’ouvre mon dictionnaire au mot syllepse et je lis : « Figure de grammaire par laquelle les mots s’accordent selon le sens et non selon les règles grammaticales ; exemple : Entre le pauvre et vous, vous prendrez Dieu pour juge, Vous souvenant, mon fils, que caché sous ce lin, Comme eux vous fûtes pauvre et comme eux orphelin. » M.
Le parterre trouva qu’une telle scène était un hors-d’œuvre, qu’elle entravait la rapidité de l’action ; en un mot, qu’elle violait ouvertement la règle, Semper ad eventum festina ; il fut inexorable. » Je viens moi-même de lire la scène du banc, ainsi on l’appelait par rapprochement avec la scène shakspearienne du balcon : comme douceur, naturel, harmonie de diction, je trouve qu’elle justifie tous les anciens éloges.
La liberté est le pouvoir qui appartient à chaque homme d’exercer à son gré toutes ses facultés ; elle a la justice pour règle, les droits d’autrui pour bornes, la nature pour principe, et la loi pour sauvegarde.
« Ainsi vivait Humboldt, suivant une règle extérieure uniforme, mais, au dedans, en relations avec tout l’univers, et les jours de sa vieillesse s’écoulaient doués d’une vigueur de facultés toute juvénile.
La mère de vos enfants couvrira d’avance leur berceau ou d’un nom qu’il faudra excuser pour les revers de son amour-propre, ou d’un nom difficile à porter par l’excès même de sa célébrité. » VII Et cependant, nous le répétons, il n’y a point de règle si générale pour laquelle un heureux et invincible génie ne soit une exception.
Je suivrai pour les vers de l’ancienne langue que je traduirai l’excellente règle donnée par M.
Il s’instruit en vivant : chaque fait, chaque acte est classé dans son esprit, et fournit une leçon, une règle pour l’avenir.
Dans ces pièces il y a trois choses : « 1° le sujet ancien imité, qui était formé déjà d’éléments divers ; 2° les mœurs et les sentiments modernes combinés avec ce sujet ancien ; 3° sous les formes et les modes propres à telle époque déterminée, la peinture de l’homme et de la femme tels que les ont faits la nature et la civilisation39. » Comment Racine a été conduit à opérer ces savants mélanges, voici une page qui nous l’apprend : Telles étaient les conditions de l’œuvre dramatique à cette époque : pour le fond, l’influence de la Renaissance gréco-latine avait décidément triomphé ; on était voué aux sujets anciens ; quant à la forme, celle de la tragi-comédie, depuis l’aventure du Cid, ayant été écartée comme peu compatible avec les fameuses règles des trois unités ( ?)
Pourquoi ont-ils pris cette attitude (car on sait d’ailleurs qu’ils n’ont point demandé au catholicisme la règle de leurs mœurs et qu’ils n’en ont point observé, sinon par caprice, les pratiques extérieures) J’ai essayé de le dire au long et à plusieurs reprises5.
Sainte-Beuve écrit encore à Marceline : « … Ici, du moins, il y a tout ce qui peut adoucir, élever et consoler le souvenir : cette pureté d’ange dont vous parlez, cette perfection morale dès l’âge le plus tendre, cette poésie discrète dont elle vous devait le parfum et dont elle animait modestement toute une vie de règle et de devoir, cette gravité à la fois enfantine et céleste par laquelle elle avertissait tout ce qui l’entourait du but sérieux et supérieur de la vie… » Je suis tenté de croire, — car le même sentiment s’y retrouve, et presque les mêmes expressions, — que l’admirable pièce des Consolations : Toujours je la connus pensive et sérieuse… fut inspirée à Sainte-Beuve par le souvenir de cette charmante Ondine Valmore.
On mêlait un travail manuel aux conversations ; on composait des habits sur des mannequins pour servir de règle à la parure, pour créer une mode53.
L’air y est cordial, c’est le cœur seul qui y règle l’étiquette.
Oui, si par bien peindre et être bon poète, on peut entendre ne manquer ostensiblement à aucune règle convenue, s’exprimer couramment dans le langage de tout le monde et savoir relier habilement par des procédés connus des phrases apprises et des poncis.
Tel doit être le premier grand résultat direct de la philosophie positive, la manifestation par expérience des lois que suivent dans leur accomplissement nos fonctions intellectuelles, et, par suite, la connaissance précise des règles générales convenables pour procéder sûrement à la recherche de la vérité.
Si de la prose nous passons à la poésie, nous retrouverons les mêmes symptômes et l’application invariable des mêmes règles, mais bien plus frappante encore, parce que (le théâtre excepté) le siècle de Louis XIV et celui de Voltaire ne sont pas, à beaucoup près, aussi grands ni aussi complets dans la poésie que dans la prose.
Un autre donne la règle suivante : « Réduire en formules courtes et substantielles…, noter dans chaque formule le mot suggestif… associer tous ces mots entre eux et former ainsi une chaîne logique d’idées 69. » On ne rattache donc plus ici, mécaniquement, des images à des images, chacune devant ramener celle qui vient après elle.
Mais avec le temps, les règles qu’il ne cessa d’observer, sont tombées dans l’oubli, ces règles, si anciennes et si rigoureuses, dit le Père Rebullosa, et de tout point différentes de la largeur et de la liberté que beaucoup emploient aujourd’hui. […] À cette règle de l’allitération, Louis Tridon joint les principes suivants : « Contrairement à ce qui a été observé jusqu’ici, chaque vers blanc est d’un seul jet ; toute phrase incidente, tout signe même de ponctuation est soigneusement éliminé de l’intérieur du vers, afin qu’il ne ressemble nullement à la prose, si bien rythmée fût-elle, et, afin que rien n’alanguisse sa mesure, sa cadence qui doit être aussi sentie et même davantage que celle du vers rimé… L’enjambement est rigoureusement interdit. […] » La prose rythmée, telle que la conçoit maintenant Louis Tridon, partage la plupart des règles du vers blanc ; mais, en 1877, cherchant encore et tâtonnant, il avait déjà dépassé les conquêtes de Baudelaire, et les petits poèmes qu’il plaçait dans Chardons et Myosotis, presque tout à fait privés d’hiatus, composés d’une phrase soigneusement rythmée, d’un rythme accentué par des effets de répétitions, étaient remarqués par la critique comme d’heureuses trouvailles, et aussi par des imitateurs plus ou moins adroits qui s’essayèrent à s’en emparer. […] En citant la strophe de début de l’Ogre, je souligne l’application de ces diverses règles : Vive le Crime !
« D’autre part les libéraux qui, considérant que les faits sociaux ne sont pas anarchiques, mais soumis à des règles, attribuent les inégalités excessives résultant de ces faits à ce qu’ils se sont produits en dehors des règles, d’abord parce que la transformation subite des procédés de production déséquilibra les forces sociales, ensuite parce que les bienfaits de cette transformation furent accaparés par un petit nombre privilégié grâce à l’inertie législative ; — qui, en second lieu, considérant que les discordances sociales sont susceptibles d’être adoucies par l’effort de la législation faite pour tous, veulent travailler à instaurer définitivement par une organisation protectrice l’harmonie des forces sociales. […] Pour que tout dans l’ordre universel soit bien exactement sur la même règle sans la plus petite infraction, sur la même note, sans la moindre dissonance ? […] J’ai souvent marqué quelque défiance — les droits du génie étant toujours réservés ; car le génie se moque des règles, c’est-à-dire des conditions ordinaires de l’art — à l’égard du « théâtre d’idées ».
« Je me suis contraint à vivre, et c’est quelquefois magnanimité que de vivre. » Tel est le langage de sa philosophie et de son cœur ; telle fut la règle de sa conduite. […] Et ce qui me confond, c’est la légèreté avec laquelle des hommes frivoles prescrivent des règles de conduite à des personnages d’une prudence consommée, et placés dans la plus orageuse des cours ; et cela, sans en connaître les intrigues secrètes, les brigues, les mouvements, les caractères, les vues, les intérêts, les craintes, les espérances, les projets qui changent avec les circonstances, les circonstances qui changent d’un jour à l’autre ; sans que leurs fausses conjectures sur ce qui se passe à deux lieues des bords de la Seine leur inspire la moindre incertitude sur ce qui s’est passé il y a deux mille ans sur les rives du Tibre. […] Mais instruisons en règle le procès de Suilius. […] Tigellin étudie les défiances de son maître, et règle ses accusations sur ses découvertes. « Plautus, dit-il à Néron, est opulent, actif, et du nombre de ceux qui réunissent à l’affectation des mœurs antiques l’arrogance des stoïciens, gens intrigants et brouillons162. » Et voilà comment un courtisan artificieux prépare de loin la perte d’un philosophe. […] Si l’on désire connaître la règle de nos devoirs, et le code auquel nous sommes soumis de cœur et d’esprit, il y a quelques années qu’il a paru sous ce titre.
La pensée dans l’absolu — une pensée qui se dévide sans égard ni au lieu ni au temps, ni à la qualité de l’auditoire — est l’ennemie née du Dialogue où la règle consiste, non pas à partir d’une pensée, mais bien au contraire à y arriver, et comme à y arriver malgré soi. […] Si l’on appliquait cette règle à nos grands poètes à nous, trois ou quatre mis à part, lesquels y résisteraient ? […] Dans le poème en prose — poursuite par excellence des analogies — l’arbitraire même sert l’écrivain : il suffit alors que dans ce jeu de balles un tact naturel règle la succession bigarrée des images : tour à tour surgissent les damiers d’un fantastique manteau d’arlequin. […] Elle-même toute civilisée, elle civilise tout ce à quoi elle touche : adéquate donc au dialogue en tant que genre — où c’est partie du naturel que d’observer les règles du jeu, où certaines conventions justement défendent contre l’artifice. […] Oui, il est hors de doute qu’en règle générale il a raison ; mais pourquoi faut-il (et je n’avance ceci qu’après m’être bien interrogé ; en l’avançant je ne crois pas céder à quelque prédilection personnelle) que de cette règle justement son cas me paraisse constituer l’insigne exception ?
Le moyen de se reconnaître au milieu de ce désordre, lorsqu’on a le culte des traditions, l’amour des règles, le souci de la méthode et l’adoration de la langue ? […] Il est temps de rappeler aux lecteurs où est le vrai goût, quelles sont les règles d’art fixes et les signes certains du talent. […] Les règles d’esthétique et les procédés d’exécution de Flaubert sont donc bien les mêmes que ceux de Chateaubriand. […] Sa théorie de l’impersonnalité dans l’art, par exemple cette règle qui veut qu’un auteur soit absent de son œuvre comme Dieu de l’univers, où l’a-t-il empruntée ? […] La multiplicité des procédés a embrouillé les genres et violenté les règles.
C’est la règle du jeu : un poète ? […] Il résume l’opinion d’autrui ; et il ajoute : « Il me semble impossible que quiconque professe les règles élémentaires du raisonnement puisse admettre de pareilles assertions. » Ou encore : « C’est une simple absurdité. » Il s’abandonne, d’une façon naïve et attrayante, à la satisfaction de soutenir une opinion d’avant-garde ; et il flétrit la « science patentée ». […] Le néo-darwinisme ne procède pas scientifiquement : toutes les bonnes règles de la méthode, il les néglige. […] Je voudrais que le romancier consentît que la règle, disait Molière et disait Racine, est de plaire. […] Vous n’allez pas vous y mêler comme des rustres qui, avant de placer leur mot, n’ont pas soin de savoir où en est la causerie, le ton qu’elle a pris et la règle qu’on y observe.
Et, en effet, il n’est pas indifférent qu’en un petit canton de la terre des règles qui devraient être inviolables aient été violées. […] Une fois en règle avec les dieux, il s’agit de rester en paix avec ses voisins. […] Les simples règles d’hygiène, que l’expérience des vieux âges a lentement sécrétées, reçoivent de cet art sobre et pur comme un limpide orient.
Et ça continue de la sorte pendant trente pages in-quarto Ces messieurs sont des fumistes solennels et tristes, (déclare-t-il, après une digression sur les règles de « l’amphigouri » cultivé par Collé et Désaugiers, qui « ont laissé quelques amphigouris charmants » certes, et mieux à sa portée que les poèmes de Mallarmé ). […] Mais, pour moi, la partie philosphique n’était pas assez mûre, pas assez explicite en mon esprit, et ma règle étant d’aller lentement et d’empreintes solides, nous adoptâmes un mode transitoire, pour quelque temps puisque Moréas et d’aucuns paraissaient innocemment découvrir tout à coup l’art du Symbole, nous mettrions pour une part la Revue sous l’autorité de Stéphane Mallarmé, mais la technique expressive reconnue serait « l’Instrumentation verbale ». […] Henri de Régnier, s’enquérait auprès de moi de ceci : Un danger n’est-il pas latent, pour qui n’est pas le trouveur, à se plier aux règles de « l’Instrumentation » ? […] Moréas le protéique n’est plus même « roman » : il a rencontré Malherbe, et Racine « en qui nous devons chercher les règles du vers et le reste ». […] Elle semble indiquer qu’à un moment la spontanéité première de Mallarmé à écrire le Vers a été volontairement pliée à un atermoiement, un arrêt avant une écriture qu’il voulait de toute pureté selon des règles qu’il impose et outre continuement.