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786. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Quand le pauvre Jean-Jacques dans sa jeunesse s’en revint d’un voyage entrepris pour sa santé, il trouva la place occupée ; Mme de Warens avait fait choix de ce grand diable, s’il vous en souvient, de celui-là qui menuisait toute la journée et frappait si fort. […] De guerre lasse, enfin, il s’est mis à l’étude : il sait les langues, il sort même d’Europe, il explore l’Inde et voyage de temps en temps en Chine… par les livres, s’entend ; on le croit revenu de sa chimère ; on le prend en estime, on est près de le féliciter… Gardez-vous en bien ! […] Vers la fin elle s’engoua d’Azaïs qu’elle avait rencontré dans un voyage aux Pyrénées et quelle prenait pour un Platon. […] Voici dans le Journal de l’Instruction publique (19 septembre 1855) un professeur qui, dans une énumération d’ouvrages et d’auteurs, en venant à mentionner le Voyage autour de mon jardin d’Alphonse Karr, le fait en ces termes : « Le Voyage autour de mon jardin du savant, spirituel et judicieux Alphonse Karr. » Que dira-t-on de plus de Bayle ou de Nicole ?

787. (1925) Dissociations

Tels, ces voyageurs, qui sont généralement des voyageuses, marquant leur place avec un élégant sac de voyage contenant leurs bijoux, et allant ensuite faire un tour sur le quai ou au buffet. […] Autre catégorie de gens pour lesquels je n’ai pas non plus une très grande pitié, ce sont ceux qui partent en voyage laissant une villa isolée sous la surveillance de la seule providence. […] Le voyage comporte voitures, trains, bateaux, et le commis se sent très surveillé par une bande de gens suspects. […] Belle saison pour les voyages, mais tout le monde ne voyage pas.

788. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

— « Nous, m’ont dit les Voyages ; Laisse-nous t’emporter vers de lointaines fleurs. » — Mais, tout éprise encor de mes premiers ombrages, Les ombrages nouveaux n’ont caché que mes pleurs.

789. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Le Flamand est lent, mais il marche ; et quand une fois il a pris son bâton de voyage, il va loin sans s’arrêter.

790. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Le Voyage d’Orient est tout plein de ces premières grandes bouffées d’ambition qui ressemblaient de loin à des vapeurs.

791. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Je n’oserais affirmer le contraire, et pourtant, du moment qu’on en veut juger en toute connaissance de cause, comme c’est la prétention de la critique, voilà l’interminable voyage qui recommence.

792. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

On lui attribue la rédaction des Mémoires du général Canuel, et même celle du Voyage à Jérusalem du Père de Géramb.

793. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Barthélemy, dans son célèbre Voyage du jeune Anacharsis, dit que c’était pour fortifier l’esprit républicain que les Athéniens faisaient représenter les revers des rois sur leur théâtre.

794. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Voyages en France, I, 240, 263.

795. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

C’était un homme de qualité, un homme d’esprit, de belle figure, un homme de cour, mais non un de ces courtisans de profession, qui bornant leur ambition à obtenir une parole ou un regard du prince, se pâmaient de joie en s’entendant nommer pour un voyage de Mari y ou Ce Fontainebleau.

796. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

C’est le prédécesseur, sinon le maître, de Chateaubriand, qui le lisait sans cesse. « Chateaubriand, avons-nous dit, s’est formé par l’assimilation de Bernardin de Saint-Pierre, en étendant, en repétrissant, en poussant la description de Paul et Virginie des Etudes et des Voyages.

797. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Il a décrit avec d’ineffables minuties les voyages de Gulliver de sa pensée, et il a construit comme Kant et même contre Kant une théorie.

798. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Matter sur le ridicule et l’inutilité de ses apparitions, et la médiocrité de ses soixante voyages dans les astres ?

799. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Eux étaient des matérialistes positifs, qui attaquaient en eux la bête par les cornes, tandis que le baron de Feuchtersleben est le plus pur spiritualiste qui ait jamais existé, peut-être, dans le pays où l’on voyage dans le bleu !

800. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Au onzième, l’exemple et la rivalité des Arabes, et quelques voyages en Orient, firent naître en Europe l’idée de s’instruire ; ce fut l’époque de cette science barbare, nommée scolastique ; l’esprit s’exerça et ne s’éclaira point.

801. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

La ruche laborieuse, qui sait oser, essayer, explorer, agir par bandes, et toujours fructueusement, va commencer ses profits et ses voyages et bourdonner par tout l’univers. […] Continuez, et vous verrez des princesses enfermées par une méchante fée qui les fouette et les menace de mort si elles refusent d’épouser son fils, une belle reine condamnée à périr par le feu si des chevaliers qu’on désigne ne viennent pas la délivrer, un prince perfide torturé en punition de ses méfaits, puis jeté du haut d’une pyramide, des combats, des surprises, des enlèvements, des voyages, bref, tout l’attirail des romans les plus romanesques. […] les voyages d’Hakluit, les décades de Pierre Martyr, les récits de Linschoten, les Hodœporicons de Jodocus à Meggen, de Brocarde le Moine, de Bredenbachius, de Sands, de J. […] Car une fois le but d’un voyage marqué, la route est désignée, puisque partout c’est le but qui désigne la route ; quand le point d’arrivée devient nouveau, la voie pour arriver devient nouvelle, et la science, changeant d’objet, change de procédé. […] those accurate diaries of Portugals, Hollanders, of Bartison, Oliver à Nort, etc., Hacluit’s voyages, Pet.

802. (1929) La société des grands esprits

Et l’on se dit que ces impressions de voyage sont une bonne préparation à la visite du lendemain. […] N’attendez pas beaucoup de détails sur son voyage. […] Ces grands coups d’épée et ces grands voyages charment même des imaginations enfantines, qui n’en peuvent encore saisir tout le sens ni toute la beauté. […] Le poète n’avait aucune raison de prendre à sa charge un voyage demandé par le roi. […] L’Épître à Uranie (ou le Pour et le Contre) est de 1722, donc bien antérieure au voyage d’Angleterre.

803. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il me semble, à vrai dire, que les livres de voyages devraient seuls être illustrés, — qu’on me pardonne, une fois pour toutes, ce mot que mon sujet m’impose. […] Dans le récit ironique qu’il fait du voyage de Voltaire à Londres en 1726, il commence par nous apprendre que ce voyage a été entrepris parce que Voltaire avait ouï dire que l’Angleterre avait produit Pope et Milton, et parce qu’il savait le nom de Congreve et celui d’Isaac Newton. […] Que ne descendait-il à Lyon, quitte à reprendre son voyage par un autre train, après avoir fait son pèlerinage à Notre-Dame de Fourvières ? […] Espérons toutefois que le voyage de M. le procureur général pourra produire quelques utiles modifications. […] avec leurs impressions de voyage reçues dans les hôtels borgnes du quartier français.

804. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Dans cette espèce d’épithalame adressé au père et au roi au moment du mariage de son fils Charles-Emmanuel avec Clotilde de France et pour fêter leur voyage en Savoie, le jeune substitut épanche en prose poétique sa fidélité exaltée envers son souverain. […] C’est aussi en cette même année 94 que se publiait par les soins du comte Joseph, parrain et tuteur du livre, le charmant Voyage autour de ma Chambre de son aimable frère. […] Jamais nous ne verrons tout pendant notre voyage, et souvent nous nous tromperons ; mais dans toutes les sciences possibles, excepté les sciences exactes, ne sommes-nous pas réduits à conjecturer ? […] Je tiens de bonne source que la première fois qu’il eut entre les mains le Voyage autour de ma Chambre, il n’en sentit pas toute la finesse légère. Il y avait même fait des corrections et ajouté des développements qui nuisaient singulièrement à l’atticisme de ce charmant opuscule ; mais il eut assez de confiance dans le goût d’une femme, d’une amie, qu’il voyait alors beaucoup à Lausanne, pour sacrifier ses corrections et rétablir le Voyage, à peu de chose près, dans sa simplicité primitive.

805. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

— Admettons que ce soit pour moi, répondit Pierre sur lequel l’élégante toilette de son voisin exerçait un visible ascendant, mais peut-être me remercierez-vous de vous avoir fait faire ce petit voyage. » Il indiqua au cocher la route qu’il devait suivre et monta dans la calèche. […] Il lui parla de son existence passée, de Pétersbourg, de ses voyages, en un mot de tout ce qui lui vint à l’esprit. […] Dans son esprit, il s’était élevé seulement une nouvelle idée, l’idée d’entreprendre un voyage en un temps opportun. — Un voyage ! se disait-il dès le matin ; un voyage !

806. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Elle fit le voyage d’Angleterre dans l’automne de 1766, y resta jusqu’au printemps de 1767, y vit le grand monde, toutes les ambassadrices et la nobility. […] C’est au retour de ce voyage que Mlle de Zuylen, prise d’inclination, à ce qu’il paraît, pour M. de Charrière, gentilhomme vaudois, instituteur de son frère (le pays de Vaud était volontiers un séminaire d’instituteurs et institutrices de qualité), se décida à l’épouser et à le suivre dans la Suisse française. […] Au retour de ses voyages et son éducation terminée, il vit Mme de Charrière et s’attacha quelque temps à elle, qui surtout l’aima.

807. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Quand nous y fûmes, mon compagnon de voyage me dit qu’il s’était fait mal au pied, et me pria de lui prêter un peu d’argent pour retourner à Florence : il ne m’en reste pas assez, lui dis-je, pour continuer ma route, et je t’engage à me suivre. […] C’est ainsi que je fis le voyage le plus agréable de ma vie. » Avant d’aller en prison, il eut un différend, pour une bagatelle, avec un gentilhomme du cardinal Santa-Fiore, et il voulut lui faire mettre les armes à la main. […] Il trouvait que j’étais mauvais compagnon de voyage, attendu que j’avais su me défendre ; et moi je le lui rendais, parce qu’il ne me fut d’aucun secours.

808. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

« — Vous avez fait, seuls ensemble, un voyage en Suisse, à cette époque ? — Il aimait beaucoup les voyages, mais non pas tant pour s’amuser et se distraire que pour tenir ouverts partout les yeux et les oreilles, et découvrir tout ce qu’il était possible d’introduire de bon et d’utile dans son pays. […] Goethe croyait qu’il ne vivrait pas quinze jours ; mais, comme il jouit alors de plus de bien-être, il se rétablit et écrivit toutes ses plus belles œuvres. » La pensée de sa fin prochaine l’occupait ; il s’y préparait comme à un voyage.

809. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Il ne faut pas confondre La Chapelle & Chapelle, auteur d’un voyage fort connu. L’Abbé de Chaulieu fit à ce sujet une épigramme satyrique, Lecteur, sans vouloir t’expliquer Dans cette édition nouvelle, Ce qui pourroit t’alambiquer Entre Chapelle & la Chapelle : Lis leurs vers, & dans le moment Tu verras que celui qui si maussadement, Fit parler Catulle & Lesbie, N’est pas cet aimable génie, Qui fit ce voyage charmant, Mais quelqu’un de l’Académie. […] Dans le voyage de Caton en Afrique, tous les serpens de la terre, comme s’ils s’étoient donné rendez-vous, sont rassemblés sur son passage.

810. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

C’était dans l’été de l’année 1844, une de ces années pleines et triples de ma vie, où les hivers étaient remplis par la politique et la tribune, les printemps par la poésie et l’agriculture, les automnes par des voyages, beaux coups d’aile vers l’Orient, vers les Pyrénées, vers les Alpes, vers les îles de Naples, vers l’Adriatique et vers Venise. […] Quel que soit le plaisir qu’on se promette d’un grand voyage, il y a toujours dans le paysage qu’on va quitter une voix prudente et un peu triste qui semble vous dire par chaque rayon de soleil, par chaque ombre d’arbre, par chaque rayon du soir qui se couche : « Pourquoi me quitter ?

811. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Qu’on oublie donc que ces vers parlent de moi ; qu’au lieu de moi, retiré depuis longtemps de la lice, et qui n’ai fait que toucher superficiellement et avec distraction la lyre jalouse qui veut tout l’homme, on suppose un nom véritablement et légitimement immortel ; qu’on se figure, par exemple, que Solon, poète d’abord, et poète élégiaque dans sa jeunesse, puis restaurateur, législateur et orateur de la république athénienne, puis banni de la république renversée par l’inconstance mobile des Athéniens, puis rentré obscurément dans sa patrie, par l’insouciance du maître, y végète pauvre et négligé du peuple sur une des montagnes de l’Attique ; qu’on se représente en même temps un jeune poète d’Athènes, moins oublieux que ses compatriotes, bouclant sa ceinture de voyage, chaussant ses sandales, et partant seul du Parthénon pour venir visiter bien loin son maître en poésie, relique vivante de la liberté civique ; que Solon reçoive bien ce jeune homme, partage avec lui son miel d’Hymette, ses raisins de Corinthe, ses olives de l’Attique ; que le disciple, revenu à Athènes après une si bonne réception, raconte en vers familiers à ses amis son voyage pédestre, ses entretiens intimes avec le vétéran évanoui de la scène et se survivant, mutilé, à lui-même et à tous dans un coin des montagnes natales.

812. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

XLIV Nous dûmes à cette prédilection de la comtesse de Bombelles de la voir quelquefois dans le merveilleux exercice du talent, ou plutôt de l’inspiration qui lui avait valu l’enthousiasme de madame de Staël dans son dernier voyage à Hambourg : les Attitudes. […] En avançant dans notre obscur voyage, Du doux passé l’horizon est plus beau : En deux moitiés notre âme se partage, Et la meilleure appartient au tombeau !

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