/ 3553
1108. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

À l’été de 1837, Sainte-Beuve s’en vint dans le canton de Vaud. […] D’où vient cependant que M.  […] Soumet, dont je viens d’achever la lecture. […] Si l’on a pu venir jusqu’ici, pourquoi n’irait-on pas jusque-là ? […] Toujours regarder, et ne jamais voir venir !

1109. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

Tout le monde, en effet, en est venu là aujourd’hui, de vouloir écrire correctement, décemment. […] Mais c’est aux mamans et aux bonnes de la faire pratiquer aux enfants ; il semble superflu et il est presque de mauvais goût à un moraliste de venir la conseiller. […] pour le coup, Duclos, vous nous croyez par trop honnêtes femmes. » Que si l’on appliquait cela à la manière d’écrire, et si quelque docteur relâché venait à poser en principe que plus on a d’esprit et moins on est tenu à ces misères de l’orthographe, que ce sont choses à laisser à des plumes bourgeoises et que la marque de la supériorité consiste à ne pas se priver de ces licences d’autrefois, un exemple comme celui de Mme de Bregy suffirait, certes, à dégoûter les moins susceptibles, à effrayer les moins timides, et il n’est personne qui ne s’écriât : « Dieu nous garde d’être jamais beaux esprits à ce point ! 

1110. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Cette bêtise-là est de la même force que celle de Turgot ou de Franklin ; seulement elle est venue trente ans plus tôt. […] Lord Bolingbroke, quand il était à Paris, ne manquait pas aux séances ; M. de Torcy y venait ; bien des membres du club l’étaient aussi du Parlement. […] De plus, ce qui n’est pas une moindre louange, son opinion saine et droite devance celle de l’avenir, et pourtant alors, pour plusieurs de ces grands hommes, le présent était à peine venu.

1111. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Madame de Sévigné écrit, le 2 octobre, à sa fille « que la veille l’ami et l’amie (le roi et madame de Montespan) avaient passé toute la journée ensemble, La femme (la reine) était venue à Paris ; on dîna ensemble. […] Vous mourez d’envie de venir dans le grand monde, et moi d’en sortir. » À quelque temps de là, elle écrivait à l’abbé Gobelin : « Si je suivais mon inclination, il n’y a pas de moment dans la journée que je ne demandasse à me retirer. […] vient-elle du ciel ?

1112. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

Si le mot est venu par l’écriture seule, il faut le réformer et l’écrire comme le prononcerait un paysan ou un ouvrier tout à fait étranger à l’anglais ou à telle autre langue. […] Groume a déjà existé en français, venu d’une forme germanique (grom, garçon). […] Splénétique est venu du grec.

1113. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

La sensibilité vient à s’user dans un artisan sans génie, et ce qu’il apprend dans la pratique de son art, ne sert le plus souvent qu’à dépraver son goût naturel et à lui faire prendre à gauche dans ses décisions. […] L’un et l’autre, pour prévoir plus certainement l’effet de leurs vers, en étoient venus à une méthode à peu près pareille à celle de Malherbe et de Moliere. […] Il est donc rare que les plus grands hommes en ces deux professions veuillent rendre justice même à ceux de leurs concurrens, qui ne font que commencer la carriere, et qui ne peuvent ainsi leur être égalez que dans un temps à venir et encore éloigné.

1114. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

Mais il est d’autres professions où les derniers venus n’ont pas le même avantage sur leurs prédecesseurs, parce que le progrès qu’on peut faire en ces sortes de professions, dépend plus du talent d’inventer et du génie naturel de celui qui les exerce, que de l’état de perfection où ces professions se trouvent lorsque l’homme qui les exerce fournit sa carriere. […] La force de son génie, qui lui fait deviner et imaginer un nombre infini de choses, qui ne sont pas à portée des esprits ordinaires, lui donne plus d’avantage sur les esprits ordinaires, qui professeront un jour le même art que lui, après que cet art aura été perfectionné, que ces esprits n’en pourront avoir sur lui, par la connoissance qu’ils auront des nouvelles découvertes et des nouvelles lumieres dont l’art se trouvera enrichi lorsqu’ils viendront à le professer à leur tour. […] Parmi les professions que j’ai citées comme ressortissantes principalement du génie, celle du medecin paroît la plus dépendante de l’état où est la médecine quand un certain homme vient à la professer.

1115. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Un jour un boucher vint demander à la vieille de lui vendre son taureau mais elle s’y refusa formellement « Takisé, dit-elle (elle avait donné ce nom à son nourrisson), « Takisé n’est pas à vendre. » Le boucher, mécontent du refus, alla trouver le sartyi134 et lui dit : « Il y a chez la vieille Zeynêbou un « gros taureau qui ne doit être mangé que « par toi tant il est beau. » Le sartyi envoya le boucher et 6 autres avec lui sous le commandement d’un de ses dansama135, chercher le taureau de la vieille. […] Le chef des bouchers pria le sartyi de faire venir la vieille. […] Je n’ai « pas d’enfant, vous le savez : nous vivrons « ici toutes trois en famille. » Les jeunes filles s’arrêtèrent dans leur fuite et vinrent auprès de la vieille.

1116. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Catherine II fait venir Diderot, et, tous les jours, pendant deux ou trois heures, joue avec lui le grand jeu de l’esprit. […] À proprement parler, c’est la bête noire ; quiconque lui lance un trait est le bien venu. — Autre chaîne, la morale des sexes. […] — Et j’ai laissé de côté ses excès, ses scandales, ses désastres et ses hontes, Rosbach, le traité de Paris, Mme du Barry, la banqueroute. — Le dégoût vient ; décidément, tout est mal. […] Les courtisans, serviteurs de la mode, venaient faire la cour à Marmontel, à d’Alembert, à Raynal. […] On s’adresse à lui, même pour les accidents privés ; le 8 juin 1785, il envoie deux cents livres à la femme d’un laboureur breton, qui, ayant déjà deux enfants, vient d’en mettre au monde trois en une seule couche554.

1117. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

L’indulgente Léonora, pardonnant à la fois à l’amant et au poète, supplia le Tasse de venir passer une partie de l’été, seul avec elle, dans une délicieuse villa au bord du Pô, nommée Casandoli. […] Peu de jours après, Alphonse vint en effet ouvrir lui-même la porte au poète, et, pour hâter sa convalescence, il l’envoya, libre et suivi d’amis et de médecins, dans son délicieux palais d’été de Bello Sguardo. […] Au même instant vint un jeune homme d’une vingtaine d’années, grand, beau, élégant, mince et musculeux, qui, grondant et frappant les chiens, leur arracha l’animal qu’ils avaient tué. […] Tandis que nous étions ainsi à converser vint un jeune homme, moins âgé que l’autre, mais non moins beau, qui nous dit que son père était rentré, et, en effet, il arriva aussitôt suivi d’un valet à pied et d’un autre à cheval. […] Il se tourna du côté de son fils aîné et lui dit d’un air gracieux : D’où nous vient cet hôte ?

1118. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Mais la révolution vint ; dix années, fin de l’époque, s’écroulèrent brusquement avec ce qu’elles promettaient, et abîmèrent les projets ou les hommes ; les trois Hermès manquèrent ; la poésie du xviiie  siècle n’eut pas son Buffon. […] Il a singulièrement assoupli le rythme ; il a inventé des procédés, autant de moyens ingénieux qui se mettront d’eux-mêmes au service d’une pensée savante, quand elle viendra, et qui en faciliteront l’expression. […] La pensée scientifique est mûre pour faire éclore une poésie spéciale, l’instrument est admirablement préparé ; le public attend, quand viendra le poète ? […] le besoin physique uniquement : C’est du conflit des corps que le droit est venu. […] Car la terre en ses flancs couve l’âme qui ment                        Et vient s’épanouir en lui.

1119. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

« Il dormait le plus souvent sur un tabouret, auprès de la porte, où je l’ai maintes fois vu ainsi attendre avec les courtisans que le roi vînt se coucher. » Bloin, le valet de chambre, ouvre les battants. […] Donnez-moi aussi un homme, un protestant, le premier venu, celui qu’il vous plaira, ou, si vous l’aimez mieux, un droit de 30,000 livres sur les halles, ou même une rente de 20,000 livres sur les carrosses publics. […] Pour empêcher les nouveaux venus d’avoir le pas sur lui, il combat en héros, il chicane en avocat, il souffre en malade ; il éclate en expressions douloureuses comme s’il était coudoyé par des laquais. […] Il y a là une observation pour le physiologiste, il y en a une pour le peintre, pour l’homme du monde, pour le psychologue, pour l’auteur dramatique, pour le premier venu. […] Il note les émotions comme elles viennent, violemment, puisqu’elles sont violentes, et que, l’occupant tout entier, elles lui bouchent les oreilles contre les réclamations du bon style et du discours régulier.

1120. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

La sensibilité et le talent suivent, chose remarquable, une marche presque inverse : la sensibilité s’émousse, s’attiédit, se désabuse ; elle en vient parfois à se concentrer en des buts fort restreints ; le talent s’affermit, s’assouplit, se généralise. […] Le moindre succès des Chroniques se perdit bientôt pour Mme Tastu dans des adversités obscures et poignantes qui vinrent assujettir à des emplois obligés ce talent si sobre et si choisi. […] La précision même des détails nuit peut-être à une plus libre intelligence ; l’auteur suit trop pas à pas son chemin ; on s’aperçoit bien qu’on n’a point avec lui affaire à une pure fantaisie, mais on ne sait trop où il en veut venir. […] Ces désabusements, avouons-le, lui sont venus surtout de l’excès des impatiences et des appels menaçants à la force ; dans la pièce de La Fayette, son vœu et sa prière s’adressent à cette trop vive jeunesse que, dans son inquiétude de mère, elle prend à tâche de modérer. […] Bien qu’il nous reporte vers un passé plus brillant, bien qu’il s’élève moins haut que la poétique apparition de la jeunesse, il vient dignement après, et honore le talent en même temps que la vie de celle qui peut si fermement se résigner et si délicatement se plaindre.

1121. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Si c’est dans l’art qu’elles se produisent et s’expriment, la forme en sera nue, sèche et aride, comme tout ce qui vient avant la saison. […] C’eût été d’abord de vivre à part, loin des coteries et des salons patentés, dans le silence du cabinet ou des champs ; de travailler là, peu soucieux des succès du jour, pour soi, pour quelques amis de cœur et pour une postérité indéfinie ; c’eût été d’ignorer les tracasseries et les petites guerres jalouses qui fourmillaient aux pieds de trois ou quatre grands hommes, d’admirer sincèrement, et à leur prix, Montesquieu, Buffon, Jean-Jacques et Voltaire, sans épouser leurs arrière-pensées ni les antipathies de leurs sectateurs ; et puis, d’accepter le bien, de quelque part qu’il vînt, de garder ses amis, dans quelques rangs qu’ils fussent, et s’appelassent-ils Clément, Marmontel ou Palissot. […] Mais, à force de méditer sur les prérogatives de la poésie, Le Brun en était venu à envisager les hardiesses comme une qualité à part, indépendante du mouvement des idées et de la marche du style, une sorte de beauté mystique touchant à l’essence même de l’ode ; de là, chez lui, un souci perpétuel des hardiesses, un accouplement forcé des termes les plus disparates, un placage extérieur de métaphores ; de là, surtout vers la fin, un abus intolérable de la Majuscule, une minutieuse personnification de tous les substantifs, qui reporte involontairement le lecteur au culte de la déesse Raison et à ces temps d’apothéose pour toutes les vertus et pour tous les vices. […] Il passa une moitié de sa vie à les remanier la plume en main, à en trier les brouillons, à les remettre au net et à en préparer une édition qui ne vint pas. […] » Il est à craindre pour Le Brun que les dissentiments politiques n’aient aigri son cœur, et que l’échafaud d’André ne soit venu ayant la réconciliation.

1122. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Cependant on m’écrit de province qu’un visiteur, se vantant à table d’avoir contribué à m’y faire venir, en a donné pour raison que j’y serois moins dangereux qu’autre part, et qu’il falloit d’ailleurs tirer de moi tout ce qu’on peut du côté des sciences, puisqu’il seroit contre la prudence de me confier des emplois. […] Je compte, mon Révérend Père, que sans en venir à ces extrémités, qui ne feroient plaisir ni à vous ni à moi, vous voudrez bien consentir au changement de ma condition. […] Chez lui pourtant la réflexion ne venait qu’à la suite de l’action et à titre d’excuse ; il obéissait avant tout à l’entraînement. […] On avait raconté que Prevost, jeune, au sortir du collège, avait eu une liaison amoureuse dans sa ville natale, et qu’un jour son père étant venu lui faire une scène chez sa maîtresse qu’il avait maltraitée, l’amant en fureur avait précipité du haut d’un escalier le bonhomme, qui, sans accuser personne, était mort des suites de sa chute : on prétendait expliquer de la sorte la brusque vocation du coupable et son entrée chez les bénédictins. […] Dans la note précédente, nous voyons que, loin que ce soit le fils qui tue le père, c’est le père qui menace de tuer son fils, dans le cas où celui-ci viendrait à rompre ses vœux.

1123. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Mon livre viendra, malgré tout, en son temps. » 46 De la même maladie Aubryet nous laisse, outre des descriptions exactes à en frissonner comme celles précédemment citées, une très curieuse étude de « Psychologie mondaine ». […] « Il prenait d’ailleurs plaisir à conter toutes ses angoisses devant le moindre mouvement à faire, le transport de sa chaise à son lit, le plus petit choc prenant tout le suraigu douloureux d’une opération chirurgicale, et ses terreurs, chaque soir, devant la nuit qui venait, et le besoin impérieux, apeuré, qu’il avait de ce tic-tac d’une pendule. »47 La neurasthénie à forme cérébrale, pour être d’allure moins suppliciante, est tout aussi féconde. […] Souvent, en effet, l’auto-observation n’est que le point de départ, l’élément initial d’une étude que vient élargir l’intelligente assimilation des matériaux techniques. […] État actuel. — Habitus extérieur : « Grêle jeune homme de 30 ans, anémique et nerveux, aux joues caves, aux yeux d’un bleu froid d’acier, au nez éventé et pourtant droit, aux mains sèches et fluettes. » Signes généraux : Il entreprend assez facilement une œuvre, mais la fatigue vient vite avec des étourdissements, un besoin de s’appuyer ou de s’asseoir s’il est debout. […] Le premier semble avoir renoncé bien vite à ses tentatives : « Qu’il ait essayé une ou deux fois du haschisch55 comme expérience physiologique, cela est possible et même probable ; mais il n’en a pas fait un usage continu… Il ne vint que rarement et en simple observateur aux séances de l’hôtel Pimodan, où notre cercle se réunissait pour prendre le “Dawamesk”, séances que nous avons décrites autrefois dans la Revue des Deux-Mondes, sous ce titre “le Club des Haschischins” en y mêlant le récit de nos propres hallucinations ».

1124. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

En effet, littérairement parlant, ce volume des Confidences vient bien après Jocelyn, La Chute d’un ange, les Recueillements poétiques, et il continue, sans trop de décadence, cette série de publications dans lesquelles les défauts de l’auteur vont s’exagérant de plus en plus, sans que ses qualités pour cela disparaissent. […] C’est lui qui, dans la fable du berger devenu ministre, a dit, pour nous expliquer comment le pauvre homme, brusquement jeté du milieu de son troupeau au gouvernail d’un État, s’en tire beaucoup mieux qu’on n’aurait pu croire : Il avait du bon sens, le reste vient ensuite. […] Tout cela est choquant au dernier point, et tellement indélicat, que c’est presque une indélicatesse à la critique elle-même de venir le relever. […] M. de Lamartine, en prenant soin de mettre la date de 1829 à la suite de cet épisode, a voulu nous avertir qu’il l’avait écrit dès cette époque, et que les vers qu’il consacrait à la jeune Napolitaine en 1830 ne sont venus qu’après, comme un couronnement. […] Les cœurs s’ouvrent sans défiance, ils se soudent tout de suite… » Est-ce Bernardin de Saint-Pierre encore qui dans cette scène, jolie d’ailleurs, où Graziella, pour mieux plaire à celui qu’elle aime, essaie de revêtir la robe trop étroite d’une élégante de Paris, est-ce lui qui viendrait nous dire, après les détails sans nombre d’une description toute physique : « Ses pieds, accoutumés à être nus ou à s’emboîter dans de larges babouches grecques, tordaient le satin des souliers… » Ce défaut, dont je ne fais que toucher quelques traits, est presque continuel désormais chez M. de Lamartine ; il se dessine et reparaît à travers les meilleurs endroits.

1125. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Lorsque viendra la seconde moitié du siècle, lorsque Jean-Jacques Rousseau aura paru, on s’enrichira de parties plus élevées, plus brillantes et toutes neuves ; on gagnera pour les nuances d’impressions et pour les peintures, mais la déclamation aussi s’introduira ; la fausse exaltation et la fausse sensibilité auront cours. […] Venu en France à la révolution de 1688, à la suite de son roi légitime, il y vécut dans le meilleur monde, se dédommageant des ennuis de la petite cour dévote de Saint-Germain par des séjours chez les Berwick et chez les Grammont. […] Qu’un esprit doux et poli, pénétrant et fin, répandant sur les choses et sur le prochain une raillerie légère universelle, qu’un tel esprit vienne à naître, cela ne suffit pas. […] Il y aura de plus en plus de quoi souffrir pour ces esprits-là, surtout s’ils venaient à être dépaysés et déportés dans un état de soi-disant civilisation où le cri l’emporte sur le sourire, où il faille, appuyer de toute sa force sur chaque chose, et où la plaisanterie ait souvent besoin d’un porte-voix. […] Je passerais encore que le président Tambonneau, venu en Angleterre pour briller, et voyant qu’il y perd sa peine, retourne en France aux pieds de ses premières habitudes, c’est-à-dire de sa première maîtresse ; mais c’est trop que le fat Jermyn ne soit dans toute sa personne qu’un trophée mouvant des faveurs et des libertés du beau sexe.

1126. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Il y a lieu de croire que, bien qu’un seul acteur parût et récitât, il supposait une action réelle, et qu’il venait, dans les intervalles du chœur, en rendre compte aux spectateurs, soit par voie de narration, soit en jouant le rôle d’un héros, puis d’un autre, et ensuite d’un troisième. Je suppose, par exemple, que Thespis, ou quelque autre de ses successeurs, eût pris pour sujet, comme Homère, la colère d’Achille : je m’imagine, que son acteur, représentant le prêtre d’Apollon, venait dire que vainement il avait tâché de fléchir Agamemnon par des prières et des présents ; que ce roi inflexible s’était obstiné à ne lui pas rendre sa fille Chryséide ; que sur cela Chrysès implorait le secours du dieu pour se venger. […] On le peut faire, en le réjouissant par le spectacle même de ses maux, en y attachant ses regards malgré lui par un attrait de plaisir dont il ne puisse se défendre, et en insinuant dans son cœur ce que cette crainte et cette pitié ont d’agréable et de doux, non seulement pour le genre humain, mais encore pour lui apprendre à modérer ses passions, quand des maux réels viendront les exciter. […] Après cet effort, il lui était bien moins difficile de transporter de l’épopée à la tragédie, ce qui s’appelle intrigue ou nœud ; car il est plus aisé de faire oublier le poète et le narrateur, quand on vient à brouiller différents intérêts et à nouer le jeu de divers personnages, que quand on veut mettre les spectateurs au fait d’une action, sans qu’ils s’aperçoivent qu’on ait eu dessein de le faire. […] L’art une fois découvert fait évanouir tout le charme : c’est par le choc violent des passions, qu’on vient particulièrement à bout de sauver l’art.

1127. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Il est quelquefois cassant ; il est quelquefois un peu trop admiratif et ami de tout le monde ; il est quelquefois, à votre goût, trop tourné du côté du passé ou au contraire trop attiré vers les nouveautés, et homme qui découvre tous les matins un nouveau chef-d’œuvre, ce qui lui fait oublier celui qu’il a découvert hier ; il est quelquefois l’homme qui n’a que de la mémoire et qui cite presque sans choix, et vous le trouvez monotone ; il est quelquefois l’homme qui, en parlant des autres, songe surtout à lui et qui, dans l’esprit des auteurs, ne trouve presque qu’une occasion de faire admirer celui qu’il a ; mais quels que soient ses défauts vous l’aimez toujours un peu : le lecteur aime celui qui lit et qui lui parle de lectures, et en vient même, par besoin de confidences intellectuelles à faire et à recevoir, à ne pouvoir plus se passer de lui Eh bien ! […] Et c’est ainsi que Renan a très bien dit qu’un temps viendrait où la lecture des auteurs serait remplacé par celle des historiens littéraires. […] Vous désiriez savoir quel effet ferait sur vous Montaigne, et vous ne savez pas si ce qui vous vient à l’esprit, en lisant Montaigne, vous vient en effet de Montaigne ou de Nisard ; vous vouliez connaître votre sensibilité modifiée par Montaigne ; vous connaissez une modification faite peut-être par Montaigne, mais préparée par Nisard ; vous connaissez quelque chose en vous qui est de Montaigne, de Nisard et de vous-même ; il y a un terme de trop ; ce n’est pas lire Montaigne que de le lire à travers Nisard, que de le lire en y cherchant instinctivement, et en y trouvant forcément, moins les pensées de Montaigne que les pensées que Montaigne a inspirées à Nisard ; et pour lire Montaigne vraiment, ce qui s’appelle lire, il faudrait d’abord que vous missiez Nisard en total oubli. […] Elles viendront, et chez très peu, chez infiniment peu, beaucoup plus tard.

1128. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Un évêque, en lui faisant une visite, lui dit : Je viens me ranger à votre parti. […] Vous êtes venus dans mon empire, non pour l’éclairer, mais pour y brouiller. […] De l’animosité réciproque, on en vint à des procès. […] A l’âge de quatorze ans, il vint étudier à Paris. […] où nous fourerons-nous, quand ce livre viendra à paroître ?

1129. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouger, Henri (1865-1912) »

Il a cru entendre distinctement la voix indifférente de la nature… Mais voici que le cœur irrité du poète s’apaise, et qu’une vision soudaine de la vie universelle où s’entrecroise éternellement l’échange des souffles, des formes et des âmes, vient calmer son esprit, prêt désormais à accepter, à bénir presque l’inévitable loi qui enchaîne les effets et les causes… — Ce premier essai paraît annoncer un poète visionnaire et philosophe. Voilà une bonne nouvelle qui vient fort à propos, puisque M. 

1130. (1813) Réflexions sur le suicide

La Providence, qui veut que toutes les blessures de l’âme humaine puissent être guéries, vient au secours de celui qu’elle a frappé d’un coup plus fort que ses forces. […] C’est à ces mêmes sources que le héros et le poète viennent puiser leurs inspirations. […] -C., car ils seront consolés : si quelqu’un veut venir avec moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. […] Le Christianisme, au contraire, place le bonheur avant tout dans les impressions qui nous viennent par la conscience. […] — D’où vous vient cette confiance ?

1131. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

En méditant sur ce sujet, il m’est souvent venu dans l’esprit plusieurs idées que je reconnois moi-même pour être plûtôt de simples lueurs que de véritables lumieres. […] les differentes idées, dit un auteur moderne, sont comme des plantes et des fleurs qui ne viennent pas également bien en toutes sortes de climats… etc. . […] Enfin, le génie des arts et des sciences disparoît jusqu’à ce que la révolution des siecles le vienne encore tirer une autre fois des tombeaux, où il semble qu’il s’ensevelisse pour plusieurs siecles, après s’être montré durant quelques années. […] Qu’on me permette l’expression, il ne vint point de taillis à côté de ces grands chênes. […] je ne sçaurois m’empêcher de mettre ici sur le papier des idées qui me viennent souvent dans l’esprit… etc.

1132. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Je ne viens donc pas ici pour combattre mes successeurs. […] C’est ce qui vient d’être démontré. […] Un chant vient toujours à l’appui du chant qui le précede. […] On vient d’applaudir au coup d’essai de M. […] De-là nous vient l’Apologue.

1133. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Un gentil page vint à chanter, une reine gentille vint à descendre. ― Roi ! […] Un moine blanc vint à passer, un moine rouge vint à chanter : ― Roi ! […] On en trouvera les premières pierres dans l’ouvrage qu’il vient d’achever, la Volonté de vivre. […] Or, la force qu’ils semblent avoir, d’où leur vient-elle, sinon du conventionnel prestige que les hommes leur ont constitué ? […] Alors, puisque les hommes sont aussi cruels, vingt siècles après sa venue, qu’aux jours de sa venue, peut-être l’heure a-t-elle sonné d’une incarnation nouvelle, peut-être va-t-il descendre pareil à un pauvre de Paris, de même que jadis il vécut pareil un pauvre de Galilée ?

1134. (1876) Romanciers contemporains

reprit l’abbé, dites-lui : Mon Dieu, venez à moi ! — Mon Dieu, venez à moi ! […] Puis il est venu à Paris. […] Le soleil, à l’appel du prêtre, venait à la messe. […] Le hasard vint à son aide.

/ 3553