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2901. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Si, au contraire, l’homme naturellement sain et équilibré limite volontiers l’étendue de ses conceptions pour en mieux préciser la forme, on verra, comme en Grèce, une théologie d’artistes et de conteurs, des dieux distincts promptement séparés des choses et transformés presque dès l’abord en personnes solides, le sentiment de l’unité universelle presque effacé et à peine conservé dans la notion vague du Destin, une philosophie plutôt fine et serrée que grandiose et systématique, bornée dans la haute métaphysique5, mais incomparable dans la logique, la sophistique et la morale, une poésie et des arts supérieurs pour leur clarté, leur naturel, leur mesure, leur vérité et leur beauté à tout ce que l’on a jamais vu.

2902. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

» CCXIV — Rassurez-vous un peu, nous dit le frère quêteur, sans toutefois trop compter sur la justice des hommes, qui n’est souvent qu’injustice aux yeux de Dieu et qui n’a pour lumière que l’apparence au lieu de la vérité.

2903. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Le cardinal, dupe du subterfuge, n’hésita pas à la payer deux cents écus romains ; mais, ayant été bientôt informé de la vérité, il perdit avec son illusion toute son admiration pour la statue.

2904. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

» « À ces mots, échappés du cercueil, l’affreuse vérité m’éclaire, ma raison s’égare, je me laisse tomber sur le linceul de la mort, je presse ma sœur dans mes bras, je m’écrie : « Chaste épouse de Jésus-Christ, reçois mes derniers embrassements à travers les glaces du trépas et les profondeurs de l’éternité, qui te séparent déjà de ton frère ! 

2905. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Voilà la vérité, mais je n’ai point dit tous les maux dont un Dieu a accablé les Perses. » IV. — Évocation de Darius. — Le sacrilège du détroit. — Prédiction de L’Ombre.

2906. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Elle est assise sur un des plateaux ; une plume d’autruche, emblème de justice et de vérité, est placée dans l’autre.

2907. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Oui, de la vérité rallumant le flambeau, J’enflammerai les cœurs de mon noble délire ; On verra l’imposteur trembler devant ma lyre ; L’opprimé, qu’oubliait la justice des lois, Viendra me réclamer pour défendre ses droits ; Le héros, me cherchant au jour de sa victoire, Si je ne l’ai chanté doutera de sa gloire ; Les autels retiendront mes cantiques sacrés, Et fiers, après ma mort, de mes chants inspirés, Les Français, me pleurant comme une sœur chérie, M’appelleront un jour Muse de la patrie ! 

2908. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Tel doit être le premier grand résultat direct de la philosophie positive, la manifestation par expérience des lois que suivent dans leur accomplissement nos fonctions intellectuelles, et, par suite, la connaissance précise des règles générales convenables pour procéder sûrement à la recherche de la vérité.

2909. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Or c’est le contraire qui est la vérité.

2910. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Chaque sens commun est un mélange de vérités précieuses et de préjugés ; car le bon sens et la mode se partagent, en proportions variables selon les temps et les circonstances, le domaine de l’opinion courante ; et chaque pensée individuelle, se formant à l’image de la pensée collective qui est, par l’intermédiaire du langage, son milieu nourricier, acquiert des préjugés plus ou moins tenaces, en même temps qu’elle s’enrichit du bon sens de nos ancêtres. […] Il est des actes, toutefois, bons à se passer derrière la scène et qu’on n’y produira point. »] — Si par quæ sunt oculis subjecta on entendait l’écriture, la maxime d’Horace serait le contraire de la vérité.

2911. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

On l’aime, on l’écoute, on l’entoure ; il dit à chacun toutes ses vérités, tant qu’il veut et comme il veut ! […] Les divers personnages de la comédie s’y montrent enfin dans toute leur vérité. […] de tous ces comédiens bien élevés, intelligents ; animés par la vérité, tout-puissants par la parole, parés comme on l’était à Versailles, imitateurs studieux, qui allaient à l’Œil-de-Bœuf attendre la comédie, pendant que les courtisans attendaient Louis XIV, les compagnons de M. de Lauzun et de M. de Guiche et de tous les beaux de la cour, hélas !

2912. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

En proie à l’amour du passé, regrettant toujours d’inutiles fadaises, antique, moyen âge, rococo, bonnet rouge et jamais actuelle, elle assiste au travail émouvant de son siècle en mal de vérité, sans même paraître s’en apercevoir… » Je n’ai point ici à juger si la poésie a répondu brillamment à cet appel.

2913. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

« Auquel je répondis, et je répondrais à tous ceux qui soutiendraient telles choses, qu’il était mal informé ; et que ce n’était que fausse croyance à tous ceux qui y ajoutent foi, et qu’ils abandonnent le chemin de la vérité, et en ce je veux vivre et finir mes jours. » La Sale justifie doctement son incrédulité en montrant que « toutes les écritures saintes, tant grecques que latines », ne parlent que de dix sibylles, et qu’aucune d’elles ne peut habiter la fameuse montagne. […] Le célèbre moine de Saint-Alban, Matthieu Paris, raconte qu’en l’année 1228 un archevêque d’Arménie vint en Angleterre, et que, entre autres merveilles qu’il raconta de son pays, il parla « de ce Joseph, dont le nom revient souvent dans l’entretien des hommes, qui fut présent à la Passion du Seigneur, lui parla, et vit encore, en témoignage de la vérité de notre foi ». […] Li oiseaus dit en son latin : « Entendes », fait-il, « a mon lai, « Et chevalier et clerc et lai, « Qui vos entremetés d’amors « Et qui en soffrés les dolors ; « Et a vos le di je, puceles, « Qui estes avenans et bêles, « Qui le siècle volés avoir : « Je vos di vraiement por voir « Vos devés Dieu amer avant, « Tenir sa loi et son cornant, « Volentiers aler au mostier, « Et si oïr le Dieu mestier240 : « Quar dou service Dieu oïr « Ne puet a nului maus venir241 ; « Et por vérité vos recort242 « Dieus et Amors sont d’un acort. […] On trouve une sorte de parodie de notre conte dans une fable qu’on peut appeler les Trois Vérités du Loup, et qui apparaît d’abord dans le « Romulus de Marie de France » (Hervieux, les Fabulistes latins, t. 

2914. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Les connaissances, les groupes, les journaux sont dans l’ignorance de la vérité. […] La Vérité annonce, que demain ou après-demain, doit paraître à l’Officiel, une loi en vertu de laquelle sera enrôlé et condamné à marcher contre les Versaillais, tout homme marié, ou non marié, de dix-neuf à cinquante-cinq ans. […] Le dur, le pénible, c’est le métier d’agent de police et de mouchard qu’il faut faire, pour ramasser, — et cela la plupart du temps dans des milieux répugnants, — pour ramasser la vérité vraie, avec laquelle se compose le roman contemporain.

2915. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

… Tout ce mouvement est d’une vérité profonde et d’une vraiment durable beauté ; il contraste admirablement avec l’invocation toute reposée, toute radoucie, d’une des élégies suivantes, et avec ce début enchanteur : Calme des sens, paisible indifférence, Léger sommeil d’un cœur tranquillisé, Descends du ciel ; éprouve ta puissance Sur un amant trop longtemps abusé !

2916. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Mais si vous êtes seulement un homme de bon sens et de goût exquis, un amateur des délicatesses de l’esprit et des grâces de la poésie ; si vous ne sentez plus dans votre cœur ou si votre nature tempérée n’a jamais senti les brûlures sacrées ni les stigmates toujours saignants des fortes passions : amour, dévouement, religion, soif de l’infini ; si une félicité facile et constante vous a servi à souhait dans les différents âges de votre vie ; si vous avez passé l’âge des tempêtes, l’équinoxe de cette vie ; si vous êtes détrompé des hommes et de leurs vains efforts pour se retourner sur leur lit de chimères ; si vous avez vu dix révolutions et cent batailles soulever pendant soixante ans la poussière des places publiques et des champs de mort sans rien changer dans le sort des peuples que le nom de leur servitude et de leurs déceptions ; si vous avez vu les prétendus sages de la veille déclarés fous le lendemain, et les philosophies et les systèmes qui avaient fanatisé les pères devenir la dérision de leurs fils ; si la pensée humaine, toujours active et toujours trompée, vous a attristé d’abord par ce perpétuel enfantement du néant ; si, après avoir pleuré sur ce tonneau retentissant des Danaïdes qu’on appelle Vérité, vous avez fini par en rire ; si, sans chercher plus longtemps cette impénétrable moquerie du destin qui pousse le genre humain à tâtons de la vie à la mort, vous avez pris le parti de douter de tout, de laisser son secret à la Providence, qui, décidément, ne veut le dire à aucun mortel, à aucun peuple et à aucun siècle ; si vous vous laissez glisser ainsi sur la pente, comme l’eau de l’Anio qui glisse en gazouillant sous le verger d’Horace ; si vous n’avez ni femme ni enfant qui doublent et qui perpétuent pour vous les soucis de la vie ; si votre cœur, un peu rétréci par cet égoïsme qui se replie uniquement sur lui-même, a besoin d’amusement plus que de sentiment ; si vous possédez cet Hoc erat in votis , ce vœu d’Horace, un joli domaine aux champs pour l’été, une maison chaude l’hiver, tapissée de bons vieux livres ( nunc veterum libri ) ; si votre fortune est suffisante pour votre bien-être borné ; si vous avez pour amis quelques amis puissants, amis eux-mêmes des maîtres du monde, avec lesquels vous soupez gaiement en regardant combattre Pompée et mourir Cicéron pour cette vertu que Brutus appelle un vain nom en mourant lui-même ; enfin, si vous n’avez pas grand souci des dieux, et si les étoiles vous semblent trop haut pour élever vos courtes mains vers les choses célestes ; oh !

2917. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

L’abbé Sieyès, devenu depuis l’apôtre un peu ténébreux de la révolution française, roulait déjà dans sa pensée les vérités et les nuages d’où devaient sortir les éclairs et les foudres de l’Assemblée constituante.

2918. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Oui, seigneur, de toute vérité. — Mais pourquoi Macbeth reste-t-il ainsi saisi de stupeur ?

2919. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Voilà ce qu’on nous dira, et il faut répondre ; car nous ne sommes pas de ces barbares qui, prenant de travers de grandes prophéties d’avenir, se déshéritent sans façon du passé, parlent de l’art de notre époque avec un mépris qui fait rire, et nuisent ainsi, sans le savoir, aux vérités qui leur ont été enseignées et qu’ils sont chargés de répandre.

2920. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Mais la vérité, selon nous, c’est que les phénomènes mentaux ne sont point en eux-mêmes ni primitivement des représentations, qu’ils ne le deviennent que plus tard, en vertu de rapports très complexes, dérivés et secondaires.

2921. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

La vérité est que, si une perception rappelle un souvenir, c’est afin que les circonstances qui ont précédé, accompagné et suivi la situation passée jettent quelque lumière sur la situation actuelle et montrent par où en sortir.

2922. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Bouchor et son puissant effort incontestable vers les sommets symboliques de l’esprit humain, la jeune pléiade belge (si consolante dans notre décadence française pourtant encore fière) dont Rodenbach, Giraud, Séverin, seraient les chefs acclamés si le choix n’était défié par tout ce talent collectif, enfin Moréas, subtil et brutal si bien, Kahn, Vignier, qu’il nous serait utile de défendre contre des scrupules peut-être un peu bien sévères, Guigou, « étrange et sincère », Raymond de la Tailhade, prédit grand poète et déclaré bon poète, Tailhade, somptueux et pervers — « j’en passe et des meilleurs », comme dit Hugo, d’ailleurs excessivement admiré dans le livre de Nos Poètes — apparaissent ou plutôt paraissent « pleins de grâce et de vérité » dans ce livre substantiel auquel il faut acquiescer, en dépit des justes réserves que lui doit le Décadisme (ou ce qu’on nomme ainsi) en raison de quelques injustices. […] Souvent un beau désordre est un effet de l’art, a dit Boileau, que vous citez à ce sujet, et par hasard Boileau a dit une vérité.

2923. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Il aime, il caresse d’imagination les proscrits, les brigands héroïques, les grands destins avortés, les lutins invisibles, les livres anonymes qui ont besoin d’une clef, les auteurs illustres cachés sous l’anagramme, les patois persistants à l’encontre des langues souveraines, tous les recoins poudreux ou sanglants de raretés et de mystères, bien des rogatons de prix, bien des paradoxes ingénieux et qui sont des échancrures de vérités, la liberté de la presse d’avant Louis XIV, la publicité littéraire d’avant l’imprimerie, l’orthographe surtout d’avant Voltaire : il fera une guerre à mort aux a des imparfaits.

2924. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Les cent trente et un évêques et archevêques ont ensemble 5 600 000 livres de revenu épiscopal et 1 200 000 livres en abbayes, en moyenne 50 000 livres par tête dans l’imprimé, 100 000 en fait : aussi bien aux yeux des contemporains, au dire des spectateurs qui savaient la vérité vraie, un évêque était « un grand seigneur ayant 100 000 livres de rente73 ».

2925. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — La vérité est pourtant qu’en soi un pouvoir n’est rien, sauf un point de vue, un extrait, une particularité de certains événements, la particularité qu’ils ont d’être possibles parce que leurs conditions sont données.

2926. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Le scepticisme politique est un aveu de plus du néant de la vie ; cet aveu est une douleur de l’esprit, mais il n’est pas une offense à la vérité.

2927. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Balzac et ses œuvres (2e partie) I Les trois caractères dominants du talent de Balzac sont la vérité, le pathétique et la moralité.

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