C’est la vérité pure qui les intéressait ; Platon voyant que les mathématiciens de Sicile appliquaient leurs découvertes aux machines, leur reprocha de dégrader la science ; selon lui, elle devait s’enfermer dans la contemplation des lignes idéales. […] » En effet, ils ont joué avec la vie, avec toutes les choses graves de la vie, avec la religion et les dieux, avec la politique et l’État, avec la philosophie et la vérité. […] On a songé à la vérité avant de songer à l’imitation ; on s’est intéressé aux corps véritables avant de s’intéresser aux corps simulés ; on s’est occupé à former un chœur avant de sculpter un chœur. […] À la vérité, tous n’étaient pas au même degré incorporés aux choses. […] La pastorale à la façon de Théocrite fut dans les pays helléniques une vérité ; la Grèce se plut toujours à ce petit genre de poésie fin et aimable, l’un des plus caractéristiques de sa littérature, miroir de sa propre vie, presque partout ailleurs niais et factice.
Ainsi enfermée dans les vérités reconnues, votre satire deviendra plus âpre, et ajoutera le poids de la croyance publique à la pression de la logique et à la force du ressentiment. […] Simplement par amour de la vérité et par devoir public. […] Cette prévision ôte au personnage une partie de sa vérité, et au lecteur une partie de son illusion. […] Pour se représenter exactement cette altération de la vérité et de l’art, il faut comparer pied à pied deux caractères. […] Il détaille ses gestes avec autant de plaisir et de vérité que s’il eût été femme de chambre.
La nature, Dieu merci, ne lui à pas été marâtre. » Son premier écrit français connu (je laisse de côté l’introuvable Marfore) est son Instruction à la France sur la vérité de l’histoire des Frères de la Rose-Croix, publiée en 1623. […] Mais nous sommes loin de tous ces vices et de ces raffinements avec Naudé, qui a la passion dans sa noblesse, dans sa vérité première et dans sa franchise. […] Il ne faut pas tant de lecture dans la pratique à un esprit bien fait ; et il insiste sur cette vérité de bon sens en homme d’esprit, tout à fait dégagé du métier. […] Si, dans la façon dont il la présente, il se trouve historiquement quelques points de vérité incontestables, ils ne rachètent en rien l’horreur de l’action ni l’odieux du récit. […] Voir, dans les lettres latines de Naudé, la 31e à Campanella, et la dédicace reconnaissante que celui-ci lit à Naudé de son petit traité de Libris propriis et recta Ratione studendi. — Osons dire toute la vérité.
Ce sont donc les détails qui sauvent du lieu commun, et c’est la fuite du lieu commun qui donne la vérité et l’intérêt. […] La force de la vérité le rejette encore une fois dans l’hypocrisie. […] et comme il sait profiter des moindres choses pour renverser la vérité avec une apparence de raison ! […] quelle consolation pour les affligés, non-seulement de penser, mais de tenir pour certain qu’il y a des dieux qui leur feront justice… En notre pays et par toute l’Allemagne, ceci passe pour constant que qui prend le bien d’autrui par force perd le droit qu’il a sur son propre bien… Pour moi, j’espère tant du ciel que je ne doute point que quelque jour ce proverbe d’Allemagne ne soit ici à Rome une vérité connue par expérience », etc. […] Et, pour dire la vérité, ce ne furent point les armes de Rome qui vous firent avoir la victoire, mais les torts de la Germanie.
Un grand homme n’est pas seulement, comme on dit, fils de ses œuvres : un grand homme est avant tout fils de son siècle, ou plutôt un siècle se fait homme en lui : voilà la vérité. […] Les peuples donnent le lingot aux poètes, et les poètes frappent de leur empreinte ce lingot : voilà la vérité. […] X Racine, il faut le dire, puisque c’est la vérité de son caractère, n’avait ni la bienveillance cordiale et sans envie de Molière, ni le mâle désintéressement de soi-même de Corneille, ni la simplicité puérile et nonchalante de la Fontaine, ni même l’âpre et loyale probité d’esprit de Boileau son ami. […] À la vérité, ce n’est pas leur coutume de laisser rien imprimer pour eux qu’ils n’y mettent quelque chose du leur. […] Et vous, qui vous plaisez aux folles passions Qu’allument dans vos cœurs les vaines fictions, Profanes amateurs de spectacles frivoles, Dont l’oreille s’ennuie au son de mes paroles, Fuyez de mes plaisirs la sainte austérité : Tout respire ici Dieu, la paix, la vérité.
C’est l’impression que cause, par exemple, dans le Capitaine Renaud, la belle scène du pape et de l’empereur ; on n’ose s’y confier comme à la vérité même, malgré l’émotion qu’on en reçoit. […] Dans Stello, l’histoire d’André Chénier serait parfaite à mon sens et de poésie et de vérité, sans la scène arrangée chez Robespierre, où mille petites invraisemblances accumulées composent une impossibilité énorme. […] J’avais en effet, depuis la mort de De Vigny, écrit sur lui dans la Revue des Deux Mondes un article qui, par son caractère de vérité, n’avait contenté qu’à demi le petit cénacle de ses fidèles des dernières années (Voir Nouveaux Lundis, tome VI). […] L’article, au milieu des éloges, portait sa dose de vérité. […] Gabriel de Chénier dans une brochure qui avait pour objet de rétablir la Vérité sur Marie-Joseph.
J’ai plus cédé en cela à la popularité qu’à la vérité. […] Eh bien, quoique mêlé plus que personne aux mouvements, aux choses, aux hommes de cette journée ; quoique les ayant interrogés dans la chaleur et dans la confidence de l’événement, il m’a été impossible de découvrir la moindre lueur de vérité, même de probabilité, sur les causes, les plans, les actes de cette prise d’armes des 22, 23, 24 février contre la royauté de juillet. […] On cria à la complicité du gouvernement et à sa mollesse le jour de la lutte ; et la vérité, c’est que le gouvernement était armé jusqu’à l’excès de forces ; qu’il était debout avant l’heure de la sédition ; que la lenteur dans le maniement des troupes préparées surabondamment pour la crise l’étonna et le consterna plus que personne ; qu’il se constitua énergiquement lui-même en permanence et en conseil de guerre, pour couvrir de son corps la représentation nationale ; qu’il prit lui-même les armes du soldat dans les moments où la victoire semblait hésiter ; que ses principaux membres montèrent à cheval pour conduire les rares colonnes de gardes mobiles à l’assaut des positions de l’ennemi ; et qu’il prodigua son sang à la place des troupes, pendant qu’on l’accusait de cacher ses troupes pour encourager la sédition. […] Je dois à la vérité que les socialistes, chefs et disciples, furent des citoyens loyaux, pacifiques, intermédiaires, messagers de paix et de réconciliation sur tous les points, pendant toute la mêlée, et que, s’ils ont démérité du bon sens avant, pendant et après la république, ils n’ont pas démérité un seul jour de la patrie et de l’humanité. […] Aujourd’hui, c’est la vie de Cléry entre les mains, c’est en pouvant de nouveau s’appuyer sur des faits positifs, que M. de Lamartine confirme l’hommage qu’il rend à la vérité sur le dévouement si entier, si complet du fidèle Cléry, avant et après son entrée dans la tour du Temple.
Nous allons écrire son histoire le plus poétiquement aussi que nous le pourrons ; d’une main qui dans un autre âge écrivit des vers ; mais nous n’ajouterons aucune circonstance ou aucune couleur imaginaire à la merveilleuse vérité de ce récit. […] Ce récit en sera peut-être moins romanesque, mais quel roman eut jamais l’intérêt de la vérité ? […] Black, guidé par la vie du Tasse, écrite en 1600 par le marquis Manso, qui avait connu et aimé le poète, et par l’histoire plus récente de l’abbé Serassi, a suivi trace à trace, dans toutes les archives et dans toutes les bibliothèques d’Italie, pendant dix ans, les moindres lueurs de vérité qui pouvaient recomposer le vrai jour sur la vie de son héros ; moi-même, une sorte de piété semblable à une parenté des âmes m’attira de bonne heure vers ce nom comme un pèlerin vers un sépulcre. […] Grand parmi les petits, libre chez les serviles, Si le génie expire, il l’a bien mérité ; Il voit dresser partout aux portes de nos villes Ces gibets de la gloire et de la vérité. […] Les grandes mères font les grands fils : il n’y a presque pas d’exception à cette vérité dans l’histoire.
Et c’est elle qui montrera au monde par son mysticisme sans religion, par son goût de l’inexploré, par son avidité des vérités sauvages, de ce Vrai inconnu de la femme et de l’homme, que le théâtre et que le livre, quand ils sont créateurs, sont un. […] Mais il peut tout contenir, vérité, poésie et jusqu’à la psychologie la plus profonde, à la condition qu’elle soit ramassée en formules shakespeariennes qui, comme dit Sainte-Beuve, « percent l’homme tout entier ». […] Jacques Rouché appelle, à son Théâtre des Arts, les pièces frémissantes de vérité ou de lyrisme pour les illustrer de ses délicieuses mises en scène. […] La vérité est que le théâtre fait beaucoup plus « de poussière » parce qu’il satisfait non seulement et quelquefois l’esprit, mais encore et toujours la vanité et la sensualité, qu’il est prétexte à mille négoces ; d’où un surmenage de publicités de tous genres autour de lui. […] Le snobisme peut faire admettre, par un public servile, prétentieux et abêti, des œuvres littéraires dépourvues de vie et de vérité, des œuvres plastiques propres à révolter le bon sens et le goût.
Je reviens et j’insiste, parce que je suis pénétré de la vérité du point de vue. […] Ne pouviez-vous respecter un peu moins les reliques de l’homme, et un peu plus la vérité du sujet ? […] Ces mots-là n’auraient point paru en public, et la pensée se serait vêtue avec plus de convenance à la fois et de vérité, en parfaite harmonie avec le sujet. […] On voit en lui du premier coup d’œil un esprit supérieur, au-dessus de tous les préjugés de la société et des opinions humaines, autant que Molière pouvait l’être, mais à la fois un esprit inquiet, ardent, mélancolique, sans cesse aux prises avec lui-même, passionnément en quête de la vérité et du bonheur ; et alors l’idéalisant un peu, ou plutôt en faisant un type, comme on dit, un miroir anticipé de notre âge, on le présente comme le héros et la victime dans la lutte du scepticisme et de la foi, celle-ci triomphant provisoirement en lui, de même que le scepticisme, un siècle plus tard, l’eût emporté.
Comprenons bien cette vérité, qui semble un paradoxe. […] D’ordinaire, ils se figurent nos connaissances, perceptions extérieures, souvenirs, actes de conscience ou de raison, comme des actes d’une nature spéciale et simple, desquels on ne peut rien dire, sinon qu’ils sont une action et un rapport, l’action d’un être simple, qui, par eux, entre en rapport avec des êtres étendus différents de lui-même, avec lui-même, avec des événements passés, avec des lois ou vérités supérieures. […] La vérité est qu’on a trouvé des noms, ce qui est peu de chose. La vérité est aussi que, si l’on est à bout, c’est qu’on s’est barré soi-même le chemin. — Ni la perception extérieure, ni les autres prises de connaissance ne sont des actions simples qui s’appliquent et se terminent à des objets différents d’elles-mêmes.
Maximes et portraits sont une sensible manifestation du goût du siècle pour l’exacte vérité : ce sont deux genres faits pour la notation précise de la réalité, d’où l’invention romanesque, dramatique, poétique est exclue, où l’art littéraire s’approche autant qu’il est possible de l’expression scientifique. […] C’est une garantie d’impartialité ordinaire, de vérité moyenne : il évite ainsi les grandes erreurs et les grandes découvertes. […] Dans les chapitres de la tragédie et de la comédie, il parle du théâtre très librement, avec une réelle largeur d’esprit pour un archevêque : je le juge un peu sévère dans sa critique de nos tragédies où il trouve trop de pompe, des sentiments faux, de la fade galanterie, et un abus monotone des peintures de l’amour ; mais il est à noter qu’il admet Phèdre, et ne blâme qu’Aricie et Hippolyte ; au fond, il a raison dans son goût pour la vérité humaine et la pure passion des tragédies antiques. […] Au fond, il se croit victime et martyr pour la vérité : il a confessé qu’on avait pu se tromper sur sa pensée ; il n’a pas reconnu que sa pensée se fût trompée ; ses lettres postérieures, son testament affirment que sa doctrine était vraie, et que ses ennemis avaient opprimé en lui l’innocence, la justice et la raison.
J’ai dit un mot du journaliste : je ne dirai rien du romancier, encore qu’il y ait bien de l’émotion et de la vérité dans Étienne Moret et bien de l’esprit, vraiment, dans les Tribulations d’un fonctionnaire en Chine. […] Quelques-uns des dramaturges de notre temps peuvent être de bons écrivains ; mais nos plus grands artistes, ceux qui nous communiquent la plus forte impression de vérité et de beauté ne sont pas au théâtre. […] Non qu’ils soient « naturalistes » plutôt qu’autre chose, ni qu’ils aient la naïveté de réclamer au théâtre la vérité complète. […] La vérité, c’est que jamais le public n’a été moins homogène qu’aujourd’hui, que jamais la distance n’a été aussi grande entre le « peuple » et les « habiles ».
Mais nos âmes vont se modifiant et, par suite, l’idée que nous nous formons des grands écrivains et des grands artistes et l’émotion qu’ils nous donnent ne sont point les mêmes aux diverses époques de notre vie : faut-il rappeler une vérité si simple ? […] Tout cela fait sept cordes (à la vérité, il serait difficile de les nommer avec précision ; il semble pourtant que les sept livres que nous venons de parcourir pourraient s’intituler : Humanité, Nature, Philosophie, Art, Foyer, Amour, Fantaisie). […] La vérité, c’est que c’est toujours la même chose ; et voilà précisément ce que j’ai voulu dire. […] La vérité, c’est que nous avons tous admiré également et tour à tour ces trois merveilleux poètes, selon nos âges et selon les journées.
À la vérité, l’obscurité même qui entoure ces conceptions monstrueuses pourrait devenir un élément poétique si elles se produisaient avec l’art dont Hoffmann et Gogol ont fait preuve dans leurs contes fantastiques. […] Ses images toujours pleines de vérité et de vie sont plutôt indiquées que développées, et c’est avec un goût tout à fait hellénique qu’il dirige l’attention du lecteur. […] On se prépare à la courte traite du lendemain, les femmes chantent, les enfants crient, l’enclume de campagne résonne sous le marteau. » Quiconque a vu un camp de bohémiens reconnaîtra sans doute la vérité de cette description, où tout est pris sur nature, sauf l’ours peut-être, qui, chez nous, est remplacé par un singe ou un âne savant. […] Tous les caractères sont d’une vérité merveilleuse.
Ce que je disait tout à l’heure n’est donc pas du tout mon avis, mais je le comprends très bien parce que cela est une vérité aussi, parce que cela a lieu très souvent ; je comprends très bien que l’on soutienne comme une moitié de la vérité que les sentiments se dissolvent et se dessèchent à les analyser. […] C’est que le classique, parce qu’il aime la vérité, a un sentiment juste de la mesure, et il la donne. […] C’est la vérité sentimentale prise en elle-même et non pas sous forme exagérée jusqu’à une manière de burlesque, comme dans le vers de Victor Hugo.
Il reçoit, quelle que soit sa naissance, une éducation fondée essentiellement sur le travail, la science et l’histoire ; et par elle, son esprit et son cœur s’ouvrent à l’égalité, à la vérité et à la justice. […] Peu avant sa mort, relisant son ouvrage la Paix intérieure, il écrit en marge : « Ô alouettes de ces matins, chères alouettes françaises, inspirez-moi mieux. » A ce cri, je le comprends : il s’arrache aux partis, ce plébéien que la campagne vivifie, ce fils d’une race de paysans et de soldats, cet ouvrier qui s’acharne sur ses carnets pour faire du bel ouvrage, pour créer, pour saisir une vérité. […] » Vous savez quels soucis ils nous ont créés, quelle peine nous nous sommes donnée, à l’Instituteur français, organe antisyndicaliste, pour ramener au simple bon sens et à la plus élémentaire prudence ces enfants terribles de la grande famille primaire, que rien n’arrêtait, ni leur propre sécurité, ni le tort qu’ils faisaient à l’École et à ses maîtres, natures ardentes, mais, à la vérité, généreuses, ne pouvant supporter d’aucune façon l’arbitraire et l’injustice. […] Le syndicat des fonctionnaires, erreur d’hier, peut devenir la vérité de demain.
Car plus on lit Manon Lescaut, et plus il semble que tout cela soit vrai, vrai de cette vérité qui n’a rien d’inventé et qui est toute copiée sur nature. […] Ce livre, avec tous ses étranges aveux et avec l’espèce de mœurs si particulières qu’il présente, ne plaît tant que par le parfait naturel et cet air d’extrême vérité. […] Mais, jusqu’à la fin, il éprouva et il nous confirme par son exemple une vérité : l’empire en ce monde, l’influence qu’on y conquiert n’appartient pas tant à l’esprit, au talent, au travail, qu’à une certaine économie habile et à l’administration continuelle qu’on sait faire de tout cela35.
On a dit avec vérité que l’aspect des lieux prend une couleur agréable ou sombre, selon les sentiments dont l’âme est agitée : nous l’éprouvions bien fortement alors. […] Une expression naturelle de regret se mêle dans la parole d’Arago au sentiment d’orgueil que lui inspire la vérité inaltérable, mais peu accessible, des sciences : Les sciences exactes, a-t-il dit dans sa notice sur Thomas Young, ont sur les ouvrages d’art ou d’imagination un avantage qui a été souvent signalé : les vérités dont elles se composent traversent les siècles sans avoir rien à souffrir ni des caprices de la mode ni des dépravations du goût.
Lundi 11 décembre 1854 L’auteur de la traduction nouvelle a exprimé dans sa préface avec beaucoup de vérité et de modestie l’occasion et l’inspiration naturelle de son travail. […] Dante chercha à lui donner des accents nouveaux, plus énergiques, plus en rapport avec la précision du latin, à l’élever au-dessus des patois et des idiomes particuliers en en faisant une sorte de langue composite qui fût universelle par toute l’Italie ; et en même temps il la chargea d’exprimer des vérités, des raisonnements ou spéculations si abstruses et si hardies qu’il obligea les savants eux-mêmes à respecter ce nouvel écrivain aussi érudit et aussi scientifique que pas un d’eux. […] De sorte que si Dante avait écrit lui-même le commentaire de son grand poème, comme il l’a fait pour d’autres de ses poèmes moindres, il aurait pu soutenir doublement qu’en effet Béatrix était bien la Béatrix qu’il avait aimée, la fille de Folco de’ Portinari de Florence, et qu’elle n’en était pas moins aussi, en définitive, la Théologie sublime, revêtue de rayons, et dirigeant l’œil humain, qui la considère et qui l’étudie, vers les plus hautes vérités.
Pourquoi n’admettrions-nous pas la vérité des sentiments qu’elle exprime sans faste à cet endroit de sa vie ? […] » Ses Mémoires montrent qu’elle ne lui faisait pas en cela un pur compliment, et qu’elle ne lui disait que la vérité. […] A dire la vérité, je ne me suis jamais crue extrêmement belle, mais je plaisais, et je pense que cela était mon fort.
M. de Pontmartin vient de même d’introduire toute une révolution dans sa manière : de critique aristocratique, de défenseur des hautes doctrines de la société, de chevalier avoué du trône et de l’autel, il s’est fait pamphlétaire satirique, auteur de Guêpes, diseur de vérités et de malices à tout prix ; les lauriers d’Alphonse Karr l’ont empêché de dormir. […] Pour les rendre plus piquants, l’auteur a outré dans quelques-uns les traits, ce qui est, dit-il, le droit du satirique : il a, dans d’autres, altéré la vérité, ce qui n’est le droit de personne. […] Ce n’est ni l’amour de la vérité et de la vertu, ni la passion d’une cause, ni la haine de l’hypocrisie et du charlatanisme, ni la verve du bon sens et du bon goût qui l’anime, qui le transporte et lui fait vider son carquois : c’est un besoin de revanche et de représailles toutes personnelles.
Racine a toujours de la fièvre ; elle est petite à la vérité, mais il y a plus d’un mois qu’elle dure. […] Eustace dit donc au sulpicien qu’il avait ouï avec édification ce qu’il venait de dire de l’illustre défunt avec justice ; que c’était avec quelque justice aussi qu’il avait souhaité d’être enterré dans la maison où il avait reçu les premières semences de la Religion et de la Vérité qu’il avait aimées. […] Vuillart raconte très-naïvement comme quoi, un matin, en allant voir Despréaux, il eut l’idée d’entrer dans l’église Saint-Denis-du-Pas110, et comment le mouvement lui vint d’adresser à Dieu, sous l’invocation de ce saint apôtre des Parisiens, une prière à l’intention de l’archevêque son successeur, le cardinal de Noailles, afin que le prélat se montrât ferme et vaillant à son exemple, et qu’au lieu de mollir il fût comme un mur d’airain pour le soutien de la bonne cause et de la vérité (9 octobre 1700) : « J’allais, dit-il, chez le cher Despréaux, et c’était ma route, car cette petite église est derrière le chœur de la cathédrale, et Despréaux est logé près du Terrain.
. — Là-dessus, les physiologistes oublient volontiers la seconde vérité et disent : « Les événements mentaux sont une fonction des centres nerveux, comme la, contraction musculaire est une fonction des muscles, comme la sécrétion de la bile est une fonction du foie. » — De leur côté, les philosophes oublient volontiers la première vérité et disent : « Les événements moraux n’ont rien de commun avec les mouvements moléculaires des centres nerveux et appartiennent à un être de nature différente. » Sur quoi les observateurs prudents interviennent et concluent : « Il est vrai que les événements mentaux et les mouvements moléculaires des centres nerveux sont inséparablement liés entre, eux ; il est vrai que pour notre esprit et dans notre conception ils sont absolument irréductibles entre eux. […] À la vérité, nous ne pouvons concevoir les deux événements que comme irréductibles l’un à l’autre ; mais cela peut tenir à la manière dont nous les concevons et non aux qualités qu’ils ont ; leur incompatibilité est peut-être apparente, non réelle ; elle vient de nous et non pas d’eux.
S’il est obligé de répéter après d’autres des vérités connues, il semble qu’il les découvre, tant il sait les rajeunir par la vivacité de l’impression, par le style, par l’accent. […] Et voilà pourquoi, de moment en moment, éclatent comme des pétards des affirmations soudaines, absolues, déconcertantes, jetées avec d’autant plus d’assurance qu’elles sont plus contestables, et jetées presque toujours au courant et au détour d’une phrase, comme si ces assertions aventureuses étaient vérités reconnues et indiscutables. […] Il n’y a que cela d’intéressant au monde, puisque la vérité nous échappe et que ceux qui croient la tenir la voient si sombre.
Ô locataire du moulin de Gaspard Mitifio, conteur des contes du lundi, ami du petit Jack et de la petite Désirée, compatriote infidèle de Tartarin, de Numa et de Bompard, historiographe du Nabab et de la reine Frédérique, ô magicien qui savez unir dans une si juste mesure et par un secret si rare la vérité, la fantaisie et la tendresse, ah ! […] VII Vérité, fantaisie, esprit, tendresse, gaieté, mélancolie, il entre donc beaucoup de choses dans le plus petit conte de M. […] On trouve chez lui des nerfs, de la modernité, du « stylisme », de la vérité vraie, du pessimisme, de la férocité ; mais on y trouve aussi et au même degré la gaieté, le comique, la tendresse, le goût de pleurer.
je sais tout ce qu’on peut répondre, et ce que développent à ce sujet, sur les indications de leurs maîtres, tous les candidats à la licence ès lettres (car Molière est chez nous une superstition nationale) : que La Bruyère écrit en moraliste, et Molière en auteur dramatique ; qu’il faut tenir compte du « grossissement » nécessaire à la scène et de l’« optique du théâtre » ; qu’Onuphre, par trop de vérité, s’évanouirait sur les planches, etc… Je n’en suis plus du tout convaincu ; et, s’il faut tout dire, je ne goûte Tartuffe que dans les endroits précisément où, pour le ton du moins, il se rapproche d’Onuphre. […] (Et je pourrais ajouter que les figures les plus populaires ont été souvent créées par des esprits fort médiocres : tels Robert Macaire ou Joseph Prudhomme.) — Alphonse Daudet a conçu et fait vivre vingt personnages d’une vérité plus rare que Tartarin, d’une observation plus difficile, plus aiguë, plus curieuse ; et peut-être est-ce du seul Tartarin que les siècles se souviendront. […] Celui-ci, du moins, n’aura pas été entièrement vain, puisque, ayant retourné Tartuffe dans tous les sens, me voilà, finalement, plus assuré de la vérité et de l’unité secrète de cette illustre figure.