Si l’on dit qu’il est difficile d’avoir conscience de cette conscience, nous répondrons qu’il est encore plus difficile d’avoir conscience de sa conscience pure, car, après tout, nous nous sentons vivre, et vivre sur terre, corporellement ; il est douteux que nous ayons le pouvoir de nous apercevoir à l’état idéal de pur esprit.
Étex Ô sculpteur, qui fîtes quelquefois de bonnes statues, vous ignorez donc qu’il y a une grande différence entre dessiner sur une toile et modeler avec de la terre, — et que la couleur est une science mélodieuse dont la triture du marbre n’enseigne pas les secrets ?
Personne, sur la terre, plus vite que le Français, ne dit : « Il est évident que »… et : « cela tombe sous le sens. » Les métaphysiques et les religions lui sont donc des ennemies naturelles, puisqu’elles essayent de sonder les grands mystères, c’est-à-dire tout simplement les questions les plus générales, et d’en donner ou une explication ou une vue. […] D’abord ils n’avaient pas tout le tort, les ennemis de Molière qui faisaient observer que Don Juan, quand il attaque Dieu, a le beau rôle ; que Don Juan, en tant qu’athée, a les rieurs de son côté, sans les y mettre à la vérité, mais tout naturellement, d’après le texte, ce qui est peut-être encore plus grave ; que Don Juan nie Dieu et que le défenseur de Dieu, l’avocat de Dieu, est un imbécile qui ne dit rien qui vaille, qui est ridicule, qui fait rire en effet, qui tombe par terre en voulant plaider et dont « l’argument se casse le nez ». […] Il a été persécuteur de gens désarmés et conculcateur de gens à terre. […] D’où il suit que la tolérance ne doit exister nulle part sur la terre, les intolérants étant intolérants et les tolérants devant être intolérants pour réprimer ceux qui le sont ou qui le seraient s’ils pouvaient l’être. […] Parce que nous avions eu pendant trois ou quatre ans un ministre de la guerre et un ministre de la marine qui en fait de marine et de guerre n’avaient songé qu’à « combattre la réaction et le cléricalisme » dans les armées de terre et de mer et qui n’avaient été choisis que pour cela.
Mais enfin la géographie elle-même comporte une physiologie de l’homme en société, considéré dans ses rapports avec la terre. […] Mais, précisément, que sont les Essais, sinon le livre d’un homme qui, ayant perdu de bonne heure le seul ami avec qui il pût vraiment causer, enfermé dans une retraite rustique avec des visages féminins un peu austères et un voisinage assez rude, tourmenté cependant par le besoin de parler à quelqu’un, de parler, non d’un sujet déterminé, mais de tout et de rien, et surtout de lui-même, ce qui est proprement causer, a fait comme le barbier du roi Midas, a creusé un trou dans sa terre de Montaigne pour lui confier ses secrets, — et dans ce trou ont poussé tous ces roseaux qui, causant aujourd’hui avec nous de façon si diverse, portent vraiment en eux les esprits transfigurés de la parole ? […] Formuler en critique technique, former en artiste intelligent (les deux opérations sont nécessaires) un de ces Génies, un de ces êtres intermédiaires, une de ces brillantes et bienfaisantes nuées (j’amorce ici la parole pour la contradiction, et je sais d’ailleurs qu’Ixion n’est pas Jupiter), nuées flottantes entre le ciel et la terre, voilà qui donne aujourd’hui, et depuis un siècle, à la critique, son rayonnement et sa fleur.
Il y trouve de l’eau, des matières grasses, de l’acide carbonique, de l’ammoniaque, des terres calcaires, du sel marin et du chlorure de calcium. […] Dans le cœcum les matières étaient devenues comme pâteuses, et prenaient cet aspect de terre glaise ou argileux qu’elles conservaient dans le gros intestin ; les excréments étaient comme bleuâtres et d’une odeur très désagréable, ainsi qu’il a été signalé.
Rousseau a dit, par une pensée toute semblable, dans une page souvent citée : « La terre, parée des trésors de l’automne, étale une richesse que l’œil admire, mais cette admiration n’est pas touchante ; elle vient plus de la réflexion que du sentiment.
Marc-Aurèle avait dit dans ses Pensées : « Il faut passer cet instant de vie conformément à notre nature et nous soumettre à notre dissolution avec douceur, comme une olive mûre qui, en tombant, semble bénir la terre qui l'a portée et rendre grâce au bois qui l’a produite. » L’esclave Blandine faisait ce qu’a dit Marc-Aurèle, et elle le faisait au milieu des tortures subies au nom de Marc-Aurèle.
Pierre Peut-être discutent-ils noblement sur de grandes idées, par exemple sur les moyens de communiquer avec la Terre.
Lorsqu’un métaphysicien a défini avec intrépidité ce que nul ne connaît, il devient beaucoup plus prudent en prenant pied sur le sol de la réalité, ou, s’il continue à tracer dans les nuages ses lignes idéales, l’architecte jette à la dérobée maint coup d’œil sur la terre, et veille à ce que le plan qu’il lève là-haut ne soit pas trop fantastique.
Et cependant leur raison les convainc qu’ils ne courent pas plus de risque que s’ils étaient à terre sur leurs pieds. » En effet, quand le regard plonge tout d’un coup jusqu’au sol, nous nous imaginons subitement transportés et précipités jusqu’en bas, et cette seule image nous glace, parce que, pour un instant imperceptible, elle est croyance ; nous nous rejetons instinctivement en arrière, comme si nous nous sentions tomber en effet.
Les astronomes et les physiciens déclarent que les êtres vivants, et, à plus forte raison, les êtres sentants, sont d’origine récente sur notre terre et en général dans notre système solaire. — Par conséquent, si la théorie de Bain et de Stuart Mill est vraie, avant l’apparition des êtres sentants, rien n’existait ; il n’y avait aucune chose réelle ou actuelle, mais seulement des possibilités de sensations, attendant pour se convertir en sensations l’apparition des êtres sentants.
« Le 12 mai suivant, Alfieri était auprès d’elle, et à force de sollicitations, de servilités, de petites ruses courtisanesques (c’est lui-même qui parle ainsi), à force de saluer les Éminences jusqu’à terre, comme un candidat qui veut se pousser dans la prélature, à force de flatter et de se plier à tout, lui qui jusque-là n’avait jamais su baisser la tête, toléré enfin par les cardinaux, soutenu même par ces prestolets qui se mêlaient à tort et à travers des affaires de la comtesse, il finit par obtenir la grâce d’habiter la même ville que la gentilissima signora , celle qu’il appelle sans cesse la donna mia , l’amata donna. » Cependant, bien que l’amant vécût toute la matinée très retiré dans le palais Strozzi, auprès des Thermes de Dioclétien, faubourg isolé de Rome, il passait toutes ses soirées au palais de la Cancellaria, chez son amie.
Jean-Jacques raisonne tout comme Bossuet, quand de l’inégale répartition des biens et des maux, de l’injustice et du mal qui sont sur terre, il tire la nécessité de l’âme immortelle, et la certitude d’une vie future.
Le poëte, en se promenant lui-même, arrive devant un carré de rosés protégé par une haie ; il distingue un bouton, et s’apprête à le cueillir ; une flèche que lui décoche l’Amour l’étend par terre tout pâmé et baigné de sueur.
Mais pour eux il n’a rien de commun avec la religion vulgaire : « Les résultats moraux du Christianisme, on les trouve chez moi expliqués par l’étude de la nature et basés sur elle, tandis que dans le Christianisme ils ne le sont que par de simples fables (Parerga, I, 143) », et autre part : « Pour faire entrer ce principe (délivrance de la vie), le Christianisme dut se servir de véhicules mystiques (Mysthichen vehikels) comme par exemple du calice qui devait sauver les hommes. » Wagner (1880, 273) : « Ce qui devait perdre l’Eglise chrétienne fut l’assimilation de cet être divin sur la croix avec le créateur juif du ciel et de la terre, et de joindre avec ce Dieu colère et vengeur, le sauveur des pauvres, qui s’est sacrifié par amour de tout ce qui existe.
Albérich est un voleur qui espère, grâce à l’or et aux autres métaux que renferme la terre, se conquérir le monde ; il n’est aucunement question de ce que « celui seul qui maudit l’amour saura se servir de l’or ».
Parce qu’elle a découvert que c’est la terre qui tourne autour du soleil, la voilà qui prétend égaler son pouvoir à l’infinitude du monde, et elle établit des principes qu’elle étend jusqu’aux choses surnaturelles elles-mêmes, comme si « la contradiction était marque d’erreur » ou « l’incontradiction marque de vérité ! […] Il parle volontiers de ses « terres », de ses « vassaux » ; et s’il a l’air de se moquer de sa généalogie, c’est pour prévenir les mauvais plaisants, mais tout de même il la fait faire. […] La vocation était la plus forte, mais, en la déclarant publiquement, il eût cru déroger ; et, ne pouvant se tenir d’écrire, il voulait avoir l’air au moins d’écrire en se jouant, de n’en pas faire métier ni marchandise, de s’y délasser enfin d’occupations plus graves, plus convenables à son rang et aux fonctions qu’il avait traversées, ou plus utiles à la société, — comme de faire son vin, et d’améliorer ses terres. […] « Ceux qui auront quelques lumières, disait Montesquieu dans sa Défense de l’Esprit des lois, verront du premier coup d’œil que cet ouvrage a pour objet les lois, les coutumes et les divers usages des peuples de la terre. » N’est-ce pas à peu près comme s’il nous disait que son ouvrage a pour objet toute la jurisprudence et toute la politique, toute l’histoire et toute la morale ? […] Pourquoi encore nous indignerons-nous contre l’esclavage ou contre l’Inquisition, si les phénomènes historiques et sociaux sont conditionnés eux-mêmes par d’autres phénomènes, sur lesquels nous ne pouvons rien de plus que sur la révolution de la terre autour de son axe, ou sur le refroidissement du soleil ?
Dumas, qui l’ont soulevé, même un peu porté sur leurs épaules, pour lui faire atteindre ce féodal écusson de la Comédie-Française, représenté par le masque de cette muse de la tragédie, qu’il a balafré et jeté à terre à l’aide de sa petite dague de Tolède, comme fit Gennaro des armes que l’hôtel des Borgia portait comme une ferronnièreae à son front. Le personam tragicam de Phèdre af fut révélé dans son entier, une fois à terre, renversé par M.
Un Dieu infini et unique, l’Absolu, en un mot, ne se représente pas : rien de ce qui est au ciel, sur la terre ou dans la mer ne saurait le figurer, dit l’Hébreu Moïse. […] C’est votre droit, mais pensez donc un peu aussi que si le peuple n’était pas là pour coudre vos habits, pour laver vos chemises, pour faire et cirer vos bottes, pour apprêter votre dîner, après en avoir arraché à la terre tous les aliments à la sueur de son front, vous seriez obligés, sous peine de mourir de faim et d’aller tout nus, de faire ces petites corvées-là vous-mêmes, ce qui vous gênerait bien un peu, convenez-en, dans vos grandes opérations idéalistes.
Car, tandis qu’elles s’étaient emparées avec précipitation des nymphes des Fourmis noir-cendré, au contraire elles parurent tout d’abord terrifiées au seul aspect de celles de Formica flava, et même les parcelles de terre enlevées au nid de celles-ci suffisaient à les effrayer et à les faire fuir en toute hâte dès qu’elles les rencontraient sous leurs pas.
Cependant, il se peut que ces savants continuent simplement à employer le langage reçu, de même que l’astronome continue à parler du mouvement du soleil autour de la terre, du lever ou du coucher de cet astre. […] Déjà Buffon construit l’histoire de la terre.
Enfin, quand la religion chrétienne parut sur terre, elle trouva le paganisme croulant de toutes parts. […] Il avait droit à la possession de la terre entière, mais chacun pouvait combattre l’exercice de ce droit. […] La terre où il avait été jeté était pour tous un lieu consacré.
Il est tellement secoué de cette lubricité littéraire, que les sentiments naturels deviennent avec lui hideux, comme dans Une page d’amour ; qu’il ne peut décrire une poupée, une pauvre petite poupée d’enfant gisant à terre les jambes écartées, sans éveiller, sans chercher a éveiller aussitôt des idées sensuelles…..
Faut-il donc tant de courage pour faire entendre, du haut de la chaire chrétienne, la vérité aux puissants de la terre ? […] Il faut, pour tousser, cracher, tomber par terre en s’asseyant à côté de son fauteuil et s’envoler aux cabinets, de longues réflexions et de patientes études, dont vous n’êtes peut-être pas capables, sans compter un je ne sais quoi de génial dans le talent que tout le monde ne saurait avoir. […] Si nous touchons terre un instant, cet instant suffit pour nous gâter le plaisir de ces inventions comiques.
Quel rapport, quel commerce, quelle correspondance peut-il y avoir entre nous et des globes éloignés de notre terre d’une distance si effroyable ? […] Mon nom, qu’incessamment toute la terre adore, Etouffe ici les bruits qui pouvaient éclater. […] Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs : je me sens un cœur à aimer toute ta terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. » Dès le second acte, il n’est plus le même, il en est à supprimer ce qu’il aimait tant jadis : les petits progrès lents et insensibles ; et donc, déjà, il n’est plus artiste. […] Il attirait les yeux de l’assemblée entière Par l’ardeur dont au Ciel il poussait sa prière, Il faisait des soupirs, de grands élancements Et baisait humblement la terre à tous moments… Instruit par son garçon, qui dans tout l’imitait, Et de son indigence, et de ce qu’il était, Je lui faisais des dons ; mais avec modestie, Il me voulait toujours en rendre une partie.
Et comme par la définition du point, de la ligne, de la surface et par d’autres principes très familiers, nous parvenons à des connaissances qui mesurent enfin le ciel et la terre, de même aussi, par les raisonnements et les conséquences que l’on peut tirer de ces Fables, on se forme le jugement et les mœurs et on se rend capable des grandes choses. » Ai-je besoin de montrer qu’à son tour si Molière n’a jamais formé le dessein de « corriger » les mœurs ou de les « épurer », son Tartuffe, son Misanthrope, ses Femmes savantes sont là pour nous répondre qu’à tout le moins il a bien prétendu les « modifier » ou les « façonner » ? […] 3º Les Œuvres. — Les œuvres de Malherbe se composent : 1º de ses Poésies, soit en tout 125 pièces, dont la première : Les Larmes de saint Pierre, a paru en 1587 ; et les dernières, qui sont, les Vers funèbres sur la mort d’Henri le Grand, et l’Invective contre le maréchal d’Ancre : Va-t’en à la malheure, excrément de la terre, dans l’édition de 1630 seulement ; — 2º de son Commentaire sur Desportes, qui n’a paru qu’en 1825 ; — 3º de ses traductions du XXIIIe Livre de Tite-Live, 1621 ; du Traité des bienfaits ; et des Lettres de Sénèque à Lucilius, 1637, 1638, 1639 ; — 4º de sa Correspondance, très intéressante pour l’histoire du temps de la régence de Marie de Médicis. […] Georges de Scudéri [Le Havre, 1601 ; † 1667, Paris]. — Le premier vers de son Alaric : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre.
Ceux-ci, par exemple : Le vent disperse les feuilles sur la terre ; ainsi la race des mortels… », etc. — Cette préoccupation des formules de paix est commune à toutes les âmes religieuses.