/ 2190
1161. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Batailles sur batailles se livrent constamment avec des succès divers ; et cependant l’équilibre des forces est si parfaitement balancé dans le cours des temps, que l’aspect de la nature demeure le même pendant de longues périodes, bien qu’il suffise souvent d’un rien pour donner la victoire à un être organisé au lieu d’un autre. […] La quantité de substance nutritive contenue dans les graines de beaucoup de plantes, comme par exemple les Pois et les Fèves, semble d’abord indifférente et sans aucune relation directe avec leurs succès sur les autres plantes ; mais la vigueur de sève que manifestent les jeunes sujets issus de telles graines, lorsqu’ils germent et lèvent au milieu de hautes herbes, peut faire supposer que la nourriture contenue dans la graine a principalement pour but de favoriser la jeune plante, pendant qu’elle lutte avec d’autres espèces qui croissent vigoureusement autour d’elle.

1162. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Sardanapale d’un nouveau genre, couronné des roses des succès d’un jour, le malheureux brûla son génie tout entier sur le bûcher du monde, fait, comme l’autre, de bûches entassées, ces sots que son esprit savait animer tous les soirs ! […] Sa beauté célèbre commença ses succès, et son irrésistible esprit les acheva.

1163. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Elle se fût peut-être engourdie dans la volupté du succès ; elle se ranima sous l’aiguillon des revers ; elle reprit feu par les désastres. […] Ce qu’il fit pour l’administration de Rome et comme prince temporel pour l’Italie ; ce qu’il accomplit comme Pape en Allemagne, où il fut heurté par les prétentions de l’Empire ; sa belle tutelle du jeune Frédéric en Sicile ; sa conduite avec Jean-sans-Terre, ce prince qui mettait toujours, par ses fautes, la fortune du côté de ses ennemis, comme il y mettait le droit par ses crimes, tous ces succès brillants, incontestés, ne sauraient compenser le mal de ses fautes, surtout de cette persécution albigeoise contre laquelle il n’osa s’élever du haut de sa chaire de pontife.

1164. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Cet éclat extraordinaire que jetait dès lors la tragédie, et qui faisait d’un succès dramatique un événement des fastes nationaux, cette illustration du génie poétique sous la forme la plus vivante, était renfermée dans la cité de Minerve. […] C’est à ce prix que, l’année même de Salamine, après d’autres succès d’Eschyle, elle avait atteint, dans le drame des Perses, cette élévation que devait soutenir et tempérer le majestueux Sophocle, et qui n’a pas été surpassée dans la suite des siècles, non plus que la grandeur de la statuaire antique.

1165. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

— Mais le grand succès persistant et croissant, c’est celui des Mystères de Paris.

1166. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Le préambule de Cousin a eu d’ailleurs peu de succès, il manque de sérieux, et on y sent trop la fanfare.

1167. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Dans tout ce qu’elle écrit se mêle la pensée de Louis XIV ; elle en est absorbée ; sa sollicitude n’omet aucune circonstance sur la santé défaillante du vieillard ; une garde-malade n’en dit pas plus ; elle omettrait plutôt un succès de Villars qu’une prescription du médecin Fagon, et chaque fois que le roi prend sa médecine de précaution, madame des Ursins en est informée.

1168. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

Une entreprise comme la sienne devient respectable par ses dangers mêmes : elle est toujours intéressante et utile, quel qu’en soit le succès, et il est triste qu’au lieu d’en faire sortir une controverse instructive, on n’y ait trouvé, en général, qu’un prétexte de misérable taquinerie.

1169. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Dans la seconde supposition, peut-être la plus naturelle, le sentiment maternel, accoutumé par les soins qu’il donne à la première enfance, à se passer de toute espèce de retour, fait éprouver des jouissances très vives et très pures, qui portent souvent tous les caractères de la passion, sans exposer à d’autres orages que ceux du sort, et non des mouvements intérieurs de l’âme ; mais il est si tristement prouvé que, dès que le besoin de la réciprocité commence, le bonheur des sentiments s’altère, que l’enfance est l’époque de la vie, qui inspire à la plupart des parents l’attachement le plus vif, soit que l’empire absolu qu’on exerce alors sur les enfants, les identifie avec vous-mêmes, soit que leur dépendance inspire une sorte d’intérêt, qui attache plus que les succès mêmes qu’ils ne doivent qu’à eux, soit que tout ce qu’on attend des enfants alors, étant en espérance, on possède à la fois ce qu’il y a de plus doux dans la vérité et l’illusion, le sentiment qu’on éprouve, et celui qu’on se flatte d’obtenir.

1170. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Ce succès ne peut être une affaire de parti, ou d’enthousiasme personnel.

1171. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Autour d’elle, les autres nations, les unes précoces, les autres tardives, toutes avec des ménagements plus grands, quelques-unes avec succès meilleur, opèrent de même la transformation qui les fait passer de l’état féodal à l’état moderne ; l’éclosion est universelle et presque simultanée.

1172. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Puis de tous les côtés, sur toutes les frontières, à mesure que les rois rattachaient de nouveaux territoires à leur couronne, la langue française faisait, elle aussi, des conquêtes, disputant leur domaine avec plus ou moins de succès tantôt au celtique, tantôt à l’allemand, tantôt à l’italien, et tantôt au basque : de langue officielle et administrative, tendant partout à être langue de la littérature et des classes cultivées.

1173. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Les succès du jeune maître qu’il avait vu quelques mois auparavant à son école arrivèrent jusqu’à lui.

1174. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

C’est sur-tout à ce défaut de modestie & de bienséance, dans la maniere de présenter ses idées, que M. de la Harpe doit attribuer le peu de succès de ses Ouvrages, & le peu d’estime dont il jouit parmi les Littérateurs, parmi les Gens du monde, & même parmi les Philosophes, ses Protecteurs.

1175. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 312-324

On ne connoît de lui que deux Traductions assez médiocres, l’une de la Jérusalem délivrée, l’autre du Roland furieux ; ces Traductions n’ont eu du succès, que parce que nous n’en avions pas alors de meilleures.

1176. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Que dirait-il aujourd’hui où le succès de quelques médiocres sans culture encourage les jeunes écrivains à mépriser la lecture !

1177. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

Mais, au défaut du succès, on ne nous ravira point à vous, à moi, et à quelques autres écrivains qui m’ont précédé dans la même carrière, et dont le travail ne m’a pas été inutile, la gloire de la tentative.

1178. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 2, de l’attrait des spectacles propres à exciter en nous une grande émotion. Des gladiateurs » pp. 12-24

En effet, un joüeur habile doué du talent de combiner aisément une infinité de circonstances, et d’en tirer promptement des consequences justes ; un joüeur habile, dis-je, pourroit faire tous les jours un gain certain en ne risquant son argent qu’aux jeux où le succès dépend encore plus de l’habileté des tenans, que du hazard des cartes et des dez : cependant il préfere par goût les jeux où le gain dépend entierement du caprice des dez et des cartes, et dans lesquels son talent ne lui donne point de superiorité sur les autres joüeurs.

1179. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Malheureusement, le marbre de l’oubli est plus dur à égratigner que le marbre d’un tombeau, et, il faut bien le dire, cette Histoire de Christophe Colomb par le comte Roselly de Lorgues, malgré tout le bien qu’on en dit, n’eut point, dans un temps où la publicité se prostitue aux plus basses œuvres littéraires, le succès retentissant que les hommes prennent pour de la gloire.

1180. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

Les Danois qui, sous le nom de Normands, ravagèrent la moitié de l’Europe et mirent deux fois le siège devant Paris, en s’embarquant pour aller exercer leur métier de conquérants ou de pirates, ne manquaient jamais de mettre dans leurs vaisseaux, avec leurs provisions, leurs armes et leurs tonneaux de bière, quelques scaldes ou poètes pour chanter leurs succès.

1181. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

C’était une revanche indirecte sur le succès désordonné de toutes ces belles Longueville. […] Avoir le roi pour soi et même quelques-uns de ses ministres n’était qu’une partie du succès, si le public était contre. […] Le mauvais vouloir de la nation anglaise et des partis, les lenteurs et les prétentions de l’Espagne comprise dans le traité, la nouvelle de succès obtenus par les armes anglaises, la prise de La Havane, qui intervint dans le cours même de la négociation, la médiocre sincérité de quelques-uns des ministres anglais qui concouraient à la confection du traité et leur crainte de se compromettre, retardèrent de quelques semaines la signature qu’il aurait fallu enlever de prime abord.

1182. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

En ce temps-là, les rois, encore tout fiers de leurs succès, reconnaissaient une cause générale des rois supérieure à toutes les causes secondaires des jalousies nationales, des rivalités d’ambition, ou d’influence des cours ; une véritable ligue politique des gouvernements légitimes subordonnait toutes ces rivalités locales à son intérêt et à une doctrine d’ensemble des monarchies. […] M. de Marcellus venait alors d’épouser, à Paris, une femme d’une naissance éminente, d’un esprit héréditaire, d’une beauté remarquée dans son siècle, mademoiselle de Forbin, fille du comte de Forbin, directeur des musées, homme dont les agréments de figure, les succès de salon ou de cour sous deux règnes, l’esprit épigrammatique, et les talents en peinture et dans les lettres, faisaient un ornement de l’époque impériale, dépaysé dans le royalisme de la Restauration. […] Mes questions relatives à Ali-Bey, que j’ai connu, viennent d’un homme qui s’intéressait vivement au succès de sa dernière expédition.

1183. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

III Alphonse, à son retour de Rome, fit représenter l’Aminta au printemps de 1573 dans ses jardins de Bello Sguardo ; le succès de cette tragédie pastorale fut immense et universel. L’Italie retentit du nom de l’auteur, son succès créa un genre de composition littéraire dans l’Europe lettrée. […] … » IV Le succès prodigieux de l’Aminta en Italie, la faveur du duc régnant, la bienveillance voilée, mais persévérante, de Léonora, éveillèrent la jalousie des poètes, des courtisans, et même des ministres à la cour de Ferrare, contre un jeune étranger que la naissance, la beauté, le génie, l’amour peut-être, pouvaient élever au-dessus de tous ses rivaux.

1184. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

De là, sans parler des raisons politiques et de l’instinct national, le peu de succès que trouvèrent chez nous les jésuites, avec leur religion aimable, fleurie, assoupissante, et le succès au contraire que trouva le jansénisme330. […] Mais c’est cela même qui fit le succès du livre, et qui en fait encore aujourd’hui la beauté supérieure.

1185. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Ces pantalonnades théologiques, qu’on faisait applaudir à Notre-Dame à force d’aplomb et d’éloquence, n’avaient aucun succès auprès de ces sérieux chrétiens. […] mieux vaut le faux. « La vérité, comme a très bien dit Bacon, sort plutôt de l’erreur que de la confusion. » Ainsi, au milieu du pathos prétentieux qui a envahi, de nos jours, l’apologétique chrétienne, s’est conservée une école de solide doctrine, répudiant l’éclat, abhorrant le succès. […] Dès qu’on parle ou qu’on écrit, on cherche fatalement le succès.

1186. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

À la suite des maîtres une foule d’écrivains, nés avec des talents divers, se jetèrent dans l’histoire de la littérature, séduits par l’espoir d’un succès facile et par la possibilité d’un éditeur. […] Cette critique est à peu près sûre d’un immense succès. […] Il semble qu’aujourd’hui des circonstances analogues devraient faire renaître au moins de pareils succès.

1187. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Le succès est nécessaire, et la gloire est nécessaire, et quand l’homme de lettres a distingué avec clarté ces deux ordres, quand il a compris de plus que la gloire n’est pas l’ordre premier et qu’au-delà il en est encore un autre, qui est à la gloire ce que la gloire est au succès, ce que le succès est à la réclame, alors il possède la paix de l’âme, ou du moins il a réalisé l’une de ses conditions. […] Il y a toutes sortes de raisons de se réjouir de ce succès. […] Cela amena les naturalistes à chercher le succès par des moyens directs, à atteindre le public et non la critique, à demander des succès de quantité plutôt que de qualité. […] N’ayant à la bouche que les intérêts de l’art, ils extorquèrent ce succès de la façon la plus grossière. […] L’immense succès et le vaste rayonnement de Walter Scott ont, comme le dit M. 

/ 2190