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1161. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Cela est bien à nous ; nous avons du moins trouvé cela, si nous n’avons pas trouvé autre chose, et cela seul nous permettrait de dire que le progrès n’est pas un vain mot. […] Figurez-vous un homme dont toutes les pensées, même les plus intimes et les plus personnelles, revêtiraient d’elles-mêmes les formes consacrées d’une élégance imbécile ; qui aurait volontairement créé et développé en lui cette infirmité et qui serait décidé à mourir sans avoir une fois, une seule fois, exprimé directement sa pensée… Ô prodige d’ironie ! […] « — C’est ma seule faiblesse. « — La seule ?

1162. (1890) L’avenir de la science « XI »

Il faudrait se borner à l’antiquité grecque et latine, et même, dans ces limites, l’étude des chefs-d’œuvre seule aurait du prix. […] L’hébreu, leur type le plus ancien, disparaît à une époque reculée pour laisser dominer seuls le chaldéen, le samaritain, le syriaque, dialectes plus analysés, plus longs, plus clairs aussi quelquefois, lesquels vont à leur tour successivement s’absorber dans l’arabe. […] La routine est alors le seul procédé possible, comme toutes les fois que la connaissance pratique est recherchée à l’exclusion de la raison théorique. […] Mais, seule, elle ne saurait rien créer.

1163. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

I Certes, il y a eu, selon les poétiques désormais périmées, de beaux poèmes, imprégnés d’émotion, savamment rythmés, mais peut-être n’en existe-t-il pas un seul qui ne contienne des vers faibles et des chevilles. […] Or, la seule unité rationnelle est la strophe et le seul guide pour le poète est le rythme, non pas un rythme appris, garrotté par mille règles que d’autres inventèrent, mais un rythme personnel, qu’il doit trouver en lui-même, après avoir écarté les préjugés métaphysiques et culbuté les barrières que lui opposaient les Dictionnaires de Rimes et les Traités de Versification, les Arts poétiques et l’Autorité des Maîtres. […] Je lui dirais : « Mon frère, te voici venu tout seul, tout ignorant, tout pauvre, dans un monde où l’isolement, l’ignorance et la pauvreté sont des caves froides et noires sur lesquelles la Matière repue a bâti son palais.

1164. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Le stile épistolaire est l’opposé de ce goût, & néanmoins ce fut dans ce genre qu’il s’acquit tant de réputation ; ce furent ses lettres qui le firent appeller le seul homme éloquent de son siècle. […] Ils l’appelloient gouffre d’érudition, Hercule gaulois, destructeur du tyran de l’éloquence, héros véritable & seul digne des lauriers arrachés à l’usurpateur. […] Le prieur Ogier & la Motte-Aigron étoient les seuls tenans de Balzac. […] La mort seule du chef de la sédition empêcha que tout ne fût à feu & à sang.

1165. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

L’un amène un chasseur… Cette fable et la suivante semblent être la même et n’offrir qu’une seule moralité. […] Enfin la moralité de la fable exprimée en un seul vers : Plus fait douceur que violence. […] Tout cela est excellent, et le discours de la mère est parfait : pas un mot de trop dans toute la fable, et pas une seule négligence. […] Le seul défaut de cette fable est de n’en être pas une.

1166. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

C’est, en effet, pour cette Cause sacrée que le XVIe siècle combattit… malheureusement avec toutes armes, mais c’est précisément le fanatisme de cette Cause, — à qui tant d’écrivains ont imputé toutes les horreurs du temps, — c’est ce fanatisme religieux, dont l’indifférence d’un esprit moderne et sans croyance et froidi par l’étude des faits s’est tranquillement détournée, c’est ce fanatisme, qui, lui seul, a pourtant arraché le XVIe siècle à l’outrage mérité du genre humain, et qui l’a sauvé du mépris absolu de l’Histoire ! […] … L’Historien catholique, qui n’est pas venu, s’il était venu et s’il eût écrit une histoire du temps de Philippe II, était seul capable d’avoir cette plume-là. […] Henri IV n’a pas le fanatisme religieux qui fut la plus honorable passion du XVIe siècle, et pour cette raison, qui n’est pas la seule, du reste, mais qui est la plus puissante, il est peut-être la seule figure de son histoire qui soit entièrement sympathique à Forneron, l’écrivain politique de ce temps, qui, au temps de Henri IV, se serait certainement rangé dans le parti des politiques, qui mirent fin à la guerre civile et tirèrent de la vieille Constitution de la monarchie catholique, qui avait été la monarchie française, une monarchie d’un autre ordre, — la monarchie des temps modernes.

1167. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Il est vrai aussi — et c’est là son excuse — que par cela même que Dumas fils est plus spécialement auteur dramatique, il est forcément voué à l’idée commune, la seule qui réussit pleinement au théâtre, et que, de toutes les idées communes, la plus sympathique à ce public de Sganarelles passés, présents ou futurs, qui remplissent nos salles de spectacle, c’est l’idée du mari… trompé, ce double type, comique ou tragique, à volonté, pour le poète. […] Est-ce un caractère que cette mère de Pierre Clémenceau, qui sait la femme de son enfant infidèle avec des circonstances d’infidélité et d’infamie exceptionnelles, qui n’intervient pas entre le mari outragé et la femme outrageante, et qui meurt sans dire une seule fois à son fils qu’elle adore : « Tu es trahi ! […] … Est-ce enfin (car les voilà tous), est-ce enfin et cela peut-il s’appeler un caractère que cette Iza, épousée pour sa beauté seule par cet homme chaste et réfléchi, dont elle fait, en un tour de reins, une marionnette voluptueuse, le polichinelle de l’amour ? […] Et cela seul suffirait, il faut bien le dire !

1168. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Les individualistes, aveuglés par un système qui est la ruine et la négation de toute solidarité politique et humaine, ne sont pas cependant les seuls adversaires de Dupont-White et de son système. […] Magistrature, armée, sacerdoce, triple force de l’ordre éternel, appuyées à la force triple de la famille représentée par ses chefs, voilà la force majeure des pays, et visiblement, pour qui sait ouvrir les yeux et regarder, les deux degrés électoraux que Dieu a rangés autour du pouvoir, et dont, en réalité, seul il dispose. […] Il aurait vu que l’État, en France du moins, n’est rien de plus que la famille chrétienne et l’ordre appuyant le pouvoir, et se ralliant virtuellement à lui pour la logique d’un seul et même intérêt. […] Il ne nous en donne pas le signalement une seule fois !

1169. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Paul Meurice, — qui va seul pourtant, autant que peut aller seul un homme qui s’est donné à un autre homme comme autrefois on se donnait au diable, et qui lui appartient comme un de ses plus fidèles mamelouks, — Paul Meurice est allé souvent deux. […] Il s’est mis lui-même à la suite, et, position qui le punit de l’avoir choisie, même quand il va seul comme aujourd’hui il ne fait jamais d’autre effet que d’être un homme de derrière quelqu’un. […] Leur socialisme, dont ils font tant les fiers, n’est que du Christianisme renversé, et c’est la seule chose qu’il nous faille leur dire quand nous voulons nous moquer d’eux : Vous n’inventez pas dans l’erreur.

1170. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Bien des détails précieux qui échapperaient, si on ne les saisissait au passage, et qui ne se retrouveraient plus, sont ainsi fixés, et pourront fournir d’imprévues conclusions à nos neveux, ou du moins, en vieillissant, en se colorant par le seul effet de la distance, ils leur deviendront poétiques et chers. […] Littérairement, il n’y avait qu’une voix pour saluer le fondateur, parmi nous, de la poésie d’imagination, le seul dont la parole ne pâlissait pas dans l’éclair d’Austerlitz. […] Par le seul fait que l’époque antérieure à la vie publique est terminée jusqu’en 1800, que l’époque postérieure à la retraite politique est tout près d’être terminée d’une façon non moins définitive, nous tenons donc dès à présent un monument sans exemple, et dont l’aspect, même dans cet état inachevé, simule quelque chose d’accompli. […] On est tenté de s’écrier comme l’auteur des Mémoires, dans une mélancolie cuisante : « Allons-nous-en avant d’avoir vu fuir nos amis et ces années que le poëte trouvait seules dignes de la vie : vita dignior ætas. […] Si j’osais adresser un seul reproche à quelques rares endroits de cette douleur presque innée que je comprends et que j’admire, ce ne serait pas de s’exagérer et de se surfaire, ce serait de se croire plus unique au monde, plus privilégiée en amertume qu’elle ne l’est en effet.

1171. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

S’il n’y a pas une seule ligne de son livre unique qui, depuis le premier instant de la publication, ne soit venue et restée en lumière, il n’y a pas, en revanche, un détail particulier de l’auteur qui soit bien connu. […] De simples bourgeois, seulement à cause qu’ils étaient riches, ont eu l’audace d’avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles. […] Ceux qui, par une certaine disposition trop rare de l’esprit et du cœur, sont en état, comme il dit, de se livrer au plaisir que donne la perfection d’un ouvrage, ceux-là éprouvent une émotion, d’eux seuls concevable, en ouvrant la petite édition in-12, d’un seul volume, année 1688, de trois cent soixante pages, en fort gros caractères, desquelles Théophraste, avec le discours préliminaire, occupe cent quarante-neuf, et en songeant que, sauf les perfectionnements réels et nombreux que reçurent les éditions suivantes, tout La Bruyère est déjà là. […] Cette diversité de pensées accomplies, desquelles on pourrait tirer tour à tour plusieurs manières d’existences charmantes ou profondes, et qu’une seule personne n’a pu directement former de sa seule et propre expérience, s’explique d’un mot : Molière, sans être Alceste, ni Philinte, ni Orgon, ni Argan, est successivement tout cela ; La Bruyère, dans le cercle du moraliste, a ce don assez pareil, d’être successivement chaque cœur ; il est du petit nombre de ces hommes qui ont tout su. […] C’est même la seule lettre qu’on ait de lui, avec un autre petit billet agréablement grondeur à Santeul, imprimé sans aucun soin dans le Santoliana.

1172. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Tous furent massacrés ou pendus, excepté un seul, qui avait trouvé un asile dans un lambris et qui, après avoir échappé dans sa cachette pendant trois jours, se découvrit à la fin et reçut sa grâce comme ayant assez souffert par le spectacle dont il avait été si longtemps témoin. […] S’il est favorablement disposé à votre égard, il n’y a pas de meilleur moyen pour éprouver ses intentions que de me livrer moi-même entre ses mains ; c’est, j’ose le dire, la seule manière de nous procurer une paix honorable. […] Jusqu’au grand Frédéric II, en effet, l’Europe moderne n’avait pas vu dans un même homme une telle association de génies divers : l’universalité était la seule vocation de Laurent, grand commerçant, grand politique, grand poëte. […] Guicciardini décrit ainsi son règne : « Depuis dix siècles entiers, l’Italie n’avait pas éprouvé un seul moment de prospérité égale à celle dont elle jouit à cette époque. […] Le ton de ces lettres est triste comme les événements de cette saison : « Les seules nouvelles que je puisse vous apprendre d’ici, écrit-il à cette dame, c’est que la pluie est si continuelle qu’il est impossible de quitter la maison, et l’on est forcé de renoncer aux exercices de la campagne, pour se livrer, dans l’appartement, à des jeux tout à fait puériles.

1173. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il s’est concentré : un seul homme l’intéresse, qui est M. de Chateaubriand. […] Je ne crois pas qu’il y ait à tirer de sa vie un seul acte de volonté : des élans d’instinct, des sursauts de passion, tout au plus. […] Il croit remarquer qu’« on ne s’avise pas de peindre le beau idéal d’un cheval, d’un aigle, d’un lion », et ce privilège de l’homme, seul idéalisable, lui est une preuve de l’immortalité. […] Cette conception-là, seule, est un coup de génie. […] Ouvrons cet admirable sixième livre : « Plusieurs fois, pendant les longues nuits de l’automne, je me suis trouvé seul, placé en sentinelle, comme un simple soldat, aux avant-postes de l’armée.

1174. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Que diraient-ils si l’on entreprenait la construction d’un vaisseau de ligne avec la seule théorie employée par les sauvages dans la construction de leurs radeaux ? […] On n’écrit pas de telles pages pour soi seul, quand on n’est pas profondément convaincu de la vérité de ce qu’on écrit. […] Il méconnaissait lui-même la conquête réelle, la seule, mais si importante, à laquelle il avait atteint et que rien désormais ne pouvait ravir, une société sans privilèges. […] Il ne pouvait lire jusqu’au bout un seul de ses livres. […] » Sous la Terreur, il prononce le seul mot du sage : J’ai vécu !

1175. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Parlons donc raison et raison seule ; voyons clair, s’il se peut. […] La modestie m’ordonnerait sans doute de m’accuser si j’étais seul embarrassé ; mais je vois beaucoup d’honnêtes gens embarrassés comme moi ; et M.  […] De cette façon il héritera de ses deux filles, il aura leurs 100,000 francs à lui seul pour continuer ses expériences. […] Une seule chose le pourrait consoler : c’est que le reste de la société, quand vous y touchez, ne paraît pas valoir mieux que lui. […] C’est la grâce que je lui souhaite, et malheureusement la seule que je puisse lui souhaiter.

1176. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

On pourrait dire qu’une seule âme les mène, tant leurs âmes particulières pensent à l’unisson. […] D’abord, de cela seul que le bien de l’ensemble dépend de la collaboration des individus spécialisés, il suit que toutes leurs activités, si différentes qu’elles soient, sont également nécessaires au bien de l’ensemble. […] Des êtres auxquels elle manquerait totalement ne se laisseraient même plus englober dans un seul genre : de ces individus originaux on ne pourrait même plus dire qu’ils sont également des hommes. […] Topinard 127, les peuples seuls sont des réalités. […] Les croyances dernières apparaissent de plus en plus comme choses toutes personnelles. — si bien qu’on a pu dire, en un sens, qu’une seule foi commune nous reste, la religion de l’individu149.

1177. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Le poète, resté seul, s’endort. […] Je crois qu’il est le seul poète à qui cela ait été donné. […] Or, les trois Curiace sont tués ; un seul Horace survit. […] Camille seule persiste à geindre : “Ah ! […] C’est celui qui est mort, c’est celui-là seul qu’elle voulait !

1178. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

De même et à l’inverse, l’inattendu tout seul, sans présence saisissable de sentiment d’accroissement du moi, l’inattendu tout seul, fait rire. […] Ce ne fut pas un seul instant de sa vie l’opinion du jeune Hebbel. […] un seul point sans retour nous sépare. […] Elle seule eût pu se reconnaître. […] Si la source est réellement miraculeuse, l’âne seul, étant le seul qui en aura bu, sera le seul rajeuni.

1179. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Le petit Racine est donc, pendant trois ans (d’après Sainte-Beuve) le seul élève de ces messieurs, tout seul avec ces saints, plus libre, par conséquent, en même temps que suivi de plus près, et vivant sans doute plus familièrement avec eux. Il a pour lui tout seul des maîtres tels que Lancelot, Nicole, Antoine Lemaître, Hamon. […] (Timocrate seul atteignit quatre-vingts.) […] C’est trop gémir tout seul. […] Dès lors, le drame se déroule tout seul, à ce qu’il semble.

1180. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Pour ma part, je n’en ai jamais pris une seule. […] Moréas seul serait intangible ! […] Il captivait par sa seule bonhomie. […] Moi seul je sais ce qu’il me faut. […] … » Et quel air penaud, si on le laissait seul !

1181. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

À onze heures, je suis seul, tout seul, dans la grande salle de Péters, où, symptôme de la terreur qui règne, les garçons ne parlent qu’à voix, tout à fait basse. […] Deux étrangères seules sont assises à la porte. […] si l’on m’avait dit alors : « Dans quelques années tu repasseras par ce chemin, tout seul, tout seul à jamais… et les coups de canon que tu entendras seront des coups de canon prussiens, en train de démolir peut-être ta maison !  […] Les rues par lesquelles je passe, n’ont plus un seul carreau. […] Enfin elle part, et nous voilà seuls.

1182. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Et si je n’étais pas engagé, par le souvenir de Wagner, à parler ici de l’art seul, je voudrais esquisser cette critique, enfin sérieuse et sans préjugés, je tiendrais compte de la notoriété commerciale, du prix que possèdent aujourd’hui, du prix probable que posséderont demain telles signatures. […] Un seul, l’art plastique, a suffi pour tous. […] Je n’y ai point trouvé une seule œuvre entièrement belle, capable d’être un exemple parfait à cette théorie de la peinture wagnérienne. […] Les jours arrivent où dominera seul, enfin, l’art du Suffrage Universel. […] J. de Biez (L’art et les Yeux, Lévy, éditeur) qui, seul, a tenté une explication sérieuse de cet « art consolateur ».

1183. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

L’ambition, la politique, la vengeance, étoient presque les seules passions connues au théâtre. […] On fit, à toutes ces critiques de la comédie larmoyante, la seule réponse convenable. […] Leur titre seul prévenoit & leur attiroit des spectateurs en foule. […] La seule condition qu’il imposa, fut que les pièces seroient soumises à l’examen. […] Arrêtons-nous à un seul, dans lequel tout porte l’empreinte du génie de l’auteur.

1184. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Il n’y a pas, dans tout leur livre de Madame Gervaisais, un seul mot d’insulte, d’ironie, d’irrévérence, d’impatience contre le catholicisme. […] « Quand je songe — disait-il, en les voyant paître, — qu’il n’y en a peut-être pas un seul de tendre ! » Eh bien, de tous les gaillards, assez peu gaillards, qui dînent contre Dieu chez Magny, il n’y en a peut-être pas un seul qui soit un gourmand ! […] Le seul bourgeois de ce livre, qui devait s’appeler La Jeune Bourgeoisie, c’est le frère de Renée, c’est Henri Mauperin. […] Zola tiennent leur analyse pour bien faite, puisque, pour eux, leur analyse seule a créé cette littérature nouvelle qu’ils s’imaginent avoir inventée.

1185. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Celui-là est le seul sans doute. […] Dans quel océan de minuties, de tracasseries poussées jusqu’aux coups de poings « et de griffes » ; dans quel abîme de petitesses et de ridicules, dans quelles chicanes inextricables de cérémonial et d’étiquette la noblesse était tombée, c’est ce qu’un mandarin chinois pourrait seul comprendre. […] Il n’était chez lui et dans son domaine que le soir, les verrous tirés, seul, sous sa lampe, libre avec le papier, assez refroidi par le demi-oubli et par l’absence pour noter ses sensations. […] Il écrivait seul, en secret, avec la ferme résolution de n’être point lu tant qu’il vivrait, n’étant guidé ni par le respect de l’opinion, ni par le désir de la gloire viagère. […] Ces étrangetés et ces abandons sont naturels, presque nécessaires ; seuls ils peignent l’état d’esprit qui les produit.

1186. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Que de femmes, dont les noms resteront attachés au sien, il émut, il enflamma par ses seuls écrits ! […] Peu de jours après, l’ami nous ayant laissés seuls, je vis son visage prendre l’air austère, son esprit cherchant tous les lieux communs pour fournir à la conversation. […] Il est bien constaté qu’il ne me reste que vous seule en France, et quelqu’un qui n’est pas encore jugé, mais qui rie tardera pas à l’être. » Ce quelqu’un, apparemment, était le maréchal de Luxembourg. […] j’avais besoin de vous dire cela ; je t’aime fort, mais je voudrais ou être seule, ou avoir quelqu’un qui liât et amalgamât ses manies avec les miennes, car j’en ai bien aussi. […] Quand songera-t-on à réunir en un seul monument toute sa Correspondance ?

1187. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Qui sait si ce n’est pas l’une et l’autre, fondues et transfigurées en une seule réminiscence ? […] La mère est infirme et ne peut vivre longtemps ; la fille est menacée de se voir bientôt seule au monde, ce qui rend sa position si intéressante. […] Sans être superstitieux, il y a des coïncidences qui frappent, quoique la raison les écarte ; il me semble que je suis encore plus seul depuis hier ! […] Enfermé avec le seul compagnon de sa vie, son frère Aurèle Robert, dans le grenier d’un palais de Venise qui lui servait d’atelier, il retouchait et modifiait infatigablement ses figures. […] Tout est resté mystère, conjecture, énigme, dont un seul homme a le mot, l’illustre étranger aimé d’une femme morte, et qui ne peut, sans sacrilège, trahir sa vie et sa mort !

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