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395. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

fait Bertoald en éclatant de rire. […] L’assistance rit d’abord avec modération, puis le succès fut franc. […] Le paralytique parlait vivement, l’œil luisant, et il riait avec la meilleure franchise du monde. […] Ce rire, il le préfère à la célèbre agonie de Sada Yacco, et il a raison lorsqu’il soutient que l’agonie a peu d’importance esthétique et que le rire est bien plus admirable. Mais un certain rire : il faut apprendre à rire divinement, comme le voulait Nietzsche.

396. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXV » pp. 97-99

On voit dans les romans chinois que les mandarins, quand ils se sont fait quelque mauvais tour, se mettent à rire au nez l’un de l’autre et boivent ensemble leurs petites tasses comme devant.

397. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Goudeau, Émile (1849-1906) »

Français de France, vous avez le rire clair de la race. « Violoncelles, fifres, mandolines », tels sont les titres des trois parties de votre ouvrage ; et j’ai fort bien entendu, en effet, votre viola di gamba gémir sa mélancolie et votre guitare bourdonner sous nos chansons d’amour.

398. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Normand, Jacques (1848-1931) »

Jacques Normand sur les Écrevisses, le Fou Rire, le Chapeau, le Baptême d’Antoine et autres monologues qui ont fait pendant dix ans, et qui font encore, j’en suis sûr, le délice des salons bourgeois.

399. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919) »

Et vous, très caustique, Et moi, très profond, nous prendrons du thé, Sans rire, en faisant de la politique.

400. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

C’est un mérite de faire rire ; c’en est un bien plus grand d’instruire & de corriger en amusant.

401. (1925) Dissociations

Qu’ils s’appellent comme ils voudront, ils ne nous feront pas moins rire. […] Mais pourquoi rire ? […] Cela prête à rire. […] Tout au plus pour les faire rire un instant et converser entre augures sur le ton récréatif. […] Mais confiez donc cette idée aux constructeurs : Ils riront, toute le monde rira et tout le monde continuera à se casser la figure.

402. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

La confiance de M. de Choiseul est revenue ; ils ont parlé de leur ancien temps, ils ont ri ; et vous savez qu’ils sont tous deux de nature à aimer les choses et les gens qui les font rire : ainsi ils ont été parfaitement bien ensemble. […] Tous ceux qui ont parlé d’elle, les Ségur, les Lévis, le prince de Ligne, Mme de Genlis, sont unanimes à lui reconnaître cet empire absolu et sans appel sur tout ce qu’il y avait de distingué dans la jeunesse des deux sexes ; elle contenait les travers, tempérait l’anglomanie, l’excès de familiarité, la rudesse, ne passait rien à personne, ni une mauvaise expression, ni un tutoiement, ni un gros rire ; « la plus petite prétention, la plus légère affectation, un ton, un geste qui n’auraient pas été exactement naturels, étaient sentis et jugés par elle à la dernière rigueur ; la finesse de son esprit, la délicatesse de son goût ne lui laissaient rien échapper » ; attentive à ce qu’il ne passât aucun courant d’air de la mauvaise compagnie dans la bonne, elle retardait, pour tout dire, le règne des clubs et maintenait intacte l’urbanité française, à la veille du jour où tout allait se confondre et s’abîmer.

403. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Vous allez rire de voir Gribeauval et Habacuc contemporanisés par moi : riez tant qu’il vous plaira, puis songez qu’il y avait des curieux autour de moi, ries femmes, des enfants regardant avec attention aussi, mais ne voyant dans ce que nous admirions de mécanisme dans ces machines de guerre, qu’une nouvelle volonté de Dieu, qu’un fléau d’une autre forme envoyé par lui pour les éprouver de nouveau.

404. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

C’est sans doute des Ressources de Quinola qu’il s’agit dans la lettre suivante : on assiste à l’immense confiance du grand optimiste et à son rire tempétueux, retentissant. […] Mme Dorval a un rôle immense. » Je l’ai entendu rire ! […] Ne ris pas de mes offres dans nos misères.

405. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Pourtant l’orage augmente, et l’on parle d’un ordre supérieur obtenu contre le poëte, lorsque tout à coup on apprend que la Champmêlé qui devait, ce soir même, jouer Ariane devant le roi, a feint une indisposition ; que, grâce à ce tour d’adresse, les Plaideurs, représentés pour la troisième fois, ont subitement trouvé faveur et gagné leur cause ; on n’a plus osé siffler, et le roi a ri. […] » — Et le conseiller offrant la main à madame de Crissé : « Venez, venez, madame : (se retournant) le roi a ri…. ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux ! […] Magnin dégage chez Courier, au travers de l’homme de parti et du champion libéral, l’homme véritable, naturel, l’indépendant épicurien et moqueur, l’artiste amoureux du beau, l’humoriste vraiment attique, au rictus de satyre : « On n’a point la bouche fendue comme il l’avait, d’une oreille à l’autre, sans être prédestiné à être rieur, et rieur du rire inextinguible d’Homère ou de Rabelais. » Ces pages si légères et si bien touchées, à propos du plus docte et du plus lettré de nos pamphlétaires politiques, nous ont rappelé involontairement la différence des temps et le contraste de deux périodes pourtant si rapprochées.

406. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ricciardo en a pensé mourir de rire et s’est montré joyeux de l’aventure. […] Fabio en est fort surpris, et s’étonne de voir son père rire ainsi au moment où il lui annonce un combat qu’il lui peint si terrible. […] Fabio est furieux de voir rire tout le monde, sans qu’il puisse en deviner le sujet.

407. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Elles sont la contrepartie des fables ironiques et dédaigneuses où il résumait, pour qu’on en rit, tout ce qui cherche à détourner l’homme de l’Illusion supérieure de son Rêve. […] J’entends encore les injures, les rires, les quolibets, dont on salua ceux qu’on appelait les Décadents. […] On rit.

408. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Quand on a une fois, en âge déjà mûr, chanté et célébré à ce point la gaudriole et la goguette, et qu’on s’y est délecté avec un art si exquis et une si délicieuse malice, on a ensuite beau faire et beau dire, on peut la recouvrir sous les plus graves semblants et la combiner avec des sentiments très élevés, très sincères ; mais elle est et restera toujours au fond de l’âme une chose considérable, le lutin caché qui rit sous cape, qui joue et déjoue. […] On ne sait trop ce que cela signifie en soi ; c’est un souffle, un rire, une fantaisie. […] C’est l’Amour qui rend visite À la Pauvreté qui rit.

409. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

À propos de chaque chose sérieuse, en politique, en morale, en religion, il avait quelque apologue, quelque bon conte à faire, un conte gai, fou, imprévu, qui vous faisait rire à chaudes larmes, comme il disait, et qui recelait souvent une moralité profonde. […] Sous cet air d’en rire, il les marie très paternellement. […] Il y a des jours, on le sent, où il se pince pour faire rire.

410. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Tout l’enfer s’alluma dans son cœur agité… Napoline pourtant est femme, et elle se contient dans le premier moment : …………………… Elle cause, elle rit ; Comme une femme heureuse, elle fait de l’esprit ; Elle jette des mots piquants ; chacun l’écoute ; Elle est un peu moqueuse et méchante, sans doute ; Son esprit excité venge son cœur souffrant : Le mal que l’un reçoit, c’est l’autre qui le rend. […] On rit, on est déconcerté, on oublie un moment, par les finesses et les saillies de détail, ce qui souvent est une complète moquerie ou mystification de la nature humaine. […] La joie fait peur, jolie comédie, représentée au Théâtre-Français, et où, d’un bout à l’autre, le rire étincelle à travers les larmes, a été son dernier adieu au public.

411. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

On riait et on ne lui en voulait pas. […] Cosnac, qui n’était jamais en reste, riposta : « À tel évêque ce maréchal se serait adressé, qu’on peut dire que de sa vie il n’eût vu une occasion si chaude. » Cela fit rire, et aux dépens de Villeroi. […] Le Tellier en revint alors à sa réplique souveraine, et à remontrer que M. de Lesdiguières représentait la personne du roi : « Avouez du moins, monsieur, lui dit Cosnac comme poussé à bout, qu’on est fort excusable de s’y méprendre, puisque jamais copie n’a moins ressemblé à son original. » Cette repartie brusque (et flatteuse) acheva de déconcerter le ministre et fit rire le roi, « et ce fut par là, dit Cosnac, que finit cette affaire ».

412. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Rien de lascif, dans cette chaleur et cette odeur d’Orient, comme ces deux fillettes, perchées en l’air, avec leurs jupes courtes et l’abandon mou du haut de leur corps, couché sur la rondeur de l’arbuste, et montrant le rire de leurs yeux vifs, dans l’ombre de cette carcasse de mousseline, de cette coiffe appelée là-bas quisenote, — et parlant entre elles de leurs « corps coulants ». […] Jeudi 15 septembre Je tombe chez Burty, sur le vieux graveur Pollet, un japonisant frénétique, et qui est en train de dire : « Sur les 1 000 francs que j’ai pour vivre par mois, je paye 800 francs aux marchands de japonaiseries… c’est 200 qui me restent… mais j’ai des modèles qui me coûtent dans les 100 francs… donc 100 francs pour vivre… Ma foi, j’ai pris le parti de ne rien payer de mon vivant, je ne paye pas mon tailleur, je ne paye pas mon restaurateur… Il n’y a que mon cordonnier que je paye, parce que c’est un pauvre diable. » * * * — Visite de noces d’une jeune femme rieuse, chez une vieille tante de son mari, affligée d’une tympanite (maladie où l’on p… perpétuellement) et qui est menée par son beau-père, affreusement sourd : « Mais je ne comprends pas ce que la petite a à rire, comme cela, tout le temps… nous nous entretenons cependant de choses assez sérieuses », répète, à tout moment, le sourd intrigué. […] mon cher, mais c’est un paravent. — Et ses yeux font le tour de la pièce, — Avec les voleurs dont nous sommes entourés… il est besoin de cacher un peu ce qu’on fait… et quand on me le demandera mon roman sur le Midi, je dirai que je n’étais pas en train de rire… Puis la vie est si courte… Il ne faut pas se répéter… Je veux faire une chose terrible, un collage.

413. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Vous êtes aises comme des rats en paille ; vous avez le dos au feu et le ventre à table ; on vous prêche et vous n’écoutez pas ; je le crois bien, ventre affamé n’a point d’oreilles ; mais aussi rira bien qui rira le dernier. […] Les clichés du patriotisme professionnel sont difficiles à citer dans une étude où l’on ne veut ni indigner, ni faire rire.

414. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Mettez à César, Alexandre, Caton, notre chapeau et notre perruque, et vous vous tiendrez les côtes de rire ; si vous donnez au contraire l’habit grec ou romain à Louis XV, vous ne rirez pas. […] Ce tableau fait rire ; c’est en grand une assemblée de médecins et d’apothicaires, dignes du théâtre lorsqu’on y joue le médecin malgré lui.

415. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Daudet ne tarit pas de rires pour le public de M.  […] Si l’idée de Dieu les laisse silencieux, du moins elle ne provoque ni leur rire ni leur blasphème. […] Pourquoi nous prie-t-on d’en rire ? […] Rousseau ne sait pas plus pleurer que Voltaire ne sait rire. […] honte de leurs ineptes rires, et devant cet homme que ces rires n’arrachaient pas à la sérénité de son silence méditatif, les rires se sont tus, à leur tour subissant la divine contagion du silence.

416. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

— Pourquoi avez-vous ri ? […] Des cris… des rires… Le sénateur est en disgrâce ! […] » Et puis Balzac riait d’un rire de titan en vous racontant cette exécution. […] Il voulait faire rire et rien de plus. […] Le rire prit le dessus, et il devint tout à coup très vieux.

417. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

La France respira : elle avait vu renaître le rire, son rire à elle, son cher rire qu’elle croyait mort. […] À chaque ligne, le rire court, grandit, explosionne. […] Ils me font rire avec leurs journaux et leurs revues, leurs manifestes et leurs programmes. […] comme il a dû rire, M. Jules Huret, comme il doit rire encore, comme il devra rire longtemps !

418. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

 » tout cela est d’un mouvement endiablé qui force l’attention et appelle souvent le rire. […] En l’endormant, son père lui racontait des histoires : … Et il riait très fort. Je riais aussi en m’endormant, ma mère affirmait que ce sourire restait encore sur mes lèvres le lendemain matin. […] Passant un jour devant moi pour aller à la chasse, il s’arrêta pour rire avec un des seigneurs qui l’accompagnaient ; mais son rire fut si fort, si gros, qu’en vérité c’était le rire d’un fermier en goguette plus que celui d’un monarque. […] Ce serait à crever de rire si nous ne crevions pas déjà de cette révolution ulcère !

419. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Voilà un paradis nettement basé sur l’idée de force et une croyance qui se rit un peu de l’impératif catégorique. […] L’histoire de l’invention de la géométrie faisait rire ceux qui savent ce que c’est que la géométrie. […] Toute la liberté de l’esprit moderne est contenue en germe dans ce distinguo qui fait tant rire les imbéciles. […] L’humanité prête beaucoup à rire et surtout ses conducteurs, qui sont de véritables personnages de comédie. […] Car Tamburini ne fait rire que par excès d’honnêteté et de logique.

420. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXX » pp. 126-128

Cela a été froid, et même l’acteur qui jouait le père a perdu je ne sais pourquoi la tête, et au lieu de l’assassin pâlissant, il s’est avisé de dire polisson, ce qui a bien fait rire.

421. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Faramond, Maurice de (1862-1923) »

Ce fut moins une pièce qu’une série de tableaux d’une réalité si simple et si profonde que, dépassant le réalisme, ils atteignaient à l’épique parfois… Et voici que Monsieur Bonnet, œuvre plus aboutie dans deux actes au moins, de tenue verbale presque parfaite, — sans de ces accrocs ingénus qui avaient pu susciter des rires, naguère, — se diminue du même fait : l’abstraction.

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