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1215. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

… La Célébrité ressemble le plus souvent à la Calomnie, qui rase la terre avant de s’élever et d’éclater sur nos têtes.

1216. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Ces livres surprenants et délicieux, ne ressemblaient guères à celui qu’a publié le mari de cette chrétienne inspirée.

1217. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

On se ressemble de plus loin.

1218. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Elles ne se ressemblent que par l’accent du même sentiment, que par ce qui n’est pas dans les mots, mais dans le souffle, et, qu’on me passe cette expression !

1219. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Les romans contemporains doivent ressembler à l’histoire contemporaine ; mais avec l’idéal en plus.

1220. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mauriac, et qui ressemblerait à celle de l’homme inculpé de vol des tours de Notre-Dame, serait du reste survenue un peu plus tard. […] Et les plaisirs d’un La Fontaine, malgré les apparences, ne ressemblent pas à ceux du premier venu. […] Cynthie, plus âgée que Properce, a pu ressembler légèrement à la Sapho d’Alphonse Daudet. […] Qu’importe d’avoir l’air « aigri et pesteux », ou de ressembler à un Turc, pour M.  […] D’ailleurs, la fin du roman devient fastidieuse et ressemble à un fleuve qui se perd dans les sables.

1221. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Les incidents de la lutte ressemblent assez à ce que nous avons lu tout à l’heure, avec cette différence principale que Beaumarchais, parlant à des personnes présentes, insiste moins sur l’horreur de ses blessures que lorsqu’il écrit à des correspondants qui sont à six cents lieues. […] Le seul changement qu’il se permette de faire à la réalité, c’est de leur donner toutes les vertus, ce qui est moralement très édifiant, mais poétiquement très sec et très pauvre ; car tout le monde se ressemble de la façon la plus ennuyeuse et la plus monotone, quand tout le monde est parfait. […] Il ressemble (pour lui servir d’autres images) à un automédon grec domptant et asservissant au char de sauvages étalons d’Afrique ou d’Asie. […] Mais il est un point par lequel ces deux grands esprits se touchent et se ressemblent : la santé, le bel équilibre des facultés intellectuelles ordonnées et maintenues sous la suprématie de la raison. […] Chez saint Louis la bonté était si grande, qu’elle ressemblait à l’affection et la faisait naître dans le cœur de ceux qui en étaient l’objet.

1222. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Peltier a subitement foi dans ce garçon, qui, évidemment, ne ressemble pas à tout le monde. […] Par exemple, à quoi ressemble l’Égypte ? […] Dans ces pages écrites pour démontrer la supériorité du merveilleux chrétien, les diables ne sont intéressants que s’ils ressemblent aux dieux païens. […] Passe encore quand les anges ressemblent à de charmants demi-dieux ! […] Un paysage où se sont accomplis de grands faits historiques ressemble beaucoup à un paysage du même genre où il n’est rien arrivé.

1223. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Il est impossible de mieux ressembler à un très vieux et très vénérable portrait de famille. […] Mais enfin, faites-y attention, nulle autre tragédie de Corneille ne ressemble à celle-là. […] Le char de Thespis dut ressembler plus d’une fois à un bateau de fleurs. […] Si Julia de Trécœur était meilleure chrétienne, elle ne ressemblerait pas mal à Phèdre. […] L’amoureux aurait l’air d’une bête empoisonnée ; il n’y comprendrait rien, et son amour ressemblerait à une maladie.

1224. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Et l’émulation de leur ressembler ne fait-elle pas que nous leur ressemblons en effet, au moins dans cette minute propice où, nous dégageant du torrent des sensations qui nous entraînent, nous nous élevons au-dessus de nous-mêmes, portés que nous sommes par ces grandes âmes, mais aussi par le ressort propre qui, au fond, se trouve en nous comme en elles ? […] On sait aujourd’hui que le vrai Cid ne ressemble guère à celui de la légende et de la poésie. […] Attribuant à Corneille une réponse intitulée : Défense du Cid, il lança diverses fanfaronnades, dont quelques-unes ressemblaient à des provocations. […] Cela ressemble à des équations algébriques. […] Un tel degré d’adulation ressemblerait à une ironie continue, si une telle supposition était admissible alors.

1225. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Bien des choses ont vieilli dans ce poème : le ciel d’abord, qui a été dépeuplé de ses dieux ; les nations ensuite, telles que les Troyens et les Hellènes, petits groupes d’hommes qui n’ont laissé que des cendres sur le cap Sigée et un nom sur les pages impérissables de leur poète ; les mœurs enfin, qui ne ressemblent pas plus aux nôtres aujourd’hui que la barbarie à la civilisation et que Troie ou Argos, bourgades classiques, ne ressemblent à Paris, à Rome, à Constantinople ou à Londres. […] Le bruit d’un nom fameux, de trop près entendu, Ressemble aux sons heurtés de l’airain suspendu, Qui, répandant sa voix dans les airs qu’il éveille, Ébranle au loin le temple et tourmente l’oreille, Mais qui, vibrant de loin, et d’échos en échos Roulant ses sons éteints dans les bois, sur les flots, Comme un céleste accent dans la vague soupire, Dans l’oreille attentive avec mollesse expire, Attendrit la pensée, élève l’âme aux cieux, De ses accords sacrés charme l’homme pieux, Et, tandis que le son lentement s’évapore, Au bruit qu’il n’entend plus le fait rêver encore.

1226. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Dans la journée, la terre, le ciel, les burnous même sont d’une couleur rougeâtre de la vilaine poterie ; mais au crépuscule, le ciel se fait rose, et les montagnes de l’horizon apparaissant plus légères, moins denses que le ciel, ressemblent à des vapeurs mauves, et la terre du désert se voit bleue, bleue, comme la mer, avec des ondulations du sol ayant l’air de vagues, sous le souffle d’une brise, vous mettant du sel sur les lèvres. […] Une triste impression que de se retrouver ici, où mon frère était déjà si malade, d’avoir en face de soi cette maison de Callou, autrefois si bruyante, si joyeusement sonore, maintenant silencieuse, de marcher solitaire, sous ces arceaux de pâles platanes, qui font ressembler le vieux parc, plein de jaunes figures, à de mélancoliques Limbes. […] Dans le quartier de la coutellerie, je traverse une salle, où des hommes, couchés tout de leur long sur des planches, ressemblent à des noyés de la Morgue.

1227. (1925) La fin de l’art

De la sorte, la plupart des correspondances ressemblent à des dialogues où l’on aurait effacé les répliques d’un des discoureurs, à une scène de comédie réduite à un seul rôle. […] Cette Université enrubannée et les universités populaires, qui n’y ressemblent guère, mais étaient aussi des sortes de parodies, tout cela montre que le vieux nom d’Université n’est plus guère pris au sérieux et c’est assez juste, car on a fini par s’apercevoir que la scission est à peu près absolue entre l’âme française et l’âme universitaire. […] Puis on vit peu à peu qu’ils ressemblaient à tous les autres paysans et qu’ils avaient leurs mérites.

1228. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Le jeune employé ressemble à tous les jeunes gens de sa profession en province, suffisant, ambitieux, rusé, il se nomme Panchine. […] Lavretzky, en effet, ressemblait peu à une victime du sort. […] Pierre, le sire de Lavretzky, ne ressemblait guère à son père ; c’était un seigneur comme on n’en voit que dans les steppes, passablement excentrique, tapageur et agité, grossier, mais assez bon, très hospitalier et grand amateur de chasse à courre. […] Mais Lise ne ressemble pas à l’autre ; ce n’est pas elle qui m’aurait préparé une vie d’humiliations ; elle ne m’aurait pas détourné de mes occupations ; elle m’aurait inspiré elle-même une activité honnête et sérieuse, et nous aurions cheminé ensemble vers un noble but.

1229. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Et c’était curieux l’aspect de la Madeleine, ça ressemblait, vous savez, à l’acte d’Antigone, où devant le Temple, sont ces gens faisant de grands appels de bras. » Lorrain est interrompu par Mariéton, qui est entré dans la Madeleine, grâce à la rencontre qu’il a faite à la porte, d’un neveu de Périer. […] Ces Italiens ressemblent aux jolies femmes, qui ne peuvent pas supporter la plus petite critique de leur beauté. […] Un ciel gros bleu, traversé de nuages, qui ressemblent à des fumées noires d’industries ; dans le haut du ciel, la lumière électrique de la Tour Eiffel, avec son rayonnement de crucifix lumineux. […] Voici, une vue de la curieuse maison, en bois sculpté, de Mâcon, voici, une vue à la porte Bab-Azoum d’Alger, avec son ciel de lapis ; voici, une vue du matin au bord de la mer, à Sainte-Adresse ; voici, une vue de Bruges, qui ressemble bien à un Bonington ; voici enfin une vue de la sale et pourrie rue de la Vieille-Lanterne, que mon frère a été prendre, le lendemain du jour, où Gérard de Nerval s’était pendu, au troisième barreau de cette grille d’une sorte d’égout.

1230. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Si, au contraire, l’acte d’attention par lequel une idée nouvelle et non-sensible a été associée à une idée usuelle et sensible se répète à toute occasion, et s’il porte de préférence sur la portion non-sensible du couple ainsi formé, l’autre portion se trouve ainsi livrée à l’action destructive de l’habitude négative ; l’image s’affaiblit, l’idée se dégage de ses voiles ; le mot lui reste attaché ; mais, son évolution vers un nouveau sens étant accomplie, désormais il possède une signification nette, simple, sans équivoque, et, s’il n’était pas déjà, dans sa première acception, un signe arbitraire, maintenant il ne peut manquer d’avoir cette qualité, avec la conséquence qu’elle entraîne, l’impartialité, d’abord parce qu’il a changé de sens, ensuite parce que, étant un son, il ne peut ressembler, même de loin et par hasard, à une idée non-sensible. […] Etant admis que l’indépendance est le caractère du signe en général, nous nous expliquons facilement comment l’impartialité est le caractère du signe parfait : l’impartialité est, en effet, pour l’image qui sert de signe à une idée générale, la condition d’une parfaite indépendance ; dans une idée phénoménale, il n’y a qu’une image de chaque espèce ; si l’une d’elles est favorisée par la conscience ou l’attention, ce privilège ne peut s’étendre à aucune autre ; mais, dans une idée générale, il y a presque toujours un certain nombre d’images de même ordre, plus ou moins analogues entre elles ; dès lors, l’image saillante attire et fait sortir des rangs celles qui lui ressemblent ; elle ne peut concentrer sur soi toute la lumière qui lui est destinée ; fatalement, quelques rayons s’égarent sur les images analogues ; par là, les proportions de l’idée se trouvent dénaturées, et, en même temps, le signe, mélangé d’éléments parasites empruntés à tort à l’idée, n’est plus indépendant de l’idée tout entière. […] Si la parole intérieure n’avait pas déjà, dans l’état psychique normal, une sorte de vie propre, si la parole intérieure et la pensée ne formaient pas dans l’âme deux groupes d’habitudes bien distincts (distincts moins encore par la matière, car la pensée comprend des images sonores, que par la forme, qui est ici l’intensité), en d’autres termes, si chaque mot n’était pas par certains côtés moins intimement associé à son idée qu’aux autres mots, c’est-à-dire à ceux de ses antécédents et conséquents habituels auxquels il ressemble et dont les lois sont les siennes, la dissociation absolue du langage et de la pensée qui caractérise les états anormaux tels que le sommeil et la distraction serait un mystère impénétrable ; on comprend qu’elle soit possible lorsqu’on s’est rendu compte des vrais rapports qui, durant l’état de veille normal, unissent le langage et la pensée. […] De même dans les locutions composées : si l’on dit le roulement du tonnerre de préférence à toute autre expression, ce n’est pas seulement parce que le bruit du tonnerre ressemble à celui d’une voiture, ou plutôt c’est parce que l’un et l’autre sont assez exactement figurés par le mot roulement, qui pourtant dérive de rotula.

1231. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

A peine arrivé à Brunswick, il lui adresse l’épître suivante, que nous donnons dans toute sa longueur, et qui ressemble à un journal, ou plutôt à un heural141, comme ils disaient ; c’est une image intéressante et fidèle, et très-curieuse pour la rareté, de ce qu’était l’âme de Benjamin Constant à ses meilleurs moments. […] Je garderai celui de ses petits qui ressemblera le plus à ce digne chien, et je ne négligerai rien pour lui donner la noble insolence de son père. » Certes, une telle lettre, dans toute son étendue, est, à mon sens, le meilleur témoignage qu’Adolphe, quoi qu’on puisse dire, a été sensible, qu’il aurait pu l’être, qu’il était surtout parfaitement aimable et presque bon quand il s’oubliait et se laissait aller à la nature. […]   « Flore a accouché avant-hier au soir de cinq petits, dont un ressemble à Jaman, à l’exception des taches noires de cet illustre chien sur le dos, que son fils n’a pas. […] Leur vivacité ressemble aux courbettes des chevaux de carrosse de la duchesse : they are ever puffing and blowing when they laugh, et ils croient qu’il faut être hors d’haleine pour être gai, et hors d’équilibre pour être poli. » Nous supprimons (ne pouvant tout donner) une assez drôle histoire d’un professeur de français, Boutemy, un pédagogue bien arriéré, bien réfugié, et qui veut faire le Parisien du dernier genre ; il est moqué et drapé sur toutes les coutures. […] C’est tout comme vous : j’aime à vous ressembler, je me trouve moins seul : aussi je m’accroche aux plus petites ressemblances.

1232. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Leur langage ressemble à des roulades de rossignols. […] —  On dit qu’il ressemble au mien. […] En regardant — les traits de ce visage, il m’a semblé que je reculais — de vingt-trois ans, et je me voyais sans culottes, —  avec ma cotte de velours vert, ma dague muselée, —  de peur — qu’elle ne mordit son maître. —  Combien alors je ressemblais à cette mauvaise herbe, —  à ce polisson, à ce monsieur ! […] Parlerai-je de cette éblouissante Cléopatre qui enveloppe Antoine dans le tourbillon de ses inventions et de ses caprices, qui fascine et qui tue, qui jette au vent la vie des hommes comme une poignée du sable de son désert, fatale fée d’Orient qui joue avec l’amour et la mort, impétueuse, irrésistible, créature d’air et de flamme, dont la vie n’est qu’une tempête, dont la pensée, incessamment dardée et rompue, ressemble à un petillement d’éclairs ? […] Elle ressemble à ces toiles aériennes qu’on trouve le matin sur la crête des sillons où la rosée les dépose, et dont les fils étincellent comme un écrin.

1233. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

La reine de nos Tyrs et de nos Babylones ressemble à Sodôme ravagée par le feu du ciel ! […] — Vous ne ressemblez donc pas à monsieur votre père ! […] Ce livre ressemblait à mon avis à ces capharnaüms où l’on amoncelle un tas de choses gênantes et fastidieuses : ainsi a peut-être fait l’inventeur des journaux maritimes (et aussi le pêcheur de baleines) pour son roman. […] Les marches couvertes de parures, d’écharpes, de plumes, de fleurs, de rubans ; les marches étincelantes de bijoux, de regards, de sourires, d’épaules qui se cachent, ressemblaient à ces larges gradins de nos serres-chaudes, où sont échelonnées mille plantes précieuses, des couleurs les plus vives et de l’aspect le plus éblouissant. […] Comme elle ressemble au portrait qu’on doit s’en faire !

1234. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Celui qui va du jaune au vert ne ressemble pas à celui qui va du vert au bleu : ce sont des mouvements qualitatifs différents. Celui qui va de la fleur au fruit ne ressemble pas à celui qui va de la larve à la nymphe et de la nymphe à l’insecte parfait : ce sont des mouvements évolutifs différents. L’action de manger ou de boire ne ressemble pas à l’action de se battre : ce sont des mouvements extensifs différents. […] Nous possédons les éléments du problème ; nous savons, d’une connaissance abstraite, comment il sera résolu, car le portrait ressemblera sûrement au modèle et sûrement aussi à l’artiste ; mais la solution concrète apporte avec elle cet imprévisible rien qui est le tout de l’œuvre d’art. […] De même, en composant entre eux les résultats les plus simples de l’évolution, vous en imiterez tant bien que mal les effets les plus complexes ; mais ni des uns ni des autres vous n’aurez retracé la genèse, et cette addition de l’évolué à l’évolué ne ressemblera pas du tout au mouvement d’évolution lui-même.

1235. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Votre musée de plâtres ressemble à un champ de bataille après le combat, torses, têtes, membres épars. […] Un festin éternel en pleine lumière, voilà le ciel pour le Grec ; partant, la plus belle vie est celle qui ressemble le plus à cette vie des dieux. […] Ils ressemblent à ces édifices construits avec les débris d’un temple ancien et avec d’autres matériaux ramassés au hasard ; en effet, c’est avec des pierres latines, mutilées, raccordées dans un autre ordre, avec des cailloux du chemin et un platras tel quel, que nous avons fait la bâtisse dans laquelle nous vivons, d’abord un château gothique, aujourd’hui une maison moderne. […] Il ressemblait à ces académies de nos derniers siècles où tous les jeunes nobles allaient apprendre l’escrime, la danse et l’équitation. […] Pour comprendre ce langage, il nous suffit de sortir de nos villes artificielles et de nos cultures alignées ; celui qui va seul en un pays montueux, sur les côtes de la mer et se laisse occuper tout entier par les aspects de la nature intacte, converse bientôt avec elle ; elle s’anime pour lui, comme une physionomie ; les montagnes, immobiles et menaçantes deviennent des géants chauves ou des monstres accroupis ; les eaux qui luisent et bondissent sont de folles créatures babillardes et rieuses ; les grands pins silencieux ressemblent à des vierges sévères, et quand il regarde la mer du midi, azurée, rayonnante, parée comme pour une fête, avec l’universel sourire dont parlait tout à l’heure Eschyle, il est tout conduit, pour exprimer la beauté voluptueuse dont l’infinité l’entoure et le pénètre, à nommer la déesse née de l’écume, qui, sortant de la vague, vient ravir le cœur des mortels et des dieux.

1236. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

» 31 août Ce matin, au point du jour, commence la démolition des maisons de la zone militaire, au milieu du défilé des déménagements de la banlieue, qui ressemble à la migration d’un ancien peuple. […] Tous les murs sont crénelés et percés de meurtrières, et le terrain creusé de trous ronds qui se touchent, ressemble assez bien à ces plats de fer-blanc, où l’on fait cuire des escargots en Bourgogne. […] Son apitoiement sur les centaines de milliers de Français qui vont mourir de faim : ça ressemble au jésuitisme d’un Attila. […] Je suis le premier à reconnaître l’intelligente restauration de Notre-Dame-de-Paris, de la Sainte-Chapelle, et incontestablement on a élevé de belles maisons neuves… » Et sur ce que je lui dis, que le Parisien se trouve dépaysé dans ce Paris qui n’est plus parisien, il me répond : « Oui, c’est vrai, c’est un Paris anglaisé, mais qui possède, Dieu merci, pour ne pas ressembler à Londres, deux choses : la beauté comparative de son climat, et l’absence du charbon de terre. […] Le soleil fondu dans le brouillard fait ressembler le ciel à une fumée d’incendie, et derrière moi, les grandes lignes des fortifications, dégagées de toute construction, apparaissent comme des falaises noyées dans la brume du matin, avec leurs silhouettes de douaniers.

1237. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Ces ballades ne ressemblent guère à celles de François Villon ou de M.  […] Tailhade ; elles ne ressemblent à rien. […] Ton Antonia, je lui ressemble, alors tu veux de moi ! […] Barrès, de tous les hommes arrivés (ou qui arriveront), est celui qui ressemble le moins à un parvenu. […] De cet ermitage qui ressembla parfois à un monastère, et qui est devenu un petit chalet suisse, M. 

1238. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

« Tout homme — avait-il écrit dans ses Lettres persanes — est capable de faire du bien à un autre homme, mais c’est ressembler aux Dieux que de faire le bonheur d’une société entière ! » Montesquieu a voulu ressembler aux Dieux, comme ces stoïciens qu’il admirait si fort, et le moyen qu’il en a pris, ç’a été, comme eux, de tout rapporter au bien de la société. […] Voltaire en est un bon exemple, qui reproche à Racine que ses Pyrrhus et ses Néron, ses Hippolyte et ses Achille se ressemblent tous [Cf.  […] Né pour être vous-même, unique peut-être en votre espèce, vous avez accepté la tyrannie de la mode, et vous avez mis votre gloire à ressembler à d’autres, aux autres, à tous les autres. […] on dirait que la tragédie reflue vers sa source, pour s’y retremper ; et rien ne ressemble davantage à sa lutte contre le mélodrame des Diderot, des Mercier, ou bientôt des Guilbert de Pixerécourt, que la lutte autrefois soutenue par la tragédie cornélienne contre la tragi-comédie des Rotrou, des Mairet, des Hardy.

1239. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Titus ressemble à quelqu’un, je ne puis savoir à qui. […] C’est très intéressant, et ce type de nabab ressemblerait à quelqu’un d’autre, si on l’affinait et l’anoblissait. […] Mais je ne pouvais la gober entièrement, elle vous ressemble trop. C’est ridicule de se ressembler ainsi ! […] Ça ne ressemble à rien de ce que je connais… C’est vraiment neuf et plein et sonore et harmonieux.

1240. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Sortez, disparaissez ; et que, de cette salle lavée au chlore et à la chaux, on fasse une école où vos enfants apprendront, malgré vous, à croire en Dieu, à obéir à la loi du travail, et à ne pas vous ressembler !  […] Je sais, au xviie  siècle, un très habile homme qui vous ressemble ; il y a deux cents ans, Quintius, vous vous appeliez Fléchier. […] * D’un malade imaginaire auquel ressemble la france de 1867 J’ai dans mes connaissances un malade imaginaire. […] Je sais qui ressemble à ce malade. […] « Un âne qui ressemble à monsieur Nisard, brait ».

1241. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Dans le premier cas, on veut faire entendre que la persone ou la chose dont on parle excèle sur toutes celles qui peuvent être comprises sous le nom comun : et dans le second cas, on fait entendre que celui dont on parle ressemble à ceux dont le nom propre est célèbre par quelque vice ou par quelque vertu. […] L’empereur Néron fut un prince de mauvaises moeurs, et barbare jusqu’à faire mourir sa propre mére ; delà on a dit des princes qui lui ont ressemblé, c’est un néron. […] Dans la suite d’un raisonement, on doit toujours prendre un mot dans le même sens qu’on l’a pris d’abord ; autrement on ne raisoneroit pas juste ; parce que ce seroit ne dire qu’une même chose de deux choses diférentes : car, quoique les termes équivoques se ressemblent quant au son, ils signifient pourtant des idées diférentes ; ce qui est vrai de l’une n’est donc pas toujours vrai de l’autre. […] Les mots qui expriment ces idées nous servent à abréger le discours, et à nous faire entendre avec plus de facilité ; par exemple, nous avons vu plusieurs objets blans, ensuite pour exprimer l’impression uniforme que ces diférens objets nous ont causée, et pour marquer le point dans lequel ils se ressemblent, nous nous servons du mot de blancheur. […] Come les diférens objets blans ont doné lieu à notre esprit de se former l’idée de blancheur, idée abstraite, qui ne marque qu’une sorte d’afection de l’esprit ; de même, les divers objets, qui nous afectent en tant de manières diférentes, nous ont doné lieu de nous former l’idée d’être, de substance, d’existance ; surtout, lorsque nous ne considérons les objets que come existans, sans avoir égard à leurs autres propriétés particulières : c’est le point dans lequel les êtres particuliers se ressemblent le plus.

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