On y a entassé, comme Pélion sur Ossa, d’Haussonville sur Sacy et Sacy sur Cuvillier-Fleury, un amphithéâtre, en balcon, d’académiciens qui ne représentent pas précisément, en littérature, la vie, la grâce, la légèreté, l’ondoyance, la fantaisie aimable, mais qui, dans leurs Notices, n’en donnent pas moins un brevet de tout cela à leur mort inconnu ; et (le croirez-vous ?)
Seulement, sans rien préjuger sur la conclusion qui doit briller pour l’Angleterre à travers les faits que le livre de Mgr Salvado expose, est-il téméraire d’affirmer qu’indépendamment de l’état sans vie et sans réelle efficacité de ses missions protestantes, elle souffre au plus profond de son intérêt colonial, du principe religieux qu’elle représente et qu’elle s’efforce de propager ?
Comme tous les pouvoirs politiques qui durent deux jours, — et le pouvoir de Faustin Ier peut durer davantage, — Soulouque représente une force qui n’est pas en lui, et qui donne à sa marionnette, si ridicule ou si stupide qu’elle puisse être, un sérieux avec lequel l’Histoire doit compter.
Le docteur Favrot parle de cadavres par hasard déterrés et qui, en des angoisses que l’imagination épouvantée n’a pas de peine à se représenter, s’étaient, dans leurs cercueils, mangés les bras de fureur vaine et de désespoir !
Qui cherche dans l’indépendance est destiné à tâtonner longtemps… De plus, si libre qu’il soit et qu’il veuille l’être, le groupe d’esprits dont Cantel est l’espérance représente, à très peu d’exceptions près, ce paganisme que nous avons appelé souvent une Renaissance de Renaissance, et qui n’en est que le regain !
C’était le naturel d’un être qui n’en était pas moins réel parce qu’il était naturel et divin… On lui reprochait sa manière de voir et de représenter les choses.
Comparez cette variété d’intelligences qui représentent, sous les noms de Daniel Darthès, de Michel Chrétien, de Canalis, de Bianchon, de Nathan, de Bixiou, de Blondet, etc., chacun un degré de l’esprit humain et de la civilisation parisienne, et mettez-les à côté des cinq gringalets pervers de MM. de Goncourt, Mollandeux, Nachette, Couturat, Malgras et Bourniche, ces gamins grandis et pourris sur leur tige de voyou (un mot de messieurs de Goncourt !).
» Et voilà qu’il y a quelque temps, m’étant trouvé séparé de mon cercle habituel d’amis, je fus mis dans une intimité étroite et prolongée avec quelques-uns de mes camarades qui pouvaient, en raccourci, me représenter à peu près toute la nation : il y avait des ouvriers et des agriculteurs, des gars du Nord, du Midi, du Centre et de l’Est… Peu à peu, je vis combien, sans qu’ils s’en doutent eux-mêmes, la souffrance avait fait son œuvre en eux, les avait épurés, combien ils sortiraient modifiés de la guerre.
On ne peut douter que les deux oraisons funèbres de Le Tellier, où Fléchier et Bossuet le représentent comme un grand homme et comme un sage, le jour et le lendemain qu’elles furent prononcées, n’aient été fort applaudies à la table et dans l’antichambre de Louvois, qui était son fils, et qui était tout-puissant ; mais si elles avaient été lues à ceux qui avaient suivi la vie entière de Le Tellier, qui l’avaient vu s’élever par degrés, et qui, si l’on en croit les mémoires du temps, n’avaient jamais vu en lui qu’un courtisan adroit, toujours occupé de ses intérêts, rarement de ceux de l’État, courant à la fortune par la souplesse, et l’augmentant par l’avarice, flatteur de son maître, et calomniateur de ses rivaux ; si elles avaient été lues à Fouquet dans sa prison, à ce même Fouquet dont Le Tellier fut un des plus ardents persécuteurs, qu’il traita avec la basse dureté d’un homme qui veut plaire, et qu’il chercha à faire condamner à mort, sans avoir cependant le bonheur cruel de réussir ; si elles avaient été lues en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, à toutes ces familles de Français que la révocation d’un édit célèbre, révocation pressée, sollicitée et signée avec transport par Le Tellier, fit sortir du royaume, et obligea d’aller chercher un asile et une patrie dans des contrées étrangères ; qu’auraient pensé tous ces hommes, et des oraisons funèbres, et de l’éloquence, et des orateurs ?
Avouons-le donc une fois, et achevons de le comprendre : ce n’est proprement ni le devoir ni la passion qu’il s’est plu à nous représenter, c’est la volonté, quel qu’en fût d’ailleurs l’objet ; et ce n’est ni la pitié, ni la terreur même qu’il s’est proposé d’exciter ou de remuer en nous, c’est l’admiration. […] Et Louis XIV enfant n’exigeait-il pas que l’on représentât devant lui, jusqu’à deux fois dans la même journée, Jodelet duelliste, ou Jodelet, le maître valet, — je ne sais trop lequel des deux ? […] Mais ce qu’il hésite encore moins à peindre, ou plutôt ce qu’il aime à représenter, ce sont les fluctuations de la volonté même, ce sont surtout ses perplexités ; et ainsi la loi du théâtre, au lieu de contrarier chez lui l’imitation de la vie, y concourt — et l’achève. […] Mais représentez-vous aussi, Mesdames et Messieurs, l’agitation de Racine quand ce procès éclata77. […] Or, dans ces quarante ans, nous ne pouvions guère trouver d’autre pièce à vous représenter, puisque aussi bien Regnard ayant fourni sa carrière de 1696 à 1708, la même date revenait toujours.
Je dois observer ici que ce rôle d’Arnolphe est presque toujours joué faux sur notre théâtre : on le représente en barbon. […] Mais il se trouva que le roi, avec lequel il avait fait une alliance très publique, le jour où on avait représenté Les Fâcheux chez Fouquet, que le roi qui gouvernait alors la France, et dont il était le serviteur, presque l’ami, était un roi jeune, qui s’abandonnait volontiers à ses passions. […] Dom Juan, composé de verve, fut prêt à être représenté en 1665, tandis que le Tartuffe complet ne l’a été qu’en 1667, pour être suspendu immédiatement, et n’a été définitivement repris qu’à partir de 1669. […] Quelque chemin qu’aient fait nos idées, quelque loin qu’ait porté la voix de nos philosophes et de nos publicistes du xviie siècle, nos auteurs comiques sont parvenus plus loin ; j’ai lu, je ne sais où, que des voyageurs ont vu, sur les bords de la mer d’Aral, des comédiens tartares représenter une ébauche reconnaissable du Tartuffe, et, ici, je ne puis m’empêcher de me rappeler un souvenir de l’antiquité classique, le seul analogue que l’on trouve dans l’histoire des lettres, ces soldats de Crassus, prisonniers des Parthes, qui virent représenter, avec un appareil sauvage, au milieu des montagnes d’Arménie, une tragédie d’Euripide. […] C’est dommage, elle eût fait ressortir un contraste frappant et original ; alors que Shakespeare et Montesquieu ont cherché à rabaisser le génie et le caractère de César, Weiss le représente de très haut comme une force pensante, supérieurement et froidement impartiale, capable de juger avec grandeur Alexandre et Napoléon.
On lit souvent sur leurs boutiques King’s coffinmaker : Faiseur de cercueils du roi ; ou bien, Funerals performed here ; mot à mot : Ici on représente des funérailles. […] L’immense colonne de fumée de charbon qui flotte sur la Cité, représente ces gros rochers noirs, enluminés de pourpre, qu’on voit dans nos décorations du Tartare ; tandis que les vieilles tours de Westminster, couronnées de nuages et rougies par les derniers feux du soleil, s’élèvent au-dessus de la ville, du palais et du parc de Saint-James, comme un grand monument de la mort, qui semble dominer tous les monuments des hommes. […] Quiconque peint savamment le côté douloureux de l’homme, peut aussi représenter le côté ridicule, parce que celui qui saisit le plus, peut à la rigueur saisir le moins. […] Michaud se moque avec raison du poète Darwin qui, dans ses Amours des plantes, représente le Genista, le genêt, se promenant tranquillement à l’ombre des bosquets de myrte . […] Elle commençait à lui en faire une réprimande sévère, comme d’un manque de bienséance et de politesse ; mais le précepteur qui était là, l’interrompit avec douceur, et lui représenta que M.
Ceux qui la représentent ne vous comprendront pas et ne vous écouteront pas. […] Il nous représente la vie que nous menons, il nous parle des intérêts qui nous agitent, il assouvit les convoitises dont nous souffrons. […] J’ornerais quelque haut salon de panneaux sculptés et de longues glaces un peu verdâtres, et j’engagerais mes hôtes à se donner le plaisir de représenter les mœurs de leurs aïeux. […] Quoi de plus naturel dans une race sociable, parmi des gens oisifs, obligés d’être ensemble, de représenter et de s’observer ? […] Celle-ci se soutient devant l’honneur exalté qu’a peint Calderon et les effusions naïves qu’a représentées Shakespeare.
En effet, toutes les idées élaborées depuis cinquante ans en Allemagne se réduisent à une seule, celle du développement (entwickelung), qui consiste à représenter toutes les parties d’un groupe comme solidaires et complémentaires, en sorte que chacune d’elles nécessite le reste, et que toutes réunies, elles manifestent, par leur succession et leurs contrastes, la qualité intérieure qui les assemble et les produit. […] Par exemple, les théologiens1423, ayant voulu se représenter avec une netteté et une certitude entière les personnages du Nouveau Testament, ont supprimé l’auréole et la brume dans lesquelles l’éloignement les enveloppait ; ils se les sont figurés avec leurs vêtements, leurs gestes, leur accent, avec toutes les nuances d’émotion que leur style a notées, avec le genre d’imagination que leur siècle leur a imposé, parmi les paysages qu’ils ont regardés, parmi les monuments devant lesquels ils ont parlé, avec toutes les circonstances physiques ou morales que l’érudition et les voyages peuvent rendre sensibles, avec tous les rapprochements que la physiologie et la psychologie modernes peuvent suggérer ; ils nous en ont donné l’idée précise et prouvée, colorée et figurative1424 ; ils les ont vus non pas à travers des idées et comme des mythes, mais face à face et comme des hommes. […] La matière n’existe que spirituellement, pour représenter quelque idée et l’incarner extérieurement. […] Qu’est-ce qu’une idole, sinon un symbole, une chose vue ou imaginée qui représente le divin ? […] Car, selon lui, le héros contient et représente la civilisation où il est compris ; il a découvert, proclamé ou pratiqué une conception originale, et son siècle l’y a suivi.
Le véritable esprit français, tel que nos vraiment grands écrivains l’ont su représenter, s’est efforcé d’accommoder ensemble les justes libertés de l’esprit gaulois et les justes scrupules de l’esprit précieux. […] Remarquez aussi que, comme les mots, quelque abus que l’on en fasse, ne cessent pas cependant de représenter des idées, ces finesses mêmes de langage deviennent un instrument de précision pour l’analyse psychologique. […] Et ne vous les représentez-vous pas bien, les Bernis, les Dorai, les Lebrun même donnant la main, par-dessus le siècle de Louis XIV, aux belles dames de l’hôtel de Rambouillet ? […] C’est pourquoi ce serait représenter bien infidèlement les, choses que de les étudier uniquement dans les édits ou règlements qui régissaient la matière. […] Je vous supplie, Monsieur, de vouloir bien avoir la bonté de vous faire représenter le manuscrit et de daigner me l’envoyer sous mon reçu, si vous n’aimez mieux l’envoyer au Conseil de Genève.
Il incarne une génération, il représente les idées de toute une classe d’hommes, une philosophie de l’existence, et j’allais dire : un système de gouvernement. […] Ce critique, qu’on a si souvent taxé d’irrévérence, est plein d’égards pour tous ceux qui représentent le parisianisme à quelque degré que ce soit. […] Jules Lemaître nous conte quelque part qu’il figura jadis dans une Fête-Dieu où il y avait un reposoir : « Je représentais le petit saint Jean-Baptiste et je conduisais devant le dais un petit mouton vivant. […] Il représente quelque chose de particulier, d’original et d’intéressant. […] En face d’un empire fondé par la force, soutenu par elle et qui a immolé à des convenances de stratégie les droits de milliers d’hommes, la République française représente ces droits violés.
Vos plus jeunes fils, les de Bray, daigneront consentir à être capitaines de vaisseau et lieutenants-colonels, à nous représenter dans les cours étrangères, à accepter de bons bénéfices, quand il s’en présentera de convenables. […] Il aime à se représenter des sentiments, à sentir leurs attaches, leurs précédents, leurs suites, et il se donne ce plaisir. […] Il nous les représente telles qu’elles sont, tout entières, sans les blâmer, sans les punir, sans les mutiler ; il les transporte en nous intactes et seules, et nous laisse le droit d’en juger comme il nous convient. […] Pour se représenter exactement cette altération de la vérité et de l’art, il faut comparer pied à pied deux caractères.
Et comme quelqu’un lui demande, ce qu’il fera après Les Rougon-Macquart, après Le Docteur Pascal, il hésite un moment, puis il confesse que le théâtre qui l’avait beaucoup séduit, un moment, ne le sollicite plus autant, depuis qu’il approche de l’heure, où il pourra en faire, disant que toutes les fois qu’il a pénétré dans une salle de spectacle, où on le jouait, il a eu le dégoût de la chose représentée. […] Decan a descendu avec la blouse, une esquisse dans laquelle il a représenté le père Corot, en train de peindre dans la campagne, recouvert de cette blouse : esquisse, où avec la révolte des cheveux blancs de sa tête nue, son teint de vivant en plein air, sa pipe en racine lui tombant de la bouche, il a tout l’air d’un vieux paysan normand. […] Yvon, — c’était convenu, — devait représenter l’épisode dans la bataille de Solférino, mais le général Fleury s’y opposait, prétextant que la blessure du cheval déplaçait l’intérêt, le retirait de dessus la tête de l’empereur. […] Le peintre, qui avait donné des leçons à la jeune fille, l’a représentée mariée, en la mignonnesse de sa jolie figure, de son élégant corps, tournant le dos à un clavecin, sur lequel, par derrière, une de ses mains cherche un accord, tandis que l’autre main tient une orange, aux trois petites feuilles vertes : un rappel sans doute de son séjour en Italie, et de la carrière diplomatique en ce pays, du père de ma tante.
Toutefois, il y a ces trois noms ; chacun d’eux représente un cas particulier ; ces trois cas confirmeront ma thèse de trois façons. […] Mais, devant ce public qui trouvait Racine brutal, qu’on se représente Tartufe triomphant, Alceste marié et trompé par Célimène, Trissotin épousant Henriette, Argan aux mains de Béline ! […] Pour la généralité toutefois, le lyrisme se fige, dans son inspiration et dans ses formes, ce qui expliquera la réaction des symbolistes et verslibristes. — Banville, Gautier, Baudelaire, Richepin représentent, chacun à sa façon très personnelle, la décadence du romantisme proprement dit. […] Lanson : « La forme grave et supérieure de notre intelligence, c’est l’esprit d’analyse, subtil et fort, et la logique, aiguë et serrée : le don de représenter par une simplification lumineuse les éléments essentiels de la réalité, et celui de suivre à l’infini sans l’embrouiller ni le rompre jamais le fil des raisonnements abstraits ; c’est le génie de l’invention psychologique et de la construction mathématique. » Rassemblant ces remarques qui semblent éparses, revenons-en à la grande ligne de l’évolution.
L’art qui médite, qui édifie, qui vit en lui-même et dans son œuvre, l’art peut se représenter aux yeux par quelque château antique et vénérable que baigne un fleuve, par un monastère sur la rive, par un rocher immobile et majestueux ; mais, de chacun de ces rochers ou de ces châteaux, la vue, bien qu’immense, ne va pas à tous les autres points, et beaucoup de ces nobles monuments, de ces merveilleux paysages, s’ignorent en quelque sorte les uns les autres ; or la critique, dont la loi est la mobilité et la succession, circule comme le fleuve à leur base, les entoure, les baigne, les réfléchit dans ses eaux, et transporte avec facilité, de l’un à l’autre, le voyageur qui les veut connaître.
La grande différence qu’il y a entre cet art-là et l’art classique ne serait-elle pas que l’art classique choisit le fait suprême, intense, où tous les semblables sont contenus, comme le moins dans le plus ; l’autre, au contraire, l’art réaliste ou naturaliste, quand il ne cesse pas d’être un art, choisit encore, mais choisit le fait moyen, rigoureusement équivalent, identique aux faits de la collection qu’il représente, n’ayant rien de plus, rien de moins, comme une expérience de physique ne doit rien contenir qui ne se retrouve dans toutes les apparitions ou reproductions du phénomène qu’elle manifeste ?
A aller au fond des choses, Fabrice del Dongo représente assez exactement ce que Stendhal aurait souhaité d’être, et Julien Sorel (dans la première partie du Rouge et du Noir) ce qu’il a été.
Dans la Mer, la sincérité éclate, mêlée à nous ne savons quelle explosion d’extase pour les choses qui représentent le mieux la Beauté.
Ce Soleil représente la Vérité foudroyant plusieurs Livres d’erreurs, parmi lesquels on en voir un intitulé : Maximes des Saints.
Plusieurs personnes l’ont représenté comme naturellement inquiet, capricieux, téméraire, vindicatif, envieux, jaloux des talens, de la fortune & de la réputation des autres.
C’est ce fait qu’on a toujours eu devant les yeux quand on s’est représenté le christianisme comme devant céder la place à son tour soit à une nouvelle religion, soit à la philosophie elle-même.
En mil sept cent douze, Monsieur Philips fit représenter, et puis imprimer une nouvelle traduction en vers de cette même tragédie.