On peut remarquer un perfectionnement sensible dans les trois tragiques, Eschyle, Sophocle et Euripide ; il y a même trop de distance entre Eschyle et les deux autres, pour expliquer seulement cette supériorité par la marche naturelle de l’esprit dans un si court espace de temps ; mais Eschyle n’avait vu que la prospérité d’Athènes : Sophocle et Euripide ont été témoins de ses revers ; leur génie dramatique s’en est accru ; le malheur a aussi sa fécondité. […] L’importance donnée aux chœurs, qui sont censés représenter le peuple, est presque la seule trace de l’esprit républicain qu’on puisse remarquer dans les tragédies grecques.
Tout en reconnaissant le succès de Télémaque, nous faisions cependant remarquer que « ce triomphe n’alla pas sans protestations », et que « les plus célèbres sont celles de Gueudeville et de Faydit ». — « Quant aux protestations de Gueudeville, M. […] Donc, forcément, les célèbres protestations sont insignifiantes, comme vous trouvez si judicieusement, sans remarquer toutefois la contradiction des deux adjectifs. » J’ai beau écarquiller les yeux, je ne vois point là de contradiction.
Comme ils ont beaucoup de justesse d’esprit, ils en concluent que ce ne sont pas les vers, en tant que vers, qui font bâiller tant de lecteurs, mais les vers vides de choses et d’idées, qui ne disent rien, qui n’expriment rien, où il n’y a rien ni à retenir, ni à remarquer, où l’on ne trouve, si je puis parler de la sorte, que les haillons usés de la poésie, et Zéphyre et Flore, et les ailes de l’Amour, et la montagne au double sommet, et l’Hippocrène où il faudrait noyer tous les mauvais vers, et peut-être aussi les mauvais poètes. […] Je pense que Molière, indépendamment de ses autres qualités inestimables dont il est inutile de parler, en a une dont on ne parle pas assez, et dont on ne lui tient pas assez de compte ; c’est d’être celui de nos écrivains où l’on trouve le plus la vraie langue française, les tours et la manière qui lui sont propres ; que les ouvrages de Despréaux sont le code du bon goût ; que La Fontaine a donné à la langue un tour naïf et original ; et qu’enfin Quinault, méprisé par Despréaux si injustement, est non seulement le plus naturel et le plus tendre de nos poètes, mais le plus pur et le plus correct de tous, mérite dont on ne lui sait pas assez de gré, et qu’on n’a peut-être pas assez remarqué en lui.
Leurs partisans trop enthousiastes font trop de grâces à l’ensemble en faveur des détails ; leurs adversaires trop raisonneurs ne rendent pas assez de justice aux détails, par les vices qu’ils remarquent dans l’ensemble. […] Quel écrivain, s’il n’est pas entièrement dépourvu de talent et de goût, n’a pas remarqué que dans la chaleur de la composition, une partie de son esprit reste en quelque manière à l’écart, pour observer celle qui compose et pour lui laisser un libre cours, et qu’elle marque d’avance ce qui doit être effacé ?
Il avait — avec un observateur très profond, dit-il, — remarqué que la musique « avait pour but la santé », — ce dont ne se doutait guères Beethoven, et il se régala de musique. Il avait aussi remarqué que l’Apollon du Belvédère est salutaire à la santé de celui qui le contemple, et il avait beaucoup regardé l’Apollon.
Il est à remarquer que si l’élégance a toûjours l’air facile, tout ce qui a cet air facile & naturel, n’est cependant pas élégant. […] L’élégance de la Vénus de Praxitele pouvoit étre remarquée. […] Un philosophe très éclairé a remarqué que le peuple même s’exprime par des figures ; que rien n’est plus commun, plus naturel que les tours qu’on appelle tropes. […] Ils auroient dû se contenter d’en remarquer la noblesse. […] Remarquons ici qu’un auteur qui s’est fait un genre de style, peut rarement le changer quand il change d’objet.
« Pour qui observe, il est facile de remarquer que ce trait va s’effaçant à mesure que l’on monte des classes pauvres, laborieuses, aisées, aux classes riches, et qu’il s’efface entièrement au milieu du luxe et de l’oisiveté des hommes inutiles. […] Le petit bossu, dans une traversée qu’il fait aux États-Unis d’Amérique, parvient à se faire remarquer par ses soins auprès d’un passager malade et de sa jeune femme qui va devenir veuve. […] Or, les âmes fières, on l’a justement remarqué, aiment encore moins l’amour et son bonheur pour, ce qu’elles y trouvent que pour ce qu’elles y portent ; et l’infirmité inévitable qu’il y porte, et qui l’a humilié si longtemps, devrait lui coûter à rappeler, à nommer, — à moins pourtant qu’il ne soit devenu tout à fait américain, ce qui est très-possible, mais ce qui n’en serait pas plus aimable. […] Une lettre à demi ployée sort de sa poche ; Charles l’a remarquée ; une lettre ! […] Le nom s’écrit avec l’ö tréma ; il suffira de le remarquer une fois sans avoir à s’y astreindre durant tout l’article.
Même, s’il pouvait être question de défauts dans un âge si tendre, j’y remarquerais le défaut des esprits clairs et nets, qui est une certaine sécheresse ; c’est comme la première forme d’un esprit sain qui n’est pas encore développé. […] De profondes différences sont à remarquer entre ces deux monuments, et ces différences sont de nouveaux traits de l’esprit français, de nouveaux progrès de la langue. […] Son tour d’esprit, c’est cette grande curiosité qui le fit remarquer par Robert de Namur, seigneur de Montfort, lequel attacha Froissart à son service, et lui persuada d’écrire tout ce qu’il avait vu et entendu. […] On a remarqué qu’en Italie, un contemporain de Froissart, l’historien Villani, s’était élevé en quelques endroits à la hauteur de cette tâche. […] Nous avons remarqué, dans les premiers monuments écrits de notre langue, une sorte de maturité précoce pour le récit ; il y en a des modèles dans Froissart.
Les formations secondaires présentent une chaîne moins continue ; cependant, ainsi que l’a remarqué Brown, les nombreuses espèces qui les caractérisent n’ont jamais apparu ou disparu simultanément dans chaque formation successive. […] — Il est à remarquer aussi que les espèces de genres distincts et de classes différentes ne paraissent pas avoir changé avec la même vitesse, ni s’être modifiées au même degré. […] Ainsi que l’a remarqué M. […] Mais, comme Buckland l’a remarqué il y a déjà longtemps, tous les fossiles peuvent être classés, soit dans les groupes encore vivants, soit entre eux. […] Il faut se rappeler que de prodigieuses vicissitudes de climats ont eu lieu pendant la période pléistocène, qui comprend la période glaciaire tout entière, et remarquer combien peu les formes spécifiques des habitants de la mer paraissent en avoir été affectées.
Remarquez cependant qu’elles ont un trait commun : elles sont toutes des réactions, des marches plus ou moins vives en arrière, des retours, au-delà du passé prochain, à un passé éloigné. […] Et remarquez qu’on ne sait vraiment pas pourquoi. […] Mais c’était aussi son intérêt ; il constituait ainsi son armée et son instrument de règne, et c’est ce que ses ennemis faisaient remarquer sans cesse. […] Il nous prie de remarquer à qui Jésus-Christ parle ainsi, ce qui, au premier regard, semble importer peu. […] » — Remarquez ensuite que Joachim ne pousse pas à l’imitation des Italiens.
Peyrefort (la Vision) sera, je crois, très remarqué.
Il faut encore remarquer que la Littérature perd autant que les mœurs dans ces sortes de Productions.
Au reste, le Poëme de Dufresnoy nous paroît estimable, malgré tous les défauts que nous y avons remarqués.
Les réflexions se présentent ici en foule à notre esprit : nous nous contenterons de remarquer qu’il n’y a peut-être pas d’homme de Lettres plus honnête, ni qui ait des mœurs plus douces, que celui que M. de Voltaire traitoit, peu de jours avant sa mort, de maraud & de monstre.
L’injustice des dogmes infernaux était si manifeste chez les anciens, que Virgile même n’a pu s’empêcher de la remarquer : …… Sortemque animo miseratus iniquam.
C’est à Sa Majesté Impériale d’ajouter à ce plan ce que je puis avoir omis de nécessaire et d’en retrancher ce qu’elle y remarquera d’inutile.
Qu’est-il besoin, en effet, de faire remarquer ce que tous les hommes qui pensent aperçoivent si bien, sans qu’il soit nécessaire de le leur montrer, la rapidité avec laquelle la société se précipite vers l’accomplissement de ses destinées, quelles qu’elles soient ?
— Si vous, qui lisez les journaux, n’y trouvez aucune protestation ni attaque contre mon article de la Revue, vous eu pourrez conclure et faire remarquer que c’est là une grande confirmation, et un grand aveu que ce silence : car depuis quand peut-on dire aux gens, au beau milieu de la foule, de telles vérités, sans qu’aucun témoin relève le gant ?
Je ferai seulement remarquer à M.
Vous aurez sans doute remarqué, comme moi, que quoique le Salon de cette année offrît beaucoup de belles productions, il y en avait une multitude de médiocres et de misérables, et qu’à tout prendre, il était moins riche que le précédent ; que ceux qui étaient bons, sont restés bons ; qu’à l’exception de La Grenée, ceux qui étaient médiocres, sont encore médiocres, et que les mauvais ne valent pas mieux qu’autrefois.
L’artiste n’a pourtant pas remarqué qu’alors une poule, d’une grosseur commune, prend un volume énorme, par l’étendue qu’elle donne à toutes ses plumes ébouriffées.
J'oubliais ceci : — La Suisse a été très-largement partagée à la séance de l’Académie française : on a remarqué que le Père Girard tenait, dans le discours de M.
Reboulet a donné encore deux Histoires ; celle de Clément XI, entachée des mêmes défauts que nous venons de remarquer ; & celle de la Congrégation des Filles de l'Enfance, plus légérement écrite, mais trop chargée de détails, & trop abondante en petits faits, dont la plupart sont douteux.
Ses premiers articles remarqués furent ceux qu’il donna sur Parseval-Grandmaison et sa fastidieuse épopée, sur Luce de Lancival et sa fausse élégance ; il fit apprécier aussitôt les avantages d’un esprit sagement progressif, armé d’une plume excellente, incisive ; dès lors il fut classé et compté parmi les meilleurs sur certains sujets. […] Il est à remarquer combien M. […] Magnin dans cet article si remarqué, et il ne l’avait pas assez dit, n’était que rapporteur. […] Lenient, étant amené à s’expliquer sur l’idée de la mort et du diable, si dominante durant tout le Moyen-Age, il ne paraît pas fâché de rencontrer, répandu alors dans toute la chrétienté, le « sentiment, dit-il, de cette continuelle et salutaire menace. » Ce n’est qu’un simple trait qu’on ne remarquerait pas, si l’on n’était averti.
Nous avons déjà eu plus d’une fois l’occasion de le remarquer, ce qui est particulier à Lamartine consiste dans un certain tour naturel de sentiments communs à tous. […] Ses romans, comme Lamartine l’a remarqué dans l’Épître adressée à l’illustre enchanteur, se lisent volontiers autour de la table du soir, sans que la pudeur ait à s’embarrasser. […] Des critiques ont remarqué qu’il n’est pas dans Homère une seule beauté mémorable que le divin vieillard ne répète, ne varie en trois ou quatre endroits, au risque souvent de l’affaiblir ; je ne sais s’ils ont conclu de là pour ou contre l’existence d’un Homère. […] Jocelyn, remarquons-le bien, chante, tant qu’il n’est pas tout à fait guéri encore ; il chante, tant que l’image de Laurence le trouble et continue de partager son cœur.
Le nom de mortel fut d’abord réservé aux hommes, seuls êtres dont la condition mortelle dût se faire remarquer. […] Mucro, la pointe, pour l’épée ; ce dernier mot est abstrait et comprend génériquement la pomme, la garde, le tranchant et la pointe ; ce que les hommes remarquèrent d’abord, ce fut la pointe qui les effrayait. […] Pour être frappé de cette union, il suffisait de remarquer l’étymologie commune de γραμματική, grammaire, et de γράμματα, lettres, caractères (γράφω, écrire) ; de sorte que la grammaire, qu’on définit l’art de parler, devrait être définie l’art d’écrire, comme l’appelle Aristote. — D’un autre côté, caractères signifie idées, formes, modèles ; et certainement les caractères poétiques précédèrent ceux des sons articulés. […] Adam Rochemberg l’a remarqué, mais sans en comprendre la cause.
Quelqu’un disait en sortant : « Nodier avait mêlé la fée à tous ses récits, à tous ses souvenirs ; Mérimée a supprimé exactement cette fée, et il a su plaire. » — On peut remarquer aussi ce qu’il y a eu de piquant, de hardi et d’habile, de la part de M.